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1163. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Cela est si vrai, et c’était tellement le mouvement et la pente d’alors de solliciter un tel poète, que, vers 1780 et dans les années qui suivent, nous trouvons trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poëme sur la nature des choses. […] Voici quelques notes qui se rapportent au projet du premier chant et le caractérisent : « Il faut magnifiquement représenter la terre sous l’emblème métaphorique d’un grand animal qui vit, se meut et est sujet à des changements, des révolutions, des fièvres, des dérangements dans la circulation de son sang. » « Il faut finir le chant Ier par une magnifique description de toutes les espèces animales et végétales naissant ; et, au printemps, la terre prœgnans ; et, dans les chaleurs de l’été, toutes les espèces animales et végétales se livrant aux feux de l’amour et transmettant à leur postérité les semences de vie confiées à leurs entrailles. » Ce magnifique et fécond printemps, alors, dit-il, Que la terre est nubile et brûle d’être mère, devait être imité de celui de Virgile au livre II des Géorgiques : Tum Pater omnipotens, etc., etc., quand Jupiter De sa puissante épouse emplit les vastes flancs. […] … Partout sur des autels j’entends mugir Apis, Bêler le dieu d’Ammon, aboyer Anubis. » Mais voici le génie d’expression qui se retrouve : « Des opinions puissantes, un vaste échafaudage politique ou religieux, ont souvent été produits par une idée sans fondement, une rêverie, un vain fantôme, Comme on feint qu’au printemps, d’amoureux aiguillons La cavale agitée erre dans les vallons, Et, n’ayant d’autre époux que l’air qu’elle respire, Devient épouse et mère au souffle du Zéphire. » J’abrège les indications sur cette portion de son sujet qu’il aurait aimé à étendre plus qu’il ne convient à nos directions d’idées et à nos désirs d’aujourd’hui ; on a peine pourtant, du moment qu’on le peut, à ne pas vouloir pénétrer familièrement dans sa secrète pensée : « La plupart des fables furent sans doute des emblèmes et des apologues des sages (expliquer cela comme Lucrèce au livre III). […] Ailleurs, ce n’est plus le gracieux enfant, c’est Andromède exposée au bord des flots, qui appelle la muse d’André : il cite et transcrit les admirables vers de Manilius à ce sujet, au Ve livre des Astronomiques ; ce supplice d’où la grâce et la pudeur n’ont pas disparu, ce charmant visage confus, allant chercher une blanche épaule qui le dérobe : Supplicia ipsa decent ; nivea cervice reclinis Molliter ipsa suae custos est sola figurae. […] Ceci n’est qu’une conjecture, mais que semble confirmer et justifier le canevas suivant qui n’est autre que le sujet de Nina, transporté en Grèce, et où se retrouve jusqu’à l’écho des rimes de la romance : « La jeune fille qu’on appelait la Belle de Scio… Son amant mourut… elle devint folle… Elle courait les montagnes (la peindre d’une manière antique). — (J’en pourrai, un jour, faire un tableau, un quadro)… et, longtemps après elle, on chantait cette chanson faite par elle dans sa folie : Ne reviendra-t-il pas ?

1164. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Cousin, quand il n’y prend pas garde, est sujet à cette manière. […] Il y a ainsi à dire que l’intelligence exclusivement étalée décolore le monde, en refroidit le tableau et est trop sujette à le réfléchir par les aspects analogues à elle-même, par les pures abstractions et idées qui s’en détachent comme des ombres. […] M. de Rémusat, le plus doctrinaire assurément des rédacteurs du Globe par la subtilité de son esprit, par ses habitudes et ses liens de société, ne toucha longtemps que des sujets de pure littérature et de poésie ; ce qu’il faisait avec une souplesse bien élégante. […] Jouffroy en a écrit plusieurs sur des sujets d’histoire ou de géographie, et y a porté sa large manière. […] Les résultats les plus généraux de ses méditations à ce sujet sont consignés dans deux leçons d’un cours particulier professé par lui en 1826 (de l’État actuel de l’Humanité).

1165. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Sans parler de cette confusion du droit spirituel et du droit temporel dans leurs mains, oubliez-vous ce que la papauté souveraine à Rome a perdu d’alliés ou de sujets catholiques depuis Jules II dans le monde actuel ? […] Ferez-vous des sujets piémontais avec ces Florentins, les Athéniens de l’Italie ? […] Ferez-vous jamais des sujets piémontais avec ces Romains qui de toutes leurs grandeurs n’en ont conservé qu’une, leur nom ? Et, en mettant à part l’indépendance romaine des enfants de Rome, les restes ombrageux du monde catholique souffriront-ils longtemps sans murmures que le successeur de saint Pierre au pontificat, et le successeur de Jules II, de Léon X en politique, que le chef spirituel de leur conscience soit le sujet obséquieux ou l’évêque obéissant d’un délégué piémontais représentant au Capitole et au Vatican un duc de Savoie, descendu de Turin ou de Chambéry à Rome ? […] XIX Si donc une des nationalités qui composent l’Italie, justement jalouse de constituer son indépendance fédérale, si la maison de Savoie, par exemple, jusqu’ici restreinte au rôle de gardienne des Alpes et de puissance neutre interposée entre l’Autriche et la France ; si cette puissance venait à s’annexer par les armes vingt ou trente millions de sujets en Italie, et à former ainsi une puissance militaire de trois ou quatre cent mille hommes, l’équilibre du midi de l’Europe serait rompu, la sécurité de la France serait éventuellement compromise, l’indépendance même de l’Italie serait perdue.

1166. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Les détails dans lesquels il entre à ce sujet font peu regretter la perte de ces mesures. » III « Les taches énigmatiques, vulgairement connues sous le nom de sacs de charbon (coalbags, kohlensäcke), paraissent avoir été décrites pour la première fois par Anghiera, en 1510. […] Tout le monde sait, ajoute-t-il, que le célèbre Lactance, qu’on ne peut prendre à la vérité pour un mathématicien, a disserté d’une manière puérile sur la forme de la terre, et s’est raillé de ceux qui la regardaient comme un sphéroïde ; mais, lorsqu’on traite des sujets mathématiques, c’est pour les mathématiciens qu’il faut écrire. […] C’était un homme intelligent qui, durant le cours d’une nuit calme et sereine, m’accabla de questions sur la grandeur des astres, sur les habitants de la lune, sur mille sujets à propos desquels mon ignorance égalait la sienne. […] Légumineuses, guttifères, bignoniacées urticées, telles sont celles qui fournissent le plus de sujets. […] On se rend fort bien compte de la nature de ces soutiens et de leur façon de croître, quand on examine une série de jeunes sujets d’âges différents.

1167. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

L’historien se place d’abord devant un sujet qu’il connaît vaguement. […] Taine, s’il a une idée particulière pour faire son plan, n’a réellement que les idées ordinaires et pour ainsi dire obligées de son sujet. […] M. de Goncourt ne se croirait pas un historien sérieux s’il se donnait la peine d’exposer son sujet. […] Musset abhorré, les parnassiens, dont Alphonse Daudet et Paul Arène se sont si joliment moqués, cherchèrent à la suite de Leconte de Lisle des sujets qui ne les inspiraient pas, des sujets où ils pouvaient être des artistes impeccables, c’est-à-dire de soporifiques versificateurs.

1168. (1890) Nouvelles questions de critique

S’il faut absolument « renouveler » les sujets, il y en a d’autres moyens. […] Quiconque lira seulement Voltaire, et le lira consciencieusement, y trouvera sûrement encore de quoi renouveler le sujet. […] Car, si l’on peut étudier les sujets en eux-mêmes et pour eux-mêmes, on peut aussi les étudier dans les rapports qu’ils soutiennent avec d’autres sujets. […] Mais l’avocat ne saurait être éloquent sans sortir de son sujet, — et ainsi s’exposer au juste reproche d’emphase ou de déclamation. […] Munier-Jolain, que le sujet n’ait encore tenté personne, ou du moins qu’à peine en ait-on tracé quelques rares chapitres.

1169. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Sujet : l’inceste. […] Sujet : le saphisme. […] Sujet : l’onanisme. […] « Le sujet est très simple, dit M.  […] C’est un des sujets les plus fréquemment traités par nos romanciers.

1170. (1902) Le critique mort jeune

Mais il est vrai de dire qu’à l’origine il ne possédait pas à ce sujet des notions très nettes, et même qu’il n’avait point de notions du tout. […] Mais il se dégage bien vite et vole vers d’autres sujets. […] Ils proposent un trop beau sujet d’étude : celui des progrès et des variations d’une rare sensibilité. […] Le sujet propre de « l’Étape », ce sont les malheurs par lesquels cette famille paie (un chrétien comme M.  […] Tous trois ont pour sujet le mariage, sujet éternel mais que renouvellent aussi sans cesse les changements des idées et des mœurs.

1171. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

On a donné au collège où est son fils, une narration française, dont le sujet est la mort d’un personnage quelconque. […] Rachel descend tout en larmes, et dans l’affliction la plus vraie, mais un quart d’heure ne s’était pas passé, que l’artiste était toute à l’étude de l’agonie de la femme, qui était devenue pour elle une étrangère, un sujet. […] Les ennuis, moraux des uns, les souffrances physiques des autres, amènent la conversation sur la mort — la mort ou l’amour, chose curieuse, c’est toujours l’entretien de nos après-dîners, — et la conversation continue jusqu’à onze heures, cherchant, parfois à s’en aller de là, mais revenant toujours au noir sujet. […] Il me parle d’une rêvasserie particulière à cette époque, et à ce sujet il me conte cette petite histoire. […] Et la conversation continuant sur le même sujet, amène cette anecdote racontée par du Sommerard.

1172. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Quand l’analyse s’exerce sur un sujet contemporain, la difficulté de généraliser est encore augmentée par le manque de perspective. […] ô le beau sujet de description ! […] « Les sujets les plus profonds par des bouches ravissantes furent traités : les chiffons, les bals, l’âge des absentes, les bonnes, les bonbons. […] voilà de la poésie inférieure au sujet ! […] Voilà les sujets qui conviennent par excellence au crayon de Doré.

1173. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Si je n’ai parlé que de la mauvaise littérature, c’est que c’était le sujet même, et que la bonne, il faut bien l’avouer, a tenu relativement moins de place à notre époque. […] Mais traiter le sujet seulement par cette méthode philosophique, serait le traiter d’une manière incomplète. […] Que de sujets de la haïr ! […] Ces questions, pleines de tempêtes, ne sont point de notre sujet, et pour bien des raisons nous nous garderons d’y toucher. […]   Mais le sujet vaut la peine d’être approfondi et éclairé par toutes ses faces.

1174. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il ne faudrait pourtant point se le figurer à cet âge un sujet trop régulier, toujours esclave de son travail et le front courbé sur le Digeste : tel n’était point le président Jeannin en sa jeunesse : Car nous avons appris de tous ceux de son temps, dit Saumaise, qu’il avait exercé toutes les libertés que la chaleur du sang et celle de l’âge peuvent imaginer en cette heureuse saison. […] Jeannin se hâte d’en informer Villeroi ; et les voilà encore à attendre une heure plus favorable, « se disant, selon l’expression de l’un d’eux, qu’il y avait plusieurs heures au jour, et que les cœurs et les volontés des princes étaient aussi sujets au changement comme les occasions s’en présentaient ». […] Théophile Foisset, son frère, dont l’amitié a bien voulu ajouter à ce que j’ai puisé ailleurs, et me munir de notes nombreuses et précises sur un sujet qui lui est familier.

1175. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Avant son intervention cependant et son installation au cœur du sujet, pour persuader aux hommes instruits qui sont entrés dans la pensée de cette édition nouvelle, qu’elle était importante, qu’elle était indispensable, qu’il ne s’agissait pas seulement de quelques points à rectifier çà et là, mais qu’il y avait lieu, en effet, à une réparation et presque à une restitution continue, il a fallu bien des instances, bien des pas et bien des paroles (je le sais, moi qui en ai été quelquefois le porteur et le messager), il a fallu montrer à l’avance bien des passages et des exemples comme preuve décisive de l’étendue du ravage et du mal profond qu’on avait à réparer. […] L’après-dînée, une demoiselle de Mme de Bournonville vint au logis, et sans rien dire du sujet de sa venue, elle prie la nourrice de venir faire un tour chez Mme de Bournonville. […] C’est une imperfection dont vous n’êtes point capable, et je ne vous en donne non plus de sujet que M. de Grignan.

1176. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Car c’est votre faute, après tout, et vous avez bien votre meâ culpâ à faire ; vieillard de soixante et dix ans, vous avez été imprudent comme un jeune homme ; vous avez traité, quoique déjà averti, des sujets défendus ; vous y avez mêlé des railleries peu séantes, vous avez prêté à un personnage ridicule de vos Dialogues les opinions du Pape lui-même. […] Je ne puis que courir sur des sujets où j’ai si peu le droit de parler en mon nom. […] Que de connaissances il faudrait réunir, en effet, pour le suivre utilement et pour réussir à se former un avis sur un sujet si ardu et si complexe !

