Étant donnés un caractère fait pour l’étude et la méditation, et aucune fortune, quelle carrière choisir ? […] Je me permettrai de signaler cette boutade (qui a tous les caractères d’apparente platitude qui caractérise le bon sens) à ceux que préoccupe la vaine querelle de l’amateur et du professionnel : elle contient la solution de leur débat. […] Renan, dans sa correspondance d’adolescent, donne à l’aspect moral des actes une importance qu’un Stendhal réserve pour leur caractère de beauté ou d’héroïsme.
Il a déterminé les conditions générales de l’art dramatique, et il en a fixé le caractère essentiel. […] Leur caractère, qui est presque de n’en avoir pas, n’est fait que de la diversité de leur expérience. […] Morel-Fatio, si nous y retrouvons quelques-uns des caractères les plus certains de la littérature espagnole, et du drame de Calderon ou de Lope de Vega. […] Non pas, sans doute, que ce caractère se retrouve indistinctement dans toutes les œuvres de l’époque. […] On peut noter, dans cette réserve même, un premier trait de caractère.
Leur caractère presque universellement volcanique ne s’accorde pas davantage avec l’idée qu’elles soient les débris de continents submergés. […] Watson, le caractère en quelque sorte septentrional de leur flore relativement à leur latitude, me fait croire que ces îles ont été peuplées en partie de graines apportées par les glaces flottantes pendant l’époque glaciaire. […] Sur les montagnes d’Abyssinie croissent plusieurs formes de caractère tout européen et un petit nombre d’espèces représentatives de la flore du cap de Bonne-Espérance. […] Mais ces diverses espèces, ainsi peu à peu répandues par le monde, et peut-être à travers plusieurs périodes ou fractions de périodes géologiques, pourront aussi bien converger que diverger dans leurs caractères. […] Ce qui apparaît avec toute évidence, c’est que les phénomènes glaciaires ont tous les caractères de phénomènes polaires.
Il se résout donc sagement, après avoir fait amende honorable, à ne rien dire dans cette espèce de préface, que monsieur l’éditeur aura soin en conséquence d’imprimer en gros caractères. […] Il se bornera seulement à faire remarquer que la partie pittoresque de son roman a été l’objet d’un soin particulier ; qu’on y rencontre fréquemment des K, des Y, des H et des W, quoiqu’il n’ait jamais employé ces caractères romantiques qu’avec une extrême sobriété, témoin le nom historique de Guldenlew, que plusieurs chroniqueurs écrivent Guldenloëwe, ce qu’il n’a pas osé se permettre ; qu’on y trouve également de nombreuses diphtongues variées avec beaucoup de goût et d’élégance ; et qu’enfin tous les chapitres sont précédés d’épigraphes étranges et mystérieuses, qui ajoutent singulièrement à l’intérêt et donnent plus de physionomie à chaque partie de la composition.
Leur caractère essentiellement pratique. […] Et ce n’est pas avec son intelligence qu’il jugeait les écrits, c’est avec son caractère. […] Bientôt d’ailleurs, non content d’enlever son caractère sacré au livre de la révélation, M. […] Caractère de celle que représente M. […] La réforme qu’il propose ; caractère de cette réforme.
Il a les talents de son rôle, comme il en a le caractère. […] Avide, impudent, dur, railleur, perfide, sans pitié, mais spirituel, prompt, inventif, persévérant, maître de soi, éloquent, son métier a fait son caractère. […] Mais il agit ici d’une façon trop expéditive pour montrer son caractère tout entier. […] Les conditions font les caractères, car le caractère n’est que l’ensemble des sentiments habituels, lesquels naissent de notre état journalier. […] Voyez l’Oraison funèbre de Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, et ensuite dans les Mémoires son caractère vrai.
Il avait par-dessus tout un cœur d’or, pur, solide et franc comme le caractère de la Bourgogne, un peu railleur, mais jamais mordant. […] L’ami de ce Pape, le cardinal Consalvi, y régnait par la séduction bienveillante de son caractère. […] Mais tous ces vices théoriques disparaissaient dans la pratique par le caractère que Pie VII et Consalvi imprimaient à son régime. […] Ce que l’esprit n’ose prévoir, les événements et les caractères l’amènent. […] Il y a dans ces Mémoires autant d’originalité que de grandeur et de passion ; là, son caractère savait véritablement participer de la majesté de sa royale idole.
