aux divinités païennes, mythologiques ; et quant aux divinités héroïques et aux apothéoses : « C’est être Dieu pour l’homme, dit-il, que de venir en aide à l’homme, et telle est la voie qui mène à l’éternelle gloire. » Mais, à part cette interprétation morale, le dieu Auguste et le dieu César ne lui imposent pas autrement. Pline appartient à cette classe d’esprits élevés et éclairés, tels que l’ancienne civilisation en possédait un assez grand nombre avant le christianisme, qui ne séparent point l’idée de Dieu de celle de l’univers, qui ne croient pas qu’elle en soit distincte, et qui, dans le détail de la vie et l’usage de la société, condescendent d’ailleurs aux idées reçues et aux préjugés utiles : « Il est bon, dans la société, de croire que les dieux prennent soin des choses humaines… La religion, répète-t-il en plus d’un endroit, est la base de la vie. » Mais ce n’est qu’une religion toute politique comme l’entendaient les Romains. […] Lysandre, ayant demandé alors les noms des citoyens nouvellement morts dans Athènes, y reconnut aussitôt celui que le dieu voulait désigner, et laissa faire en paix ses funérailles. Conclurons-nous de cette anecdote que Pline croyait au dieu Bacchus ?
C’est ce dieu, celui sans doute qui naguère m’a prédit ce triste avenir, qui seul en est l’auteur. » Il ordonna ensuite de faire à son fils des funérailles dignes de sa naissance. […] Cyrus le fit détacher, et reçut ses conseils comme ceux d’un sage protégé par les dieux. […] Mais il vous reste à vous venger d’Astyage, de votre assassin, puisque son dessein fut de vous faire mourir ; et, si vous vivez, les dieux seuls vous ont sauvé. […] Je sens que les dieux m’ont fait naître pour mettre en vos mains tant de biens ; et vous les obtiendrez, car je sais que vous n’êtes inférieurs aux Mèdes ni dans la guerre, ni dans aucun genre. […] En revanche, selon lui, les Grecs ont donné à l’Égypte les oracles et Jupiter, le dieu des dieux olympiens.
Ses dieux ne sont point enfermés dans des murailles ; il n’a point d’idoles. […] Longtemps les braves qui par une mort sanglante ont mérité d’être mis « dans les enclos d’Odin et s’y livrent un combat chaque jour », aideront les dieux dans leur grande guerre. Un jour pourtant viendra où, dieux et hommes, ils seront vaincus : « Alors tremble le grand frêne d’Yggdrasil […] La société, en se formant, amenait avec soi l’idée de la paix et le besoin de la justice, et les dieux guerriers languissaient dans l’imagination des hommes, en même temps que les passions qui les avaient faits. […] L’enthousiasme est leur état naturel, et leur Dieu nouveau les remplit d’admiration comme leurs dieux anciens les pénétraient de fureur.
Quant à ces dieux vagues que les anciens plaçaient dans les bois déserts et sur les sites agrestes, ils étaient d’un bel effet sans doute ; mais ils ne tenaient plus au système mythologique : l’esprit humain retombait ici dans la religion naturelle. […] Enfin, il est si vrai que l’allégorie physique, ou les dieux de la fable, détruisaient les charmes de la nature, que les anciens n’ont point eu de vrais peintres de paysage59, par la même raison qu’ils n’avaient point de poésie descriptive.
Il cherche dans les yeux de sa statue la confirmation du prodige que les dieux lui ont promis. […] Émule des dieux, s’ils ont animé la statue, tu en as renouvelé le miracle en animant le statuaire.
— Mon dieu, c’est moi, Bottom, un garçon de valeur. […] Et, pourtant, s’il veut être digne de la vie, et plus près des dieux que des mortels misérables, il lui faut sourire à cette confession. […] Il a, si l’on peut dire, passé d’un dieu à un autre, d’un seul mouvement, par le simple poids de douleur de son existence ; il s’est donné, dans une pratique plus assidue, au dieu des Chrétiens, tel qu’il était, avec une dévotion plus nonchalante, vis-à-vis du dieu des juifs. Il a changé de dieu, mais il n’a pas changé ; l’impression que l’on emporte, dès qu’on l’entend parler, c’est plutôt que les dieux se sont réconciliés en lui. . […] Lorsqu’on regarde le temps où Max Jacob était un écrivain libertin qu’un dieu inconnu faisait souffrir, dieu que, quelquefois, il entrevoyait et qui, par habitude, pouvait lui sembler être le dieu des juifs, le juif libertin d’alors était déjà le chrétien d’aujourd’hui.
c’est le ciel qui console ; Aux lambris étoilés quand une âme s’envole, Un dieu la pèse de ses mainsp : Et, s’il la trouve pure, il ouvre devant elle Des jardins lumineux, des plaines d’asphodèle, Que n’ont point foulés les humains ! […] Il préférait à la renommée même, le rêve, le silence et l’oubli, tous ces dieux cachés. […] Un dieu la pèse dans ses mains q.
Du titre de Clément rendez-le ambititieux ; (Louis XIV) C’est par-là que les Rois sont semblables aux Dieux Du magnanime Henri qu’il contemple la vie ; Dès qu’il put se venger il en perdit l’envie ; Inspirez à Louis cette même douceur : La plus belle victoire est de vaincre son cœur. Comme les Dieux sont bons, ils veulent que les Rois Le soient aussi ; c’est l’indulgence Qui fait le plus beau de leurs droits, Non les douceurs de la vengeance, &c. […] Le dédale des cœurs en ses détours n’enserre Rien qui ne soit d’abord éclairé par les Dieux : Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux, Même les actions que dans l’ombre il croit faire.
