Tout au contraire, je me rappelle avoir vu dans les ateliers de Paul Delaroche et d’Horace Vernet de vastes tableaux, non pas ébauchés, mais commencés, c’est-à-dire absolument finis dans de certaines parties, pendant que certaines autres n’étaient encore indiquées que par un contour noir ou blanc. […] Gérome est incapable de représenter une chair blanche dans une pénombre, et cela n’est pas croyable. […] Une bataille vraie n’est pas un tableau ; car, pour être intelligible et conséquemment intéressante comme bataille, elle ne peut être représentée que par des lignes blanches, bleues ou noires, simulant les bataillons en ligne. […] Je ne puis jamais contempler la collection des ténébreuses et blanches vignettes dont Nanteuil illustrait les ouvrages des auteurs, ses amis, sans sentir comme un petit vent frais qui fait se hérisser le souvenir. […] Dans la tristesse de ce paysage, qui porte la livrée obscurément blanche et rose des beaux jours d’hiver à leur déclin, il y a une volupté élégiaque irrésistible que connaissent tous les amateurs de promenades solitaires.
Jersey rit, terre libre au sein des sombres mers… L’écume jette aux rocs ses blanches mousselines. […] Une époque lui apparaîtra comme un jeu de lumière sur des toits, des remparts, des clochers, des plaines, des eaux, des foules grouillantes, des armées compactes, allumant ici une voile blanche, là un costume, là-bas un vitrail. […] Mais il a laissé en blanc son premier vers. […] Le taureau blanc l’emporte. […] (Je la scande selon le rythme, par des blancs plus ou moins larges.)
Daphnis répond en reprenant et jouant sur les mêmes termes : « Et moi aussi j’ai une flûte à neuf voix, enduite de cire blanche en haut comme en bas ; je l’ai construite tout dernièrement, et j’ai même encore mal à ce doigt, parce que le roseau, s’étant fendu, m’a coupé. […] » — « Si nous appelions, répond Ménalcas, ce chevrier dont là-bas, près des chevreaux, le chien blanc aboie ? […] Mais il sut trouver le remède, et, assis sur une roche élevée, les yeux tournés vers la mer, il chantait des choses telles que celles-ci… » Vient alors la célèbre complainte où il apostrophe Galatée, l’appelant à la fois dans son langage « plus blanche que le fromage blanc, plus délicate que l’agneau, plus glorieuse que le jeune taureau, plus dure que le raisin vert. » Après une longue suite de traits plus ou moins naïfs et passionnés, ou même spirituels (car le poëte se joue par moments), l’idée du début se retrouve à la conclusion, et la pièce finit sur ce retour : « C’est ainsi que Polyphème conduisait son amour en chantant, et cela lui réussissait mieux que s’il avait donné de l’or pour se guérir. » Un poëte bucolique des âges postérieurs, né en Sicile comme Théocrite, Calpurnius, a résumé heureusement la recette du maître dans ce vers d’une de ses églogues : Cantet, amat quod quisque : levant et carmina curas.
Sur cette seule branche de l’arbre royal, quelle nichée de parasites Ailleurs je vois que Madame Élisabeth, si sobre, consomme par an pour 30 000 francs de poisson, pour 70 000 francs de viande et gibier, pour 60 000 francs de bougies ; que Mesdames brûlent pour 215 068 francs de bougie blanche et jaune ; que le luminaire chez la reine revient à 157 109 francs. […] L’indécence qui est dans les choses n’est jamais dans les mots, et le langage des convenances s’impose, non seulement aux éclats de la passion, mais encore aux grossièretés de l’instinct Ainsi les sentiments les plus naturellement âpres ont perdu leurs pointes et leurs épines ; de leurs restes ornés et polis, on a fait des jouets de salon que des mains blanches lancent, se renvoient et laissent tomber comme un joli volant. […] Jusqu’aux dernières années de l’ancien régime255, les petits garçons sont poudrés à blanc, « avec une bourse, des boucles, des rouleaux pommadés » ; ils portent l’épée, ils ont le chapeau sous le bras, un jabot, un habit à parements dorés ; ils baisent les mains des jeunes demoiselles avec une grâce de petits-maîtres. […] À présent, c’est le parfilage, et, à Paris, dans les châteaux, toutes les mains blanches défont les galons, les épaulettes, les vieilles étoffes, pour en retirer les fils d’or et d’argent.
