Son cerveau est un carrefour où se bousculent pêle-mêle les races, les idées, les philosophies, les religions.
Au reste, la philosophie, dans ses tentatives à demi heureuses pour unifier le savoir, a constaté des lois qui dominent tous les ordres de connaissances38.
Voici la substance de ce morceau curieux, qu’il a reproduit dans ses Lettres sur la philosophie de l’esprit humain 277.
Il est aisé de comprendre par-là, combien la Philosophie est opposée aux vrais talens, combien elle nuit au bonheur.
En politique, en morale, en sociologie, en religion, en philosophie, le conservateur de la doctrine ancienne et le révolutionnaire le plus acharné à détruire les vérités présentes se confondent dans l’identité d’une même foi.
On voit avec peine ces marques de ressentiment à côté des plus belles leçons de morale & de philosophie.
La philosophie ne peut demander un genre de beautés plus élevées et plus graves.
Croire avec Hutcheson, Smith et d’autres que nous ayons un sens moral propre à discerner le bon et le beau, c’est une vision dont la poésie peut s’accommoder, mais que la philosophie rejette.
C’est une des découvertes que la nouvelle philosophie a faites, il faut l’avoüer, sans le secours de l’expérience, et par la voïe seule du raisonnement.
Mais bas-bleu de bonne heure, élevée sans mère dont elle ne parle pas et par un père qui pour tuer en elle le sentiment religieux et la prédisposer à la philosophie, lui faisait lire la correspondance de Voltaire et du Roi de Prusse, cette Prudence, sans prudence, ne fit, en vivant, que foncer son indigo davantage ; et ses amours, même les plus jeunes, et qui auraient dû être si roses, ne furent que de vaniteux amours de bas-bleu.
Dumas tous deux par l’absence de principes, de moralité littéraire, de philosophie supérieure, l’un, le père, fut l’inspiration, — non pas la divine, non !
Bohèmes, malgré tout, cependant, ces derniers, malgré leur attitude de Staters et d’olympiens, leur importance, leur influence, leur situation dans tous les mondes, officiels ou non officiels, leurs chaires quand ils sont professeurs, leurs bibliothèques quand ils sont bibliothécaires, leurs palmes d’académiciens quand ils sont de l’Académie : — le signe essentiel, caractéristique, du bohème, n’étant pas de n’avoir point d’habit, mais de n’avoir point de principes, de manquer de l’asile sacré d’une morale fixe autour de la tête et du cœur, de vagabonder dans ses écrits à tout vent de doctrine, et, comme déjà nous l’avons dit, de vivre, enfant de la balle politique ou littéraire venu ou trouvé sous le chou de la circonstance, sans feu ni lieu intellectuel, — c’est-à-dire sans une religion ou sans une philosophie.
III Pour nous, en effet, encore plus que pour lui, toute cette grosse philosophie politique dans laquelle il sonne comme dans une trompe, avec des efforts à se démonter le cerveau, n’est rien de plus qu’une petite question d’histoire, et d’histoire de France.
Pierre Dupont, nous déplorions le travail funeste que les philosophies modernes ou les idées politiques du jour pratiquaient jusque sur les airains les plus solides en fait de génie, et nous en montrions le ravage ; mais quelle ne doit pas être cette influence quand elle s’exerce sur des esprits plus délicats que forts, comme celui de M.
Huysmans, tout horrible que ce livre soit, n’est pas seulement, comme je l’ai dit, d’être affreux dans sa philosophie, mais, en art, c’est d’être puéril.
L’orateur était Septime Sévère, qui avait cultivé la philosophie et les lettres, homme d’état, homme de guerre, aussi actif que César, aussi implacable dans ses vengeances que Sylla, enfin l’un de ces hommes qui, nés pour le malheur et la gloire de leur pays, ont été tout à la fois grands et cruels.
Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus.
Il y a même en général de l’éloquence, du style, de l’harmonie, mais nulle philosophie et très peu de goût.
. — Son jugement sur la religion, la science, la philosophie et la raison. — Comment il diffame l’intelligence humaine. — Les Voyages de Gulliver. […] Ce bon goût et cette philosophie manquent à l’esprit positif ; il veut atteindre non la beauté éternelle, mais le succès actuel. […] Jugez de ce qu’il voit et de ce qu’il souffre ; c’est là sa beauté idéale et sa conversation badine, et vous devinez qu’il aura pour philosophie comme pour poésie et pour politique l’exécration et le dégoût. […] Tel est ce grand et malheureux génie, le plus grand de l’âge classique, le plus malheureux de l’histoire, Anglais dans toutes ses parties, et que l’excès de ses qualités anglaises a inspiré et dévoré, ayant cette profondeur de désirs qui est le fond de la race, cette énormité d’orgueil que l’habitude de la liberté, du commandement et du succès a imprimée dans la nation, cette solidité d’esprit positif que la pratique des affaires a établie dans le pays ; relégué hors du pouvoir et de l’action par ses passions déchaînées et sa superbe intraitable ; exclu de la poésie et de la philosophie par la clairvoyance et l’étroitesse de son bon sens ; privé des consolations qu’offre la vie contemplative et de l’occupation que fournit la vie pratique ; trop supérieur pour embrasser de cœur une secte religieuse ou un parti politique, trop limité pour se reposer dans les hautes doctrines qui concilient toutes les croyances ou dans les larges sympathies qui enveloppent tous les partis ; condamné par sa nature et ses alentours à combattre sans aimer une cause, à écrire sans s’éprendre de l’art, à penser sans atteindre un dogme, condottiere contre les partis, misanthrope contre l’homme, sceptique contre la beauté et la vérité. […] Philosophe contre toute philosophie, il a créé l’épopée réaliste, parodie grave, déduite comme une géométrie, absurde comme un rêve, croyable comme un procès-verbal, attrayante comme un conte, avilissante comme un torchon posé en guise de couronne sur la tête d’un dieu.
Nous ne sommes pas de ceux qui se plaisent à dogmatiser sur ce qu’ils ignorent, et qui mettent la philosophie en catéchisme. […] Herder, après Montesquieu, exagéra encore plus la même théorie, dans ses Idées sur la philosophie de l’histoire, « auxquelles, dit M. […] L’éloquence est le cachet de notre dix-septième siècle ; la philosophie est celui du dix-huitième ; la critique et l’histoire celui du dix-neuvième. […] Est-ce que la critique et la philosophie auraient aussi leurs superstitions et leurs mystères ? Est-ce que la critique et la philosophie ne sont pas l’examen libre, la recherche du vrai par tous les moyens ?
Et cette distinction est vraie, non seulement de la philosophie, mais de la vie : car à chacune de ces deux doctrines correspond un groupe de réalités qu’elle explique et qui la justifie. […] Aucune philosophie ne le peut, car, ou bien elle affirme, et c’est le dogmatisme contre quoi les pyrrhoniens ont raison, ou bien elle nie, et c’est le pyrrhonisme que les dogmatiques mettent à quia. […] Pascal applique à la religion le procédé appliqué par Descartes à la philosophie. […] Puisse ainsi penser le lecteur de ces notes de philosophie artistique. […] C’est là une formule qui serait très simple, si, derrière les problèmes de facture, ne se dissimulait une philosophie entière de l’art.
Tous ceux dont abusent certaines philosophies politiques, justice, vérité, égalité, démocratie, liberté, et cent autres, n’ont de valeur que par la valeur sentimentale que leur attribue celui qui les profère. […] La philosophie, qui passe vulgairement pour le domaine des idées pures (ces chimères !) […] Il faut se méfier d’une philosophie empêtrée dans la boue de la scolastique : elle s’enlise, parce qu’elle s’est attardée à tendre des pièges à la raison. […] L’influence allemande ne s’est guère exercée sur nous depuis dix ans que par la seule philosophie. […] Maeterlinck, qui représente à la fois dans notre littérature le moyen-âge flamand, la philosophie individualiste d’Emerson et la rêverie de Novalis ; mais il est avant tout un prosateur.
