Les premiers hommes réduisaient toute la machine du corps humain aux solides et aux liquides. […] Ils ramenaient toutes les fonctions de l’âme à trois parties du corps, la tête, la poitrine, le cœur. […] Les mots par lesquels ils exprimèrent l’action des sens le prouvent assez : ils disaient pour entendre, audire, comme on dirait haurire, puiser, parce que les oreilles semblent boire l’air, renvoyé par les corps qu’il frappe. […] Tangere, pour toucher et dérober, parce qu’en touchant les corps nous en enlevons, nous en dérobons toujours quelque partie. […] Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour.
C’est dire que mon présent consiste dans la conscience que j’ai de mon corps. Étendu dans l’espace, mon corps éprouve des sensations et en même temps exécute des mouvements. […] Mes sensations actuelles sont ce qui occupe des portions déterminées de la superficie de mon corps ; le souvenir pur, au contraire, n’intéresse aucune partie de mon corps. […] Si le souvenir pur, qui par hypothèse n’intéresse aucune partie déterminée du corps, est une sensation naissante, c’est donc que la sensation n’est pas essentiellement localisée en un point du corps. […] En S est la perception actuelle que j’ai de mon corps, c’est-à-dire d’un certain équilibre sensori-moteur.
Un corps frappe un autre ; à nos yeux, l’effet consiste en un changement dans la position ou le mouvement d’un ou des deux corps. […] L’évolution repose sur trois lois essentielles : 1° L’instabilité de l’homogène : dans tout corps, l’homogénéité est une condition d’équilibre instable. […] Le corps social, comme le corps vivant, n’est pas un « impie agrégat de parties ; il suppose un consensus entre elles. […] 4° La vie du corps est beaucoup plus longue que celle des éléments qui constituent le corps ; et l’organisme total survit à la disparition des individus qui le composent ; il peut même croître en masse, en structure, en activité, malgré ces pertes successives. […] 2° L’organisme social ne forme pas une masse continue, comme le fait le corps vivant.
En comparant le corps vivant au même corps à l’état de cadavre, nous apercevons qu’il a disparu quelque chose que nous appelons la vie. […] Voici une graine ; elle est inerte comme un corps minéral. […] Il n’y a pas de substance particulière, de corps simple vital, comme Buffon l’avait imaginé pour expliquer la différence des êtres vivants et des corps bruts. […] Chevreul le premier a opéré l’analyse des corps gras. […] Aujourd’hui on peut dire que la synthèse des corps complexes, des corps albuminoïdes, des corps gras, nous est complètement inconnue.
Comme je l’ai expliqué, il ne s’agit pas de comparer les positions des objets A et B dans l’espace absolu ; la question n’aurait alors manifestement aucun sens ; il s’agit de comparer les positions de ces deux objets par rapport à des axes invariablement liés à mon corps, en supposant toujours ce corps ramené à la même attitude. Je suppose qu’entre les instants α et β, je n’aie bougé ni mon corps, ni mon œil, ce dont je suis averti par mon sens musculaire. […] Quelqu’un qui saurait la géométrie, l’expliquerait aisément de la manière suivante : Soit O le point de la rétine où se forme à l’instant α l’image du corps A ; soit M le point de l’espace occupé à l’instant α par ce corps A ; soit M′ le point de l’espace occupé à l’instant β par le corps B. […] Le seul moyen dont je dispose pour cette comparaison est la série Σ des sensations musculaires qui ont accompagné les mouvements de mon corps entre ces deux instants. […] Au lieu de dire que nous rapportons l’espace à des axes invariablement liés à notre corps, peut-être vaudrait-il mieux dire, conformément à ce qui précède, que nous le rapportons à des axes invariablement liés à la situation initiale de notre corps.
. — Distinction entre la propriété du corps extérieur qui provoque la sensation et la sensation elle-même. — Distinction entre la sensation brute et la position apparente que la conscience lui attribue. — Distinction entre la sensation et l’état du nerf ou des centres nerveux. — Caractères propres et primitifs de la sensation. […] Plusieurs de ces noms sont ambigus, et les mots saveur, odeur, son, couleur, chaleur désignent tantôt une propriété plus ou moins mal connue des corps environnants, des particules liquides ou volatiles, des vibrations aériennes ou lumineuses, tantôt l’espèce bien connue des sensations que ces corps, particules et vibrations, excitent en nous. […] Quand nous éprouvons une sensation, nous la situons ; nous rapportons telle douleur, telle impression de chaleur, telle sensation de contact à la main, à la jambe, à tel ou tel endroit du corps, telle sensation d’odeur à l’intérieur du nez, telle sensation de saveur au palais, à la langue, ou à l’arrière-bouche. […] Il en est de même pour les groupes secondaires compris dans les groupes principaux ; toute sensation spéciale, celle de l’amer, du chatouillement, du bleu, a un maximum et un minimum au-delà desquels elle cesse ou entre dans une autre espèce. — Mais chacune d’elles est une sorte de corps simple qui, capable en lui-même d’augmentation et de diminution, ne se laisse ramener à aucun des autres. […] Quant aux éléments et aux éléments des éléments, la conscience ne les atteint pas, le raisonnement les conclut ; ils sont aux sensations ce que les molécules secondaires et les atomes primitifs sont aux corps ; nous n’en avons qu’une conception abstraite, et ce qui nous les représente est non une image, mais une notation.
Depuis lors son récit n’est plus que l’histoire de ce régiment et du 3e corps, dont il fait partie. […] La veille de la retraite, 18 octobre, l’Empereur passa au Kremlin la revue du 3e corps, qui était celui de Ney. […] Le corps principal des Cosaques, commandé par Platov en personne, se rencontre à l’improviste ; il compte avoir bon marché d’une poignée de fantassins harassés, sans cavalerie ni artillerie. […] À partir de cet instant, le 3e corps partage le sort du reste de l’armée. […] Ainsi le corps de Ney, qui était de 10 à 11 000 hommes en quittant Moscou, qui était encore de 6 000 au combat de Krasnoï, n’est plus que de 8 ou 900 hommes en arrivant à Orcha.
Dans cette coupe, notre corps occupe le centre. […] En ce sens, un mouvement est appris dès que le corps l’a compris. […] Mais pour savoir l’exécuter, il faut en outre l’avoir fait comprendre à son corps. Or, la logique du corps n’admet pas les sous-entendus. […] Le souvenir pur, à mesure qu’il s’actualise, tend à provoquer dans le corps toutes les sensations correspondantes.
Notre fond naturel est vicieux ; réprimons tous nos penchants naturels et mortifions notre corps. […] Un adolescent dans Platon reproche à son rival d’avoir le corps roide et le cou grêle. […] Sous peine de vie, il fallait qu’un Spartiate valût dix Ilotes ; comme il était hoplite, fantassin, et qu’il se battait corps à corps, en ligne et de pied ferme, l’éducation parfaite était celle qui formait le plus agile et le plus robuste gladiateur. […] Un général n’était pas alors un calculateur qui se tenait sur une hauteur avec une carte et une lorgnette ; il se battait, la pique à la main, en tête de sa troupe, corps à corps, en soldat. […] On a songé à la vérité avant de songer à l’imitation ; on s’est intéressé aux corps véritables avant de s’intéresser aux corps simulés ; on s’est occupé à former un chœur avant de sculpter un chœur.
En un mot, une même cause peut, selon les circonstances, produire tantôt la sensation de chaleur sur un sujet sentant, tantôt un phénomène de mouvement dans un corps qui ne sent pas. […] Encore le spiritualisme, en séparant ces deux choses, n’a-t-il devant lui que cette difficulté : comment le corps agit-il sur l’esprit et l’esprit sur le corps ? Mais ses adversaires en ont une bien plus grave à résoudre, à savoir : comment le corps devient-il esprit ? […] Un corps qui pense serait donc un corps qui se transforme en esprit. […] Comment donc s’expliquer cette union nécessaire de l’âme et du corps ?
Le corps se manifeste par l’étendue ; l’âme par la pensée. […] Qu’est-ce que ce corps et qu’est-ce que cette âme, si étroitement liés et si incompatibles ? […] Y a-t-il une âme distincte du corps ? […] Il donne ensuite son attention au corps, à la santé. […] C’est en effet la querelle entre l’âme et le corps.
Telles sont les émotions primitives, avec le mouvement général du corps qui les exprime au premier moment. […] Le chien prend une forme onduleuse, se couche, s’aplatit ; le chat tend son corps, grossit son dos, se frotte contre son maître. […] Si le chien fait onduler son corps pour manifester sa joie, c’est que cette joie, plus vive que celle du chat, qui est moins affectueux, produit un besoin de mouvement, des sauts, des gambades, tout au moins de vives ondulations du corps ou de la queue. […] C’est l’image mécanique de la sympathie qui relie les divers organes de notre corps. […] Quoique le corps de l’homme soit, presque entièrement glabre, les petits muscles lisses qui redressent les poils subsistent encore chez lui.
Le corps aristocratique. […] On crée un corps intermédiaire ! […] Les corps intermédiaires sont donc les corps protecteurs et promoteurs et conservateurs des libertés publiques. […] Du moment qu’elle était le seul corps du royaume qui fût indépendant, tout ce qui dans le royaume était indépendance ou se réclamait de la liberté, ressortissait à ce corps-là. […] Partout où le clergé fait un corps, il est maître et législateur dans sa patrie.
L’opération par laquelle il rassembla ses corps d’armée, au nombre de 124,000 hommes, derrière la forêt de Beaumont, à quelques lieues de l’ennemi, et d’un ennemi si vigilant, sans que celui-ci parût s’en douter, est universellement admirée comme un chef-d’œuvre de stratégie. […] Plus d’un ordre essentiel, adressé pendant cette campagne à des chefs de corps, arriva tard ou n’arriva pas. […] Il s’agit de d’Erlon et de son corps d’armée qui flotta, durant toute faction, des Quatre-Bras à Fleurus et de Fleuras aux Quatre-Bras, d’une bataille à l’autre, espèce de Juif errant qui marcha toujours sans arriver jamais. […] Le vieux et brave Friant, ce modèle des divisionnaires dans la main de l’Empereur, en avait, jugé avec son coup d’œil exercé : « Sire, nous ne « viendrons jamais à bout de ces gens-là, si vous ne les « prenez à revers, au moyen de l’un des corps dont « vous disposez. » — « Sois tranquille », lui répondit Napoléon ; « j’ai ordonné ce mouvement trois fois, et « je vais l’ordonner une quatrième. » C’était le corps de d’Erlon que Napoléon avait demandé à Ney dès trois heures un quart ; un ordre rédigé par le maréchal. […] Peut-être eût-il fallu le dire plus, nettement encore, le demander expressément à Ney, et un major-général plus rompu au métier aurait appelé les gens et les corps par leur nom.
Vivre, c’est désirer ; désirer, c’est agir ; agir, c’est mouvoir ; mouvoir, c’est déplacer des corps dans l’espace au moyen d’une transformation d’énergie. […] Sans cela, même en ayant déjà l’idée de l’espace, vous n’arriveriez jamais à distinguer les cas où c’est votre main seulement qui est affectée et ceux où c’est votre corps entier. […] Il y a dans les sensations mêmes du tact, de l’ouïe et surtout des organes internes, autre chose que des différences numériques ou des différences de temps : il y a une extensivité vague ; un aveugle, lui aussi, distingue tout son corps d’une partie de son corps. […] En fait, une impression produite sur un point de notre corps ne peut rester absolument isolée : elle s’irradie vers d’autres points plus ou moins voisins du premier. […] Au moyen de cette réflexion physiologique, les sensations seraient projetées dans la direction des parties du corps excitées et des causes externes qui ont produit l’excitation.
La nature, dit-il, ébauche des corps vivants, mais les ébauche seulement. […] Mais parmi les corps, il en est qui répondent davantage, par leur forme, aux aspirations de telles ou telles âmes. Et parmi les âmes, il en est qui se reconnaissent davantage dans tels ou tels corps. Le corps, qui ne sort pas tout à fait viable des mains de la nature, se soulève vers l’âme qui lui donnerait la vie complète. […] Comme aussi nos sensations nocturnes ressemblent à ces corps à peine ébauchés.
Durant la vie de l’homme et tant que l’ame spirituelle demeure unie avec le corps, le caractere de notre esprit et nos inclinations dépendent beaucoup des qualitez de notre sang qui nourrit encore nos organes et qui leur fournit la matiere de leur accroissement durant l’enfance et durant la jeunesse. […] Or, les émanations de la terre qui est un corps mixte dans lequel il se fait des fermentations continuelles, ne sçauroient être toujours précisement de la même nature dans une certaine contrée. […] Or, l’air qui doit avoir un si grand pouvoir sur notre machine, est un corps mixte composé de l’air élementaire et des émanations qui s’échappent de tous les corps qu’il enserre ou que son action continuelle peut en détacher. […] Il regne alors dans cette contrée un vent de nord-est qui rend le ciel noir, et qui afflige sensiblement les corps les plus robustes. […] Le hemvé ne devient une peine de l’esprit, que parce qu’il est réellement une peine du corps.
Si le docteur Véron n’était pas une joviale et innocente individualité, comment le Corps législatif prendrait-il ses indiscrétions ? […] « L’Empereur, qui nous a donné le salut, puis qui nous a donné la gloire, et à qui rien n’a manqué que le soleil », nous aura donné toutes les prospérités possibles en nous donnant la liberté de la tribune et de la presse, si agréables aux membres du Corps législatif qui tiennent à être vus par la fenêtre ! […] Arrivé du théâtre ou du loisir à la politique, membre du Corps législatif, s’il n’a pas de tribune dans laquelle il puisse encadrer sa docte et florissante personne il a une assemblée d’hommes bienveillants et compétents qui l’écoutent suffisamment quand il parle, et devant laquelle il peut exercer ses impatientes facultés. […] Se tenir à son rang, docilement et pratiquement, dans le second corps de l’État dont on a l’honneur de faire partie, n’appelle pas assez le regard. […] Dans son coin, au Corps législatif, qui se serait aperçu, excepté ses voisins, — les jours qu’il ne rapporte pas, — que le docteur Véron était là ?
