Je voudrais, en effet, après avoir dit ce que nous a donné la littérature pendant la dernière année, chercher ce qu’elle nous donnera dans le cours de l’année qui commence. […] Et le roman commencera ainsi : « Le soleil tombait d’aplomb sur les labours… L’odeur forte de la terre fraîchement écorchée se mêlait aux exhalaisons des corps en sueur… La grande fille, chatouillée par la bonne chaleur, riait vaguement, s’attardait, ses seins crevant son corsage.. […] À ce moment, l’élite des êtres intelligents, maîtresse des plus importants secrets de la réalité commencera de gouverner le monde par les puissants moyens d’action dont elle disposera, et d’y faire régner, par la terreur, le plus de raison et de bonheur possible. […] Cela commence avec la largeur d’un roman de Zola.
Pourtant déjà on commençait à s’amender. […] Je m’attends à une apparition, et déjà je commence à partager la terreur du coursier. […] Tout cela est parfaitement d’accord avec l’histoire, mais voici le roman qui commence. […] Il commence à regretter sa froideur d’autrefois. […] Je commencerai par une pièce célèbre, l’Antchar.
Pourquoi je commence l’étude du génie littéraire de La Fontaine par une étude de La Fontaine conteur ? […] Il a commencé par conter, cela a été évidemment sa première vocation. Vous me direz : « Non, puisqu’il a commencé par traduire l’Eunuque. » C’est vrai. […] Très souvent, et le plus souvent, il interrompt son récit, même commencé, il interrompt son conte par des réflexions personnelles. […] Le récit est commencé, le conte est commencé depuis deux pages… Le gentilhomme part, et va quérir Joconde (C’est le nom que ce frère avait).
Et là-dessus il commence à prendre les avis. […] Et le roi le lui permettant, il commença un de ces discours comme il aime à les faire, et dont il prétend se souvenir exactement de tout point après vingt ou trente ans écoulés comme si ce n’était que d’hier. […] » Enfin il revient sur l’importance capitale dont serait cette victoire, selon lui facile, qui déconcerterait la coalition et arrêterait les souverains ennemis tout net ; il le dit en des termes plus crus et en une image parlante. — Notez que du moment que Montluc a commencé de parler, il n’a plus pour contradicteur que M. de Saint-Pol. […] Il ne commence à se dessiner pour nous qu’à dater de la défaite que M. de Strozzi essuya après avoir voulu secourir la ville de Marciano, que pressait le marquis de Marignan. […] Il se fit porter en chaise par la ville, examinant toutes choses, car le marquis de Marignan commençait à la serrer de près et à marquer qu’il comptait bien l’avoir, au moins par famine.
On avait déjà commencé de la lui faire dans les drames farcis : on appelle ainsi de petits drames dans lesquels, par égard pour l’auditoire et le populaire qui n’entendait pas le latin, on consentait, à introduire une part de français. […] Et tout d’abord la lecture commence par le premier chapitre de la Bible : In principio creavit Deus cœlum et terram, qui est comme l’ouverture et le prologue du drame ; et le chœur chante aussi un ou plusieurs versets qui font, symphonie. […] et la première scène commence, un dialogue de Dieu avec Adam, puis avec Ève. […] — Satan : N’aie peur ; il y a longtemps que j’ai appris tous les conseils du Paradis ; je t’en dirai une partie. — Ève : Commence, et je t’écouterai. — Satan : M’écouteras-tu ? […] Tu est faiblette et tendre chose… » Voici les compliments à la femme qui commencent, et ils sont très-délicats : « Tu es plus fraîche que n’est rose ; tu es plus blanche que cristal, que neige qui tombe sur glace en val (dans un vallon).
