/ 3057
963. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

N’a-t-il pas fait dire à son d’Arthez, un de ses autres sosies : « Qu’est-ce que l’art ? […] L’art de Mme Sainte-Marie Perrin était déjà bien remarquable. […] L’art était mon seul Dieu. […] A y regarder de près, l’art toscan s’est instinctivement toujours efforcé dans cette voie. […] Art et médecine.

964. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Il était libre de toute espèce d’emploi et pouvait ne vivre que pour l’art seul. […] Ce n’est pas ici l’endroit d’examiner cette question d’art national, si importante pour la compréhension de Wagner ; et certes je n’entends pas insinuer qu’il aurait mieux fait de prendre comme base nationale la France, ou l’Italie, ou tel autre pays, car je crois le contraire. […] Mais c’est ici que se révèle la puissance supérieure de l’art créé par Wagner. […] Oui, quant à l’unité de sujet, nous serons forcés de reconnaître que Tristan occupe, non seulement dans l’œuvre de Wagner, mais dans l’histoire de l’art, une place unique. […] Et surtout elle nous apparaît comme l’œuvre initiale dans un nouveau domaine de l’art ; elle nous découvre tout un monde de possibilités d’expression.

965. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Cette force s’épanche en différens canaux ; elle enfante une langue, une religion, un art, une philosophie, un système de gouvernement, qui sont comme autant d’organes de la vie nationale. […] S’il est téméraire d’affirmer que les modernes soient supérieurs aux anciens dans la littérature et dans l’art, le progrès dans les sciences positives ne semble pouvoir être raisonnablement mis en doute. […] Il n’a pas de pensées qu’il traduise au dehors, il ne combine pas des moyens en vue de fins à atteindre ; c’est la nature qui par un art inné dont elle n’a pas conscience, s’ordonne elle-même, et d’espèce en espèce, de règne en règne, poursuit et réalise le mieux. […] De même la nature ne saute pas brusquement et par caprice d’une forme vivante à une autre : elle n’ignore pas l’art des transitions. […] » De cette officine de tous les arts, comme Cicéron appelle l’école péripatéticienne, le plus grand ouvrier fut Théophraste, l’auteur des Caractères.

966. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Dans Salammbô nous n’admirions guère que la prodigieuse maîtrise du styliste et l’art achevé de la composition. […] Maurice Waleffe pour ne compter que les ouvrages où subsiste un souci d’art, la liste est longue des romans qui se souviennent d’Aphrodite. […] Mais, à côté de ces œuvres, qui veulent soutenir une thèse, combattre des idées, en un mot exercer une action, ne croyez-vous pas qu’il y a place pour le roman d’art, lequel ne songe qu’à divertir le lecteur, à lui faire passer une heure agréable, en lui racontant, dans la meilleure langue possible, une histoire, véridique ou non, dont tout l’intérêt est dans le beau décor d’art ou de nature qui l’enveloppent ? […] L’étude de la littérature et de l’art des siècles écoulés le prouve d’une manière éclatante. […]   Marcel Boulenger : Il suffit de se reporter au chapitre La Critique pour connaître les théories d’art de M. 

967. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Éternel écueil de cette tête éminente, le côté d’art qui attire Audin, ce côté sentimental et extérieur, a énervé, en bien des points, une sévérité nécessaire. […] Il n’y a plus, il est vrai, de ces ingénieuses ou éloquentes digressions qui vous saisissent tout à coup, comme la Main mystérieuse prenait le prophète par la chevelure, et vous enlèvent au récit pour vous y ramener ; et on les regrette, non dans l’intérêt de l’art, cette voluptueuse bagatelle de l’esprit, mais dans l’intérêt d’une chose plus grande que l’art, et devant laquelle tout ce qui est de cette vie défaille, — la conquête des âmes à Dieu. […] … Car telle est la faute de Léon X, que beaucoup de vertus d’ailleurs et tout l’art d’Audin ne sauraient effacer. […] Après avoir écrit le mot Civilisation avec la béate confiance d’un moderne, il en place l’idée dans le développement des lettres et des arts, et la diffusion des connaissances. […] … Ne serait-elle pas plutôt dans l’accroissement de la moralité chrétienne, que ni les lettres, ni les arts, ni les sciences n’ont jamais élevée d’un degré ?

968. (1925) Proses datées

Un abondant commentaire critique a élucidé son art et sa vie. […] Sera-ce l’amour, le rêve, le vin, l’art ? […] Nous y voyons l’influence très réelle que le fameux financier exerça sur l’art musical de son temps. […] Vous aimiez les arts, mais celui de la musique avait vos préférence. […] Il en est qui doivent à l’art seul du peintre leur intérêt permanent.

969. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Elle est un art, elle crée. […] L’art ne saurait être traité en ennemi puisqu’il est sans armes. […] Ce n’est pas en vain que je suis experte dans les arts secrets. […] L’art exprima ce sentiment. […] Nous savions déjà avec quel art profond M. 

970. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

On voit le double développement, et avec quel art délicat et majestueux. […] Or, Massillon possède au plus haut degré cet art du développement ; on pourrait même dire que c’est là son talent presque tout entier. […] Il s’applique à montrer qu’il n’y a point de fautes légères, que celui qui méprise les petites choses tombera peu à peu dans les grandes ; il s’adresse alors à son auditeur, il le prend à partie ; il rappelle chacun directement à ses propres souvenirs : « Souvenez-vous d’où vous êtes tombé… » Et ici vient un de ces développements dont j’ai parlé et où se révèle tout l’art de Massillon. […] De tels développements, amenés avec art au moment propice, qui planaient en quelque sorte sur tout l’auditoire, qui promenaient sur toutes les têtes comme un vaste miroir étendu où chacun pouvait reconnaître dans une facette distincte sa propre image, et se dire que l’orateur sacré l’avait révélé ; de tels développements qui, lus aujourd’hui, nous font un peu l’effet de lieux communs, étaient alors, et sur place, des tableaux appropriés et de grands ressorts émouvants. […] Cependant, vous le savez, cette majesté n’avait rien de farouche : un abord charmant, quand il voulait se laisser approcher ; un art d’assaisonner les grâces, qui touchait plus que les grâces mêmes ; une politesse, de discours qui trouvait toujours à placer ce qu’on aimait le plus à entendre.

971. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

La nécessité dans laquelle on se trouve chaque jour de porter un jugement sur ce qui a paru de nouveau dans les arts, oblige chaque maison d’avoir un bel esprit, c’est-à-dire un homme qui la fournisse de décisions sur tout ce qui se présentera. […] Un voyage d’Italie en 1773 et 1774 l’initia au monde des arts et au sentiment de la vraie beauté : il y vit et y connut, chemin faisant, tout ce qu’il y avait de distingué et de célèbre, depuis le pape Ganganelli auquel il fut présenté, jusqu’au comte Firmian, premier ministre de l’Autriche dans le Milanais et en réalité vice-roi de la Lombardie, qui l’accueillit avec amitié. […] En vain son ami Muller le prêche à son tour, essaye de le piquer d’honneur, de le rappeler à la vertu, comme disent les Italiens, à l’idéal, comme disent les autres, à la religion de l’art, à la spéculation et à l’accomplissement d’une œuvre immortelle : Pourquoi, mon ami, vous consumer dans une oisiveté pleine de fatigues ? […] Il y avait donc à dire pour et contre ; c’est au fond l’éternelle opposition de la théorie et de la pratique, de la spéculation et des affaires, de l’art et de la vie. […] L’habitude de paraître content des autres, qui fait une partie essentielle de l’art de plaire, leur donnait le talent de se plaire à tout.

972. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

L’ancienne Académie française a si bien changé qu’elle a péri en 1792, et la nouvelle date de l’an III et de la loi qui déclare qu’il y aura pour toute la République « un Institut national chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences. » L’organisation de l’Institut vint ensuite en l’an IV et eut à subir depuis diverses modifications, notamment sous le Consulat (1803). […] Belmontet vient d’annoncer, de poser, comme on dit, sa candidature par une lettre pleine d’un beau feu, où il parle en vétéran de la poésie, en homme qui est entré dans la carrière par une Fête sous Néron, en compagnie de Soumet, et qui n’a cessé de produire et de mériter depuis : Grand Art, j’ai combattu quarante ans pour ta gloire !  […] Il n’est pas si aisé qu’on le croirait de prouver à des académiciens politiques et hommes d’État comme quoi il y a, dans les Fleurs du Mal, des pièces très remarquables vraiment pour le talent et pour l’art ; de leur expliquer que, dans les petits poèmes en prose de l’auteur, le Vieux Saltimbanque et les Veuves sont deux bijoux, et qu’en somme M.  […] Éloquence publique, art de la Parole (chaire, tribune, barreau, etc.). […] Éloquence et art d’écrire (philosophie, morale, politique, sciences, etc., tous les genres de prose élevée).

973. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Il l’accompagna à Rome, la guida dans l’étude des arts, et l’assista pour ses jugements dans ce beau livre de l’Allemagne qui, depuis un demi-siècle, n’a pas été surpassé. […] Le sentiment de l’art lui manque ; et le beau qui n’est pas esprit et éloquence n’existe pas pour elle. […] Mais Schlegel m’est insupportable. » Sur l’absence du sentiment de l’art, on peut toutefois remarquer que ce jugement de Bonstetten est antérieur au voyage de Mme de Staël en Italie ; sur le manque du sens poétique, on voit qu’il est tout à fait d’accord avec Schiller. […] En Allemagne, on est trop occupé du but et du résultat sérieux, et, dans toute discussion, de la conclusion même ; on ignore l’art d’agir, de parler sans but et pourtant avec intérêt. […] C’est dans cet ensemble qu’elle excellait ; c’est cette trame diverse et mobile qu’elle agitait, qu’elle variait et recommençait sans cesse avec un art de magicienne ; c’est au cœur de cet orchestre où elle ne jouait pas seule, où elle tirait parti de tous, où elle devinait et occupait chacun, où elle associait les autres à son talent et se faisait pardonner sa supériorité en créant l’harmonie et en marquant l’accord jusque dans les dissonances, c’est là, dans son cercle à elle, qu’il fallait la voir ; et Byron, qui avait senti et noté le défaut, a aussi reconnu le charme et le triomphe.

974. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Mais on est tenté d’oublier ces portions magnifiques quand on songe à tant d’autres récidives simplement opiniâtres, à cette absence totale de modification et de nuance dans des théories individuelles que l’épreuve publique a déjà coup sur coup jugées, à ce refus d’admettre, non point en les louant au besoin (ce qui est trop facile), mais en daignant les connaître et en y prenant un intérêt sérieux, les travaux qui s’accomplissent, les idées qui s’élaborent, les jugements qui se rassoient, et auxquels un art qui s’humanise devrait se proportionner. […] ouverte à deux battants ; on y entre, on en sort, on y décrit tout ; ce n’est plus le poëte dérobant les fins mystères, c’est le docteur indiscret des secrètes maladies. — A défaut de M. de Balzac, qui ne semble pas en mesure de modifier la verve croissante de ces entraînements, et en se garant surtout du ruisseau impur des imitateurs, c’est à tels ou tels de ses disciples rivaux et de ses héritiers vraiment distingués qu’on voudrait demander parfois l’œuvre agréable dans laquelle le choix de l’expression, le soin du détail, quelque art littéraire enfin, se joindraient à toutes les veines délicates qu’ils ont141. […] Dans la jeunesse, elle se recèle sous l’art, sous la poésie ; ou, si elle veut aller seule, la poésie, l’exaltation s’y mêle trop souvent et la trouble. […] N’en médisons pas trop, même quand elle brise l’art : on peut dire de ce dernier, même lorsqu’il est brisé en critique, que les morceaux en sont bons. […] Dans l’art, c’est moins apparent, c’est pourtant un peu ainsi.

975. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

L’art d’éviter les écueils de l’esprit était le seul usage de l’esprit même, et le vrai talent se sentait souvent oppressé par tous ces liens de convenance. […] La république développant nécessairement des passions plus fortes, l’art de peindre doit s’accroître en même temps que les sujets s’agrandissent ; mais par un bizarre contraste, c’est surtout dans le genre licencieux et frivole qu’on a voulu profiter de la liberté que l’on croyait avoir acquise en littérature. […] Il faut, malgré les différences qui existeront longtemps encore entre les deux nations, que les écrivains français se hâtent d’apercevoir qu’ils n’ont plus les mêmes moyens de succès dans l’art de la plaisanterie ; et loin de penser que la révolution leur ait donné plus de latitude à cet égard, ils doivent veiller avec plus de soin sur le bon goût, puisque la société et toutes les sociétés, confondues après une révolution, n’offrent presque plus de bons modèles, et n’inspirent pas ces habitudes de tous les jours, qui font de la grâce et du goût votre propre nature, sans que la réflexion ait besoin de vous les rappeler. […] Un tour de force assez difficile, qu’on se permettait dans l’ancien régime, c’était l’art d’offenser les mœurs sans blesser le goût, et de jouer avec la morale, en mettant autant de délicatesse dans l’expression que d’indécence dans les principes. […] Il ne faut pas se tromper sur les signes extérieurs du respect : étouffer de nobles sentiments, tarir la source des pensées, c’est produire l’effet de la crainte ; mais élever les âmes jusqu’à soi, donner à l’esprit toute sa valeur, faire naître cette confiance qu’éprouvent les uns pour les autres tous les caractères généreux, tel est l’art d’inspirer un respect durable.

976. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Il est très difficile de marquer aujourd’hui où s’arrête la littérature : l’intelligence est diffuse, la curiosité vaste ; hors des genres définis qui promettent des impressions d’art, jamais, je crois, plus d’ouvrages spéciaux n’ont pris place dans la littérature. […] Il n’est pas possible aujourd’hui, moins encore qu’au xviiie  siècle, de s’enfermer dans la littérature d’art, et il faut qu’un homme qui ne se désintéresse pas des choses de l’esprit, ait l’œil ouvert sur ce qui se passe dans les mondes divers de l’érudition, de la science et de la philosophie. […] A l’archéologie appartient la vaste Histoire de l’art dans l’antiquité de M.  […] — Guyau : Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction ; l’Art au point de vue sociologique ; l’Irréligion de l’avenir, etc. […] Martha (né en 1820) : les Moralistes sous l’empire romain (1854) ; le Poème de Lucrèce (1869) ; Études morales sur l’antiquité (1883) ; la Délicatesse dans l’art, 1884, Hachette, in-18.

/ 3057