1177. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

comment s’y prendre, si l’on veut ne rien omettre d’important et d’essentiel à son sujet, si l’on veut sortir des jugements de l’ancienne rhétorique, être le moins dupe possible des phrases, des mots ; des beaux sentiments convenus, et atteindre au vrai comme dans une étude naturelle ? […] La plupart des talents n’ont qu’un seul et même procédé qu’ils me font que transposer, en changeant de sujet et même de genre. […] Je connais, même dans la pure littérature, des admirateurs et des disciples de tel ou tel talent hasardeux qui m’avertissent à son sujet, et qui m’apprennent à respecter celui que, sans eux, j’aurais peut-être traité plus à la légère.

1178. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Gœthe répondait : « Les extrêmes et les déviations dont je parlais disparaissent peu à peu, et il ne reste que l’avantage d’avoir conquis et une forme plus libre et un fonds plus riche et plus varié ; on n’excluera plus les sujets comme anti-poétiques, on pourra les prendre partout dans le monde et dans la vie. […] L’entretien s’animant à ce sujet, et continuant de parler de cette sorte de chanson et de son influence électrique sur les nations à certaines heures, Gœthe disait qu’il fallait pour cela qu’une nation n’eût qu’une tête et qu’un cœur et, à un moment donné, qu’une seule voix : « Mais, ajoutait-il, une poésie politique n’est aussi que l’œuvre d’une certaine situation momentanée qui passe et qui ôte à la poésie la valeur même qu’elle lui a donnée. » Il reconnaissait qu’il y avait seize ans, même dans cette Allemagne si divisée, mais unie alors dans un sentiment commun contre l’étranger, un poëte politique aurait pu exercer aussi son influence sur le pays tout entier, et il ajoutait : « Mais ce poëte était inutile : le mal universel et le sentiment général de honte avaient, comme un démon, saisi la nation ; le feu de l’inspiration qui aurait pu enflammer le poëte brûlait déjà partout de lui-même. […] On a, au sujet des opinions exprimées par Gœthe sur les jeunes poëtes français de 1830, insinué contre lui une singulière accusation : comme le jugement qu’il porte sur Victor Hugo n’est pas complètement d’accord avec celui que professent les éditeurs des Entretiens et beaucoup d’autres avec eux, on l’a tout simplement soupçonné d’envie.

1179. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Les grands hommes sont sujets à faire illusion sur l’époque qu’ils éclairent et qu’ils remplissent brillamment jusqu’à éteindre parfois ce qui les entoure ; les hommes secondaires et pourtant essentiels ont l’avantage de nous faire pénétrer avec eux, sans éblouissement et sans faste, dans des parties restées à demi obscures et dans les rouages mêmes de la machine dont ils étaient, à certain degré, un des ressorts. […] Choisi pour la charge de procureur du roi des requêtes de l’hôtel, reçu haut la main avec honneur et sans subir l’examen, puis six ans après (1671) pourvu de la charge d’avocat général au grand Conseil, reçu également sans subir d’interrogatoire et avec dispense d’âge (il fallait avoir trente ans, et il n’en avait que vingt-huit), on voit que Foucault était ce qu’on appelle un excellent sujet, régulier, exemplaire, et même brillant dans les parties sombres : il s’agit d’un brillant qui n’est que relatif. […] Aïeul dur et serré, père réglé et honnête homme, fils mauvais sujet, c’est l’histoire de bien des familles, c’est presque une loi.

1180. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Ticknor et de tout le monde, de revenir sur ce sujet inépuisable, sur le grand homme auteur du chef-d’œuvre, et qui, dans sa vie misérable et tourmentée, a su être, à force de bonne humeur et de génie facile, un des bienfaiteurs immortels de la race humaine : j’appelle ainsi ces rares esprits qui procurent à l’homme de bons et délicieux moments en toute sécurité et innocence. […] Viardot est entré à ce sujet dans des détails et des explications qui mettent hors de cause la probité de Cervantes en tant que comptable. […] Il y a deux ou trois variantes d’historiettes à ce sujet.

1181. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Il n’existe ni religion dominante, ni opinion dominante dans un pays ainsi partagé : les pouvoirs établis se maintiennent par la protection des grandes puissances ; mais l’empire de chaque gouvernement sur ses sujets est extrêmement limité par l’opinion ; et l’on peut parler sur tout, quoiqu’il ne soit possible d’agir sur rien. […] Il faut s’en tenir aux principes universels de la haute littérature, et n’écrire que sur les sujets où il suffit de la nature et de la raison pour se guider. […] Sans doute je n’ai pu traiter un tel sujet, sans citer beaucoup d’écrivains et beaucoup de livres ; mais c’était à l’appui de mes raisonnements que je présentais ces exemples, et non avec l’intention de juger et de discuter le mérite de chaque auteur, comme on pourrait le faire dans une bibliothèque universelle.

1182. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Ces jugements ne peuvent être dès lors rédigés que par des gens superficiels, en notes courtes sans valeur et sans intérêt, ne comportant pas la place d’exposer les sujets, d’étudier le talent des auteurs, permettant tout juste l’éloge ou le blâme. […] Les trois quarts du temps le critique se borne à indiquer le sujet en quelques lignes et à dire des choses aimables ou sévères, et il ne peut faire davantage, même en choisissant un nombre très restreint de volumes et en condamnant à l’oubli tous les autres. […] Mais il faut, pour cela, que se brisent les derniers liens qui unissent le critique au journalisme, c’est-à-dire qui rabaissent sa mission, lui donnent un sens d’utilité immédiate, et prolongent à son sujet l’éternel malentendu : pas plus que le roman ou le théâtre, la critique n’est une carrière, mais une vocation de l’esprit.

1183. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Jamais un sujet ne lui sera traitable, concevable, sous un angle plus bas que celui du rêve. […] Je dis un prétexte, parce que les raisons d’écrire sur tel ou tel sujet dans la presse sont immédiatement, puérilement, commandées par les « exigences de l’actualité », comme dit Le Petit Journal. […] Il était seulement plus sensible dans le poète que nous venons de perdre, par le recul, l’antique et l’exotisme systématique de ses sujets.

1184. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Examinons maintenant un cas d’association par contiguïté, entre les données de divers sens : soit la perception des objets extérieurs, sujet déjà entamé que l’auteur reprend. […] Il nous dit encore dans une note de sa récente édition de James Mill175 : « Les termes opposés « sujet » et « objet » sont ceux qu’on peut le moins critiquer pour exprimer l’antithèse fondamentale de la conscience et de l’existence. […] Ce sont donc là l’extrême objet et l’extrême sujet : et en dernière analyse l’extrême objet paraît reposer sur le sentiment d’une dépense d’énergie musculaire. » IV Un second mode d’association se fonde sur la ressemblance.

1185. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

L’on ne peut imaginer la peine que la chaleur des esprits nous donna sur ce sujet. […] Après que la première Fronde fut apaisée, et avant que la seconde éclatât, Retz semble avoir eu par moments des intentions sincères de se ranger, de redevenir honnête homme et fidèle sujet ; mais sa réputation passée pesait sur lui autant que les habitudes prises, et le rengageait bientôt dans les voies de la sédition. […] Mme de Sévigné conseillait à sa fille de lui écrire également à ce sujet et de rentrer par là en correspondance avec lui : « Quand vous aurez écrit cette première lettre, croyez-moi, ne vous contraignez point ; s’il vous vient quelque folie au bout de votre plume, il en est charmé aussi bien que du sérieux : le fond de religion n’empêche point encore ces petites chamarrures. » C’était mieux pourtant ou pis que des chamarrures que les Mémoires où se complaisait en secret le cardinal de Retz, et qu’il venait d’achever à cette date, pour obéir à Mme de Caumartin, qui lui avait demandé le récit de sa vie.

1186. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Ainsi on peut poser cette loi importante : le moi, le sujet, dès qu’il devient par l’idée un objet de conscience distincte, devient du même coup un motif, et tend à se réaliser par la volonté, par l’intelligence, par la sensibilité. […] On peut de même substituer, mais avec plus de raison, le sujet moi aux plaisirs particuliers et aux objets particuliers qui les causent. […] Nous disons je pense, et, si le sujet désigne notre individualité, l’attribut désigne quelque chose qui la dépasse, qui est valable pour les autres comme pour nous, qui est soumis à des lois communes et générales, à une logique impersonnelle : la pensée.

1187. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Il y fait valoir l’exemple de Jésus-Christ qui, pour convertir les souverains aussi-bien que les sujets, n’employa que le langage ordinaire. […] Il montra, dans sa réponse à l’académicien Dubois, que saint Augustin avoit eu souvent recours à l’art & aux règles de l’éloquence ; qu’il sçavoit être profond, lumineux & véhément à propos ; que, prêchant au peuple d’Hippone sur les sujets les plus stériles & les plus spéculatifs, il avoit mis dans ses discours du corps & de la consistance ; qu’il n’en étoit pas de tous les sermons de ce père comme de ceux qu’on a nouvellement traduits, & qui ne sont que des discours familiers, composés à la hâte, sans préparation & sans méthode. […] On ne peut s’empêcher de rire dans les sermons de celui-ci, sur l’enfant prodigue & sur la Magdelaine ; non plus que dans un panégyrique de la vierge d’un autre prédicateur, qui rapporte naïvement que Marie & son fils eurent des altercations au sujet du salut de l’ame d’un ecclésiastique libertin, quoique dêvot à la mère.

1188. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Et sans doute, plus elles se rencontrent fréquemment, plus sont diverses les circonstances où elles se rencontrent, et plus aussi il y a de chances pour qu’elles cachent des rapports nécessaires, toutefois, tant qu’elles ne sont pas déduites de lois plus générales, ce sont des lois en instance plutôt que des lois reçues : les lois empiriques sont toujours sujettes à caution, par cela même qu’elles manquent d’explication. […] Les différents objets se prêtent plus ou moins docilement aux exigences du sujet, mais ses exigences restent identiques, et sa satisfaction est au même prix. […] Une juste réaction se manifeste à ce sujet chez les anthropologistes eux-mêmes : ils abandonnent les ambitions dangereuses de l’ancienne anthropologie, Ils s’aperçoivent enfin que la prétention est abusive qui veut trouver, dans une préformation anatomique, la cause d’actes sociologiquement définis, comme le vol ou le meurtre37, a fortiori d’idées nées dans et pour la société, comme l’idée de l’égalité des hommes.

1189. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

On sait que l’Académie française substitua, il y a près de quinze ans, ces sortes d’éloges à ses anciens sujets. […] Qu’ainsi, dans l’ordre politique, l’orateur se pénètre des grands rapports du prince avec les sujets, et des sujets avec le prince ; qu’il sente avec énergie et les biens et les maux des nations ; que, dans l’ordre moral, il s’enflamme sur les liens généraux de bienfaisance qui doivent unir tous les hommes, sur les devoirs sacrés des familles, sur les noms de fils, d’époux et de père ; que dans ce qui a rapport aux talents, il admire les découvertes des grands hommes, la marche du génie, ces grandes idées qui ont changé sur la terre la face du commerce, ou celle de la philosophie, de la législation et des arts, et qui ont fait sortir l’esprit humain des sillons que l’habitude et la paresse traçaient depuis vingt siècles.

1190. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Grandeur des sujets. — Timidité des sentiments. — Perfection du style et du goût ; inspiration rare, hors celle du plaisir. — Charme puissant et longue durée de cette poésie. […] C’était, comme on le voit, à l’égard de ces étrangers sujets de Rome, le procédé dont usèrent les empereurs envers les habitants de Rome, panem et circenses. […] Cela nous dit que le temps et le sujet de l’enthousiasme lyrique étaient passés.

1191. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Quel que soit le jugement politique ou moral qu’on hasardera sur l’émigration, et qu’on répète ou non à son sujet un mot comme celui du P.  […] Mais au sujet d’aucun livre de la famille on ne redirait plus à propos le mot de Joubert : « Le style de M.  […] Deux sujets, mais parfaitement fondus : ce roman de la vie cosmopolite, et le roman de la femme de génie. […] Il y a à ce sujet un texte capital de Chénier. […] Comme Rousseau le citoyen de Genève, il est le sujet fidèle et le magistrat du roi de Sardaigne.

1192. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il a trouvé les sujets. […] C’est l’éternel sujet de la comédie et du roman. […] Seulement la différence des sujets est trop grande. […] Il fait justement cette réserve au sujet des enfants. […] Dix légendes courent à ce sujet, vraies ou fausses.

1193. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

C’est là un sujet fréquemment traité et sur lequel, avant même que l’Académie française le proposât de son côté et le mît au concours, il s’est établi, depuis des années, une sorte de concours naturel et nécessaire. Il en est ainsi aujourd’hui d’un grand nombre de sujets, grâce à l’organisation des Écoles et aussi au développement de la presse périodique. […] Et à travers une fidélité de sujet si absolue, si entière, son esprit gardait sa liberté et sa franchise. […] C’est pourquoi j’ai été bien aise de me décharger avec vous des pensées que j’avais sur un si agréable sujet. […] Il accordait à Racan de traiter en vers un sujet fort laid, fort ignoble, une polissonnerie de page ; sa morale et son goût ne s’en effarouchaient pas.

