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587. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Mais son excellente nature s’est bientôt épurée, et s’est si parfaitement façonnée que c’était un plaisir de vivre et d’agir dans sa compagnie. […] Malgré toute notre expérience, quand il s’agit d’une personne qui nous est chère, nous croyons la mort toujours impossible, et nous ne pouvons y croire ; elle est toujours inattendue. […] Quand viendront le temps et l’occasion pour agir ? […] Si Dieu ne donnait pas à l’oiseau cet instinct pour ses petits, si un instinct pareil n’était pas répandu dans toute la nature vivante, le monde ne se soutiendrait pas ; mais partout est répandue la force divine, partout agit l’amour éternel !  […] « Dieu ne s’est pas du tout consacré au repos ; il agit toujours, et maintenant comme au premier jour.

588. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il s’agit d’un mariage in extremis entre deux êtres pleins d’amour et de regret. […] Il ne s’agit, en pareille course, que d’être ferme sur sa selle et de continuer sans sourciller. […] et celle qui, dans tous les siècles, a profondément agi sur les âmes, est même presque tout entière hors de ces livres de cabinet. […] Vous comprendrez le mobile qui m’a fait agir et en raison de l’intention, vous serez indulgent pour la forme. […] Oui, il faut agir, mais comment ?

589. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

. — Ou bien s’agit-il d’une illusion purement acoustique et physiologique comme celle, dit M.  […] Sérieuse étude sur les Maîtres Chanteurs et sur la théorie wagnérienne : Il s’agit là d’un art absolument nouveau, créé de toutes pièces par Richard Wagner et qui n’a plus aucun rapport avec l’opéra proprement dit tel qu’on l’a connu jusqu’à nos jours. […] Les Maîtres Chanteurs agissent plutôt sur l’estomac… Il est vrai qu’il y a une saucisse qui joue un grand rôle au dernier acte. […] Pratiquement, il agira conformément, selon la Compassion. […] Il ne s’agit pas pour le wagnériste d’être un Beckmesser mais un Walter, c’est-à-dire d’inventer la forme nouvelle qui se libérera des règles préétablies, fussent-elles imposées par Wagner lui-même.

590. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Par précaution, il avait mis, sans doute, comme un ancien Romain, un vomitorium près de lui, puisqu’il s’agissait de remuer toutes les dépravations, les bassesses, les espionnages, les friponneries, les trahisons de cette époque affreuse et légère, et c’est ainsi qu’il a pu écrire, sans trop de défaillances, cette histoire d’un temps qui a enfoncé la corruption des monarchies et qu’on pourrait appeler sans emphase : — la Régence de la Révolution. […] Les contrastes de ses manières d’agir avec l’opinion contemporaine révèlent la profondeur de sa pensée. […] Seulement, pourquoi ne le dirions-nous pas puisqu’il s’agit d’un talent hors de pair ? […] Pouvoir, opposition, partis, gouvernements étrangers, personne ne croyait assez à soi pour oser être et nettement agir. […] Mais il est moins languissant que la sultane ; il est dru et vif, au contraire, fort comme un Turc quand il s’agit de traiter de Turc à More l’Université, l’École des Chartes, l’Académie, qu’il est toujours prêt à crosser.

591. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Agissez avec moi selon vos vues, selon votre bon plaisir et pour votre plus grande gloire. […] Cependant je suis juste et très digne de louanges, lorsque j’agis ainsi avec vous. […] Prenez donc des forces, et armez-vous de courage, tant pour agir que pour souffrir ce qui est contraire à la nature. […] Levez-vous et commencez à l’instant, et dites : Voici le temps d’agir, voici le temps de combattre, voici le temps de me corriger. […] Ils n’agissent qu’au dehors ; mais vous éclairez et instruisez les cœurs.

592. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Cette conviction intime, qui devient illusion s’il s’agit d’un progrès indéfini et absolu de l’espèce, n’est nullement une déception s’il s’agit d’une amélioration relative, locale, temporaire d’une partie de l’humanité. […] La philosophie de la douleur sanctifiée par l’acceptation et consolée par l’espérance, c’est la philosophie des Indes, de Brahma, de Bouddha, de Confucius, de Platon, du christianisme ; c’est celle qui nous a toujours paru, dès notre première dégustation de la vie, contenir le plus de vérité, de réalité, de beauté, de révélation, de force, de grandeur, de vertu, d’espérance, d’encouragement à vivre, à aimer, à espérer, à agir. […] Comment peut-il vivre et agir encore ici-bas ?  […] Je suis dans ceux qui me servent et m’adorent en vérité, et ils sont dans moi… Si celui qui a mal agi revient à moi et me sert, il est aussi justifié que le juste ! […] Je serai ferme maintenant dans la foi, et je vais agir conformément à ce que je crois. » « Et c’est ainsi », chante alors le poète, « que je fus témoin et auditeur du miraculeux entretien entre le fils de Vaaseda et le magnanime fils de Pandoa, et que j’ai obtenu la faveur d’entendre cette suprême et divine doctrine, telle qu’elle a été révélée par Krisna lui-même, le dieu de la foi.

593. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Non ; il s’agit d’une critique plus profonde, et qui s’applique à l’instrument même de tout système, de toute métaphysique, à la faculté de connaître, à la raison, qui en détermine la constitution intérieure, l’étendue et aussi les limites : Tecum habita et nôris quàm sit tibi curta supellex. […] Il y a d’abord l’idée particulière d’un certain meurtre commis dans telle ou telle circonstance, avec tel ou tel instrument déterminé ; il y a aussi l’idée non pas d’un meurtrier en général, mais de tel ou tel meurtrier, qu’il s’agit de découvrir. […] Et Kant remarque avec raison qu’il est impossible de réduire cette notion de nécessité à une habitude, née d’une liaison constante : c’est là détruire et non pas expliquer le principe de causalité, qui, pour agir, n’attend pas l’habitude et intervient dans le premier changement comme dans le centième pour nous faire affirmer qu’il ne peut pas ne pas avoir une cause. […] Quand nous opérons sur de petites quantités, l’habitude que nous avons d’aller des diverses parties à la somme, la rapidité avec laquelle nous saisissons leur égalité nous fait illusion sur le véritable procédé de l’esprit ; mais quand nous voulons réunir plusieurs grands nombres en un seul, la difficulté que nous éprouvons à arriver au nombre total qui les renferme nous prouve que nous n’allons pas du même au même, et qu’il s’agit bien pour nous d’acquérir une nouvelle connaissance. […] Sa tâche est à la fois très vaste et très bornée très bornée, car il ne s’agit pas ici des objets de la raison qui sont infinis, mais de la raison seule ; très vaste, car il faut suivre cette raison dans tous ses développemens, pourvu que ces développemens n’aient rien à faire avec l’expérience et avec les sens, et qu’ils conservent ce caractère de pureté qui constitue les jugemens synthétiques à priori.

594. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il ne s’agissait de rien moins que de restaurer la dignité dans les formes et la politesse. […] Pourtant, des idées et même des pratiques religieuses positives (nous en avons la preuve et nous y reviendrons) s’y mêlèrent en avançant, et agirent beaucoup plus que le monde et peut-être les amis ne l’auraient cru, mais peut-être aussi un peu moins que Mme de Rémusat ne se le disait à elle-même. […] La première donnée historique ici était vague ; on ne disait pas le règne, on ne désignait qu’en termes généraux le ministre : pourtant Mme de Rémusat, en y insistant, parvint à imprimer à ses tableaux une couleur fidèle, à reproduire de vrais Espagnols, une vraie cour, de vrais moines : il y a un père jésuite qui agit et parle merveilleusement. […] Une légère marque de bonté, une preuve de leur souvenir décide souvent de notre destinée ; le dévouement de notre vie entière est presque toujours la réponse que nous croyons devoir à la plus simple apparence de leur intérêt. » Je m’étonnerais bien s’il n’entrait pas quelque souvenir assez présent, et même d’en deçà des Pyrénées, dans le récit de cette course de campagne qu’imagine la reine, pour reposer le roi malade et le distraire des affaires et de l’étiquette : « En effet, dès notre arrivée à Aranjuez, le roi nous annonça que, se fiant à notre respect, le cérémonial serait suspendu, et que chacun aurait la liberté d’agir à peu près à sa propre fantaisie. […] Auprès des princes, l’intérêt personnel est tellement éveillé, les mauvaises passions humaines sont si fréquemment en jeu, que, s’il nous fallait agir d’après nos sensations réelles et nos vraies émotions, nous donnerions à qui nous observe un triste spectacle.

595. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

S’agit-il des puissances obscures et fatales de la chair et du sang, instincts, complexion physiologique, hérédité, qui nous gouvernent à notre insu ? […] S’agit-il de l’influence des milieux ? […] Dira-t-on qu’il s’agit moins d’une inquiétude philosophique que du sentiment de l’inconnu formidable qui nous entoure, sentiment qui peut être lui-même provoqué par une sensation accidentelle ? […] D’autre part, quand ils sont excellents et quand ils m’émeuvent, ils m’émeuvent vraiment tout entier, car alors je suis bien sûr que c’est uniquement par la force de leur pensée, la justesse de leurs peintures et la sincérité de leur émotion qu’ils agissent sur moi. […] En attendant, dépêchez-vous d’aimer ces écrivains des neiges et du brouillard ; aimez-les pendant qu’on les aime, et qu’on y croit, et qu’ils peuvent encore agir sur vous  comme il faut se servir des remèdes à la mode pendant qu’ils guérissent.

596. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Mais il ne s’agit point de décapiter l’ancien monarque ; on s’est borné à lui adjoindre des ministres responsables, des chambres législatives, une presse bavarde, — et le voici devenu roi constitutionnel. […] Il est homme avant d’être artiste ; pour lui, vivre c’est agir, regarder est une joie puissante, puisqu’en l’action, puisqu’en les images se développe et se précise le moi. […] L’hédonisme est aussi méprisable en art qu’en philosophie ; il énerve, débilite, affadit ; il répugne aux grandes actions comme aux grandes pensées, change le beau en joli, l’héroïque en agréable, et doit susciter une indignation sévère chez tout homme qui veut agir ou créer. […] Sans doute il s’agissait pour eux dans la réforme nouvelle, de supprimer la mesure, plutôt que de faire rejaillir sur le rythme le sang rouge de la vie. […] Mais il faudrait au moins savoir de quoi il s’agit.

597. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Mais quand il s’agit, par exemple, de Balzac, ou quand il s’agit, par exemple de La Fontaine, d’un homme qui a deux ascendances très différentes au point de vue ethnique, il n’y a rien à dire à ce point de vue, il y a à dire simplement qu’il est de race française, et c’est bien exactement ce qu’il y a à dire aujourd’hui. […] Mais enfin, il s’agit d’expliquer les amitiés de La Fontaine, et il s’agit d’expliquer pourquoi Mme de Sévigné, et La Fontaine, et quelques autres, sans compter ceux que j’appelle les nicodémites, c’est-à-dire ceux qui adorent le Seigneur sans rien en témoigner, en restant dans leur chambre, sans compter ceux-là, furent des amis déclarés, et qui s’exprimaient avec éclat, de Fouquet. […] Or, c’était la colère du roi, et la colère du roi est terrible, comme dira La Fontaine plus tard, et surtout celle du roi-lion, mais c’était surtout la colère de Colbert qu’il s’agissait d’affronter, et il l’a affrontée de tout son cœur.

598. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

D’où vient donc que son influence Agit différemment sur ces deux hommes-ci ? […] Et s’il s’agit du Dieu providentiel, prenez garde : il n’y a de providence que si ses desseins sont imprévisibles : Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait, que lui seul ? […] Vous avez enfin, dans le même ordre d’idées et dans la même catégorie de fables philosophiques, comme je les intitulerais si toutes les fables de La Fontaine n’étaient pas des fables philosophiques, vous avez enfin le fameux Discours à Mme de La Sablière, dont je vous donnerai seulement un petit aperçu pour la très bonne raison que vous le connaissez et qu’il s’agit seulement de vous montrer, par un exemple, comment La Fontaine raisonne et fait œuvre de dialecticien dans ses fables, ou plutôt dans ses discours philosophiques. […] Cela, avec des métaphores d’une sûreté étonnante, avec un parallélisme de métaphores et d’images entre la montre et l’animal, entre les roues de la montre et les ressorts qui, selon les cartésiens, agissent et meuvent l’animal. […] Mais quand il s’agit d’aimer les animaux  et j’ajoute les vieillards… les vieillards pauvres  je voudrais bien savoir quelle pensée d’esprit de retour on peut avoir et si ce n’est pas l’amour pour l’amour, l’amour désintéressé, l’amour pur, qui fait que nous nous penchons avec intérêt vers notre inférieur.

599. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Soit directement, soit dorénavant par les Romains, cette âme légère, cette étincelle (car il ne faut pas plus qu’une étincelle), cet atome igné et subtil de civilisation n’a cessé d’agir aux époques décisives pour donner la vie et le signal à des floraisons inattendues, à des renaissances. […] Il ne s’agit pas ici de distinguer entre les Grecs et les Latins ; leur héritage pour nous et leurs bienfaits se confondent. […] Ici nous touchons à une question assez délicate ; car il ne s’agit pas de venir introduire dans l’enseignement des noms trop nouveaux, de juger hors de propos des ouvrages du jour, de confondre les fonctions et les rôles. […] Je m’inclinerai devant la grande, la puissante et sublime parole de Bossuet, la plus impétueuse certainement et la plus pleine qui ait éclaté dans la langue française ; mais s’il s’agit d’agrément et de grâces, je les réserverai pour Fénelon.

600. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Il s’agissait de s’attaquer à quelque portion de l’Antiquité qui fût neuve, et qui permît au débutant de montrer sa force. […] Les critiques les plus farouches qui censureraient mes erreurs, s’il s’agissait d’une édition de Démosthène, d’Homère ou de Thucydide, seront plus indulgents pour des fautes dont un Diogène ou un Cratès, un Marinus ou un Nicétas sont les seules victimes. » Tout cela est charmant ; remarquez que, quand il écrit en latin, M.  […] Il faut voir comment, dans une lettre ferme, il remit au pas Chateaubriand ou l’éditeur de Chateaubriand, qui en avait agi trop lestement avec lui et avec trop de sang-façon au sujet de la révision de l’Itinéraire. […] Dübner possède au complet ces carnets qui contiennent les particularités les plus curieuses, les anecdotes académiques les plus piquantes, assure-t-on : il ne s’agit que de pouvoir les lire.

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