La force nerveuse agit sur les diverses parties du corps à la manière d’un courant. […] Répandues dans tout le corps, en particulier dans les viscères, elles n’ont point d’organes qui leur soient propres. […] La distance suppose deux points fixes que l’on peut reconnaître par un mouvement de la main, du bras ou du corps. La direction implique un point de repère ; noire corps est le plus naturel ; il nous sert à mesurer la droite, la gauche, le devant, le derrière. […] Lemoine, l’Âme et le Corps, et M.
Prenez d’abord les substances, c’est-à-dire les corps et les esprits1. […] Quand je dis que le feu est chaud, je veux dire par là que, lorsque le feu est à portée de mon corps, j’ai la sensation de chaleur. […] Or cela n’a pas lieu dans ces propositions d’expérience ; elles constatent un rapport accidentel, et non un rapport nécessaire ; elles posent que deux faits sont liés, et non que les deux faits doivent être liés ; elles établissent que les corps sont pesants, et non que les corps doivent être pesants. […] Nous pouvons bien prédire les innombrables positions de tous les corps planétaires ; mais nous sommes obligés de supposer, outre l’impulsion primitive et son degré, outre la force attractive et sa loi, les masses et les distances de tous les corps dont nous parlons. […] Nous sommes parvenus à définir le mouvement des planètes par la force tangentielle et l’attraction qui le composent ; nous définissons déjà en partie le corps chimique par la notion d’équivalent, et le corps vivant par la notion de type.
Quand on avance qu’un nombre est plus grand qu’un autre nombre ou un corps qu’un autre corps, on sait fort bien, en effet, de quoi l’on parle. […] Souvent le corps entier tremble. […] En présence de plusieurs plaisirs conçus par l’intelligence, notre corps s’oriente vers l’un d’eux spontanément, comme par une action réflexe. […] A mesure que l’amplitude de la vibration sonore augmente, notre tête, puis notre corps nous font l’effet de vibrer ou de recevoir un choc. […] Nous dirons alors que la note est plus haute, parce que le corps fait un effort comme pour atteindre un objet plus élevé dans l’espace.
« La mort est-elle autre chose que la séparation de l’âme et du corps, de manière qu’après cette séparation l’âme demeure seule d’un côté et le corps de l’autre ? […] « Et les sens de ce corps, qui nous trompent, ne sont-ils pas un obstacle à la vérité ? […] « Et toutes les fois que vous verrez un homme se lamenter et reculer quand il faudra mourir, ne penserez-vous pas que c’est une preuve que cet homme n’aime pas la sagesse, mais qu’il aime son corps et tout ce qui est du corps, l’argent, les honneurs, ou ces deux choses à la fois ? […] « Le corps, dit-il, n’obéit-il pas forcément, et ne voyons-nous pas cependant que l’âme fait tout le contraire ? […] Il faut avoir plus de courage, et dire que c’est le corps de Socrate seulement que tu couvres de terre.
C’est la mesure de l’action que les corps exercent les uns sur les autres. […] L’esprit, toutefois, n’est pas mis pour cela sous la dépendance du corps. […] Les corps n’agissent pas les uns sur les autres. […] Ainsi les corps dits simples imposent une limite à la décomposition et suffisent à la reconstitution des corps donnés. […] Les lois du corps sont plus simples, celles de l’âme plus compliquées.
Prenez d’abord les substances, c’est-à-dire les corps et les esprits1472. […] Or cela n’a pas lieu dans ces propositions d’expériences ; elles constatent un rapport accidentel, et non un rapport nécessaire ; elles posent que deux faits sont liés et non que les deux faits doivent être liés ; elles établissent que les corps sont pesants, et non que les corps doivent être pesants. […] Nous pouvons, en refroidissant la surface de n’importe quel corps, atteindre en tous les cas une température à laquelle la rosée commence à se déposer. […] Nous pouvons bien prédire les innombrables positions de tous les corps planétaires ; mais nous sommes obligés de supposer, outre l’impulsion primitive et son degré, outre la force attractive et sa loi, les masses et les distances de tous les corps dont nous parlons. […] Nous sommes parvenus à définir le mouvement des planètes par la force tangentielle et l’attraction qui le composent ; nous définissons déjà en partie le corps chimique par la notion d’équivalent, et le corps vivant par la notion de type.
La vrai-semblance mécanique consiste donc à ne point donner à une lumiere d’autres effets que ceux qu’elle auroit dans la nature : par exemple à ne lui point faire éclairer les corps sur lesquels d’autres corps interposez l’empêchent de tomber. Elle consiste à ne point s’éloigner sensiblement de la proportion naturelle des corps ; à ne point leur donner plus de force qu’il est vrai-semblable qu’ils en puissent avoir. […] Un autre juif placé auprès du premier, et qu’on reconnoît être d’un temperament mélancolique à la maigreur de son corps, à son teint livide, comme à la noirceur des poils, se ramasse tout le corps en jettant sa pierre, qu’il adresse à la tête du saint. […] Les mêmes regles veulent encore qu’on donne aux differentes nations qui paroissent ordinairement sur la scene des tableaux, la couleur de visage et l’habitude de corps que l’histoire a remarqué leur être propres.
Elles appartiennent à tous les corps. On ne peut concevoir un corps sans elles. […] Tout corps est étendu et mobile. […] Selon eux, l’âme est matérielle comme les corps d’après la théorie qu’il n’y a d’action que du semblable sur le semblable ; en outre, il se dégage des corps qui sont comme des images raccourcies de ce corps, et que les sensualistes nomment [mot grec]. […] Ainsi, si les dilatations d’un corps augmente avec la chaleur, on pourra affirmer d’une manière certaine que la chaleur dilate les corps.
Cudworth explique les rapports de l’âme et du corps par l’hypothèse d’un médiateur plastique. […] Bonnet ne peut croire à la séparation de l’âme et du corps. […] Que cela contrarie ou non telle doctrine métaphysique sur les rapports de l’âme et du corps, il n’y a pas lieu de contester l’expérience. […] L’impression est donc le véritable corps simple, l’élément primordial plus ou moins latent qui est au fond de nos idées. […] C’est la pensée d’Aristote, lequel fait de l’âme la cause finale du corps ; c’est la doctrine de Stahl, qui enseigne que toute âme crée son corps.
Les corps inorganisés. […] Mais le corps qui exercera cette action, le corps qui, avant d’accomplir des actions réelles, projette déjà sur la matière le dessin de ses actions virtuelles, la corps qui n’a qu’à braquer ses organes sensoriels sur le flux du réel pour le faire cristalliser en formes définies et créer ainsi tous les autres corps, le corps vivant enfin est-il un corps comme les autres ? […] L’état d’un corps vivant trouve-t-il son explication complète dans l’état immédiatement antérieur ? […] Ces dernières commencent par le dédoublement du centrosome, petit corps sphérique situé à côté du noyau. […] A cette condition seulement elle aura prise sur les corps organisés.
« Un très grand nombre de corps, et particulièrement les sels, présentent ce fait très remarquable, que la sensation produite par eux sur les parties antérieures de la langue est entièrement différente de celle qu’ils donnent, à la partie postérieure. […] « Je sens, dit alors le malade, la forme et la consistance du corps qui me touche, mais je ne saurais dire s’il est chaud ou froid. » — Chez d’autres enfin, la sensation de contact disparaît seule. […] Landry, une surface polie d’une légère couche de talc, et qu’on engage une personne non prévenue à y promener la pulpe du doigt, elle croit toucher un corps gras ou huileux… » — Soit une table de marbre où l’on a semé des gouttes d’eau. […] Gratiolet, se développe quand la peau se détache d’une chose qui lui est adhérente, comme le serait par exemple un corps enduit de diachylon. […] En effet, les corps qu’une couche intermédiaire d’eau fait adhérer n’adhèrent plus quand ils sont plongés dans l’eau ; de même, des corps plongés dans l’huile… La peau peut recevoir des impressions par les deux faces, l’une superficielle, l’autre profonde.
Derrière ces trois cents hommes, dits la bataille des maréchaux, se trouvera, pour les soutenir, sous le commandement du duc d’Athènes, connétable de France, le corps d’Allemands, à cheval aussi. […] Elle commence à s’ébranler, à se dérompre et ouvrir, quand elle voit les maréchaux déconfits par-devant, et qu’elle se sent assaillie en arrière et sur ses flancs par le corps de chevaliers anglais et d’archers à cheval qui débusquent de la montagne. […] Derrière et à quelque intervalle du corps des maréchaux, également à cheval, dans la même direction venait pour les appuyer la bataille des Allemands ou du connétable. […] Le roi Jean est en ligne directe derrière le corps du connétable qui est refoulé sur celui du roi. […] Cependant, n’apercevant plus au loin à travers la plaine de corps d’ennemis qui résiste, il fait chercher de toutes parts nouvelles du roi Jean.
Plus précisément, le rôle du cerveau est de faire que l’esprit, quand il a besoin d’un souvenir, puisse obtenir du corps l’attitude ou le mouvement naissant qui présente au souvenir cherché un cadre approprié. […] Il en connaîtrait tout juste ce qui est exprimable en gestes, attitudes et mouvements du corps, ce que l’état d’âme contient d’action en voie d’accomplissement, ou simplement naissante : le reste lui échapperait. […] Nos corps sont extérieurs les uns aux autres dans l’espace ; et nos consciences, en tant qu’attachées à ces corps, sont séparées par des intervalles. Mais si elles n’adhèrent au corps que par une partie d’elles-mêmes, il est permis de conjecturer, pour le reste, un empiétement réciproque. […] Plus nous nous accoutumerons à cette idée d’une conscience qui déborde l’organisme, plus nous trouverons naturel que l’âme survive au corps.
Il tend à rendre au Corps législatif quelques-unes des attributions vitales qui lui manquaient. C’est un instrument dont le Corps législatif aura incontinent à tirer tout le parti qu’il jugera à propos. […] A le prendre ainsi, et vu l’urgence, vu la prorogation du Corps législatif, qui a pu être nécessaire, mais qui est survenue irrégulièrement et qui a choqué et interloqué ce Corps, vu bien d’autres circonstances que chacun sent assez sans qu’on les dise, il me semblait que le Sénat aurait pu procéder plus vite, motiver son empressement même par la condition fâcheuse qui était faite au Corps législatif, resté en l’air et en suspens, se mettre dès le premier jour avec ce Corps dans des relations d’égards et de bons procédés et, en vérité, quand je vois les modifications apportées au sénatus-consulte après une discussion si laborieuse, je trouve qu’il eût été mieux de l’accepter et de l’acclamer sous sa première forme. […] Je sais bien que c’est un reste de l’ancienne et première Constitution auquel on n’a pas voulu renoncer ; mais ce n’est plus qu’un anneau brisé : la chaîne fait défaut, puisque les ministres deviennent, en définitive, responsables devant le Corps législatif. […] Il faut bien se dire qu’il devra y avoir par tout le corps social, par toute la machine administrative de haut en bas et jusque dans les dernières branches, circulation d’un même esprit, d’une même intention, sans quoi tout ira mal, sans concert, avec décousu et tirage en sens inverse, comme ce qui s’est fait précédemment, comme ce qui se fait encore tous les jours.
querelles de corps a corps. […] Ils sont la sauve-garde du corps humain. […] Son dessein n’étoit pas d’offenser un corps respectable. […] Il y a des signes pour distinguer les corps des derniers. […] L’intérêt particulier céda pour lors à l’intérêt du corps.
Mon corps est resté seul ; et pourtant les autres images redeviendront visibles sous forme de souvenirs. Il faut donc bien, semble-t-il, que mon corps, ou quelque partie de mon corps, ait la puissance d’évoquer les autres images. […] Le corps ne se sent plus soulevé par l’objet aperçu, et comme c’est dans cette suggestion d’activité que consiste le sentiment de l’actualité, l’objet représenté n’apparaît plus comme actuel : c’est ce qu’on exprime en disant qu’il n’est plus présent. […] Plus la science approfondit la nature du corps dans la direction de sa « réalité », plus elle réduit déjà chaque propriété de ce corps, et par conséquent son existence même, aux relations qu’il entretient avec le reste de la matière capable de l’influencer. […] La représentation paraissant se déplacer avec le corps, on raisonne comme s’il y avait, dans le corps lui-même, l’équivalent de la représentation.
Cette erreur est venue de l’infirmité de l’intelligence humaine : plongée et comme ensevelie dans le corps, elle est portée naturellement à percevoir les choses corporelles, et a besoin d’un grand travail, d’un grand effort pour se comprendre elle-même ; ainsi l’œil voit tous les objets extérieurs, et ne peut se voir lui-même que dans un miroir. […] Celles des Hébreux et des Chrétiens qui attribuent à la Divinité un esprit libre et infini ; celle des idolâtres qui la partagent entre plusieurs dieux composés d’un corps et d’un esprit libre ; enfin celle des Mahométans, pour lesquels Dieu est un esprit infini et libre dans un corps infini ; ce qui fait qu’ils placent les récompenses de l’autre vie dans les plaisirs des sens. […] Toutes les nations païennes se sont accordées à croire que les âmes allaient errantes autour des corps laissés sans sépulture, et demeuraient inquiètes sur la terre ; que par conséquent elles survivaient aux corps, et étaient immortelles.