Ils restent étrangers à toute active manifestation sociale, ils n’ont plus guère de goût qu’aux spéculations des sciences, des philosophies, des arts et des littératures. […] Est-ce bien cette même Église qui, au Moyen-Âge, sauva dans son sanctuaire la littérature et tous les arts et toutes les philosophies ? […] Prêtres, Philosophes et Poëtes pratiquent la logique d’Aristote, non pas sa philosophie : ils sont de Platon, qu’ils l’avouent ou le récusent. […] Malheureusement, la foi manquant, tout risque de rester stérile, Art et Philosophie : les vers, savants et froids, ne chantent pas ; les pensées, niant, ne créent pas. […] En religion, en philosophie, c’est la mort et le néant ; en art c’est tout ensemble un grand danger et une grande sauvegarde.
Sa vie est celle d’un homme de passion éteinte, mais de goût survivant, qui trompe les heures tantôt avec la philosophie, tantôt avec la poésie, toujours avec la piété et l’amitié. […] L’aigreur envahit la discussion ; le parti très nombreux de la philosophie vénitienne sacrifia Pétrarque à Aristote ; il resta presque isolé dans sa retraite d’Arquà, entre son gendre, son petit-fils, quelques vieux serviteurs et ses livres. […] « J’envie à Arquà le bonheur dont il jouit de servir de dépôt à la dépouille d’un homme dont le cœur était le séjour des muses, le sanctuaire de la philosophie, de l’éloquence et de tous les beaux-arts.
Je restai à Frascati environ cinq ans et demi ; j’y terminai la rhétorique, la philosophie, les mathématiques et la théologie. J’eus le bonheur d’avoir en rhétorique, en philosophie et en mathématiques deux excellents professeurs, et j’appellerai même le second très excellent. […] C’était un homme d’un rare mérite : il connaissait la philosophie, les mathématiques, la théologie et les belles-lettres, et j’ai rarement vu quelqu’un digne de lui être comparé.
Revenue à Coppet, en 1809, elle écrivit son livre de l’Allemagne, titre modeste sous lequel se cachait le plus beau commentaire du génie littéraire moderne en philosophie, en politique, en poésie ; Corinne était éclipsée par l’auteur de Corinne. Le livre de l’Allemagne était plus qu’un livre ; c’était un manifeste européen contre le matérialisme de la philosophie du dix-huitième siècle et contre la brutalité du despotisme français abaissant la pensée dans tout l’univers, afin d’abaisser les caractères. […] Napoléon sans le vouloir avait servi par cette tyrannie la gloire de son ennemie : ce livre fut la restauration du spiritualisme dans la philosophie, de l’originalité dans la littérature, de la liberté dans sa politique, de la conscience dans l’esprit humain.
Le Parsifal au rapport de philosophie, Au rapport religieux, A divers rapports — peut être entendu. […] Dans les temps de l’antiquité, pendant que les philosophies enquéraient vainement le problème du monde, au fond de la province la plus infime de la terre les prophètes disaient en des chants de déments les mots capaces de la révélation. […] Donc la philosophie sera bonne qui sera théologie catholique ; et tous les arts seront bons, qui seront les orthodoxes instruments de la religion.
La Tentation de saint Antoine dresse, en une éblouissante procession, la liste formidable de toutes les erreurs humaines, tire le néant des évolutions religieuses, entrechoque les hérésies, compare les philosophies et, finalement, quand d’élimination en élimination on touche à l’agnosticisme panthéiste des modernes, montre l’humanité recommençant le cycle des prières dès que le soleil se lève et l’aclion la réclame. […] Dans ce livre, qui est l’œuvre suprême du style, des procédés fragmentaires, de la science historique, de l’amour du beau, de la philosophie de Flaubert, celui-ci a signifié toutes les passions, les cultes et les spéculations de l’humanité. […] C’est dans cette idée narquoise et amère, qu’est le fond de la philosophie de Flaubert, la morale de ses romans et la signification de ses poèmes.
. — En respectant la fiction et le cadre de Guillaume de Lorris, Jean de Meung y introduit des intentions marquées de « satire sociale » et de « philosophie naturelle » ; — dont les premières le rapprochent des auteurs des « branches » additionnelles du Roman de Renart ; — avec lesquels il a encore de commun la violence de son langage, — et la licence de ses discours. — Ses intentions de « philosophie naturelle » semblent lui être plus personnelles ; — quoique d’ailleurs on puisse les rapprocher de la philosophie, très inconsciente, à la vérité, des auteurs de nos fabliaux.
La composition et la première édition d’un tel ouvrage ne pouvaient être mieux faites qu’en Suisse : c’est à Paris que les amis du goût et de la philosophie sollicitent l’auteur de faire la seconde. […] Pendant ces années 1798-1799, où se fit l’expédition d’Égypte, Roederer, comme s’il eût compris qu’il n’y avait qu’à attendre, s’occupa moins de discussions politiques ; il écrivit de préférence sur la littérature ; il s’attacha à réfuter l’ouvrage de Rivarol contre la philosophie moderne ; car, en fait de doctrines philosophiques et autres, la pensée de Roederer était de rectifier le xviiie siècle sans l’abjurer.
La philosophie, de son côté, a rabattu d’une première affiche sentimentale, d’une première prétention peut-être à l’effet et à l’éclat ; elle n’a pris du sentiment que l’extrême nécessaire, n’a pas recherché avant tout la singularité et s’est parfaitement accommodée des vertus chrétiennes quand elle les rencontrait devant elle dans son examen. […] Il est naturellement interdit aux vertueux de se proposer eux-mêmes : il y aurait une certaine contradiction, même aux yeux de la philosophie, entre s’estimer soi-même digne du prix et en être digne en réalité.
Ses sentiments religieux et philosophiques, nous venons de les voir, au sein même de cette douleur : il les confondait volontiers et évitait peut-être de distinguer le point précis, la ligne exacte où il aurait pu établir entre eux, entre la religion et la philosophie, une différence essentielle. […] En matière de démocratie comme en matière de philosophie, s’il ne s’en tient pas à la surface, il n’ira point pourtant jusqu’au fond.
Cette publication met, en quelque sorte, la diplomatie79 à la portée de ceux qui ne bougent pas de leur fauteuil, et l’offre en spectacle et en sujet de méditation à l’homme d’étude et au moraliste ; elle leur permet de saisir le fin du jeu et d’en extraire la philosophie à leur usage. […] J’avoue (et j’en demande pardon à la philosophie de l’histoire) que tout cela fait bien rêver ; on arrive, après cette lecture, à croire sans trop de peine, et presque comme si l’on avait été ministre dans le bon temps, que tous les grands politiques ont été plus ou moins de grands dissimulateurs, pour ne pas dire un autre mot.
Sa philosophie avait fait de grands, progrès depuis cette époque, et la conduite avilie du roi, les infamies qui avaient été faites en son nom et auxquelles sa faiblesse apathique s’était prêtée, avaient fort aidé à cette philosophie.
Il est, — je le sens trop d’après l’épreuve d’hier, — il est des points sur lesquels je ne m’accoutumerai jamais à retenir ma pensée, toutes les fois que je la croirai d’accord avec le vrai, avec le juste, et aussi avec le bien de l’Empire qui n’a nul intérêt à pencher tout d’un côté, et qui, sorti de la Révolution, ne saurait renier aucune philosophie sérieuse. […] Dans l’ardeur de votre zèle inquisitorial, vous confondez avec des écrits, peut-être méprisables en effet (je ne les ai pas tous lus), le noble Jean Reynaud et sa philosophie religieuse, sa soif d’immortalité, sa vie future dans les astres.