Les papes cependant s’efforçaient de transformer par la magnificence des édifices Avignon en une Rome des Gaules ; la vie qu’on y menait était élégante et raffinée ; les jeunes gens même à qui la tonsure donnait droit aux bénéfices ecclésiastiques sans leur imposer les devoirs du sacerdoce, fréquentaient les académies et les palais des femmes plus que les églises ; leur costume était recherché et efféminé, « Souvenez-vous », dit Pétrarque dans une lettre à son frère Gérard, où il lui retrace ces vanités de leur jeunesse, « souvenez-vous que nous portions des tuniques de laine fine et blanche où la moindre tache, un pli mal séant auraient été pour nous un grand sujet de honte ; que nos souliers, où nous évitions soigneusement la plus petite grimace, étaient si étroits que nous souffrions le martyre, à tel point qu’il m’aurait été impossible de marcher si je n’avais senti qu’il valait mieux blesser les yeux des autres que mes propres nerfs ; quand nous allions dans les rues, quel soin, quelle attention pour nous garantir des coups de vent qui auraient dérangé notre chevelure, ou pour éviter la boue qui aurait pu ternir l’éclat de nos tuniques ! […] Je me contente pour ma nourriture du pain noir de mon jardinier, et je le mange même avec une sorte de plaisir ; quand on m’en apporte du blanc de la ville, je le donne presque toujours à celui qui l’a apporté. […] Que votre nom seul soit gravé sur le marbre blanc de ma tombe ! […] Son visage était plus blanc que la neige, mais on n’y voyait pas cette morne lividité qui annonce l’absence de vie ; ses beaux yeux n’étaient pas éteints, ils paraissaient seulement fermés par le sommeil : elle avait l’air d’une personne qui se recueille pour prier.
Sa taille était droite, élevée ; elle avait une démarche d’impératrice, et son teint blanc et mat achevait cet ensemble harmonieux et frappant. […] Il était la fidélité bruyante ; il y parut, il y parla, et revint sans avoir produit autre chose qu’un effet poétique, des cheveux blancs sur une scène du passé. […] Nous suivîmes son cercueil comme celui d’une vierge au linceul blanc ; c’était une âme virginale ; il n’avait aimé que Béatrice, et sa Béatrice restait sur la terre pour pleurer sur lui. […] XXXIII Et maintenant, célébrités politiques, célébrités littéraires, hommes de gloires, hommes d’agrément, femmes illustres et charmantes, acteurs de cette scène ou parterre de ce salon, qu’est-ce que tout cela est devenu depuis le jour où un modeste cercueil, couvert d’un linceul blanc et suivi d’un cortège d’amis, est sorti de cette grille de l’Abbaye-aux-Bois ?
Avec ses cheveux blancs, sa robe de chambre bien blanche, il a un air tout candide et tout patriarcal. […] Ses deux petits-enfants jouèrent avec ses cheveux blancs. […] Ou bien, je me voyais encore, le soir, dans son cabinet d’étude, éclairé par la tranquille lumière de la bougie ; il était assis à la table, en face de moi, en robe de chambre de flanelle blanche.
À ces excitations téméraires, le vieil Artabane, oncle de Xerxès, opposait les prudents conseils qui tombent des barbes blanches comme une neige, pour refroidir les ardeurs. — Darius s’était brisé contre les Scythes nomades et sans villes : son fils pourrait-il vaincre un pays si riche en cités, des hommes aussi exercés aux combats de la terre qu’aux luttes de la mer ? […] Dix étalons superbes, magnifiquement caparaçonnés, la fleur des plaines Nizéennes, précédaient le char d’Ormuzd, traîné par huit chevaux blancs. […] Il y parut aux bords du Strymon : Xerxès ne se contenta point de vouer au fleuve un holocauste de chevaux blancs, selon l’antique coutume des Aryens. […] Mardonios tomba sous le coup d’épée d’un Spartiate, du haut cheval blanc qui le dressait au centre des mille guerriers de sa garde.
