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1563. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Les femmes lui « accordent » du travail avec des airs de condescendance affreuse et les hommes croient qu’il n’y a pas à se gêner avec elle. […] Ils se gardent même de ce paradoxe facile, que la misère est un bon stimulant du travail et de l’inspiration. […] Elle regrette presque de n’avoir pas mal tourné elle aussi, tandis que Julie déplore d’être mariée et songe à fuir le toit conjugal pour vivre seule de son travail, dans une petite chambre, comme Caroline. « Ah ! […] Et, par surcroît, elle le condamne à mort ; car il est atteint d’une maladie qui exige le repos, et qui l’emportera s’il se remet au travail. […] Mais, dans la réalité, le plus grand « péché » de Jean de Sancy, ce n’est point ce meurtre accidentel, c’est bien l’inondation de la mine, c’est d’avoir détruit, par un caprice vaniteux, une somme énorme de travail humain, et d’un travail dont les fruits ne lui appartenaient pas.

1564. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Les espèces secondaires du genre théâtral se seraient à peine épuisées, que l’ordonnance de mon travail leur eût fait succéder celles de l’autre genre primitif que j’entreprends cette fois de vous analyser. […] Dégagé d’entraves, notre cœur s’épanouit, notre intelligence se relève, s’exalte, s’épure, notre raison se rassied, et notre courage s’étonne de s’être ralenti dans ses travaux. […] C’est ce travail élémentaire déjà fait dans les sciences, qui exige son accomplissement dans les lettres. […] Mes intimes liaisons avec le maître et le disciple m’inspirent un agréable pressentiment du succès de ce nouveau travail. […] Dirai-je même que je serais approuvé par La Harpe, de qui le travail sur la Henriade est, à peu d’articles près, la meilleure dissertation polémique, et l’une des plus éloquentes qu’il vous ait lues.

1565. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Depuis nos éditions précédentes, beaucoup de travaux ont été continués ou entrepris sur la vie de Molière. […] Il semble même, et notre travail nouveau, qui doit à l’obligeance de M.  […] Je divertis le prince par les spectacles que je lui donne ; je le rebuterai par un travail sérieux et mal conduit. […] « Molière, lui dit-il un jour, je vous fais venir peut-être trop souvent ; je crains de vous distraire de votre travail. […] Le véritable époux atteignit, au grand étonnement de ce singulier jury, le nombre des travaux d’Hercule.

1566. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Plus tard, il écrira : « Le travail est beau et noble. […] Travail diligent et subtil, consacré au seul amour ! […] C’est le travail des philologues : aventureux travail, et opiniâtre, et qui demande une dextérité merveilleuse, un tact infini, travail de l’imagination que guide l’amour de la vérité. […] … Non, philologues ; ce travail, il vous l’a laissé. […] Il nous fait assister à tout son travail : il laisse les échafaudages et veut que nous y grimpions avec lui.

1567. (1911) Études pp. 9-261

Elle a des élans sans doute, mais qui ne sont que la délivrance de la faculté poétique en travail. […] Rouault d’abord s’attache au modèle, le circonvient d’un travail obéissant, le sollicite de toute son application. […] À ces deux questions simultanées et contraires il doit répondre par son travail d’abord, ensuite par son repos. Par son travail il arrache à la terre tout ce qu’elle renferme de précieux, il réunit ses tendances obscures et en fait une pure idée. […] que je sois une note en travail !

1568. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Il fallait pour cet échange mutuel entre tout le monde et quelques-uns et pour ce second travail de la dissémination des lumières la lente action de deux siècles, une langue à l’usage de tous, non plus latine ni pédantesque, l’influence paisible et bienfaisante des chefs-d’œuvre, un frottement prolongé de société, et la coopération gracieuse d’un sexe que les Saumoise de tout temps n’ont apprécié que trop peu ; en un mot il fallait, après Scaliger, que vinssent Mme de La Fayette et Voltaire. […] Il rêve la bibliothèque publique et universelle avec la même persistance et la même chaleur que Diderot a pu mettre à l’Encyclopédie  ; il se consume à l’édifier par toutes sortes de travaux et de voyages ; il n’aime la gloire que sous cette forme, mais c’est à ses yeux une belle gloire aussi, et, au moment où il semble l’avoir atteinte, il échoue, ou du moins il peut croire qu’il a échoué. […] Il y aurait un beau travail à faire sur lui. […] Mais, sans parler des autres objections, comme cette apologie ne put être composée que vers ou après 1649, Naudé eut bien assez à faire, en ces années, avec son Mascurat d’abord, puis avec les tracas et calamités qui vont l’envahir, pour qu’on ne puisse lui imputer un travail dont on ne verrait d’ailleurs pas le but sous sa plume.

1569. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

On l’en a blâmé, nous l’en louons, et la postérité le louera avec nous de ce laborieux travail de décomposition et de composition des armées modernes. Ce travail est tel que, si, dans cinq ou six siècles, un homme d’État ou un homme de guerre à venir veut se rendre compte, sans erreur et sans effort, de la formation d’une armée au dix-neuvième siècle, il n’aura qu’à ouvrir l’Histoire du Consulat et de l’Empire, et l’armée moderne lui apparaîtra tout entière, recrutée, vêtue, armée, montée, hiérarchisée, disciplinée, commandée, vivant et combattant, comme ces modèles d’anatomie que l’on dévoile dans les musées pour découvrir aux initiés de la science les mystères de la structure humaine. […] Quel autre que lui pouvait avoir cette patience facile, quoique obstinée au travail, de rechercher dans cet océan de documents financiers, administratifs, diplomatiques, surtout militaires, qu’il fallait réunir et compulser pour présenter des états de situation de cet immense empire, depuis le dernier centime perçu sur le dernier contribuable de Hollande, de Prusse, d’Espagne, d’Italie, de France, jusqu’au dernier soldat recruté directement ou auxiliairement par tout le continent, des bords du Tage aux bords de l’Elbe ou aux embouchures de l’Escaut ? […] Il fallait pour ce travail surhumain le génie administratif, le coup d’œil du géographe ; l’amour du chiffre, cet élément constructif de toute chose numérique ; la passion de la vérité matérielle ; l’intelligence des détails, sans lesquels il n’existe pas d’ensemble ; l’habitude des négociations, qui fait comprendre la pensée voilée sous les dépêches ; l’instinct militaire, qui fait manœuvrer à tort ou à droit les masses ; le goût de l’héroïsme, qui anime l’historien du feu de la gloire ; l’ordre dans l’esprit, qui fait qu’on ne s’égare jamais et qu’on n’égare pas un soldat dans cette déperdition de millions d’hommes ; enfin le mouvement de l’esprit, qui se plonge lui-même avec vertige dans le tourbillon des événements, des campagnes, des batailles, des victoires ou des défaites qu’on retrace en courant à la postérité.

1570. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Séparés du monde qui leur est bien sévère, leurs travaux sont perpétuels, et leur triomphe va peu au-delà de leur existence. […] Avec une haute intelligence il a fait comprendre la fierté de Chatterton dans sa lutte perpétuelle, opposée à la candeur juvénile de son caractère ; la profondeur de ses douleurs et de ses travaux, en contraste avec la douceur paisible de ses penchants ; son accablement, chaque fois que le rocher qu’il roule retombe sur lui pour l’écraser ; sa dernière indignation et sa résolution subite de mourir, et par-dessus tous ces traits, exprimés avec un talent souple, fort et plein d’avenir, l’élévation de sa joie lorsque enfin il a délivré son âme et la sent libre de retourner dans sa véritable patrie. […] — Beaucoup de philosophes embrassent sa cause et la plaident, comme des avocats généreux celle d’un client pauvre et délaissé ; leurs écrits et leurs paroles aiment à s’empreindre de ses couleurs et de ses formes, leurs livres aiment à s’orner de ses dorures gothiques, leur travail entier se plaît à faire serpenter, autour de la croix, le labyrinthe habile de leurs arguments ; mais il est rare que cette croix soit à leur côté dans la solitude. — Les hommes de guerre combattent et meurent sans presque se souvenir de Dieu. […] Il avait l’estime et la gloire modeste de ses travaux auprès d’une épouse digne de son cœur ; il fut pour elle ce qu’il avait été pour sa mère.

1571. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Aristote a rencontré parfois ce bonheur ; et la logique, par exemple, a été construite de toutes pièces par ses seules mains, sans que ce prodigieux édifice eût été préparé par des travaux antérieurs, sans qu’il ait été agrandi ou changé par les travaux qui ont suivi. […] L’exil et la mort vinrent le surprendre à soixante-deux ans, avant qu’il eût pu mettre la dernière main à aucun de ses travaux ; et ses manuscrits, confus et inachevés, devinrent l’héritage d’un élève bien capable de les comprendre, mais qui ne prit pas la peine de les classer, laissant ce soin pieux à des mains moins habiles et moins éclairées. […] Mais, je le déclare, si ces travaux, tout admirables qu’ils peuvent être, n’aboutissent qu’à satisfaire une curiosité vaine ; si les doctrines auxquelles ils doivent conduire sont obscures ou fausses ; si en traitant longuement des facultés et des actions de l’âme, on oublie de se prononcer sur ses destinées, la science peut encore applaudir ; mais la philosophie n’obtient pas ce qu’elle demande : elle a manqué le but qu’elle doit poursuivre.

1572. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je le trouvai à déjeuner, et je m’assis en face de lui, pour causer sur les travaux qui nous occupent et qui se rapportent à la nouvelle édition de ses œuvres. […] Mon siècle tout entier différait de moi, car l’esprit humain, de mon temps, s’est surtout occupé de lui-même, tandis que mes travaux, à moi, étaient tournés surtout vers la nature extérieure ; j’avais ainsi le désavantage de me trouver entièrement seul. […] Je l’ai trouvé dans son cabinet de travail, causant sans lumière avec son fils et le conseiller aulique Rehbein, son médecin. […] Il me pria de tirer aussi horizontalement, et me donna pour but une tache dans les volets de son cabinet de travail.