Vos théories de société répondent aux corps, les nôtres répondent à l’âme de la société. […] Le véritable contrat social n’a pas pour but seulement le corps de l’homme, il a pour but aussi et surtout l’âme humaine, il est spiritualiste plus que matériel ; car le corps ne vit qu’un jour de pain, et l’esprit vit éternellement de vérité, de devoir et de vertu. […] Elle n’a pas pour objet seulement la perpétuation de l’espèce humaine par la vile satisfaction des besoins du corps humain sur cette terre ; mais elle a pour but surhumain la grandeur et la glorification de l’âme humaine par la vertu. Le travail de l’homme terrestre pour le pain du jour, c’est la vertu du corps humain ; le travail de la société politique en vue de Dieu et de l’immortalité, c’est la vertu de l’âme humaine. […] XV Ce pacte de la société vraie, le voici : Dieu a créé l’homme corps et âme, à la fois ; Corps, pour s’exercer ici-bas comme un apprenti de la vie terrestre à la vie céleste, qui sera dégagée des sens et des temps.
Saisie dans le jour blanc d’un musée ou fixée aux panneaux futilement ornés d’un salon, la toile dont les pigments réfléchissent les diaprures incluses du rayonnement solaire, refleurira par les mots, dans l’accord heurté ou doux à l’œil de ses nuances stridentes ou tragiquement mortes ; et il y aura des cadences de phrase pour la langueur innocente d’un beau corps nu, et des aurores verbales pour l’éveil religieux d’un blond rayon de lumière entre les ténèbres d’un fond où s’effacent de torturés ou humbles visages, et de pénétrantes périodes pour la sagace analyse de quelque froide et mince tète de roi ou de moine surgie du passé, avec ses yeux pleins de pensées mortes et ses traits sillonnés par des passions définitivement réprimées. […] — Ce sera de même, en recourant à îles procédés usités déjà, mais dont l’insuffisance, s’ils demeurent isolés, a été montrée plus haut, que l’on résumera des analyses psychologiques, l’image îles êtres vivants qui y auront été disséqués Le critique concevra que le mécanisme mental exsangue et incolore, qu’il aura lentement et pièce par pièce déduit des données esthétiques, n’est point une entité idéale, une force flottante et sans point d’application, mais qu’animé, existant, nourri d’un sang pourpre, concentré en des cellules sans cesse vibrantes et rénovées, il se situe en un encéphale particulier, un système nerveux, un corps, un être humain, qui fut debout, marchant et agissant dans notre air, sur notre terre. Ce corps eut une enfance, une jeunesse, un âge mûr souvent, une vieillesse parfois ; il fut un homme, lit partie d’une famille, naquit et vécut dans une patrie, eut tels parents, tels amis, tels contemporains ; la carrière de cet être fut mêlée d’infortunes et de joies, de hasards et d’habitudes ; il subit et exerça des influences spirituelles ; il reprit l’œuvre artistique à un point donné et en porta le progrès à tel autre point ; cette entité intellectuelle dont on a désigné d’abord la configuration totale et générale, avec toutes ses acquisitions et toute son innéité, eut une évolution, fut jetée dans le compromis de résistances et d’adaptations qu’est la vie, fut fait d’originalité et d’imitation comme tout individu vivant, mêla sa tâche de redites et de trouvailles. […] Il faut pour entreprendre la restitution d’un de ces grands êtres intellectuels qui sont, dans l’ordre de la pensée et de la sensibilité pures, comme les initiateurs d’une espèce morale, qui concentrent et qui exaltent en eux toute l’émotion et la réflexion excitée dans la foule mêlée de leurs admirateurs, remonter des parties éparses de son esprit à leur enchevêtrement et leur engrenage dans le tout, replacer cet esprit ainsi particularisé dans chacune de ces facultés et dans leur association, en un corps dont il sera nécessaire de connaître les représentations graphiques et dont les habitudes ressortiront des témoignages des contemporains : ce corps même et cet esprit, il faudra le prendre dans ses origines, la famille, la race, la nation, — dans son milieu premier, le lieu de naissance et d’enfance, le climat, le paysage, le sol : il faudra le suivre dans son développement et ses relations, de son enfance à sa jeunesse, de ses amitiés à ses liaisons, de ses lectures à ses actes, tracer le cours de ses productions, connaître les joies et les amertumes de sa vie, le conduire enfin à ce déclin et ce décès qui si rarement, pour les grands artistes, sont glorieux, ou fortunés ou paisibles. […] Que l’on conduise ainsi Poe de la table où tout enfant son père adoptif l’exhibait récitant des vers, à cette taverne de Baltimore où il goûta l’ivresse qui le couchait le lendemain dans le ruisseau ; que l’on connaisse de Flaubert la famille de grands médecins dont il était issu, le pays calme et bas dans lequel il passa sa jeunesse, la fougue de son arrivée à Paris, ses voyages, son mal, le rétrécissement progressif de son esprit, le milieu de réalistes dans lequel s’étriquait ce romantique tardif : que de même on décrive la physionomie satanique et scurrile (sic) de Hoffmann, le pli de sa lèvre, l’agilité simiesque de tout son petit corps, ses grimaces et ses mines extatiques, son horreur pour tout le formalisme de la société, ses longues séances de nuit dans les restaurants, à boire du vin, et ce mal qui le mît comme Henri Heine tout recroquevillé dans un cercueil d’enfant ; que l’on compare les débuts militaires de Stendhal et de Tolstoï à leur fin, à l’existence de vieux beau de l’un, à l’abaissement volontaire de l’autre, aux travaux manuels et à la pauvreté grossière ; que l’on complète chacune de ces physionomies, qu’on en forme des séries rationnelles, on aura dressé en pied pour une période, pour un coin du monde littéraire, pour ce domaine tout entier, les figures intégrales du groupe d’hommes qui sont les types parfaits de l’humanité pensante et sentante.
Le corps des païsans andalous est-il conformé naturellement comme le corps des païsans de la vieille Castille ? […] Les organes du cerveau ou les parties du corps humain qui décident, en parlant physiquement, de l’esprit et des inclinations des hommes, sont sans comparaison plus composées et plus délicates que les os et les autres parties qui décident de leur stature et de leur force. Elles sont plus composées que celles qui décident du son de la voix et de l’agilité du corps. […] Quoique la difference de l’air ne soit pas assez grande dans ces provinces pour rendre les corps differens extérieurement, elle y suffit néanmoins pour rendre très-differens ceux de nos organes qui servent immédiatement aux fonctions de l’ame spirituelle. […] Leurs corps peuvent souffrir la faim et soutenir de grandes fatigues.
Comme nous le faisions pressentir, nous n’aurons définitivement raison de cette erreur que si nous la prenons corps à corps. […] Chacun de ces corps change, en réalité, à tout moment. […] Mais, en réalité, le corps change de forme à tout instant. […] C’est, entre notre corps et les autres corps, un arrangement comparable à celui des morceaux de verre qui composent une figure kaléïdoscopique. […] S’agit-il d’un corps qui tombe ?
Enlevons le reste, c’est-à-dire les lobes cérébraux, les corps striés, les couches optiques, les tubercules quadrijumeaux118. […] Voici un rat sur qui j’ai enlevé le cerveau proprement dit, les corps striés et les couches optiques. […] Je pince la peau des parties latérales du corps ; il y a, comme vous le voyez, un mouvement de courbure latérale du corps produisant une concavité du côté irrité, et il est facile de voir que ce mouvement a pour résultat d’éloigner la partie irritée du corps irritant. […] D’après les expériences les plus récentes, elle est de 29 mètres par seconde dans les nerfs du corps humain. […] Bain, L’Esprit et le Corps, p. 111.
Mais, d’autre part, il envisage corps et esprit de telle manière qu’il espère atténuer beaucoup, sinon supprimer, les difficultés théoriques que le dualisme a toujours soulevées et qui font que, suggéré par la conscience immédiate, adopté par le sens commun, il est fort peu en honneur parmi les philosophes. […] Mais, comme nous l’annoncions d’abord, nous ne traitons la question de la matière que dans la mesure où elle intéresse le problème abordé dans le second et le troisième chapitres de ce livre, celui même qui fait l’objet de la présente étude : le problème de la relation de l’esprit au corps. […] Si on laisse de côté les théories qui se bornent à constater l’« union de l’âme et du corps » comme un fait irréductible et inexplicable, et celles qui parlent vaguement du corps comme d’un instrument de l’âme, il ne reste guère d’autre conception de la relation psychophysiologique que l’hypothèse « épiphénoméniste » ou l’hypothèse « paralléliste », qui aboutissent l’une et l’autre dans la pratique — je veux dire dans l’interprétation des faits particuliers — aux mêmes conclusions. […] À celui qui aborde sans idée préconçue, sur le terrain des faits, l’antique problème des rapports de l’âme et du corps, ce problème apparaît bien vite comme se resserrant autour de la question de la mémoire, et même plus spécialement de la mémoire des mots : c’est de là, sans aucun doute, que devra partir la lumière capable d’éclairer les côtés plus obscurs du problème. […] Et ces images elles-mêmes ne sont pas représentées à la conscience sans que se dessinent, à l’état d’esquisse ou de tendance, les mouvements par lesquels ces images se joueraient elles-mêmes dans l’espace, — je veux dire, imprimeraient au corps telles ou telles attitudes, dégageraient tout ce qu’elles contiennent implicitement de mouvement spatial.
Pour lui, l’âme en général est naturellement dans le corps, et telle âme est appropriée à tel corps et non à un autre. […] Ce grand génie, il a le corps d’un enfant maigre ; il n’a de corps que juste ce qu’il en faut pour porter une tête admirable. — Rossini, au contraire, a un corps, je vous jure ! et un corps qui s’épanouit de plus en plus ! […] C’était la glorification du corps. […] Courbé sur sa tâche, le corps se déjette.
Querelles de corps a corps. […] Ils font un corps totalement séparé d’elle. […] Tous les corps de la ville pensoient de même. […] Elle le retrancha de son corps, l’an 1654. […] QUERELLES DE CORPS A CORPS.
On ne voit pas que ce corps, différencié dans l’espace d’une série d’autres corps auxquels il s’appareille par des ressemblances spécifiques, n’est, quand on l’analyse isolément, qu’un composé de parties à l’infini. […] Ces désirs sont attribués au personnage imaginaire qui, à travers tous les changements du corps humain, se nomme le moi. […] Elle émigre de ce corps, de ce moi qu’elle avait jusqu’alors animé, pour se répandre au dehors, et tandis que la maison où elle a demeuré va s’affaisser peu à peu jusqu’à ce qu’elle s’effondre, cette vie profonde de l’espèce se construit d’autres demeures humaines, d’autres corps où elle va persister et fleurir. […] Tel est le cas du vaccin, dont on peut penser qu’il prévient la petite vérole, mais dont on ne sait s’il ne détruit pas, dans ce milieu mal connu qu’est le corps humain, des auxiliaires indispensables. […] L’homme fait de son corps un champ d’expérimentation.
« L’âge même de Galba était un texte de dérision et d’impopularité pour ceux qui étaient accoutumés à la jeunesse de Néron, et qui, suivant le préjugé du vulgaire, ne jugeaient de leur maître qu’à la beauté et à la grâce du corps. […] Les officiers partent pour aller retenir dans leur devoir les différents corps casernés dans la ville ; mais les partisans d’Othon les ont prévenus. […] « Le corps de Galba, longtemps abandonné et devenu le jouet des profanateurs, pendant les ténèbres, fut enfin enseveli par les soins d’Argius, un de ses anciens esclaves, dans les jardins d’un domaine privé que possédait Galba. Sa tête, mutilée et attachée à une pique par les vivandiers et les valets d’armée devant le tombeau de Patrobius, affranchi de Néron, puni par Galba, fut recueillie le jour suivant et réunie aux cendres de son corps déjà brûlé. » Quelle tragédie ! […] ces Germains, que Vitellius pousse contre Rome, ne l’auront pas osé eux-mêmes ; et vous, enfants privilégiés de l’Italie, vous, jeunesse vraiment romaine, vous demanderiez le sang et le massacre d’un corps dont la splendeur et la gloire font toute notre supériorité sur la bassesse et l’obscurité des Vitelliens.
Tous ceux qui sont effrayés des empiètements de l’État moderne invoquent l’exemple de la Grande-Bretagne : voyez comme les autorités locales y sont puissantes, comme les grands corps collectifs y sont vivants ! […] « Un corps unique, et placé au centre du royaume, qui réglemente l’administration publique dans tout le pays ; le même ministre dirigeant presque toutes les affaires intérieures ; dans chaque province, un seul agent qui en conduit tout le détail ; point de corps administratifs secondaires ou des corps qui ne peuvent agir sans qu’on les autorise d’abord à se mouvoir ; des tribunaux exceptionnels qui jugent les affaires où l’administration est intéressée et couvrent tous ses agents. […] — Il est vrai que le pouvoir du tsar est unique et absolu, qu’il ne rencontre aucun corps constitué capable de lui tenir tête : pas de corporations, pas de noblesse, pas de provinces. […] La société guerrière idéale est celle qui agit le plus aisément comme un seul homme, celle par suite dans laquelle les ordres, vivement conçus par un centre cérébral unique, sont rapidement transmis jusqu’aux extrémités du corps social et immédiatement exécutés. […] Suivant Spencer, un gouvernement centralisé interdirait les associations ouvertes, contractuelles, fondées sur les volontés, et non les corps fermés, naturels, fondés sur l’hérédité.
