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788. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Il s'ensuivroit de ce principe, qu'un tel sentiment, qu'on ne peut regarder que comme un amour-propre désordonné, seroit commun à tous les hommes, qu'il seroit le premier ressort de toutes leurs démarches, & qu'il ne pourroit jamais mourir qu'avec chacun de nous ; ce qui est démontré faux par expérience.

789. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Dans l’autre espèce d’intrigue, beaucoup plus commune, tous les incidents sont prémédités.

790. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

C’est moins chez eux, ainsi que parmi nous, quelques pensées éclatantes, au milieu de beaucoup de choses communes, qu’une belle troupe de pensées qui se conviennent, et qui ont toutes comme un air de parenté : c’est le groupe des enfants de Niobé, nus, simples, pudiques, rougissants, se tenant par la main avec un doux sourire, et portant, pour seul ornement, dans leurs cheveux, une couronne de fleurs.

791. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Cette haute valeur est devenue si commune, que le moindre de nos fantassins est plus courageux que les Ajax, qui fuyaient devant Hector, qui fuyait à son tour devant Achille.

792. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

l’Abbé Seran de la Tour, en deux volumes in-12. 1762. est d’un homme d’esprit, qui n’a pas des idées communes.

793. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

Law est le produit très normal et très spontané d’un temps qui valait moins que lui, puisqu’il l’a gouverné, mais qu’il n’aurait pas gouverné s’il n’y avait pas eu entre lui et ce temps des choses communes et profondes.

794. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

. — On croirait, à vous voir en faire si bon marché, que c’est une chose commune qu’un Poëte. — Songez donc que lorsqu’une nation en a deux en dix siècles, elle se trouve heureuse et s’enorgueillit. […] « Il y a un jeu atroce, commun aux enfants du Midi ; tout le monde le sait. […] « Les beaux vers, il faut dire le mot, sont une marchandise qui ne plaît pas au commun des hommes. Or la multitude seule multiplie le salaire ; et, dans les plus belles des nations, la multitude ne cesse qu’à la longue d’être commune dans ses goûts et d’aimer ce qui est commun. […] XV M. de Vigny, cependant, ébranlé par les secousses de la révolution qui vient d’éclater, à son insu possédé par la haine féodale contre ceux qui viennent d’expulser son roi et dont il est heureux de se venger, prend en main la cause de ce coupable et malheureux Chatterton, le compose comme la cause d’un poète et d’un homme incompris, et en fait un dangereux chef-d’œuvre, un manifeste socialiste touchant, contre le sens commun et contre la société de droit et de devoir commun aussi.

795. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

La grandeur dans l’ordre est le caractère commun de tous les gouvernements bien réglés ; c’est aussi le caractère de tous les écrits durables. […] Les bons gouvernements suscitent les hommes de génie en foule, dans toutes les voies de l’esprit et ils impriment aux écrits les plus divers ce caractère commun d’ordre et de grandeur dont ils sont marqués. […] Ses discours les plus communs n’étaient jamais dépourvus d’une naturelle et sensible majesté. » On sait par cœur ces vers du Tartufe : D’un fin discernement sa grande âme pourvue Sur les choses toujours jette une droite vue. […] Les crimes, si communs dans les temps de faction, firent place aux vices, qui sont de tous les temps, aux travers, encore plus universels que les vices, et qui sont la vraie matière de la comédie. […] Et quand Molière, regardant au-dessus des ridicules, voulut, de sa libre invention, et sans l’indication royale, montrer dans le Tartufe le plus odieux de tous les vices, l’hypocrisie religieuse, exploitant le plus commun des travers, la crédulité, Louis XIV protégea le poète et la pièce, et le plus religieux des rois consacra cette éternelle leçon donnée au genre humain sur l’abus qu’on peut faire de la religion.

796. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Bourget ramène aux proportions d’une humanité plus commune et voisine de nous. — La femme qui appartient à cette catégorie de femmes n’est ni violente, ni impérieuse, ni méchante. […] Cela, dans notre époque de commune indifférence, a semblé extraordinaire. […] L’originalité consiste, non pas à tirer quelque chose de sa propre substance, mais à mettre aux choses communes sa marque individuelle. […] Solidarité, confiance dans les destinées du pays, effort en commun en vue de l’avenir, c’est de quoi se compose le patriotisme. […] Lieu commun sur l’invention.

797. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Je tiens du capitaine Hutton que dans l’Inde cette crainte se manifeste encore chez les jeunes poussins sauvages du Gallus bankiwa ou coq d’Inde commun, que l’on considère comme la souche mère de toutes nos races domestiques, lors même que ces poussins ont été couvés par une Poule domestique, et l’on constate le même fait chez les jeunes Faisans112. […] On a observé, du moins chez l’espèce américaine, que plusieurs femelles s’entendent pour pondre chacune quelques œufs dans un nid commun, puis dans un autre, et ainsi de suite, jusqu’à la fin de la ponte. […] On retrouve des instincts presque identiques chez des êtres, si éloignés dans l’échelle organique, qu’il est impossible de supposer qu’une telle ressemblance soit l’héritage d’un parent commun ; et il faut dès lors se résigner à admettre qu’ils ont été acquis chacun par une série de procédés sélectifs parfaitement indépendants. […] Ainsi s’expliquerait, je crois, ce fait merveilleux que, dans un même nid, il puisse exister deux castes d’ouvrières stériles, très différentes l’une de l’autre, ainsi que de leurs communs parents. […] Ainsi, il nous devient aisé de comprendre pourquoi le Merle de l’Amérique du Sud bâtit son nid avec de la boue, de la même manière que notre Merle anglais ; pourquoi les Calaos mâles de l’Afrique et de l’Inde ont, les uns comme les autres, l’habitude de murer leurs familles dans le creux d’un arbre en ne laissant dans la maçonnerie qu’une étroite ouverture à travers laquelle ils donnent la pâture à la mère et à ses petits ; pourquoi les Roitelets ou Troglodytes mâles de l’Amérique du Nord bâtissent des « nids de coqs » où ils perchent comme les mâles de nos Roitelets communs, d’espèce bien distincte, habitude qu’on n’a constatée chez aucun autre oiseau connu.

798. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

En vain s’imaginerait-on que le talent facile et si commun de faire de mauvais ouvrages, qu’on appelle du terme honnête d’ouvrages de société, fût un titre suffisant pour acquérir les qualités de juge : ce n’est qu’en faisant usage de toutes ses forces qu’on peut parvenir à bien connaître les secrets de l’art, encore ce don n’est-il rien moins que prodigué par la nature ; or pour déployer tous les efforts dont on est capable, ce n’est pas à un petit cercle d’amis ou de complaisants adulateurs qu’il faut se borner lorsqu’on écrit : il faut ou se produire au grand jour, ou travailler du moins comme si on y devait paraître. […] Car il en est de l’esprit et du goût comme de la philosophie, rien n’est plus rare que d’en avoir, plus impossible que d’en acquérir, et plus commun que de s’en croire beaucoup. […] Enfin un géomètre qui avait dans son corps une réputation méritée, et dont la Prusse a privé la France, s’est trouvé par hasard posséder dans un degré peu commun, cet agrément dans l’esprit dont nous faisons tant de cas, mais qu’il orne par des qualités plus solides, et que la géométrie ne peut pas plus ôter quand on l’a, que les belles-lettres ne peuvent le donner quand on ne l’a pas. […] Il ne faut pas s’étonner que les petits talents, plus à la portée de l’esprit et de l’âme du commun des hommes, soient ce qu’ils aiment par préférence. […] C’est en faisant un long et heureux usage de cet esprit si commun, que des hommes sans mérite et sans nom peuvent arriver à la plus grande fortune et aux plus brillants emplois.

799. (1902) Le critique mort jeune

Nul ne longe cette fosse commune sans concevoir la vanité du métier d’écrire. […] Faguet a exposé aussi complètement que possible une théorie qui a fort peu de points communs avec le Contrat social. […] Des origines communes leur sont découvertes. […] Le Romantisme repose sur une disposition d’esprit spéciale et commune à tous ses adeptes, sur une certaine conception de la vie et du monde. […] Mais il faut constater sans retard qu’un trait commun les réunit : c’est un constant, un effroyable sérieux.

800. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

L’œuvre commune des poètes romantiques fut de recréer la langue, instrument littéraire, et le vers, instrument poétique. […] Tout le romantisme tapageur et commun se trouvait dans ces essais : le forcené dans les passions, l’immoralité dans les mœurs, l’étrangeté insolente dans la couleur locale. […] Il n’y a rien en somme que de commun dans la vie de Musset : beaucoup de folie, beaucoup de plaisir, beaucoup de passion, à la fin le naufrage dans l’habitude insipide et tenace, avec l’amertume de la désillusion impuissante. […] Le principe de son inspiration, c’est l’horreur de la banalité, qui le mène à toutes les excentricités : ses idées seront le contrepied des idées communes de son temps.

801. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Ainsi se forment les diverses conceptions de la vie, plus ou moins logiques avec elles-mêmes, plus ou moins ajustables entre elles, qui donnent à la morale, pour chacune d’elles, une sorte de fond commun. […] L’autorité acceptée, cette identification avec autrui spontanée et partielle, que ce soit celle d’un individu, celle d’un peuple ou d’une secte, le conformisme, toutes les idées, tous les sentiments, tous les actes qui se rattachent à ces manières d’être et d’agir, sont des faits éminemment sociaux, des forces organisatrices de la vie en commun. […] Il lui est indispensable de développer chez l’homme cette adaptation spontanée à la vie commune qui se traduit par l’obéissance, par le fait de se conformer aux ordres, aux instructions, aux suggestions, de céder à la pression plus ou moins forte et plus ou moins précise qui enveloppe de toutes parts l’individu. […] Il est juste, il est naturel que la société dise à l’homme : « Pour que la vie commune soit possible et bonne, il faut agir de telle et telle façon ; c’est notre devoir à tous, c’est le tien de diriger en ce sens notre conduite. » Et l’instinct social est assez fort en nous, pour que cette raison, proclamée ou vaguement sentie, entraîne l’esprit assez souvent et détermine la conduite.

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