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531. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Mais quelle différence de l’écrivain qui les combattit avec l’écrivain qui prit leur défense ?

532. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

Ainsi deux âmes qui auraient intrinsèquement et en puissance la même aptitude à penser seront cependant diversifiées par la différence des cerveaux.

533. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Comment la Bible est plus belle qu’Homère ; quelles sont les ressemblances et les différences qui existent entre elle et les ouvrages de ce poète : voilà ce que nous nous proposons de rechercher dans ces chapitres.

534. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

J’ai dit un jour qu’il prononçait les finales « euse » comme nous autres Lorrains, exactement, mais Emile Hinzelin m’aide à saisir une nuance plus exacte de la vérité : mon ami, lui aussi, croyait reconnaître du lorrain dans cet accent du Rethelois un peu dur et prolongeant la fin des phrases, mais un savant archéologue, qu’il a rencontré à Vouziers, et qui fut le condisciple de Taine, lui a signalé quelques différences.

535. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

A la différence des systèmes proprement dits, dont chacun fut l’œuvre d’un homme de génie et se présenta comme un bloc, à prendre ou à laisser, elle ne pourra se constituer que par l’effort collectif et progressif de bien des penseurs, de bien des observateurs aussi, se complétant, se corrigeant, se redressant les uns les autres.

536. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

C’est qu’il y a vingt-cinq ans de différence dans l’âge de ces deux illustres personnes : Mme de La Vallière est une contemporaine exacte de La Bruyère, presque de Fénelon ; Mme de Longueville était formée entièrement avant Louis XIV. […] Il aurait toujours prétendu y suivre la même nature s’inquiétant, se raffinant pour se reprendre à mieux, et persistant sous ses transes. « L’orgueil est égal dans tous les hommes, a-t-il dit encore, et il n’y a de différence qu’aux moyens et à la manière de le mettre au jour. » Il lui eût fallu avoir en lui le rayon pour le voir en elle comme il y était. […] De ce qu’on cite Mme de Longueville dans des moments de pénitence, et de ce que l’on ne possède guère Mme de La Fayette que dans des écrits littéraires et romanesques, a-t-on le droit de juger de la qualité de leurs esprits par la différence des sujets ?

537. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Mais la vie de notre âme est composée d’éléments complexes ; et les différences de leur complexité produisent des modes spéciaux de la vie, qui peuvent, par la limitation arbitraire d’un classement, être ramenés aux trois modes distincts et successifs de la Sensation, de la Notion, et de l’Émotion. […] Les poètes, les peintres symphonistes, créent bien des émotions comme les musiciens ; mais ils créent des émotions tout autres, dont la différence ne peut se définir, l’émotion, par sa nature même, étant indéfinissable en des paroles. […] C’est — tandis que s’étale aux Salons la banalité des formules prochaines, — c’est, par ces maîtres, une splendide floraison d’œuvres ; comme si (devant l’imminente fin des inégalités saintes) les rares âmes différentes de ce temps avaient affiné encore leurs différences, pour tenter les suprêmes luttes.

538. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Dès sa naissance, la différence fut marquée entre eux d’une façon singulière. […] La seule différence qu’il y eut entre les deux anarchies, fut la différence des horreurs.

539. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Mais, quels que soient les personnages entre lesquels des situations symétriques sont ménagées, une différence profonde paraît subsister entre la comédie classique et le théâtre contemporain. […] D’un côté, en effet, nous voyons qu’il n’y a pas de différence essentielle entre un mot comique et un mot d’esprit, et d’autre part le mot d’esprit, quoique lié à une figure de langage, évoque l’image confuse ou nette d’une scène comique. […] Aussi ne trouvera-t-on souvent qu’une nuance de différence entre le jeu de mots, d’une part, et la métaphore poétique ou la comparaison instructive de l’autre.

540. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Le roi confère gravement, longuement, comme d’une affaire d’État, du rang des bâtards ; et pour établir ce rang, voici ce qu’on imagine : « Il faut donner à M. le duc du Maine « le bonnet comme aux princes du sang qui depuis longtemps ne l’est plus aux pairs, mais lui faire prêter le même serment des pairs, sans aucune différence de la forme ni du cérémonial, pour en laisser une entière à l’avantage des princes du sang qui n’en prêtent point ; et pareillement le faire entrer et sortir de séance tout comme les pairs, au lieu que les princes du sang traversent le parquet ; l’appeler par son nom comme les autres pairs, en lui demandant son avis, mais avec le bonnet à la main un peu moins baissé que pour les princes du sang qui ne sont que regardés sans être nommés ; enfin le faire recevoir et conduire en carrosse par un seul huissier à chaque fois qu’il viendra au Parlement, à la différence des princes du sang qui le sont par deux, et des pairs dont aucun n’est reçu par un huissier au carrosse que le jour de sa réception, et qui, sortant de la séance deux à deux, sont conduits par un huissier jusqu’à la sortie de la grande salle seulement. » N’allons pas plus loin : de 1689, on aperçoit 1789. […] Saint-Simon connaît l’individu ; il le marque par ses traits spéciaux, par ses particularités, par ses différences ; son personnage n’est point le jaloux ou le brutal, c’est un certain jaloux ou un certain brutal ; il y a trois ou quatre mille coquins chez lui dont pas un ne ressemble à l’autre.

541. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Qui fait la différence des styles ? […] Sauf cette différence, il n’est pas besoin de beaucoup de lecture pour voir à quel point le pessimisme de Flaubert rappelle celui de Chateaubriand. […] Ce qui accentue encore la fatalité de ces unions douloureuses, c’est le déclassement des personnages, leur différence de races, d’éducation, d’idées. […] La différence, d’ailleurs absolue, de leurs œuvres et de leur talent suffirait à rendre piquant l’éloge que l’auteur de Pêcheur d’Islande a prononcé ces jours derniers. […] Y a-t-il beaucoup de différence entre les fougueux paysages de M. 

542. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

. — D’après toutes ces indications, nous avons conclu que, dans le cercle de chaque sens et probablement de sens à sens, les sensations qui, en apparence, diffèrent de qualité, ne diffèrent qu’en quantité ; que les mêmes sensations élémentaires peuvent, par leurs différences de nombre, d’intensité et de proximité, constituer les sensations totales que la conscience juge irréductibles entre elles, et que partant, si diverses que soient les apparences, il n’y a là probablement aussi qu’un même fait, sorte de roche primitive dont les divers aspects tiennent aux diverses profondeurs de l’eau. […] « Vous avez vu des animaux auxquels tout l’encéphale avait été enlevé, à l’exception du bulbe rachidien ; ces animaux criaient encore quand on les pinçait ; mais quelle différence entre les cris qu’ils jetaient et ceux qu’ils poussent lorsque l’expérience a laissé la protubérance en place ! […] Mais ici, chez ce lapin, quelle différence ! […] Une très petite différence introduite dans la composition chimique ou dans la structure organique d’une cellule suffit pour changer du tout au tout le groupement et les pas de ses danseurs, par suite la vitesse de leur évolution, la forme, la longueur et les combinaisons des lignes qu’ils décrivent : ce sera par exemple le menuet au lieu de la valse. […] Là, les mouvements respiratoires continuent à s’exécuter comme dans l’air, avec cette seule différence que le petit opercule membraneux des narines est complètement fermé.

543. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Il n’y a pas même beaucoup de différences à cet égard entre des poëtes fort differents d’ailleurs. […] Quatriémement : elle doit être convenable ; j’entens qu’elle doit être d’un ton qui réponde à la matiere, aux caracteres des personages et aux situations ; et de-là naissent plusieurs différences qu’on apelle des différences de stile, et que je croirois mieux apeller de sentiment et d’idées ; le sublime, l’héroïque, le pathetique et le simple. […] On me dira peut-être que ce seroit la même chose, puisque ainsi le moins intéressant suivroit d’aussi près le plus intéressant : mais qu’on y prenne garde, il y a une grande différence. […] Quoiqu’il en soit, je crois toûjours que cette seule différence de l’action même et du simple récit peut décider du succès ou de la chûte d’une piece. […] La réponse ne seroit pas valable, puisque la différence des lieux n’y est pas l’effet de la machine, mais souvent dans la dispute on n’a pas la force de céder à la raison, dès qu’on peut saisir un prétexte pour s’y dérober.

544. (1914) Une année de critique

Ici éclate la différence profonde d’un classique comme Molière à un romantique comme Rousseau : tous deux prêchent le respect de la nature, mais quelles conceptions diverses ils en ont ! […] Mais quelle différence entre leurs sentiments ! […] La seule différence avec notre temps (il est vrai qu’elle compte) est qu’en celui-ci l’anarchie est le fait principal, tandis que les derniers vestiges d’organisation demeurent cachés. […] On voudrait écrire un article rien que pour étudier ces différences. […] Le terrible est que les vrais amours et les faux naissent tout de même et que la différence des uns aux autres apparaît toujours trop tard.

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