De cette idée dut naître le noble effort propre à la volonté de l’homme, de tenir en bride les mouvements imprimés à l’âme par le corps, de manière à les étouffer, comme il convient à l’homme sage, ou à les tourner à un meilleur usage, comme il convient à l’homme social, au membre de la société37. […] … Sans doute le lecteur éprouvera un plaisir divin en ce corps mortel, lorsqu’il contemplera dans l’uniformité des idées divines ce monde des nations, par toute l’étendue et la variété des lieux et des temps. […] Notre libre arbitre, notre volonté libre peut seule réprimer ainsi l’impulsion du corps… Tous les corps sont des agents nécessaires, et que les mécaniciens appellent forces, efforts, puissances, ne sont que les mouvements des corps, mouvements étrangers au sentiment. […] Les Hébreux croyaient en un Dieu tout esprit, qui scrute le cœur des hommes ; les gentils croyaient leurs dieux composés d’âme et de corps, et par conséquent incapables de pénétrer dans les cœurs.
Le mot mouvement est abstrait de « mouvant. » Ce que nous avons donc à chercher, ce sont les sensations sur lesquelles nous nous fondons pour appeler un corps « mouvant » ; le mouvement étant simplement le mouvant, moins la connotation. Dans l’idée d’un corps mouvant, nous trouvons les éléments suivants : idée d’une ligne (car un corps se meut toujours selon une ligne droite ou autre), idée de succession. […] Nos idées d’étendue et de mouvement dérivent, sans aucun doute, de l’action de notre propre corps. […] Notre idée d’un corps qui se meut consiste dans une somme de sensations successives ; somme où l’état présent est joint, grâce à la mémoire, à tous les états antérieurs.
Les émanations dont dépendent les qualitez de l’air, dépendent elles-mêmes de la nature des corps dont elles s’échappent. […] Le sein de la terre ne renferme pas les mêmes corps en France qu’il renferme communément en Italie. […] Ces corps dans les lieux de France où on en trouve n’y sont pas en même quantité par proportion aux autres corps qu’en Italie. […] C’est à ce sel dominant dans la terre de Pologne que les philosophes attribuent la fertilité prodigieuse de la plûpart de ses contrées, aussi-bien que la grosseur extraordinaire des fruits, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, le grand volume du corps des hommes nez et nourris dans ce païs-là.
Il pensait d’abord à se retirer pour rallier les corps de Bernadotte et de Lefebvre. […] Jomini au 6e corps d’armée et en prévenir le prince de Neuchâtel. » La décision de l’Empereur est du 11 novembre. […] La guerre d’Espagne est engagée : un rôle important y est assigné à Ney et au 6e corps. […] Je ne lui demande que de me placer dans un corps comme chef d’état-major, ou de me reprendre près de lui : situation dans laquelle je me trouvais il y a quatre ans. […] Le 4 mai, Berthier prévient Clarke que Jomini est envoyé au maréchal Ney pour être chef d’état-major au 3e corps.
Loti fortifie ses muscles, se fait un corps agile, souple et robuste, un corps de gymnaste et de clown. Ce corps, il le pare richement et le déguise en cent façons : il trouve à cela un plaisir d’enfant ou de sauvage. […] Il accomplit ainsi son rêve : jouir de tout son corps et jouir de toute l’étendue de la planète où ce corps a été jeté. […] Parce que les intervalles musicaux dont la suite la compose, autrement dit les rapports des nombres de vibrations des corps sonores, sont exprimés par certains chiffres plutôt que par d’autres. […] Et c’est aussi l’amour noir et, certains jours, les danses hurlantes des corps d’ébène déchaînés par la Vénus animale.
Une des causes célèbres qu’il eut à plaider dans les années suivantes fut celle de la comtesse de Mirabeau, demandant la séparation de corps et de biens d’avec Mirabeau, lequel plaidait en personne. […] On avait vu, sous le chancelier Maupeou, la monarchie administrative tenter hardiment de briser ce qui restait de corps à demi indépendants, qui devenaient un obstacle de tous les jours. […] Rien ne démontrerait mieux, à notre sens, la légitimité de 89 que cette argumentation habile de la part d’un homme aussi éclairé, et de laquelle il résulte que la France n’était pas un seul État ni un corps mû d’un même esprit. […] Je n’insiste pas davantage sur ces premiers écrits à demi politiques, pleins de vues libérales ou même déjà législatrices entremêlées dans l’esprit de corps, et où la doctrine des anciens parlements se retrouve dans toute sa plénitude et sa beauté en expirant : mais Portalis ne s’y montrait encore que comme l’avocat d’une province, et j’ai hâte de l’atteindre au moment où il devient le conseiller et la lumière de toute la France. […] Nommé membre du Corps législatif en 95, il fut appelé par son âge à faire partie du Conseil des Anciens, et il appartient désormais à toute la France.
Il y a des corps constitués destinés à garder, à conserver, à embaumer les momies rongées par les vers du passé. […] J’ai dit que l’Académie n’était plus de nos jours un corps littéraire ; j’ai eu tort. J’aurais dû dire qu’elle est un corps essentiellement antilittéraire : elle corrompt ou elle tue. […] -elle doit la prendre corps à corps, lui arracher un à un les vêtements de convention dont on l’entoure malgré elle, et la montrer aux hommes étonnés telle qu’elle est, jeune, charmante, souriante, indulgente et radieuse. […] Les philosophies ont laissé de côté les syllogismes à baralipton et à frisesomorum et se sont prises résolument corps à corps.
Flaubert a raison : « Les âmes s’étreignent mieux que les corps. » Tinan tourne au délire mystique : « Si j’avais une sœur, comme je l’aurais aimée ! […] Il nous montre pour modèles, dans sa Nuit au Luxembourg, deux amants dont l’unique satisfaction consiste à « jouer avec leur corps », mais Remy de Gourmont s’illusionne. […] Le corps n’est pas relevé de son exil infâme. […] Elle m’élude, ne laissant que le corps entre mes mains. — Confus et lassé, je retombe — comment pourrait le corps toucher la fleur que l’âme seule peut toucher14 ? […] Je veux que mon corps vierge ainsi qu’un diamant À jamais comme lui soit splendide et stérile.
Les mouvements du corps qui, suivant la locution admise, expriment l’attention, sont d’une importance capitale. […] Sous cette forme, elle est tout imprégnée, sans qu’il y paraisse, de ce dualisme traditionnel dont la psychologie a tant de peine à se débarrasser, et elle se réduit, en définitive, à demander si, dans l’attention, c’est l’âme qui agit d’abord sur le corps ou le corps sur l’âme. […] Le plaisir et la peine suivent la tendance comme l’ombre suit le corps. […] La tendance se trouve ainsi rattachée à un phénomène physiologique qui lui donne un corps. […] Hack Tuke, l’Esprit et le Corps, trad.
On y lit encore son épitaphe : « Cette terre recouvre le corps d’Hérodote, fils de Tixès, maître en l’art d’écrire. […] C’est une inclination que vous devez tenir de votre naissance, et la force du corps ne vous manque pas pour la suivre. […] Ils ont adopté la circoncision par recherche de propreté, et paraissent faire plus de cas d’une pureté de corps parfaite que de tout autre ornement. […] L’ordre fut exécuté et le corps suspendu à un mur. […] Il laissa à son lieutenant favori Mégabaze un corps d’armée, composé de trois cent mille Persans d’élite, et de troupes ioniennes auxiliaires, pour conquérir la Grèce.
Il n’est même pas nécessaire qu’ils la morcellent en corps. […] La chimie des corps vivants eût donc été radicalement différente de ce qu’elle est. […] Il le doit à son langage, qui fournit à la conscience un corps immatériel où s’incarner et la dispense ainsi de se poser exclusivement sur les corps matériels dont le flux l’entraînerait d’abord, l’engloutirait bientôt. […] Et elle nous montre en même temps la relation de la vie de l’esprit à celle du corps. […] quand, comment, pourquoi entrent-elles dans ce corps que nous voyons, sous nos yeux, sortir très naturellement d’une cellule mixte empruntée aux corps de ses deux parents ?
Le « primitif » n’a qu’à se pencher sur un étang pour y apercevoir son corps tel qu’on le voit, dégagé du corps que l’on touche. Sans doute le corps qu’il touche est également un corps qu’il voit : cela prouve que la pellicule superficielle du corps, laquelle constitue le corps vu., est susceptible de se dédoubler, et que l’un des deux exemplaires reste avec le corps tactile. […] Cette âme survivra-t-elle au corps ? […] Mais si l’on a commencé par poser en principe que l’ombre du corps demeure, rien n’empêchera d’y laisser le principe qui imprimait au corps la force d’agir. […] C’est à peine s’ils ont un corps, je veux dire une figure imaginable.
Puis donc que j’ai besoin de manger comme une bête, je dois fournir le labeur de bête de somme qui, seul, peut nourrir mon corps et permettre au dieu qui pleure en moi de vivre, de penser, d’aimer. […] Délivre mon corps de joie ; délivre mes rêves d’amour : tous les songes libres, toutes les pensées libres de ton esclave seront tournés vers toi. […] Ô mes frères en prostitution, saluons nos trois héros : Saint Paul qui adresse aux Romains et aux Corinthiens de sublimes épîtres, mais qui se refuse aux simonies, qui ne vit ni de l’autel ni de la parole, qui, pour avoir à manger, tisse des tentes ; — saint Spinoza qui compose la plus logique ou creuse la plus profonde des philosophies, mais qui, ayant besoin chaque jour de quelques grains de gruau pour soutenir son corps ascétique, ne veut pas les obtenir comme professeur, méprise les chaires offertes et polit des verres de lunette ; — saint Tolstoï, le plus noble génie de notre temps, qui donne ses livres libérateurs et ne se reconnaît le droit de dîner que lorsqu’il a raccommodé une paire de souliers. * * * On m’a trop déformé, on m’a rendu lâche devant les fatigues du corps et mes mains inexercées sont devenues si maladroites. […] J’en sais d’autres qui, avec plus ou moins de succès, employèrent un volume à appeler : « Quelle femme riche veut m’acheter, corps et âme ?
Aristides Quintilianus définit la musique un art, mais un art qui démontre les principes sur lesquels il opere, et qui enseigne tout ce qui concerne l’usage qu’on peut faire de la voix, ainsi qu’à faire avec grace tous les mouvemens dont le corps est capable. […] La musique, c’est Quintilien l’orateur qui parle, donne des enseignemens non seulement pour regler toutes les inflexions dont la voix est susceptible, mais encore pour regler tous les mouvemens du corps. […] Il y écrit que la musique donne des preceptes sur la contenance, sur le geste, en un mot, sur tous les mouvemens du corps dont il avoit été possible de reduire la theorie en science et la pratique en méthode. La musique des anciens avoit assujetti à une mesure reglée tous les mouvemens du corps, ainsi que le sont les mouvemens des pieds de nos danseurs. […] L’art rithmique donnoit des regles pour assujettir à une mesure certaine tous les mouvemens du corps et de la voix, de maniere qu’on pût en battre les temps, et les battre du mouvement convenable et propre au sujet.
Au moment des attaques des 16 et 17 juin 1915 est monté sur le parapet pour exciter la troupe au combat, puis son chef de corps ayant été privé de toute communication téléphonique a assuré lui-même le service des liaisons sous un feu très violent. […] Sainte-Marie, aumônier d’un groupe de brancardiers d’un corps d’armée (329e régiment d’infanterie) : « A volontairement accompagné un régiment en première ligne, au cours des attaques du 4 au 15 juillet 1916. […] Le jeune Roland Engerand me raconte : « Nous nous étions arrêtés un jour dans le village de Mareuil avant de relever le 20e corps dans les tranchées de Neuville-Saint-Vaast. […] Ses yeux brillaient de fièvre en racontant ce que le 20e corps avait fait. […] Vous qui arrivez, faites comme le 20e corps.
Ce qui fait que les stoïciens comparent la langue à l’archet, les dents aux cordes et les narines au corps de l’instrument. […] Concluons que, ni la conformation de son corps, ni les qualités de son esprit, ne peuvent être l’effet du hasard. […] Des étoiles que l’on n’aperçoit point d’ici-bas parurent à mes regards, et la grandeur des corps célestes se dévoila à mes yeux. […] me dit-il, et souviens-toi que, si ton corps doit périr, toi, tu n’es pas mortel. […] Semblable à ce Dieu éternel qui meut l’univers en partie corruptible, l’âme immortelle meut le corps périssable.
Copernic, voyant qu’il était impossible d’expliquer les mouvemens des corps célestes, si l’on supposait que ces corps tournent autour de la terre immobile, fit tourner la terre avec eux autour du soleil ; de même Kant, au lieu de faire tourner l’homme autour des objets, fit tourner les objets autour de l’homme. […] Quand vous dites : tous les corps sont étendus, comme il est impossible de concevoir la notion de corps sans celle d’étendue, ni celle d’étendue sans celle de corps, vous n’énoncez pas une nouvelle connaissance, vous ne faites que développer celle que vous aviez déjà. […] En disant : tous les corps sont pesans, j’affirme du sujet corps un attribut qu’il ne renferme point logiquement. […] Les corps sont pesans, tout changement suppose une cause, sont deux jugemens synthétiques, car ni la notion de pesanteur n’est renfermée dans celle de corps, ni la notion de cause dans celle de changement ; mais ces deux jugemens diffèrent en ce que, dans le premier, c’est l’expérience qui nous a attesté la réalité de la connexion entre l’idée de pesanteur et celle de corps, tandis que, dans le second, ce n’est pas l’expérience qui a pu nous faire voir la réalité de la connexion entre l’idée de cause et celle de changement. […] Or, comment prouver qu’on ne peut avoir la conception de corps sans avoir celle de pesanteur ?