Dans la suite, et chez les peuples même les plus policés, toutes les fois qu’il arriva un bonheur inattendu ou un fléau terrible, on s’empressa partout à louer les dieux qu’on adorait. […] Le pays où Homère chanta, où Orphée institua des mystères, où l’architecture éleva des temples dont nous allons encore admirer les ruines, où le ciseau de Phidias semblait faire descendre la divinité sur le marbre ; ce pays où l’air, la terre et les eaux avaient, aux yeux des habitants, quelque chose de divin, et où chaque loi de la nature était représentée par une divinité, dut produire un grand nombre d’hymnes en l’honneur des dieux qu’on adorait ; mais la plupart de ces hymnes furent défigurées par des fables et des contes de fées, faites pour les poètes et les peintres : elles amusaient le peuple et révoltaient les sages. […] On sait que dans ses poèmes il a mieux célébré les héros que les dieux : ses hymnes sont du même ton ; ce sont plutôt des monuments de la mythologie païenne, que des éloges religieux ; mais on y retrouve quelquefois son pinceau et les charmes de la plus riante poésie.
On dit qu’à la fin de ce dernier éloge, il demanda aux dieux la faveur de mourir comme ce jeune prince, en combattant avec gloire pour le peuple romain. […] Outre ces deux éloges, ce prince prononça encore celui d’Octavie sa sœur, et il le prononça dans le temple de César qui, pendant sa vie, prêtre et tyran, après sa mort devint dieu. […] Tous trois d’ailleurs périrent dans les guerres civiles : mais Vespasien, dont on fit un dieu, et qui, par dix ans de sagesse, répara les cinquante-six ans de tyrannie qui avaient précédé son règne, dut être sûrement honoré d’un éloge funèbre, et le mérita.
Dans les églogues, déjà l’assassin est un dieu ; dans les Géorgiques, les astres se rangent humblement pour lui faire place, et lui demandent quelle est celle qu’il voudra bien occuper parmi eux ; et l’Énéide, comme on sait, n’est, d’un bout à l’autre, qu’un monument que la servitude éleva, par la main du génie, à la famille des Césars ; Virgile avait l’âme plus tendre qu’élevée, et plus douce que forte. […] Le panégyriste de Tibère devait l’être de Séjan ; aussi, dans le même ouvrage, Séjan est-il peint comme un grand homme ; on nous apprend qu’il fut choisi pour seconder Tibère, parce que c’est la règle que les hommes supérieurs emploient des hommes de génie21 ; enfin, dans les dernières lignes, la servitude à genoux implore hautement tous les dieux de Rome, pour demander, au nom de l’univers, la conservation de qui ? […] Que tous les dieux, que toutes les déesses le prêtent longtemps à la terre !
Le dieu du foyer de chaque maison était appelé lar ; d’où focus laris. C’était là que le père de famille sacrifiait aux dieux de la maison, deivei parentum (loi des douze tables, de parricidio) ; comme parle l’Histoire sainte, le Dieu de nos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob . […] Ce respect du foyer domestique était commun aux barbares du moyen âge, puisque même au temps de Boccace, qui nous l’atteste dans sa Généalogie des dieux, c’était l’usage à Florence, qu’au commencement de chaque année, le père de famille assis à son foyer près d’un tronc d’arbre auquel il mettait le feu, jetait de l’encens et versait du vin dans la flamme ; usage encore observé, par le bas peuple de Naples, le soir de la vigile de Noël.
Ni Cérès, ni Bacchus ne manque, ni le dieu des poëtes. […] À peine était-il né, et, rampant sur terre, avait-il jeté un faible cri, que dans son sein Calliope le reçut, et dépouilla pour la première fois le long deuil d’Orphée : Enfant, dit-elle, consacré désormais aux Muses, et bientôt supérieur aux poëtes antiques, ce ne sont ni les fleuves, ni les bêtes féroces, ni les forêts gétiques, que tu remueras de ta lyre ; mais les Sept Collines, le Tibre du dieu Mars, les chevaliers et le sénat vêtu de la pourpre, tu les entraîneras par l’éloquence de ton chant. » Le poëte alors rappelait ces premiers essais de Lucain qui lui valurent la jalousie de Néron, et ce poëme inachevé qui lui mérita la mort. […] et, à la voix de Polla, obtiens, je t’en supplie, un jour, par la grâce des dieux infernaux… loin d’ici la mort !
Le passé qui redevient le présent, des fantômes reprenant leurs corps, des légendes immémoriales revenant du fond des siècles, sur le premier plan de la vie ; des hommes quelconques, connus et coudoyés tout à l’heure, transformés par le revêtement d’un costume, par l’ascension de quelques gradins, en dieux visibles, en héros ressuscités et palpables, et le faisant croire aux yeux autant qu’à l’esprit ! […] Il y fallait une influence suprême, un éclair divin, une rosée d’en haut, une fermentation brûlante chargée de toutes les ardeurs de l’âme, de toutes les énergies de la vie ; pour tout dire, l’intervention et l’action d’un dieu.