1194. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Mais j’aurai bientôt à revenir sur ce sujet. […] Conséquemment leurs relations mutuelles n’en auront pas été troublées ; et, d’après les principes établis dans cet ouvrage, elles n’auront pas dû être sujettes à de grandes modifications. […] — Mais revenons à notre sujet principal, la période glaciaire. […] Du reste, nous aurons plus tard de précieux renseignements sur ce sujet par M.  […] Si, comme nous le pensons (voir la note ci-après), les pôles terrestres sont sujets à un déplacement périodique sensible, ces oscillations générales seraient considérables dans toute la région parcourue par l’équateur mobile de la terre.

1195. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

47 ; il associait tout cela, rimait comme un ouvrier à la journée, et la seule différence, c’est qu’on ne parlait plus de lui et qu’on ne le lisait pas : son talent n’étant plus porté par des sujets actuels était retombé dans le vulgaire du métier. […] Giraudeau de Saint-Gervais, homme d’esprit, qui a vu là un beau sujet d’enseigne.

1196. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Les sujets de ces « romans » en vers étaient presque tous tirés de l’histoire moderne, et ornés d’un « merveilleux » emprunté à la religion chrétienne. Un de ces auteurs, Desmarets de Saint-Sorlin, ayant donné son Clovis en 1657, crut nécessaire, lorsqu’il vit s’élever une école dont les maximes essentielles allaient, dans tous les genres, à suivre les anciens et à reprendre les sujets déjà traités par eux, de justifier le choix qu’il avait fait dans son poème d’un héros moderne et chrétien.

1197. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

La grande difficulté, pour un dramaturge de mœurs, est de simplifier et de généraliser assez les faits divers banals ou excentriques que sont en somme ses sujets de pièce. […] Son sujet n’en est pas moins admissible.

1198. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Quand il fit la tragédie de Théagène, sur laquelle il consulta Molière, & celle des Frères ennemis, dont ce comique lui donna le sujet, il portoit encore l’habit ecclésiastique. […] Dès que la cabale opposée l’eut pénétré, les amis de Pradon lui conseillèrent de le prévenir en traitant le même sujet, & de ne pas manquer une si belle occasion de triomphe.

1199. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Une hydropisie l’emporta, & l’on fit, à ce sujet, des allusions cruelles à d’autres périls qu’il avoit courus. […] Ils furent brouillés au sujet d’un mais, auquel Desfontaines s’arrêta malignement, en rapportant le fragment d’une lettre écrite de la Haye, par Rousseau, à M.

1200. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Quant au second style général des saintes lettres, à savoir la poésie sacrée, une foule de critiques s’étant exercés sur ce sujet, il serait superflu de nous y arrêter. […] Tout l’esprit du christianisme est là : saint Pierre est l’Adam de la nouvelle loi ; il est le père coupable et repentant des nouveaux Israélites ; sa chute nous enseigne en outre que la religion chrétienne est une religion de miséricorde, et que Jésus-Christ a établi sa loi parmi les hommes sujets à l’erreur, moins encore pour l’innocence que pour le repentir.

1201. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Puis je lui expose des enfants, des adultes, des hommes faits, des vieillards, des sujets de tout âge, de tout sexe, pris dans toutes les conditions de la société, toutes sortes de natures, en un mot. Les sujets se présenteront en foule à la porte de mon académie, si je les paie bien ; si je suis dans un pays d’esclaves, je les y ferai venir.

1202. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Tel le sujet du roman de Meurice, et ce sujet, sous une plume virile et suffisamment essuyée des badauderies qui enniaisent la sienne, pourrait, malgré la faiblesse du caractère de son héros, tué par une opinion qu’il prend pour sa conscience, être intéressant, — comme l’est toute lutte ardente et funeste.

1203. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ce dessin gras, invisible et sournois, qui serpente sous la couleur, est, surtout si l’on considère l’époque, un légitime sujet d’étonnement. — De longtemps, les artistes n’auront pas l’âme assez bien trempée pour attaquer les jouissances amères de David et de Girodet. […] Delacroix n’est pas un peintre, mais un journaliste ; c’est du moins ce qui a été répondu à un de nos amis, qui s’était chargé de leur demander une petite explication à ce sujet.

1204. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

L’ami peut louer son ami, l’esclave son maître, le sujet son roi. […] Les hymnes qu’Horace fit pour les jeux séculaires de Rome, ont le mérite de la délicatesse et du goût ; mais combien elles sont au-dessous du sujet !

1205. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Les lettres de Sismondi, dans lesquelles il n’est que l’écho de la société de Coppet, ont, à ce sujet, fortement incriminé Esménard, et l’ont fait responsable du tour que prit l’affaire. […] Voilà un vrai sujet de querelle. […] Degérando fils, et qui a fait le sujet d’un discours à l’Académie de Metz en mai 1864. […] Le discours qui avait pour sujet l’Influence de la Révolution sur l’éloquence française. […] Ce sujet semble faire le complément de celui qui a été proposé pour le dernier prix de la deuxième classe de l’Institut ; il achève le tableau de la littérature du XVIIIe siècle.

1206. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

À ce sujet, il garde dans ses comédies une liberté souveraine. […] Mais les sujets restent très limités. […] Les sujets qu’il traite, les êtres qu’il peint, pourraient être peints ou traités par Henry Bernstein. […] Comment, à son sujet, parler de diminution ? […] C’est un autre sujet.

1207. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Jean-Jacques écrit bien ; mais, par son caractère ombrageux, il était sujet à voir mal : témoin sa haine contre M.  […] On a vu, dans quelques-uns des paragraphes précédents, le peu de fondement de cette calomnie ; il est donc inutile d’insister davantage sur ce sujet. […] Le préteur Lucius Antistius, sans aucun sujet de mécontentement, compose des vers outrageants contre Néron (TACIT. […] Voyez ce qu’il dit à ce sujet dans la Consolation à Helvia, chap.  […] Bayle fait à ce sujet une réflexion très-juste, et dont l’application est facile à faire, surtout dans les circonstances présentes.

1208. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

D’abord le sujet surprend un peu. […] C’est lorsqu’il parlera de tels sujets ou de sujets connexes, par aventure et pour se délasser, qu’il ne s’interdira point le ton joyeux ou goguenard. […] Certains portent longtemps un sujet dans leur tête et n’écrivent que lorsque l’œuvre est à point. […] L’amour avait fourni les sujets des trois romans de Mme de Noailles. […] Le sujet est moins vaste : d’autre part, la limite d’âge est moins précise.

1209. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Cependant, ils se trouvaient être aussi imprégnés que moi de mon sujet. […] Aussi bien l’attrait de mon sujet m’a entraîné trop loin. […] Mais à quoi bon nous étendre sur ce sujet ? […] L’agréable sujet de comédie ! […] Il n’y a qu’à voir le choix de ses sujets.

1210. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

… Le bavardage de Laurenty n’a pas de sujet. […] Question trop éloignée de mon sujet, et que je n’ai guère étudiée. […] Il y avait là un sujet. […] Elle a énervé la force du sujet par toutes sortes de préparations lâches et adroites. […] Elle connaît le sujet dont elle parle et s’est documentée de son mieux.

1211. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Il est en voie de changement continuel : il est sujet à la mort. […] Il est sujet, en outre, à la maladie, et capable de rétablissement. […] Nous terminons par quelques réflexions à ce sujet. […] Pasteur à ce sujet est fondamentale. […] Les preuves à ce sujet abondent.

1212. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Presque pas d’affabulations, de sujets. […] Nous tenons, sur ces terribles sujets, le témoigaage d’une conscience nette. […] L’analyse deviendra pittoresque et mêlera l’objet au sujet. […] Difficile sujet que le rire ! […] À ce sujet, je ne comprends pas très bien comment M. 

1213. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Son style a des grâces moelleuses et même, si l’on veut y un peu moles, qui sont fort convenables au sujet. […] Nous l’avons vu en nous occupant de Corneille ; d’abord : de grands sujets. […] Considérée comme œuvre de polémique elle attaque le goût régnant dans la ville ; considérée en soi elle est une pièce sans sujet. […] L’École des maris, pièce à thèse presque sans sujet. Dans Don Juan, le sujet commence à la dernière scène de l’acte III ; toute la pièce n’est qu’un portrait dramatique.

1214. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Y avait-il |bien un poème dramatique dans ce sujet ? […] Le public, ce me semble bien, n’est pas entré dans le sujet. […] Comme je l’ai dit, la technicité du sujet doit en être cause. […] Elle y a mis du temps, mais interrogez les physio-psychologues de la Sorbonne sur la durée de la transformation de la sensation en idée chez certains sujets. […] Vous en connaissez le sujet et je me borne à y glaner de jolis vers comme fleurs en se promenant dans un joli parc à la française.

1215. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

; hacher le style court et menu, filer interminablement, hier l’intrigue, aujourd’hui la description, demain le dialogue ; émietter en des parts innombrables le corps du sujet, allonger à l’infini les lieux communs du genre : embrouillamini de paternité, suppositions d’enfants, vengeances et trahisons, distillées goutte à goutte jusqu’au suprême épuisement de la matière : c’est toute une gamme d’artifices. […] Vous pourrez même, s’il vous est plus commode, le dévoyer complètement, comme a fait l’auteur de la Fille au Collier de perles, roman à succès du Petit Parisien, où se trouve encadrée une longue partie qui n’a aucun rapport avec le corps du sujet. […] Un sujet, un titre se lève dans son cerveau. […] [Paul Adam] Monsieur, Je regrette de ne pouvoir répondre à votre bien intéressante enquête, n’ayant point d’opinion sur ce sujet, et étant plutôt porté à croire que le peuple aimera toujours les élucubrations stupides, au moins pendant des temps encore. […] Il faudrait enfin que, dans le plus grand nombre des romans, le vice ne s’étalât point avec une obsessive complaisance, de façon qu’on n’en fût pas réduit à composer une spéciale et niaise littérature pour jeunes filles ; et que, dans les sujets où de graves questions de mœurs doivent nécessairement être traitées, l’auteur entrât dans son sujet avec le respect dû à sa propre dignité, à la délicatesse du lecteur même viril, et aux misères morales de l’humanité, qui en souffre et qui a tant de peine à s’en délivrer.

1216. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Paul Féval, à qui je voudrais montrer ses qualités et ses défauts à la lumière de ces grands noms, a, lui, l’ironie, l’ironie qui lui a fait rechercher souvent les sujets où l’auteur se moque de lui-même. […] C’est Brucker, en effet, qui est le roman même ; il n’en est pas seulement un personnage, il en est le centre, le cadre et le sujet. […] On avait parlé d’un livre sur les Jésuites, et je croyais que le célèbre romancier, resté romancier quoique ardemment devenu chrétien dans sa vie comme dans sa pensée, allait nous donner un roman dont les Jésuites seraient le sujet et les héros. […] Je le serais pour mon plaisir… Son sujet seul m’entre dans le cœur sans avoir besoin de la main puissante de l’écrivain qui l’y pousse… C’est, en effet, pour moi, le normand jusqu’aux ongles, une des plus belles histoires dont puisse être fier mon pays ! […] On n’a jamais concentré plus de faits dans moins de pages, et réduit un vaste sujet à tenir dans le creux d’une main d’homme assez empoignante pour l’y faire tenir.

1217. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Toutefois, indépendamment des accents de vive sensibilité qui recommandent certaines pages, il convient de remarquer, comme un délinéament d’avenir, l’opinion que le jeune auteur exprimait au sujet des chartres, ainsi qu’on disait alors. […] Ballanche, la Parthénéide de Baggesen, publiée en français vers ce même temps6, n’a d’autre sujet et d’autre action qu’un pèlerinage à la Iung Frau entrepris par un jeune Suisse Norfrank, et par trois jeunes filles à lui confiées, trois charmantes sœurs auxquelles il sert de guide et dont il aime la dernière. […] Les vues très-avancées et d’une sagacité presque divinatoire que l’auteur exprimait sur l’avenir littéraire et poétique de la France, ses éloquents et ingénieux présages à ce sujet, un an avant l’apparition de M. de Lamartine, compliquaient encore la question de succès, en choquant des préjugés non moins irritables en tout temps que les passions politiques. […] Ceux qui se récriaient si fort à mon sujet, ce n’étaient certes ni l’excellent Paulin, de tout temps mon ami, ni les rédacteurs habituels, Chambolle, Littré, etc. ; c’étaient les causeurs-amateurs, les inutiles et les bruyants, les flaneurs de haute hâblerie republicaine, Thibaudeau en tête. […] Béranger l’avait, ce sens-là, et il n’était pas homme à se taire ni à s’envelopper comme Carrel ; bien que je fusse à ce moment un peu en froid avec lui, il m’écrivait à la date du 9 décembre 1834 : « … Quant à ce que vous me dites que je me serais vanté de n’avoir pas pris parti contre vous, je ne sais trop à quoi vous faites allusion, à moins que vous ne parliez de la querelle d’Allemand qui vous a été faite au sujet d’un article sur M.