L’univers a changé ; arts, sciences, travaux, instruments, guerres, tout est perfectionné, ou du moins tout a pris une forme différente ; la vigueur du corps n’est plus rien, l’intelligence a trouvé l’art de se passer de la force. […] À Rome, sans avoir les mêmes institutions, on fortifiait de même les corps par l’exercice ; la course, la lutte, le disque, la danse militaire, le Tibre à traverser à la nage, étaient l’amusement de tous les Romains ; c’était sur le champ de Mars que se formaient les conquérants de l’Afrique et de l’Asie. Au temps de la chevalerie en Europe, la jeune noblesse était obligée de subir des épreuves qui donnaient aux corps une vigueur inconnue aujourd’hui. […] Ainsi, avant l’invention de la poudre, c’est-à-dire avant qu’on eût découvert l’art d’unir la mollesse au courage, et que la faiblesse fût parvenue à détruire sans effort et à triompher sans mouvement, la force du corps a été et a dû être en effet dans la plus grande estime sur toute la terre.
Éducation des âmes, éducation des corps. […] Ils sont forcés, par la révolte de ces derniers, de s’unir en corps politique. […] Le corps souverain des nobles avait conservé le dernier, qui était, dans l’origine, un droit général sur tous les fonds de la cité. […] Les premiers hommes rapportèrent à diverses parties du corps toutes nos facultés intellectuelles et morales.
Nos armées ne sont plus des hordes comme aux époques de débordement des barbares ; nos armées sont des armées, c’est-à-dire des corps de nations organisés pour combattre. […] Sur les cent mille Français composant les corps des maréchaux Soult, Lannes, Augereau, Ney, Murat, et la garde, cinquante mille au plus avaient combattu et suffi pour culbuter l’armée prussienne. […] Les Cosaques, ordinairement dispersés, tenaient cette fois au corps même de l’armée. […] Le corps d’armée d’Augereau reste presque tout entier dans la neige, écrasé par les batteries russes. […] Encore une fois, non ; son histoire est sans vertu, bien qu’elle ne soit pas sans honnêteté, mais honnêteté bourgeoise et timide qui semble craindre d’aborder corps à corps une si grande ombre !
Les quelques personnages loués dans ses romans sont bien constitués dans-leur corps et leur esprit, ont des membres sans tare et une raison sans fêlure, sont logiques, forts et humains. […] Dans Une Page, la noble stature et le port junonien de Mme Grandjean son complaisamment drapés, les sottises de Pauline Letellier s’excusent par le libre jeu de son corps de jeune fille saine sous ses jupes lâches. Mais l’harmonie d’une âme noble, avec un corps bien portant, est préférée par le romancier. […] L’hôtel de Nana sertit dans sa splendeur le corps radieux de cette invincible fille, comme sont grossies pour la rehausser les turbulences du Grand-Prix où elle triomphe, et exagérées pour montrer son empire les ruines qu’elle accumule. […] Zola touche à l’esthétique du roman, et reprenant en bouche les grands termes de positivisme et d’évolutionnisme, il part en guerre contre la psychologie et dénonce tous ceux qui n’étudient de l’homme que l’âme, sans se souvenir de l’influence du corps sur le cerveau.
Joubert — disait-elle — a l’air d’une âme qui a rencontré un corps par hasard, et qui s’en tire comme elle peut. » Ce corps, d’ailleurs, était à ce qu’il paraît un à peu près de corps. […] Fontanos, le racinien, qui, grand-maître alors de l’Université, trouva plaisant de faire de cette âme en peine dans un corps un inspecteur d’académie ; c’étaient Molé, Chênedollé, l’abbé de Vitry et trois femmes charmantes : Mme de Châtenay, Mme de Vintimille et Mme Pauline de Beaumont. […] IV Disons-le, voilà sa faiblesse, voilà par où il défaillait, ce Joubert-Platon, dont le génie discret et silencieux passa, dans l’air retentissant du siècle de Napoléon, comme ces images de femmes d’Herculanum dont il a parlé et dont il a dit : « qu’elles se coulent sans bruit dans « les airs, à peine enveloppées d’un corps ». […] Excepté à ces fîgures-là pour le corps et à ce Platon qu’il diminuait et qu’il embourgeoisait, il ne ressemblait à personne.
La force vitale avait tari dans leur sein ; ni le génie, ni la vertu n’eussent été capables de ranimer ces grands corps épuisés. […] Mais cette observation semble être restée à la surface du corps humain. […] Or l’âme vaut mieux que le corps, l’être animé vaut mieux que l’être inanimé, être vaut mieux que n’être pas, vivre vaut mieux que ne pas vivre. […] Comparées aux corps bruts, les plantes paraissent douées de vie ; elles paraissent inanimées comparées aux animaux. […] Que de zoologistes n’ont vu dans les animaux que des corps organisés sans se mettre en peine de leur âme !
Je regrette qu’à cette éducation qui préparait des corps robustes, des âmes fortes, courageuses et libres, il en ait succédé une efféminée, pédantesque et roide. […] « Ce que j’aime encore, c’est que sur un corps robuste ils ne porteront pas une tête rétrécie par le préjugé ; ils n’en avaient point lorsqu’ils sont entrés dans le Corps et ils n’y en recevront point.
Pendant ce temps, il est encore devenu l’ami intime du corps des pompiers, pour lesquels, à l’occasion du bal qu’ils donnent tous les ans, il a peint un resplendissant transparent, une peinture de onze pieds, qui — amère ironie — lui a été payée par quelques paroles bien senties du préfet de la Seine, le félicitant de son désintéressement envers un corps qui rend de si grands services. […] Mais la paresse du corps m’envahit tout à fait, la paresse du corps qui devient plus forte, à mesure que ma pensée s’active. » — Monsieur Guillaume ? […] Je n’entendais rien, mais quand il souriait, je souriais involontairement et dans la même pose de tête… Jamais âme pareille n’a été mise en deux corps. […] Les parents veulent bien livrer au mari, le corps, la santé, le bonheur d’une fille, enfin toute sa femme, — sauf sa fortune. […] Il a un visage, moitié singe, moitié voyou de Londres, et une petite tête et un petit corps, où semblent germer tous les mauvais instincts d’un cocher de remise, d’une bonne de fille, d’un enfant de pauvre, enfin le type complet de l’emploi.
Chacun de ces mécanismes peut être déclenché directement par une cause extérieure : le corps exécute alors tout de suite, comme réponse à l’excitation reçue, un ensemble de mouvements coordonnés entre eux. […] En présence d’une substance dont elle peut faire sa nourriture, elle lance hors d’elle des filaments capables de saisir et d’englober les corps étrangers. […] Si nous cherchons, en effet, comment un corps vivant s’y prend pour exécuter des mouvements, nous trouvons que sa méthode est toujours la même. […] Chez l’homme seulement, chez les meilleurs d’entre nous surtout, le mouvement vital se poursuit sans obstacle, lançant à travers cette œuvre d’art qu’est le corps humain, et qu’il a créée au passage, le courant indéfiniment créateur de la vie morale. […] Auguste Comte déclarait à jamais inconnaissable la composition chimique des corps célestes.
Bref, si le point matériel, tel que la mécanique l’entend, demeure dans un éternel présent, le passé est une réalité pour les corps vivants peut-être, et à coup sûr pour les êtres conscients. […] Or, puisque l’on convient de localiser au point O la double activité du moi, il n’y a pas de raison pour détacher cette activité de l’acte auquel elle aboutira, et qui fait corps avec elle. […] Sera-ce par le corps où elles habitent ? Elles différeraient alors sans cesse par quelque endroit, puisqu’elles ne se représenteraient le même corps à aucun moment de leur histoire. […] À vrai dire, il se borne à établir une série de rapports de position entre ce corps et d’autres corps donnés, une série de simultanéités et de coïncidences, une série de relations numériques : quant à la durée proprement dite, elle reste en dehors du calcul, et ne serait perçue que par une conscience capable, non seulement d’assister à ces simultanéités successives, mais d’en vivre les intervalles.
Ce sont comme des gouttes de la sueur de sang qui a coulé de son corps, plus fatigué du doute que des macérations, dans cette laborieuse aspiration au repos de la foi, qui ressemble à la montée du Calvaire. […] Quelles conceptions sont plus hautes, quel dessein plus digne d’un homme de génie, que d’avoir anticipé, par le détachement de son corps et la destruction de ses passions, la vie de pure intelligence qui nous est promise après la mort ? Aimerait-on mieux la découverte de quelque loi des corps, ou l’invention de quelque nouvelle preuve métaphysique de l’existence de Dieu, laquelle n’a pas besoin de preuves ? […] Il porte au front cette tristesse où la philosophie chrétienne a reconnu le souvenir d’une chute, et qui suit nos joies de plus près que l’ombre ne suit le corps. […] A partir de la onzième lettre, la fiction cesse, et Pascal paraît en personne, prenant la compagnie corps à corps dans une polémique toujours sérieuse, dont la véhémence va quelquefois jusqu’à la colère.
Les deux titres correspondaient ; celui d’adjudant-commandant ne s’était introduit dans la langue officielle que depuis la réorganisation du corps d’état-major, datant du 10 octobre 1801. […] Pendant l’ardente poursuite qui se fit de l’armée prussienne après Iéna dans toutes les directions, le 6e corps entre autres (celui de Ney) ne lui laissait aucun relâche. […] Quelques jours après, le corps d’armée du maréchal Ney ayant fait son entrée à Berlin à la suite de la prise de Magdebourg, Jomini accompagna le maréchal au palais avec son état-major dont il faisait titulairement partie. […] Soult avait soutenu seul le premier choc de l’ennemi ; puis était venu le corps d’armée d’Augereau qui, ayant donné sans s’en douter entre la réserve de cavalerie des Russes et celle de leur infanterie, s’était vu comme dévoré : « Le corps d’Augereau avait été détruit et laissait un vide par lequel les Russes s’avançaient directement sur Eylau. […] Il était environ dix heures, le 6e corps se trouvait à plusieurs lieues de Landsberg, et engagé avec le général Lestocq.
« L’Empereur comprenait alors sa position : il était abattu et disposé enfin à traiter. » Le lendemain, de bon matin, 1er avril, Napoléon arrive à Essonne et visite la position du 6e corps. […] Son corps d’armée en conséquence serait allé se joindre en Normandie au corps de Jourdan, et y aurait formé une sorte de petite armée nationale ou croyant l’être. […] Marmont dépêche, à la minute, un aide de camp et va partir lui-même pour tout arrêter, lorsqu’un autre officier survient annonçant que le 6e corps doit être, en ce moment, arrivé à Versailles, et qu’il est trop tard. […] À force de présence d’esprit, d’émotion et de cordialité, il ramène à l’ordre ce corps d’armée, qui reprend les armes et le salue d’un dernier cri. […] Il y a l’effet produit sur le corps social.
Les fleurs rêvent, les fleurs frissonnent sous la nuit ; Et, blanches, comme un sein adorable qui luit Dans la sombre splendeur d’une robe entr’ouverte, Les roses, du milieu de l’obscurité verte, Tandis qu’un rossignol par la lune exalté Pour elles chante et meurt sous cette nuit d’été, Les roses au corps pâle, en écartant leurs voiles, Folles, semblent s’offrir aux baisers des étoiles. […] Il sait aussi que l’amour est inséparable de la mort, parce que la mort est inséparable de la vie… Et maintenant lisez les Chants de l’Amour et de la Mort : Je voudrais te parer de fleurs rares, de fleurs Souffrantes, qui mourraient pâles sur ton corps pâle. […] Enlacée au corps d’une femme, Comme l’amant de Rimini, Tournoie un instant, ô mon âme, Dans le tourbillon infini ! […] Et toute la dernière pièce, Vers dorés : Sois pur, le reste est vain, et la beauté suprême, Tu le sais maintenant, n’est pas celle des corps : La statue idéale, elle dort en toi-même ; L’œuvre d’art la plus haute est la vertu des forts.
Prodigieusement beau était son noble corps. […] Par la force de son corps il chevaucha en maints pays. […] J’accomplirai tout cela et même plus, pour votre beau corps. […] Tu as déshonoré ton beau corps. […] Les forces de son corps puissant l’abandonnent.
On croyait, il y a encore peu de temps, avoir expliqué la vision, en disant que l’action lumineuse des corps détermine sur la rétine des tableaux représentatifs des formes et des couleurs extérieures. […] Ne tiendrait-elle pas à ce même caractère général, propre à tous les corps organisés, qui fait que, dans aucun de leurs phénomènes, il n’y a lieu à concevoir des nombres invariables ? […] Il s’agit de la question, encore indécise, qui consiste à déterminer si l’azote doit être regardé, dans l’état présent de nos connaissances, comme un corps simple ou comme un corps composé. […] Il est clair, en effet, d’après cela, que, pour décider réellement si l’azote est ou non un corps simple, il faudra nécessairement faire intervenir la physiologie, et combiner, avec les considérations chimiques proprement dites, une série de recherches neuves sur la relation entre la composition des corps vivants et leur mode d’alimentation. […] Cette révolution générale de l’esprit humain est aujourd’hui presque entièrement accomplie : il ne reste plus, comme je l’ai expliqué, qu’à compléter la philosophie positive en y comprenant l’étude des phénomènes sociaux, et ensuite à la résumer en un seul corps de doctrine homogène.