Pendant que les passions politiques et religieuses tournaient la poésie, l’éloquence, la science même et la philosophie en armes envenimées au service des partis, un homme anticipait la paix future, et offrait à ses concitoyens trop forcenés encore pour le suivre l’image de l’état moral où la force des choses devait finir par les amener eux-mêmes. […] En philosophie, en littérature, partout, il pose la souveraineté de la raison, égale en tous les hommes, et qui a charge et pouvoir de reconnaître la vérité.
Il me reste à examiner chez MM. de Régnier et Griffin — et l’on voudra bien étendre ces observations à d’autres poètes de ces jours, — des qualités et des défauts qui se rattachent de plus loin à la philosophie, à la méthode ou à la forme qu’ils ont préférées ; ces notes réunies achèveront d’éclairer leur personnalité. […] Ce ne seront plus, alors, les devoirs de littérature qu’on écrivit trop souvent chez nous ; ce ne sera pas non plus la ballade unie et assez vaine de Bürger, ni le récit uniquement pittoresque de Hugo ; mais puisque les hantises de la philosophie ont invinciblement enlacé nos esprits, puisqu’ils s’accoutument à susciter des choses la signification cachée, une Légende, une Chanson doivent se révéler, vivantes et nouvelles, où la spontanéité jaillira toute ingénue dans le rythme, où notre inquiétude d’art s’exercera à des plastiques sûres mais non dominatrices, — où notre idée s’affirmera plus claire en une mélodieuse simplicité.
Chose remarquable, Tocqueville, qui avait un esprit si philosophique, si porté à rechercher le comment et le pourquoi des choses historiques et politiques, n’avait aucun goût pour la philosophie elle-même. […] Cependant la philosophie le touchait par deux endroits : d’abord comme un grand et noble exercice de l’esprit, et en second lieu par son influence sur les institutions politiques.
Quoique la scène soit en Arcadie, l’auteur fait ses personnages trop savans & trop instruits des grands systêmes de l’ancienne Philosophie. […] Pendant que l’abus de la Philosophie, l’esprit & l’affectation, dit M. l’Abbé Arnauld, corrompent la Poésie parmi nous, elle respire la simplicité, la noblesse, le naturel & la vérité parmi les Allemands.
« Fabrègues (Hérault). » A rapprocher de ces vues celles de Georges Guy-Grand (La Philosophie nationaliste — La Philosophie syndicaliste), chez Bernard Grasset, et tout le mouvement des instituteurs syndicalistes, et, dans notre Conférence du 16 mars 1907 sur les Instituteurs, ce que nous disions : « Le syndicat, peut-être la petite patrie de demain pour un grand nombre de Français. »
Et c’est pourquoi il sera toujours facile à une certaine philosophie, disions-nous, de localiser l’idée générale à une des deux extrémités, de la faire cristalliser en mots ou évaporer en souvenirs, alors qu’elle consiste en réalité dans la marche de l’esprit qui va d’une extrémité à l’autre. […] Nous avons supposé dans tout ce travail, pour la commodité de l’étude, qu’il en était bien ainsi ; et telle est en effet la distance entre le rythme de notre durée et celui de l’écoulement des choses que la contingence du cours de la nature, si profondément étudiée par une philosophie récente, doit équivaloir pratiquement pour nous à la nécessité.
nous avons la philosophie de l’histoire, qui a mis et mettra bon ordre à tout cela.
Quand je suis seul et que je souffre, dans ma chambre, près d’un livre que je ne lis pas, je rêve sans trop presser mes pensées, je me résigne, je jouis d’une tristesse sévère ; et à ma porte, sans avoir frappé, se présentent debout ces deux hôtesses silencieuses, la Philosophie et la Nécessité, belles encore dans leur attitude auguste, — mais combien différentes de ce que me furent autrefois ces deux jeunes déesses, la Grâce et le Désir !
La duchesse du Maine avait parmi ses femmes cette spirituelle Delaunay qui a écrit : « Les grands, à force de s’étendre, deviennent si minces, qu’on voit le jour au travers ; c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et encore : « Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » C’est en effet dans cet esprit qu’il faut étudier les grands, surtout depuis qu’on a appris à connaître les petits : ce n’est pas tant comme grands que comme hommes qu’il convient de les connaître.
Ce sont d’abord quelques survivants de l’ancienne société et de la philosophie encyclopédique, qui écrivent en général dans les feuilles contre-révolutionnaires : Suard, Rivarol, Mallet du Pan624 surtout, qui a plus de pensée sous sa forme nette et mordante.
Toutes ces œuvres, robustes et saines, dans leur philosophie un peu courte, sont d’excellentes études de mœurs902.
Ainsi, il est évident que quand une philosophie aussi savante et aussi éloquente que celle de Job nous apparaît tout à coup avec le livre qui porte ce nom dans la Bible, cette sagesse, cette expérience, cette éloquence, ne sont pas nées sans ancêtres du sable du désert, sous la tente d’un Arabe nomade et illettré ; il est également évident que quand un poète comme Homère apparaît tout à coup avec une perfection divine de langue, de rythme, de goût, de sagesse, aux confins d’une prétendue barbarie, il est évident, disons-nous, qu’Homère n’est pas sorti de rien, qu’il n’a pas inventé à lui seul tout un ciel et toute une terre, qu’il n’a pas créé à lui seul sa langue poétique et le chant merveilleusement cadencé de ses vers, mais que derrière Job et derrière Homère il y avait des sagesses et des poésies dont ces grands poètes sont les bords ; littératures hors de vue, dont la distance nous empêche d’apprécier l’étendue et la profondeur.
Littérature, travail, style, morale, philosophie, pudeur, libre arbitre, M. de Gourmont n’admet rien, ne résout rien, il agite tout et tranche tout.
Qu’ils soient, en effet, des idées générales ou des faits particuliers, des philosophies ou des histoires, les livres sont toujours des opinions et des enseignements.
Délicieux soufflet, appliqué d’une main si leste, et qui ferme si bien le bec aux solennels et aux faiseurs de philosophies de l’histoire dont nous sommes recrus.
Nous ne nous sommes jamais soucié de ce pays, fait avec le bric-à-brac de Pierre le Grand, couvé par la philosophie et qui traîne encore par un bout (le bout le plus long !)
Une philosophie de l’histoire se construirait ainsi, qui présenterait l’idée de l’égalité comme la clef unique, comme la cause à la fois finale et efficiente de toute la civilisation occidentale.
Ainsi sous un autre aspect, la science nouvelle devient une philosophie de l’autorité, source de la justice extérieure, pour parler le langage de la théologie morale.
Mais combien cette philosophie manque à la fois de grandeur et de tendresse !
C’est le résultat et la conclusion de plusieurs années de passions et de pensées, la formule dernière et complète de la philosophie personnelle que l’on s’est faite sur tout ce que l’on a vu et senti. […] La contagion de la poésie et de la philosophie allemandes n’est à redouter pour personne ; Londres et Paris n’ont rien à craindre de Wieland ou de Kant. […] Religion, philosophie, histoire, poésie, tout est parti de l’Orient, tout y retourne aujourd’hui, sinon pour s’éclairer, du moins pour s’instruire de sa naissance et de ses premiers bégaiements. […] Dans les hautes régions où il planait d’un vol égal et puissant, il ne perdait jamais de vue les sentiments les plus généreux de l’humanité ; il touchait à la fois aux vérités les plus élevées de la philosophie et aux instincts les plus humbles de la vie ordinaire. […] Mais cette émotion passagère n’a rien à faire avec la philosophie ; elle peut se renouveler fréquemment sans apporter aucun changement notable dans les idées ou les sentiments de celui qui l’éprouve.