1573. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je me suis servi, pour ce travail, d’une édition récente des œuvres de Swift, publiée à Londres en deux volumes grand in-8º, à 2 colonnes, et précédée d’une notice de Thomas. […] C’est plutôt par des jugements et par des pensées, par mes idées et par leur forme qu’en ce travail, comme partout, je m’efforce bien ou mal, d’être assez neuf ou assez intéressant pour mériter l’attention des quelques lecteurs dont l’approbation m’est chère. […] Je cherchai donc, à mon tour, à l’aide des données communes, et sans inventer ce que je ne pouvais découvrir, à retracer en quelques pages cette existence dont une ambition constamment déçue fait l’unité, à exposer et à étudier ces œuvres dont l’épanchement d’un cœur blessé fait la principale grandeur, et je soumets maintenant cet essai, avec une juste défiance, à ce petit nombre de personnes qui me récompensent amplement de mon travail en voulant bien me juger. […] Mais Aristote perdit patience quand je lui rendis compte des travaux de Scot et de Ramus, en lui présentant ces deux savants, et il leur demanda si tout le reste de leur espèce était composé d’aussi grands sots qu’eux-mêmes. » Après avoir échoué une première fois à son examen Bachelor-of-arts, l’indocile écolier fut reçu le 18 février 1686, avec cette mention speciali gratia.

1574. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Cependant deux ans plus tard, dans un rapport au roi Louis II de Bavière sur une ecole de musique allemande a Munich (Munich, 1863), Wagner aborde encore la question du théâtre idéal ; mais cette œuvre donne comme une vue d’ensemble sur tous ses travaux antérieurs, et les observations générales sur l’histoire et l’essence de l’art s’y trouvent, nombreuses. […] Et je reconnais aussi qu’une œuvre d’art aussi complètement originale et basée sur un travail musical on ne peut plus complexe, exige une initiation comme toute création de génie, et que cette initiation demande encore un effort qui disparaîtra graduellement à mesure que l’esprit s’habituera à cette nouvelle forme d’art, comme il s’est habitué à l’ancien opéra.. […] Long travail substantiel, historique, critique et philosophique. […] Frederic Grant Gleason, et a consacré au Maître une partie de son numéro du 13 février ; — et la « Gazette Musicale » de Milan, où paraît un travail de M. 

1575. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

VI Les mœurs, les travaux, les loisirs, les habitudes à la fois dignes et rurales que nous avions là sous les yeux, étaient bien propres à nous façonner l’âme et les sens à la vie antique et patriarcale des hommes homériques de l’Odyssée. Le château était une tribu dont le chef grec ou le scheik arabe était notre oncle ; les maîtres et les serviteurs y vivaient presque dans l’égalité et dans la familiarité de la tente antique ; la différence n’était que dans la diversité des soins et des travaux. […] VIII La tonte des brebis, le lavage des agneaux dans le bassin d’eau courante ; la dernière gerbe qui arrivait dans l’aire sur le dernier char de la moisson, festonné de bleuets, de pavots, de guirlandes de chêne ; la dernière gerbe battue, dont on apportait le grain dans une écuelle au maître du château pour la répandre sous ses pas et pour qu’il remplît à son tour l’écuelle vide de petites monnaies pour les batteurs ; la visite des étables, où les bœufs, les vaches, les taureaux, liés aux mangeoires par de grosses cordes, étalaient leurs flancs luisants et leurs litières dorées, témoignages des soins et de la propreté des bouviers ; les écuries des chevaux de trait, tapissées de harnais aux boucles de cuivre aussi éclatantes que l’or, le bruit de leurs mâchoires qui moulaient l’orge, la fève ou l’avoine entre leurs dents, délicieuse musique des râteliers bien garnis aux heures où le laboureur détèle trois fois par jour ses attelages ; les mugissements lointains des bœufs de labour répercutés d’une colline à l’autre, le matin avant que le soleil se lève ; les cris intermittents de l’enfant qui les chatouille de la pointe de l’aiguillon ; les claquements du fouet du charretier qui revient à vide de la ville où il a déchargé ses sacs de blé ; le roucoulement perpétuel des pigeons sur le toit du colombier ou sur la paille des basses-cours, ou ils disputent l’épi mal vidé aux poules ou aux passereaux ; les fêtes champêtres au château, fêtes qui marquaient pour les serviteurs et pour les mercenaires des hameaux voisins la fin de chaque travail essentiel de l’année ; les danses dans la grande salle délabrée quand la pluie ou le froid s’opposait aux danses sur les pelouses des parterres ; les préférences naissantes, les inclinations devinées, avouées, combattues, ajournées, triomphantes enfin entre les jeunes serviteurs de la ferme et les jeunes servantes de la maison ; les aveux, les fiançailles, les noces, les joies des épousées devenant la joie et l’entretien de toute la tribu ; enfin ces repos et ces silences complets des dimanches d’été succédant aux bruits de la semaine, silences délassants pendant lesquels on n’entendait plus autour du château et jusqu’au fond des bois que le bourdonnement des abeilles sur le sainfoin autour des ruches et le ruminement assoupissant des bœufs couchés sur les grasses litières dans les étables ; toutes ces scènes de la vie privée, quoique vulgaire, rurale, domestique, n’étaient-elles pas aussi riches de véritable poésie épique ou descriptive que les scènes de la vie publique dans l’Iliade, que les tentes des héros, les conseils des chefs, les champs de bataille d’Ilion ? […] « Laissez chanter ce qu’il veut à ce poète : les chants les plus nouveaux sont toujours ceux que les hommes rassemblés préfèrent ; retournez dans votre appartement ; reprenez vos travaux habituels, la toile et le fuseau.

1576. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Néanmoins tandis que d’un côté la puissance des rois s’est affermie, de l’autre ce germe de connaissances que François Ier avait contribué à faire éclore, fructifiait insensiblement dans le centre de la nation, sans se répandre beaucoup vers les extrémités ; c’est-à-dire, ni sur le peuple entièrement livré à des travaux nécessaires pour sa subsistance, ni sur les grands seigneurs suffisamment occupés de leur oisiveté et de leurs intrigues. […] Leur travail en profiterait ; il ferait moins de bruit, et n’en serait peut-être que meilleur. […] L’espérance richement parée se présente à eux pour guide, ayant à ses côtés la tromperie et la servitude ; derrière elle le travail et la peine (j’y aurais ajouté l’ennui, fils de l’opulence et de la grandeur) tourmentent ces malheureux, et enfin les abandonnent à la vieillesse et au repentir. » Je suis fâché que ce même Lucien, après avoir dit que la servitude chez les grands prend le nom d’amitié ait fini par accepter une place au service de l’empereur, et ce qui est pis encore, par s’en justifier assez mal. […] « L’accueil favorable, dit-il, que les savants ont déjà fait à ce fruit de mes travaux, m’a inspiré le désir et la confiance de vous l’offrir.

1577. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Shakespeare I2 Dans le travail entrepris par François-Victor Hugo, à l’éternel honneur de sa jeunesse, ce qui m’étonne et ce que j’honore le plus, ce n’est pas l’enthousiasme qui l’a commencé, mais la volonté qui l’a continué. […] ces différents travaux n’ont abouti à aucun résultat certain, même un des meilleurs, et peut-être le meilleur des critiques de Shakespeare, le poète Coleridge, qui a essayé plusieurs fois, avec une patience de Pénélope qui attend Ulysse, de reconstituer cet ordre chronologique, n’a pu nous éclairer par ce côté-là ce phénomène de production qui fut Shakespeare, dont la personnalité ne se démasqua jamais de son génie et qui est resté impénétrable pour son propre compte à travers le monde de personnages qu’il fit si merveilleusement parler ! […] mais excusable de la part d’un homme qui a été élevé de manière à croire que la première représentation d’Hernani fut un événement supérieur à la bataille de Tolbiac, la préface du Coriolan et du Roi Lear est un morceau très intéressant de renseignement, d’analogies heureuses, quelquefois même d’aperçu ; et entre tous les travaux critiques qu’a inspirés Shakespeare, ce n’est pas, à coup sûr, le moins distingué. […] Elle attachait un rêve à chaque coup qu’elle donnait à la pauvre feuille déchiquetée ; mais qui pouvait reconnaître, dans le travail de sa rêverie, la feuille brillante de l’arbre immortel dont on couronne le front des héros et des dieux ?

1578. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

L’excès quel qu’il soit, sauf celui du travail, qu’il ne considère pas comme un excès, le choque, le désole et le désespère. […] C’est que Bayle est sceptique si à fond qu’il l’est jusque dans ses habitudes de travail. […] Il est de très bonne santé, de tempérament calme, de travail facile et de cœur froid. […] Ses amusements étaient des travaux moins pénibles. […] Il s’arrête au milieu de son long travail pour s’écrier : « Vierges du mont Piérie, entendez-vous le nom dont je vous nomme ?

1579. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Au lieu de voir en lui ce qu’il était avant tout, un caractère et une capacité rare, diverse et complexe, formée avec travail et appliquée au fur et à mesure aux diverses circonstances et difficultés de son temps, on lui prêta une doctrine générale, philosophique, d’après le Télémaque ou d’après les économistes. […] En une nuit, il y ordonna un tel travail qu’il le rendit imprenable aux troupes de la Ligue ; et Henri III, qui alors était uni avec le parti de Navarre, l’étant venu visiter le matin, en fut émerveillé et lui dit : « Hé quoi, monsieur de Rosny !

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc. […] Ce héros, messieurs, eut alors la bonté de me dire la pensée qu’il avait de vous rendre arbitres de la capacité, du mérite et des récompenses de tous ces illustres professeurs qu’il appelait, et de vous faire directeurs de ce riche et pompeux prytanée des belles-lettres, dans lequel, par un sentiment digne de l’immortalité, dont il était si amoureux, il voulait placer l’Académie française le plus honorablement du monde, et donner un honnête et doux repos à toutes les personnes de ce genre, qui l’auraient mérité par leurs travaux.

1581. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Rousseau, à peine arrivé en terre libre, à Yverdun, s’était empressé d’écrire à M. et à Mme de Luxembourg ainsi qu’au prince de Conti, pour les remercier de leurs bontés ; dans ces premiers moments d’inquiétude et de délivrance, ses sentiments obéissant à la pente naturelle n’étaient pas encore aigris par la réflexion, ni son jugement faussé par la méfiance : il faut du temps et du travail pour en venir à sophistiquer et à se dénaturer à soi-même cette première sincérité des impressions involontaires. […] Vous voulez devoir votre subsistance à votre travail ; mais, dans le lieu que vous avez choisi, dans l’état où vous êtes, quelles occupations peuvent vous convenir ?

