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54. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Doux Zéphirs, qui régniez alors dans ces beaux lieux, N’en portâtes-vous rien aux oreilles des Dieux ? […] Il manque au jour présent de la plus belle vie L’espérance et le souvenir. […] Ces pages-là, si vraies de couleur et de sentiment, sont surtout belles par la philosophie élevée ou elles aboutissent : cela commence par l’aquarelle et finit par le rayon d’Emmaüs. […] Du plus beau, je n’en doute pas ! […] détourne la vue De ton étincelant berceau, De peur qu’une voix dans la nue Ne rappelle un Ange si beau.

55. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

ô la belle poésie ! […] Belle et grande masse au centre ; sur le devant, un combattant sur un cheval blanc. […] Grande variété d’incidens, beau et effrayant désordre avec harmonie. […] Très-beau petit tableau, je me trompe, grand et beau tableau, belle composition, bien simple, mais quel goût il faut avoir pour l’apprécier ! […] Ce paysage est beau, bien ordonné, bien vrai, d’un bel effet.

56. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Beaucoup de choix et de netteté dans les pensées ; des paroles assorties et belles de leur propre harmonie ; enfin la sobriété nécessaire pour que rien ne retardât une impression, forment le caractère de leur bonne littérature. […] M. de Chateaubriand, à ce beau moment de sa vie (ce beau moment, pour moi, est le moment littéraire, et s’étend depuis Atala, par René, par Les Martyrs, jusqu’au Dernier des Abencérages), M. de Chateaubriand eut alors, comme poète, un bonheur que bien peu obtiennent : il rencontra deux amis, deux critiques à part, Fontanes et Joubert, faits tout exprès pour lui, pour l’avertir ou pour le guider. […] Les beaux ouvrages, selon lui, n’enivrent pas, mais ils enchantent. […] Il va jusqu’à croire « qu’il est permis de s’écarter de la simplicité, lorsque cela est absolument nécessaire pour l’agrément et que la simplicité seule ne serait pas belle ». […] Ces portions que j’appelle vraiment belles et inexpugnables, ce sera René, quelques scènes d’Atala, le récit d’Eudore, la peinture de la campagne romaine, de beaux tableaux dans l’Itinéraire ; des pages politiques et surtout polémiques s’y joindront.

57. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Ceux qui sentent, qui sont frappés d’une belle image, qui ont une oreille fine et délicate, crient au blasphème, à l’impiété. […] La statue du Pygmalion est belle. Il semble seulement que ce soient deux espèces diverses de belle femme. J’aime mieux la belle femme des anciens que la belle femme des modernes, parce qu’elle est plus femme. […] On est tenté de prendre pour la belle nature celle qu’on a toujours vue : cependant le modèle primitif n’est d’aucun siècle, d’aucun pays.

58. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Exemple : un homme qui démolit un beau temple ou brise une belle statue. […] L’amant aime la beauté de l’objet désiré, il l’aime beau et il le veut beau, il se veut beau lui-même et il le devient. […] Il deviendra artiste peut-être ; il deviendra philosophe, quand il s’apercevra que le beau le plus beau qui puisse être c’est le beau moral, c’est-à-dire le bien. […] Le beau naturel, c’est le beau. Le beau humain, c’est le bien.

59. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Son beau visage aimait à paraître « tout diapré et fardé ». […] Elle aimait les beaux discours sur des sujets relevés de philosophie ou de sentiment. […] « Adieu, mon beau soleil ! adieu, mon bel ange ! beau miracle de la nature ! 

60. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Cette érudition était étendue et profonde, comme son beau lac, mais un peu stagnante ; il y manquait au milieu le Rhône. […] que ce loisir est aimable, qu’il est honnête, qu’il est plus noble en quelque sorte que tous les plus beaux emplois ! […] Elles lui venaient le long de ce beau rivage ; il les saluait avec la joie d’un poète qui a trouvé. […] Entre ce procédé de moderne bénédictin et celui de Pline, ou, si l’on veut, de l’ancien Balzac qui ne lisait que pour trouver de belles sentences et de belles expressions à recueillir et à enchâsser, il y a, ce semble, un milieu qui est le bon, qui est celui de Montaigne, qui est l’union de la pensée et de la forme, la lecture vivifiée par l’esprit, le suc et la fleur. […] Un des poètes qui ont visité ce beau lac du Léman et qui, sur les traces de Jean-Jacques, y ont promené de jeunes rêves, s’est écrié : « Que vient-on me dire de ces beaux lieux que j’ai visités autrefois, de ces villas délicieuses au bord des lacs, en vue des sommets sublimes ?

61. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Platon a merveilleusement défini la nature de la musique : « On ne doit pas, dit-il, juger de la musique par le plaisir, ni rechercher celle qui n’aurait d’autre objet que le plaisir, mais celle qui contient en soi la ressemblance du beau. » En effet, la musique, considérée comme art, est une imitation de la nature ; sa perfection est donc de représenter la plus belle nature possible. Or le plaisir est une chose d’opinion, qui varie selon les temps, les mœurs et les peuples, et qui ne peut être le beau, puisque le beau est un, et existe absolument. De là toute institution qui sert à purifier l’âme, à en écarter le trouble et les dissonances, à y faire naître la vertu, est, par cette qualité même, propice à la plus belle musique, ou à l’imitation la plus parfaite du beau. Mais si cette institution est en outre de nature religieuse, elle possède alors les deux conditions essentielles à l’harmonie, le beau et le mystérieux.

62. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Il a beau écrire Diamant du cœur, pour dire une larme et vouloir pétrifier tous ses pleurs pour en faire jaillir un rayon plus vif, dans son amour de l’étincelle, l’émotion est plus forte que sa volonté. […] Il nous a donné toute sa poétique dans une de ses plus belles pièces, le Triomphe de Pétrarque, où il s’adresse, en finissant, aux initiés et aux poètes : Sur l’autel idéal entretenez la flamme. […] Va chercher le vrai, toi qui sus trouver le beau. […] Eux, ils répétaient : Ces fleurs sont trop belles, Tout cela doit être artificiel. […] Celui dont les lèvres sont closes Paissait les rythmes d’or sur les hauteurs du Beau.

63. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Ils se faisaient entre eux des gestes d’admiration en regardant la belle enfant. […] Cette fois, Fior d’Aliza, c’était un dimanche, revenait de la messe des Camaldules avec son cousin Hyeronimo, revêtu de ses plus beaux habits. […] Fior d’Aliza prenait de la belle eau du bassin dans sa main, s’en lavait le visage et embrassait l’eau qui fuyait entre ses doigts roses, comme si elle avait dit adieu à la source. […] Il est garçon, il est riche, il voudra se marier un jour ; vous avez une belle enfant qui pourra lui plaire. […] C’est un bel avocat que vous avez là en herbe ; cet avocat-là pourra bien vous rendre plus qu’on ne vous enlève.

64. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

; 3° Les objets qualifiés de beaux et de sublimes. […] Les objets appelés beaux ou sublimes et leurs contraires sont pour nous une troisième cause de plaisirs ou de peines. […] En Chine, le blanc est la couleur du deuil, et conséquemment est loin d’être réputé beau. […] C’est que ceux qui n’associent aucune idée agréable avec des sons ou des couleurs ne sentent pas le beau. […] Et le commun des hommes est de même totalement indifférent à un grand nombre de sons, que nous appelons Beaux.

65. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Ô les deux belles figures ! […] Le peintre n’a rien fait encore à mon sens, ni de si beau, ni de si hardi. […] C’est une belle chose que le crime, et dans l’histoire et dans la poésie, et sur la toile et sur le marbre. […] Qu’elle est belle, cette gorge ! Qu’elles sont belles, ces épaules !

66. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Mendès cherche le beau et la lumière, et tombe dans le mal et dans la nuit, non involontairement et par imprudence, mais de propos délibéré. […] Catulle Mendès lui-même a su rendre visibles, par la magie des mots, dans son beau poème d’Hespérus. […] Là, Catulle Mendès est grandiose dans le mysticisme ; ailleurs, il est beau de mâle énergie. […] Mendès qu’il n’y ait point en sa Médée trop de « beaux vers », vous savez des alexandrins lapidaires (et si faciles !) […] Catulle Mendès est souvent écrite en très beaux vers.

67. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

» — Grande et belle question, et de celles qui font le plus penser et rêver ! […] Le sentiment d’un certain beau conforme à notre race, à notre éducation, à notre civilisation, voilà ce dont il ne faut jamais se départir. […] Ses transformations, ses pérégrinations à la poursuite des variétés du beau, n’auraient plus de fin. […] Les papiers Conrart et autres papiers plus ou moins lisiblement écrits (et ces papiers Conrart sont d’une très belle écriture), sont devenus une mine de gloire. […] On est aussi honoré, considéré pour cela, et bien plus, que si l’on avait tenté un beau roman, un beau poème, les chemins de la vraie invention, les routes élevées de la pensée.

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