De pareils faits montrent combien les conditions de vie agissent indirectement. […] De même certaines corrélations qu’on peut constater dans des ordres entiers ne sont apparemment dues qu’à la manière dont la sélection naturelle peut agir. […] Or, il ne faut jamais oublier que la sélection naturelle peut agir sur chaque organe, mais seulement pour le perfectionner de plus en plus. […] Il y a comme une lutte constante entre la tendance de réversion à un état moins modifié, compliquée d’une autre tendance innée à présenter des variations de toutes sortes, qui agit d’une part pour faire dévier la race, et le pouvoir de constante sélection qui agit d’autre part pour en maintenir la pureté. […] Aujourd’hui surtout que l’entrée de la caverne est accessible à l’homme, ce fait ne présente aucune difficulté, et il s’agirait de savoir s’il a été constaté avant que cette entrée fût libre.
Jouffroy dit : « À l’exception de la cause que nous sentons penser et agir en nous, toutes les autres causes échappent à notre observation. » Et par le fait d’agir, il n’entend pas l’action réelle, l’activité qui se produit, mais simplement l’intention, le désir d’agir ; ce qui mutile encore et appauvrit la cause. Nous, nous disons : Il n’y a qu’une cause que nous connaissons directement, c’est celle que nous sentons penser et agir, comprendre et pouvoir en nous, sentir, aimer, vivre en un mot ; vivre de la vie complète, profonde et intime, non-seulement de la vie nette et claire de la conscience réfléchie et de l’acte voulu, mais de la vie multiple et convergente qui nous afflue de tous les points de notre être ; que nous sentons parfois de la sensation la plus irrécusable, couler dans notre sang, frissonner dans notre moelle, frémir dans notre chair, se dresser dans nos cheveux, gémir en nos entrailles, sourdre et murmurer au sein des tissus ; de la vie une, insécable, qui dans sa réalité physiologique embrasse en nous depuis le mouvement le plus obscur jusqu’à la volonté la mieux déclarée, qui tient tout l’homme et l’étreint, fonctions et organes, dans le réseau d’une irradiation sympathique ; qui, dans les organes les plus élémentaires et les plus simples, ne peut se concevoir sans esprit, pas plus que, dans les fonctions les plus hautes et les plus perfectionnées, elle ne peut se concevoir sans matière ; de la vie qui ne conçoit et ne connaît qu’elle, mais qui ne se contient pas en elle et qui aspire sans cesse, et par la connaissance et par l’action, par l’amour en un mot ou le désir, à se lier à la vie du non-moi, à la vie de l’humanité et de la nature, et en définitive, à la vie universelle, à Dieu, dont elle se sent faire partie ; car à ce point de vue elle ne conçoit Dieu que comme elle-même élevée aux proportions de l’infini ; elle ne se sent elle-même que comme Dieu fini et localisé en l’homme, et elle tend perpétuellement sous le triple aspect de l’intelligence, de l’activité et de l’amour, à s’éclairer, à produire, à grandir en Dieu par un côté ou par un autre, et à monter du fini à l’infini dans un progrès infatigable et éternel. Mais les psychologistes, en même temps qu’ils scindent la vie à l’intérieur et qu’ils rompent la solidarité mystérieuse et sacrée de tous les organes, de toutes les fonctions au sein de l’homme, saisissent encore la vie au moment où elle s’élance au dehors en vertu de la volonté et du désir ; ils la frappent à la sortie, ils l’enchaînent au seuil, quand, armée de ses légitimes organes de relation, elle s’apprête à communiquer matériellement avec ses semblables ou avec la nature ; à parler, à agir, à être industrieuse, créatrice et féconde. […] Ce n’est certes pas à dire qu’il s’agisse de ramener les appétits grossiers et rétrogrades, d’exagérer la vie nutritive au détriment de la vie méditative ; mais nos besoins physiques, selon la mesure de l’harmonie, sont réintégrés dans la plénitude de leur satisfaction légitime ; le conseil de diminuer ces besoins est remplacé par celui d’augmenter nos moyens ; le précepte d’amortir nos désirs en nous se tait devant le devoir d’étendre notre puissance au dehors.