Fixez votre regard sur une surface blanche modérément éclairée, vous ne sentez ni fatigue ni déplaisir, mais aussi vous n’éprouvez qu’un faible plaisir positif. Maintenant, substituez une surface bleue à la surface blanche : le bleu, dont le rayon était déjà présent dans la lumière blanche comme un de ses éléments constitutifs, se trouve maintenant présenté séparément à votre œil par l’élimination des autres éléments lumineux ; or, votre plaisir est instantanément accru. […] Votre plaisir n’est pas dû non plus à une diminution de fatigue, car le blanc n’avait rien de fatigant.
Il y résout ce double problème : donner une dot aux enfants trouvés, et procurer des travailleurs blancs aux planteurs, qui ne pouvaient plus, comme par le passé, aller chercher des noirs sur la côte africaine. Les travailleurs blancs seraient pris aux Enfants trouvés. […] Les colons achetaient leurs négrillons des 2 et 4 cents francs : la mère patrie leur fournit les petits blancs gratis. Les enfants blancs qui résisteraient au régime des coups de fouet et de travail forcé des planteurs, recevraient au bout de 15 ans, une dot de 5 à 6 cents francs.
Scholl disait « La boue de Paris fait des taches noires sur les pantalons blancs et des taches blanches sur les pantalons noirs… » Ceux qui n’ont fait que lire les titres des romans de Rachilde lui ont créé à tort une réputation de romancier naturaliste44. […] La grande traîtresse est en effet venue s’asseoir au foyer de la petite Muse, la folle du logis qui dansait s’est couchée sous des linges blancs, fleur gisant dans la neige, et le poète n’est plus. […] Pas même le regard de Stendhal amoureux de sa mère Henriette Beyle « alors qu’elle saute par-dessus le lit de son fils pour atteindre plus vite le sien » ou de sa tante Mme Camille Gagnon dont il avait entrevu, alors qu’elle descendait de voiture, « la peau blanche à deux doigts au-dessus du genou ».
On en voit le thème : il s’indigne pour les siens, pour les hommes de sa cause, à cette seule idée de se faufiler dans l’armée royale ; ce serait abjurer le passé : Ce serait, dit-il en commençant, fouler aux pieds les cendres de nos martyrs et le sang de nos vaillants hommes, ce serait planter des potences sur les tombeaux de nos princes et grands capitaines morts, et condamner à pareille ignominie ceux qui, encore debout, ont voué leurs vies à Dieu, que de mettre ici en doute et sur le bureau avec quelle justice ils ont exercé leurs magnanimités ; ce serait craindre que Dieu même ne fût coupable ayant béni leurs armes, par lesquelles ils ont traité avec les rois selon le droit des gens, arrêté les injustes brûlements qui s’exerçaient de tous côtés, et acquis la paix à l’Église et à la France… Je dis donc que nous ne devons point être seuls désarmés quand toute la France est en armes, ni permettre à nos soldats de prêter serment aux capitaines qui l’ont prêté de nous exterminer, leur faire avoir en révérence les visages sur lesquels ils doivent faire trancher leurs coutelas, et de plus les faire marcher sous les drapeaux de la Croix blanche qui leur ont servi et doivent servir encore de quintaine (point de mire) et de blanc.
Arrivés aux Tuileries, puis à l’Hôtel de Ville, les larmes, les transports de la foule redoublèrent : On leur distribuait des cocardes nationales rouges, bleues et blanches ; on se pressait autour d’eux, on leur prenait les mains, on les embrassait. […] Il fait parler grossièrement de soi-disant citoyens auxquels il dicte leur langage : « Comment, leur fait-il dire69, nous pourrons enfoncer notre chapeau devant la femme du roi, et il faudra l’ôter devant le Cheval blanc !
Je pars jeudi pour aller à Pons, où je serai plus près de vous ; mais je n’y ferai guères de séjour… Mon âme, tenez moi en votre bonne grâce ; croyez ma fidélité être blanche et hors de tache : il n’en fut jamais sa pareille. […] Je sais ce qu’on doit à Pline et à ce dieu révéré du Clitumme, avec ce petit temple de marbre blanc et ces chapelles d’alentour que l’on voyait étinceler à travers les bouquets de verdure, — fond de paysage du Poussin ; — mais y a-t-il rien d’aussi doux et d’aussi pénétrant au cœur que ce pays tout naturel, cette petite Hollande et cette Venise sans nom, cette humble marine bocagère, où il fait si bon chanter, où l’on se peut réjouir avec ce qu’on aime, et plaindre une absence ?