1218. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Comme puissance temporelle, je vous reconnais et je respecte votre souveraineté en tant que vos sujets eux-mêmes la reconnaissent ; comme puissance spirituelle, les catholiques français vous reconnaîtront d’eux-mêmes librement, sans aucune intervention de l’État dans le domaine de la conscience. […] Thiers lui-même sur ce sujet, et remarquez de combien de contradictions inaperçues son sophisme historique se compose sous l’apparente justesse des paroles. […] Elle existait, cette religion, qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, fourni le sujet de leurs poésies, de leurs tableaux, de leurs statues, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux tour à tour vaincus ou victorieux ! […] « Sur ce sujet, il ne s’était pas élevé le moindre doute dans sa pensée. […] L’empereur François, sans s’expliquer à ce sujet, voulut savoir à quoi Napoléon était disposé par rapport à l’armée russe.

1219. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La fureur du peuple s’éteint comme sa faveur, Gerson rentre dans ses hautes fonctions ; le roi l’emploie dans sa diplomatie pour calmer la discorde au sujet des papes entre Rome et Avignon. […] On ignore quel est le moine qui écrivit cette partie évidemment détournée du sujet de l’ouvrage, qui était humain et nullement cénobitique. […] Nous avons donc grand sujet de nous humilier, et de ne nous jamais élever en nous-mêmes, étant si fragiles et si inconstants. […] Car dans la vérité vous n’êtes qu’un pécheur, sujet à beaucoup de passions et engagé dans leurs liens. […] Mais combattre les mouvements déréglés de l’âme, et mépriser les sollicitations du démon, c’est un grand sujet de mérite, et la marque d’une solide vertu.

1220. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

C’est à Bologne qu’il chercha, avec l’instinct du génie, le sujet d’une épopée moderne égale aux grandes épopées nationales d’Homère et de Virgile, et qu’il trouva ce sujet dans les croisades. […] La religion commune est une patrie commune ; il y eut dans le choix du sujet autant de génie que dans le poème lui-même ; les croisades, qui avaient été l’héroïque folie des siècles précédents, étaient restées la tradition héroïque des peuples chrétiens. […] Tels furent les instincts qui portèrent le Tasse à choisir pour gloire l’épopée, et pour sujet les croisades. […] Nous trouvons dans une lettre de Voltaire à Chamfort du 16 novembre 1774, une appréciation admirablement juste de cet Arioste que le Tasse allait surpasser dans le sujet, en l’imitant dans la forme.

1221. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Un paysan qui a envoyé promener son maire, un curé qui empêche ses paroissiens de danser, une souscription qu’on organise, un procès de presse sont les sujets dont Courier s’empare pour faire une guerre à mort à la monarchie légitime. […] Dans tout sujet, Proudhon pose la thèse et l’antithèse, et cherche la synthèse. […] Mais il est clair : voilà sa qualité éminente et la clef de ses succès ; histoire, économie politique, Révolution, Empire, plans de campagne, finances, question d’Orient, il inonde de clarté tous les sujets : il donne à toutes les incompétences qui l’entendent, la joie de ne plus rien trouver d’obscur dans les plus difficiles et spéciales affaires. […] Il aborda toutes les questions politiques, sociales, philosophiques qui passionnaient les esprits, il parla de la démocratie, des nationalités, de la Pologne, de tous les sujets brûlants. […] Mais c’est un grand mérite d’avoir osé débrouiller un aussi vaste et redoutable sujet, et d’avoir si lestement parcouru une carrière où dix scrupuleux savants auraient usé leur vie.

1222. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Elles sont fort railleuses et moqueuses, même des gens qui ne leur en donnent pas de sujet. » Huet, évêque d’Avranches, a publié, en 1659, les portraits écrits par Mademoiselle, portraits dont celui des précieuses fait partie. […] C’est dans la scène d’exposition de son sujet. […] Certes, il ne viendra dans l’esprit de personne que cela regarde la maison de Rambouillet Molière, dans la préface de la pièce, exprime positivement une intention opposée aux applications de nos biographes modernes : « Les vicieuses imitations de ce qu’il y a de plus parfait, ont été de tout temps, dit-il, la matière de la comédie ; les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes. […] On y conversait d’une manière si alambiquée, que sur quelque sujet que ce fût, on finissait toujours par ne pas s’entendre. […] J’aurais voulu voir eu action, entre leurs mains, l’aiguille, la navette, le fuseau, la fusée, le dévidoir ; j’aurais désiré de voir ces femmes broder, faire de la tapisserie, des nœuds, des pelotons, en même temps qu’elles écoutaient une lecture, ou entendaient discourir sur quelque sujet moral ou littéraire.

1223. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Nous pourrions, à ce sujet, remarquer les rapports qui existent entre la philosophie hermétique, la philosophie indienne et le mysticisme des théosophes ; mais cette digression nous mènerait beaucoup trop loin. […] L’homme a voulu faire d’un nom un monument durable, mais ce monument n’a pu survivre à celui qui avait imposé le nom ; car l’orgueil de l’homme est sujet à recevoir des démentis. […] Enfin il y aurait à rendre compte des superstitions rabbiniques au sujet du nom incommunicable et sacré de Jeovah, nom formé, comme on sait, de la combinaison du présent, du passé, du futur du verbe être, et qui renferme, par son énergie propre, le sentiment essentiel de l’existence continue et non successive, en d’autres termes, éternelle et contemporaine de tous les temps ; ce qui, pour le dire en passant, a cela de remarquable, que le substantif par excellence tire ici son origine du verbe. Nous, pourrions également, si nous voulions épuiser ce sujet, parler des noms cabalistiques et magiques, traditions détournées de la croyance primitive dans la force des noms. […] Schlegel, dit fort bien, à ce sujet, que « si l’on pouvait parvenir à répondre à cette question par des faits d’une certaine évidence, une foule de problèmes relatifs aux origines de la civilisation se trouveraient par là même résolus ».

1224. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Polémique toute-puissante, sans cesser d’être une histoire remarquable par des qualités plus hautes que l’esprit de celui qui l’a écrite, et qui lui donnent un caractère particulier et grandiose comme à un de ces monuments auxquels non seulement un homme, mais une collection d’hommes aurait travaillé, cette histoire de la Compagnie de Jésus — si détaillée, si complète, si armée de renseignements et de raisons, et qui, par la faute glorieuse du sujet même, est taillée comme une apologie, — s’est placée, en attendant son heure et assez forte pour l’attendre, au milieu de toutes les publications contemporaines. […] Pour nous, c’est quelque chose de plus : c’est la substance même de toutes les histoires qu’on sera plus tard tenté d’écrire sur ce magnifique sujet, digne des Tertulliens futurs. […] La vie d’un Ordre qui a accompli les choses les plus puissantes et les meilleures qu’on ait vues depuis la Rédemption, est un sujet dont il est difficile de détacher sa pensée. […] Il ne s’agit ni de travestir aucune chose, ni de tromper personne, mais de sauver une autorité que les hommes outragent ou méconnaissent, en s’interdisant de traiter, au, concept insolent de tous, les sujets dans lesquels Cette autorité a pu faillir. […] II Du reste, un tel sujet, plus qu’aucun autre, devait tenter un écrivain catholique ; les annales de l’Église n’en ayant peut-être pas un autre auquel la cause du catholicisme soit si fortement attachée.

1225. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

mais d’un Esprit des Lois relevé de plus de généralités et d’épigrammes qu’on n’en trouve dans Montesquieu… Le grand moraliste du xviie  siècle a dans ses Caractères un chapitre du costume qui, par un côté, touche au sujet traité par Balzac, et par un autre s’en éloigne, mais c’était là tout ou à peu près… Qui s’était jamais avisé de superposer des axiomes à tous ces faits, jusque-là sans raison, — on le croyait du moins, — qui constituent, dans une civilisation avancée, la vie élégante, de toutes les manières de vivre la plus difficile à fixer et à caractériser ? […] Mais nul d’entre eux et parmi les plus distingués, ni Bulwer, ni Lister, ni Normanby, ni Byron (écrivain de high life dans les derniers chants du Juan et dans ses Mémoires), ni le comte d’Orsay, qui avait commencé par écrire et qui, s’il avait continué, aurait plus marqué comme écrivain et comme observateur de high life que comme artiste, nul n’avait effleuré de sa pensée le sujet que Balzac, au début de sa vie intellectuelle, avait résolu de creuser. […] En publiant sa Théorie de la vie élégante, Balzac a donc fait plus que d’attester par un livre nouveau l’inépuisable variété de ses facultés et le caractère épique d’un génie qui s’appropriait tous les sujets. […] Les Fantaisies de Claudine 5 sont cet éblouissant roman taillé à facettes de notre illustre Balzac qui parut d’abord sous ce nom, et que son auteur fit entrer dans sa Comédie humaine sous le titre plus svelte et qui prend de plus près le sujet : Un prince de la Bohème. […] Gustave Doré n’a pas su toucher ces sujets comme son modèle, et cependant il n’est, certes !

1226. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

J’ai prononcé à son sujet le mot de conteur : il faut entendre en quel sens. […] Il est religieux et dévot, quoique mondain et bon vivant ; il s’agenouille devant une croix qu’il rencontre, et récite des Pater et des Ave pour les morts ; il félicite les chevaliers qu’il célèbre, et tire sujet de louange pour eux que Dieu leur ait accordé pleine connaissance et entière repentance à l’heure de la mort. […] Mais Froissart, qui s’est écarté, rentre bientôt après dans son sujet, et par une réflexion assez piquante : « Ainsi adviennent souvent, dit-il, les fortunes en armes et en amours, plus heureuses et plus merveilleuses qu’on ne les pourroit ni oseroit penser et souhaiter. » Il se répète sensiblement en cet endroit, et a quelque peine à se remettre en train ; il recommence plus d’une fois à reprendre haleine ; on dirait qu’on est avec lui dans le flux et le reflux de la mêlée. […] C’est, entre le prince et son sujet, une suite d’assauts de courtoisie, de libéralité et de noblesse d’âme.

1227. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Il a composé deux ouvrages principaux sur ces objets ou sujets du monde intérieur : Recherches sur la nature et les lois de l’imagination, 1807 ; Études sur l’Homme, ou recherches sur les facultés de sentir et de penser, 1821. […] N’oubliez pas tous les étrangers célèbres, à commencer par Byron, qui étaient et qui sont la bonne fortune de ce lieu de passage, ces gracieuses étrangères venues du Nord, qui rompent la roideur locale et font diversion à la contrainte ; si bien qu’à voir tant de monde séduisant arriver, plaire et aussitôt disparaître, « le cœur, disait Bonstetten, y devient mauvais sujet ». […] Il est des sujets d’étude convenables et bienséants jusqu’à la fin de la vie, ceux desquels Solon disait : « Je vieillis en apprenant toujours quelque chose. » Il y a d’autres études qui demandent de la jeunesse, les langues, par exemple. […] L’un d’eux m’écrivait à son sujet avec cette aigreur doucereuse qu’ont aisément les dévots de toutes les sectes : « Son souvenir est resté cher et doux, mais peu vénérable à Genève où les mérites solides sont seuls en honneur. » 96.

1228. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Leur parlant déjà comme à un peuple-roi, leur prouvant que, du moment qu’ils l’ont été une fois, ils ne peuvent reculer et sont condamnés à l’être toujours ou à ne plus être du tout, à n’espérer plus même, s’ils tombent, la condition ordinaire des cités sujettes, il professe, à leur usage, les plus fermes maximes publiques et politiques : « Être haï, être odieux dans le présent, ç’a été le lot de tous ceux qui ont aspiré à l’empire sur les autres ; mais quiconque encourt cet odieux pour de grandes choses, il prend le bon parti et il n’a pas à s’en repentir. » Et certes, si l’on entendait toujours le Périclès de Thucydide, ce Démosthènes non seulement en parole, mais en action, on ne permettrait plus aux Romains de se vanter, comme ils l’ont fait, d’avoir ajouté de la solidité au génie charmant des Grecs. […] Les critiques mêmes de profession, pour peu qu’ils fussent élégants, ne s’informaient pas assez à l’avance de tout ce qui pouvait donner à leur jugement des garanties d’exactitude parfaite et de vérité ; on en sait plus qu’eux aujourd’hui sur bien des points dans les sujets où ils ont passé ; on a sous la main toutes les ressources désirables ; sans parler de la biographie, la bibliographie, cette branche toute nouvelle, d’abord réputée ingrate, cette science des livres dont on a dit « qu’elle dispense trop souvent de les lire », et que nos purs littérateurs laissaient autrefois aux critiques de Hollande, est devenue parisienne et à la mode, presque agréable et certainement facile, et le moindre débutant, pour peu qu’il veuille s’y appliquer deux ou trois matinées, n’est pas embarrassé de savoir tout ce qui concerne le matériel des livres et le personnel de l’auteur dont il s’occupe pour le moment. […] J’estime fort, par exemple, ces thèses que l’on voit se produire chaque année sur des sujets spéciaux, et où l’auteur a souvent cherché à creuser plus avant qu’on ne l’avait fait, à ajouter quelque chose à ce qu’on savait déjà ; je m’y instruis ; vous en ferez vous-mêmes bientôt, messieurs, et de bonnes, et même de neuves, j’espère. […] [NdA] Je choisis, entre mes leçons à l’École normale où j’ai eu l’honneur d’être maître de conférences pendant quatre années (1857-1861), celle dont le sujet est le plus général, et qui est la plus propre, en effet, à montrer comment j’entendais mon devoir de professeur, très distinct du rôle de critique ; le critique s’inquiétant avant tout, comme je l’ai dit, de chercher le nouveau et de découvrir le talent, le professeur de maintenir la tradition et de conserver le goût.

