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529. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Quand la philosophie s’empare de l’âme, elle commence, sans doute, par lui faire mettre beaucoup moins de prix à ce qu’elle possède et à ce qu’elle espère. […] C’est par de la distraction qu’il faut d’abord essayer d’affaiblir une grande passion ; il ne faut pas commencer la lutte par un combat corps à corps, et avant de se hasarder à vivre seul, il faut avoir déjà agi sur soi-même.

530. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Il avoit plus de cinquante ans, lorsqu’il commença ce poëme… Virgile, à cet âge, avoit fait son Enéide. […] Sa plume éloquemment féconde, & vouée à l’indépendance & aux changemens, enfanta écrits sur écrits, pour achever la révolution commencée & pour établir la nouvelle domination.

531. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Leur opinion commença à prévaloir dans les esprits. […] Ayant commencé, un jour, de lire le panégyrique de Trajan, il ne l’acheva point, & le jetta par terre de dépit.

532. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Si cette maxime sévère était suivie, combien peu d’ouvrages existeraient, à commencer par Wilhelm Meister lui-même ! […] On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie.

533. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

., ne s’applique exactement aux choses de la vie : qui dira où commence et on finit l’individualité, si l’être vivant est un ou plusieurs, si ce sont les cellules qui s’associent en organisme ou si c’est l’organisme qui se dissocie en cellules ? […] Elle avait commencé par nous montrer dans l’intelligence un effet local de l’évolution, une lueur, peut-être accidentelle, qui éclaire le va-et-vient des êtres vivants dans l’étroit passage ouvert à leur action : et voici que tout à coup, oubliant ce qu’elle vient de nous dire, elle fait de cette lanterne manœuvrée au fond d’un souterrain un Soleil qui illuminerait le monde.

534. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Elle devait s’avilir un jour, mais elle commença par être juste : elle célébra des bienfaits, avant de flatter le pouvoir, ou d’honorer des crimes. […] Ainsi la découverte du feu, l’application de cet élément aux usages de la vie, l’art de forger les métaux, l’idée de fertiliser la terre en la remuant, la première et la grossière ébauche d’une charrue, voilà sans doute quels furent les premiers titres pour les éloges des nations : tout ce qui est vil aujourd’hui commença par être grand.

535. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

parlons », lui dis-je, et un dialogue de huit matinées commença entre nous. […] que c’est bien commencer son livre, Monsieur, que de le commencer par ce qu’il y a de plus doux, de plus saint dans l’espèce humaine : la religion ! […] j’en suis : mais alors, je vous l’ai dit, il faut remonter plus haut que 93, et c’est avant Louis XVII qu’il faut commencer nos larmes ; je pleurerai sur les enfants du roi avec vous, pourvu que vous pleuriez avec moi sur les petits du peuple. […] » Et il y a longtemps, bien longtemps avant la révolution de 1848, que cette idée lui est venue : car je me souviens parfaitement qu’avant 1848 il y pensait, il s’en occupait, il avait peut-être commencé à l’écrire. […] Alors la fureur commence, et les poètes, comme André Chénier, portent leur tête sur l’échafaud.

536. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Alors commencent les colères, les récriminations, les querelles, et la roture parvenue qui reproche son argent à la noblesse appauvrie, comme elle ferait d’une aumône. […] Roussel commence par causer affaires ; puis il s’avance, il s’insinue, il tâtonne ; il n’offre pas Caliste tout d’abord, mais il la montre de loin, dans la perspective, gracieusement posée sur le million qui lui sert de piédestal. […] Ce premier acte commençait bien, quoiqu’il contienne en germe tant d’invraisemblances. […] Elle commence par se redresser et nier, de haut en bas, le nom qu’il lui donne ; mais un petit signe posé sur l’épaule la trahit. […] Geneviève, la chaste et noble enfant, n’est point de sa race ; quant à son mari, elle ne l’a jamais aimé, et déjà celui-ci commence à voir clair sur ce visage obscur qui couve un secret.

537. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Quel dommage que l’Iphigénie en Tauride, commencée sur ce plan par Racine, n’ait pas été continuée ! […] Aussi l’auteur de Zaïre disoit-il un jour à un jeune tragique : Vous & Crébillon, avant que de vous mettre à une tragédie, vous commencez par boire tous les matins cinq ou six palettes de sang. […] Le pathétique commence dès le premier acte : on va la voir jouer, dans le même esprit qu’on court à Inès, ou à Zaïre. […] Il oublie le motif pour lequel Scarron faisoit valoir le marquisat de Quinet, & l’abbé Devertot donnoit des ouvrages avant que sa fortune fût commencée. […] Pour les sapper tous par les fondemens, il commence par invectiver contre la tragédie.

538. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

La Renée Mauperin qu’ils ont inventée, et non étudiée sur le vif comme ils le prétendent, commence comme une fille qui finit comme elle n’aurait jamais commencé. Elle commence par être la garçonnière de mauvais ton que le stupide et grossier américanisme de notre temps a mise à la mode dans certains milieux d’esprits fourbus ; mais, peu à peu, elle se débarrasse de cette gourme odieuse et elle devient une délicieuse fille, mourant sous les voiles d’une virginité qui n’a rien aimé dans sa vie que son père. […] Cette scène, effrayante comme un tour de force merveilleusement accompli, et qui fait se demander par quoi va continuer et finir un roman qui commence ainsi, n’est suivie d’aucune autre qui montre, en le développant, le caractère de cette fille singulière et gâtée, qui philosophe en caleçon, au bain, avec un homme, et qui a dix-sept ans !!! […] — dit M. de Goncourt, — commencé par la canaille, parce que la femme et l’homme du peuple, plus rapprochés de la nature et de la sauvagerie, sont peu compliqués… » Humble aveu de faiblesse, qui déshonore l’œuvre qu’on a commise ! […] Dans le roman de M. de Goncourt, le roman finit aux jambes cassées, et c’est là, pour nous, qu’il commence.

539. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

C’est par celui de Guignol que nous devons commencer. […] Tantôt il commence par constituer les séries indépendantes et s’amuse ensuite à les faire interférer entre elles : il prendra un groupe fermé, une noce par exemple, et le fera tomber dans des milieux tout à fait étrangers où certaines coïncidences, lui permettront de s’intercaler momentanément. […] On appellera cette fois esprit une certaine disposition à esquisser en passant des scènes de comédie, mais à les esquisser si discrètement, si légèrement, si rapidement, que tout est déjà fini quand nous commençons à nous en apercevoir. […] Comment apercevoir ce qu’elles ont de commun entre elles, si l’on ne commence par déterminer la relation générale du spirituel au comique ? […] Tout mot commence en effet par désigner un objet concret ou une action matérielle ; mais peu à peu le sens du mot a pu se spiritualiser en relation abstraite ou en idée pure.

540. (1898) Essai sur Goethe

Et maintenant je termine, quoique je n’aie pas commencé. […] Crieur, commence le jugement. […] Ils se virent, et, dès le 3 janvier 1776, Goethe commença avec elle un commerce de correspondance amoureuse, qui devait devenir bientôt sa préoccupation principale. […] Des temps nouveaux commençaient pour lui : par cela même qu’elle était la femme du passé, Mme de Stein ne pouvait être celle de l’avenir. […] Il conçut et commença son œuvre en 1780.

541. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et ce fut grâce à ses pinceaux spirituels et précis que les contes populaires et les romans commencèrent à se répandre dans le public. […] Cette année, commencent à paraître des sourimonos de natures mortes qui vont fournir à Hokousaï de si originales compositions et de si admirables impressions. […] Car ce spectacle des deux rives de la Soumida, Hokousaï le commence au printemps d’une année et l’achève à la fin de cette année. […] J’ai commencé par le dessin et, seulement après, j’ai écrit le texte, ce qui pourrait bien avoir amené du décousu dans certaines parties du livre. […] Et commencent les planches de la première série.

542. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

À son arrivée dans ce monde sulpicien, il lui semblait, au contraire, se retrouver de nouveau dans son milieu de Bretagne ; entouré d’hommes graves, paisibles, de maîtres instruits (l’abbé Gosselin), quelques-uns profonds et très originaux (l’abbé Pinault, par exemple), il commença à développer lui-même sa propre originalité : « L’éducation ecclésiastique, a-t-il dit, qui a de graves inconvénients quand il s’agit de former le citoyen et l’homme pratique, a d’excellents effets pour réveiller et développer l’originalité de l’esprit. […] Un tel genre de vie anéantit l’esprit faible, mais donne une singulière énergie à l’esprit capable de penser par lui-même. » Ses premiers doutes lui vinrent à Issy, et ils lui arrivèrent par les études naturelles, par les sciences, pour lesquelles il se sentait du goût, et qu’il commençait à cultiver. […] Il résolut de quitter Saint-Sulpice sans y commencer sa troisième année, et annonça sa détermination à ses maîtres.

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