« Je crois vraiment que l’esprit qui anime nos soldats se communique aux poètes ; depuis huit jours la guerre est commencée, et la bataille d’Iéna a presque déjà terminé la campagne. » J’ai cité le passage, surtout à cause de ces derniers mots. […] Il commençait à craindre qu’elle ne voulût plus le visiter ; elle devenait rare. […] Il y a en nous comme deux amis, comme deux frères, d’âge inégal, inégaux surtout de précocité et d’humeur : le premier, le plus vif et le plus prompt, si ardent, qui commence sitôt, qui s’ébat si joyeux, qui se lasse avant l’autre ; le second plus lent, plus engourdi dans la jeunesse, qui se décide tard, qui procède pas à pas, gagne du terrain peu à peu et reprend l’avance au milieu du chemin. […] J’ai trop matin commencé ma journée ; Avant qu’ils soient fleuris, j’ai cueilli mes lilas ; Bien jeune encor ! […] D’intervalle en intervalle, d’espace en espace, à je ne sais quel signal qui éclate dans l’air, de grands talents nouveaux prennent l’essor et se posent du premier coup sur des collines plus avancées d’où l’on découvre d’autres horizons : un nouvel ordre de perspectives s’est révélé, une nouvelle ère commence.
L’Histoire de la Restauration commence par être une histoire de la fin de l’Empire. […] Mais elle commençait de s’affaisser. […] Lubis, commençant où il commence, s’interrompant où il s’interrompt, s’arrêtant où il finit52. […] Mais tout est disproportionné : le second volume contient des biographies sans fin de tous les membres de la famille royale, à commencer par Louis XVIII, et à finir par le duc d’Enghien. […] Ce n’est pourtant que vers 1818 que ces diverses richesses intellectuelles, qui devaient honorer la période des quinze ans, commencèrent à se dessiner la plupart dans la personne de leurs jeunes représentants.
Nous serons obligés de nous transporter dans d’autres temps, de fouiller parmi les ruines de traditions qui ne sont plus, comme, pour faire l’histoire complète du genre humain, il faudrait commencer par une cosmogonie. […] Elle porte donc en soi la raison de son existence, et elle va commencer une nouvelle mission. […] Chez les Grecs, la tragédie commença par ramener les faits du cycle épique à la rigueur des faits historiques : bientôt les faits historiques s’élevèrent à la dignité des faits du cycle épique. […] Cette imitation de poésie commence chez toutes les nations par des vers satiriques, comme chez les Grecs ; des vers saturniens ou fescennins ; comme chez les Latins ; des blasons, des sirventes, des fabliaux, comme chez nos Troubadours ou nos Trouvères. […] Remarquons enfin que sitôt qu’une langue commence à s’écrire, elle commence à s’altérer ; parce que l’écriture, et je ne parle ici que de l’écriture syllabique, contient quelque chose d’arbitraire et de conventionnel.
Je prends madame de Genlis à l’âge de six ans ; son éducation commence au château de Saint Aubin. […] A douze ans, on vient à Paris, et la vie des fêtes commence. […] Madame de Montesson avait un amant affiché, le comte de Guines ; elle commençait à se lasser de lui, et lui d’elle, quand le duc d’Orléans s’avisa de devenir amoureux de l’une et jaloux de l’autre.
Ils disent encore qu’Eschyle fut le premier poète tragique, et Pausanias raconte qu’il reçut de Bacchus l’ordre d’écrire des tragédies ; d’un autre côté, Horace qui dans son art poétique commence à traiter de la tragédie en parlant de la satire89, en attribue l’invention à Thespis, qui au temps des vendanges fit jouer la première satire sur des tombereaux. […] La tragédie dut commencer par un chœur de satyres ; et la satire conserva pour caractère originaire la licence des injures et des insultes, villanie, parce que les villageois grossièrement déguisés se tenaient sur les tombereaux qui portaient la vendange, et avaient la liberté de dire de là toute sorte d’injures aux honnêtes gens, comme le font encore aujourd’hui les vendangeurs de la Campanie appelée proverbialement le séjour de Bacchus. […] Ainsi le dithyrambe d’Amphion aurait été la première satire ; on vient de voir que c’est en parlant de la satire qu’Horace commence à traiter de la tragédie.