Jérôme Coignard que ces regrets me viennent, car j’aimerais à déguster toutes les fines pensées, la sage philosophie, les appréciations de la pauvre œuvre humaine qui remplissent ces pages faites de bon sens et de fantaisie. […] Anatole France a voulu seulement nous faire partager sa douce philosophie, ne cherchant pas à réformer les hommes, parce qu’il sait qu’on ne saurait le faire sans modifier ou supprimer les organes que la nature leur a donnés, lesquels peuvent avoir du mauvais mais aussi beaucoup de bon, au dire des connaisseurs. […] C’est le conte d’un Voltaire croyant, plein d’une philosophie sereine, que le récit de M. de Wyzewa. […] Car la philosophie, comme tout le reste, comme la politique, l’art, la religion, est devenue un sport pour la plupart, et il n’est pas malséant de paraître avoir une opinion sur toutes ces choses. […] Léon Daudet ayant pu rassembler une foule de faits, d’observations, de rêves recueillis dans la promenade de la vie à travers la science, les arts, la philosophie, une fois rentré chez lui, les ait jetés pêle-mêle dans son secrétaire comme matériaux très divers à employer plus tard.
De cette peinture se dégage une philosophie sociale et politique qui est, elle, de tous les temps et que les contemporains ou ne remarquaient pas ou ne prenaient pas au sérieux. […] Cette simple formule : les « Droits de l’Homme », décèle pour lui l’erreur fondamentale de la philosophie du dix-huitième siècle qui faisait de l’individu le principe premier, la cellule génératrice du corps social. […] Pour la philosophie du dix-huitième siècle, l’individu apparaissait comme existant par lui-même, et la Déclaration des droits décèle cette vision de la personnalité conçue comme indépendante des conditions où elle a grandi. […] Cela mène le Père Léonce à une étude plus complète de la philosophie qui le conduit à prendre sa place dans la campagne antimoderniste. […] Cette conséquence de sa philosophie, il ne l’a jamais admise.
Qu’on ne s’y trompe pas, néanmoins ; dans la pensée de l’auteur, ce livre n’était pas une farce, mais la synthèse de sa philosophie, la philosophie du nihilisme. […] Cet esprit nous échappe ; les philosophies et les littératures de nos rivaux font lentement sa conquête. […] Ces jeunes gens traduisent et répandent dans les écoles les ouvrages de philosophie piétiste qui foisonnent à ce moment en Europe. […] Dans les universités de l’Empire, où le chiffre des admissions avait été limité, et jusque dans les séminaires, on proscrivit l’enseignement de la philosophie. […] C’est dans ce cadre complaisant qu’il faut rechercher en Russie la somme des idées contemporaines sur la philosophie, l’histoire, la politique.
Sa philosophie doit suivre des règles éternelles, et non les partis et les sectes. […] Elle déridera notre philosophie que lasserait la gravité du noble genre, et qu’attristerait peut-être l’héroïsme barbare des incendiaires de Troie, des croisés de Jérusalem, et des catholiques de Paris, anarchistes ligués contre le meilleur de nos rois. […] Après tant d’anathèmes dont il foudroie, son ancien maître en philosophie, que m’a-t-il laissé de plus fort à dire, à moins d’exprimer le vœu qu’on eût brûlé Voltaire tout vif, au feu des milliers d’exemplaires de son poème diabolique où pétille un esprit d’enfer. […] Quelle philosophie eût rendu les dieux aussi présents aux hommes, involontairement frappés des traits visibles, que le firent la poésie et l’éloquence qui peignent leur front, les éclairs de leurs yeux, leur bras tonnant, ou leur main brisant les trônes, et châtiant les rebelles ? […] Cette idée m’a fait présumer qu’il était temps de s’ouvrir des cieux nouveaux, de se construire un autre monde idéal, et d’y créer une Théogonie merveilleuse qui représentât les phénomènes de la nature, ainsi que nous les a fait concevoir la philosophie newtonienne : là il me fallut tout inventer.
Elles s’allient fort bien, il est vrai, avec la philosophie positive, mais elles supporteraient tout aussi bien l’idéalisme le plus absolu. […] En effet, comme cet homme intérieur est composé de politique, de religion, de philosophie, il s’ensuit que sa traduction par la littérature se compose nécessairement de politique, de religion et de philosophie, et présente l’image abrégé de la dépendance dans laquelle ces choses morales sont les unes des autres, ainsi que de la proportion dans laquelle elles sont mélangées. […] Les duellistes sont rarement des scholars accomplis, et les querelleurs se piquent peu de philosophie. […] La philosophie allemande, les poèmes de Wordsworth, le papisme et la religion éclairée et épurée de ses contemporains lui faisaient également horreur. […] Tout chez lui est à l’état microscopique, petits personnages, petits caractères, petite philosophie, petites méthodes.
« Une traîtresse voix bien souvent nous appelle. » La philosophie de Diderot sortira de celle de Vauvenargues. […] Il veut que le détail même de la vie domestique soit décrit minutieusement par l’auteur comme contenant la plus sublime morale et la plus haute philosophie. […] Ce n’est nullement ni la vérité, ni cet arrière-goût de philosophie vraie et de morale sévère, qui, la pièce écoutée, force le spectateur à rentrer en lui-même et à réfléchir. […] La philosophie de Victor Hugo, sa philosophie générale (optimisme et progrès), sa philosophie religieuse, sa philosophie de l’histoire, sont du plus pur dix-huitième siècle. […] Ils le sont du côté de la philosophie, de la science, de l’industrie et de la politique.
La philosophie de La Rochefoucauld, au commencement du siècle, ou encore, tout à la fin celle de La Bruyère, sont-elles décidément si consolantes ou si gaies ? […] Trois choses sont devenues nécessaires en critique : le sentiment littéraire, l’érudition historique et la philosophie. […] Un peu de philosophie n’y sera sans doute pas inutile. […] C’est cette philosophie qui constitue, par-dessous la flagrante immoralité des actes, ce que l’on peut appeler la réelle moralité de Gil Blas. […] Concluons donc, avec les vrais juges, que la philosophie de Gil Blas est bien celle de l’expérience.
De forme scientifique, procédant de la musique harmonique — je la base sur une philosophie évolutive, pour aboutir en morale, au devoir et à l’Altruisme scientifique. […] Dût-il me vouer aux foudres isiaques, dût-il même… m’envoûter, je tire de mes cartons cette bluette innocente, et pas du tout ésotérique, sur la vanité de l’effort terrestre : PHILOSOPHIE Pierrot, nimbé de clair de lune, Bourre sa pipe avec fierté, Car il sait que toute infortune, Toute fortune est vanité. […] (Et, fort brillamment, M. de La Tailhède fait l’historique des écoles poétiques, de Ronsard au parnassisme et au symbolisme, gardant toute son admiration pour la véritable école de bonne poésie, celle qui avait pour disciples La Fontaine, Boileau, Molière et Racine.) … Ainsi donc, en art comme d’ailleurs en philosophie et en tout le reste, il n’y a qu’École ; et quant à ceux qui se donnent le titre d’individualiste, ils ne prouvent rien, sinon peut-être la crainte qu’ils ont de ne pas être le premier de la leur. […] Que Moréas et les poètes romans s’évertuent à nous prouver que la philosophie et les lettres grecques dépassent tous les mythes et toutes les métaphysiques de l’Orient et du Septentrion, j’y consens. […] L’École implique un maître édictant une philosophie et des préceptes techniques approuvés et imités par des élèves.
