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779. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

A porter la question sur ce terrain, croyez-vous que l’on résisterait avec avantage aux objections de Bossuet, de Nicole, de Rousseau contre la comédie ? […] Quelles que soient les destinées des croyances dogmatiques, il y aura toujours des hommes qui pourront dire : « L’Évangile parle à mon cœur. » Ceux-là seront de race chrétienne, lors même qu’ils ne croiront pas à tout ce que croient les fidèles. […] Non sans doute : je crois aux beautés stables, durables, éternelles, Je crois à Homère, à Virgile et à Racine. […] Aujourd’hui, l’esprit français n’a plus cette candide innocence qui lui faisait croire qu’il était le modèle Unique et parfait de la civilisation, de la littérature et du goût. Nous voudrions le croire, nous ne le pourrions pas, car nous ne pouvons oublier que cette assertion est contestée, et qu’il y a d’autres modèles dans le monde.

780. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

» Un je ne sais quoi nous avertit que peut-être ce n’est pas si faux que nous croyons ; nous nous interrogeons et il arrive souvent que nous nous disions : « du moins, ce n’est pas impossible ». […] Les amateurs d’exceptionnel en littérature et qui l’aiment, non point parce qu’ils sont blasés sur le normal, mais par goût de s’évader de la vie réelle, se trompent donc, je crois, en s’adressant à la littérature, y entretiennent en se plaisant à lui un genre qui, en littérature, est un genre faux, et feraient mieux, je crois, de s’adresser, selon leurs tempéraments particuliers, à l’un ou à l’autre des deux autres arts que j’ai dits. […] Le lecteur de poètes est un initié ou croit l’être et se flatte de l’être. […] Et le lecteur des poètes sait qu’il a le chiffre ou il croit l’avoir. […] C’est un homme très heureux si c’est un bonheur, comme je le crois, de ne pas vieillir.

781. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Emporté par le tourbillon métaphysique, assiégé de visions intenses, il tressaillait et croyait. […] » quoi que ce fût, on croyait voir. » Le lendemain, à la réflexion, c’était autre chose ; l’admiration seule restait entière, et on allait à un autre cours. […] Jouffroy crut en trouver un autre ; il y languit, blessé aussi, peut-être plus blessé que personne. […] D’autres aussi avaient douté d’abord ; une fois dans les hautes places ils quittaient le doute, et croyaient de par leur habit brodé. […] Il avait beau retenir son cœur, il y était mené de force ; s’il empruntait à sa méthode et à ses preuves des raisons de croire, sa croyance venait de ses souvenirs et de ses aspirations.

782. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

pas si perdu pourtant qu’on le croirait. […] Dînant à son passage à Paris chez le général Pajol, dont le fils est son ami : « Le général, dit-il, croit à la guerre, mais pas avant le printemps. […] À la Chambre, dans les premières années où il y siégeait, ses collègues disaient de lui, non sans sourire : « Il n’y a plus qu’un homme en France qui croit à la gloire, c’est le général Bugeaud. » Il avait raison d’y croire. […] En 1843, il croit en voir une qui se prépare en Espagne : Ah ! […] Je crois que je rajeunirais de dix ans… Je ferais parler de moi, quelque chose dans le cœur me le dit.

783. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Joseph se crut obligé de n’y pas mettre les pieds pendant quelques semaines, et son exemple fut le signal que suivirent les trois quarts des personnes que je connaissais. […] Il en arriva de même à ceux des opposants auxquels il croyait la possibilité de lui répondre. […] « On se demande maintenant quels ont été les motifs de cette terrible action, et je crois facile de les démêler. […] Le premier consul reçut cette lettre et me crut sans doute d’une rare niaiserie d’avoir pu me flatter qu’il en serait touché. […] Elle croyait que l’intention secrète de ce livre, cachée sous des commentaires littéraires, échapperait à la police inintelligente de l’Empire.

784. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Beaucoup de physiologistes ne croient pas à l’influence diminuée de l’hérédité. […] Vigny ne croit pas à la Providence ; mais il a foi dans la science (La Bouteille à la mer). Renan ne croit pas à la religion révélée ; mais il croit à la raison, à la science. […] France promène son scepticisme souriant sur toutes les idées et sur tous les dogmes : mais par intermittences, il croit ou semble croire à la raison et au progrès. Plus d’un penseur de nos jours qui ne croit plus au Paradis croit à l’amélioration du sort de l’humanité sur la planète.

785. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Delacroix a même introduit dans ce tableau, à ce que nous croyons du moins, quelques tons dont il n’avait pas encore l’usage habituel. — Ils se font bien valoir les uns les autres. — Le fond est aussi sérieux qu’il le fallait pour un pareil sujet. […] Nous ne croyons pas, nous, qu’on puisse compromettre le génie en l’expliquant. […] — Il a fait des élèves remarquables, — mademoiselle Eugénie Gautier, par exemple, à ce que nous croyons […] Muller croit-il plaire au public du samedi en choisissant ses sujets dans Shakespeare et Victor Hugo ? […] Du reste, ils sont d’un aspect tout différent, ce qui induit à croire que M. 

786. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ça c’est idiot sans plus, je veux bien le croire, sans plus. […] J’ai terminé, je crois avoir terminé ma tâche de préfacier. […] Parfois je les vaincs, le croiriez-vous ? […] Or, c’est, je crois, un peu le cas de M.  […] J’en parlai un jour à Vacquerie lui-même, qui me dit : « Croyez-vous que cela valût mieux auparavant ?

787. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

» « J’te crois — ouf !  […] si l’on m’en croit. […] Crise mortelle, et on m’a cru « en allé » par deux fois : délire violent suivi d’un sommeil comateux. […] Un jour je l’entendis ou crus l’entendre dire : « Quelle dépression !  […] A en croire d’autres qui sont des ennemis, n’en a pas qui veut et c’est un luxe de plus !

788. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il se disposait à partir prochainement pour l’Italie, lorsqu’une affection des yeux, que l’on crut d’abord passagère et qui n’a jamais cessé depuis, vint suspendre et ajourner encore une fois le rêve. […] nous autres Français qui, en France et chez nous, distinguons si parfaitement les Gascons et croyons leur fixer leur part, une fois à l’étranger, nous faisons tous un peu l’effet de l’être. […] Ratin à tout propos contre le fou rire et contre les immoralités qu’il engendre. « Réfléchissant depuis à cette verrue, dit notre historien, je me suis imaginé que tous les gens susceptibles ont ainsi quelque infirmité physique ou morale, quelque verrue occulte ou visible, qui les prédispose à se croire moqués de leur prochain. » Chez quelques-uns, par une. variété de la maladie, au lieu de se croire moquée, la verrue se flatte d’être admirée, elle se rengorge. […] Charles rêve, il rêve beaucoup plus depuis quelque temps ; il aime Louise, la fille du chantre, et s’il en croit de chers indices, une main donnée et oubliée dans la sienne à une certaine descente de montagne, Louise tout bas le lui rend. […] Il y manquerait bien sans doute de certains petits coins de faubourg, qu’on peut croire, sans flatterie, les plus polis et les mieux éclairés du monde.

789. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’une est obligée de croire ce qu’on lui dit, l’autre est condamnée à examiner ce qu’elle croit. […] On est dans une ville, et l’on croirait être dans un désert. […] Vous croyez que cela peut venir de la fièvre ? […] je ne puis vous en croire capable. […] On est dans une ville, et l’on croirait être dans un désert.

790. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Nous ferions désormais d’inutiles efforts pour imaginer comment conçoivent le monde ceux qui ne croient pas au progrès. […] De toutes les littératures la plus pâle est, je crois, la littérature syriaque. […] Croyez-vous que ce soit là une pure illusion d’érudit ou d’amateur passionné ? […] On croit avoir tout dit en opposant quelques noms propres. […] Et ne croyez pas que pour cela elle renonce à la haute admiration.

791. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Il ne se refuse en chemin aucun des développements qui se présentent, et on pourrait croire qu’il les recherche ; mais il les fournit toujours avec aisance, et il les remplit sans s’épuiser. […] Croyons plutôt que les grands noms ne périront jamais ; et, quels que soient nos plans, ne touchons point aux illusions de l’espérance ; sans elles, que resterait-il, hélas ! […] Vicq d’Azyr aurait aimé à croire à l’immortalité de l’être, de même qu’il aurait incliné à se confier en la Providence : c’était une velléité de son cœur et de son talent ; il chérissait l’espérance. […] Sanchez avait plusieurs raisons pour se croire au nombre des proscrits. Depuis ce moment, point de repos, point de sommeil ; il croyait toujours voir un glaive arrêté sur sa tête.

792. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Ce ne sont là que des aperçus ; ils ont leur vraisemblance, et je ne les crois pas dénués de vérité. […] D’autres ont cru l’or moins coupable s’il est bien employé, et ils ont tempéré leur anathème. […] Enfin, en la mettant au premier rang, le jury a cédé à une impression unanime reçue par lui à plus d’une reprise ; il a cru couronner, et il ne s’est pas trompé, quelque chose de la naïveté, du mouvement et de la grâce de la jeunesse. […] On a cru couronner dans l’auteur de cette pièce (et on ne s’est point non plus trompé) un homme de talent et de sentiment, doué de fierté de cœur, une âme qui a souffert et qui s’y est aguerrie. […] C’est l’histoire d’un enthousiasme romanesque pour un beau chanteur qu’on croit né prince, une erreur d’imagination dans l’amour.

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