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540. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

On ne saurait, en effet, ranger sous ce nom les modes successives et les invasions de littératures étrangères, italienne ou espagnole, qui signalèrent la seconde moitié du xvie  siècle et la première du xviie . […] Je vois maintenant ces pièces d’un tout autre œil qu’au temps où je les ai écrites, et il est pour moi bien intéressant de constater l’effet qu’elles produisent sur une nation étrangère et dans une époque dont les idées sont tout autres. […] Les profils qu’il donne des hommes distingués du Nord, des poètes et littérateurs de talent, les font aussitôt comprendre par les côtés principaux qui nous intéressent : Atterbom, Œlenschlæger, Tégner, désignés par lui en quelques mots, cessent de nous être étrangers. […] Ces divers cours, dont on a les leçons d’ouverture et quelques fragments, offraient de l’intérêt et donnaient aux jeunes esprits qui y assistaient une teinture de ces sujets étrangers et jusqu’alors tout à fait ignorés chez nous : c’était une première couche excellente ; mais si j’interroge les hommes savants et spéciaux qui, depuis 1838, ont poussé plus loin chez nous cette branche d’étude, ce qu’enseignait Ampère n’était en effet qu’une première couche et assez superficielle. […] Il était bien alors dans le plein de sa vocation en nous informant sans cesse, et l’un des premiers, de quantité de choses étrangères, dont il nous donnait l’avant-goût et le stimulant ; mais il eût été bon cependant que dans les années suivantes, un jour ou l’autre, il mît un terme à ses doctes curiosités, devenues des inconstances, et qu’il séjournât quelque part à demeure.

541. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Fayette s’en impatiente et lui écrit tout naturellement : « Je vous l’avouerai en confidence, au milieu d’un pays étranger, mon amour-propre souffre de voir les Français bloqués à Rhode-Island, et le dépit que j’en ressens me porte à désirer qu’on opère. » Il y avait mêlé quelque première vivacité envers M. de Rochambeau, qu’il rétracte. […] Dans sa longue et ferme attente, tout ce qui pouvait être étranger au triomphe du drapeau, et en amoindrir ou en retarder l’inauguration, La Fayette ne le voyait pas, et peut-être il ne le désirait pas voir. […] Je doute peu qu’elle ne parvienne à se délivrer du joug étranger ; mais le résultat de mes observations ne m’autorise pas à espérer que ces provinces soient capables d’établir et de conserver un gouvernement libre… » Et il continue l’exposé vrai du tableau. […] Mais les exposer seulement au grand air d’aujourd’hui, c’est presque les flétrir, ces souvenirs, tant le mouvement général est loin, tant les générations survenantes y deviennent de plus en plus étrangères par l’esprit, tant l’ironie des choses a été complète ! […] Sieyès avait divisé sa vie politique depuis 89 en trois époques. « Durant toute la tenue de l’Assemblée législative jusqu’à l’ouverture de la Convention, il est resté complètement étranger à toute action politique.

542. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Sans parler des littératures anciennes et étrangères qui sont devenues moins absurdes à leurs yeux, ils ont fait des progrès dans l’intelligence de Igor propre littérature. […] Dans une pièce de Caldéron385, le héros, don Gutierre, tue sa noble femme, par un motif qui ne paraîtra pas beaucoup meilleur aux étrangers que celui du héros d’Alarcos. […] Il est permis au public d’un théâtre de s’abstenir, lorsque l’affiche annonce pour le soir la représentation d’une pièce totalement étrangère à ses mœurs, à ses sentiments, à ses idées, bien qu’il ne lui fût pas permis de siffler cette pièce, si elle était signée d’un nom illustre, et s’appelait Guillaume Tell, Hamlet, Faust, Iphigénie en Aulide ou Le Misanthrope. Mais on peut, on doit exiger du critique qu’il soit moins ignorant que des collégiens, moins passionné que des femmes, moins indifférent ou moins hostile aux productions de l’art étranger que le public routinier d’un théâtre, plus intelligent même, plus impartial et plus cosmopolite que les grands poètes nationaux qui charment ce petit public. […] Quelque humaines que soient ses comédies, elles sont françaises, et les étrangers ne les comprendront pas comme il faut, s’ils n’entrent pas bien dans l’intelligence de l’esprit français.

