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1111. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

  Donc, forcé d’éliminer bien des gens de talent ou d’avenir, j’ai pu faire place non pas à tous, mais à quelques-uns qui, pour n’être pas admis encore par le lecteur, n’en méritent pas moins comme travailleurs, leur part de soleil. […] — Si un roman doit être écrit uniquement pour la société dans laquelle on vit, s’il doit se conformer à ses règles, ne blesser aucune des convenances admises, j’ai tort. […] vous admettez la nudité au Salon, dans les parcs, et vous ne la permettriez pas dans les livres ? […] J’admis cet acte comme une compensation accordée au droit de vol que tant de gens sont tentés de s’attribuer, dans les conjonctures favorables. […] Ainsi que je te disais, Dalzon a les ducs ; mais l’auteur de la Maison d’Orléans, admis à Chantilly, doit m’y présenter avant peu.

1112. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le nombre des personnes admises dans ce sanctuaire atteint le chiffre de deux cent soixante-neuf. […] S’il n’avait pas été rédacteur à la Presse, Nadar ne l’aurait peut-être pas admis dans son Panthéon. […] » Eugène Delacroix, en effet, n’admettait pas qu’on eût écrit en français depuis la mort de Racine. […] Mme Worms-Clavelin a fait baptiser sa fille, à l’âge de onze ans, pour la faire admettre dans un couvent distingué et pour la marier, plus tard, avec un catholique. […] Pierre Nozière n’admet pas que l’on crie : « Mort aux juifs ! 

1113. (1927) Approximations. Deuxième série

J’admets donc que toutes les objections que l’on élève contre l’œuvre de Degas soient fondées en droit, et je l’admets d’autant plus volontiers que je ne sais que trop combien il est difficile sur le moment de trouver pour y répondre un argument sans réplique. […] Et pourtant, ceci admis, comment se fait-il que les œuvres ne donnent jamais malgré tout l’impression de morceau ? […] (Le principe admis, — contre lequel beaucoup, et pas seulement toutes les femmes, à bon droit protesteront, — qui veut savoir jusqu’où peut aller l’alliance du tact et de la précision fera bien d’étudier de près le passage). […] si de cette question nous tenions la réponse, nous serions bien près de lui apporter le seul hommage qu’admettait sa nature — à tel point ennemie de toute complaisance — : une compréhension sans défaut. « Simplement savoir le vrai sur mon compte, savoir bien au juste qui est-ce que moiig ». […] Doué à un tel degré de l’instinct de connaissance, et sachant à travers lui — dans l’absolu de la connaissance, et d’une connaissance qui différencie — rejoindre l’acmé de « sa perfection abstraite », il n’y a rien de surprenant à ce que Rivière nous paraisse parfois admettre la possibilité d’une connaissance exhaustive de soi-même.

1114. (1923) Nouvelles études et autres figures

Or, depuis le ve  siècle, l’Église les admettait immédiatement à la vision béatifique et jugeait hérétique la doctrine opposée. […] Le recteur de Clermont décidait des sorties et des congés ; c’était lui qui admettait les élèves et lui seul qui avait qualité pour les exclure. […] Passé 1587, l’usage de la férule ne fut plus admis. […] Notez en passant que son William Shakespeare ne l’admet pas dans le chœur des Génies. […] Nous n’admettons pas qu’un écrivain sorte de son genre ; et ce roman rencontre encore aujourd’hui quelque résistance.

1115. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Ou plutôt, c’est ce qu’il lui serait impossible d’admettre, comme étant contradictoire, si la révélation n’était là, qui l’en assure. […] Admettons également, si l’on le veut, que sa chronologie soit fautive : Volney, l’un des premiers, dans ses Recherches sur l’histoire ancienne, s’est donné assez de mal pour le démontrer. […] Ou bien encore, l’ayant pris une fois en flagrant délit de mensonge, si nous admettons, sans avoir plus d’égard à ses dénégations, qu’il soit le véritable auteur de l’Avis aux réfugiés, quelle raison a-t-il eue de l’écrire ? […] Au nom même de la vérité —  si l’on admet que la vérité ne s’éprouve que par la contradiction, — il allait revendiquer le droit de tout homme à l’erreur. […] Sous le règne de Louis XVI, le Tolérantisme, en tant qu’il consistait « à admettre indifféremment toute sorte de religions », était encore qualifié de crime de lèse-majesté divine, et passible au besoin, comme tel, de la peine du feu.

