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784. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Grâce à leurs saintes révélations, tour à tour la belle lune et les étoiles dansantes, la substance des prairies et les bonds de la mer, la pluie sur les feuilles rauques et le concave azur, la tempête ébranlant la nue horrible et noire, les grandes aubes, les feux balancés, la terre pivotant sur les pôles, les brumes, les molles saisons, l’aurore, l’air, la lumière, tout nous apparaît dans un état pur, comme si Dieu pénétrait encore les formes du monde. […] Ne jamais cesser de s’instruire dans toutes les matières possibles, étudier la dialectique, s’embellir perpétuellement, assouplir ses membres par la gymnastique, vivre au grand air tout le jour, prendre part aux travaux civiques et privés, intervenir en plein public dans les circonstances les plus différentes, faire des voyages, voir des contrées, accomplir le périple du monde, aller sans cesse d’un pôle à l’autre, observer les mœurs des contrées les plus lointaines, comparer les flores, les parfums, les lumières et les aromates du sud au nord, voilà quelques-uns des devoirs qui nous incombent.

785. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il semble avoir pris tout aussitôt pour devise ce mot de Vauvenargues : « La familiarité est l’apprentissage des esprits. » Dans des conseils qu’il adressait à un jeune homme, Vauvenargues, développant cette même pensée, disait encore : Aimez la familiarité, mon cher ami ; elle rend l’esprit souple, délié, modeste, maniable, déconcerte la vanité, et donne, sous un air de liberté et de franchise, une prudence qui n’est pas fondée sur les illusions de l’esprit, mais sur les principes indubitables de l’expérience. […] Ennemi de l’enflure et des grands airs, il a aidé à désabuser de bien des déclamations en vogue ; il a crevé à coups d’épingle bien des ballons.

786. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Voilà pourquoi il prend cet air de doute et d’incertitude. […] Par l’air en Amérique : Il ne fallait point particulariser, ni nommer l’Amérique : du moins fallait-il ne nommer qu’une contrée de l’ancien hémisphère.

787. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Je sais bien que ces deux muses sont raides et droites ; je sais bien que cet Apollon est droit et raide ; je sais bien que ces figures droites et raides, isolées, ont un air de jeu de quilles. […] Eh bien, malgré tous ces défauts, quoiqu’assez chaud de mon naturel et peu disposé à pardonner le froid à une composition quelconque ; quoiqu’il me paraisse absurde d’avoir allongé les oreilles de Midas avant son impertinente sentence, et que cet effet soit d’un instant postérieur, du moment où Apollon ayant cessé de jouer, la main étendue, l’air indigné, il ordonne à ces oreilles de pousser ; quoique ce morceau soit proscrit sans restriction, j’avouerai qu’il y en a cent autres au sallon, qu’on regarde, qu’on loue, et que je mets au-dessous.

788. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Nous ne sçaurions bien juger de la saveur d’une liqueur qu’après l’avoir goûtée, ni de l’excellence d’un air de violon qu’après l’avoir entendu. […] Or comme celui qui n’a pas entendu un air n’est pas reçu à disputer sur son excellence contre ceux qui l’ont entendu, comme celui qui n’a jamais eu la fiévre, n’est point admis à contester sur l’impression que fait cette maladie, avec ceux qui ont eu la fiévre, de même celui qui ne sçait pas la langue dans laquelle un poëte a écrit, ne doit pas être reçu à disputer contre ceux qui entendent ce poëte, concernant son mérite et l’impression qu’il fait.

789. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Ils peuvent être des chevaliers de Grammont dans la vie ; c’est un air à prendre, un habit à porter, un propos à tenir, une manière de saluer, de monter à cheval, de mettre ses bottes, ou de se les faire ôter par des princesses, — comme faisait Lauzun. […] On disait, en prenant des airs de discrétion charmée, que l’empereur actuel de Russie avait fait défendre l’introduction de ce livre dans ses États.

790. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Sous Louis-Philippe, il s’était donné, et on l’avait pris, comme le chef d’emploi de tous les hommes célèbres, comme le cornac de tous les éléphants littéraires, qu’il devait amener par la trompe… Il maquignonnait pour le compte du gouvernement et pour le sien… Il laissait croire, avec des airs discrets et importants, que la Revue des Deux Mondes était le chemin qui conduisait à la députation, à la diplomatie (elle y avait conduit Lœve Vemias), à l’administration, au haut enseignement. […] Puisque Véron a tant parlé d’ouvrier et tant félicité Buloz d’en être un, disons que Buloz en a gardé l’air et la tenue.

791. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

On se dit qu’on en aura toujours bien pour huit jours du Lamartine, de ce poète oublié et dépassé par MM. les Parnassiens, qui se donnent des airs presque méprisants avec lui ; — de ce spiritualiste qui ne peut plus convenir à d’augustes descendants de singes, qui se vantent, comme des Tufières, de leur race ; — de ce sentimental enfin qui eut la faiblesse d’avoir une âme, quand la poésie actuelle, cette rimeuse à vide, a pour force de n’en mettre nulle part. […] Il y a du Pelletan dans M. de Lacretelle, caméléons tous deux de l’homme dans l’air duquel ils ont vécu.

792. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

C’est ici pour la première fois que la simplicité nuit au génie, comme un air trop pur qui serait mortel à la santé. […] elle était encore la femme puissamment rassise dans la raison telle que les hommes conçoivent la raison quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.

793. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Il taille, sculpte, creuse, évide la langue comme un ouvrier qui taillerait, sculpterait, creuserait, éviderait la pierre jusqu’à la trouer, et dont le ciseau acharné finirait par sculpter l’air ! […] Il trouve, varie et arrange des rhythmes, comme le musicien trouve, varie et arrange des airs, et il a parfois d’assez heureuses rénovations ou découvertes ; mais ce sont ses seules originalités.

794. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

Il y avait en effet dans les Médaillons, au milieu de pièces de premier ordre, des inégalités et des hasards (qui, d’ailleurs, donnaient au livre un air de jeunesse, et n’étaient pas déplaisants), trop d’habiletés faciles, de « belles chevilles » et de bric-à-brac parnassien.

795. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Telle, dans des canaux pressée, Avec plus de force élancée, L’onde s’éleve dans les airs : Et la regle, qui semble austere, N’est qu’un art plus certain de plaire, Inséparable des beaux Vers.

796. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

On a remarqué, avec raison, qu’il s’étoit trop laissé aller aux impressions d’une mélancolie sombre, qui rembrunit ses tableaux, donne à ses Héros un air farouche, diminue enfin l’intérêt, à force de vouloir le presser & l’étendre.

797. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre IV. Effet pittoresque des ruines. — Ruines de Palmyre, d’Égypte, etc. »

Alors, par un jeu de l’optique, l’horizon recule et les galeries suspendues en l’air se découpent sur les fonds du ciel et de la terre.

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