Dès qu’on a jeté les yeux sur cette période de notre histoire, le xvie siècle apparaît comme un coup mortel porté par l’effort des temps et des esprits au Christianisme et à l’austère et douce civilisation chrétienne, ou comme l’impuissance démontrée de les frapper mortellement l’un et l’autre avec des armes empruntées à l’Antiquité.
Le républicain et le libre penseur apparaissent encore dans son livre, mais ils s’y noient dans la couleur au fond de laquelle ils vont sombrer, et, quand ce sera fait, rien ne troublera plus cette mer d’écarlate lumineuse.
(Il serait bien curieux d’étudier dans quelles conditions la notion du « philistin » est apparue dans notre littérature et d’analyser ses éléments de formation.
Il y a vingt-trois ans, Edgar Quinet, le clairvoyant philosophe de l’histoire, publiait son Esprit nouveau : et aujourd’hui ses conclusions nous apparaissent encore plus nettes, plus riches de sens, plus absolues.
C’est une philosophie qui serre de près les contours de la réalité extérieure, telle que le physicien se la représente, et de très près aussi ceux de la réalité intérieure, telle qu’elle apparaît au psychologue.
Il apparut que l’opération avait avorté. […] L’absurdité de ces rapports forcés apparaît très clairement en ce qui concerne les femmes ; il semble bien qu’il y ait une sorte d’instruction, celle qu’on leur donne à cette heure, qui, loin d’activer leur intelligence, l’engourdit. […] Mallarmé apparut, aux âniers innocents qui accompagnent mais ne guident pas la caravane, tel qu’un redoutable Aladin, assassin des bons principes de l’imitation universelle. […] D’ailleurs, à côté de l’orthographe anglaise, ce résumé de toutes les incohérences, toutes les orthographes, même la française, apparaissent cristallines. […] L’auteur ne change rien à ce paragraphe où apparaît son ignorance d’alors touchant Nietzsche.
Tous les poèmes reproduisent le même point de vue, la même femme apparaît toujours, le même homme remonte constamment en scène. […] Ce n’était pas là ce qu’on devait prévoir, et dans nos regrets, nous le disons sincèrement, notre vœu bien ardent est de voir apparaître quelque poésie nouvelle sortie de la même main, qui puisse faire oublier de fâcheuses créations, nées sans doute d’un de ces moments de crise qu’approuvent quelquefois les plus grands esprits. […] Le drame de Lorenzaccio ne nous apparaît donc point comme une œuvre bien forte ; mais à tout prendre composition d’élite dont peu de gens aujourd’hui, seraient capables, nous lui subordonnons dans notre pensée, et André del Sarte, malgré la passion profondément sentie qui règne dans cette pièce, et Fantasio dont les détails sont charmants, sans doute, et même les Caprices de Marianne, la pièce la plus achevée que nous ait donnée M. […] L’invention n’en est donc pas le beau côté, et ce qui est plus fâcheux, les défauts, à demi cachés par la petitesse des premiers cadres, apparaissent ici dans l’éclat le plus funeste. […] La situation d’un critique quand elle apparaît à l’aurore d’une nouvelle religion littéraire est belle sans doute.
Mais comme elle n’y vint qu’une fois ou deux, et qu’elle y apparut dans tout l’éclat de sa beauté, les Provençaux gardèrent d’elle un souvenir ineffaçable. […] Ses propres créations l’obsèdent, le possèdent, lui apparaissent merveilleuses et démesurées, lui arrachent des cris d’enthousiasme. […] Puis, après une longue période où l’on n’avait plus osé être gai, la gaieté de Labiche apparaissait comme quelque chose de nouveau, ou de retrouvé, dont on lui était reconnaissant. […] Une des parois du décor devient transparente, et Mme et Mlle Rémond apparaissent derrière une gaze, enlacées, dans une attitude de douloureux reproche. […] Mais, à l’ordinaire, les écrivains du Théâtre-Libre nous apparaissent comme profondément misogynes, et mysogynes avec dérision et mépris, en même temps que hantés par l’image de la femme.
Le souvenir de François de Sales nous apparaît alors : « Qui prêche avec amour prêche assez contre l’hérétique, quoiqu’il ne dise un seul mot de dispute contre eux. » Toutes les ressources de la subtilité, M. […] Et les personnages qui figureront plus tard au Bal du comte d’Orgel lui apparaissent. […] Un progrès d’une importance presque égale apparaissait dans la forme extérieure de la pièce. […] Et il est arrivé naturellement à donner un tableau de la solitude au théâtre du Gymnase, où l’on ne s’attendait guère à le voir apparaître. […] Mais Giraudoux ne décrit pas, proprement, un paysage, il s’y mêle, il y adapte ses mystères, tous les sourires de la mélancolie, alors que Renard abonde en traits précis et n’apparaît guère dans ses Histoires naturelles.