Chez les anciens, la pièce commençait dès le prologue : chez les Anglais, elle ne commence que quand le prologue est fini ; c’est pour cela qu’au théâtre anglais, la toile ne se lève qu’après le prologue, au lieu qu’au théâtre des anciens ; elle devait se lever auparavant. […] Aussi, Vossius remarque-t-il que cette notion que Donat ou Evanthe ont donnée de la protase (protasis est primus actus initiumque dramatis), n’est rien moins qu’exacte ; et il allègue en preuve le Miles gloriosus de Plaute, où la protase, ce que Scaliger appelle rei summa, ne se fait que dans la première scène du second acte ; après quoi, l’action commence proprement. […] Si le sujet est grand, est connu, comme la Mort de Pompée, le poète peut tout d’un coup entrer en matière ; les spectateurs sont au fait de l’action commencée, dès les premiers vers, sans obscurité : mais si les héros de la pièce sont tous nouveaux pour les spectateurs, il faut faire connaître, dès les premiers vers, leurs différents intérêts, etc. […] Il est à souhaiter que l’action commence dans un jour illustre ou désiré, remarquable par quelque événement qui tienne lieu d’époque ou qui puisse le devenir. […] Il y a donc un choix à faire ; et ce choix commence par écarter les circonstances frivoles, petites et puériles.
Les hésitations de Ney à la gauche commencèrent la série des fatalités. […] Mais ce que nous venons de mettre sur le compte de la fatalité ou de la force aveugle des choses commençait à se produire. […] Ce jour-là pourtant, le héros en lui commençait à sentir qu’il avait trop différé. […] Mais Napoléon lui-même ne commençait-il pas trop tard sajournée, et n’avait-il point perdu de temps en demeurant à Charleroi jusqu’à près de onze heures du matin ? […] En ces longs jours de juin, ne l’oublions pas, la nuit ne commence que vers neuf heures, et l’on avait toute latitude pour opérer.
Mon expérience devrait enseigner à commencer par perfectionner sa faculté d’intuition pour l’appliquer ensuite à une langue particulière, puis, de là conclure pour toute langue, pour l’institution de la parole, identique à l’homme social et à l’homme individuel Maintenant je dois aborder une autre question qui me fut faite par le même philosophe. […] Ainsi l’homme aurait commencé par s’inventer ; puis il aurait inventé le monde ; puis il aurait inventé Dieu. […] Il y a gradation dans l’échelle animale, et même on ignore où elle commence ; il y a saut lorsqu’on arrive à l’homme : la Genèse consacre pour l’homme une création à part. […] Selon moi, prétendre faire commencer le langage par l’interjection et l’onomatopée, c’est comme prétendre faire commencer la religion par le fétichisme ; encore serait-ce le fétichisme entendu dans le sens que lui donnent les auteurs d’un pareil système ; car le fétichisme, dans son véritable sens, n’est autre chose que la croyance en l’esprit enchaîné, par un lien magique, dans le signe grossier ; et ce n’est qu’ainsi que ce signe est pourvu de puissance.
Le roman, dans son action même, commençait très bien. […] Bien commencé par une tête d’ange, le livre finit, comme tant d’autres, en queue de poisson, et ce poisson n’est pas un dauphin ! […] Stendhal raconte, dans son livre de l’Amour, qu’il a tué l’amour dans le cœur d’une femme qui commençait d’en avoir pour un homme, en lui disant seulement qu’il faisait avec sa cravate ce qu’on appelle la lessive du Gascon, ce qui, d’ailleurs, était parfaitement faux. […] — je dirais que j’ai commencé aussi, dans l’ordre du roman, par une chronique parisienne. […] en Angleterre, où il y a aussi des littératures restreintes à côté de la grande littérature, vous avez vu ce qu’est devenu le roman de high life qui eut, au commencement du siècle, un tel succès, que Pelham commença la fortune politique de Bulwer… Rien n’est resté de ce genre de roman.