1582. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il avait eu une grande part à la Paix de l’Église ; il savait ce qu’elle avait coûté de peines et de travaux… L’archevêque étouffait d’abord, autant qu’il le pouvait, toutes les semences de discordes, persuadé, comme tous ceux qui sont propres au gouvernement, que jamais une affaire n’est plus aisée à terminer que dans le moment de sa naissance, et qu’il est incomparablement plus aisé de prévenir les maux que de les guérir. […] Le rôle de spectateur désintéressé était évidemment le meilleur ; c’était celui de l’abbé Legendre : « Tant que dura, dit-il, cette comédie dont je connaissais les acteurs, le plaisir que j’avais les après-dîners d’en apprendre les scènes nouvelles aidait à me délasser du travail sérieux du matin. » Quelques années après, lors de la querelle des Anciens et des Modernes, qui s’émut à l’occasion du poème du Siècle de Louis le Grand, lu par Perrault à l’Académie, en 1687, M. de Harlay ne pensa plus à rétablir la paix et l’union parmi ses confrères ; mais il s’amusa à faire traiter devant lui la question ; il fit plaider le pour et le contre par deux avocats d’office qu’il désigna : Martignac, ancien précepteur de son neveu, et l’abbé de La Vau.

1583. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Alfieri était mort le 8 octobre 1803, à cinquante-quatre ans, usé et consumé avant l’âge, épuisé par la fièvre et la rage du travail. […] Imaginez-vous que, depuis dix ans, je ne l’avais plus quitté, que nous passions nos journées ensemble : j’étais à côté de lui quand il travaillait, je l’exhortais à ne pas tant se fatiguer, mais c’était en vain : son ardeur pour l’étude et le travail augmentait tous les jours, et il cherchait à oublier les circonstances des temps en s’occupant continuellement.

1584. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Il a fort puisé, pour ce travail, dans un volume précédemment publié à Genève (1857), et dans lequel on a recueilli, avec des fragments du Journal intime de Sismondi, une série de lettres confidentielles et cordiales adressées par lui à deux dames de ses amies, l’une italienne, l’autre française, et au célèbre réformateur américain Channing : on y voit le cours de ses sentiments en politique, en religion, en toute chose, le fond même de son âme. […] Les femmes et les enfants s’occupent sans cesse à les cueillir ou à les relever, et leur travail présente une tout autre image que celle de l’hiver. » J’ai mis tout le tableau, moins quelques lignes.

1585. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Viguier, ce savant émule et ce contemporain de tous nos maîtres, aurait tort de penser que, pour s’y prendre d’une autre sorte devant un public qui nous commande aussi et que nous avons à satisfaire, on ne l’a pas lu et qu’on n’a pas profité de son travail excellent. […] Viguier a fait plus : dans un travail comparatif d’une exquise finesse, et qui suppose la connaissance la plus délicate des deux idiomes, il a essayé de nous faire pénétrer dans le mystère de la végétation et de la transfusion de la sève ; il a étudié et injecté à l’origine jusqu’aux moindres fibres et aux moindres vaisseaux capillaires.

1586. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Il persévéra dans ses habitudes solitaires, dans les travaux parfois fastidieux imposés à son honorable pauvreté. […] Son type regretté, auquel il rapporte constamment la société présente, c’est un certain état antérieur de l’homme, état patriarcal, nomade, participant de la vie des laboureurs et des pasteurs, sans professions déterminées, sans classement de travaux, sans héritages exclusifs, où chaque individu possédait en lui les éléments communs des premiers arts, la  généralité des premières notions, la jouissance assidue des pâturages et des montagnes.

1587. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

A conjecturer pourtant, comme il est permis, d’après l’ensemble et le terrain courant des générations survenantes, l’imagination pourrait sembler dorénavant avoir moins de chances pour les grandes œuvres, que l’érudition et la critique pour les travaux historiques dans tous les sens, et que l’esprit pour les charmants gaspillages de tous genres. […] qu’on me rende la race de ces honnêtes gens de talent qui faisaient tout bonnement de leur mieux, avec naturel, travail et sincérité.

1588. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Si la mer est peuplée de barques de pêcheurs comme un village flottant, on songe à la joie des chaumières qui attendent le soir le fruit du travail du jour, on voit sur la côte s’allumer une à une les lampes des phares, étoiles terrestres des matelots […] VIII Fénelon entremêlait à ces travaux et à ces devoirs de sa profession des correspondances intimes, pleines d’onction sainte et d’enjouement avec ses amis.

1589. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Malherbe, Du Vair, Montchrétien, Olivier de Serres, Régnier, chacun à sa façon, avec les nuances de son caractère, traduisent ce réveil de la foi monarchique dans laquelle s’unissent le patriotisme et l’amour du travail pacifique. […] Baudrillart, Olivier de Serres, sa vie et ses travaux, 1886.

1590. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Mais le travail était sur tout rendu malaisé parce qu’il s’agit de deux poètes modernes qui, en véritables poètes, ont dit indirectement ce qu’ils avaient à dire en réfléchissant leur pensée sur des images et des symboles. […] C’est le cas ordinaire pour les « travaux de longue haleine »… Mais n’y aura-t-il pas symbole si l’idée et le songe qui l’environne se développent en l’unanime adhésion des formes, — si les formes restent concordantes en leur variété multipliée et dérivent naturellement de la forme première par analyse ou par antithèse ?

1591. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

En somme une industrie quelconque où, dans l’actuelle division du travail, le dramaturge opère entre un imprésario, des décorateurs, des machinistes, des acteurs et des curiosités. […] Le travail intellectuel de l’homme se borne à sentir, et après qu’il a senti, à idéer.

1592. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

En somme, une industrie quelconque où, dans l’actuelle division du travail, le dramaturge opère contre un impresario, des décorateurs, des machinistes, des acteurs et des curiosités. […] Le travail intellectuel de l’homme se borne à sentir et, après qu’il a senti, à idéer.

1593. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Leurs successeurs auraient grand tort de ne pas tenir compte du précieux travail accompli par tant d’illustres devanciers. […] Mais, si ce travail de dissection nous révèle l’existence de tels ou tels caractères, il ne nous apprend rien sur la valeur esthétique qu’on doit leur assigner.

1594. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Toutefois, à partir d’une certaine heure, il se trouva insensiblement plus pris par la littérature, par les travaux et par les devoirs que lui imposaient des obligations honorables, et par l’ambition naturelle à l’âge mûr ; cet homme judicieux sentait qu’il fallait se donner de nouveaux motifs de vivre à mesure qu’on perdait de la jeunesse. […] C’était là, sans nul doute, un travail fort délicat ; mais M. 

1595. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Puisse le travail, puisse l’aisance modérée, l’aisance toujours achetée et toujours surveillée qu’il procure, puisse la moralité qu’il introduit et qu’il entretient dans toutes les classes, devenir de plus en plus l’habitude et la loi de la société nouvelle ! […] À la date où Lauzun faisait ce raisonnement de prodigue, Franklin arrivait comme ambassadeur de son pays à la cour de France, Franklin représentant le génie du bon sens, du travail et de l’économie, tout l’opposé d’un Lauzun.

1596. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Les sept ou huit premières strophes sont consacrées à peindre le génie dans la profondeur de ses découvertes et dans la majesté de ses systèmes : « Tel éclatait Buffon… » — Puis paraît l’Envie, ameutant les puissances odieuses, et elles essayent de ravir ce favori et ce peintre auguste de la nature à l’honneur de ses immortels travaux. […] Un second coup d’un autre genre qu’il éprouva et qui acheva de rompre ses projets de poèmes et de longs travaux, fut la banqueroute du prince de Guémené, chez qui il avait placé sa modique fortune (1783).

1597. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Il pensait, et il le dit expressément à son fils, que « les empires ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et par le travail ». […] Le travail de M. 

1598. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Je suis soutenu dans ce travail par un secours inappréciable, par une lecture rapide des Mémoires mêmes du maréchal, qu’il a légués à Mme la comtesse de Damrémont, et dont, avec une confiance qui m’honore, elle a bien voulu me laisser prendre à l’avance quelques notes et quelques extraits. […] Dès le mois de mars précédent, il avait été élevé à la dignité de duc de Raguse pour récompense de son administration vigilante et créatrice dans cette province inculte de Dalmatie : « Quatre-vingts lieues de belles routes, dit-il, construites dans les localités les plus sauvages, au milieu des plus grandes difficultés naturelles, ont laissé aux habitants des souvenirs honorables et qui ne périront jamais. » Ces travaux étaient exécutés par les troupes, qui, noblement inspirées de la pensée civilisatrice du chef, y mettaient leur orgueil comme à une victoire.

1599. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

« Il était né penseur, et les pensées d’autrui ne pouvaient se mêler avec les siennes. » Ce qu’il devait être un jour, ce n’était que par un long travail intérieur qu’il était destiné à le devenir. […] Necker y rappelait en style peu pratique quelques vérités d’expérience ; on a remarqué depuis qu’il y parlait de la propriété et des propriétaires un peu légèrement, et qu’il y présentait ceux qui vivent de leur travail ou les prolétaires comme étant toujours la proie des premiers : « Ce sont, disait-il, des lions et des animaux sans défense qui vivent ensemble ; on ne peut augmenter la part de ceux-ci qu’en trompant la vigilance des autres et en ne leur laissant pas le temps de s’élancer. » M. 

1600. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

C’est pour se distraire, pour chercher à soulager et à remplir son âme, qu’il conçut son travail estimable contre les athées, les incrédules du temps et les railleurs, et qu’il intitula : De l’importance des opinions religieuses (1788) : Mes pensées, dit-il, ne pouvant plus s’attacher à l’étude et à la recherche des vérités qui ont l’avantage politique de l’État pour objet ; mon attention ne devant plus se fixer sur les dispositions particulières de bien public qui sont nécessairement unies à l’action du gouvernement, je me suis trouvé comme délaissé par tous les grands intérêts de la vie. […] Par ces divers travaux religieux dans lesquels il a soigneusement évité de marquer les points qui auraient fait sentir un désaccord avec l’Église catholique, M. 

