Il est vrai que ce poète ne court pas après les aventures, et ne fait pas tomber ses personnages des nues ; ses tragédies ne sont pas de mauvais romans enduits d’une double couche de vernis philosophique, vulgairement appelé coloris : Racine n’a pas travaillé pour les sots ; et pendant sa vie il aurait eu plus de vogue, s’il n’eût cherché qu’à éblouir ses contemporains ; mais le calcul, ainsi que toutes les sciences exactes, n’était pas encore perfectionné de son temps. […] Il y a des poètes égoïstes et charlatans qui bâtissent leur renommée passagère sur d’agréables défauts, et séduisent leurs contemporains par des innovations perfides.
Ou, s’il est vrai, on voit assez à quel point cela a stupéfié les contemporains, puisqu’ils ont rapporté cela comme un trait de libéralisme absolument extraordinaire. […] Le sentiment général de l’humanité jusqu’à lui, le consensus communis ne lui impose pas ; car il est très orgueilleux ; et se sentant (avec raison) très supérieur comme philosophe à tous les penseurs contemporains, et d’ailleurs croyant au progrès intellectuel et estimant son siècle supérieur aux siècles précédents, que tous les philosophes jusqu’à lui aient cru en Dieu, cela n’est pas pour l’intimider : ils vivaient dans des siècles d’obscurité et de tâtonnements ; le siècle de Diderot est un siècle de lumières ; dans ce siècle Diderot est supérieur comme penseur à tous les hommes qui se mêlent de raisonner ; l’opinion de Diderot, quoique étant contraire à celle de tout le genre humain jusqu’à lui, peut donc, malgré cela, être la vraie. […] On doit le compter parmi les plus importants facteurs de l’anticléricalisme contemporain.
I L’histoire de France est un tout si bien lié dans ses parties, qu’on ne peut comprendre un seul de nos deuils contemporains sans en rechercher la cause dans le passé.
Les considérations qui précèdent nous ont amenés à attribuer au signe, comme tel, un caractère nécessaire et constant : une image n’est un signe, même imparfait, que si elle se distingue des autres images, c’est-à-dire de la chose signifiée, par un certain degré d’indépendance, que si, tout en restant associée au groupe qui est l’idée, elle s’en détache en quelque mesure ; il faut qu’elle le devance ou lui succède de peu dans la conscience, et qu’elle attire l’attention, soit par son intensité, soit par les contrastes que présentent ses éléments juxtaposés ; si l’image est rigoureusement contemporaine de l’idée, cette préférence de l’attention suffit à lui donner une valeur de signe.
Il co-naît à un certain arrangement du monde, dont le développement et la résolution doivent être son œuvre et celle de ses contemporains. […] Erreurs dont au reste la responsabilité pour une grande part incombe aux contemporains du poète.
C’est ainsi que l’envie rabbaisse toujours le mérite des contemporains, qu’elle a voulu diminuer celui de Christophe Colomb & de presque tous les inventeurs plus ou moins admirables. […] Tant d’imperfections dans les pseaumes de Marot eussent dû rassurer la Sorbonne contre la crainte qu’ils ne passassent à la postérité : mais la Sorbonne jugeoit de leur mérite par le suffrage des contemporains.
On peut, sans forcer le trait et sans trop s’alourdir sur cette idée, se le figurer comme un Nietzsche qui n’aurait pas voulu s’insurger contre Socrate et qui aurait fait la gageure d’être socratique, étant né Nietzsche ; ou qui aurait pris un plaisir de contradiction contre lui-même à prêcher Socrate, étant né Nietzsche, et à mettre toutes les ressources d’un Nietzsche, du reste supérieur, à prouver Socrate, d’ailleurs en l’altérant, mais encore en l’imposant à ses contemporains et à lui-même, bon gré mal gré qu’ils en eussent et bon gré mal gré qu’en une région de son for intérieur il en eût lui-même. […] Ce sont en effet les seuls qui ne doivent point leur vertu à une éducation forcée : elle naît en quelque sorte avec eux ; ils la tiennent des Dieux en présent ; elle est franche et n’a rien de fardée… » Mais quand il ne parle ni des Athéniens légendaires ni des Athéniens d’exception, dès qu’il en arrive aux Athéniens, même les plus illustres, de son temps ou de l’époque précédente, il est extrêmement dur et il n’est point de raillerie qu’il épargne aux Thémistocle et aux Périclès, ces gens qui, avec tout leur talent, ignoraient profondément l’art de rendre meilleurs leurs compatriotes, leurs contemporains et leurs fils.
Nordau, qui a lu, avec une patience bizarre, toute la littérature contemporaine, propagea cette idée vilainement destructrice de tout individualisme intellectuel que le « non conformisme » est le crime capital pour un écrivain.
Ceux même qui semblent le plus solitaires dans leur vie et dans leur génie, ne sont pas affranchis de cette loi ; ils sont de leur temps ; ils parlent un langage que comprennent les contemporains.
Non, je ne suis pas injuste à ce point ; mais il est bon de hausser la voix et de crier haro sur la bêtise contemporaine, quand, à la même époque où un ravissant tableau de Delacroix trouvait difficilement acheteur à mille francs, les figures imperceptibles de Meissonier se faisaient payer dix fois et vingt fois plus.
Cette invention lointaine apparaîtra un jour telle que contemporaine à la fois de Rabelais et de Victor Hugo. […] De la gloire et de l’opprobre que Boileau distribua à ses contemporains nous sommes les juges surpris et cléments.
Tous les contemporains de Bichat ont partagé sa façon de voir et paraphrasé sa formule.
Cependant, d’après le portrait qu’a laissé de lui une actrice, sa contemporaine, la nature semblait lui avoir donné un physique propre à la tragédie.
L’Hospice enseigne leurs devoirs à tous les fondateurs et directeurs d’hôpitaux, grandes leçons qui resteront longtemps infructueuses ; mais ceux qui les ont données marcheront sur la terre au milieu de l’admiration et des éloges de leurs contemporains, et n’en mériteront pas moins, de leur vivant ou après leur mort, un monument commun où l’on nous montrerait l’un instruisant les maîtres du monde, et l’autre relevant le pauvre abattu. […] Aussi Voltaire ne fut-il pas excessivement content de Diderot. » Il était, en effet, le seul de ses contemporains qui osât lui tenir tête sur cette question irritante.