Qui sait d’ailleurs si, pour certains esprits et dans certains ordres d’études, — en philosophie, par exemple, et dans les hautes mathématiques, — l’assimilation et la critique ne demandent pas un plus grand effort de réflexion que la simple invention ? […] Bossuet, Logique, I, 3. — Ampère, sur cette question, cherche à être plus psychologue que Condillac ; mais sa pensée se dégage difficilement ; voir la Philosophie des deux Ampère, publiée par Barth. Saint-Hilaire [référence précise : Jean-Jacques Ampère (1800-1864), Philosophie des deux Ampère publiée par J. […] Tonnellé, Fragments sur l’art et la philosophie, I : Du langage, p. 85-87 (3e éd.). [référence exacte de l’édition citée par Egger : Alfred Tonnelé (1831-1858), Fragments sur l’art et la philosophie et pensées diverses, p. p. par G.
Il n’appartenait qu’à lui d’entreprendre une telle œuvre, de vouloir, comme il le dit, « exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique, la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement vers la lumière ». […] Pour qu’un seul homme, toutefois, pût réaliser complètement un dessein aussi formidable, il fallait qu’il se fût assimilé tout d’abord l’histoire, la religion, la philosophie de chacune des races et des civilisations disparues ; qu’il se fit tour à tour, par un miracle d’intuition, une sorte de contemporain de chaque époque et qu’il y revécût exclusivement, au lieu d’y choisir des thèmes propres au développement des idées et des aspirations du temps où il vit en réalité. […] Car toute vraie et haute poésie contient en effet une philosophie, quelle qu’elle soit, aspiration, espérance, foi, certitude, ou renoncement réfléchi et définitif au sentiment de notre identité survivant à l’existence terrestre. […] Sa philosophie, celle qui se retrouve au fond de tous ses poèmes, tient à la fois du panthéisme et du déisme.
Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité.
Le père de d’Artagnan a une philosophie de l’histoire éminemment agréable et facile, où tout s’explique par l’amour, par la vaillance ou la subtilité des aventuriers généreux aimés des femmes et par l’influence des grandes dames scélérates ou des courtisanes sympathiques.
C’est dire que cet écrivain, préoccupé d’une philosophie élevée et grave, comme préoccupé constamment de la recherche des plus hautes raisons des choses et comme alourdi du legs glorieux d’aïeux féodaux, ne dédaigne point les beautés calmes de la nature, ni la simplicité touchante des prairies.
L’individualisme juridique est la philosophie du droit qui prend conscience de cette tendance, qui s’efforce de la favoriser et de la généraliser.
Il vit avec une parfaite justesse que l’inattention de l’homme, son manque de philosophie et de moralité, viennent le plus souvent des distractions auxquelles il se laisse aller, des soucis qui l’assiègent et que la civilisation multiplie outre mesure 503.
Ce sont de sottes créatures qui méritent à peine cette leçon : Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie Doit être son étude et sa philosophie.
Qui peut calculer ce qui fût arrivé de la philosophie, si la cause de Dieu, défendue en vain par la vertu, eût été aussi plaidée par le génie ?
Les principales sont que cette idée étoit favorable au christianisme, à son établissement miraculeux, à l’explication de nos mystères, à la fuite du prince des ténèbres, à son silence supposé depuis l’apparition du messie, à la philosophie de Platon, si goûtée & si vantée de tous les écrivains ecclésiastiques.
Molière, si philosophe, et malgré sa philosophie, si malheureux, dut faire quelque attention à ce vers.
L’Abbé Terrasson, connu par son Sethos, laissa un ouvrage utile sous le titre de Philosophie applicable à tous les objets de l’esprit & de la raison.
Excepté Beattie l’Écossais, qui n’a pas le don de seconde vue en philosophie, ni même le don de la première ; excepté Beattie, lequel a essayé de frotter son museau rêveur de mouton philosophique à ce sujet qui s’est moqué de lui, personne ne s’est encore douté qu’il y avait là à faire flamber une page… illuminante !
Il s’y moqua des siennes et il y contracta la maladie qui y régnait alors, cette petite vérole confluente de philosophie qui y défigurait les plus beaux visages, quand elle ne les aveuglait pas.
Nous avons signalé plus d’une fois cette tendance qui est partout maintenant, dans les arts, la philosophie, la littérature, et que nous avons nommée le bourgeoisisme.
Et si les hommes à regarder font trop de peine, regardez les choses, et dites, entre le Réalisme en art et en littérature et le Positivisme en philosophie, si l’Idéal peut encore tomber !
Charles Didier, longtemps philosophe, est passé de la philosophie aux idées chrétiennes.
L’Europe devait avoir pour les affaires internationales « un Sénat européen, chargé de prévenir toute rupture et de régler les différends entre les peuples. » Cette cour suprême, « conseil général des États de l’Europe, composé de soixante députés siégeant dans une des grandes villes du Rhin, eut été chargé de connaître toutes les querelles entre États62. » Le rêve du roi politique se précisa chez le jurisconsulte hollandais Grotius, l’un des fondateurs de la philosophie du droit.
Platon, qui ne se mêla jamais des affaires publiques, ne parut point dans Athènes au rang des orateurs ; mais dans cet éloge funèbre, composé en l’honneur des guerriers, il voulut disputer le mérite de l’éloquence à Périclès, comme dans ses autres ouvrages il lutte avec Pythagore pour la philosophie, avec Lycurgue et Solon pour la politique, avec Homère pour l’imagination ; souvent sublime, et presque toujours poète, orateur, philosophe et législateur.
Les doctrines de madame Sand, nous dit-il, sont antédiluviennes, sa philosophie est tout-à-fait morte, et ses idées de régénération sociale sont des utopies incohérentes et absurdes. […] Qu’il ait trouvé dans la philosophie un de ses alliés les plus vigoureux, c’est une idée que ne paraît pas s’être présentée à lui. […] Nos plus grands romanciers, tels que Fielding, Scott et Thackeray se préoccupent fort peu de la philosophie de leur siècle. […] En philosophie ; elle était platonicienne ; en politique, elle était opportuniste. […] Si la Poésie a passé à côté de lui, la philosophie lui accordera son attention.
Herschell, fils de l’illustre astronome, sur l’Étude de la philosophie naturelle, un très bel article tout animé du souffle newtonnien et où il s’inspirait du génie des sciences (14 février 1835), frappa pourtant et devait frapper Carrel ; arrivant ce jour-là au National, et voyant Littré qui traduisait ses journaux allemands, selon son habitude, au bout de la table de la rédaction dans le salon commun : « Mais vous ne pouvez rester dans cette position, lui dit-il, vous êtes notre collaborateur. […] Littré, dans une Introduction de 60 pages placée en tête de la troisième édition (1856), rectifiait le point de vue, marquait les pas de l’histoire, faisait la part des artifices et des habiletés secrètes en usage dans l’Antiquité ; mais aussi il restituait tout un ordre de phénomènes nerveux extraordinaires, se renouvelant isolément ou par épidémie, jouant le miracle, ne relevant pourtant que de la médecine, et qui même, n’étant pas expliqués encore, ne sauraient réussir un seul instant à tromper l’œil de la philosophie, « amie de la régularité éternelle. […] Littré, tout est réglé, prévu, pondéré et sentencieux ; on marche de loi en loi, on est dans la philosophie historique du langage.
Sur les biens d’une autre vie, Laisse prêcher Massillon ; Vive la philosophie Du bon curé de Meudon ! […] Et pourtant, n’est-ce pas l’auteur même des Fleurs du mal qui, en une heure de philosophie, écrivait cette dissertation édifiante : « L’intellect pur vise à la vérité, le goût nous montre la beauté et le sens moral nous enseigne le devoir. […] Lettre d’Ymbert Galloix. — Littérature et philosophie mêlées, vol.