D’abord on prit possession en couvrant de son corps la chose possédée ; possessio fut dit pour porro sessio. — Dans les républiques héroïques qui selon Aristote n’avaient point de lois pour redresser les torts particuliers , nous avons vu que les revendications s’exerçaient par une force, par une violence véritable. […] L’usucapion fut d’abord une prise de possession au moyen du corps, et fut censée continuer par la seule intention. […] Concluons : l’homme n’étant proprement qu’intelligence, corps et langage, et le langage étant comme l’intermédiaire des deux substances qui constituent sa nature, le certain en matière de justice fut déterminé par des actes du corps dans les temps qui précédèrent l’invention du langage articulé. […] Enfin la raison humaine ayant pris tout son développement, le certain alla se confondre avec le vrai des idées relatives à la justice, lesquelles furent déterminées par la raison d’après les circonstances les plus particulières des faits ; formule éternelle qui n’est sujette à aucune forme particulière, mais qui éclaire toutes les formes diverses des faits, comme la lumière qui n’a point de figure, nous montre celle des corps opaques dans les moindres parties de leur superficie.
Mais les sciences qui ne s’occupent que des propriétés des corps voient vieillir dans un instant leur système le plus fameux. […] Touchant de son âme aux cieux, et de son corps à la terre, on aimait à le voir former, dans la chaîne des êtres, l’anneau qui lie le monde visible au monde invisible, le temps à l’éternité. […] Ses livres n’étaient que des catalogues de remèdes pour les infirmités du corps, ou des recueils de cantiques, dont les paroles apaisaient les douleurs de l’âme. […] Il n’y a qu’un fait certain, en chimie, fixé par Boerhaave, et développé par Lavoisier ; savoir que le calorique, ou la substance qui, unie à la lumière, compose le feu, tend sans cesse à distendre les corps, ou à écarter les unes des autres leurs molécules constitutives.
Vers 1793, une belle planche représentant le corps à corps de deux lutteurs aux anatomies éléphantines. […] Viennent après deux amusantes doubles planches : l’une consacrée à la lutte, vous faisant assister à ces empoignements colères, à ces musculeux corps à corps, à ces broiements de torses, à ces brusques déracinements du sol, à ces culs sur tête d’un vaincu jeté à bas ; l’autre vous montrant des danseurs dans toute l’épilepsie d’entrechats d’une danse endiablée. […] Ici les exercices du corps, dans un prestigieux rendu du déploiement de la force et de l’adresse. […] La première planche du troisième volume, c’est la lutte corps à corps, au iie siècle, des deux guerriers, Kawazou et Matano, en vue du Fouzi-yama. […] Le premier prêtre exploita le Bouddha, les prêtres de la postérité continuent à exploiter leur ancien maître, et toi tu exploites ton corps.
Ce corps intérieur et central, relativement invariable, est toujours présent. Il n’est pas seulement présent, il est agissant : c’est par lui, et par lui seulement, que nous pouvons mouvoir d’autres parties du grand corps. Et comme l’action est ce qui compte, comme il est entendu que nous sommes là où nous agissons, on a coutume d’enfermer la conscience dans le corps minime, de négliger le corps immense. […] Prenons les choses de ce biais, et nous ne dirons même plus de notre corps qu’il soit perdu dans l’immensité de l’univers. […] Elle a désigné par là quelque chose qui tranche sur le corps.
Dardinel, leur roi, a été tué par Renaud ; son corps est resté sur le champ de bataille. […] ô destinée si douce, qu’unis comme l’étaient leurs corps, je ne doute pas que leurs âmes, également enlacées, s’en allèrent ensemble au même ciel ! […] C’est l’ombre du satyre portée sur le corps de Galatée dans un tableau du Titien. […] Un ermite aide l’amante désespérée à relever le corps de Zerbin pour l’emporter jusqu’à son ermitage ; Isabelle est décidée à ne jamais s’en séparer. […] Cette longue lecture de l’Arioste et les milliers d’imaginations tendres et chimériques que cette lecture fait flotter dans l’esprit paraissaient avoir pris un corps et une âme dans sa pensée, mais quel corps et quelle âme ?
A travers les mille angoisses, il travaillait à sa Grèce sauvée, et, comme il l’écrit, s’y jetait à corps perdu. […] « Peut-être même vingt conseillers ordinaires, c’est beaucoup ; cela compose la tête du Corps d’éléments hétérogènes. […] M. l’Impératrice, dans sa réponse à la députation au Corps législatif, avait dit qu’elle était bien aise de voir que le premier sentiment de l’Empereur avait été pour le Corps législatif, qui représente la Nation. […] « Dans l’ordre de nos Constitutions, après l’Empereur est le Sénat ; après le Sénat, est le Conseil d’État ; après le Conseil d’État, est le Corps législatif ; après le Corps législatif, viennent chaque tribunal et fonctionnaire public dans l’ordre de ses attributions ; car, s’il y avait dans nos Constitutions un Corps représentant la Nation, ce Corps serait souverain ; les autres ne seraient rien, et ses volontés seraient tout. « La Convention, même le Corps législatif (l’Assemblée législative), ont été représentants.
Un grand bas-relief qui montrerait à l’un de ses angles une vierge plaintive, à l’autre, deux guerriers s’entretuant corps à corps ; mais dont le centre serait rempli par une bataille enveloppant une Ville au front crénelé ; c’est l’image des Sept contre Thèbes. […] La cité, serrée dans le cercle étroit de ses murs, craquait sous l’enveloppe de l’ennemi, comme un athlète saisi à bras le corps par un adversaire étouffant. […] Il taille en pleine hyperbole leurs corps gigantesques en qui bouillonnent le sang et les humeurs d’êtres surhumains. […] Tout en criant, il grimpait sous une grêle de pierres, et, le corps ramassé sous son bouclier, il montait les degrés glissants de l’échelle. […] Quant à Polynice qui a envahi et dévasté sa patrie, son corps sera jeté hors des murs, et « les oiseaux carnassiers seront son tombeau ».
C’est entre eux un commerce de concessions et de bons offices, un esprit de corps et une camaraderie qui exigent beaucoup de souplesse et d’intrigue, mais nulle originalité de pensée ou de caractère. […] Après avoir considéré les principes généraux de l’idéologie politique, disons un mot des formes politiques (État, Gouvernement, corps de l’État, dans lesquelles s’incarne la prétendue volonté générale). […] Faguet) ont vu les inconvénients de l’excès du pouvoir gouvernemental et ont été ainsi amenés à prendre en mains la défense des organismes intermédiaires entre l’individu et l’État (grands corps constitués, en particulier corps savants). Mais ces grands corps sont eux-mêmes imbus de l’esprit unitaire et conformiste.
Il y a d’ailleurs des sensations qu’il est toujours en son pouvoir de se donner : ce sont les sensations musculaires ou motrices, les sensations attachées au mouvement ; dès que l’enfant meut une partie de son corps, il éprouve ces sensations et peut les renouveler en recommençant le même effort moteur. Enfin, ce qui achève de faire la part non seulement du moi, mais même de notre propre corps par opposition aux autres corps, ce sont les expériences où nous touchons et explorons un membre au moyen d’un autre. […] J’arrive ainsi à distinguer mon corps de tout autre et à supposer dans les autres corps tantôt volonté et douleur, tantôt simplement activité, pression, résistance, impénétrabilité, force motrice.
Il ne s’est pas isolé du monde parce qu’il avait la lèpre du corps comme le lépreux, ou la lèpre de l’orgueil comme Obermann et comme René. […] Il n’avait pas marché sur le corps de sa mère, comme le fit le beau Saint d’Érin, l’héroïque Colomban, pour aller à la solitude. […] Il les stupéfiait et il les dégoûtait, ces délicats, sous ces haillons qui étaient sa lèpre ; car son corps (paraît-il), incorruptible comme le cèdre du Liban, éclatait, de là-dessous, de blancheur et de fermeté, comme une noble statue d’ivoire. Il semblait que la pureté de son âme eût revêtu ce corps, et gardé des saletés de la terre cette chair qui s’y exposait et se trempait aux fanges avec la soif de l’abjection ! […] Pour eux, Balzac remplacerait Pie IX dans la justice tardive à rendre à ce grand Indigent volontaire et obscur, — lumineux seulement devant Dieu, — qui vécut dans la palpitation prolongée de l’amour sans bornes, et dont l’âme emporta le corps, émacié dans une étisie sublime, et le répandit devant Dieu comme une fumée d’encens… Au lieu de cela, ils continueront de ricaner, et peut-être le livre de M.
La vie active fortifie en ce pays le tempérament flegmatique, et le cœur s’y conserve plus simple en même temps que le corps y devient plus sain. […] L’homme lui-même, esprit et corps, semble fait pour mettre à profit ces avantages. […] Nous avons beau nous dire indépendants ; dès que nous marchons en corps, nous avons besoin d’un chef de file ; nous jetons les yeux à droite et à gauche, attendant qu’il se montre. […] Je ne pense pas que jamais on ait placé sur la toile des couleurs si crues, des corps si roides, des étoffes si semblables à du fer-blanc, des tons aussi criards. […] De ce corps de vérités envahissantes sort aussi une conception originale du bien et de l’utile, et, partant, une nouvelle idée de l’État et de l’Église, de l’art et de l’industrie, de la philosophie et de la religion.
Ajoutons que le corps agrandi attend un supplément d’âme, et que la mécanique exigerait une mystique. […] Tel était le corps humain. […] S’agit-il de la relation de l’âme au corps ? […] Le corps est bien pour nous un moyen d’agir, mais c’est aussi un empêchement de percevoir. […] Supposons qu’une lueur de ce monde inconnu nous arrive, visible aux yeux du corps.
Toujours disputer sa verve et arracher son imagination au mal-en-train de son corps, à la tristesse du mal. […] Enfin, sous le débandelettement, commence à s’esquisser un peu de la forme humaine d’un corps. « Berthelot, Robin, voyez cela ! […] Si jamais un écrivain a hérité d’un lecteur, il a fallu que le lecteur le connût, le fréquentât, approchât du corps de cet esprit. […] Avant dîner, dans la chambre d’Eugène Giraud, pendant qu’on se chausse, qu’on se lave les mains, qu’on passe l’habit de circonstance, qu’on fume une cigarette, Charles Giraud raconte qu’à Taïti, les femmes ont l’habitude de s’oindre le corps d’une certaine préparation jaune qui leur enlève l’apparence solide d’un corps humain, et donne à leur corps, à leur chair, la transparence d’une bougie transparente, en fait des statues étrangement douces à l’œil, presque diaphanes. […] Vaguement, nous percevons une tête tout enchiffonnée, un corps auquel la souffrance et le ramassement sous les draps ont presque ôté sa forme.
Notre corps se redresse à la vue d’un noble chêne ; notre main décrit une ligne sinueuse à l’aspect d’une eau ployante et penchée ; notre pas se mesure sur le rythme d’un air que nous entendons. […] En tout ce mont ne sai Nulle si belle bête, Comme vous, dom Corbel Car fussé-je si bel Et de corps et de tête. […] L’âme veut, pour subsister, un corps choisi pour la recevoir. […] Le critique, comme le philosophe, doit se souvenir qu’il a un corps, et le poëte n’est si puissant que parce qu’il s’en souvient toujours. […] Voilà la grande phrase oratoire, la période parfaite, et son cortège de propositions incidentes, enfermées les unes dans les autres, dont toutes les parties se tiennent comme les membres d’un corps vivant, et qui se porte d’un seul mouvement avec toute cette masse pour frapper un coup décisif.
L’âpre hiver ne gèle plus son corps, la torche abrège l’interminable durée de ses nuits. […] Ils appliquèrent à la baguette qui le constituait un canon de plans et d’espaces correspondant aux parties qui divisent le corps humain. […] Le corps d’argile de la femme gisait à terre, inanimé et muet. […] Trois pierres gravées représentent — Prométhée mesurant le corps humain avec un fil de plomb : — Prométhée modelant le squelette : — Prométhée pesant dans une balance les membres du corps. — Images frappantes qui résument les règles de l’art si profondément scrutées par les Grecs. […] Un autre marbre le montre raccordant les bras et les jambes, le torse et la tête d’un corps qu’il a sculpté par fragments.
qu’elle s’était acquise, le nombre et la distinction de ses amis et de ses connaissances, continuèrent à lui attirer du monde quand les charmes eurent cessé, et quand la bienséance et la mode lui défendirent de plus mêler le corps avec l’esprit… Sa conversation était charmante. […] Elle plaisante pourtant sur ce qu’il est plus beau et plus méritoire de se souvenir ainsi des absents après tant d’années : « Et c’est peut-être pour embellir mon épitaphe, que cette séparation du corps s’est faite. » Saint-Évremond avait adressé à Ninon un M. […] Cependant on tient à un vilain corps comme à un corps agréable. […] L’esprit a de grands avantages sur le corps : cependant ce corps fournit souvent de petits goûts qui se réitèrent, et qui soulagent l’âme de ses tristes réflexions. Ne tenir plus à la vie que par le corps et sentir que ce corps diminue et dépérit chaque jour, c’est là l’idée générale qui règne dans cette correspondance des deux spirituels vieillards, et qui finit par affecter assez péniblement le lecteur.
car s’il n’a pas tout à fait raison encore, il peut espérer qu’il aura de plus en plus raison, et que la physiologie apportera chaque jour de nouvelles preuves de la dépendance de l’âme à l’égard du corps ? […] Peut-on affirmer que l’on a démontré la dépendance absolue de l’âme à l’égard du corps tant qu’on n’a pas pu signaler avec rigueur et précision la circonstance décisive qui serait la cause directe et unique de l’intelligence ? […] Lyell, n’hésite pas cependant à écrire : « Nous ne devons pas considérer comme admis que chaque amélioration des facultés de l’âme dépende d’un perfectionnement de la structure du corps ; car pourquoi l’âme, c’est-à-dire l’ensemble des plus hautes facultés morales et intellectuelles, n’aurait-elle pas la première place nu lieu de la seconde, dans le plan d’un développement progressif1 ? […] Nous voyons par là comment une âme qui se trouverait liée au corps d’un monstre acéphale ne pourrait par aucun moyen manifester ses puissances innées, ni même eu avoir conscience : cette âme serait donc comme si elle n’était pas.