1601. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Pourtant, quoi qu’il fasse, et malgré les transformations ou les échecs que subira sa nature morale première, malgré les démentis et les étonnements qu’elle pourra donner à ceux qui l’auraient jugée plus pacifique et plus pure, c’est sur ces premiers fondements que la force d’âme de Frédéric reposa toujours ; c’est en vertu de l’éducation énergique et de la discipline de ces huit années qu’il demeura constamment l’homme du travail, du devoir et de la patrie. […] Ce passage a cela de remarquable qu’il définit admirablement à l’avance les caractères du génie et de la destinée du grand Frédéric, lequel en effet a dû s’appliquer à faire naître les circonstances, ou à s’y approprier au fur et à mesure qu’elles naissaient ; qui porte en tout et qui met à tout le cachet de la volonté, du travail et d’un certain effort, et qui ne le recouvre et ne le revêt point de splendeur, de spontanéité et de poésie, comme il arriva plus tard dans l’apparition étonnante et tout d’un jet de Napoléon.

1602. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

En outre, l’idée de l’inconnaissable, combinée avec les idées du connaissable, a une influence morale que nous avons déjà signalée ailleurs143 et sur laquelle nous reviendrons un jour dans un travail consacré spécialement aux fondements de l’éthique. […] La régularité et la pureté des idées mathématiques sont des qualités négatives, qui nous plaisent parce qu’elles simplifient le travail de notre pensée ou de nos yeux pour les embrasser.

1603. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Nous ne devons plus avoir d’autre pensée et, par conséquent, pas d’autre distraction que le travail. […] Pour nous, une année de travail heureux est écoulée.

1604. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

L’Exposition de la doctrine (1829-1831) est un travail collectif de Rozand, Enfantin, Olinde Rodrigues, Carnot. […] Quand Zola fait dans Travail une revue des grands utopistes, des constructeurs de l’avenir, c’est devant Fourier qu’il s’arrête avec le plus de sympathie, c’est en somme en faveur de Fourier que conclut le bourgeois naturaliste. […] On verra dans une autre partie de ce travail, quelles dates capitales ont été pour elles 1815, 1830-1834, comment la littérature a été orientée et modifiée par l’ampleur brusque donnée à ces moyens de diffusion. […] Dans cette solitude des îles, où sa famille et Juliette Drouet l’avaient accompagné, où la production régulière, six heures de travail chaque matin, était devenue la vraie substance de sa vie, où la méditation de la mer et de Dieu, de la vie et de la mort, l’occupaient puissamment, il atteignit une force surhumaine d’expression et de création. […] S’agirait-il, à la table de travail, du monologue par abandon à la phrase, à la pente de la parole intérieure et aux chevaux de la pensée ?

1605. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

Mais cet essai de travail, je l’ai fait ailleurs55, et je n’y saurais revenir ici.

1606. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Je n’en dirai pas plus, et je renvoie ceux qui veulent une discussion véritable et complète au travail de M. 

1607. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Cette Revue avait publié précédemment un important travail de M.

1608. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Ampère, par exemple, le travail serait facile, et M. 

1609. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Sa vie entière s’était consumée dans cette lutte subtile ; ses facultés s’y étaient resserrées ; et, grâce à tant de travail sur elle-même, nulle femme ne possédait à son égal l’entente profonde et déliée des tracas de salon ; c’était une gloire dans la société, mais, en même temps, un obstacle à l’intelligence des grandes affaires.

1610. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

⁂ L’usage des termes techniques n’est donc qu’une indication de travail chez Huysmans, romancier.

1611. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

La plupart des hommes, absorbés par les affaires, ne cherchent, en Angleterre, le plaisir que comme un délassement ; et de même que la fatigue, en excitant la faim, rend facile sur tous les mets, le travail continuel et réfléchi prépare à se contenter de toute espèce de distraction.

1612. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Sans cesse la main de fer de la destinée repousse l’homme dans l’incomplet, il semble que le bonheur est possible par la nature même des choses, qu’avec une telle réunion de ce qui est épars dans le monde, on aurait la perfection désirée ; mais dans le travail de cet édifice, une pierre renverse l’autre, un avantage exclut celui qui doublait son prix ; le sentiment dans sa plus grande force est exigeant par sa nature, et l’exigence détruit l’affection qu’elle veut obtenir.

1613. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

La première elle a senti ce qu’il y a de grandeur et de poésie dans sa simplicité, dans sa patience, dans sa communion avec la Terre ; elle a goûté les archaïsmes, les lenteurs, les images et la saveur du terroir de sa langue colorée ; elle a été frappée de la profondeur et de la ténacité tranquille de ses sentiments et de ses passions ; elle l’a montré amoureux du sol, âpre au travail et au gain, prudent, défiant, mais de sens droit, très épris de justice et ouvert au mystérieux… Ce que nous devons encore à George Sand, c’est presque un renouvellement (à force de sincérité) du sentiment de la nature.

1614. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Pierre, dans Pierre et Jean et le héros de Fort comme la mort, et celui de Notre Coeur, durant ses promenades dans la forêt de Fontainebleau, nous montrent à quel point le travail d’une idée fixe, altérant sans cesse, pour celui qui en est possédé, les rapports habituels des choses, le peut rapprocher de la folie.

1615. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Analysant à l’extrême la force des mots, il concentra sous chacun le plus d’expression par le travail d’un esprit généralisateur que nul ne put égaler.

1616. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Je m’applique à ce dur travail obstinément.

1617. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Il convient cependant de joindre dès maintenant à ce travail un exemple qui montre son utilité pratique.

1618. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Cette vie imposante de l’artiste civilisateur, ce vaste travail de philosophie et d’harmonie, cet idéal du poëme et du poëte, tout penseur a le droit de se les proposer comme but, comme ambition, comme principe et comme fin.

1619. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Son livre étoit le fruit d’un travail immense, d’une connoissance profonde des hommes & du barreau.

1620. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

On m’a adressé, à l’occasion de ces études, quelques observations judicieuses auxquelles je crois devoir répondre, pour bien faire comprendre l’esprit et l’objet de ce travail.

1621. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

« Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à Dieu… « Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits, qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis.

1622. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Un poëte mediocre peut à force de consultations et de travail faire un plan regulier, et donner des moeurs décentes à ses personnages ; mais il n’y a qu’un homme doué du genie de l’art qui puisse soutenir ses vers par des fictions continuelles, et par des images renaissantes à chaque periode.

1623. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

Le plomb dispersé de quelques articles cinglants est, en se ramassant, devenu la balle mortelle d’un livre, — une balle d’argent ou d’or, qui n’en tue pas moins comme la balle de Robin-des-Bois, et même plus sûrement, car elle est mâchée… L’auteur de ce livre, qui aurait dû en fierté délicate se nommer, puisque son livre était une attaque, — (il s’est nommé dans la revue où son travail parut pour la première fois, mais ceux qui maintenant liront le livre n’auront peut-être pas lu la revue), — pourquoi tairions-nous son nom, nous ?

1624. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

« Une vie retirée, libre, indépendante des volontés ou des caprices d’un autre, une vie d’études et de travail », voilà le but et le désir de cet enfant merveilleusement intelligent et totalement dépourvu.

1625. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Opera dans sa signification primitive est le travail d’un paysan pendant un jour.

1626. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Le temps est si précieux, que j’ai cru ne pouvoir pas me trop hâter dans ce travail ; mais la crise violente et l’excès de fermentation qu’il y a ici m’ont heureusement fourni des moyens de prompte instruction, qui, dans un temps plus tranquille, auraient demandé de plus longues recherches. […] Je finis ma dixième heure de travail depuis hier au soir, et je suis excédé de toutes les peines de corps qu’il m’a fallu me donner depuis quelques jours. […] Le billet est trop joli pour ne pas être cité : 29 pluviôse an vi. — Ménagez-vous, je vous en conjure, mon cher voisin, et faites trêve au travail jusqu’à votre parfait rétablissement.

1627. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

« Mon fils, si tu désires tant conduire dans ta demeure une fiancée afin que la nuit soit aussi pour toi une douce moitié de la vie, et que le jour tu trouves le travail plus agréable et plus récompensé, tu ne peux pas le désirer plus vivement que ton père et que ta mère ! […] Ma mère désirait depuis longtemps avoir dans sa maison une jeune fille qui lui devînt utile, non seulement par son travail, mais aussi par son affection, et qui remplaçât auprès d’elle la fille qu’elle a malheureusement perdue ! […] Sans passer, comme tant d’autres hommes de renommée, par les transes du travail et de l’infortune, il avait conquis du premier coup la plénitude du bien-être, du loisir, des honneurs, de la liberté et de l’influence sur son siècle.

1628. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Autour des couvents, de petits champs, conquis sur le roc ou le torrent, semblaient cultivés comme les parterres les plus soignés de nos maisons de campagne, et çà et là on apercevait ces maronites, vêtus de leur capuchon noir, qui rentraient du travail des champs, les uns avec la bêche sur l’épaule, les autres conduisant de petits troupeaux de poulains arabes, quelques-uns tenant le manche de la charrue et piquant leurs bœufs entre les mûriers. Plusieurs de ces demeures de prières et de travail étaient suspendues avec leurs chapelles et leurs ermitages sur les caps avancés des deux immenses chaînes de montagnes ; un certain nombre étaient creusées comme des grottes de bêtes fauves dans le rocher même. […] Mais bientôt le soleil tomba, les travaux du jour cessèrent, et toutes les figures noires répandues dans la vallée rentrèrent dans les grottes ou dans les monastères.

1629. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ainsi, au mois de juin 1628, il n’avait pu achever un travail sur Dieu, faute d’avoir le sens rassis. […] Grandeur et importance pratique des idées, exactitude du langage ; le discours réduit à ce qui est essentiel ; les nuances négligées ; l’auteur au service de sa matière ; le soin de prouver substitué au stérile travail d’orner, l’éloquence elle-même remplaçant l’image fardée qu’en avait donnée Balzac, c’est là Descartes, et c’est là le dix-septième siècle ! […] Si le lecteur n’arrive pas jusqu’à la force du mot, c’est par trop peu d’attention ; s’il la dépasse, c’est que son imagination s’est ingérée dans le travail de sa raison.