Quand nous agissons, nous savons que nous agissons ; quand nous souffrons, nous savons que nous souffrons ; quand nous pensons, nous savons que nous pensons. […] Celles-ci agissent toujours concurremment. […] Notre volonté peut agir sur notre intelligence. […] Supposons que l’homme puisse agir librement. […] Agir méthodiquement, c’est agir rationnellement, ce qui est pour l’homme le meilleur moyen d’agir.
S’il agit autrement, c’est donc par ignorance, c’est donc parce qu’une partie des éléments du problème lui est cachée ; en ce cas, la liberté de son choix est entravée par défaut de connaissance. […] Il croit alors lui-même à sa liberté et s’il agit tantôt bien et tantôt mal, il se juge responsable, s’attribue du mérite et du démérite. Il explique par sa liberté les différences de sa conduite, il ne voit pas que si ayant bien agi hier, il agit mal aujourd’hui, c’est parce qu’aujourd’hui quelques circonstances se sont ajoutées ou ont fait défaut autour de l’acte à accomplir : un bon conseil a manqué, quelque alcool fut en trop. […] Cependant, l’illusion qui fait agir les amants avec tant de force se dissipe ou s’amoindrit lorsque le dessein poursuivi par le Génie de l’Espèce a été réalisé, lorsque l’individu nouveau, celui qui perpétuera le type, est conçu. […] Peut-être agit-elle dans le même sens par le seul effet des remèdes qu’elle invente.
En d’autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation. […] Bref, un être intelligent agit sur lui-même par l’intermédiaire de l’intelligence. […] Il s’agira de sociétés primitives et élémentaires. […] De quelle société s’agissait-il ? […] Il ne s’agit pas seulement de la littérature et de l’art.
Il s’agissait pour lui de s’évader de la vie, qui lui était particulièrement cruelle. […] Maintenant c’est Dieu qui agit par elle, en elle : l’union est totale, et par conséquent définitive. […] Il ne s’agit donc pas ici de la fraternité dont on a construit l’idée pour en faire un idéal. Et il ne s’agit pas non plus de l’intensification d’une sympathie innée de l’homme pour l’homme. […] En réalité, il s’agit pour les grands mystiques de transformer radicalement l’humanité en commençant par donner l’exemple.
Il n’est aucune bonne raison pour que les mêmes principes qui ont agi si efficacement à l’état domestique n’agissent pas à l’état de nature. […] Mais y aurait-il eu quelque variabilité à l’état de nature, que c’eût été un fait sans valeur, si la sélection naturelle n’avait agi. […] Comme la sélection naturelle agit seulement en accumulant des variations favorables, légères et successives, elle ne peut produire soudainement de grandes modifications ; elle ne peut agir qu’à pas lents et courts. […] Et comme la sélection naturelle agit seulement pour le bien de chaque, individu, tout don physique ou intellectuel tendra à progresser vers la perfection. […] Il ne s’agissait guère alors pour les différents êtres que de s’accoutumer à vivre au fond des eaux, dans les eaux ou à la surface des eaux.
Dès lors, l’être peut agir pour l’avenir, à distance ; il peut agir pour la totalité de sa vie individuelle, et même pour sa vie conçue comme éternelle. […] La pensée du moi, surtout du moi idéal, nous arrache à la fatalité de la passion et à son impulsion brutale ; elle étend notre vie au-delà des limites de l’heure présente et même de l’existence présente : elle nous permet d’agir sub specie æterni. […] En fait, nous pouvons agir et nous agissons sous l’idée dominante de la société comme si le groupe dont nous sommes membres était encore nous-mêmes, au moins au point de coïncidence entre nous et tous. […] Sans cette intégration, les idées de Patrie ou d’Humanité n’agiraient plus en moi comme elles agissent ; elles demeureraient des entités abstraites, de simples signes logiques, tandis qu’elles deviennent des éléments et des facteurs réels de ma volonté par leur pénétration dans mon moi.
Il en écrit au président, il le somme d’agir comme si le président était convenu avec lui de le faire exempter du payement de ce demi-droit (qui n’avait rien de commun avec l’exemption d’impôt foncier et les autres franchises maintenues à la terre de Tourney). […] Le voilà redevenu Suisse quand il s’agit de ne point payer à Tourney, tandis qu’à Genève il reste seigneur et comte de Tourney, et recevant les honneurs comme tel. […] il ne s’agit plus de le rendre ridicule, il s’agit de le déshonorer. » C’est ainsi qu’il s’apprêtait à mettre en jeu contre son ennemi toutes les ressources d’un grand esprit furibond et sans droiture. […] D’Alembert s’empresse d’avertir Voltaire que le président compte en effet beaucoup de partisans dans l’Académie ; il s’agit donc à tout prix de les détacher. […] » Il s’agit non seulement d’écarter de Brosses, mais de le dégoûter pour toujours.