1116. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Admis devant le Jupiter romantique, je ne sus pas même dire, comme Henri Heine devant Gœthe : « Que les prunes était bonnes pour la soif sur le chemin d’Iéna à Weimar. » Mais les dieux et les rois ne dédaignent pas ces effarements de timidité admirative. […] Elle l’admire un peu sur parole et d’après de vagues souvenirs d’enfance ; c’est pour la gloire du poëte une condition favorable : ses titres sont admis, on ne les discute plus, et la signification générale de son œuvre se dégage plus nettement. […] Balzac, malgré la vogue dont il commençait à jouir dans le public, n’était donc pas admis parmi les dieux du romantisme, et il le savait. […] Il n’admettait même pas le léger papelito espagnol ; le narguilhé asiatique trouvait seul grâce devant lui, et encore ne le souffrait-il que comme bibelot curieux et à cause de sa couleur locale. […] Monarchique et catholique, il défend l’autorité, exalte la religion, prêche le devoir, morigène la passion, et n’admet le bonheur que dans le mariage et la famille.

1117. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Notre époque a perdu la foi et n’admet d’autre source de certitude que la science, mais en même temps elle n’a pu se résoudre, comme le voudrait le positivisme, à ne pas réfléchir et à se taire sur ce qu’elle ignore. […] Peu de temps avant de mourir il déclarait que si le champ des hypothèses métaphysiques et des possibilités infinies s’était élargi pour son esprit, il lui était toujours impossible d’admettre l’existence d’un Dieu personnel gouvernant arbitrairement le monde par des volontés particulières. […] Il n’avait jamais admis que rien pût entrer en conflit avec la science. […] La cité de Dieu lui paraissait trop étroite s’il se contentait d’y faire entrer tous les hommes : il voulait y admettre tous les êtres vivants. […] Mais je ne puis admettre que la puissance d’aimer qui est en moi soit anéantie. » Il trouvait encore une autre preuve de l’immortalité dans la nécessité d’une autre vie où seront réparées les injustices de la vie terrestre76.

1118. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Des idées justes venant après des idées fausses qui sont admises passent pour des paradoxes ; les esprits faux ne les examinent même point, étant persuadés de l’évidence de leurs propres idées. […] Ne pourront être admis aux débats critiques que les gens qui sont en état de produire. […] Les deux comiques qui se promènent dans le roman sont aussi d’une exagération évidente ; l’histoire du baromètre et du parapluie me paraissent deux farces difficiles à admettre. […] L’autre n’admet pas que l’on soit tenu de bien vivre pour penser uniformément bien et noblement, et que l’on puisse être fait de la tige dès que les racines manquent. […] Gustave Doré, et d’avoir été ensuite obligé d’admettre que j’étais un provincial nouvellement débarqué.

1119. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Parlant de sa sœur, Renan dit : « Elle admettait très peu les écrivains de nos jours, et quand elle vit les essais que j’avais composés avant notre réunion, et qui n’avaient pu arriver jusqu’à elle, en Pologne, ils ne lui plurent qu’à demi. […] Le connétable n’admet pas ces révoltes et, désireux peut-être d’en finir avec une épouse intraitable, il semble qu’il ait songé à recourir à un moyen bien simple, alors usité, dit-on, encore en Italie, au poison. […] Il n’admet pas que l’on confonde Dieu avec la Nature, si proche qu’elle soit de lui, organisateur immuable de la nature qui se modifie sans cesse. […] Ne l’admettez qu’en toilette de soirée, habit noir, cravate blanche, et vous n’aurez pas à craindre que de pauvres diables, entrés par hasard, ressortant sans le sou de cette banque, aillent se jeter à la Seine ou s’accrocher aux arbres du bois de Boulogne. »   » Croyez bien que ce seront les plus corrompus qui crieront à l’immoralité, les partis qui ne voudraient pas laisser ce bénéfice au gouvernement actuel. […] »   Ce qu’il faut ajouter, c’est que l’amitié de M. de Persigny pour l’Empereur était une amitié absolue, jalouse et qui n’admettait pas de partage.