1630. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Le poète lui-même, au moment où il est inspiré, ignore ce qui l’inspire ; et c’est parce que le secret de son travail lui échappe qu’il en fait honneur à la muse, et qu’il transforme sa plume en une lyre mystérieuse touchée par des doigts divins. […] Mais il fallait l’universalité de Fontenelle pour faire valoir cette idée, et pour apprendre à l’Europe savante quelle était sa part dans ce travail si divers, par lequel s’améliore incessamment la condition matérielle de l’homme. […] Mais jeune, il la cherchait ; vieux, elle lui est naturelle ; c’est un fruit mûr, en sa saison, du travail et de la vie.

1631. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Un travail aussi compliqué où s’emploient des forces aussi diverses et aussi incohérentes, ne peut éviter les erreurs et les déviations, les dégradations mêmes. […] Le public apprend de temps en temps qu’un conflit s’est élevé entre les bureaux de la Guerre et ceux de la Marine, ou bien que le ministre des Travaux publies juge indispensables des dépenses que le ministre des Finances déclare impossibles. […] Ainsi l’on encourage au travail un élève peu intelligent mais ambitieux et persévérant.

1632. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

La théologie y est tout, et, si la direction des études y manque de force, c’est que l’ensemble du catholicisme, surtout du catholicisme français, porte très peu aux grands travaux. […] Si l’on n’a point l’amour du travail, on peut ne rien faire, et il faut avouer qu’un grand nombre usent largement de la permission. […] La contradiction des travaux philosophiques ainsi entendus avec la foi chrétienne ne m’apparaissait point encore avec le degré de clarté qui bientôt ne devait laisser à mon esprit aucun choix entre l’abandon du christianisme et l’inconséquence la plus inavouable.

1633. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Remarquons, en effet, que de nombreuses légendes, Geneviève de Brabant par exemple, ont un sujet analogue, et se passent dans le même pays ; remarquons aussi qu’une aventure presque identique est rapportée, avec la date de l’année 711 et Nimègue pour théâtre, dans l’histoire des ducs de Clèves, dont la source principale est le travail d’Hélinand (Hélinandi frigidi Montis monarchi ord. […] Son travail est aussi le plus remarquable et le plus remarqué de tous ceux que la Valkyrie a fait éclore. […] Il s’agit de l’Opéra Garnier, appelé aussi Palais Garnier, inauguré en 1875 et réalisé dans la période de grands travaux organisés par Napoléon III et le préfet Haussmann.

1634. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Mais l’un (Rousseau) fut un pauvre rongé d’orgueil, de haine et d’envie, d’une bassesse de cœur égale à la bassesse de sa fortune, préférant la domesticité au travail, et, sans fierté comme sans courage, flagornant ceux qu’il appelait, quand ils n’étaient pas là, ses oppresseurs. ; tandis que l’autre (Proudhon), incorruptible à la pauvreté, — qui, allez ! corrompt autant que la richesse, répugnant également à tout servage et à toute fainéantise, resta un ouvrier aux mains pures comme son cœur, ne repoussant jamais sa besogne de misère comme indigne de son génie, quoiqu’il sentit pourtant bouillir en lui des facultés qui s’élançaient par-dessus le travail de ses mains ! […] Il les tient au courant de ses travaux et des développements de sa pensée, et s’il leur parle de ses misères, c’est qu’elles nuisent à sa vie de penseur.

1635. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Ou bien encore ce sera un château de cartes laborieusement monté : la première qu’on touche hésite à se déranger, sa voisine ébranlée se décide plus vite, et le travail de destruction, s’accélérant en route, court vertigineusement à la catastrophe finale. […] Une femme acariâtre exige de son mari qu’il fasse tous les travaux du ménage ; elle en a consigné le détail sur un « rôlet ». […] II. — « Nous rions toutes les fois que notre attention est détournée sur le physique d’une personne, alors que le moral était en cause » : voilà une loi que nous avons posée dans la première partie de notre travail.

1636. (1883) Le roman naturaliste

Oui, mais, fit observer quelqu’un, si pourtant ce mollusque ou ce poisson n’existait pas, que resterait-il bien du travail que vous nous vantez ? […] Comme, en effet, au travail ordinaire de concentration et de raccourci, c’est un travail de dispersion des parties que l’on a substitué, il devient très difficile au romancier de se reconnaître lui-même, et de se retrouver au milieu de cette diffusion des détails caractéristiques. […] tant enfin les moindres reprises du dialogue y sont conformes au secret du caractère et au travail latent de la pensée ! […] Le travail est le même que celui d’un peintre hollandais en présence de son sujet. […] au moment de me mettre à ce travail, je trouve que les livres écrits sur les femmes par les hommes manquent… manquent de la collaboration féminine ».

1637. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il jeta alors dans un tiroir son roman inachevé, et se remit à son travail de critique et d’historien. […] Elle est entrée dans le cabinet de travail de papa. […] Henry Bordeaux n’écrit pas à la sueur de son front, que son travail est facile et paisible, lisse et sec. […] Considérons la seule œuvre qui, produite par le génie, ait pour sujet le travail du génie, La Recherche de l’Absolu. […] La composition, la distribution des matières, le plan, sont, pour un discours ou pour un drame, un travail préparatoire indispensable.

1638. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Je ne puis que renvoyer le lecteur aux remarquables travaux de M.  […] Ces travaux d’approche nous ont conduits au centre de la vision du poète. […] Dans l’impossibilité où je suis de condenser en une définition le talent d’Henri de Régnier, force m’a été de procéder par circonvolutions et travaux d’approche. […] C’est dans notre pays amical et voilé qu’il y a lieu d’ordonner notre vie, c’est selon la loi qu’il nous impose qu’il convient de régler nos sentiments et de concerter nos travaux. […] Il n’entre pas dans mon dessein d’analyser en détail ces travaux.

1639. (1903) Le problème de l’avenir latin

‌ Durant les derniers siècles de l’Empire, un immense travail intérieur s’était accompli. […] Il n’y a pas de partie dans l’œuvre de réforme plus importante que celle-ci : elle est à la racine de tout et la condition sine qua non du travail ultérieur. […] Ce mode de reconstitution physique de la race par un travail opéré sur l’ensemble d’une génération naissante serait un moyen, le premier qui s’offre à la pensée. […] La réforme mentale Après le travail opéré sur les corps, travail fondamental et primordial, rien ne le cède en importance à l’œuvre de renseignement. […] Le travail de l’architecte et du constructeur s’effectuera ensuite.

1640. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Si le travail pouvait devenir génie, assurément M.  […] Deux hommes qu’on nous dit être jeunes, mais dont la physionomie, assombrie prématurément par les travaux de la pensée, donnait à leur extrait de naissance un démenti de quelque vingt ans, discutaient à voix haute dans la pièce où nous entrâmes. […] Quel travail s’est fait depuis dans la conscience humaine ! […] Après la publication et le demi-succès de leur double travail sur la société française, pendant la Révolution et la période du Directoire, MM.  […] Castille, en y apportant les défauts de son esprit, y a révélé des qualités tout à fait nouvelles et puissantes. — Ces travaux, abstraction faite de sa doctrine et de ses tendances, annoncent un remarquable écrivain politique et un historien qui grandira.

1641. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

. — Travail ordinaire de l’écorce cérébrale. — Son œuvre est une combinaison incessante des impressions actuelles et des clichés anciens. […] Il semble que ce mouvement soit toujours conçu, imaginé, désiré, voulu, mais inutilement ; la poignée corticale d’un des mécanismes moteurs est cassée, et, faute de prise, le patient ne peut plus faire jouer le mécanisme. — Grâce à ces récentes découvertes, nous pouvons nous représenter avec plus de précision le travail qui s’accomplit dans l’écorce cérébrale. […] Arrivée à la cellule, cette onde y provoque un changement moléculaire encore plus grand ; nulle part, dans les tissus organisés, l’usure et la réparation ne sont si rapides153 ; nulle part il ne se produit un travail si actif et un si grand dégagement de force. […] Dans l’atelier, le travail est double : d’une part, sous l’impulsion du dehors, il compose incessamment des mots qu’il envoie dans les magasins où ils se transcrivent en clichés fixes ; d’autre part, les magasins lui envoient incessamment des clichés fixes qu’il transcrit en lettres mobiles ; et l’œuvre qu’il produit à la lumière est une combinaison continue des mots nouveaux qu’il compose et des mots anciens qu’il transcrit. […] On a réuni plusieurs observations d’hommes qui, à la suite de profondes blessures latérales de la tête, suivies de pertes de substance cérébrale, n’ont éprouvé aucune diminution de leurs facultés, mais s’épuisaient rapidement et étaient forcés, après un court travail intellectuel, de s’arrêter et de se livrer au repos complet ou même au sommeil. » 139.

1642. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Il lui eût tant plu de se mêler à ces rudes travaux, à ces mâles amours. […] Dans sa boutique basse, voici le menuisier obstinément penché sur son travail symétrique, depuis des temps qu’on ne sait pas ; voici le sonneur sonnant son glas affolé tandis que l’anachronique clocher croule dans l’incendie ; le blanc cordier visionnaire qui semble attirer à lui les horizons, et enfin, vision macabre et triomphatrice : le Fossoyeur apparaît, qui, halluciné par son ultime sacerdoce,               … regarde au loin les chemins lents Marcher vers lui, avec leurs poids de cercueils blancs. […] Les grands efforts scientifiques de Taine et d’Auguste Comte, les travaux des socialistes allemands et français avaient conquis les intelligences. […] Si elle étudie un paysan, ce n’est point dans sa pensée (par quoi il se restreint à soi), ni dans ses petites passions (par quoi il ne communique qu’avec un ou deux êtres), mais dans son travail (qui, malgré tout, demeure le centre de son destin), parce qu’alors il devient un héros. […] répondit par un célèbre impromptu où entre maintes jolies choses, il disait : D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme             Faire une perle d’une larme 4.