Laissez la poésie, laissez la parole, laissez la philosophie ! […] La philosophie n’a pas dit son dernier axiome, la poésie n’a pas chanté son dernier hymne. […] On a le droit de se reposer quand on a produit pour l’esprit humain cent poèmes, dix théâtres, dix philosophies et cinq religions ; quand on a été l’Inde, la Chine, l’Arabie, la Perse, l’Égypte, la Grèce, la Judée, l’école et le sanctuaire de l’univers.
Ce sont des thèses en vers d’une philosophie ténébreuse. […] « Telles que les brebis enfermées sortent de l’étable, d’abord une, puis deux, puis trois, pendant que les autres s’arrêtent tout intimidées sur le seuil, baissant l’œil et le museau à terre, — et ce que fait la première les autres le font, s’adossant à celle-ci si elle s’arrête, naïves et soumises, et ne sachant pas elles-mêmes le pourquoi ; telles, etc. » L’expression des choses métaphysiques, les définitions et les distinctions de la philosophie transcendante ne sont pas rendues par le poète avec moins de vigueur et de clarté que les scènes de la nature visible. […] Ozanam et ses disciples devraient chercher les titres de la philosophie chrétienne du moyen âge.
Valéry s’y interroge sur les possibilités de renouveau dans les domaines de l’art et de la philosophie : le surréalisme, pour Crevel, semble constituer à cette date une réponse en même temps qu’une discussion des prémisses valéryens : la supériorité de l’intellect, assimilé à l’esprit. […] Valéry vient de montrer en quoi la guerre de 1914-1918 est le symptôme d’une crise de l’esprit, qu’elle aggrave considérablement. « Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littérature, en philosophie, en esthétique. […] Crevel a fait un compte-rendu très enthousiaste de ce texte citant également ces deux versets, dans Philosophies, n° 5, en 1925.
Lorsque sa mère faisait sur lui ce signe de croix que la Philosophie n’a jamais pu effacer, Lyon, la cité des martyrs, la ville de saint Pothin, de saint Attale et de sainte Blandine, se mourait sous le fer et le feu. […] Les trois têtes les plus fortes de la Révolution française sont des têtes de tonsuré, comme dirait agréablement la Philosophie. […] Il est bon de le dire à un siècle qui, de toutes les qualités de l’esprit, ne fait plus cas que de l’étendue, et qui, hébété de philosophie comme les Chinois le sont d’opium, a traité Audin et ses livres comme il traite les matières religieuses, avec l’indifférence distraite de sa propre superficialité !
Ils résument tout, philosophie, histoire, critique, et le roman, qui est la synthèse des synthèses ? […] La philosophie, comme l’histoire, demande un esprit de généralisation qui est justement l’opposé du leur. […] Mais de philosophie ou d’idées, l’école n’en a pas ou n’en a que d’emprunt. […] Jules Lemaître a tiré mille et mille idées, et comme une philosophie éparse dans des feuilles détachées. C’est la philosophie d’un honnête homme.
Ils font des philosophies, des religions nouvelles, des systèmes sociaux en vers ; ils appellent cela faire de la musique intellectuelle, musique de chapeau chinois, soit ! […] L’écrivain est un éclaircisseur d’autant plus utile, ses observations concourent d’autant plus à la philosophie générale, qu’il a serré de plus près la vie réelle, la vie pratique. […] Appliquer plus sommairement le même système de raisonnements, de recherches, à la sculpture, à la philosophie, à l’histoire, à la science, puis aux faussetés et aux folies de l’esprit. […] … La religion, la philosophie, le passé, le présent, la pratique, l’abstraction, tout cela s’embrouille, fait gâchis ; les idées les plus contraires s’entrechoquent dans son esprit ; trop faible pour faire sortir une opinion de ce chaos, il s’en rapporte à la parole du maître. […] L’accouplement du catholicisme et de la philosophie a produit l’éclectisme philosophique, l’accouplement du romantisme et du classique a produit l’éclectisme littéraire ; c’est l’école bourgeoise qui n’ose nier ni le passé, ni l’avenir ; c’est un parti inutile, il ne cherche rien, ne découvre rien, se traîne à la suite de tous les progrès, et les entrave.
Leurs livres s’élèvent au-dessus du changement dans le goût national et des nuances philosophiques où chaque livre croit devoir scintiller maintenant pour devenir célèbre ; ils contiennent plus d’idées véritables que tous les ouvrages de philosophie allemande ensemble… Pour formuler une louange bien intelligible, je dirai qu’écrites en grec, leurs œuvres eussent été comprises par des Grecs. […] C’est pourquoi ils s’emparent avidement d’une philosophie de la morale qui prêche un impératif catégorique quelconque (ou bien ils s’assimilent un morceau de religion, comme fit par exemple Mazzini). […] Précisément, répond Nietzsche, l’erreur c’est de vouloir que la morale soit « la morale universelle », comme disent les vieux cahiers de philosophie. […] Quoique les idées littéraires et artistiques de Nietzsche n’aient pas toujours un rapport étroit avec sa philosophie, et quoique celles de ces idées artistiques qui ont un lien avec sa philosophie et qui même en sont le fondement, nous les ayons naturellement rapportées au lieu où elles étaient à leur place, il convient de ne pas quitter le philosophe sans jeter un coup d’œil sur les plus curieuses de ses innombrables considérations esthétiques, libres, indépendantes, venues au hasard du jour et de l’heure. […] La philosophie de tout artiste dépend de son esthétique ; celle de Nietzsche en dépend absolument et tout entière.
La philosophie éclectique de la Restauration avait déjà, malgré ses réserves sur tant de points, proclamé la théorie du succès et de la victoire, c’est-à-dire affirmé que ceux qui réussissent dans les choses humaines, les heureux et les victorieux, ont toujours raison en définitive, raison en droit et devant la Providence qui règle le gouvernement de ce monde. […] Lerminier, après avoir dû au préalable méditer ses sujets en philosophe et en penseur, s’en est emparé tout d’un coup en artiste ; l’enthousiasme de Diderot semble avoir passé dans celui qui le célèbre et qui célèbre les trois autres ; ces quatre chapitres sont comme un poëme, en quatre hymnes, qui s’adressent tour à tour à chacun des membres de ce quaternaire sacré de la philosophie.
Bien qu’aucune satisfaction absolue ne soit donnée à la philosophie, pas plus de circonscrire la cause que de limiter l’effet, le contemplateur tombe dans des extases sans fond à cause de toutes ces décompositions de forces aboutissant à l’unité. […] Épigramme amère du philosophe père de l’île de Guernesey, contre la philosophie sans âme de Jean-Jacques Rousseau.
» Pic de la Mirandole, le prodige lettré d’Italie, dans ses Mémoires, disait que le génie de Laurent était à la fois si énergique et si souple, qu’il paraissait avoir été formé pour triompher dans tous les genres. « Ce qui m’étonne surtout, ajoutait ce juge si compétent, c’est qu’au moment où il est le plus engagé dans les affaires de la république, il peut ramener l’entretien sur des sujets de littérature et de philosophie avec autant de liberté et de facilité que s’il était le maître de son temps comme de ses pensées. » Il écrivait des sonnets, restés classiques, et s’excusait en ces termes de se livrer à la poésie, crime illustre dont on l’accusait : « Il y a quelques personnes, dit-il, qui m’accuseront peut-être d’avoir perdu mon temps à écrire des vers et des commentaires sur des sujets amoureux, précisément lorsque j’étais plongé dans des occupations très-graves et très-multipliées. […] Ses connaissances profondes dans toutes les parties de la philosophie étaient encore étendues et fortifiées par l’avantage de posséder plusieurs langues, et par l’instruction qu’il avait sur toutes les sciences dignes d’estime ; en sorte que l’on peut dire qu’il n’y a point d’éloges qui ne soient au-dessous de son mérite. » Il mourut jeune.