Mais il existe aussi dans une société des institutions permanentes ou des groupements éphémères qui ont un caractère spécialement littéraire et qui, par conséquent, sont liés plus étroitement au développement de la littérature et de la langue. […] Or ces deux faits pourraient bien tenir en grande partie au caractère qu’avaient alors les écoles. […] A chacun de ces caractères correspondent des répercussions d’une importance indéniable. […] Toutes les écoles littéraires qui se succèdent ont, malgré la diversité des théories qu’elles soutiennent, des caractères communs. […] Les complaisances de la camaraderie, les admirations mutuelles, les louanges intéressées faussent le caractère, habituent à déguiser la vérité, ôtent à la pensée son allure franche et digne.
Les caractères s’étaient vigoureusement retrempés dans ce sang et dans ce feu des guerres sacrées. […] La Fontaine, esprit naïf, gracieux, discinctus, pour nous servir de l’expression latine qui rend seule le débraillement de ce caractère, faisait déjà partie, souvent inaperçue, toujours muette, de cette société de grands esprits. […] Mais le souffle de l’éloquence, qui vient du caractère et du cœur, ne soulevait pas aussi énergiquement cette poitrine que le souffle poétique qui vient de l’imagination. […] Malheur à l’historien qui amnistierait de telles faiblesses de caractère : le génie ne fait qu’illustrer l’ingratitude, il ne l’absout pas. […] Mme de Maintenon en fut charmée, et sa modestie ne put l’empêcher de trouver dans le caractère d’Esther, et dans quelques circonstances de ce sujet, des choses flatteuses pour elle.
Le dessin, on le devine, est aussi d’une grande volonté et d’une grande finesse ; les têtes ont un joli caractère. — Les attitudes sont toutes bien trouvées. — L’élégance et la distinction sont partout le signe particulier de ce tableau. […] — C’est là surtout, répétons-le, le caractère principal et glorieux de cette peinture, qui, en somme, n’est ni du dessin, quoique M. […] Ce n’est qu’un semblant de peinture sérieuse ; ce n’est pas là le caractère si connu de cette figure fine, mordante, ironique. — C’est lourd et terne. […] Il manque de caractère, il manque de son sujet. […] Brillouin a envoyé cinq dessins au crayon noir qui ressemblent un peu à ceux de M. de Lehmud ; mais ceux-ci sont plus fermes et ont peut-être plus de caractère. — En général, ils sont bien composés. — Le Tintoret donnant une leçon de dessin à sa fille, est certainement une très-bonne chose. — Ce qui distingue surtout ces dessins est leur noble tournure, leur sérieux et le choix des têtes.
Il a manqué à la réputation de M. de Meilhan quelques années de plus de durée pour être fixée et enregistrée dans l’opinion, et pour que l’auteur fût classé à son tour dans la série des moralistes, à la suite des hommes célèbres dont il a si bien déterminé le caractère et distingué les mérites aux premières pages de ses Considérations sur l’esprit et les mœurs (1787). […] Dès les premières pages, il nous rend bien le caractère général de cette époque, ce qu’il a appelé le « caractère sexagénaire » du siècle. […] Sans faire entrer dans son analyse de l’homme d’autres éléments que les besoins physiques et, au moral, le mobile de l’ambition ou de la vanité, il a pourtant compris que cette bonne compagnie, définie comme on l’entendait alors, et devenue le plus tiède et le plus tempéré des climats, était mortelle au génie, à la grandeur, à la force naturelle en toutes choses : Ne cherchez pas le génie, dit-il, l’esprit, un caractère marqué dans ce qu’on appelle la bonne compagnie. […] Les grands hommes n’ont jamais vécu dans les cercles de la bonne compagnie ; ils y paraissent, mais les entraves dont elle accable l’homme supérieur l’en écartent : il vit en famille, avec sa maîtresse (voilà la marque et le petit signe libertin du xviiie siècle, qui se mêle à tout), avec des amis particuliers ; il cherche la confiance, et il n’a pas besoin des petits succès de la société pour s’assurer de sa valeur… Ce qui ne peint pas moins M. de Meilhan que son moment de société, c’est que dans ce regret général qu’il exprime de voir les caractères s’effacer de la sorte, il trouve moyen de songer même à la disparition prochaine des grands fats et des Alcibiades qui vont chaque jour en diminuant ; il le dit d’ailleurs d’une manière piquante : Il est des genres dans la société qui se perdent ; c’est ainsi que certains poissons, après avoir longtemps abondé sur les côtes, disparaissent pour des siècles.