1643. (1902) La poésie nouvelle

Un tel travail accaparait toute l’attention de l’ouvrier, — et pour l’idée celui-ci n’avait plus de forces disponibles. […] L’erreur fut de transformer en un dogme scientifique ce qui ne devait être qu’une méthode de travail. […] On s’appliqua systématiquement à rendre la versification plus compliquée, le travail du poète plus ardu. […] Or, dans le travail de révision qu’il entreprit, la plus grande transformation qu’il fit subir à ses anciens poèmes fut de les récrire en vers libres. […] Une force inouïe est au travail et la besogne qu’elle accomplit, confuse en apparence, a la sereine majesté des grandes révolutions cosmiques.

1644. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

On me remet à l’instant le crayon d’un travail relatif à l’influence de George Sand sur le développement du génie de Musset. […] Elle sera le pigeon gardant le pigeonnier et indiquant au pigeon aventureux « les travaux, les dangers, les soins du voyage » et lui disant : « Vous voulez quitter votre frère ?  […] Évidemment, les Burgraves ont eu leur influence subconsciente sur le travail de M.  […] C’est son cabinet de travail. […] M. qui habite un petit logement rue Wowenberg, était soupçonné de nourrir par son unique travail sa vieille mère, sa femme et trois enfants.

1645. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’élève de Gottfried cède à son entrain ; la vergogne ne lui semble-t-elle pas un travail de virtuosité ? […] L’exégèse de Flaubert s’est enrichie de quelques récents travaux. […] Cependant, le style lui était un dur travail ; il en parle comme d’un supplice. […] Tout le travail de la science, tout l’effort de la pensée et toute l’activité de la vie consistent à faire au scepticisme sa part. […] Mais, le travail des théosophes, on l’a examiné de près : on l’a vu tout plein de fraudes évidentes et souvent grossières.

1646. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Ouvriers et bourgeois, affranchis, enrichis, parvenus, ils sortent des bas-fonds où ils gisaient enfouis dans l’épargne étroite, l’ignorance et la routine ; ils arrivent sur la scène, ils quittent l’habit de manœuvres et de comparses, ils s’emparent des premiers rôles par une irruption subite ou par un progrès continu, à coups de révolutions, avec une prodigalité de travail et de génie, à travers des guerres gigantesques, tour à tour ou en même temps en Amérique, en France, dans toute l’Europe, fondateurs ou destructeurs d’États, inventeurs ou rénovateurs de sciences, conquérants ou acquéreurs de droits politiques. […] Voilà le sentiment qui a fourni des hommes aux exploits et aux carnages de l’Empire, qui a fait la révolution de 1830, et qui aujourd’hui, dans cette énorme démocratie étouffante, contraint les gens à faire assaut d’intrigues et de travail, de génie et de bassesses, pour sortir de leur condition primitive et pour se hausser jusqu’aux sommets dont la possession est livrée à leur concurrence ou promise à leur labeur. […] Robert eut sept livres sterling par an pour son travail : pendant plusieurs années, sa dépense entière n’excéda point cette maigre pitance ; il était décidé à réussir à force d’abstinence et de peine. « Je lus des livres de culture ; je calculai les récoltes, je fus exact aux marchés ; mais la première année la mauvaise qualité de la semence, et la seconde année la moisson tardive, nous firent perdre la moitié de notre récolte1140. » Les malheurs arrivaient par troupes ; la pauvreté ne manque jamais de les engendrer. […] Que le poëte prenne garde de se laisser détourner par la poésie ; qu’il prenne garde de faire comme Burns, « de ne songer à son travail que pendant qu’il y est. » Il doit y songer toujours, le soir en dételant ses bêtes, le dimanche en mettant son habit neuf, compter sur ses doigts ses œufs et sa volaille, penser aux espèces de fumier, trouver le moyen de n’user qu’une paire de souliers et de vendre son foin un sou de plus la botte. […] Il avait pour compagne dans le travail de la moisson une douce et aimable fille plus jeune d’un an que lui. « Sans le savoir, dit-il1171, elle m’initia à cette délicieuse passion qui, malgré les désappointements amers et tout ce que dira une prudence de cheval de meule et une philosophie de gratte-papier, est encore la première des joies humaines, notre plus chère bénédiction ici-bas. » Quand ils avaient ramassé les gerbes, il s’asseyait près d’elle avec un plaisir qu’il ne comprenait pas, pour ôter de ses pauvres doigts les barbes d’épis qui s’y étaient fichées.

1647. (1925) Dissociations

Il n’a besoin pour cela de nul effort, de nul travail. […] Faut-il dire que je n’ai pas lu sans un certain effroi le compte rendu de ces travaux précipités ? […] Son crime n’est pas de ceux qui réclament la prison et les travaux forcés. […] Mais les retenues et le pensum ont-ils donc la vertu de faire aimer le travail ? […] La besogne ne manquerait pas : que de travaux et de soins locaux ne pourrait-on pas leur confier, dont les grandes administrations s’acquittent mal !

1648. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Par ce moyen les tables se réduiront et s’éclairciront sensiblement, et le travail sera extrêmement simplifié. […] La lecture des livres anciens qu’on ne réimprimerait pas, deviendrait un travail ; et dans ceux même qu’on réimprimerait, il serait presque aussi nécessaire de conserver l’orthographe que le style, comme on conserve encore l’orthographe surannée des vieux livres, pour montrer à ceux qui les lisent, les changements arrivés dans cette orthographe et dans notre prononciation. […] Ce travail est immense et comme impraticable ; mais il est plus long que difficile, et les concordances qu’on a faites des meilleurs auteurs y aideront beaucoup. […] Le plaisir de l’auditeur ou du lecteur diminuera à mesure que le travail et la peine se feront sentir. […] La reconnaissance, ajoutent-ils, est sans doute un sentiment qui leur est dû, mais c’est au public à apprécier leur travail.

1649. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

— Ses paroles sur la guerre ; — sur le don du commandement ; — sur le travail ; — sur la règle des vingt-quatre heures dans la tragédie […] Investi de la sénatorerie de Caen dont le siège était à Alençon, Roederer s’y livra à l’étude du pays, et il fit un beau travail, un rapport sur l’état économique, moral et politique de ces provinces qui confinaient au foyer de la guerre civile et qui elles-mêmes en avaient été atteintes.

1650. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

S’il a, comme je l’ai dit, le sentiment de la fatigue et de l’épuisement des sociétés, de ce caractère blasé qui est le produit de l’extrême civilisation, il retrouve aussi en idée, et par saillies, cet autre sentiment de la jeunesse et de la vigueur première du monde, et il le reconnaît aux anciens dans tous les ordres de travaux et de découvertes : il sait que pour tout ce qui est de l’observation et de l’expérience, et dans les sciences qui en dépendent, les modernes l’emportent de beaucoup : Il me suffit, ajoute-t-il, d’avoir remarqué que les anciens ont été plus promptement éclairés que les modernes, qu’ils ont volé dans la carrière où les autres se sont traînés. […] Elle fait effet, elle règne à la manière des puissants du siècle, et même plus qu’eux : Ils n’agissent que sur les esprits, et j’ai le cœur et les sens de plus dans mon domaine… Suis-je une dupe, dites-le-moi, de jouir à la manière des héros et des ministres, d’avoir sans peine ce qui leur coûte des années de travail, ce qui leur fait passer tant de mauvaises nuits dans la crainte d’en être privés ?

1651. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Lorsqu’il en vient aux années de paix, à celles qui suivent la conclusion du traité de Vervins, il y concentre tous les travaux et les services civils ; il consacre une suite de chapitres nourris et solides à l’étude de la monarchie administrative de Henri IV et de son économie intérieure. […] Les robustes filles de village sciaient les blés, comme les garçons ; et le travail des uns et des autres était entrecoupé de temps en temps par un repas rustique, qui se prenait à l’ombre d’un cormier ou d’un poirier, qui abattait ses branches chargées de fruits jusqu’à la portée de leurs bras.

1652. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

En vain tous les citoyens s’abstiennent d’interrompre les travaux de l’Assemblée, quand ils n’ont rien à lui demander : elle sentait, chacun sentait comme elle, que vous pouviez être excepté ; qu’elle pouvait donner quelques instants à votre conversation ; et il y eût eu à vous de la noblesse et de la dignité à vous reconnaître ce droit et à savoir en user. […] La Constituante close et dissoute sans réélection possible de ses membres, Malouet, « la tête épuisée de travaux, dit-il, et le cœur flétri », assiste en spectateur du dehors à la Législative.

1653. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Remarquez que Du Bellay aurait pu l’écrire encore, quatre-vingts ou cent ans plus tard, au temps des Vaugelas, des d’Ablancourt, avant les Provinciales, et quand la prose française, excellente en effet de correction et de pureté dans le travail des traductions, manquait pourtant de pensée et d’énergie pour atteindre à une œuvre originale et forte : il aurait pu employer quelques-uns des mêmes arguments pour l’aiguillonner et lui donner du cœur. […] Il traduit et répète les préceptes de l’Épître aux Pisons, en nous les appropriant ; il conseille l’étude avant tout, le travail, de tenter le difficile ; se choisir de bons modèles ou ne pas s’en mêler ; qu’on ne lui allègue point le Nascuntur poetæ, mais parlez-moi de la méditation, des veilles, de l’abstinence et du jeûne : Qui studet optatam cursu contingere metam Multa tulit fecitque puer, sudavit et alsit, Abstinuit venere et vino105……………… Il faut laisser aux poètes courtisans la paresse et la facilité épicurienne, qui ne mena jamais à la gloire.

1654. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Certes, plus d’un vieillard sans flamme et sans cheveux, Tombé de lassitude au bout de tous ses vœux, Pâlirait, s’il voyait, comme un gouffre dans l’onde, Mon âme où ma pensée habite comme un monde, Tout ce que j’ai souffert, tout ce que j’ai goûté, Tout ce qui m’a menti comme un fruit avorté, Mon plus beau temps passé sans espoir qu’il renaisse, Les amours, les travaux, les deuils de ma jeunesse, Et quoique encore à l’âge où l’avenir sourit, Le livre de mon cœur à toute page écrit ! […] Voici une liste complète de ses travaux jusqu’à ce jour : Le premier volume d’Odes, publié en juin 1822 ; Han d’Islande, publié en janvier 1823 ; Le second volume d’Odes et Ballades, publié en février 1824 ; La Muse française : ce recueil, qui commence en juillet 1823 et finit en juillet 1824, comprend plusieurs articles de Hugo ; Bug Jargal, publié en janvier 1826 ; Relation d’un Voyage au Mont-Blanc, fait en 1825 avec M.