Après qu’on a vu se reproduire en Allemagne, en Écosse, en France, les doctrines et la philosophie transcendantale des platoniciens d’Alexandrie, on ne doit pas s’étonner de l’altération des théories littéraires· En littérature comme en philosophie, il n’y a que deux routes ouvertes à l’esprit humain, celle de l’observation et celle de l’extase.
Daunou, par l’exactitude des recherches et la solidité des jugements, ont fait de l’histoire littéraire un genre dans lequel la philosophie, cette âme des écrits, a sa part. […] Quoiqu’il ne s’agisse que de l’esprit français dans la littérature, comme tout ce qui est de la vie politique et sociale des arts, de la religion, de la philosophie, tout ce qui est une matière pour l’activité humaine, a été exprimé ou peut l’être par la littérature, on est bien près de connaître tout le fonds de sa nation, quand on en connaît l’esprit dans les œuvres littéraires.
Il découvre la philosophie de Schopenhauer et la musique de Wagner à Berlin. Il fait ses études à Berlin où il découvre Wagner et la philosophie de Schopenhauer.
Il fut envoyé à Paris pour y faire ses études de philosophie et de théologie à Saint-Sulpice ; il avait tout au plus quinze ans. […] Je ne sais si Descartes a réellement fondé une philosophie, et, quoique quelques-uns de ses soi-disant disciples me l’assurent, j’en doute ; mais je sais bien qu’il a fait main basse sur les derniers empêchements que la scolastique mettait à l’esprit humain, et c’est là sa gloire.
Eh bien, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’un dessin une fois fait : il n’y a qu’à le donner. » Puis il nous parle du théâtre, de ses idées contre l’illusion scénique en faveur du tréteau, déclarant qu’il n’admire que deux pièces : Les Précieuses ridicules et Le Bourgeois gentilhomme, parce que ce sont des leçons de philosophie sous la forme la plus tangible, sous la forme la plus parade, — et s’interrompant : « Avez-vous jamais regardé attentivement non le théâtre, mais la salle ? […] Donner les nouvelles sociales, la philosophie des aspects des salons et de la rue, — commencer par un premier article sur l’influence de la fille dans la société présente, — un second sur l’esprit contemporain et sur ce que le monde et même les jeunes filles ont emprunté à la blague et à l’esprit de l’atelier, — un troisième sur la bourse et la plus-value des charges d’agent de change, etc., etc.
Est-ce que jamais la comédie a pu remplacer la philosophie et la sagesse, c’est-à-dire la gloire et la liberté ? […] En vain Ménandre, en vain Térence et Molière ont apporté à cette œuvre brutale, les élégances de leur génie et la politesse de leur esprit, l’œuvre en elle-même est restée une œuvre un peu au-dessous de la philosophie et de la morale la plus facile, c’est-à-dire une œuvre ouverte aux plus violentes et aux plus irrésistibles passions.
La libre philosophie a eu pour précurseurs les hérétiques de toute sorte que le bras séculier a justement frappés pendant tout le cours du moyen âge et jusqu’à la veille des temps contemporains. […] Nous ne pouvons traiter cette question de philosophie.
C’est, je crois, à cause de son goût, à cause de sa passion pour les petits et les opprimés, qu’il a tant aimé les animaux, je le crois ; j’en suis sûr puisqu’il le dit, car enfin c’est lui qui, en plein dix-septième siècle, a fait deux plaidoyers pour les animaux ; l’un que je réserve pour plus tard, car c’est de la philosophie, et j’aurai à parler de la philosophie de La Fontaine, c’est le Discours à Mme de La Sablière, le plaidoyer pour l’esprit des bêtes, un plaidoyer sur cette idée que les bêtes sont intelligentes. (« On ose soutenir que les bêtes n’ont pas d’esprit… »).
Pendant que la philosophie de notre temps ne connaît en tout que la force individuelle de l’homme, pendant qu’en politique elle efface sur la carte du monde les lignes bleues et rouges des frontières et en littérature proclame l’invention et la fantaisie comme les supériorités incontestables et souveraines, on aime à voir une fois de plus la preuve faite de l’insuffisance de l’homme et de la nature lorsqu’il s’agit de marquer le génie de son trait le plus solide et le plus beau. […] après le premier volume de l’Essai sur l’indifférence, il y en eut un second qui n’était plus que du talent, un troisième qui n’était même plus du talent, et tout ce qui suivit fut marqué du signe vengeur de la Bête, depuis la singerie biblique des Paroles d’un Croyant jusqu’au gâchis d’une Esquisse de philosophie !
— elles ont divisé, morcelé, pulvérisé tout : religion, philosophie, lois, gouvernements et peuples, si bien que l’homme, resté debout avec sa personnalité isolée dans cette vaste incohérence de toutes choses, a erré, agité mais captif, jusqu’aux bords de la sphère où Dieu l’a mis, pour revenir tout à coup au centre, repoussé par d’inflexibles conséquences — comme par une enceinte d’abîmes ouverts — vers l’unité abandonnée ! […] Selon nous, ce besoin d’unité si profond, si consenti qu’il a fait son nom dans la langue et que le mot d’unitéisme se rencontre sous toutes les grandes plumes de ce temps, cache l’avenir d’une philosophie qui remonte vers la religion.
Il fait flèche de tout bois ; il ramène tout à ses fins, la politique, la philosophie, l’art, la littérature ; il se multiplie, il fait à lui seul l’illusion d’une foule. […] Plus que l’expression de la réalité, il est l’expression de leur esthétique, de leur éducation, de leur philosophie, de leur tempérament, de la constitution de leurs organes.
Je ne suis arrivé que peu à peu à cette explication dernière ; elle m’a souvent rassuré aux heures de doute ; si l’on me reprochait de mêler la philosophie à la littérature, je répondrais que c’est précisément mon ambition suprême ; de plus en plus, la vérité me semble être là : rattacher un phénomène en apparence isolé (dans notre cas : la vie littéraire) aux lois de la vie totale. […] Elle me fut suggérée, il y a une vingtaine d’années, par une chère vieille parente, qui, par trop confiante en ma philosophie, me demanda un jour : « Comment expliques-tu l’infidélité des hommes ?
Mêlés par le commerce, le partage de la milice, le service public des princes, à toute la vie du peuple conquérant, ils adoptèrent des idées, des systèmes de philosophie qu’ils exposèrent à leur tour dans la langue nouvelle dont ils se servaient pour l’exercice même de leur culte : ainsi, beaucoup de leurs croyances durent se répandre autour d’eux et se communiquer au dehors. […] Ces grandes difficultés, qui devaient, quelques siècles plus tard, tant occuper le génie d’Augustin, n’apparaissent pas à la méditation rêveuse du poëte, encore occupé des souvenirs de la philosophie grecque, devant les menaces des prophètes hébreux.
. — La philosophie de Descartes a-t-elle produit, comme on l’a soutenu, la littérature classique ?
Et, dans la mesure où il est libre, il ne peut élire que des idées qui arrivent à lui un temps nécessairement longs après leurs conceptions, soit après que la nature des choses les avait suggérées à des penseurs, par conséquent au moment même où les choses qui n’ont garde de stagner imposent à des synthétistes plus récents des philosophies plus adéquates.
Jusqu’à trente ans passés, elle eut à ses trousses trois professeurs allemands qui la bourraient de philosophie ; qui lui apprenaient, je ne sais en combien de temps, l’exercice… de l’intelligence.
Toujours rêveuse et toujours imitatrice, l’Allemagne se rêvait France quand elle imitait les vices de la cour du grand roi, et elle en exagérait le scandale, comme, plus tard, elle prit les idées de la philosophie française, et en exagéra les conséquences pour s’en faire une originalité.