1229. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Les premiers sujets qu’il a choisis (les Maîtresses du Régent, l’édition des Philippiques de La Grange-Chancel), bien qu’assez scabreux d’apparence et semblant indiquer une prédilection peu sévère, n’ont point été attaqués par lui d’une manière frivole ; il a cherché la vérité historique et même une sorte de moralité, à travers cette veine périlleuse d’érudition qui frise le Pétrone. […] Boileau, vieux, discourait volontiers à tout propos, un peu abruptement, et parlait seul à la façon d’un Royer-Collard ; mais les sujets étaient circonscrits ; il se renfermait dans la poésie et les Lettres pures. […] Bayle que dix pages des siennes. » Ce même Basnage, qui avait écrit une Histoire des Juifs, avait mêlé les réflexions et la critique au récit ; il avait fait le philosophe dans une histoire, ce que Marais estimait une confusion, tellement que l’un, disait-il, dégoûterait de l’autre, si l’on n’était soutenu par la nouveauté du sujet : « Notre ami (c’est-à-dire Bayle) a bien senti ce dégoût, ajoutait-il ; aussi a-t-il mis la partie historique à part ; mais il y a des gens qui croient plaire par tout ce qu’ils font et qui ne veulent pas étudier le goût des autres. […] J’ai interrogé à ce sujet notre maître en Cicéron comme en tant d’autres choses, le savant doyen de notre Sorbonne littéraire, M. 

1230. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

J’étudiai néanmoins ; je lus, et c’est le résultat de ces lectures qui compose aujourd’hui la vie de Rancé. » Cette humble origine de l’ouvrage sied à l’humilité du sujet ; cette docilité de l’illustre auteur est touchante ; mais le vieux confesseur avait raison ; avec le coup d’œil du simple, il lisait dans le cœur de René plus directement peut-être que René lui-même ; il avait touché les fibres secrètes par où René était fait pour vibrer à l’unisson de Rancé.  […] Le Roi, abbé de Haute-Fontaine, au sujet d’une pratique monastique que M. Le Roi trouvait excessive et que Rancé favorisait ; la seconde au sujet des études monastiques que Rancé voulait trop restreindre, et dans laquelle Nicole prit naturellement parti pour Mabillon ; la troisième enfin avec l’humble M. de Tillemont au sujet de diverses circonstances et paroles qui semblaient également empreintes de quelque dureté. […] L’austérité extrême du sujet l’a rejeté d’autant plus vers les images voltigeantes.

1231. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Comme pasteur et prédicateur évangélique, sa doctrine et sa manière se peuvent approfondir dans ses Discours sur quelques sujets religieux, dont la troisième édition, publiée en 1836, contient de remarquables additions. […] Il en faudrait dire autant, à plus forte raison, de plusieurs brochures de lui sur le même sujet, et dont une polémique de charité et de justice animait l’accent13. […] Toutes ses qualités de précision, de propriété, de suite, de sagacité fine et de relief en peu d’espace, y sont fondues entre elles, et en équilibre avec le sujet même, qui ne demandait ni un certain essor ni une certaine flamme dont l’auteur ne manquerait peut-être pas, mais qu’il s’interdit. C’est le sujet que M.

1232. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Non, il n’est jamais permis à l’art humain d’être vrai de cette sorte ; quand même on aurait le sujet vivant, l’espèce sociale en personne sous les yeux, c’est là encore, si l’on peut dire, de l’art contre nature. […] Sue cette justice qu’il a sérieusement étudié son sujet, et non-seulement dans les sources ouvertes et faciles, mais dans les plus particulières. […] Sue nous répondra qu’heureusement pour lui et pour son sujet, Jean Cavalier n’est qu’un partisan et un révolté dans le règne de Louis XIV, que la scène se passe hors du cercle et de la sphère harmonieuse, que c’en est un épisode irrégulier, une infraction sanglante et cruelle, qu’ainsi donc les difficultés s’éludent. […] Mais bientôt, en avançant dans son sujet, l’auteur eut une crainte : certains feuilletons firent crier les moins scrupuleux ; l’odeur secrète, ce que j’ai entendu appeler l’odeur du fond de cale, si masquée qu’elle fût de temps à autre dans des parfums, perçait trop par intervalles.

1233. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Ne pouviez-vous respecter un peu moins les reliques de l’homme, et un peu plus la vérité du sujet ? […] Ces mots-là n’auraient point paru en public, et la pensée se serait vêtue avec plus de convenance à la fois et de vérité, en parfaite harmonie avec le sujet. […] Déjà, dans d’admirables et discrets articles, un homme qu’il y a toujours profit à citer, M inet, avait proféré à ce sujet des paroles qui, si on les avait mieux lues ici, auraient fait loi63. […] Certes il eût été sceptique sans sa croyance en Jésus-Christ, et cela vous semble peu de chose, parce que, si nous n’y prenons garde, nous devenons sujets, tous tant que nous sommes, en parlant beaucoup de christianisme, à ne plus bien savoir ce que c’est que Jésus-Christ au sens réel et vivant où il le prenait.

1234. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

On le voit, dès 1660, en relation avec les comédiens du Marais au sujet d’une pièce que nous ne connaissons pas. […] Racine, dans les sujets hébreux, est bien autrement à son aise que dans les sujets grecs et romains. […] Cela, au contraire, présenté disproportionnément, nous eût caché le vrai sujet, le Dieu un et spirituel, invisible et qui remplit tout. — Peu de décors dans Racine ; et il a raison au fond : l’unité du Dieu invisible en ressort mieux.

1235. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Attaqué par un jésuite du Journal de Trévoux au sujet d’un article sur Ramsay, il répliqua si décemment que les jésuites sentirent leur tort et désavouèrent cette première sortie. […] Que ce soit une compilation, un roman, une traduction de Richardson, de Hume ou de Cicéron qu’il entreprenne ; que ce soit une Histoire de Guillaume-le-Conquérant ou une Histoire des Voyages, c’est le même style agréable, mais fluidement monotone, qui court toujours et trop vite pour se teindre de la variété des sujets. […] Ceux qui m’accusent, comme ce léger M. de Loménie (qui n’est qu’un écho de son monde), d’avoir attendu la mort de M. de Chateaubriand pour laisser voir ma pensée à son sujet, ne m’ont pas bien lu. […] On peut lire à ce sujet une gracieuse lettre de Mademoiselle, cousine de Louis XIV, à madame de Motteville, où elle trace à son tour un plan de solitude divertissante qui se ressent également de l’Astrée, et qui d’ailleurs fait un parfait pendant à l’idéal de Prévost d’après Cassiodore, par un couvent de carmélites qu’elle exige dans le voisinage.

1236. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] Les beaux-arts, en général, peuvent quelquefois contribuer, par leurs jouissances mêmes, à former des sujets tels que les tyrans les désirent. […] J’essaierai de montrer le caractère que telle ou telle forme de gouvernement donne à l’éloquence, les idées de morale que telle ou telle croyance religieuse développe dans l’esprit humain, les effets d’imagination qui sont produits par la crédulité des peuples, les beautés poétiques qui appartiennent au climat, le degré de civilisation le plus favorable à la force ou à la perfection de la littérature, les différents changements qui se sont introduits dans les écrits comme dans les mœurs, par le mode d’existence des femmes avant et depuis l’établissement de la religion chrétienne ; enfin le progrès universel des lumières par le simple effet de la succession des temps ; tel est le sujet de la première partie. […] Ce sujet ramène nécessairement quelquefois à la situation politique de la France depuis dix ans ; mais je ne la considère que dans ses rapports avec la littérature et la philosophie, sans me livrer à aucun développement étranger à mon but.

1237. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

II Nous ne prétendons pas discuter ici pour ou contre la nature d’inspiration directe ou indirecte de ces livres sacrés ; ce n’est ni la place, ni le sujet de ces controverses dans un Cours de littérature. […] Il règne, il combat, il est un grand homme ; mais ce grand homme est, comme Jules César, sujet aux infirmités mentales du génie. […] Il donne ainsi à sa puissante imagination des coups d’aile qui le font perdre de vue dans l’éther, et qui le transportent d’un sujet à l’autre et d’une image à une autre avec la rapidité et l’éblouissement de l’éclair. […] Dans toutes ses odes l’artiste en gloire suit la même marche : une invocation et un récit qui paraît étranger d’abord au sujet, et auquel il rattache les plus poétiques aventures des dieux et des hommes.

1238. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Dans la langue vulgaire, comme dans la langue latine, le xiiie  siècle est le siècle des Sommes et des Encyclopédies : les unes plus scientifiques (entendez le mot des sujets, non de la méthode), comme l’Image du monde de Gautier de Metz, ou le fameux Trésor de Brunetto Latino (1205), d’autres purement morales et religieuses, connue la Somme des vertus et des vices, dédiée à Philippe le Hardi en 1279 par le frère Lorens, d’autres où la description satirique de la vie se mêle à la morale, et prend même le dessus sur elle, comme la Bible, peu religieuse, et parfois impudente, de Guyot de Provins. […] Mais ce sujet fait pour plaire aux fins seigneurs et aux dames délicates, Guillaume de Lorris le traita avec la méthode et l’esprit des clercs. […] L’auteur s’essaye parfois à conduire une période, à étendre un lieu commun : on en trouvera un exemple dans le portrait de la vieillesse, cette longue tirade sur le temps, avec ses six reprises du sujet de la phrase, à intervalles de plus en plus rapprochés. […] Abailart, Jean de Salisbury, André le Chapelain, Guillaume de Saint-Amour : ses livres de chevet, où il puise sans cesse des idées, des sujets et des cadres de développement, sont la Consolation de Boèce, le De planctu naluræ du scolastique Alain de Lille, l’Art d’aimer et les Métamorphoses d’Ovide.

1239. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Frédéric n’était pas en reste, et l’on avertit Voltaire que le roi avait dit à son sujet : « On presse l’orange, et on la jette quand on a avalé le jus ». […] D’autre part, dans ce sujet infiniment vaste, il nous fait admirer l’incroyable netteté de son esprit. […] Ce plan a l’inconvénient d’obscurcir le sujet à force de le morceler. […] Il traite son sujet avec la même largeur que dans le Siècle de Louis XIV ; il note les grandes découvertes qui vont révolutionner la civilisation plus volontiers que les batailles et les mariages des princes.

1240. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

De courtes scènes dialoguées dont le fond se réduit à ceci : que la femme est fragile, qu’elle est contredisante, qu’elle est capricieuse, qu’elle aime les soldats, qu’elle aime les mauvais sujets. […] Cette puissance, le poète l’a sans doute appliquée, dans le cours de sa vie, à des sujets différents et même à des idées contraires. Mais ces idées et ces sujets, il semble toujours les recevoir du dehors. […] Puis, comme la moindre idée lui suggère une image, et comme ensuite les images s’appellent et s’enchaînent en lui avec une surnaturelle rapidité, le sujet qu’il traite a beau être maigre et court dans son fond, la forme dont il le revêt est un vaste enchantement, Ces correspondances qu1il saisit entre les choses nous intéressent par elles-mêmes.

1241. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Et Charles Maurras n’a-t-il pas su imposer pendant des années à de nombreux lecteurs un article quotidien de plusieurs colonnes, et sur des sujets peu folâtres ? […] Le critique doit se pencher sur les livres et leurs auteurs avec les mêmes facultés et émotions non seulement de découverte mais de création que le poète sur les fleurs, les insectes, les petites filles… ou les grands sujets nationaux. […] On m’assure qu’une grande revue est prête à accueillir une étude sur ce sujet trop vierge. […] Aussi ses Lundis étaient-ils complets, ils épuisaient le sujet.

1242. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Si, dans l’Essai, il parle très sévèrement des républicains, il ne parle pas mieux des royalistes : « Le républicain, y dit-il, sans cesse exposé à être pillé, volé, déchiré par une populace furieuse, s’applaudit de son bonheur ; le sujet, tranquille esclave, vante les bons repas et les caresses de son maître. » Et sa conclusion était à la façon de Rousseau pour l’homme de la nature, et en faveur des forêts vierges du Canada. […] Malheureusement nous sommes sujet à faillir : nous n’avons point la perfection évangélique. Si un homme nous donnait un soufflet, nous ne tendrions pas l’autre joue ; cet homme, s’il était sujet, nous aurions sa vie ou il aurait la nôtre ; s’il était roi ! […] S’il nous restait de l’espace, il serait curieux de le montrer dans cette partie politique des Mémoires, affectant toujours de paraître au-dessus de son sujet, se raillant, dans sa narration, des choses les plus sérieuses comme trop plates et prosaïques, et faisant semblant de rapetisser des luttes qu’il épousait alors si ardemment.

