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180. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Le sénat de Rome lui fit élever une statue, et il eut du crédit à la cour d’Honorius. […] Alors, l’amitié d’un grand homme, devenu coupable, fut un crime, et Claudien quitta la cour. […] Cet assassinat de la part d’un lâche qui veut faire périr l’objet de sa haine, et qui n’ose le faire ouvertement, était bien digne de la cour de Byzance, où de tout temps l’esprit général fut un mélange de cruauté et de faiblesse.

181. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Elle eut voulu principalement lui faire trouver grace à la cour de Rome. […] Elle a causé de grands troubles dans les universités, à la cour de Rome, dans plusieurs conciles. […] Ils dirent : Nous avons déjà répondus que nous sommes tels que la cour nous a nommés. […] La cour de France, qui avoit à ménager celle de Rome dans un temps de minorité, tâcha de contenter tout le monde. […] Les jansénistes furent perdus à la cour.

182. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

le voici : L’hôtel de Rambouillet nous offre d’abord le spectacle d’une société qui, sous les auspices d’une femme jeune, belle, spirituelle, de naissance illustre, épouse et mère d’une vertu exemplaire, se distingue par la pureté, la décence, la délicatesse de ses mœurs, et se sépare de la cour et des gens du monde de la capitale, tous plus ou moins entraînés dans des habitudes de dissolution et effrontée. Nous y voyons ensuite se contracter une triple alliance entre les gens de cour du plus d’esprit, les gens du monde choisis, et les hommes de lettres dont plusieurs sont encore aujourd’hui considérés dans la littérature ; alliance qui n’a fait que s’étendre et se resserre jusqu’au temps de la révolution.

183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 393-394

Elle étoit de la Cour de Madame la Duchesse du Maine, & a laissé plusieurs Ouvrages qui font conjecturer qu’elle devoit en être l’ornement par les charmes de son esprit. […] in-12, avec les Productions frivoles de ce genre ; les siens offrent, à travers le voile d’une agréable fiction, une morale d’autant plus piquante, qu’elle est appuyée sur une connoissance profonde du monde, sur-tout de la Cour, & sont écrits avec une délicatesse & une correction qu’il est rare de rencontrer dans des Ouvrages plus sérieux.

184. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

L’opinion publique, celle du monde à la Cour et à la ville, dans la classe parlementaire, dans l’Université et dans la haute bourgeoisie, était très partagée, mais en général favorable à ceux qui avaient été frappés, et qui reparaissaient au jour. […] Ajoutez comme fond du tableau la cour de Louis XIV, telle qu’elle se dessinait à cette heure aux yeux d’un chrétien, Mme de La Vallière pâlissante, mais non encore éclipsée, à côté de Mme de Montespan déjà radieuse ; Molière, au comble de sa faveur et de son art, et se permettant toutes les hardiesses, pourvu qu’il amusât. […] Or qu’était-ce au juste que M. de Tréville, et d’où vient l’intérêt que mettait à ce qui le concernait toute la Cour, et qu’y mettait Bourdaloue lui-même ? […] Ne le mettez pas à un si haut prix qu’ils n’aient pas de quoi l’acheter. » Bourdaloue, étudié dans le détail, offrirait le plus bel exemple de la parole chrétienne édifiante et convaincante, appliquée à tous les usages et distribuée comme le pain de chaque jour, depuis les sermons prêchés à la Cour ou sous les voûtes de Notre-Dame jusqu’aux simples exhortations pour les assemblées de charité. […] [NdA] Bourdaloue devait prêcher l’Avent de 1685 à la Cour ; lorsqu’il dut partir pour Montpellier, le roi lui dit : « Les courtisans entendront peut-être des sermons médiocres, mais les Languedociens apprendront une bonne doctrine et une belle morale. » (Journal de Dangeau, 16 octobre 1685.)

185. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Un grand choix des meilleures compagnies, un grand usage de les tenir, et même une cour ; une grande politesse, mais avec une grande distinction, et surtout une grande attention à ne s’avancer qu’avec dignité et discrétion. […] Retournée à Madrid toute puissante et autorisée (août 1705), elle y règne véritablement dans l’intérieur du palais, et s’attache pour l’avenir à demeurer en parfaite concorde avec la cour et le cabinet de Versailles, jusqu’à l’heure toutefois où ce cabinet se mettra en désaccord avec les intérêts mêmes de l’Espagne. […] Après avoir fait renvoyer l’ambassadeur de France, le cardinal d’Estrées, qu’on avait remplacé par son neveu l’abbé d’Estrées, Mme des Ursins s’aperçut que celui-ci, contrairement à leurs conventions, écrivait à sa cour des dépêches à son insu. […] Les dangers qu’elle prévoyait se réalisèrent en effet dans la campagne de 1706 : la Cour se vit réduite à quitter Madrid que menaçaient les Portugais, et que Berwick ne pouvait couvrir. […] Berwick, en signifiant à la Cour la nécessité de quitter Madrid, avait proposé un plan fait pour séduire : c’était que la reine vînt se mettre en personne à la tête de son armée, qu’elle lançât de là des proclamations et appelât tout ce qu’il y avait de loyaux sujets à combattre sous son étendard : « La princesse des Ursins et M. 

186. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il tenait à montrer à l’Europe, dès le premier jour, ce qu’il exprime si noblement dans les instructions données à Schomberg : « Jamais vaisseau ne résistera à si grande tempête avec moins de débris qu’on en remarque au nôtre. » Richelieu, tombé de ce premier ministère, accompagne la reine Marie de Médicis dans son exil à Blois (mai 1617) ; bientôt, sa présence en cette petite cour porte ombrage à ses ennemis : la calomnie l’implique dans des intrigues, d’où son bon sens suffisait à le tenir écarté. […] On ne laisse pas longtemps Richelieu tranquille dans sa retraite ; il est encore trop voisin de la reine ; il sent que la calomnie le travaille en cour, et lui-même il est le premier à provoquer une espèce d’exil : il demande qu’on lui prescrive pour demeure tel autre lieu où il pourra vivre sans calomnie de même qu’il est sans faute et sans reproche. […] Il nous fait assister aux tracasseries de cette petite cour ; il y devient vite l’homme nécessaire, et conclut le traité qui réconcilie la mère avec le fils (30 avril). […] Luynes à la Cour triomphe, et il règne sur tout le royaume. […] Richelieu serait fort d’avis que la reine, pour déjouer ces intrigues, allât droit à la Cour, qu’elle fît parler la nature dans le cœur du roi, et mît hardiment au néant la malveillance.

187. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Son frère l’ayant mariée en secondes noces, en 1527, à Henri d’Albret, roi de Navarre, elle eut à Pau sa petite cour, qui fut le lieu de refuge et le port de salut des persécutés et des novateurs : « Elle favorisa le calvinisme, qu’elle abandonna dans la suite, dit le président Hénault, et fut cause des progrès rapides de cette secte naissante. » Ces paroles du président Hénault me paraissent trop absolues. […] Elle fit, à cette époque, comme toute la cour de France, qui, à certain jour, et en n’obéissant qu’à la mode, au progrès des lettres et au plaisir de comprendre la Sainte Écriture ou de chanter les Psaumes en français, faillit se trouver luthérienne ou calviniste sans le savoir. […] Un frère de Brantôme, le capitaine Bourdeilles, avait connu à Ferrare, chez la duchesse du pays (fille de Louis XII), une dame française, Mlle de La Roche, dont il s’était fait aimer ; il l’avait ramenée en France, et elle était allée en la cour de la reine de Navarre, où elle était morte : il n’y pensait plus. […] Du temps de Marguerite, il ne manqua point de gens qui l’accusèrent pour la protection qu’elle accordait aux lettrés amis de la Réforme ; elle trouva des dénonciateurs en Sorbonne ; elle en trouva également à la Cour. Le connétable de Montmorency, parlant au roi de la nécessité de purger d’hérétiques le royaume, ajouta qu’il lui faudrait commencer à la Cour même et par ses proches, et il nommait la reine de Navarre.

188. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VII. Versailles. »

Tout était vide autrefois dans ces lieux ; la petitesse de la dernière Cour (avant que cette Cour eût pour elle la grandeur de son infortune) semblait à l’aise dans les vastes réduits de Louis XIV.

189. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Cet événement fut au nombre de ceux qui concoururent, dans la période de 1670 à 1680, à opérer de grands changements dans la situation, dans l’esprit et le caractère du roi, et a confirmer l’ascendant qu’avaient pris sur les mœurs de la cour les exemples des personnes en qui s’étaient conservées les traditions morales de l’hôtel de Rambouillet. Ce ne fut pas seulement la mort de Molière qui marqua un terme à la protection que les lettres donnaient à la société licencieuse contre la société d’élite ; l’esprit satirique de Boileau, la courtoisie de Racine, la licence de La Fontaine, s’arrêtèrent en même temps devant les progrès de cette société : comme ces progrès atteignaient la cour elle-même, nos poètes virent que le temps était venu de prendre un autre ton, une autre direction, et ils furent plusieurs années à contempler en silence le changement qui s’opérait. […] I, p. 14) : « La marquise d’Heudicourt était la complaisante de madame de Montespan, et lorsqu’on faisait encore un mystère de l’existence du duc du Maine et de son frère, cette marquise avait à la cour un petit appartement où la maîtresse et la gouvernante se rendaient en secret.

190. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Sa muse, d’abord reçue avec enthousiasme à la ville, fut bientôt connue à la cour. […] Il n’apprit qu’avec un dépit extrême que les siens avoient été défigurés, & cela pour le détruire à la cour. […] Car soudain qu’il eut fait imprimer ses amours & le quatrième livre de ses odes, on vit en même-temps une brigade de petits musquets frisés & rimeurs de cour, qui, pour faire une ballade & un rondeau avec le refrein, mal-à-propos s’imaginent avoir seuls mérité les lauriers du Parnasse.

191. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Après 1645, quand la société de Rambouillet commença à se dissoudre, comme nous l’avons vu, il s’en forma de nouvelles de l’élite des personnes qui la composaient ; il s’en forma de son rebut, il s’en forma de mêlées ; il s’en forma même des partis opposés de la cour et de la ville ; la pruderie et la galanterie se mêlèrent. […] C’était un homme de qualité, un homme d’esprit, de belle figure, un homme de cour, mais non un de ces courtisans de profession, qui bornant leur ambition à obtenir une parole ou un regard du prince, se pâmaient de joie en s’entendant nommer pour un voyage de Mari y ou Ce Fontainebleau. C’était un homme de cour ambitieux de grandes places et de grandes occasions de paraître ou de servir ; au reste, fort dépensier, et propre à faire un magnifique seigneur ; aussi opposé par son brillant et par sa jeunesse, à la préciosité, que le duc de Montausier, par la rigidité de son esprit et de son caractère. […] Madame de La Fayette, auteur de Zaïde, de La Princesse de Clèves, a aussi publié La Comtesse de Tendes, La Princesse de Montpensier, l’Histoire d’Henriette d’Angleterre, les Mémoires de la Cour de France de 1688 et 1689.

192. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Elle s’appelle les Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV. […] D’étiquette, de carreau, de tabouret, de bonnet, de bougeoir, de façon de donner la chemise, de toutes ces chinoiseries dignes de Pékin, et qui sont le revers de la cour de Louis XIV, nous en avions assez déjà dans les Mémoires de Saint-Simon, qui ne nous les épargne pas ; car il y croyait comme un dévot croit à son culte ! […] Le maître à danser compte les pas et décrit les révérences de droite à gauche ou de gauche à droite, en avant, en arrière et sur les côtés, et le valet de chambre, qui croit sans douté qu’il n’y a que des corps glorieux à la cour, nous fait le détail des panades du cardinal de Fleury et des coliques du roi, eu termes qu’un écrivain moins royaliste est embarrassé d’indiquer. […] Hors les faits appartenant aux quatre catégories que je viens de signaler, il n’y a absolument rien, pas même le hasard d’un document, pas même (ce qui est bien plus singulier, car enfin nous sommes à la cour de France !)

193. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

La Cour n’a jamais paru plus tranquille et plus brillante […] On a, par Dangeau, le nom exact de tous les jeux auxquels on jouait à la Cour de Louis XIV et où le roi prenait part lui-même. […] Au milieu de la grandeur, la gaieté de la Cour, la légèreté même survivent et se perpétuent, grâce surtout à ces charmantes filles du roi, la princesse de Conti et Mme la duchesse. […] Cet appesantissement en partie physique qui augmentait avec l’âge, cet enchaînement aux habitudes, ce besoin d’avoir toujours autour de soi une grosse Cour, finirent par retenir le monarque à Versailles et dans ses maisons. […] Ainsi on ne joue plus tant à la Cour ; la santé du roi se dérange plus souvent, quoiqu’à chaque indisposition Dangeau prenne soin de nous rassurer.

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