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1274. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

La poésie doit croire à quelque chose, ou bien, si elle doute, il faut que ce soit sous la forme de la passion, non sous la forme d’un dilemme. […] Rien ne nous le fait supposer, tout nous fait croire le contraire. […] Le croirait-on ? […] Je crois qu’il a demandé trop à son art et qu’il en a dépassé les limites. […] Je persiste pourtant à croire que le poème scientifique est possible et qu’il se fera.

1275. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Déprécions Racine27, on aura la bonté de nous croire ses rivaux. […] Et en vérité je suis tenté de croire que beaucoup d’entre eux le possèdent. […] Je suis loin de croire que cette qualité soit moins commune chez les critiques que chez les autres gens de lettres. […] croit-on par hasard que les Athéniens de Périclès ne fissent autre chose que des vers ïambiques ? […] C’était cru, mais vrai.

1276. (1886) Le roman russe pp. -351

Si je croyais irrémédiable cette déchéance momentanée, je me tairais. […] On croit entendre tantôt Mardoche et tantôt Childe-Harold. […] Voici, je crois, la vérité. […] Je le crois aussi ; mais est-il bien nécessaire de faire un poème épique ? […] Je le crois bien !

1277. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

A le lire, à l’entendre, on le croirait davantage du midi, plus voisin d’Angoulême et des contrées de son célèbre homonyme. […] M. de Balzac fut donc transplanté de bonne heure ; ce ne fut pourtant qu’après avoir fait ses premières études au collége de Vendôme probablement, car j’aime à croire que son récit de Louis Lambert n’est en rien une fiction, et qu’il a été lui-même cet ami inséparable du pauvre et sublime enfant extatique. […] Plus il sent le prix du bonheur, moins il croit que sa maîtresse puisse le lui facilement accorder ; d’ailleurs, peut-être se livre-t-il trop entièrement à son plaisir, et craint-il de n’en point donner. […] M. de Balzac semble croire qu’il n’y a qu’un pas entre le goût de l’alchimie et les leçons de Lavoisier, tandis qu’il y a un abîme ; c’est comme si l’on devenait astrologue après avoir été disciple de Laplace. […] Je sais une femme qui a pour mari un homme de génie ou qu’elle croit tel (ce qui revient au même), et dont elle craint de n’être pas assez aimée ; cette femme a été séduite à Balzac par Mme Claës.

1278. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Enjouement, moquerie, savoir, mouvement animé et un peu affecté, je le crois sans peine, c’étaient, à ce qu’il semble, les traits de la belle compagnie d’alors. […] Vinet, dans sa modestie, n’a voulu et n’a cru faire que cela, et il semble craindre même de n’avoir pas atteint son but : il l’a, selon nous, dépassé de beaucoup, ou mieux, surpassé. […] Comme critique il s’abandonne quelquefois à une bienveillance un peu prompte ; il s’attache et prête foi aux livres un peu trop indépendamment de la connaissance personnelle des auteurs ; il est plutôt porté d’abord à surfaire, à force de se croire moindre. […] Voici pour mes amis du canton de Vaud et pour les bibliographes français une liste, que je crois complète, des écrits de M. […] Vinet impose, je crois, en pénitence à son style, pour le punir quand il a été simple et beau. » 20.

1279. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Cette pensée secrète qui le travaillait perce déjà dans la préface de Phèdre, et dut le soutenir, plus qu’on ne croit, dans l’analyse profonde qu’il fit de cette douleur vertueuse d’une âme qui maudit le mal et s’y livre. […] En somme, Athalie est une œuvre imposante d’ensemble, et par beaucoup d’endroits magnifique, mais non pas si complète ni si désespérante qu’on a bien voulu croire. […] Piccolos, dans les notes d’une traduction de Paul et Virginie en grec moderne (Firmin Didot, 1841), a cru pouvoir signaler avec précision quelques traces, encore inaperçues, du roman de Théagène et Chariclée, dans l’œuvre de Racine. […] Piccolos le croit (page 343), qu’il eût fourni à Racine le germe d’une des plus belles scènes, dans Andromaque également. […] Ampère, dans un article sur Amyot, avait déjà cru saisir des analogies de ce genre.

1280. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

En observant les différences caractéristiques qui se trouvent entre les écrits des Italiens, des Anglais, des Allemands et des Français, j’ai cru pouvoir démontrer que les institutions politiques et religieuses avaient la plus grande part à ces diversités constantes. […] La plupart des hommes, épouvantés des vicissitudes effroyables dont les événements politiques nous ont offert l’exemple, ont perdu maintenant tout intérêt au perfectionnement d’eux-mêmes, et sont trop frappés de la puissance du hasard pour croire à l’ascendant des facultés intellectuelles. […] Cette tristesse aride qui naît de l’isolement, cette main de glace qu’appesantit sur nous le malheur, lorsque nous croyons n’exciter aucune pitié, nous en sommes du moins préservés par les écrits conservateurs des idées, des affections vertueuses. […] Comme la nature fait quelquefois servir des maux partiels au bien général, de stupides barbares se croyaient des législateurs suprêmes, en versant sur l’espèce humaine des infortunes sans nombre, dont ils se promettaient de diriger les effets, et qui n’ont amené que le malheur et la destruction. […] Les idées philosophiques donnent lieu souvent à tant d’interprétations absurdes, que j’ai cru nécessaire d’expliquer positivement, dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, ce que j’entends par la perfectibilité de l’espèce humaine et de l’esprit humain.