1655. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pour nous, dans le petit nombre d’idées que nous essaierons d’avancer sur Corneille, nous confessons devoir beaucoup au travail de son biographe ; c’est bien souvent la lecture de son livre qui nous les a suggérées. […] Mon travail, sans appui, monte sur le théâtre ; Chacun en liberté l’y blâme ou l’idolâtre.

1656. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Il n’est point du tout propre à toutes sortes d’idées ; il ne l’est point aux longs travaux. […] Cela me rend en même temps opiniâtre dans le travail, car je ne puis me reposer que quand j’atteins ce qui m’échappe.

1657. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Ayant eu l’occasion depuis de faire réimprimer ce premier travail, nous en disions : « Comme biographie, ce simple pastel, dans lequel on s’est attaché à l’esprit et à la physionomie plus encore qu’aux faits, laisse sans doute à désirer ; un de nos amis, M. […] Nous hâtons de tous nos vœux cette publication. » C’est ce travail, fruit de plusieurs années d’une recherche suivie et d’un culte patient, qui paraît aujourd’hui et qui justifie amplement notre promesse.

1658. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition. […] On dirait que la terre, en travail pour enfanter l’ordre progressif des sociétés, fait un effort de fécondité comparable à l’œuvre énergique de régénération que la Providence veut accomplir.

1659. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Villehardouin profite de tout le travail qui s’est fait avant lui. […] En moins de quarante ans, Geoffroy de Beaulieu, confesseur du roi, Guillaume de Xangis, Guillaume de Chartres, et le confesseur de la reine Marguerite écrivirent la vie, les enseignements et les miracles du saint roi : Joinville, qui les efface tous, mit à profit les travaux des deux premiers peur compléter ses souvenirs personnels.

1660. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Pendant trois mois, Voltaire se rassasia de sa gloire : c’était trop pour son âge ; l’émotion, la fatigue, le travail le brisèrent ; il mourut dans la nuit du 30 au 31 mai. […] Voltaire est tout nerfs, et toujours agité de passion : mais il écoute ses nerfs ou sa passion comme chacun de nous ; il ne fait pas des impressions de ses nerfs, des vibrations de sa passion l’objet immédiat d’un travail d’art.

1661. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

La guerre était évidemment, de tous les travaux humains, celui où ses facultés essentielles et le fond de fougue animale qu’il portait en lui trouvaient le mieux leur emploi. […] Quand on doit faire ce travail pour un certain nombre de régiments ou de groupes plus considérables et lier entre elles et subordonner les unes aux autres des évolutions déjà si complexes en elles-mêmes, le calcul devient étrangement difficile.

1662. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Ainsi tout nous fatigue à la longue, & sur-tout les grands plaisirs : on les quitte toûjours avec la même satisfaction qu’on les a pris ; car les fibres qui en ont été les organes ont besoin de repos ; il faut en employer d’autres plus propres à nous servir, & distribuer pour ainsi dire le travail. […] Voyez, je vous prie, la multiplicité des causes ; nous aimons mieux voir un jardin bien arrangé, qu’une confusion d’arbres ; 1°. parce que notre vûe qui seroit arrêtée ne l’est pas ; 2°. chaque allée est une, & forme une grande chose, au lieu que dans la confusion, chaque arbre est une chose & une petite chose ; 3°. nous voyons un arrangement que nous n’avons pas coûtume de voir ; 4°. nous savons bon gré de la peine que l’on a pris ; 5°. nous admirons le soin que l’on a de combattre sans cesse la nature, qui par des productions qu’on ne lui demande pas, cherche à tout confondre : ce qui est si vrai, qu’un jardin négligé nous est insupportable ; quelquefois la difficulté de l’ouvrage nous plaît, quelquefois c’est la facilité ; & comme dans un jardin magnifique nous admirons la grandeur & la dépense du maître, nous voyons quelquefois avec plaisir qu’on a eu l’art de nous plaire avec peu de dépense & de travail.

1663. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Tant de travail et tant de forces qui s’y emploient, une si étroite union de l’œuvre et de l’ouvrier, seraient-ce donc seulement de vains sujets pour des éloges académiques ou de la pâture pour le paradoxe ? […] La seule différence à remarquer entre La Bruyère et les grands écrivains de son siècle, et qui ne tienne pas à la matière et au dessein de son ouvrage, c’est qu’en certains endroits le fond n’y égale pas le travail de l’expression.

1664. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

De là, tout un travail de refonte critique qui porta sur la versification établie et contribua tout d’abord à la rendre plus souple, plus harmonieuse, plus variée. […] Son travail est commencé ; de nouvelles tendances se manifestent ; des réputations s’esquissent qui grandiront à leur tour.

1665. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Part à deux, mais non part égale : car, à cette vie jumelle, Spiegel apporte son travail, sa gaieté, son dévouement, et Frantz ne met que ses songes creux, ses chimères, ses aspirations à la fortune et la fainéantise voluptueuse du grand homme incompris qui déclame contre l’ineptie de son siècle, les mains dans ses poches. […] Il le célèbre et il l’entretient ; il l’adore et il le dessert ; il lui sacrifie tout, son temps, sa renommée, son talent, qu’il dépense, pour le nourrir, en travaux vulgaires, tout, jusqu’à son amour pour Frédérique, une jeune et belle orpheline recueillie dans l’atelier fraternel, qu’il fiance lui-même à son ami, dès qu’il s’aperçoit qu’elle en est aimée.

1666. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Non pas que, dans sa vie besogneuse depuis sa sortie de Vincennes jusqu’à son entrée aux États généraux, Mirabeau, pour subvenir à ses besoins de tout genre, intellectuels et autres, n’ait eu souvent recours à des expédients dont on aimerait mieux que la fortune l’eût affranchi ; mais, en mainte circonstance notable, manquant de tout, lui homme de puissance et de travail, qui ne pouvait se passer à chaque instant de bien des instruments à son usage, lui qui était naturellement de grande et forte vie (comme disait son père), manquant même d’un écu, réduit à mettre jusqu’à ses habits habillés et ses dentelles en gage, il avait résisté à rien écrire qui ne fût dans sa ligne et dans sa visée politique, à prendre du moins les choses dans leur ensemble. […] Cependant, si nous nous reportons à la date des derniers mois de 89, nous trouvons Mirabeau bouillonnant d’impatience, de « cette impatience du talent, de la force et du courage », souffrant de son inaction et de son inutilité réelle au milieu de ses travaux sans nombre et de ses succès retentissants, jugeant admirablement cette cour et cette race royale qu’il voudrait servir et réconcilier avec la cause de la Révolution : Il n’y a qu’une chose de claire, écrivait-il (29 décembre 1789), c’est qu’ils voudraient bien trouver, pour s’en servir, des êtres amphibies qui, avec le talent d’un homme, eussent l’âme d’un laquais.

1667. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

L’état où je vis ici, en attendant les nouvelles (écrivait-il en octobre 1809) pourrait s’appeler travail, comme les douleurs d’une femme. […] Nous croyons savoir qu’avant la révolution de février 1848 un homme savant et excellent, M. l’abbé de Cazalès, s’était occupé, de concert avec la famille, de l’arrangement de ces papiers : mais, depuis, il y avait eu interruption dans ce travail, et une sorte de découragement bien explicable dans le premier moment.

1668. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Ma paresse s’oppose à un pareil travail, outre que tant de gens écrivent ce qui se passe dans le monde, qu’on le saura bien sans moi. […] C’est ce travail plus ou moins complet de récapitulation de sa vie qu’il eût peut-être entrepris s’il avait assez vécu pour rentrer dans la chrétienté, et si ses amis l’avaient contraint de le dicter.

1669. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Aux parois étaient accrochés tous les meubles qui servent au ménage ou au travail des champs. […] Hennin ont été supprimées ; que ce digne ami qui ne répond pas toujours agit plus qu’il ne parle ; qu’il y a des moments où les lettres qu’il reçoit coup sur coup de Bernardin le prennent au milieu d’un travail accablant : « Votre troisième lettre, lui écrivait-il (18 novembre 1780), est la soixante-dix-neuvième à laquelle je doive réponse aujourd’hui, et il y en a qui roulent sur des affaires pressées. » Et en post-scriptum : « J’avais écrit neuf heures hier soir lorsque j’eus fini la minute de cette lettre.

1670. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Le deuxième élément est le plaisir de sympathiser avec l’auteur de l’œuvre d’art, avec son travail, ses intentions suivies de réussite, son habileté. […] L’art est un des déploiements les plus remarquables de l’activité humaine, c’est la forme du travail la plus difficile et où l’on met : le plus de soi, c’est donc celle qui mérite le plus d’éveiller l’intérêt et la sympathie.

1671. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ce manifeste est aussi une invite à la constitution active d’une communauté partageant ces valeurs : « Si notre effort vous est sympathique, confiez-nous le soin de vos éditions, travaux d’impression, catalogues et publicité. […] Si notre effort vous est sympathique, procurez-nous des abonnés, confiez-nous le soin de vos éditions, travaux d’impression, catalogues et publicité.

1672. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Il ne suffit point au style de l’orateur d’être clair, correct, noble, harmonieux, vif et serré ; il faut encore qu’il soit facile, c’est-à-dire que le travail ne s’y fasse point sentir. […] L’habitude et l’usage d’écrire en vers produit souvent dans la prose cette empreinte d’affectation et de travail que l’orateur doit avoir tant de soin d’éviter.

1673. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement ne nous a donné que la seconde partie d’un travail qui doit se diviser en trois phases. […] Travail nécessaire, qui aurait été curieux, attendu que, jusqu’ici, il n’a été fait encore par personne appartenant à l’opinion religieuse de M. 