Les Champs-Élysées qui ne sont plus arrosés : une tourmente de poussière, à travers laquelle apparaît une multitude armée, et de temps en temps, l’éclair du casque d’une estafette, se détachant, au bas de l’avenue, sur le ciel violet, sur l’obélisque tout blanc. […] C’était dans les tons mordorés de l’arbre et dans les tons gorge-de-pigeon de la pierre, je ne sais quoi de théâtral, et l’infini du détail des constructions lointaines, de la bâtisse reculée, apparaissait dessiné, ligné, découpé comme dans la clarté lucide d’un ciel d’Italie. […] Le soleil fondu dans le brouillard fait ressembler le ciel à une fumée d’incendie, et derrière moi, les grandes lignes des fortifications, dégagées de toute construction, apparaissent comme des falaises noyées dans la brume du matin, avec leurs silhouettes de douaniers. […] On pêche le bassin pour nourrir Paris, et bientôt apparaît, au fond du filet, à la surface de l’eau clapotante, des carpes et de monstrueux cyprins, qu’on porte dans les tonneaux de la voiture attelée. […] Chaque branche est comme enduite d’une mousse de neige, qu’on dirait passée au candi ; chaque ramure apparaît, ainsi qu’une végétation de nacre.
Elle exprime la surprise qu’elle éprouva, lorsqu’un être mystérieux apparut dans son existence en conquérant : elle croyait que c’était la mort, et c’était l’amour. […] De la soif qui pousse les poètes vers les royaumes interdits, vers les régions obscures où la conscience apparaît à peine, Henri Heine n’est pas possédé ; les peines de nos jours et de nos nuits suffisent à son inspiration ; il ne cherche pas de nouvelles lumières ou de nouvelles ténèbres. […] Mais quand il commença de le lire, vers 1846, Poe était si lointain qu’il lui apparaissait comme une figure irréelle ; et quand il commença de pénétrer dans l’intimité de son œuvre, Poe était mort. […] Depuis l’homme, dont les molécules se renouvellent de telle sorte qu’il n’est jamais lui-même, ni tout à fait un autre, jusqu’aux étoiles que l’on voit, et, au-delà de celles que l’on voit, jusqu’à celles que l’on suppose, l’univers n’apparaît plus que comme un immense devenir. […] Ami de Condillac, au point qu’on ne sait pas au juste lequel des deux a imaginé la statue qui se développait dans la mesure où chaque sens successif apparaissait en elle, il a pu lire dans ses pages comment Locke n’avait pas suffisamment marqué l’importance de l’inquiétude dans notre vie psychologique.
La rue, quelquefois, aboutit à une sorte de route au sol usé : les cailloux de sa structure y apparaissent à vif, usés eux-mêmes. […] Mon grand-oncle m’apparaît comme un type excellent de l’ancienne vie française. […] Le jeu de la dialectique nous apparut comme la réussite la plus exquise de l’intelligence. […] Et il n’apparaît pas comme un débauché. […] Dès ses premiers ouvrages, il apparut comme un très pieux humaniste qui ne sacrifie pas les siècles au lendemain.
Pourvu que notre éducation critique soit suffisante, nous lirons tout cela entre les lignes, et bien davantage ; car l’homme intérieur nous apparaîtra en même temps que l’homme visible. […] L’inéluctable fuite des choses lui était apparue ; un attendrissement viril l’avait pris. […] Ses chevauchées lui apparaissent comme des expéditions de Don Quichotte. […] Incomplète et pauvre, disons-le, seulement propre aux discussions d’affaires, son insuffisance apparaît pour peu que soient en jeu les intérêts moraux. […] À leur place, une petite vieille m’apparaît, alerte encore et sémillante, qui vient à moi et dont j’entends s’approcher le pas trotte-menu.
On a souvent remarqué cette alliance, au premier abord singulière, du génie poétique et du génie philologique ; mais ici elle a cela de plus particulier encore que le poëte énergique et brûlant qui va nous apparaître ne finit point par la philologie, ne s’y retira point après son premier feu jeté, mais qu’il débuta par là, et que, si ses souffrances précoces ne l’avaient impérieusement détourné des études suivies, c’est de ce côté sans doute qu’il aurait, avant tout, frayé sa voie et poussé sa veine patiente. […] de quel long outrage t’apparaît flétrie celle qui te saluait, déjà si malheureuse, alors que tu montas la première fois au paradis ! […] Puis, comme aussi le vent Fait bruit dans le feuillage, à mon gré, je ramène Ce lointain de silence à cette voix prochaine : Le grand âge éternel m’apparaît, avec lui Tant de mortes saisons, et celle d’aujourd’hui, Vague écho. […] Leopardi, tout en y étant fidèle à lui-même, nous y apparaît sous un nouveau jour : le grand moraliste que recèle tout grand poëte se déclare ici et se développe en liberté sous vingt formes ingénieuses et piquantes.