1120. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il faut donc admettre qu’il y eut en lui, comme en tout esprit inventeur, une initiative originale, un germe inné de génie historique et critique que développa une infatigable application, et que l’impartialité favorisa, mais qu’elle n’eût point suscité. […] Mais Fauriel, dans une suite de questions très-fermement posées, lui demandait : « Les dogmes extravagants, les fables ridicules n’appartiennent-ils pas à l’esprit plus qu’à la forme d’une religion, ou du moins ne peuvent-ils pas agir sur cet esprit et le corrompre sans le secours d’aucune forme extérieure ; et dès lors n’y a-t-il pas lieu à réformation dans un cas inverse à celui admis exclusivement par l’auteur ? […] J’admets que l’Italie, malgré sa Toscane, ait, à quelques égards, l’inconvénient de la province, c’est-à-dire qu’on y sente le manque d’un grand centre, d’une capitale qui donne le mouvement à la langue et en règle le ton à chaque moment. […] Ces nuances admises, le fond de son cœur était bien là où nous le disons. […] Fauriel, malgré les fréquentes discussions qu’il soutint à ce sujet avec ses amis, ne se laissa jamais entamer à leurs théories plus ou moins spécieuses ; il était et demeura foncièrement antigermanique, en ce sens qu’il n’admit jamais que ces violentes et brutales invasions fussent bonnes à quelque chose, même pour l’avenir éloigné d’une renaissance.

1121. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

J’admets que vous n’avez eu pour vous en aller aucune raison de force majeure et que tout en ayant le cœur sensible vous songiez aux affaires, rien de plus naturel. […] Comment, disent les étrangers ébahis, les femmes sont admises à l’École de médecine, et l’École des beaux-arts leur est fermée ! […] Et d’abord répétons que les femmes sont admises à l’École de Médecine ; nous dirons ensuite à quel point, tout en étant à l’École des Beaux-Arts (dans les pays que nous avons cités), elles sont en contact avec les élèves hommes. […] Sans doute, en l’entendant encore, ce sera encore plus beau, mais je n’admets pas qu’on ne comprenne pas tout de suite la vraie belle musique. […] Ce qui est certain, c’est que les projets admis sont inférieurs au vôtre qui est d’un art très pur et très élevé.

1122. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Cela se devine ; mais aujourd’hui ils ont une raison de plus, celle d’avoir été injustes : votre existence les humilie. » Cette aimable femme n’était nullement protestante toutefois ; elle disait très bien à Rousseau sur l’article du Calvinisme : « Les motifs de votre séparation, à vous autres Protestants, m’ont toujours paru tenir plus à l’orgueil, à la licence, qu’à l’amour du bien, quoiqu’il en ait été le prétexte ; et puis, je ne trouve pas raisonnable qu’on rejette un mystère lorsqu’on en admet un autre tout aussi difficile à résoudre. […] Le comte d’Ars avait une grande fortune territoriale, et, suivant la coutume de Saintonge, les filles étaient admises à partager même les terres nobles, presque également avec leurs frères.

1123. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Est-il même besoin de supposer qu’il y retourna, si l’on admet qu’il y était déjà allé au sortir de l’île de Cos ? […] Il n’est presque aucune de ses idylles qui n’offre des mouvements passionnés, et l’on est forcé d’admirer l’accent de la tendresse là où les objets sont de ceux qu’admettaient si singulièrement les Grecs, qui ne cessent de nous étonner dans l’Alexis de Virgile, et dont la seule idée fuit loin de nous.

1124. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Les différences ne sont pas des solécismes ; l’analogie a été non faussée, mais étendue, et entre le latin et le roman, il ne faut admettre qu’un néologisme qui devint de jour en jour plus indispensable32. » Il y a au fond, et derrière ce système, tout un système philosophique de la perfectibilité de l’esprit humain, qui le domine et qui l’enhardit. — Mais même de ces systèmes excessifs, quand ils sont maniés et appliqués par des hommes de talent et de forte étude, il reste toujours de certains points acquis et de profitables dépouilles, comme de ces conquêtes poussées trop loin et dont on est forcé de rendre une partie, mais dont on garde quelque chose. […] Il fait la part irrécusable de la période de corruption, de dégradation, d’écrasement ; mais aussi il admet un autre agent latent, progressif, analytique, conforme à la marche et à l’exigence croissante de l’esprit humain : « Ainsi, dit-il, dans ces langues novo-latines33 qu’au premier abord on prend pour des types dégradés, on voit apparaître l’un des éléments les plus précieux pour la précision et la clarté, à savoir l’article.

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