Mais les mouvements causés par les émotions sont fort différents de ceux causés par la volonté : les premiers agissent sur les muscles souvent exercés, comme ceux de la face et la voix ; les seconds agissent surtout sur ceux qui peuvent augmenter le plaisir ou diminuer la douleur. […] Si un sentiment, comme la colère, détermine des mouvements violents des muscles, un contre-courant peut agir sur les mêmes muscles. […] Une volonté bien disciplinée est celle qui n’agit ni trop tôt ni trop tard ; mais diverses causes, comme la jeunesse, un tempérament vigoureux, ne permettent guère de différer. […] Il n’y en a plus, si une personne intervenant, je suis poussé par elle à agir d’une certaine manière, comme l’enfant que l’on mène dans une boutique acheter un vêtement, sans le laisser choisir lui-même. […] Divers motifs concourent pour me poussera agir ; le résultat du conflit montre qu’un groupe est plus fort qu’un autre, c’est là le cas tout entier.
Il faut donc savoir deviner, non pas seulement pour le plaisir de connaître, mais pour le besoin impérieux de vivre et d’agir. […] Mais alors ce sont les choses qui agissent et non le temps seul, qui, comme seul, nous paraît toujours un ordre conçu et abstrait. […] Nous n’avons d’autre moyen que de nous le figurer sur le type de ce que nous appelons agir, faire effort, tendre, désirer, vouloir. […] L’analyse psychologique ne peut ni remonter au-delà de cette conscience d’agir et de vouloir, ni en donner des définitions ou descriptions, qui seraient toujours plus ou moins objectives. […] La seule chose que nous découvrons donc dans notre conscience, c’est tantôt l’agir, tantôt le pâtir ; quand nous pâtissons, nous voyons l’effet interne sans l’action externe ; quand nous agissons, nous voyons l’action interne sans l’effet externe, qui ne nous est révélé que par une sorte de choc en retour et de sensation afférente.
On établit une opposition trop tranchée entre l’attention spontanée, où l’objet semble agir par son pouvoir intrinsèque, et l’attention volontaire, où le sujet agit par des pouvoirs que M. […] Si elle est parfois un obstacle au lieu d’une aide, toujours elle agit. […] Quand nous avons des représentations associées et liées dans notre esprit, nous tendons à agir, nous commençons d’agir, nous agissons déjà selon ces représentations, puisque toute représentation est accompagnée de mouvement et tend à se réaliser dans nos muscles. […] Il ne s’agit ici ni d’une forme pure, ni d’une catégorie, ni de rien d’a priori. […] Raisonner, c’est agir et pâtir d’avance par la pensée, λόγῳ, οὐϰ ἔργῳ.
Mais hâtons-nous de dire qu’il ne s’agit point ici d’élever l’ignorance en principe. […] C’est ce rapport qui est la vérité scientifique et qu’il s’agit maintenant de préciser davantage. […] Je crois qu’il faudrait justifier ces interprétations quand il s’agit de préciser des phénomènes aussi complexes. […] La vraie science agit et explique son action ou sa puissance : c’est là son caractère, c’est là son but. […] J’essayai d’agir de même sur le sang artériel, je ne réussis pas davantage.
C’est évidemment d’appeler et de fixer l’attention et l’intérêt sur la figure d’un personnage que l’on va voir entrer en scène et agir sous vos yeux. […] Pendant qu’on délibérait dedans, le peuple agissait dehors et frappait aux portes. […] Agir comme elle agit, c’était pousser fatalement le roi ou à la trahison ou à l’échafaud. […] Elle abdique, et elle charge la monarchie de prévoir, de vouloir et d’agir pour elle. […] « On ne peut pas demander alors à la loi d’agir contre la loi, à la tradition d’agir contre la tradition, à l’ordre établi d’agir contre l’ordre établi.
L’hésitation ultime du novateur, tel que celui présenté dans le roman d’Adam, s’explique par ce doute où il s’abîme : ai-je agi pour mon plaisir ? Ou ai-je agi pour leur bien ? […] On ne peut agir moralement sur un autre terrain. […] Le dieu d’Aristote ignore le monde, mais l’univers le pressent et se tend vers lui : ainsi agit-il sans impulsion. […] L’homme moral de Kant n’agit pas de telle sorte que son action soit heureuse aux autres, mais qu’elle soit aux autres une norme.
Soyez sûr qu’ici l’investigation infatigable, la minutieuse analyse, la recherche exacte, la distinction attentive des choses qu’on peut confondre, le soin scrupuleux dans l’étude des procédés, la précision à enregistrer les résultats, sont aussi bien placés, aussi fructueux, aussi importants, aussi indispensables, aussi élevés en dignité, si vous voulez, qu’ils le sont (je le dis sans vouloir les déprécier) quand il s’agit de rechercher d’invisibles étoiles, de calculer les millions d’ondulations imperceptibles d’un rayon de soleil, de peser les atomes des éléments chimiques, d’observer les cellules des corps organiques, d’étudier l’anatomie des cousins et des mites, et même de rechercher les caractères spécifiques et les habitudes particulières de mollusques et d’animalcules273. » M. […] « Si la psychologie, dit-il276, étudiait les affections et opérations au lieu des facultés, et réglait son langage en conséquence, il semble qu’on se débarrasserait d’un bon nombre de questions embarrassantes parmi lesquelles il faut mettre la controverse sur la liberté de la volonté, ce qui est littéralement la liberté d’une non-existence. » La question examinée de près se réduit, suivant l’auteur, à se demander, non pas si nous sommes libres d’agir dans certains cas comme il nous plaît, — car personne, je pense, ne conteste que nous le soyons ; — mais s’il y a des causes régulières qui nous mettent en état de « vouloir » agir comme nous agissons. […] La hausse et la baisse, les fluctuations du change, les variations de l’offre et de la demande, le retour du papier chez le banquier après une émission excessive, la disparition des espèces, tous les faits de cette nature résultent de causes déterminées qui agissent avec régularité. […] En accomplissant ces actions, nous n’en faisons pas moins ce qui nous plaît ; nous agissons avec une parfaite liberté.
