Il est remarquable, en effet, que dans les deux pays qui ont connu avant nous la gloire des lettres, l’Espagne et l’Italie, la fondation des académies soit postérieure à la belle époque de leurs littératures. […] Peut-être même aurait-on le droit de lui reprocher d’avoir été, à certaines époques, de complicité avec ce qui détruit les littératures et les langues, je veux dire la mode. […] C’est ainsi que se prépara l’époque de notre littérature où l’on a eu le plus de goût, et où l’on a le plus inventé. […] A cette époque, c’étaient des nouveautés qu’on introduisait sous la protection d’un pour ainsi dire. […] A partir de cette époque, il fut d’obligation, dans les ouvrages de l’esprit, d’être vrai, solide, naturel ; de chercher la vérité ; de donner le dessus à la raison sur l’imagination, à l’homme sur l’individu.
La distinction des époques est ici fort importante, la rédaction du Talmud s’étendant de l’an 200 à l’an 500 à peu près. […] Des dates si récentes exciteront quelques craintes chez les personnes habituées à n’accorder de valeur à un document que pour l’époque même où il a été écrit. […] L’enseignement des Juifs depuis l’époque asmonéenne jusqu’au IIe siècle fut principalement oral. […] A quelle époque, par quelles mains, dans quelles conditions les évangiles ont-ils été rédigés ? […] Le Coran, qui nous offre aussi dans le décousu le plus complet les pièces des différentes époques de la vie de Mahomet, a livré son secret à une critique ingénieuse ; on a découvert d’une manière à peu près certaine l’ordre chronologique où ces pièces ont été composées.
Il est d’usage, à notre époque, quand on publie un nouveau volume de vers, de s’écrier dans sa préface : « Encore des poésies ! […] À l’époque où ces hommes sont venus, la France épuisée, vaincue, conquise, hélas ! […] L’art en est arrivé à une époque de décadence manifeste, ceci n’est pas douteux ! […] Hésiode et Homère formulaient en poëmes splendides les croyances de leur époque. […] Trois grands mouvements, le mouvement humanitaire, le mouvement scientifique et le mouvement industriel, se complétant et s’entr’aidant l’un l’autre, emportent, comme un triple courant, notre époque vers une rénovation certaine.
Il fut l’Eschyle des Funambules…… Époque prodigieuse qu’ont vue les titis anciens ! […] Mais écartez la différence des époques où M. […] Notre époque se vante d’être, par excellence, l’époque de la critique : elle se vante, en effet. […] Notre époque étant une époque de libres penseurs, M. d’Aurevilly la traitera comme Murat traitait les cosaques, à coups de cravache. […] Il fut une époque où les auteurs ne pensaient pas de la sorte et montraient plus de fierté.
Puisque, selon de si grands philosophes, le Temps et l’Espace n’avaient pas d’existence réelle, pourquoi se plier au joug d’une époque ou d’un milieu. […] Parmi les poètes de cette époque, sa vie et son œuvre demeurent d’une beauté indépendante et sauvage. […] Retté a compris qu’un poème était l’illustration fleurie et simple d’une époque de vie. […] À chacun de ses volumes correspond, une époque de sa vie. […] Mais surtout aussi, je l’aime et je l’admire, parce qu’après les débauches d’exotisme et les exils en des siècles légendaires, celui-ci demeure de son époque et de sa nation.
Au reste, ce début si brillant de la vie politique du comte Molé n’aura pas et ne peut avoir d’autre historien que lui-même ; il a laissé des Mémoires dont les commencements au moins, pour tout ce qui est de cette époque, doivent être achevés, et il aura su joindre, en écrivant ce qu’il racontait si bien, la perfection de son bon goût à la netteté de ses souvenirs. […] J’écarterai le nom respecté de M. le comte Molé, et je dirai à notre honorable confrère que les services que lui-même a rendus à cette époque difficile, le rôle qu'il y a joué, peuvent lui faire quelque illusion dans l’impression qui lui en est restée.
On ne dira pas de cette saison qu’elle a porté une grande moisson de poëtes (magnum proventum tulit) ; évidemment il faut que les dernières générations qui ont donné aient été un grand effort pour que la nature se repose ainsi ; il faut que les années d’auparavant aient tout pris, et nous finirons par croire que 1829 fait époque. […] Mais le livre se lit avec intérêt, et le côté littéraire de l’époque est assez vivement rendu.
Toutes les époques sont des époques de transition, je le sais ; d’autre part, M.
La publication de L’Astrée fut, selon Boileau, l’époque où l’afféterie précieuse de langage, les conversations vagues et frivoles , les longs verbiages d’amour commencèrent à être en vogue. […] Elles décident qu’elles font époque, que le feu du génie s’allume enfin en France, et qu’elles en ont recueilli les premières étincelles.
L’un des traits qui le caractérisent c’est l’horreur où il est de l’époque moderne. […] C’est pourquoi Durtal rêve de cette époque « douloureuse et exquise » que fut le moyen-âge. […] Ils ont cette vertu, rare à notre époque, de la conviction et de l’enthousiasme. […] Il se reporte en imagination à l’époque de la Renaissance. […] Il est des époques privilégiées où le génie souffle de toutes parts.
