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1730. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Après une strophe sur la Discorde aux crins de couleuvres  : C’est en la paix que toutes choses Succèdent selon nos désirs ; Comme au printemps naissent les roses, En la paix naissent les plaisirs ; Elle met les pompes aux villes, Donne aux champs les moissons fertiles, Et de la majesté des lois, Appuyant les pouvoirs suprêmes, Fait demeurer les diadèmes Fermes sur la tête des rois.

1731. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Cette terreur incessante, sans espoir et sans issue, le spectacle de cette sensibilité qu’on froisse et de cette intelligence qu’on abrutit, les longues anxiétés, les veilles, la solitude du pauvre enfant emprisonné, son désir passionné d’embrasser sa mère ou de pleurer sur le cœur de sa bonne, tout cela fait mal à voir.

1732. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

« Jamais, dit-il, tant de désirs n’ont enivré mon âme, même le jour où, porté sur mes vaisseaux agiles, je te ravis de la gracieuse Lacédémone, et que dans l’île de Cranaé l’amour et le sommeil nous réunirent. » Il l’entraîne vers la chambre nuptiale, où ils reposent ensemble sur une couche d’or pendant que Ménélas le cherche encore sur la poussière pour l’immoler.

1733. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Bonaparte, pour répondre au vœu du pays, affecte un désir de paix qui ne pouvait pas être dans sa pensée, car il n’était pas dans son intérêt.

1734. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Non, ce Démosthène, qui a effacé tous les autres orateurs, n’a pas toujours de quoi répondre à toute mon attente et à tous mes désirs, tant je suis, en fait d’éloquence, avide et comme insatiable de perfection ! 

1735. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Le matérialisme de l’expression n’est pas toujours incompatible avec une certaine mysticité du sentiment ; c’est le désir de l’idéal, l’attente de Dieu qui est exprimée dans le livre de Job par cette image violente : « Oui, je le sais, il apparaîtra sur la terre… Mes reins se consument d’attente au-dedans de moi. » Ce qui dans le style est matériel et violent pour l’un ne l’est pas pour l’autre, car chaque sensibilité est la mesure de ses propres sensations ; ce qui est pénible pour un homme à sensibilité délicate est précisément ce qui commencera chez un autre à éveiller l’intérêt.

1736. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

La Tentation de saint Antoine aboutit au désir de ne plus penser, de ne plus vouloir, de ne plus sentir, de redescendre degré à degré l’échelle de la vie, de s’abîmer dans la matière, d’être la matière. « J’ai envie de voler, de nager, de beugler, d’aboyer, de hurler.

1737. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Madame Bovary abonde en exemples : « Alors elle allongea le cou (vers le crucifix) comme quelqu’un qui a soif. » — « Si Charles l’avait voulu cependant, il lui semblait qu’une abondance subite se serait détachée de son cœur, comme tombe la récolte d’un espalier quand on y porte la main. » — « Elle se rappela… toutes les privations de son âme, et ses rêves tombant dans la boue, comme des hirondelles blessées. » — « Si bien que leur grand amour, où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle, comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit, et elle aperçut la vase. » Voici d’autres exemples empruntés à l’Education sentimentale : « Il tournait dans son désir comme un prisonnier dans son cachot.

1738. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

25 août Je regarde cette maison bourrée de livres, de gravures, de dessins, d’objets d’art, qui feront des trous dans l’histoire de l’art de l’École française, si tout cela brûle, — et ces choses, mes amours d’autrefois, — je n’ai pas l’énergique désir de les sauver. […] J’étudiais au passage Choiseul ce manège d’un assiégé devant un tout nouveau produit, dont l’usage connu, et peut-être des souvenirs personnels, l’arrêtaient dans son désir de le faire servir à sa cuisine.