1243. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

« D’autres concurrents toutefois, moins heureux dans l’exécution, mais louables encore dans la pensée, avaient abordé le sujet par d’autres aspects, et soulevé, sans les résoudre, quelques-unes des difficultés qui demeurent jusqu’ici pendantes. […] Il est homme de lettres aussi, celui que le feu de son imagination porte sans cesse vers des sujets nouveaux ; qui, doué de verve et de fécondité naturelle, n’a pas plutôt fini d’une œuvre qu’il en recommence une autre ; qui se sent jeune encore pour la production à soixante ans comme à trente ; qui veut jouir tant qu’il le peut de cette noble sensation créatrice et mener la vie active de l’intelligence dans toutes les saisons. […] « Je signalerai seulement deux pièces dignes de mention parmi celles qui ont succombé : l’une, un dialogue extrêmement spirituel, et parfois poétique aussi, entre deux anciens camarades de collège, un poète et un banquier ; le sujet du concours y est traité un peu trop sans gêne, toutefois. […] Il nous reste à effleurer une partie délicate de notre sujet, une question qui, bien ou mal résolue, rend les autres solutions possibles ou chimériques.

1244. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Sans doute, la parole intérieure paraît rigoureusement contemporaine de la pensée qu’elle exprime lorsque nous inventons sans effort, soit que nous rêvions de sujets futiles sur lesquels l’invention est toujours aisée, — ce qui est le cas le plus fréquent, — soit que, nous attachant à des problèmes difficiles, nous nous trouvions en verve et heureusement inspirés. […] Quiconque parle d’un sujet sans avoir l’habitude d’en parler cherche ses mots, parle lentement, hésite, tout en sachant bien ce qu’il veut dire ; les intervalles qu’il met entre ses mots prouvent qu’un intervalle existe également entre sa pensée et ses paroles. […] : Sumite materiam vestris, qui scribitis, æquam Viribus, et versate diu quid ferre recusent, Quid valeant humeri ; cui lecta potenter erit res, Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo ; [Horace, Art poétique, v. 38-41 (dans l’édition des Epîtres, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 204) : « Prenez, vous qui écrivez, un sujet égal à vos forces et pesez longuement ce que vos épaules refusent, ce qu’elles acceptent de porter. […] L’expression aisée ne manquera point, non plus qu’un ordre lumineux. »] quid valeant humeri peut se traduire : le sujet auquel on se sent préparé par des études antérieures.

1245. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Mais le tableau des Croisés est si profondément pénétrant, abstraction faite du sujet, par son harmonie orageuse et lugubre ! […] D’abord il faut remarquer, et c’est très-important, que, vu à une distance trop grande pour analyser ou même comprendre le sujet, un tableau de Delacroix a déjà produit sur l’âme une impression riche, heureuse ou mélancolique. […] Ce singulier phénomène tient à la puissance du coloriste, à l’accord parfait des tons, et à l’harmonie (préétablie dans le cerveau du peintre) entre la couleur et le sujet. […] Delacroix arrive à ce prodigieux résultat ; mais par l’ensemble, par l’accord profond, complet, entre sa couleur, son sujet, son dessin, et par la dramatique gesticulation de ses figures.

1246. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Comme le sujet resta longtemps en circulation, il est évident que les esprits satiriques du temps y virent un cadre commode au dénigrement, et qu’ils y embarquèrent petit à petit toutes sortes d’audaces. […] Le sujet est la révolte de Renart contre Noble, le roi des animaux, honnête homme qui a des faiblesses et qui a le tort de pactiser en fin de compte avec Renart. […] Les poètes ont fait à ce sujet des pièces de vers en divers sens, et l’on a de Simonide cette épitaphe triomphante des Spartiates : Nous les trois cents, qui avons, ô Sparte notre mère, combattu pour Thyrée contre un pareil nombre d’Argiens, — sans tourner la tête, — là où nous avions marqué le pied, là même nous avons laissé la vie.

1247. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Le père de ce Marius, le célèbre François Philelphe, l’un des grands promoteurs et acteurs de la renaissance des lettres en Italie, et qui, pour mieux posséder le grec, alla étudier à Constantinople sous Jean Chrysoloras dont il épousa la fille, eût été un bien plus beau sujet ; mais il avait déjà été traité par Lancelot, de l’Académie des inscriptions. […] À Venise, où il arrive très recommandé, Marius éblouit le premier jour ses illustres protecteurs : « Il parut devant le doge et devant le Sénat, et dicta sans aucune préparation, à trente-deux secrétaires, des compositions sur autant de sujets différents qui lui avaient été proposés sur-le-champ. […] je m’aperçois que je demande en ce moment à Guillaume Favre de faire ce qu’eût fait en sa place, sur un tel sujet, Ernest Renan, c’est-à-dire un savant doublé d’un artiste-écrivain. — Mais il aurait fallu pour cela dominer ses matériaux, les soumettre : Favre se borne à rassembler de merveilleux documents ; la maîtresse main s’y fait désirer.

1248. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Non pas qu’il étudie moins, qu’il possède et pénètre moins ses sujets ; mais, dans les nombreux volumes qui se succèdent, sa manière est non-seulement rapide » mais hachée, saccadée ; sa marche est haletante et comme fébrile. […] On croit trop, en lisant cet estimable écrivain à la Louis XVI, que le duc de Bourgogne n’était sujet qu’à des accès de colère comme en ont tant d’autres enfants : il a fallu, pour nous en faire distinguer l’accent tout féroce et en déterminer le caractère néronien, que parût au jour le moraliste de génie et le peintre incomparable. […] Par elles on assiste (et M. de Bausset l’a très bien montré) aux divers incidents de cette éducation littéraire si distinguée, et où le précepteur avait affaire à un sujet si inégal, mais qui excellait et se surpassait par moments.

1249. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cousin, de tout temps poëte par l’imagination, entendant le dramatique à merveille, et qui alors aimait assez le théâtre, refaisait volontiers, en conversation du moins, les pièces qu’il avait vues, et ce jour-là au dessert, se sentant plus en verve encore que de coutume, il s’écria (je ne réponds que du sens et non des paroles) : « Je veux faire un drame, un opéra, j’en inventerai l’action, j’en tracerai le plan : toi (s’adressant à l’un des convives), tu l’écriras en vers ; vous, mon cher (se tournant vers un autre convive), vous en composerez la musique, vous en ferez les chœurs et les chants ; et quand l’ouvrage sera fini, nous le donnerons à Feydeau ou au Grand-Opéra. » Le poëte ainsi désigné, c’était Loyson ; le musicien, c’était Halévy ; le sujet de la pièce eût même été, dit-on, tiré d’un conte de Marmontel, les Quatre Flacons. […] Cependant, quand il est porté par son sujet et soutenu par de bons documents originaux, dans la notice sur Grétry, par exemple, il a des parties intéressantes, des accents justes et touchants. […] Il traite son sujet et ne l’élude pas ; il introduit la discussion dans le récit : le sentiment du haut style est toujours présent comme une image du dieu d’Olympie.

1250. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Le sujet, c’est le sujet éternel de la force domptée par la faiblesse, du lion amoureux, d’Hercule aux pieds d’Omphale, de Samson énervé par Dalila : d’où le titre même. […] Que si vous avez voulu, au contraire, faire de Sibylle (comme son nom l’indiquerait) une sorte de demi-prophétesse et de révélatrice à sa manière, une fée ou une sainte déclassée et transposée dans le monde, vous n’en avez pas dit assez ; vous n’êtes pas entré assez avant dans votre sujet, vous n’avez pas attaqué hardiment et de front tout le problème.

1251. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

L’ouvrage n’étant qu’une attaque à fond, une guerre déclarée aux romans de chevalerie dont n’entendirent jamais parler ni Aristote, ni Cicéron, ni saint Basile, il n’est pas plus à propos de venir citer ces grands noms que de s’inquiéter des règles de la rhétorique auxquelles un tel sujet, né si tard et si étranger aux anciens maîtres, échappe naturellement. […] A vrai dire, si j’oublie tout ce que la critique a fait de raisonnements et de théories à ce sujet, si je me laisse tout simplement aller à l’impression de ma lecture, je n’aperçois rien de si mystérieux ni de si profond. […] « Démontrer que Gœthe s’est inspiré de Cervantes serait déjà un sujet de critique assez piquant, mais c’est une raison plus forte qui me pousse à insister sur la filiation des deux caractères.

1252. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Celui-ci, interpellé soudainement sur un sujet aussi délicat, répondit avec un peu d’embarras qu’aucune instruction de sa Cour ne l’autorisait à traiter d’un mariage entre une princesse de Naples et le fils de l’Impératrice : « Il ne pouvait donc soumettre à la reine que ses opinions personnelles ; il lui semblait que, dans l’intérêt de sa maison et de ses peuples, elle devrait favoriser une semblable union ; Eugène de Beauharnais avait toute l’affection de l’Empereur, et de grandes destinées semblaient promises à ce jeune homme. » La reine demeura quelque temps sans répondre : un sourire amer parut un moment sur ses lèvres ; elle semblait agitée intérieurement par des réflexions pénibles ; enfin elle rompit le silence et dit, comme avec effort, qu’elle n’avait aucune objection à élever contre la personne du jeune Beauharnais : « Mais il n’avait pas encore de rang dans le monde ; si, plus tard, la Providence l’élevait à la dignité de prince, les obstacles qui s’opposaient aujourd’hui à une pareille alliance pourraient être écartés. » Le moment une fois manqué ne revint pas. […] Bignon qui, dans les IXe et Xe volumes de son Histoire de France sous Napoléon, devait traiter du même sujet ; il avait voulu prendre date. […] Thiers qui, dans ses développements étendus et lucides, non-seulement riche des documents des Affaires étrangères, mais muni de la lecture des lettres mêmes de Napoléon, se portait en conquérant dans ce vaste sujet, y traitant tour à tour et indifféremment de l’administration, de la diplomatie, de la guerre, et promenant sur tous les points une intelligence ondoyante et diverse qui ne se laissait point gêner ni retarder par une trop grande exigence d’unité logique.

1253. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Le ministre de l’Instruction publique, M. de Salvandy, lui écrivit, tout électrisé, au sortir de la séance : « Monsieur, je double le prix… Je regrette de ne pouvoir mieux vous prouver l’estime que m’ont inspirée vos patriotiques vers : eux aussi semblent sculptés en granit. » Sur des sujets moins ambitieux et moins solennels, Boulay-Paty avait pendant des années remporté toutes les formes et les variétés de prix que l’Académie des Jeux floraux peut décerner : ces fleurs artificielles (souci, églantine, amarante, etc.), étaient rangées chez lui et conservées sous verre, chacune dans son bocal. […] — Mais il faut finir ; il y a un moment où, en tout sujet, on doit prononcer la clôture : Claudite jam rivos… Et la meilleure raison pour s’arrêter en pareille matière est celle qu’a donnée le roi des lyriques, Pindare : « On se rassasie même du miel, même des fleurs. » 55. […] Il célébra ensuite la Bataille de Navarin, puis l’Héroïsme de Bisson (1828) ; il humait à pleine poitrine tous les sujets qui passaient dans l’air.

1254. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Il entretient les esprits supérieurs auxquels il s’adresse des sujets élevés qui leur sont familiers, et dans une langue doucement égayée d’esprit, heureusement tempérée de raison, d’élégance et d’agrément. […] Je suis fâché que l’éditeur des Œuvres choisies n’ait pas connu notamment un article que Loyson écrivit au sujet du tome Ier de l’Essai sur l’Indifférence, à l’occasion de la deuxième édition. […] Sainte-Beuve, écrivait-il de moi à ce propos, est de la nature des chauves-souris… Sa phrase molle et lâche, impuissante et couarde, côtoie les sujets… ; elle tourne dans l’ombre comme un chacal ; elle entre dans les cimetières… ; elle en rapporte d’estimables cadavres, qui n’ont rien fait à l’auteur pour être ainsi remués : des Loyson, etc. » 128.

1255. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

me répondit, à ce sujet, Marjolin, cela ne doit point vous étonner ; une trachéotomie, c’était bien trop pour lui ; il est d’une sensibilité extrême.” […] Un de ceux-là voulut un jour me faire passer par la fenêtre : j’en eus assez et j’engageai les camarades à ne plus m’en adresser. » 25 Dorénavant il ne fréquenta ces dangereux sujets qu’à Charenton ou lieux similaires et jamais plus en pleine liberté. […] Aujourd’hui que l’on s’occupe beaucoup de cette question dans notre monde médical, j’ai trouvé intéressant de signaler ce fait, auquel n’ont probablement pas songé les auteurs du roman, ils ont fait mourir leur héroïne d’un rhume négligé, mais ils ont tracé les caractères et la marche du mal d’une manière que ne renierait pas l’auteur du meilleur Traité de clinique médicale que nous possédions. » Questionné à ce sujet précis par le Dr Cabanès, Ed. de Goncourt répondit textuellement dans une lettre : « Pour Germinie38 ça s’est passé ainsi dans la nature, la pleurésie a précédé la tuberculose », et une autre fois « … j’ai décrit un cas de pleurésie prétuberculeuse, c’est bien l’expression technique ?

1256. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

., à 5 sous par feu et par an, ce qui fut exécuté. « Ce n’est que depuis peu qu’on en a cessé la perception, quoique, par les reconnaissances modernes, tous les habitants se soient reconnus sujets auxdits guet et garde du château. » 10° Droit de péage pour toutes les marchandises et denrées qui passent par la ville de Blet, sauf les blés, grains, farines et légumes. […] Transaction de 1537 entre le seigneur et ses vassaux : il leur accorde d’avoir dans leur maison un petit four de trois carreaux, d’un demi-pied chaque, pour y cuire pâtés, galettes et tourteaux ; d’autre part ils se reconnaissent sujets à la banalité. […] Ce sujet pourrait à lui seul occuper un chapitre à part ; je citerai seulement quelques textes.