L’Académie française avait proposé pour sujet d’un prix, à décerner en 1855 « une étude critique et oratoire sur le génie de Tite-Live », ajoutant à cet énoncé un programme développé où se posaient les diverses questions relatives à l’auteur et aux circonstances de sa vie, aux sources et à l’autorité de son histoire, au caractère et à la beauté de son monument. […] Arriver ainsi à la formule générale d’un esprit est le but idéal de l’étude du moraliste et du peintre de caractères. […] Est-ce à dire, parce que Tite-Live est éloquent par nature et cherche des sujets riches et féconds, des sujets propices au développement des talents qu’il a en lui, qu’il soit orateur en tout et partout dans son histoire, orateur au pied de la lettre, et orateur en quelque sorte dépaysé quand il fait autre chose que des discours, tellement que lorsqu’il peint, par exemple, des caractères, Annibal, Fabius, Scipion, Caton, Paul-Émile, s’il les conçoit d’une façon un peu plus noble et un peu plus adoucie qu’un autre ne les eût présentés, tout ce qu’on peut louer ou blâmer dans cette manière de traiter les portraits soit l’effet de l’esprit oratoire, un effet rigoureux, nécessaire, découlant de là directement comme un corollaire d’un principe ? […] C’est qu’un historien n’est pas un biographe : il n’est pas tenu à creuser d’égale sorte un caractère, à en détacher tous les contours ; mais, même quand il le pourrait faire avec avantage et rehaussement pour son œuvre (ce que je n’examine pas ici), le point qui importe dans l’exemple cité, c’est que, si M. […] Si ce n’était faire tort à un écrit si solide que d’en présenter des extraits de pages, je détacherais celle qui marque le caractère de Montesquieu dans son livre de la grandeur et de la décadence des Romains… Je la donnerai pourtant, parce que nous sommes Français et que nous aimons les morceaux, mais je n’en donnerai que le commencement ; tout lecteur sérieux voudra lire la suite : Dans ce livre, il (Montesquieu) oublie presque les finesses de style, le soin de se faire valoir, la prétention de mettre en mots spirituels des idées profondes, de cacher des vérités claires sous des paradoxes apparents, d’être aussi bel esprit que grand homme.
Les jugements de M. de Muralt, qui atteignent l’Angleterre dans toute sa crudité sous Guillaume et avant qu’elle ait eu le temps de se polir sous la reine Anne, grâce aux Pope et aux Addison, demeurent d’une singulière et parfaite justesse, et vont au fond du caractère de la nation. […] Au reste, cet auteur n’a point de caractère dominant. […] C’est encore ce qui lui a donné lieu à se jeter sur des matières générales plutôt que sur les défauts de sa nation, et par cet endroit aussi bien que par son caractère d’esprit, il ne fait pas aux Français tout le bien qu’un poète satirique pouvait leur faire. […] Il y a dans le caractère génevois une tendance assez forte à reformer sans cesse des exclusions ou des restrictions, des orthodoxies et des sectes, à replacer des barrières : ne vous mettez pas en peine, il y aura toujours assez de ces apartés de société à Genève, fût-elle par sa constitution la plus démocratique des cités, fût-elle par son courant habituel la plus cosmopolite des villes. […] Des talents nouveaux s’y annoncent et s’y distinguent par des caractères genevois encore, mais qui ont bien le cachet du xixe siècle, à sa date la plus avancée.
Renaudot y a bien mis au vrai le caractère de son ami : il s’est mépris seulement à la qualité de gentilhomme ordinaire, car le défunt ne l’était pas de la maison, charge d’environ quinze mille livres, mais de la Chambre, ce qui vaut cinquante mille livres. […] Le contraste des deux caractères, sous des sentiments religieux communs, va se prononcer bien nettement. […] On ne saurait se le dissimuler, en effet, il y avait quelque faiblesse de caractère ou de tempérament dans Racine. […] Boileau était un caractère plus simple, plus uni. […] Le Maître, en effet, dont la conversion était contemporaine des créations de Corneille, avait en lui de la grandeur : c’est son caractère dominant et qui frappe de près ou à distance.