543. (1894) Critique de combat

Elle est devenue, pour l’étranger comme pour tous les lettrés du pays, le bureau de renseignements où l’on est obligé de s’adresser, quand on veut suivre l’évolution littéraire de la France. […] Il est reconnu à l’étranger pour un des penseurs les plus originaux du temps. […] On aura si bien fouillé la Russie, la Norvège, la Suède, la Hollande, l’Allemagne, que nos directeurs de théâtre ne sauront plus où trouver des pièces étrangères à monter. […] La pauvre France émasculée, appauvrie de ce qu’elle avait de plus énergique par la guerre étrangère et la guerre civile, a été en proie aux prêcheurs de découragement, aux artistes en déliquescence. […] Notre orthographe est illogique, semée de pièges, dure à apprendre pour les étrangers et les enfants du peuple.

544. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

C’est comme s’il disait que le fond n’est rien, dans l’œuvre d’art, c’est la forme qui est tout ; et, tout le monde admettant d’ailleurs que les Grecs et surtout les Latins sont à peine des étrangers pour nous, mais plutôt des ancêtres, c’est d’abord en se libérant, par l’originalité de la forme, de toute influence étrangère, que la littérature devient véritablement nationale. […] Galamment et tout doucement, ils font entrer pour la première fois dans la littérature tout un ordre d’idées ou de faits qui jusqu’alors y étaient demeurés étrangers. […] III ; Moncourt, De la méthode grammaticale de Vaugelas, Paris, 1851 ; — Sayous, Littérature française à l’étranger, Paris et Genève, 1853, t.  […] Sayous, La Littérature française à l’étranger, Paris et Genève, t.  […] Sayous, Littérature française à l’étranger] ?

545. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Pouvoir royal neutre, idée féconde tout à fait étrangère alors en France. — Jeu.

546. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

« Enfin, nous avoue-t-elle ingénument, je n’ai été étrangère à rien, j’ai pu parler passablement de tout ; mais je n’ai su parfaitement que ce qui se rapporte aux beaux-arts, à la littérature et à l’étude du cœur humain. » Je ne m’arrête pas à des anecdotes bien longues dont madame de Genlis nourrit habilement son récit : comment dans ses retraites au couvent elle barbouillait la nuit les vieilles religieuses, comment elle mystifiait le chevalier Tirtame, ou frappait aux vitres des paysans du village.

547. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Il s’inquiétait beaucoup de la prosodie des peuples étrangers, de ceux surtout qui ont une langue accentuée, notée, comme les Allemands, les Arabes, etc.

548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

On y apprend à la fois la nouvelle des grands événements qui agitent Paris, et celle de l’invasion étrangère.

549. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Ces Articles prouvent combien cet Ecrivain est capable de joindre le mérite de penser avec justesse, à celui de s’exprimer avec grace, quand il ne cherche pas à sortir de lui-même, & à appliquer ses talens à des sujets qui leur sont étrangers.

550. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Cette heureuse clarté, son plus solide appui, Et que l’Etranger même admiroit malgré lui ; Cet ordre lumineux, le nombre, & la cadence, Semblent abandonner nos Vers, notre Eloquence.

551. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

En effet, ou le chœur parlait dans les entr’actes de ce qui s’était passé dans les actes précédents, et c’était une répétition fatigante ; ou il prévoyait ce qui devait arriver dans les actes suivants, et c’était une annonce qui pouvait dérober le plaisir de la surprise ; ou enfin il était étranger au sujet, et par conséquent il devait ennuyer.

552. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Toutefois ce sujet a, pour un Français, le défaut d’être étranger.

553. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

L’imitation des mœurs étrangères, cette tyrannie secrète qui s’insinue dans une nation sous la forme d’une mode, y avait altéré insensiblement les caractères et les esprits. […] Enfin, sous le règne d’un prince dont le premier acte politique avait été de faire reconnaître par l’Espagne la préséance de l’ambassadeur français sur l’ambassadeur espagnol à Rome, l’imitation, étrangère disparut. […] On n’y voyait plus rien de forcé ni d’étranger. […] Cet excès même de grandeur qui y pousse toute vertu à l’héroïsme, tout vice au crime, ne vient que d’une ressemblance trop fidèle avec un temps où l’imitation étrangère avait donné un air de mode même à la vertu. […] C’était un des fruits de cette intervention étrangère, que je charge de tous nos défauts d’alors, et qui ajoutait à la dépendance politique la servitude littéraire.

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