Il est probable que toutes ces agitations dans sa vie et dans son pays contribuèrent à répandre sur le dernier livre des Essais, publié en 1588, une couleur plus sombre. […] Moulant sur moy cette figure, il a fallu si souvent me testonner et composer pour m’extraire, que le patron s’en est fermi et aucunement formé soy mesme : me peignant pour aultruy, je me suis peinct en moy, de couleurs plus nettes que n’estoient les miennes premieres. […] On a cherché à faire ressortir cette tendance dans un dialogue supposé entre La Rochefoucauld et un de ses contemporains, dialogue où les pensées de la même couleur se serrent les unes contre les autres et font masse plus que dans l’ouvrage lui-même.
Le royalisme ne s’introduisit que peu à peu, et il ne prit le dessus que quand la ville ayant été exceptée de l’amnistie accordée à d’autres cités pareillement insurgées la veille, on en vint aux extrémités d’un siège : toutes les nuances d’opinions intermédiaires pâlirent naturellement ou disparurent, et dans la lutte à mort, à ce degré d’incandescence, la couleur la plus tranchée se dessina.
Il aurait été sans doute préférable qu’Achille ne parût pas sur la scène en habit de marquis, les cheveux frisés, poudrés, avec des talons rouges et des rubans de couleur à ses souliers.
C’est à ces souvenirs qu’il s’adresse ; il les rend encore plus précis par des peintures et des statistiques ; il marque les couleurs et les qualités ; il est passionné pour l’exactitude ; ses descriptions sont dignes à la fois d’un peintre et d’un géographe ; il écrit en homme qui voit l’objet physique et sensible, et qui en même temps le classe et l’évalue.
Je me demande parfois comment certaines idées, la découverte d’une terre qui tourne, d’un ciel infini, l’étude psychologique des passions secrètes dans l’inconscient et le rêve, en peinture les secrets de la perspective et des couleurs, comment toutes ces notions ont résisté à la pression formidable des familles, avec leurs parents, cousins et arrière cousins, des tyrans superstitieux, des chefs de gouvernements intéressés à leur destruction.
. — La couleur du récit et le roman pastoral ; — la vogue européenne du roman pastoral ; — les Arcadia de Sannazar et de Sydney ; — Les descriptions du Forez dans le roman de d’Urfé [Cf.
J’ai devant moi des contes, des romans, des poésies, tout un parterre d’œuvres nouvelles, — sans grande couleur peut-être, ni parfum bien vif, mais enfin « fleuronnant en leur plus verte nouveauté », — et pourtant je me sens entraîné invinciblement à examiner tout d’abord deux volumes qui sont l’un et l’autre des rejetons, — des repousses, dirait un paysan, — de l’arbre révolutionnaire. […] En voici un exemple : En vain nous vieillissons, la terre est toujours belle, En hiver sous la neige, au printemps sous les fleurs, Sous sa robe d’automne aux changeantes couleurs, Sous sa couronne d’or que l’été renouvelle.
À cette proposition, il se peut, il est même probable que l’homme chez Degas aurait souscrit ; son art cependant ne la corrobore point : l’appel aux sens n’y intervient que comme rehaut, — ainsi qu’en ces pastels où la couleur — seul jet dans son œuvre d’une poésie véritable — juxtapose des masses qui rivalisent de délicatesse et d’éclat. […] Jamais ici de ces pauses qui nous servent d’appuis, de ces mesures pour rien où nous laissons souffler nos forces, — et que nous sommes habiles (pour donner le change sur leur caractère) à charger d’une couleur méditante : hélas ! […] Je ne prendrai rien dont je ne sache à plein ce que c’est et ce que ce n’est pas… Goût de la pureté, comme on dit que le vin est pur quand il n’y a point d’eau dedans, goût de ce qui n’a qu’un goût, et qu’une odeur, et qu’une couleur toute seule.
» Ce n’est encore que de l’éloquence ; mais déjà l’imagination fougueuse se donne carrière, et déjà le tableau aux couleurs sombres et aux taches sanglantes commence à paraître.
Toujours pour l’expression d’une scène, d’un spectacle, le dessin et la couleur parleront mieux que les vocables, si ingénieusement qu’on les choisisse et dispose.
. — Grâce à ces liaisons établies, un anatomiste, qui ouvre un corps humain, peut décrire d’avance la couleur, la forme, la structure, la disposition des cellules nerveuses et des lacis artériels que son microscope va lui montrer à tel endroit de tel organe.
Mais il existe une fausse architecture qui n’a pas de nom à soi dans la langue ; mais qu’on connaît très bien ; celle qui flatte l’œil par l’éclat des couleurs sans réaliser la beauté vraie et qui est un divertissement puéril et dangereux autant que la vraie architecture est un objet de contemplation saine, noble et courageuse. […] Or nous aimons les choses les plus diverses : des sons, des couleurs, des formes, des âmes. […] Ce n’est pas à dire qu’ils soient méchants, et c’est encore une adresse sophistique des philosophes que donner toujours ce mot de méchant, qui a mauvaise couleur, pour équivalent et synonyme d’énergique et dépassionné ; ils ne sont pas méchants, ils ont des énergies et des puissances pour ce qu’on appelle le bien et ce qu’on appelle le mal, pour la bienfaisance et pour la destruction, pour la générosité et pour la vengeance.
La surabondance de la séve sauvage et intempérante amène ce puissant vers tonnant, cette prodigalité de carnages, cet étalage de splendeurs et de couleurs surchargées, ce déchaînement de passions démoniaques, cette audace de l’impiété grandiose.
Voilà Armide sur le théâtre lyrique ; et voilà l’idée qu’on peut se former d’un spectacle qui réunit le prestige de tous les arts ; Où les beaux vers, la danse, la musique, L’art de tromper les yeux par les couleurs, L’art plus heureux de séduire les cœurs, De cent plaisirs font un plaisir unique.