Dans un pays comme la Russie, où la richesse est plus nécessaire que partout ailleurs, même qu’en Angleterre, Joseph de Maistre ne pouvait payer un secrétaire, et le plus souvent n’avait pas assez d’argent pour prendre une voiture. « On me dit, — écrit-il avec cette philosophie que j’appelle, moi, une sainteté, et qui fut toujours si piquante d’esprit quand elle était le plus touchante de résignation, — on me dit que j’ai de l’esprit, mais je ne puis cependant pas faire avec de l’esprit une berline !
Ces hommes qui se sont vantés d’avoir mis la liberté dans le monde, ces charlatans et ces menteurs, ces Tartufes de philosophie, agirent hideusement contre l’homme qui les jugea, toute sa vie, avec une indépendance lumineuse… Ils l’insultèrent ; ils le jetèrent au donjon de Vincennes ; ils finirent par faire supprimer son Année littéraire, et ils tuèrent, par là, l’œuvre et l’homme, car il en mourut… Et quand leur révolution triomphante eut passé sur cet assassinat, le xixe siècle, qui n’avait dans ses grandes oreilles d’âne que le bruit des choses de la Révolution, Pavait oublié, et il fallut… quoi ?
Ils ont cru qu’elle datait de la Régence et de ses libertinages d’esprit et de sens, du règne de Louis XV qui la surpassa en cette double espèce de libertinage, et surtout de cette Philosophie — autre libertinage aussi mais dans l’ordre de la pensée — qui acheva l’œuvre de destruction commencée, et donna, de sa plume, le coup de balai final !
Et c’était le bon sens, uniquement le bon sens, qui l’empêcha de chavirer dans la philosophie, au fond de laquelle Voltaire, le flatteur et l’irrésistible, la poussait avec des mains d’Hercule filant aux pieds d’Omphale.
Elles sont, en effet, le contraire de ce qu’on attendait, ces pitoyables et tristes lettres… et personne n’aura d’admiration à leur service, personne excepté MM. de Goncourt, qui phrasent de ces marivaudages sur elles : « Ces lettres de Sophie avec leur tour, leur franchise et leur premier coup, leur agrément libre et poissard, leurs larmes de si belle humeur, leur philosophie en chansons, leur coquetterie à la diable, leur esprit au petit bonheur, leurs charmes à l’aventure, leurs grâces salées… peuvent être le mets des plus délicats. » Ah !
Rien d’étonnant à ce que les partisans de la philosophie du Mondain tombent à bras raccourci sur les guenilles du pauvre Benoît Labre, ce mendiant qui ne soupait pas ou qui ne voulait pas souper, comme cet autre mendiant de Voltaire, chez les Pompadour de son temps.
Par lui-même, il n’est pas un philosophe, mais il est le fils et la victime de la philosophie du xixe siècle, et voilà pourquoi je le mets ici… Ce jeune homme, à qualités brillantes, qui avait eu, nous dit-il, au collège, l’éclat de tous les prix d’honneur, pour lui des espérances !
Une chose commune qu’en philosophie.
… Quand nous nous en allons en égoïstes Contemplations de toutes sortes, quand nous ne méditons que sur nous-mêmes, quand la poésie du moi, dans la littérature du xixe siècle, suit la philosophie du moi, comme le laquais suit son maître, nous trouvons nouveau et excellent ce titre impersonnel et viril qui nous promet des peintures saines et mâles, des mœurs naïves et touchantes et des sentiments de héros.
Nous nous souviendrons toujours que dans nos compartiments divers, dans nos chapelles variées et vénérables, nous avons vu des hommes semblables, encore que professant des dogmes et des philosophies opposées.
Il est clair, après cela, que Tolstoï est fermé à l’art musical comme un savetier à la philosophie. […] Son esthétique, en somme, comme sa philosophie, n’est qu’une série d’élans suivis d’affaissements. […] Sa philosophie est toute simpliste, son humanitarisme tout naturel et sans aucune tendance à la sensiblerie. […] Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche. […] Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche.
C’est l’homme de notre temps qui connaît le mieux la philosophie grecque. […] Quel éditeur d’esprit fera illustrer ce livre par un artiste riche de philosophie et de pensée, un Henry Chaprontu, digne fils païen du satanique Ropsv ? […] Or, c’est plus qu’une forme littéraire ou picturale, c’est tout un système de vie nouvelle, qui aura ses répercussions, aussi dans la philosophie et la sociologie. […] Après un premier roman publié sous son nom en 1889, Chair vaincue, Henri Ner adopte le pseudonyme de Han Ryner en 1898, sous lequel il publie Le Crime d’obéir dans la revue La Plume (1898-1900), où il exprime sa philosophie individualiste.
Collombet ; ces deux somptueux volumes in-8°, de polémique et de discussion polie, ont pour objet de faire contre-partie et contre-poids aux Soirées de Saint-Pétersbourg, à ce beau livre de philosophie élevée et variée duquel l’auteur écrivait : « Les Soirées sont mon ouvrage chéri ; j’y ai versé ma tête : ainsi, monsieur, vous y verrez peu de chose peut-être, mais au moins tout ce que je sais. » — Rothaval est un petit hameau dans le département du Rhône, probablement le séjour de l’auteur en été.
Ses maîtres de philosophie sont Hobbes, Helvétius et Destutt de Tracy.
Malgré l’apparence calme d’une philosophie nihiliste dont Pierrot, dans la conférence même qui termine ce volume, nous donne la formule familière et abrégée, M.
Car, si Allais a plus d’invention, Courteline moins de bride, Veber une joliesse plus classique, Bernard plus de philosophie, Jules Renard n’est pas moins le Maître du Rire moderne, pour quelques raisons M.
Rousseau avoit peu de philosophie dans l’esprit.
J’en appellerois à la philosophie dont notre siecle fait particulierement profession.
Laissons ces questions de philosophie pure1.
La philosophie, cette gymnastique dans le vide, a les muscles et les efforts des lutteurs qui se livrent à ce vain combat.
Impuissant qu’on n’aurait pas même le courage de détester, si on ne pensait à l’avenir, au mal affreux que des esprits comme lui ont commis pourtant dans leur impuissance, Tallemant des Réaux est déjà — dans la première moitié du xviie siècle — une expression très vive et très nette de cet individualisme que Descartes représente dans la philosophie, Robinson Crusoé dans la vie romanesque, l’idéal de la vie réelle, Jean-Jacques Rousseau plus tard, et même Béranger.
Il dispense des philosophies.
que le naturaliste de la philosophie et de la nature.
Il faut être juste : la philosophie, qui se moque des hypocrites religieux et qui a les siens, les révolutions, qui ont détruit les grandes fortunes et rendu la vie si exiguë, ne devaient-elles pas arriver à ce résultat de nous pousser l’imagination, de toute la force de l’ennui enragé qu’elles ont créé pour les peuples modernes, vers le temps passé des grandes existences et des plaisirs largement conçus et splendidement réalisés ?
Elle avait bien des défauts et nous les reconnaissons… Pédante si l’on veut, quelquefois sans grâce et précieuse, esprit faux en philosophie, bas-bleu à ravir l’Angleterre de l’éclat enragé de son indigo, madame de Staël, par la distinction de sa pensée, par la subtilité de son observation sociale, par son style brillant d’aperçus, par ses goûts, ses préoccupations, ses passions même, tendait vers la plus haute aristocratie, vers la civilisation la plus raffinée.
Nul système d’idées préconçues ne s’impose à sa pensée d’historien, à une époque où tout historien a cette fatuité de viser plus ou moins à une philosophie de l’Histoire.
Elle n’avait ni les engouements, ni les dégoûts, ni les besoins mendiants de société de cette femme d’un esprit qui tenait tête à Voltaire et qui périssait dans la solitude, tout en se croyant la fière philosophie de Diogène parce qu’elle avait donné à son fauteuil du coin du feu la forme étrange d’un tonneau.