1674. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Les causeries d’un vieux docteur sagace, un séjour à Paris achèvent le sourd travail qui s’opérait depuis des années au fond de son être douloureux : et après une nuit de méditation suprême, l’homme enfin, transfiguré, sort victorieux du prêtre […] Qu’il se persuade de cette vérité qu’il est notre inférieur, à nous simples humains, et que s’il veut prendre sa part de travail à la barre de l’Argo-Humanité, il lui faut auparavant réintégrer sa place parmi les vivants.‌

1675. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

et ne devons-nous pas honorer d’un regret et chercher encore sur quelques lyres étrangères cette inspiration poétique dont notre patrie fut animée vingt ans, à l’écho du malheur et de la gloire, au bruit de la liberté légale, et parmi tous les progrès du droit public, du travail et de la richesse ? […] Un des caractères éminents de sa gloire, un des privilèges de son inspiration sera d’avoir échappé à la loi du temps, à ce raffinement du goût, à ce travail artificiel qui marque les époques un peu tardives de l’imagination, les retours et les arrière-saisons des lettres.

1676. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Dumas se refusait à toucher aucune indemnité pour son travail. […] Dès qu’il eût terminé son travail, il me dit : “Maintenant, faites de la pièce ce que vous voudrez.” […] Sans y prêter autrement d’attention, le sculpteur se mettait au travail, lorsqu’entrait le médecin qui l’employait. […] « Le Jardin des Plantes faisait diversion et compensation à ces travaux funèbres. […] Les travaux furent suspendus et l’on se regarda avec incertitude.

1677. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Cependant, comme l’auteur d’Ivanhoë et des Puritains l’est aussi de cette déplorable histoire, nous étions ramené sans cesse et involontairement à nous expliquer cette singulière communauté d’origine autrement que par les préjugés nationaux et la rapidité du travail.

1678. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Ce n’était ni par le travail, ni par l’étude qu’on parvenait au pouvoir en France : un bon mot, une certaine grâce, étaient souvent la cause de l’avancement le plus rapide ; et ces fréquents exemples inspiraient une sorte de philosophie insouciante, de confiance dans la fortune, de mépris pour les efforts studieux, qui poussait tous les esprits vers l’agrément et le plaisir.

1679. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

C’est le résultat, de dix-huit années de travaux, d’écritures multiples, de prédications incessantes, qui ont formé en lui une faconde toujours claire et coulante.

1680. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

Antithèses étranges et profondes, plus profondes qu’ailleurs, ou plus sensibles, ou plus souvent rencontrées : Entre le soleil et la pluie ou le brouillard, entre les paysages de gares, de docks, d’usines et de mines et les paysages de bois, de lacs et de pâturages ; Entre le passé et le présent, qui partout se côtoient, dans les institutions, dans les mœurs, dans les édifices ; Entre la richesse formidable et l’épouvantable misère ; Entre le sentiment inné du respect et l’attachement inné à la liberté individuelle ; Entre la beauté des jeunes filles et la laideur des vieilles femmes ; Entre l’austérité puritaine et la brutalité des tempéraments ; Entre le don du rêve et le sens pratique, l’âpreté au travail et au gain ; Entre les masques et les visages, etc.

1681. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Il ne faudrait pas en conclure que la science ne peut faire qu’un travail de Pénélope, qu’elle ne peut élever que des constructions éphémères qu’elle est bientôt forcée de démolir de fond en comble de ses propres mains.

1682. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Quelle ardeur, quel goût du travail elles supposent !

1683. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Méditant ce petit traité littéraire et didactique, il était encore dans cette mystérieuse ivresse de la composition, instant bien court, où l’auteur, croyant saisir une idéale perfection qu’il n’atteindra pas, est intimement ravi de son ouvrage à faire ; il était, disons-nous, dans cette heure d’extase intérieure, où le travail est un délice, où la possession secrète de la muse semble bien plus douce que l’éclatante poursuite de la gloire, lorsqu’un de ses amis les plus sages est venu l’arracher brusquement à cette possession, à cette extase, à cette ivresse, en lui assurant que plusieurs hommes de lettres très hauts, très populaires et très puissants, trouvaient la dissertation qu’il préparait tout à fait méchante, insipide et fastidieuse ; que le douloureux apostolat de la critique dont ils se sont chargés dans diverses feuilles publiques, leur imposant le devoir pénible de poursuivre impitoyablement le monstre du romantisme et du mauvais goût, ils s’occupaient, dans le moment même, de rédiger pour certains journaux impartiaux et éclairés une critique consciencieuse, raisonnée et surtout piquante de la susdite dissertation future.

1684. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Enfin, au-dehors comme au-dedans, les croyances en lutte, les consciences en travail ; de nouvelles religions, chose sérieuse !

1685. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Aucun remaniement profond, aucune mutilation, aucune soudure faite après coup dans l’intérieur du drame, aucune main-d’œuvre nouvelle, si ce n’est ce travail d’ajustement qu’exige toujours la représentation.

1686. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

« Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.

1687. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Tout cela signifie qu’un poète peut tirer quelqu’avantage de ses travaux.

1688. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Un an après, le même travail recommençait pour l’édition en librairie.

1689. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Ce sont ces reflets infinis des ombres et des corps qui engendrent l’harmonie sur votre bureau où le travail et le génie ont jeté la brochure à côté du livre, le livre à côté du cornet, le cornet au milieu de cinquante objets disparates de nature, de forme et de couleur.

1690. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

De ce jour, la montre d’or pendit au côté de l’ouvrière, à qui son travail suffisait à peine pour avoir du pain.

1691. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Quand nous lisons dans Horace la description de l’amour qui aiguise ses traits enflammez sur une pierre arrosée de sang ; les mots dont le poëte se sert pour faire sa peinture réveillent en nous les idées, et ces idées forment ensuite dans notre imagination le tableau où nous voïons l’amour dépêcher ce travail.

1692. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Vida qui étoit poëte, avoit éprouvé lui-même plusieurs fois ces momens où le travail d’imagination devient ingrat, et il les attribuë à l’action de l’air sur notre machine ; on peut dire en effet que notre esprit marque l’état présent de l’air avec une exactitude approchante de celle des barometres et des thermometres.

1693. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Voilà pourquoi, dans notre enseignement, nous faisons une part si large au travail, à la volonté, aux procédés, au métier.

1694. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Gapefigue s’en est fait l’historiographe et nous annonce un travail d’ensemble sous le titre : Les Reines de la main gauche, titre plus piquant qu’il n’est exact.

1695. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

… En d’autres termes, si le peintre est dans ces Réfractaires, le peintre amer, âpre et féroce, qui nous les a faits si cruellement ressemblants, pourquoi le moraliste n’y est-il pas, le moraliste qui jugerait en dernier ressort tous ces Bohèmes de l’orgueil et de la paresse, tous ces Échappés de la Loi Sociale, et qui les internerait au bagne du Mépris, à perpétuité, pour leur peine d’avoir lâchement refusé de prendre leur part des travaux forcés de la vie ?

1696. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Ce fut son talent qui fit sa vie ; et cette vie toujours calme, aisée, honorée, et qui monta sans luttes et sans obstacles jusqu’à cette dignité de rang qui est la dernière caresse de la fortune à ceux qui pourraient s’en passer, puisqu’ils ne vivent que pour les jouissances de l’esprit, a plus d’un rapport avec l’existence d’un homme heureux aussi parmi les poètes, mais qui, à son déclin, sentit dans le fond de son cœur le souci cruel de la confiance trahie et sur son front la sueur de sang du travail forcé.

1697. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Cet homme de joie et de plaisir était, comme nous tous, un forçat de littérature, un homme de travail et de peine.

1698. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Mon esprit, nourri hors des temps et des milieux, demeurera, dans mes livres, tout au service de l’humanité non conditionnée ; mon corps, au service du pays et de l’époque auxquels j’ai dû les bonheurs de l’amitié et la sécurité du travail.‌

1699. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

À la suite de tous ces noms de guerriers ou de princes rassemblés des trois parties du monde, c’est un spectacle curieux de retrouver les noms du Dante, de Pétrarque, de Boccace, de l’Arioste, du cardinal Bibiéna, auteur de la comédie de la Calandre, jouée au Vatican sous Léon X, et du célèbre Machiavel ; sans compter cette foule innombrable de savants, presque tous Grecs ou Italiens, qui dénués, il est vrai, de ce mérite rare du génie, contribuèrent, cependant, par leurs travaux, au rétablissement des lettres, en faisant revivre les langues qui ne s’étaient conservées que chez les chrétiens de Constantinople, et la philosophie ancienne qui, depuis la chute de l’empire, n’avait été cultivée que par les musulmans arabes.

1700. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

En préparant l’intéressant travail dont il nous permet de donner un avant-goût aujourd’hui, il a dû choisir et se borner : « Il est, dit-il, dans les papiers dont nous sommes dépositaires, des choses qui ne verront jamais le jour ; il existe tel secret que nous entendons respecter. […] Nous ne faisons qu’extraire le travail de M.  […] Je n’ai encore écrit que deux lettres ; mais, comme j’écris sans style, sans manière, sans mesure et sans travail, j’écris à trait de plume… »   « À dix-huit milles de Patterdale, Ambleside, le 31. […] Il s’agit de je ne sais quel travail dont il avait raconté le projet à Mme de Charrière : « Ce 7 juin (1792). […] Mais comme il ne faut pas défigurer les chefs-d’œuvre des grands maîtres, je veux, avant de me livrer à ce travail, consulter le public et savoir si mon style et mes connaissances dans les deux langues pourront y suffire.

1701. (1932) Le clavecin de Diderot

Quant à la connaissance intime et générale de l’homme, certains ne font profession de lui vouer leurs travaux, leurs existences qu’à seule fin de lui dénier, de l’intérieur, toute chance de progrès. […] Et quand il arriva que, grâce à Bacon et à Locke, cette habitude de travail passa des sciences naturelles dans la philosophie, elle produisit l’étroitesse spécifique des siècles derniers, la méthode métaphysique z. […] C’est d’ailleurs par une attaque contre tout ce que la théorie de l’art pour l’art avait déifié, à propos de choses écrites et peintes, que Dada, précurseur du surréalisme, avait commencé le travail de théoclastiead. […] Il signale un travail de collègues et, parce qu’il demeure dans le vague, l’atténué, il croit avoir donné des preuves suffisantes d’impartialité. […] Sans doute, certaines interrogations même engluées d’égoïsme, signifient-elles qu’un travail de déblaiement est déjà commencé.

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