On aura peut-être remarqué que Jomini, dans sa lettre de janvier 1813 au ministre Clarke, exprimait positivement le désir non plus d’un poste dans l’état-major, mais d’un commandement dans un corps d’armée. […] Tous les prétextes que la malveillance a fait valoir jusqu’à présent contre vous manqueront à la fois, le jour où vous aurez conduit en votre nom, une division, une brigade, un corps quelconque à l’ennemi. […] Dans ce dernier cas, et si l’armée prussienne s’était séparée des Russes pour se porter sur Berlin, Ney, qui venait d’être chargé du commandement de plusieurs corps d’armée, devait se diriger sur cette capitale. […] On y voit seulement que le 14 juin 1813, par une lettre écrite de Liegnitz, Jomini réclamait du ministre Clarke sa lettre de service, qu’il n’avait pas encore reçue, comme chef d’état-major du 3e corps. […] Quatre jours après son arrivée au quartier général des souverains alliés, Jomini se trouvant à table, en face du roi de Prusse, ce prince lui demanda quelle était la force du corps de Ney.
L’atomisme épicurien est le vrai et le seul matérialisme rigoureux, parce qu’il se représente les derniers éléments des corps sur le modèle des corps réels : ce sont pour lui comme de petits cailloux insécables qui composent toutes choses. […] On n’aurait pas dû oublier que, Descartes admettant l’étendue des corps comme une réalité, puisqu’elle en est l’essence même, il est impossible, tant qu’on reste fidèle à cette doctrine, de ne pas attribuer à Dieu l’étendue infinie aussi bien que la pensée infinie, et de ne pas en faire par là même la substance des corps aussi bien que la substance des esprits ; c’est ce qu’a fait Spinoza. […] On arrive ainsi à s’écrier avec Fénelon : « Dieu n’est pas plus esprit que corps ; il est tout ce qu’il y a de réel et d’effectif dans les corps et dans les esprits. » Dieu ainsi entendu n’est plus que l’être, l’être tout court, dit Malebranche, l’être sans rien ajouter, dit Fénelon.
Il a le diable au corps, nous répète-t-il sans cesse. Mais ce diable au corps, je ne l’ai pas vu dans sa vie, je ne le vois point dans ses écrits, — les écrits où le style est l’homme, a dit Buffon, — et je ne le vois pas davantage dans ses opinions, qui furent tout ce qu’il fut jamais ! Le diable au corps n’est pas pourtant un diable qu’on puisse garder au fond de soi comme au fond d’une tabatière. « Il faut même se le mettre, le diable au corps, quand on ne l’a pas ! » écrivait-il au fils d’un de ses amis qui ne réalisait pas tout à fait son idéal de flamme, tant étaient grandes, sur le diable au corps et sur lui-même, les illusions de cet esprit froid, lesquelles étaient aussi complètes que s’il avait été un esprit chaud.
Ce médecin, de par le spiritualisme, ne tue pas le corps au profit de l’âme, ce que font très bien les ascètes et les grands mortifiés religieux, mais il guérit le corps par la vertu médicinale de l’âme et l’empêche de mourir, — quoiqu’il soit très bien mort, lui, à la fleur de son âge, ou en plein fruit, si vous aimez mieux, et très inconséquemment aux préceptes du catéchisme de santé dont il vient de doter l’Allemagne ! […] Le juste, le vrai, le bon, voilà la santé du corps ! […] Un traité d’hygiène morale, la guérison du corps par l’âme humaine, — rien que cela ! […] Seulement, ils s’obduraient le corps, ils ne se le guérissaient pas.
Nous admettons par exemple que l’état des corps éloignés ne peut avoir d’influence sensible sur les phénomènes terrestres, et cela en effet semble s’imposer, mais il est des cas où le choix de ces circonstances pratiquement indifférentes comporte plus d’arbitraire ou, si l’on veut, exige plus de flair. Une remarque encore : le principe d’induction serait inapplicable, s’il n’existait dans la nature une grande quantité de corps semblables entre eux, ou à peu près semblables, et si l’on ne pouvait conclure par exemple d’un morceau de phosphore à un autre morceau de phosphore. […] On peut dire par exemple que l’éther n’a pas moins de réalité qu’un corps extérieur quelconque ; dire que ce corps existe, c’est dire qu’il y a entre la couleur de ce corps, sa saveur, son odeur, un lien intime, solide et persistant, dire que l’éther existe, c’est dire qu’il y a une parenté naturelle entre tous les phénomènes optiques, et les deux propositions n’ont évidemment pas moins de valeur l’une que l’autre. […] Voilà le mouvement diurne apparent des étoiles, et le mouvement diurne des autres corps célestes, et d’autre part l’aplatissement de la Terre, la rotation du pendule de Foucaut, la giration des cyclones, les vents alizés, que sais-je encore ? […] Dans le système de Ptolémée, les mouvements des corps célestes ne peuvent s’expliquer par l’action de forces centrales, la Mécanique Céleste est impossible.
Ce qu’on appelle la race, ce sont ces dispositions innées et héréditaires que l’homme apporte avec lui à la lumière, et qui ordinairement sont jointes à des différences marquées dans le tempérament et dans la structure du corps. […] Certainement, à chacun de ces deux points extrêmes, la conception générale n’a pas changé ; c’est toujours le même type humain qu’il s’agit de représenter ou de peindre ; le moule du vers, la structure du drame, l’espèce des corps ont persisté. […] Une civilisation fait corps, et ses parties se tiennent à la façon des parties d’un corps organique. […] Ce qui la règle dans un corps vivant, c’est d’abord sa tendance à manifester un certain type primordial, ensuite la nécessité où il est de posséder des organes qui puissent fournir à ses besoins et de se trouver d’accord avec lui-même afin de vivre. […] Elle ressemble à ces appareils admirables, d’une sensibilité extraordinaire, au moyen desquels les physiciens démêlent et mesurent les changements les plus intimes et les plus délicats d’un corps.
Les armes d’honneur n’étaient pas encore en usage, et les citations dans les bulletins étaient extrêmement rares ; aucun officier n’aurait osé y prétendre à l’exclusion de ses camarades ; tout était en commun dans ces familles militaires ; la gloire acquise par un de leurs membres devenait la propriété de tous, et contribuait à l’honneur et à la réputation du corps. […] C’est de ce corps, qui devint plus tard le 18e régiment de ligne, que Pelleport s’est proposé de faire l’historique, s’écartant peu de tout ce qui est relatif à la fortune et aux actions de la famille militaire à laquelle il appartient désormais jusqu’après la campagne de Russie. […] La République cisalpine accorda une gratification aux officiers généraux et chefs de corps. […] Un jour, après le départ de Bonaparte et la mort de Kléber, et quand Menou était général en chef, celui-ci, qui recherchait toutes les occasions de s’entretenir avec les officiers des différents corps, et qui voulait trancher du Machiavel et du grand politique sans en avoir l’étoffe, se promenait avec le capitaine Pelleport sur l’une des places du Caire. […] La retraite allait commencer ; le 18 octobre (1812), à Moscou, dans la cour du Kremlin, l’empereur passant une revue du 3e corps, Ney lui propose Pelleport pour le grade de général de brigade ; l’empereur répondit : « Après la campagne ; j’ai besoin de mes bons colonels pour me sortir d’ici. » À tous les pas de cette retraite terrible, Pelleport fit office du plus brave et du plus humain des colonels.
Dans notre maniere d’être actuelle, notre ame goûte trois sortes de plaisirs ; il y en a qu’elle tire du fond de son existence même, d’autres qui résultent de son union avec le corps, d’autres enfin qui sont fondés sur les plis & les préjugés que de certaines institutions, de certains usages, de certaines habitudes lui ont fait prendre. […] Ces plaisirs sont dans la nature de l’ame, indépendamment des sens, parce qu’ils appartiennent à tout être qui pense ; & il est fort indifférent d’examiner ici si notre ame a ces plaisirs comme substance unie avec le corps, ou comme séparée du corps, parce qu’elle les a toûjours & qu’ils sont les objets du goût : ainsi nous ne distinguerons point ici les plaisirs qui viennent à l’ame de sa nature, d’avec ceux qui lui viennent de son union avec le corps ; nous appellerons tout cela plaisirs naturels, que nous distinguerons des plaisirs acquis que l’ame se fait par de certaines liaisons avec les plaisirs naturels ; & de la même maniere & par la même raison, nous distinguerons le goût naturel & le goût acquis. […] Si notre ame n’avoit point été unie au corps, elle auroit connu, mais il y a apparence qu’elle auroit aimé ce qu’elle auroit connu : à-présent nous n’aimons presque que ce que nous ne connoissons pas. […] C’est encore pour cela qu’on aime la symmétrie ; il faut une espece de pondération ou de balancement, & un bâtiment avec une aile ou une aile plus courte qu’une autre, est aussi peu fini qu’un corps avec un bras, ou avec un bras trop court. […] Si la partie de l’ame qui connoît aime la variété, celle qui sent ne la cherche pas moins ; car l’ame ne peut pas soûtenir long-tems les mêmes situations, parce qu’elle est liée à un corps qui ne peut les souffrir ; pour que notre ame soit excitée, il faut que les esprits coulent dans les nerfs.
L’impression d’un grand coup nous oblige à nous ramasser le corps par un mouvement violent et naturel. […] Rubens qui sçavoit si bien en imposer à l’oeil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, et ce corps est encore la chair la plus vraïe qu’ait peint ce grand coloriste.
Le grand maître le prévint et abattit la tête de cet infortuné, qui tomba aux pieds de Janikan, et d’un autre coup lui coupa le corps presque en deux. […] C’est par une ancienne constitution que les sofis sont les gardes de la personne du roi et du dehors de son palais, sans qu’il puisse entrer aucun dans leur corps, que de leur sang ou de leur race. […] Près de ces magasins est le plus grand et le plus somptueux corps de logis de tout le palais royal. […] Les quatre rois qui ont régné avant le dernier ont fait bâtir chacun de ces palais ou corps de logis. […] Les ssòfy sont un corps d’élite parmi les qourtchy.
En voici des preuves : chez les rayonnés de l’ordre le plus élevé, chacune des parties semblables qui forment le corps, est liée à un centre ganglionnaire qui ne paraît servir qu’aux fonctions de la partie qui lui est propre ; par suite, les changements psychiques qui se produisent chez l’animal se localisent simultanément, dans les diverses parties de son corps Chez les mollusques, les actions des divers ganglions sont très imparfaitement coordonnées. […] Si l’on coupe la tête d’un centipède pendant qu’il est en mouvement, le corps continuera d’avancer par la seule action des pieds, et la même chose se produira dans les parties séparées si le corps est partagé en plusieurs portions distinctes. […] La méthode analytique allant constamment du composé au simple, il en résulte que nous devons partir des perceptions les plus riches, de celles qui nous font connaître les corps comme doués d’attributs de toute sorte. […] Placée sur le terrain des faits, la question se réduit à ceci : Comment l’expérience d’une étendue occupée, c’est-à-dire du corps, peut-elle nous donner la notion île l’étendue inoccupée, c’est-à-dire de l’espace ? […] De Quincey dit quelque part, dans ses Rêves d’un mangeur d’opium, « qu’il lui apparaît des édifices et des paysages, dont les proportions sont si vastes que l’œil du corps n’est pas apte à les recevoir.
Au premier jour, Pierre de Rozières prend part à la marche sur la Lorraine allemande, puis à la défense de Nancy ; il est blessé, le 7 septembre, dans les bois de Saint-Paul contre Romémont. « Nous étions dans une clairière et presque corps à corps. […] Le corps a tenu en échec pendant vingt jours trois cent cinquante mille Boches sans perdre un pouce de terrain. […] Nos corps d’armée rivalisent de région à région. […] Qu’est-ce que le 20e corps et le 21e ? […] Qu’est-ce que le 1er corps ?
Après avoir montré l’application de ce principe au corps vivant, nous étudierons successivement les diminutions, les déplacements, enfin les désintégrations de la conscience, soit sous l’action de la maladie, soit sous celle de l’hypnotisme et de la suggestion. […] Il vit comme un ermite ; il ne connaît plus ni amis ni ennemis ; il n’aperçoit aucune différence entre un corps inanimé, un chat, un chien, un oiseau de proie qui se trouve sur sa route ; le roucoulement de ses pareils ne lui fait pas plus d’impression que tout autre bruit ; la femelle n’accorde aucune attention au mâle, le mâle à la femelle ; la mère ne fait pas attention à ses petits. […] Donc encore tout sent dans le corps vivant. […] Lorsqu’un bras séparé du corps est disséqué par l’anatomiste, si on voyait les doigts saisir le scalpel, le repousser, ou le pouce essuyer l’acide irritant, pourquoi demande Lewes, refuserait-on d’admettre que les centres du bras sentent, quoique ie cerveau et l’homme ne sentent pas ? […] Il y a partout, dans les corps organisés, des sensations et appétitions plus ou moins rudimentaires, des éléments d’états de conscience plus ou moins diffus et nébuleux.