1739. (1890) Nouvelles questions de critique

Je n’insisterai pas sur les « nombres » de sa prose, la simplicité hardie de ses images, la quantité de vers qui s’insinuent naturellement dans la trame de son style : Ses yeux étincelaient du feu de ses désirs… J’osai trop contempler ce dangereux spectacle… Mais j’ai lu mieux que toi dans ton cœur trop sensible… Je puis me consoler de tout, hors de te perdre… Mon faible coeur n’a plus que le choix de ses fautes… Je ne rappellerai que pour mémoire ces qualités de « mouvement », — qui n’étaient certes pas inconnues de la prose française, mais enfin, dont les grands orateurs du siècle précédent n’avaient appliqué la force entraînante qu’à l’expression des idées religieuses ; — ou bien encore ces couplets passionnés où les Lamartine et les Hugo, Lamartine surtout, n’ont eu plus tard qu’à coudre des rimes. […] Ne seraient-ce pas pourtant les principales, et à coup sûr les premières en date toutes celles qui se réduisent au désir d’étonner et de scandaliser, héritage de ce mystificateur, doublé d’un maniaque obscène, qu’on appelait Charles Baudelaire ?

1740. (1903) La pensée et le mouvant

Prenons donc ces tranches de philosophie ancienne et moderne, mettons-les dans le même bol, ajoutons en guise de vinaigre et d’huile, une certaine impatience agressive à l’égard du dogmatisme mathématique et le désir, naturel chez un évêque philosophe, de réconcilier la raison avec la foi, mêlons et retournons consciencieusement, jetons par-dessus le tout, comme autant de fines herbes, un certain nombre d’aphorismes cueillis chez les néo-platoniciens : nous aurons — passez-moi l’expression — une salade qui ressemblera suffisamment, de loin, à ce que Berkeley a fait. […] Dans son désir éternellement inassouvi d’embrasser l’objet autour duquel elle est condamnée à tourner, l’analyse multiplie sans fin les points de vue pour compléter la représentation toujours incomplète, varie sans relâche les symboles pour parfaire la traduction toujours imparfaite. […] Surtout, ayant attribué à sa pensée le pouvoir de tout embrasser, il est obligé de se représenter toutes choses en termes de pensée : à ses aspirations, à ses désirs, à ses enthousiasmes il ne peut demander d’éclaircissement sur un monde où tout ce qui lui est accessible a été considéré par lui, d’avance, comme traduisible en idées pures. […] Cousin manifesta le désir d’un rapprochement : à la gare de Lyon, devant le train prêt à s’ébranler, il tendit la main à M. 

1741. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Oui, si « la vie est bonne », si son objet est en elle-même, si l’unique fin qu’on nous propose est de nous satisfaire et de jouir, nous avons tous les mêmes droits sur les biens de la vie ; et comme d’ailleurs le nombre en est toujours moins grand que le désir de les posséder n’est ardent, c’est entre nous et ceux qui en prennent notre part la ruse et la perfidie, la force et la violence qui seules décideront. […] On veut exprimer des sensations plus subtiles dans leurs rapports avec des idées plus générales, et on parle pour cela d’accroître le vocabulaire et de bouleverser la syntaxe. — Je ne dis rien ici de ceux qui demandent qu’on retourne à la syntaxe romane, et je me contente en passant d’admirer ce qui peut encore se mêler de candeur juvénile au vif désir d’étonner ou de mystifier ses contemporains. […] Il y a plus d’habileté, plus d’adresse, un désir plus évident de plaire, plus de concessions aussi, dans la Confession d’un amant ; il y a plus d’art, avec plus de réalité, et cependant plus de « romanesque » dans la Force des choses, plus d’émotion, plus de discrétion, plus de tendresse aussi ; et il y a enfin dans Daniel Valgraive plus de maturité, plus de volonté, plus de noblesse, — il y a plus de profondeur et d’élévation à la fois. […] Inversement, dans un autre écrivain, l’auteur du Petit Carême, par exemple, s’il y a trop de vains ornements, trop de désir de plaire, trop de jolies choses, et généralement plus de souci de lui-même que de son sujet, — ce qui pourrait bien être la définition même de la mauvaise rhétorique, — ce sont encore les rhéteurs qui nous l’ont dénoncé, qui nous en ont dévoilé l’artifice, qui nous ont fait sentir l’abus de la rhétorique dans l’usage de ces procédés mêmes.

1742. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Les uns chantaient haut, comme s’ils s’étaient lamentés, Les autres d’autre façon, comme s’ils languissaient de désir ; Et quelques-uns à plein gosier, de toute leur voix.

1743. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Cette célébrité sourde et à demi-voix ne répondait pas assez à ses désirs de gloire.

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