Dès lors, ce qu’il s’agit d’expliquer, c’est comment elle passe du repos au mouvement. […] Les corps n’agissent pas les uns sur les autres. […] Il ne s’agit plus de l’origine métaphysique ; il ne s’agit pas encore de l’origine historique : il s’agit d’analyser l’actuel et de parvenir à le concevoir comme un système. […] Toutefois l’opinion dont il s’agit repose aussi sur d’autres fondements. […] S’il s’agit de l’essence de l’âme, cette condition est irréalisable.
Jadis il ne s’agissait pour un mauvais poète que de couper de la prose toutes les douze syllabes et d’orner les finales de quelconques rimes ; aujourd’hui, le hachoir est moins mesuré, et il coupe non plus selon l’arithmétique, mais selon des intentions difficilement appréciables. […] Kahn les appelle des « unités », et il s’agit de les apparenter, de leur donner par des allitérations, des assonances, la cohésion qui en fera des vers véritables, « possédant leur existence propre et intérieure » 207. […] Admettons-le, cependant, mais pourvu qu’il s’agisse des vers de M. […] Qu’un tel vers nous paraisse plus près de la prose qu’il n’y est en vérité, cela vient sans doute de notre ignorance ; mais aujourd’hui même et s’il s’agit ne notre littérature, il semble plus facile de sentir que de définir la nuance qui sépare tels vers libres de telle prose rythmique. […] Dans le passage que nous citons, il s’agit d’abord de saint Rémi.
Dans tous ces cas, j’attribue aux êtres ou aux choses dont il s’agit un caractère objectif, tout à fait indépendant de la manière dont je le sens au moment où je me prononce. […] La valeur, dit-on, tient essentiellement à quelque caractère constitutif de la chose à laquelle elle est attribuée, et le jugement de valeur ne ferait qu’exprimer la manière dont ce caractère agit sur le sujet qui juge. […] Dira-t-on qu’il y a un type moyen qui se retrouve dans la plupart des individus et que l’estimation objective des choses exprime la façon dont elles agissent sur l’individu moyen ? […] Cependant, ce n’est évidemment pas la manière dont les propriétés physiques du diamant ou de la perle agissent sur la généralité de nos contemporains qui peut servir à en déterminer la valeur actuelle. […] Vivre, c’est, avant tout, agir, agir sans compter, pour le plaisir d’agir.
C’est ce que nous ne savons pas ; c’est précisément le passage du matériel à l’immatériel qu’il s’agit d’expliquer. […] Encore le spiritualisme, en séparant ces deux choses, n’a-t-il devant lui que cette difficulté : comment le corps agit-il sur l’esprit et l’esprit sur le corps ? […] Muller a exposé cette difficulté en ces termes dans sa Physiologie : « L’hypothèse de Herbart, relativement aux monades et à la matière, explique l’action de l’âme sur la matière, sans que cette âme soit elle-même matière, puisqu’il ne s’agit plus que d’un être simple agissant sur d’autres êtres simples. […] Pour agir sur les choses externes, il faut des instruments ; même pour exprimer sa pensée au dehors, il faut encore des instruments. […] Il faut donc que ce monde extérieur agisse sur l’âme pour qu’elle devienne capable de penser : il faut par conséquent un intermédiaire entre le monde extérieur et l’âme.
Mais il s’agit ici de l’effet représentatif absolu, et à ce titre elle mérite de nous arrêter. […] C’est donc précisément par ses défauts mêmes que la mise en scène agit plus puissamment sur leur organisme. […] Sans doute, s’il s’agit du passé de notre propre race, nous posséderons un ensemble de connaissances plus certaines que s’il s’agissait d’un peuple étranger, même contemporain. […] D’un autre côté, la même confusion éclate quand il s’agit de la représentation des chefs-d’œuvre étrangers. […] C’est la variété qu’il s’agit dès lors d’introduire dans le rôle sans en détruire l’unité.