Le degré de vitalité des animaux et la rapidité de la circulation qui en est la conséquence agissent dans le même sens. […] Les physiciens et les chimistes n’agissent pas autrement quand ils gouvernent les phénomènes des corps bruts. […] C’est ce qu’il s’agit d’expliquer. […] Quand le poison a cessé d’agir, nous voyons les troubles intellectuels disparaître et l’état normal revenir. […] C’est le point qu’il s’agit d’examiner.
Ces forces aveugles, le premier venu les fait agir ou les laisse agir ; le philosophe doit en parler ; pour en parler, il doit en connaître le peu qu’on en peut connaître, il doit donc les regarder agir. […] Encore est-ce un instrument dont on ne peut se passer, sinon pour agir, au moins pour philosopher. […] Ce qu’il s’agit précisément de savoir, c’est si elle sera. […] Si je dis, pour faire de l’hydrogène, faites agir un acide sur du zinc, je formule une règle qui réussit ; j’aurais pu dire, faites agir de l’eau distillée sur de l’or ; cela aurait été aussi une règle, seulement elle n’aurait pas réussi. […] Il en est de même, comme je crois l’avoir montré ailleurs, quand il s’agit par exemple du postulatum d’Euclide.
Il s’est mépris sur Louis XIV, et tellement mépris, qu’on peut dire qu’il ne l’a pas compris, et que, de hauteur avec le siècle qu’il a su peindre, il ne l’a plus été avec son modèle quand il s’est agi de la tête du siècle, de son chef. […] Puisqu’il aime la féodalité et ses symboles, il mérite, quand il s’agit de Mme de Maintenon, que la Critique lui casse ses éperons au talon comme on le faisait aux chevaliers qui avaient insulté les femmes. […] Il s’agit, en effet, de Carthage ; il s’agit d’une foi très punique, de la bonne foi de Saint-Simon, quand il juge ses contemporains. […] Il s’y agit, dans ce volume, à peu près de la fin de tout pour Saint-Simon mûri et qui devait être apaisé (car ce qui rend l’ambition turbulente, c’est l’espérance), et aussi pour la monarchie, puisqu’il n’y a plus rien que Louis XV entre les Orgies du duc d’Orléans et la place de la Révolution. […] il ne s’agit plus ici d’un serviteur de ce grand roi qui le tenait, lui, Saint-Simon, comme non-avenu devant son regard.
Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur On pense bien que les causes, que l’historien cherche à surprendre, varient suivant les cas particuliers. […] Or les causes qui agissent sur un individu ne peuvent être cherchées qu’en lui ou hors de lui. […] D’autre part, l’esprit peut agir sur lui-même, et par suite, il est modifié dans son évolution par une seconde série de causes que j’appelle, faute de mieux, psychiques ou mentales. — Le génie est une longue patience, a dit Buffon. […] Il suffit pour cela qu’elle agisse sur des êtres différents. […] Nous sommes donc en droit de conclure : Il est possible de découvrir scientifiquement un certain nombre des causes qui ont agi sur une œuvre littéraire par l’intermédiaire de son auteur.
Il fallait agir tout de suite. […] Il est rare que le primitif se sente dispensé par elle d’agir. […] Ne pouvant agir sur elle, nous espérons qu’elle agira pour nous. […] Elle mesure et calcule, en vue de prévoir et d’agir. […] Il faut pourtant agir quand même.
S’agit-il de la perception ? […] S’agit-il de l’image remémorée à son tour ? […] S’agit-il du souvenir ? […] S’agit-il de ressemblance ? […] S’agit-il d’une décision à prendre ?
Ici elle agit comme force passive et défensive ; là, comme énergie active, offensive et conquérante. — Sous toutes ces formes et dans tous ces usages, elle apparaît comme une puissance régulatrice et organisatrice des instincts, des sentiments et des idées, comme le principe directeur de la vie, le guide de la conduite, comme la manifestation la plus haute de la personnalité. […] Sans parler des conditions physiques comme le climat, on comprend que les conditions de vie sociale, la profession, le rang, l’état de fortune, les relations, l’isolement ou la vie de société fassent triompher dans la conduite ordinaire d’un individu tel ou tel ordre de considérations, telles, ou telles, raisons d’agir et impriment à sa volonté et à son caractère telle courbure particulière. […] La volonté des voluptueux qu’à des images sensuelles. — Les raisons d’agir et de ne pas agir, les raisons de vivre et de mourir, les raisons d’espérer et de désespérer varient à l’infini suivant les individus. […] Les volontés ne diffèrent pas seulement par leurs raisons d’agir ; elles diffèrent encore par la nature des mensonges vitaux quelles adoptent ou qu’elles se fabriquent elles-mêmes pour soutenir leur énergie, pour s’encourager à vivre et à agir. […] Mais de quel individualisme s’agit-il ?