1257. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Par la forme même de son livre, par la disposition typographique qui, isolant chaque pensée, nous la présente comme souverainement importante et nous la propose pour sujet de méditation, l’auteur semble prendre envers nous cet engagement que chacun de ces brefs alinéas supposera et résumera une masse considérable d’observations particulières, en contiendra tout le suc, sera l’équivalent d’un roman, d’une comédie, tout au moins d’un sermon ou d’une chronique. […] Les moyens de réussir à ce jeu, il ne serait pas impossible, je crois, de les formuler, et ce serait même un joli sujet pour un chroniqueur, qui intitulerait cela : La Rochefoucauld dévoilé ou les principales manières d’écrire des pensées sans en avoir. […] Certains sujets sont inépuisables : la vanité, l’orgueil, l’imagination, l’amitié, l’amour, les femmes, etc.

1258. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Comme ma vieillesse ne me permet pas de suivre ma fille dans l’empire de la Lune, oserais-je demandera Votre Hautesse de quelle humeur sont ses sujets ? […] Mes sujets ? […] Il faut parler toujours sans rien dire pour sembler spirituelle ; rire sans sujet pour paraître enjouée ; se redresser à tout moment pour étaler sa gorge ; ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir ; parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre ; donner une louange à celle-ci, un lardon à celle-là ; enfin, badiner, gesticuler, minauder60. » L’arrivée du printemps, qui amène le départ des officiers, jette le désarroi dans le monde des promeneuses, et les force à se rabattre sur les robins et les petits collets fort peu demandés en hiver : Heureux les bourgeois de Paris, Quand le plumet court à la gloire !

1259. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

La plupart de ses peintures ont encore aujourd’hui la force de l’antique et la fraîcheur du moderne, et peuvent être comparées à ces tableaux d’un coloris sombre et effrayant, qui sortaient des ateliers des Michel-Ange et des Carrache et donnaient à des sujets empruntés de la religion une sublimité qui parlait à tous les yeux. […] Au reste, ce poëme ne pouvait paraître dans des circonstances plus malheureuses : nous sommes trop près ou trop loin de son sujet. Dante parlait à des esprits religieux, pour qui ses paroles étaient des paroles de vie, et qui l’entendaient à demi-mot : mais il semble qu’aujourd’hui on ne puisse plus traiter les grands sujets mystiques d’une manière sérieuse.

1260. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Le jeune prince comprit à l’instant les grandeurs et les faiblesses de cette dernière campagne de 1814, et par où elle avait manqué ; il dit à ce sujet ce mot remarquable, et qui a déjà été cité : « Mon père et ma mère n’auraient dû jamais s’éloigner de Paris, l’un pour la guerre, l’autre pour la paix. » La curiosité une fois apaisée sur ces parties à la fois les plus classiques et les plus vives, Marmont reprit chronologiquement la suite des campagnes, l’expédition d’Égypte, la campagne de Marengo, celles d’Austerlitz, d’Iéna, de Wagram, de Russie : il recommanda vivement au jeune prince, pour cette dernière, l’Histoire de M. de Ségur, non pas comme l’ouvrage le plus didactique ni peut-être le plus complet militairement, mais comme celui où l’on trouve le plus la vérité de l’impression. […] Mais ici la méfiance, déjà propre à cette jeune nature, se marqua à l’instant ; sa physionomie se ferma : « Mais je ne connais personne à Paris », répondit-il ; — et après une pause d’un instant : « Je n’y connais plus que la colonne de la place Vendôme. » Puis s’apercevant qu’il avait interprété trop profondément une parole toute simple, et pour corriger l’effet de cette brusque réponse, il envoya le surlendemain à M. de La Rue, qui montait en voiture, un petit billet où étaient tracés ces seuls mots : « Quand vous reverrez la Colonne, présentez-lui mes respects. » Au maréchal Marmont, comme à toutes les personnes avec qui il parlait de la France, le jeune prince exprimait l’idée qu’il ne devait, dans aucun cas, jouer un rôle d’aventure ni servir de sujet et de prétexte à des expériences politiques ; il rendait cette juste pensée avec une dignité et une hauteur déjà souveraines : « Le fils de Napoléon, disait-il, doit avoir trop de grandeur pour servir d’instrument, et, dans des événements de cette nature, je ne veux pas être une avant-garde, mais une réserve, c’est-à-dire arriver comme secours, en rappelant de grands souvenirs. » Dans une conversation avec le maréchal, et dont les sujets avaient été variés, il en vint à traiter une question abstraite ou plutôt de morale, et comparant l’homme d’honneur à l’homme de conscience, il donnait décidément la préférence à ce dernier, « parce que, disait-il, c’est toujours le mieux et le plus utile qu’il désire atteindre, tandis que l’autre peut être l’instrument aveugle d’un méchant ou d’un insensé ».

1261. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Sans doute, lorsqu’il s’agit de la théorie abstraite de l’induction ou de la déduction, la philosophie est sur son propre terrain, et elle seule peut accomplir cette œuvre difficile ; mais, lorsque, passant du sujet à l’objet, elle cherche à quelles règles ces procédés doivent obéir pour discerner la vérité dans telle ou telle science, quels sont en mathématiques les principes de la méthode analytique, en physique ceux de la méthode expérimentale, la philosophie ne peut plus alors se passer du concours des sciences ; et, sur ce terrain pratique, les savants seront nécessairement les meilleurs logiciens. […] Dumas, dans sa Philosophie chimique, a jeté çà et là sur ce sujet quelques vues précises et pénétrantes ; M.  […] Entrer dans trop de détails serait trop nous éloigner de notre sujet ; cependant, je ne puis m’empêcher de citer quelques exemples qui nous ramèneront d’ailleurs aux idées mêmes de M. 

1262. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Des représentations qui n’expriment ni les mêmes sujets ni les mêmes objets ne sauraient dépendre des mêmes causes. […] Nous les faisons consister en des manières de faire ou de penser, reconnaissables à cette particularité qu’elles sont susceptibles d’exercer sur les consciences particulières une influence coercitive. — Une confusion s’est produite à ce sujet qui mérite d’être notée. […] En pensant les institutions collectives, en nous les assimilant, nous les individualisons, nous leur donnons plus ou moins notre marque personnelle ; c’est ainsi qu’en pensant le monde sensible chacun de nous le colore à sa façon et que des sujets différents s’adaptent différemment à un même milieu physique.

1263. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Et dès lors, pour me renfermer dans le sujet que j’ai entrepris de traiter, il me semble que le romancier aura pleinement satisfait à la morale, s’il remplit deux conditions, dont l’une concerne le but et l’autre les moyens. […] Presque tous les écrivains ont rencontré, une ou plusieurs fois, et ils ont traité des sujets dont l’affabulation peut être exposée, résumée, expliquée, devant un auditoire d’école primaire. […] Voyez, dans une même patrie, les gens de la plaine et ceux de la montagne, ceux qui communiquent, par tout leur être, avec le sol rocheux, l’air sec, avec les bruyères, avec les grands flamboiements de soleil sur des surfaces arides ; regardez à côté et étudiez ceux que la vie enferme dans l’ombre moite des forêts ; observez le visage des mêmes travailleurs qui change avec les saisons, la couleur de leurs paroles ou de leurs yeux qui varie plus d’une fois en un jour, et dites si nous ne sommes pas un peu les sujets de ce monde que nous dominons par la pensée ?

1264. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

D’abord il dispose parfaitement les diverses parties d’un sujet : en cela ses leçons de 1828 sont des modèles. […] On sent qu’il est toujours maître de son sujet, qu’il se meut dans le champ des idées comme dans son domaine, qu’il en sait tous les chemins, qu’il est prêt, si l’un d’eux se trouve fermé, à en ouvrir d’autres, qu’il a le droit de prendre charge d’âmes, et de s’offrir pour guide aux ignorants et aux étrangers qui voudront visiter la contrée solitaire et périlleuse où il s’est établi. […] Ce passage subit à un ton si différent montre que l’orateur est dans son naturel, qu’il a trouvé son genre, et que son sujet est d’accord avec son talent.

1265. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Le résumé de ce qui s’est dit à ce sujet dans plusieurs séances formerait assurément la critique littéraire la plus complète de la pièce, et l’auteur n’aurait pas à s’en plaindre puisque son ouvrage en est sorti triomphant. […] MM. les ministres, consultés par vous à ce sujet, monsieur le président, ont bien voulu autoriser la Commission à suivre l’esprit plutôt que la lettre de l’arrêté, et à proposer cette fois d’attribuer cette seconde prime de trois mille francs à un ouvrage qui a plus de quatre actes, qui par conséquent est plus considérable qu’on ne le demande, et qui remplit d’ailleurs si bien les vues de l’institution.

1266. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Si ce tiers n’a su de quoi il était question, comme cela a dû lui paraître, je ne le sais pas davantage ; et, en général, ce qui m’a été le plus clair depuis plusieurs mois, c’est que vous pensiez avoir quelque sujet de plainte sur mon compte et le disiez assez volontiers à beaucoup de personnes. […] Ainsi je puis dire qu’avec Béranger, comme avec plus d’un personnage célèbre de nos jours, j’ai fait le tour de mon sujet, — et plutôt deux fois qu’une.

1267. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Ses vues à ce sujet concordent entièrement avec celles que M. de Lamartine avait émises, il y a deux ans, dans sa brochure intitulée de la Politique rationnelle. […] L’auteur, n’étant pas astreint par la nature de son sujet à un cadre rigoureux, intervient en quelques digressions avec chaleur et d’un ton ému, presque lyrique, qui va à l’éloquence.

1268. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Peu s’en faut, dans ses commencements, qu’il ne se fasse une spécialité de certains sujets et qu’il n’installe dans la maison Tellier son principal siège d’observation. […] Je ne saurais dire si c’est parce qu’il avait quitté le roman biographique pour le roman-drame que l’auteur de Bel-Ami a, dans ces derniers temps, paru s’attendrir, ou si c’est au contraire parce que l’expérience et les années l’avaient attendri, qu’il s’est intéressé davantage aux drames de la passion et qu’il a jugé qu’une seule crise dans une existence humaine pouvait faire le sujet de tout un livre : mais le fait est que son cœur, on le dirait, s’est amolli et que la source des larmes a commencé d’y jaillir.

1269. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Le sujet l’a captivé, lui permettant d’évoquer deux réalités singulières, séduisantes et analogues : le satanisme dans l’histoire personnifié par Gilles de Rais, le satanisme contemporain incarné dans un chanoine Docre. […] Huysmans touche à un sujet, il le considère quasiment en ennemi à vaincre (parce que, disions-nous, il joue la difficulté et qu’une de ses œuvres a toujours des côtés de réussite).

1270. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Otwai avoit pris lui-même dans l’histoire de la conjuration de Venise par l’abbé de saint-Real, le sujet, les caracteres principaux et les plus beaux endroits de sa piece. […] Mais comme leur génie ne se connoît pas bien lui-même, comme ils n’ont pas encore un stile formé, qui soit propre au caractere de leur génie, et convenable pour exprimer les idées de leur imagination, ils s’égarent en choisissant des sujets qui ne conviennent pas à leurs talens, et en imitant dans leurs premieres productions, le stile, le tour et la maniere de penser des autres.

1271. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

C’étoit du choix des pieds qu’avoit fait le poëte, par rapport au sujet exprimé dans ses vers, que naissoit la beauté ou la convenance de la mesure, et par conséquent celle du rithme. […] Voici ce qu’a écrit, au sujet des endroits de la poëtique d’Aristote que nous avons taché d’expliquer, un des derniers commentateurs de cet ouvrage, dans ses remarques sur le sixiéme chapitre.

1272. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Lucien nous apprend même qu’on leur matelassoit le corps afin que cette taille énorme parut du moins proportionnée, et ce qu’il nous dit sur ce sujet est confirmé dans une lettre attribuée à S. […] Tertullien dans le petit ouvrage qu’il a composé sur le même sujet, dit que l’acteur de tragedie crie de toute sa force.

1273. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Si nous descendions aux détails, nous aurions à examiner ici les sources de la mendicité, les causes qui l’ont produite et consacrée en quelque sorte chez les peuples modernes, les raisons qui doivent la faire disparaître à présent : nous aurions encore à jeter un coup d’œil sur le régime de hôpitaux, sur la nécessité ou nous sommes peut-être, dans l’état actuel de la civilisation, d’introduire de grands changements dans l’administration générale des secours aux indigents ; nous aurions enfin à pénétrer dans l’intérieur de nos manufactures pour voir comment il serait possible de conserver la santé de nos ouvriers, de relever en eux l’intelligence et le sentiment moral affaiblis par un travail trop mécanique, de les rendre à l’intensité des affections de famille, de leur donner la prévoyance de l’avenir : mais ce ne serait point véritablement de mon sujet, puisque je dois m’abstenir d’appliquer mes observations à aucun objet en particulier. […] Lorsque nous avons emprunté aux anciens leurs sujets tragiques, nous n’avons pas hésité de les placer sous le jour sinistre de la fatalité.