1281. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Cela ne vous dit rien, à vous, parce que vous êtes un profane, un indifférent, un malheureux égaré ; mais le prêtre qui, étant homme, est pourtant tout cela, et qui le croit, et qui en a conscience ! […] Je ne crois pas qu’un prêtre intelligent trouve rien de choquant dans les Courbezon et dans Mon oncle Célestin, sinon l’idée même de faire des romans sur les prêtres. […] L’abbé Capdepont est un bon prêtre, un prêtre croyant : il se sent élu de Dieu, quoiqu’il ait lui-même fortement aidé à l’élection ; et, comme l’épiscopat est l’achèvement du sacerdoce et confère un surcroît de grâce, il sent déjà cette grâce en lui, et son âme est transformée du moment qu’elle croit l’être. […] Il avait cru pouvoir sauver quelque chose de lui-même : laïque, il l’aurait pu ; prêtre, membre de l’Église enseignante, il ne le peut pas. […] De là des outrances et des naïvetés : continuellement il nous avertit que ce que nous voyons ou entendons est terrible, et, comme il le croit, il nous le fait croire. « Tout à coup il eut un soubresaut, et de sa bouche s’échappèrent ces paroles épouvantables. » Ou bien : « On ne saurait croire l’expression de force, de fermeté, que la figurine de ce vieillard de soixante-quinze ans, molle, souriante auparavant, venait de prendre tout à coup. » Et voyez quelle conviction dans cette réflexion candide : « En vérité, l’homme est-il ainsi fait que la passion le puisse ravaler à ce point ?

1282. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

L’homme de parti a besoin de croire qu’il a absolument raison, qu’il combat pour la sainte cause, que ceux qu’il a en face de lui sont des scélérats et des pervers. […] L’humanité a vécu dans les formes anciennes jusqu’à ce qu’elles soient devenues trop étroites ; alors elle les a fait éclater ; mais croyez-vous que ce fût par colère contre ces formes ? Croyez-vous que quand l’oiseau brise son œuf son but soit de le briser ? […] Enfants qui croyez tirer en arrière le char de l’humanité, ne voyez-vous pas que c’est le char qui vous traîne ? […] Qui sait si un jour on ne dira pas : « En ce temps-là, on devait croire ainsi, car l’humanité fondait alors par ses souffrances l’état meilleur dont nous jouissons.

1283. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

La mère se rassure, elle croit en son fils. […] … En vérité, c’est à n’y pas croire. […] Elle a lutté, elle a résisté, mais la duègne qui l’hébergeait a cru voir, à travers ses lunettes troubles, que ce gentleman était son amant. […] On croit entendre un cri espagnol ou romain de Corneille, répété par un écho de la vie moderne. […] Qui pourra croire qu’elle a été la maîtresse d’un homme dont elle ne veut pas pour mari ?

1284. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il mesure l’écart qui existe en chaque individu entre l’imaginaire et le réel, entre ce qu’il est et ce qu’il croit être. […] Dans la plupart des cas, pour édifier en lui l’illusion d’être ce qu’il croit être, il s’en tiendra à cette imitation des apparences qui n’exige l’accomplissement d’aucun acte effectif. […] C’est le cabotin qui joue ses rôles à la ville, et, comme il tient au théâtre les rôles humanitaires, il se croit une mission sociale : il est Christ et sauveur. […] À entrevoir les résultats de la science, ils croient en posséder les secrets ; à se promener dans la partie du domaine de la connaissance qui a clé aménagée pour l’intelligence vulgaire ils se croient aptes à s’engager dans ses taillis les plus inextricables et à découvrir des routes nouvelles ; à manier et à posséder tine monnaie qui procure les choses, ils croient, que cette monnaie est frappée à leur effigie et qu’ils ont eux-mêmes le pouvoir d’émettre des pièces d’or nouvelles. […] Elle est humaine et nous la croyons Dieu.

1285. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Les vieux tacticiens du parti (et par exemple Renaudel) croient fermement à l’utilité de l’union, et s’efforcent de la maintenir. […] Nous nous répétons cela, nous socialistes soldats, car nous avons besoin d’y croire. […] Je crois qu’Alfred Salabelle me dénaturait dans son esprit, mais nous serions impardonnables si nous risquions de méconnaître sous de rudes paroles une nature profonde. Dans ces âmes repose un rêve, un type de société auquel je ne crois pas, mais que j’aime en tant qu’il fait leur consolation et qu’il est leur ciel au-dessus des tranchées. […] Ils ont compris que le problème de la discipline militaire se pose de la même manière que le problème de la discipline industrielle, et bien qu’ayant l’âme toute pleine de justice égalitaire, ils se sont rangés sous des chefs que la veille ils croyaient exécrer.

1286. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Nous vivons dans un siècle où il faut répéter certaines banalités, dans un siècle orgueilleux qui se croit au-dessus des mésaventures de la Grèce et de Rome. […] Il croit que la nature doit être corrigée, amendée ; que la tricherie heureuse, agréable, faite en vue du plaisir des yeux, est non seulement un droit, mais un devoir. […] Ingres au gré de ses fanatiques, je préfère croire que le talent le plus élevé conserve toujours des droits à l’erreur. […] Pour me résumer, je crois qu’abstraction faite de son érudition, de son goût intolérant et presque libertin de la beauté, la faculté qui a fait de M.  […] A propos des Adieux de Roméo et Juliette, j’ai une remarque à faire que je crois fort importante.

1287. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Je ne le crois pas, à moins que l’on ne donne à ces mots une signification étrangère à ma pensée. […] Je ne le crois pas ; cela est d’ailleurs impossible, à moins d’un manque absolu de personnalité. […] Je crois que la voie de la vérité est là. […] Je réponds à cela : Profonde est votre erreur… Croyez-vous donc qu’en appauvrissant le voisin, vous vous enrichissez vous-mêmes ? Croyez-vous qu’il faille opprimer pour être fort ?

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