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564. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Mais on n’avait pas de récit complet, asservi aux dates, allant, comme une chaîne qui a tous ses anneaux, du premier fait jusqu’au dernier de nos annales. […] Il faut l’ étouffer dans la boue , comme le dit dans son dernier livre le suave et charmant M.  […] Les deux derniers volumes, que nous venons de lire avec moins de dégoût que les autres, contiennent la fin de Louis XIV, la Régence et les commencements de Louis XV.

565. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Je sais qu’il y parle peu de cette religion, et qu’il la fond avec la philosophie dans les dernières pages de son écrit ; je sais que les grands ridicules y sont estompés, mais cependant on les y aperçoit encore sous l’estompe de précaution qui les couvre. […] Et c’est avec tout cela pourtant que vous voulez éclairer le monde jusqu’au fin fond de sa dernière illusion ! […] Mais l’avenir s’en chargera, et la renommée, qu’on arrange pour lui aujourd’hui, disparaîtra bientôt, dernière muscade sur laquelle il ait oublié de souffler !

566. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Il suffit d’avoir, au berceau, étouffé des serpents, et André Chénier, dès le berceau de sa poésie lyrique, en a étouffé… Supposez que cette tête rêveuse de pasteur grec n’eût pas été tranchée par l’un des derniers coups de la guillotine de Thermidor, et qu’André Chénier, mort à trente et un an, eût échappé à l’échafaud et eût pu répandre dans des vers plus nombreux, dans des pièces de plus longue haleine, la masse d’indignation et d’horreur qui s’était entassée en lui, et qui aurait fait, en ces vers vengeurs, avalanche, la littérature n’aurait peut-être pas, en poésie, d’œuvre plus belle ! Seulement, et je parle à ceux qui sont poètes en quelque degré, si l’œuvre avait été plus belle, le poète, privé de la poésie de sa mort sanglante, aurait assurément été moins beau… V Or, c’est précisément (répétons-le une dernière fois !) […] … André Chénier finit lui-même par sentir que tout ce travail de fourmi, engrangeant dans son cerveau tant de miettes de latin et de grec, finirait, de ses petits tas, par encombrer son génie : « Je donne trop à ma mémoire », disait-il dans les derniers temps de sa vie.

567. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Lucrèce lui-même, qu’en quelques endroits l’auteur des Poésies philosophiques rappelle ; Lucrèce, ce poète des choses, mais qui n’en avait pas les larmes, n’a point non plus cet athéisme net, articulé et définitif, qui étreint le néant avec des bras pâmés d’Ixion s’efforçant de féconder sa dernière chimère. […] Je ne sais point par quelles spirales cette amie de Proudhon est descendue au fond du dernier cercle de l’enfer de la Philosophie, mais elle y est descendue, et c’est du fond de cet horrible trou que, comme la Sachette de Notre-Dame de Paris, elle élève une voix désespérée pour l’humanité et pour elle ; — car, après tout, si elle a la bravoure de l’athéisme, si elle fait de l’héroïsme contre le néant, elle n’est pas, pour cela, très heureuse d’être athée. […] Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre, Entend autour de lui les vagues retentir Qu’à perte de regard la mer immense et sombre            Se soulève pour l’engloutir, Sans espoir de salut et quand le pont s’entr’ouvre, Parmi les mâts brisés, terrifié, meurtri, Il redresse son front hors du flot qui le couvre,            Et pousse au large un dernier cri.

568. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Il est tout entier dans la figure de Jean Gigon, type du soldat français en ces dernières années12, et qui n’est plus du tout, quoiqu’il y ait identité de cette bravoure qui est venue des Gaulois à nous et qui s’appelle la furie française, qui n’est plus du tout la figure connue des soldats français des autres temps. […] Comparez cette physionomie, forte et pourtant voilée de tristesse, avec l’air fat et triomphant des derniers soldats de l’ancienne monarchie, avec l’air austère et inspiré du soldat de la Révolution et de l’Empire, et vous trouverez ici que la physionomie est aussi différente que les uniformes. […] , la poignée de terre, dernier don des amis, qui servit à couvrir ses restes.

569. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Paul Féval l’a dédoublée et détriplée ; et de cette épopée dernière des temps prosaïques et civilisés, il a dégagé une spécialité de roman dans lequel l’intérêt des faits qui se succèdent l’emporte sur l’intérêt des idées et des sentiments. […] Féval du haut de sa vocation réelle vers un genre de composition qu’il aurait dédaigné, s’il avait été plus mûr et plus mâle, et peut-être aussi faut-il y ajouter une vieille et tenace admiration d’école pour un autre célèbre roman d’aventure qu’on s’étonne qu’il ait conservée, mais dont il nous a donné tout récemment la preuve, en intitulant un de ses derniers ouvrages : Madame Gil Blas. […] Certes, je ne comparerai pas Beaumarchais-Figaro, ce bâtard de Rabelais, avec papa Le Sage, car du moins Beaumarchais avait dans le bec et dans l’esprit une vibrante paire de castagnettes, plus mordante que celles de toutes les mauricaudes de l’Espagne, et dont il se servit pour faire danser son dernier pas à toute une société, dans cette danse macabre, drôle et terrible, qui précéda la Révolution française.

570. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Par exemple, que l’on compare les planches du Mariage à la mode avec celles qui représentent les Dangers et les Suites de l’incontinence, le Palais du Gin, le Supplice du Musicien, le Poëte dans son ménage, on reconnaîtra dans ces dernières beaucoup plus d’aisance et d’abandon. […] Il y a dans l’idéal baroque que Brueghel paraît avoir poursuivi, beaucoup de rapports avec celui de Grandville, surtout si l’on veut bien examiner les tendances que l’artiste français a manifestées dans les dernières années de sa vie : visions d’un cerveau malade, hallucinations de la fièvre, changements à vue du rêve, associations bizarres d’idées, combinaisons de formes fortuites et hétéroclites. […] Les derniers travaux de quelques médecins, qui ont enfin entrevu la nécessité d’expliquer une foule de faits historiques et miraculeux autrement que par les moyens commodes de l’école voltairienne, laquelle ne voyait partout que l’habileté dans l’imposture, n’ont pas encore débrouillé tous les arcanes psychiques.

571. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Au reste, il ne faut pas confondre les derniers discours de cet orateur avec les premiers. […] Les six dernières pages sont un mélange continuel de pathétique et de sublime. […] « Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince !

572. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Enfin lorsque, dans l’Iliade, au dernier combat d’Hector le poëte fait succéder, comme pour l’apothéose d’une telle victoire, l’acclamation soudaine des vainqueurs : « Nous avons remporté une grande gloire, nous avons tué le vaillant Hector » ; rien n’est changé dans la forme des vers ; et le majestueux hexamètre se plie et se replie à ces violentes saillies de la joie guerrière. […] On sait que l’hymne à Cérès ne fut découvert qu’à la fin du siècle dernier, dans la poussière d’un couvent de Moscou. […] Dans la suite, les mystères d’Éleusis furent symboliquement expliqués par les sages ; et, plus tard encore, ils furent empruntés ou contrefais par une sorte de Théurgie, dernier sacerdoce du paganisme.

573. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Ce n’est point la petite coquette inoffensive que vous dites : c’est une femme très galante et qui pousse jusqu’aux dernières démonstrations. […] Cet excellent ouvrage se contente d’être un exposé fidèle, clair, bien ordonné, des principales productions dramatiques du dernier siècle. […] Le prêtre venu pour l’assister à ses derniers moments lui demanda de renoncer au théâtre. […] Puis nous le voyons dans les bras d’Agnès ; le canon tonne ; ce sont ses derniers fidèles qui se battent pour lui. […] Il veut empoisonner un bossu, afin de connaître l’angoisse du remords, mais il faiblit et s’attendrit au dernier moment.

574. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Elle y joint un dernier avantage : elle lui assure la pleine possession de lui-même. […] en quittant le monde où tu nous laisses, tu ne nous a pas dit un dernier adieu !  […] L’un des plus illustres, Benjamin Constant, resta jusqu’à son dernier jour dans une agitation stérile. […] Quand le pauvre Chênedollé insiste et tente un dernier effort, Lucile ne lui répond plus. […] Il voulut un jour pousser l’assimilation jusqu’à son dernier terme, et essayer un amour ossianique.

575. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Cependant les dernières paroles écrites par Pison, et apportées dans le sénat, démentent cette conjecture. […] Cette mort parut enlever une dernière protection aux Romains. […] « De quelle douleur, dit-il, ces trois dernières années n’ont-elles pas déchiré l’âme de l’empereur ! […] Il y avait fait apposer le sceau même de ses derniers esclaves. […] Sénèque avait vu les dernières années de Tibère, le court et violent passage de Caïus, et il fut exilé sous Claude.

576. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— (Dans les derniers temps et dans ses reprises de publication depuis 1861, il a de plus en plus tâtonné, et l’on peut même dire qu’il s’est tout à fait égaré.) […] CV Buffon avait écrit le morceau sur le cygne, un des rares morceaux où il laisse percer de la sensibilité : un jour il le lut en compagnie, et, en finissant, tout d’un coup, pour la première fois, il s’aperçut de l’application qui se pouvait faire à lui des derniers mots si touchants, si solennels : « Toujours, en parlant des dernières œuvres d’un beau génie qui s’éteint, on dira : C’est le chant du cygne. » (Comme Bossuet à la fin de l’oraison funèbre du grand Condé […] C’est ainsi qu’il est allé grandissant jusqu’à la fin et plus beau que jamais dans ses derniers rôles, fussent-ils de pièces secondaires et de poètes médiocres : il les achevait et les accomplissait. […] Louons donc le talent, mais sachons ce qu’était l’homme dans sa dernière forme. […] Voici cet article du Globe, cet en-tête qui est de moi : La poésie s’est montrée empressée de célébrer la grandeur des derniers événements ; ils étaient faits pour inspirer tous ceux qui ont un cœur et une voix.

577. (1890) Dramaturges et romanciers

Erckmann-Chatrian, auteur de Contes fantastiques qui ont eu dans ces dernières années un succès qu’ils méritaient en partie. […] Pour qui sait bien lire, elles reportent invinciblement l’esprit vers les dernières années de la monarchie de Juillet. […] Il arriva au moment où la grande fête littéraire du xixe  siècle se terminait : en route, il put entendre les sons des derniers concerts, surprendre les conversations des convives qui revenaient fatigués et joyeux ; mais lorsqu’il posa le pied sur le seuil de la salle brillante, on éteignait les dernières lampes et on enlevait les dernières guirlandes. […] Cette résidence fort habitable encore d’un voltairien du dernier siècle appartient à M.  […] Ces deux derniers titres, Patrie !

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