Quand on ramène sa pensée à ses premières années et qu’on veut revenir sur les traces que l’on a déjà parcourues, il n’y a rien qui éclaire davantage ces époques flottantes et vagues qu’un amour d’enfant venu avant l’âge des sens. […] Les deux amis poussèrent vivement les préparatifs de leur commune entreprise ; ils lurent tout ce qui était imprimé en fait de vieux sermonnaires, ils abordèrent les manuscrits, et, même lorsque l’idée d’une rédaction définitive eut été abandonnée, ils durent à cette courageuse invasion au cœur d’une rude et forte époque de connaître les sources et les accès de l’érudition, d’en manier les appareils comme en se jouant, et d’avoir un grand fonds par-de-vers eux, un vaste réservoir où ils purent ensuite puiser pour maint usage. […] On aborde inconsidérément les époques, on brouille les personnages, on confond les nuances en les bigarrant. […] Il donna nombre de morceaux sur l’époque Louis XIII. […] Résumé sur l’ensemble de cette époque littéraire. — Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël et Chateaubriand. — Les Méditations de Lamartine et l’Indifférence de Lamennais. — Les deux Poésies en présence.
Admettez qu’un pareil état d’esprit soit universel à une époque ; on devine tout de suite les cultes, les légendes qui se formeront ; Ce sont celles des Védas, de l’Edda et même d’Homère. […] Il devenait attentif en les revoyant respirait plus vite, faisait une sorte de bruissement avec ses lèvres et, vers le troisième mois, souriait. — Ensuite il a reconnu les autres figures, celles de sa mère, de sa grand’mère, de sa petite sœur. — Vers la même époque, on voyait son attention se fixer sur le dos d’un fauteuil d’une couleur vive et tranchée, sur un rideau, sur le jour qui venait par la fenêtre, sur la lumière d’une lampe. […] La première184 qu’on peut appeler l’époque des racines, « est celle où chaque racine conserve son indépendance, où une racine et un mot ne présentent aucune distinction de forme ». […] « Aussitôt que des mots comme y perdent leur sens étymologique et deviennent les signes d’une dérivation ou d’un cas, la langue entre dans la seconde époque. — Cette seconde époque, qu’on peut appeler l’étape des terminaisons, est celle où, deux ou plus de deux racines se réunissant pour former un mot, la première racine garde son indépendance primitive, tandis que la seconde se réduit à n’être plus qu’une terminaison. […] Dans cette époque, les racines s’unissent en s’altérant toutes les deux, en sorte qu’aucune d’elles ne garde son indépendance substantive. » Toutes les langues rentrent dans l’une de ces trois catégories, et toute langue doit au préalable traverser la première pour arriver à la seconde, puis la seconde pour arriver à la troisième.
C’est avec la pointe de ce poignard qu’il devait graver en leur présence les cultes, les crimes, les vertus de l’époque qui ne lui cachait rien ; il prenait des notes en silence sur les événements, il venait de compulser ces notes et d’en publier le contenu dans huit ou dix volumes sur les terroristes et sur les thermidoriens, ces complices et ces vengeurs à la fois de Robespierre. […] II Le portrait de Marat à cette époque est le portrait de la Némésis populaire. […] Je n’avais pas assez sondé alors moi-même le creux vide de ces axiomes ; plein de Platon et de Fénelon à cette époque, je n’avais pas assez lu Aristote et Montesquieu, ces maîtres du vrai en politique. […] Cet abbé Lothringer, que la reine refusa obstinément d’entendre parce qu’il était à ses yeux schismatique, ne fut, selon l’abbé Lambert et selon d’autres documents de l’époque, qu’un intrigant sacré et intéressé, cherchant des prétextes de célébrité dans son obsession autour des victimes, et exploitant, sous la Restauration, les rapports mensongers qu’il prétendait avoir eus avec la reine. […] L’époque où nous écrivons nous-même n’est pas propice à ce jugement.
Il était loin de regretter ces temps de trouble et d’agitation féodale où les ambitions avaient toute carrière et où les facultés énergiques luttaient à nu : « Le repos, les plaisirs, dit-il en parlant de ces époques de ligue ou de fronde, avaient fait place au tumulte, à la méfiance, à la terreur, à tout ce que la fureur des conjurations, des cabales, peut inspirer de plus atroce. » Il se félicitait donc de vivre sous un régime qui avait mis fin à ce qui-vive perpétuel, et depuis que tout était réglé par l’autorité d’un maître : Cet état de choses (il écrivait cela aux derniers beaux jours de Louis XVI, en 1784) n’est pas favorable aux grandes pensées, mais il procure un calme sans lequel il n’y a point de bonheur. […] Qu’on compare maintenant les deux tableaux que je viens de présenter (celui de l’époque féodale et du régime monarchique), et qu’on prononce lequel vaut le mieux, ou celui de ces grandes scènes tragiques, ou la paix de notre siècle. […] Besenval était ami de Crébillon fils, et il le consultait sur ses essais littéraires, il fit même un roman dans le genre de l’auteur à la mode, qu’il admirait : ici il aurait pu lui donner des mémoires, et, pour marquer l’époque dans son plein, c’est assurément mieux qu’un roman de Crébillon que ces deux chapitres de Besenval. […] Quand il prévit que M. de Choiseul ne tarderait pas à tomber, il fut des premiers à résigner son emploi d’inspecteur des Suisses, qui ne lui promettait plus d’agrément : « Je me suis toujours étonné, remarque-t-il à ce propos, que les hommes qui font tant de choses pour avoir, ne sentent que bien rarement qu’il est des époques où il faut abandonner.