1274. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Pour être matière et sujet d’histoire, il faut être quelqu’un ; et ni avant sa mort ni après sa mort ce marquis de Grignan n’a été quelqu’un… Ce qu’on en connaît, on ne le sait que par sa grand’mère, qui même ne s’appelait pas Grignan, — qui s’appelait de son chef Rabutin de Chantal, et du chef de son mari Sévigné, et qui, elle, ne fut pas comme son petit-fils. […] L’auteur s’est transformé avec son sujet.

1275. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

, nous donnerons des explications et des éclaircissements… » Et, de fait, il en donne alors, mais encore, selon nous, d’une façon beaucoup trop rapide ; car, en n’appuyant pas sur cette partie de son sujet, il manque la critique et il manque l’histoire, et, comme dit l’expression pittoresque et vulgaire, il reste assis par terre entre deux selles, le commentateur ! […] C’est là, sans doute une délicatesse… mais il est évident aussi que des délicats de cette espèce ne sont pas faits pour traiter largement un mâle sujet littéraire et nous l’ouvrir jusqu’aux entrailles ; il est évident qu’ils n’ont pas été créés et mis au monde pour ne rien comprendre aux énergiques trivialités des grands écrivains, et qu’il leur faut renoncer à écrire la biographie intellectuelle du Génie, aussi bien qu’à peigner, la crinière des lions !

1276. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Il est, au contraire, beaucoup plus commun qu’on ne croit, ce singulier bon ménage du talent et de l’ennui, qui habite des œuvres réputées imposantes, et qu’on ne saurait expliquer, le talent, que par le mérite actif de l’homme ; l’ennui, que par le choix de son sujet. […] M. le Conte de L’Isle, avec tout son talent, est la victime de son sujet.

1277. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

En vain avait-il enflammé la tête et fait battre le cœur à toute une génération, et à une génération autrement vigoureuse que celle qui lui a succédé, on comparait ses poèmes, pour l’effet, à de vieux sujets de pendule, et le Sélim de La Fiancée d’Abydos, par exemple, semblait presque aussi faux et aussi ridicule que le Malek-Adel de madame Cottin, Ces outrageantes sottises ont été dites ; Baudelaire a partagé l’opinion de Gautier, qu’il a nommé « l’impeccable ». […] Son Georges Ancelys et sa Jeanne de Courtisols sont cet éternel sujet, repris par tous les poètes : la mort dans l’amour et par l’amour.

1278. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Ce type de grandeur cachée, ce beau sujet à traiter pour un observateur profond, épouvante les écrivains en France, où le ridicule a tant d’empire : or, celui qu’on a jeté sur la position de la vieille fille est si grand et si officiel, qu’ils croiraient peut-être le voir rejaillir jusqu’à eux, s’ils considéraient seulement la vieille fille par les côtés touchants, élevés, héroïques, et voilà pourquoi ils se sont abstenus de la peindre dans la splendeur possible de son isolement désespéré ou courageux. […] Deltuf, qui a l’œil aux nuances et qui, quoique fin, a parfois le naturel de la force, était digne, ce me semble, d’entr’ouvrir ce sujet superbe et de nous donner une confession qui aurait été la confession de toute une vie, et non plus celle d’un moment dans la vie, comme La Confession d’Antoinette.

1279. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Une ville grecque demanda une statue à un artiste célèbre, et lui laissa le choix du sujet. […] vous venez de fournir un sujet éternel à ceux qui voudront blâmer Athènes ; on lui reprochera d’avoir fait mourir Socrate, qui était, dira-t-on, un sage ; car, pour avoir droit de vous blâmer, on me donnera ce nom que je ne mérite pas ; au lieu que, si vous aviez encore attendu quelque temps, je mourais sans qu’Athènes se déshonorât.

1280. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Les monarques veulent avilir leurs sujets en les livrant aux vices et à la dissolution, par lesquels ils croient assurer leur trône ; et ils les disposent à supporter le joug de nations plus courageuses. […] De là naît une fausse éloquence, prête à soutenir le pour et le contre sur tous les sujets.

1281. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

DEIDIER firent quelques travaux peu importants sur le même sujet. […] Nous reviendrons plus tard sur ce sujet à propos des usages des salives. […] Nous allons entrer dans quelques détails à sujet. […] On a émis à ce sujet des opinions différentes. […] J’ai fait à ce sujet les expériences suivantes.

1282. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Est-ce parce que dans toute pièce moderne l’adultère étant le sujet général, on a été dérouté ? […] Le plus révolté de ses sujets, c’est le poète rêvant qui la considère, comme autrefois l’astrologue, mais sans plus y chercher le chiffre de son mystère. […] Bruges-la-Morte s’en va pour laisser place à une résurgence, à la venue, à l’infiltration d’une vie plus moderne à travers les vieilles pierres, et tel est le sujet du Carillonneur. […] Influence dans la position du sujet, mais ensuite quelle indépendance ! […] Mais pour rendre bien sensible la différence de l’artiste pur à l’artiste sociologue, supposons-les tous les deux devant le même sujet, pratique, quotidien, politique.

1283. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Toutes les variétés apparentes du raisonnement ne tiennent qu’à la nature du sujet que l’on traite et à sa plus ou moins grande complexité. […] Il n’y a aucune contestation à ce sujet pour les corps bruts. […] Je reviendrai d’ailleurs plus loin sur cet important sujet. […] Willis, Scarpa, Bischoff, avaient émis à ce sujet des opinions différentes et même opposées. […] Ce n’est pas le lieu d’entrer dans le développement de ces idées philosophiques ; reprenons notre sujet et passons à un nouvel exemple expérimental.

1284. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Les sujets qu’il préfère sont les sujets d’intérêt général et public, événements historiques ou lieux communs de morale ; Au roi Henri le Grand, allant en Limousin, ou : Au roi Henri le Grand, sur le succès du voyage de Sedan. […]           Est sujet à ses lois, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre. […] Aussi souvent que le sujet le comporte, vous n’en trouverez pas un qui ne soit un commencement de réponse à quelqu’un de ces arguments. […] Ni son sujet en général, ni le point particulier que j’ai choisi pour bien faire voir comment il ne compose pas, n’ont rien qui lui soit personnel. […] Avec sa distinction des sept classes d’écrivains qui peuvent encourir l’accusation d’indécence, il épuisa le sujet, mais on vit clairement qu’il ne l’avait pas du tout entendu.

1285. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Pour moi, je suis tellement obsédé de mon sujet, que j’en parle à tout le monde. […] C’est un sujet sur lequel il n’entendait pas raillerie. […] C’est un sujet sur lequel il n’entendait pas raillerie. […] Le critique résiste. « Oui, dit-il, le sujet est joli, mais je n’ai pas le temps. […] Comment je trouve mes sujets ?

1286. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 62

Auteur singulier, qui n'a écrit que sur des sujets singuliers, & dont les Ouvrages en vingt volumes in-folio, conduisirent Boissat, son Libraire, à l'Hôpital : fin aujourd'hui plus ordinaire aux Auteurs qu'aux Libraires.

1287. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Ce sujet est tout à fait intéressant. […] La femme est un sujet sur lequel il est aisé de bouffonner et de déraisonner. […] Voilà un sujet fort intéressant. […] Arthur Acland est un sujet distingué d’Oxford, que M.  […] — est un sujet d’« actualité ».

1288. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article »

On fait peu de cas de son Histoire de Louis XIII, à cause de l’inexactitude des faits, que l’envie de plaire au Cardinal de Richelieu lui fit dénaturer ; mais on estime son Histoire des Guerres, que ce même Monarque eut à soutenir contre ses Sujets Protestans, à cause des recherches & des anecdotes curieuses qu’elle renferme.

1289. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Le sujet, en art, n’a d’intérêt que pour les enfants et les illettrés. […] L’imitation des sujets n’est pas seulement permise, elle est inévitable. […] Voici enfin une allusion au véritable sujet du livre, M.  […] Albalat nous soumet différentes exécutions de « sujets artificiels ». […] Albalat ayant invoqué Homère (« Que ferait Homère devant un tel sujet ? 

1290. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

DAILLÉ, [Jean] Ministre Protestant, né à Chatelleraut en 1594, mort à Paris en 1670, a beaucoup écrit sur la Religion & sur divers sujets de controverse.

1291. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 383

Le Théophraste moderne, les Portraits sérieux, galans & critiques, ont sans doute été faits dans cette louable intention ; mais il ne suffit pas de traiter les mêmes sujets, pour mériter les mêmes honneurs.

1292. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article »

Tout ce qu’on peut dire à son sujet, c’est qu’il paroît avoir le premier introduit parmi nous l’usage des Chansons galantes, dont il avoit tiré le modèle des Italiens & des Espagnols.

1293. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article »

Ces Mémoires furent accueillis avec avidité, autant pour la nouveauté du sujet, que pour l’agrément & la vivacité du style.

1294. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 297

M. de Méré avoit vraisemblablement sujet de se plaindre d’elles, ce qui doit décréditer ses jugemens.

1295. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

L’amusant, chez Hokousaï, c’est la variété des sujets. […] Ce volume est tout plein de sujets de l’histoire mythologique et préhistorique. […] C’est ce marché qui fait le sujet de l’estampe. […] Or, voici le sujet. […] Le même sujet vers 1807, plus ancien de 40 ans.

1296. (1774) Correspondance générale

Mes ennemis en font, selon leur caractère, un sujet de plaisanterie ou d’injure. […] Je suis chargé de publier les statuts des différents établissements que Sa Majesté a formés pour l’utilité de ses sujets. […] Les grands sont si sujets à rencontrer des fripons qu’ils se méfient des honnêtes gens. […] Tel est le sujet du drame. […] La lettre que nous publions ci-après nous donne à ce sujet de piquants détails.

1297. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

— Oui, l’abbé, le génie, et puis le bon choix des sujets, l’homme de nature opposé à l’homme civilisé, l’homme sous l’empire du despotisme, l’homme accablé sous le joug de la tyrannie, des pères, des mères, des époux, les liens les plus sacrés, les plus doux, les plus violens, les plus généraux, les maux de la société, la loi inévitable de la fatalité, les suites des grandes passions. […] Celui donc qui se négligera sur le choix du sujet se privera de la meilleure partie de son avantage ; c’est un magicien maladroit qui casse en deux sa baguette. […] Les premiers disaient que la vertu définie l’habitude de conformer ses actions à l’utilité publique était la vertu du législateur ou du souverain, et non celle du sujet, du citoyen, du peuple ; car qui est-ce qui a des idées exactes de l’utilité publique ? […] C’est qu’il n’y a dans la même pensée rendue par les mêmes expressions, dans les deux vers faits sur un même sujet, qu’une identité de phénomène apparente, et c’est la pauvreté de la langue qui occasionne cette apparence d’identité. — J’entrevois, dit l’abbé. à votre avis, les deux parleurs qui ont dit la même chose dans les mêmes mots, les deux poëtes qui ont fait les deux mêmes vers sur le même sujet n’ont eu aucune sensation commune ; et si la langue avait été assez féconde pour répondre à toute la variété de leurs sensations, ils se seraient exprimés tout diversement ? […] Allez à l’académie, et proposez-y seulement ce sujet tout simple qu’il est : demandez qu’on vous montre l’amour volant au-dessus du globe pendant la nuit, tenant, secouant son flambeau, et fesant pleuvoir sur la terre, à travers le nuage qui le porte, une rosée de gouttes de feu entremêlées de flèches.

1298. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Macaigne, Camille (1843-1877) »

Les sujets qu’il traite sont les thèmes éternels et qui toujours seront les plus fertiles en variations lyriques : les promenades à travers les champs et les bois, les charmants épisodes de la vie de famille, quelques scènes de l’antiquité, les jeux de la fantaisie et jusqu’aux discrètes émotions du patriotisme.

1299. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mesureur, Amélie (1854-1926) »

Eugène Ledrain Quelle forme précieuse et familière bien appropriée au sujet, dans Nos enfants !

1300. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

C’est au sujet du discours qu’Arnolphe fait à sa pupille, au troisième acte de l’École des Femmes. […] Lanson parvient en effet, à retrouver, dans chacun des drames de son auteur, le sujet d’une pièce d’Augier, de Dumas, de George Sand ou de Sardou ! […] Claretie et Porel est évident, la façon d’entendre et de pratiquer ce devoir est tout ce qu’il y a de plus incertain, et de plus sujet à discussion. […] Jugez-en d’ailleurs par le sujet. […] Il reste que, selon Corneille, « le sujet d’une belle tragédie ne doit pas être vraisemblable ».

1301. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Quelque sujet qu’ils aient traité, la manière n’en a jamais appartenu qu’à eux. […] Car, s’il n’y a guère de sujet de roman qui ne puisse devenir un sujet de drame — et réciproquement — cependant la manière de les traiter diffère ; et lui-même le savait bien, qui n’a mis que bien peu de ses romans à la scène ! […] Cependant, il faut bien s’y résoudre, et donner au moins une courte idée du sujet de la Terre promise. […] Renan, ils n’en sont pas moins de la constitution du sujet, si même, en un certain sens, ils ne sont le sujet lui-même. […] Et qui ne jugera qu’en vérité le sujet en valait la peine ?

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