Elle prend le corps, le cœur, l’esprit, leur dresse un Thabor sous les pieds et les transfigure ! […] Nous chercherions, sans les trouver, son esprit, son âme, et ce parfum d’un corps, transfiguré comme son esprit et son âme, — ce parfum immortel qu’exhale encore ce qui nous reste d’elle, — nous affirment ceux qui l’ont respiré. […] Double vie qui suppose la plus puissante tranquillité de corps et d’âme ou quelque chose de bien plus étonnant encore que cette tranquillité… Il est évident que, pour elle, les lois humaines sont renversées, et que la meilleure manière de la comprendre, c’est de dire qu’on ne comprend plus ! […] On cherche en vain dans cette aristocratique religieuse agenouillée, sous ce visage, à l’ovale si pur, que l’austère et strict bandeau fait paraître plus pur encore, la Mystique dont l’âme, à force d’énergie, détruisit le corps, la paralytique aux os écrasés et aux nerfs tordus, cet amas sublime d’organes dissous sur lesquels flamboyait l’Extase, l’ombre de fille consumée qui vécut, deux trous ouverts au cœur, les deux trous par lesquels le glaive du Séraphin avait passé, et si physiquement et si réellement, qu’après sa mort, sur le cœur même, on put constater la blessure. […] Non, elle était encore, la femme puissamment rassise dans la raison, telle que les hommes conçoivent la raison, quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé, dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.
Nous apprîmes directement et indirectement que l’esprit avait un secret pressentiment qu’il allait bientôt abandonner ce corps épuisé de fatigue et qu’il l’abandonnerait, plein de confiance, à sa vieille amie la Nature. […] La description de ces espaces, la physique du monde, ne peut commencer que par les corps célestes, par le tracé graphique de l’univers, je dirais presque par une véritable carte du monde, telle que, d’une main hardie, Herschel le père a osé la figurer. […] La chaleur brûlante des tropiques et la couleur noire du teint semblèrent inséparables. « Les Éthiopiens », chantait l’ancien poète tragique Théodecte de Phasélis, “doivent au dieu du soleil, qui s’approche d’eux dans sa course, le sombre éclat de la suie dont il colore leurs corps”. […] Ce qui leur donne cette importance, c’est que la communauté de leur origine est un fil conducteur, au moyen duquel on pénètre dans le mystérieux labyrinthe, où l’union des dispositions physiques du corps avec les pouvoirs de l’intelligence se manifeste sous mille formes diverses. […] Les corps célestes complètent ce tableau de la nature.
La préface de M. du Camp devient à cet endroit un champ de bataille ou plutôt une place d’exécution ; il prend corps à corps l’Académie française, il y établit des catégories, il promène sa liste d’amnistie ou de prescription sur la tête des quarante. […] M. de Vigny, dit-il, et M. de Musset étaient deux poètes ; on voulut tuer l’un, on étouffa l’autre… J’ai dit que l’Académie n’était plus de nos jours un corps littéraire. […] J’aurais dû dire qu’elle est un corps essentiellement antilittéraire ; elle corrompt ou elle tue. […] Encore une fois, je puis le certifier à M. du Camp avec toute l’impartialité d’un homme qui a très peu l’esprit de corps, — à cet endroit où il parle de l’Académie, il frappe fort, mais il frappe à côté. […] de faire l’encyclopédie moderne (mais c’est à l’Institut en corps qu’il faudrait demander un tel travail !)
Sur cette vaste portion de circonférence entamée de toutes parts à la fois, nos maréchaux Victor, Marmont, Ney, Mortier, avec des corps réduits et refoulés qu’ils ralliaient à grand effort, faisaient face en reculant. […] Se décidant aussitôt à se placer entre Schwarzenberg et Blucher, il laisse quelques corps et divisions échelonnés sur la Seine, et il se porte en secret, en toute diligence, vers la Marne, où il compte bien (car de son coup d’œil supérieur il a tout deviné) tomber en plein à travers les corps en marche de Blucher, dispersés et distants, et faire bombe au milieu d’eux. Forçant les difficultés de terrain, perçant par des marais dits impraticables, d’où son artillerie se débourbe à force de bras, il arrive en droite ligne et débouche sur Champaubert, surprend le corps d’Olsouvieff, qu’il coupe de Blucher, resté en arrière à Étoges ; il le détruit en partie et le rabat sur Montmirail. […] J’ai eu d’immenses avantages sur eux, et des avantages tels qu’une carrière militaire de vingt années et de quelque illustration n’en présente pas de pareils. » Et trois jours après, mécontent d’Augereau qui, chargé d’organiser un corps d’armée à Lyon et d’opérer une diversion qui aurait pu être décisive, trouvait des difficultés à tout, Napoléon lui écrivait cette lettre mémorable, où sous la sobriété et la sévérité impériale il perce quelque chose de l’accent familier du général d’autrefois, qui fait appel à son vieux compagnon d’armes de 1796 : Nogent-sur-Seine, 21 février 1814. […] Quand un gros nuage chargé de foudre passe dans l’air, tous les corps s’en ressentent aussitôt et reprennent chacun le genre d’électricité qui leur est propre, bien souvent une électricité contraire : ainsi arriva-t-il en 1840 dans le conflit des opinions sur la grande mesure : Faut-il, ou ne faut-il pas fortifier Paris ?
Fénelon, on le sait, commence par demander ses preuves de l’existence de Dieu à l’aspect général de l’univers, au spectacle des merveilles qui éclatent dans tous les ordres ; les astres, les éléments divers, la structure du corps humain, tout lui est un chemin pour s’élever de la contemplation de l’œuvre et de l’admiration de l’art à la connaissance de l’ouvrier. […] Allons voir à Londres, allons visiter et admirer le Palais de cristal et ses merveilles, allons l’enrichir et l’enorgueillir de nos produits : oui, mais en chemin, mais au retour, que quelques-uns se redisent avec Pascal ces paroles qui devraient être gravées au frontispice : Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits ; car il connaît tout cela, et soi ; et les corps, rien. Tous les corps ensemble, et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité ; cela est d’un ordre infiniment plus élevé. De tous les corps ensemble, on ne saurait en faire réussir une petite pensée ; cela est impossible et d’un autre ordre. De tous les corps et esprits, on n’en saurait tirer un mouvement de vraie charité ; cela est impossible, et d’un autre ordre, surnaturel.
Le formidable organisme de foi et de prière lui est apparu sous son aspect saisissant de réalité, avec son corps et avec son âme, dont les siècles n’ont pu atténuer la mystérieuse fulguration. […] Pour l’autre, il y a l’Univers, à la fois âme et corps, l’homme plongé dans l’océan des forces cosmiques, et prenant peu à peu conscience de la réalité du monde dont il est sorti pour y retourner. […] Le monde antique avait exalté la passion et la vertu des corps, le christianisme les proscrit. […] Pourquoi nous efforcer d’enrichir nos corps et nos cerveaux, puisque le néant est au bout de nos efforts, la nature, une tromperie et un piège, la vie un châtiment ? […] Quelle folie nous pousse donc à soigner nos corps, qui, sortis de la pourriture, doivent y retourner demain, à pousser nos esprits dans la recherche de la vérité, alors qu’il n’y a pas de vérité en dehors de l’Éternel, et que tout ce que nous en devons connaître, nous fut révélé ?
Peut-être le lac, frémissant encore, venait-il de recevoir son corps virginal. […] L’une règne sur le corps de l’homme, l’autre sur son âme. […] L’art des médecins galvanisa, sans l’animer, son corps avorté. […] A partir de ce moment, la reine lui appartenait corps et âme. […] Son corps vivace s’entortille à ravir dans les étoffes rayées et voyantes.
Quiconque veut décocher une flèche, prend son arc de la main gauche, étend ce bras, place sa flèche, saisit la corde et la flèche, de la main droite, les tire à lui de toute sa force, avance une jambe en avant, et recule en arrière, s’efface le corps un peu sur un côté, se penche vers l’endroit qu’il menace, et se déploie dans toute sa longueur. […] La première fois que vous rencontrerez sous vos yeux, la Saison de l’Albane où ce peintre a fait descendre Jupiter dans les antres de Vulcain, au milieu des Amours qui forgent des traits, et que vous verrez ce dieu blessé au milieu du corps d’un de ces traits, par un petit Amour insolent, vous me direz l’effet que vous éprouverez à l’aspect de cette flèche à demi enfoncée dans le corps et dont le bois paraît à l’extérieur.
Elle a les bras étendus, le corps incliné et la tête relevée ; son vêtement, son caractère, son attitude sont nobles et pathétiques. […] Si Doyen eût montré son ébauche à un homme de sens, voici ce que cet homme lui aurait dit : Écartez-moi ces soldats les uns des autres, et donnez-leur plus de caractère, plus de force, des têtes, [des] corps et des visages relatifs à l’action. […] Laissez votre Andromaque prosternée comme elle l’est, car elle est très bien ; qu’elle saisisse seulement d’une main son fils ou le soldat, comme il vous plaira ; que son autre bras, sa tête, son corps, ses regards, son mouvement, toute son action soient portés vers Ulysse, comme il arrivera, sans y rien changer, lorsque vous aurez écarté ce soldat.
Il fut envoyé, dans les derniers mois de cette même année 1744, sur le haut Rhin avec le chevalier de Belle-Isle ; pendant le siège de Fribourg, il s’avança avec un gros corps de troupes jusqu’à Constance. […] L’évacuation de ce magasin se fit avec un ordre et un sang-froid de la part de ces ouvriers du corps royal d’artillerie, qui forcèrent mon admiration. […] Son récit est naturel, sans forfanterie : il réserve son admiration pour ces ouvriers du corps d’artillerie dont aucun rapport officiel ne parle et que les brillants aides de camp rougiraient de nommer. […] Dans cette journée du 11 octobre, le comte de Clermont, qui avait rejoint, trois jours auparavant, avec son corps d’armée, fut à l’aile droite en face du village d’Ans : M. de Lœwendal commandait sous lui et dirigeait tout, comme d’habitude. […] Le comte d’Estrées, bouillant d’ardeur, vint à M. le comte de Clermont lui montrer le corps que nous avions combattu se retirant dans le plus grand désordre, et la facilité qu’il y aurait à culbuter dans la Meuse tout ce que nous avions devant nous.
Ces préférences sont des faits aussi bien que la pesanteur des corps ou que l’élasticité des gaz. […] Quiconque essaie d’avoir une chose à un prix inférieur à sa valeur se heurte à des résistances comparables à celles que nous opposent les corps quand nous méconnaissons leur nature. […] De même, le nombre des adultères, des divorces, des séparations de corps exprime la force relative avec laquelle l’idéal conjugal s’impose aux consciences particulières. […] On diminue la société quand on ne voit en elle qu’un corps organisé en vue de certaines fonctions vitales. Dans ce corps vit une âme : c’est l’ensemble des idéaux collectifs.
Ce que sont en eux-mêmes les corps et la chute des corps, cela ne nous importe point ; mais quels sont les rapports des corps et de leurs mouvements avec nos perceptions : voilà ce qui nous importe. […] Pour l’esprit, comme pour le corps, il n’y a point préformation ou préexistence, mais évolution et épigénèse. […] « Par suite, dit-il, quand nous faisons tout notre possible pour concevoir l’existence de corps externes, nous ne faisons tout le temps que contempler nos propres idées. » Donc, les objets et les idées sont la même chose. […] Si le métaphysicien objecte que la réalité de l’esprit est prouvée par la conscience, et par le fait que je dis mon corps ; le biologiste répliquera que le témoignage de la conscience a besoin d’être modifié par l’analyse, et que si je dis mon corps, je dis aussi mon esprit. […] Si l’on a accusé Gall de matérialisme, c’est à tort ; car il a plusieurs fois déclaré « s’en tenir aux phénomènes » et n’avoir jamais compris dans ses recherches rien qui tienne à l’essence du corps ou de l’âme.
Ce premier moteur non mû ne peut être un corps ; puisque tous les corps reçoivent visiblement le mouvement qui les anime et qu’ils transmettent. […] Voilà ce qu’il faut entendre de cette double loi : soin du corps, mépris de la chair ; renoncement à la chair et harmonie parfaite du corps et de l’âme. […] Que les exercices du corps soient forcés ou volontaires, le corps n’en tire pas pour cela moins d’avantages ; mais les leçons qu’on fait entrer de force dans l’âme n’y demeurent pas. […] La gymnastique fait des corps qui sont beaux ; la cosmétique donne aux corps une fausse beauté. […] Je peins des rochers avec ma plume, dit l’un ; moi, des clochers ; moi, des corps d’animaux ; moi, des corps humains, disent d’autres.
Si nous ne donnons pas ces conjectures pour des vérités, nous les donnons du moins comme des vraisemblances aussi rapprochées de la vérité que l’ombre est rapprochée du corps. […] » Il veut prendre Dieu corps à corps. « Pourquoi l’homme ne peut-il pas entrer en jugement avec Dieu comme avec son égal ? […] « Cache-les dans la poussière, défigure leurs corps dans le sépulcre. […] ……………………………………………………………………………………………… « Vois Léviathan (la baleine), sa force et la merveilleuse structure de son corps. […] qui de nous ne l’a commis mille fois dans la vie, s’il a ces fibres fortes et sensibles auxquelles les tortures de la vie et de la mort font rendre des gémissements et des hurlements qui vont du suicide du corps jusqu’au blasphème, ce suicide de l’âme ?
Reynaud, l’âme créatrice de son corps, on est tenu de réfuter les faits qui prouvent combien elle est dépendante de ce corps. […] Si vos yeux s’appliquent à la machine extérieure et ne s’attachent qu’au corps, vous choisirez le corps pour idéal, et vous peindrez des chairs voluptueuses et des muscles vigoureux. […] De là il est envoyé sur la terre où il revêt un corps mortel. […] Dieu leur devient plus sensible ayant un corps. […] Le 1er mai 1848, le corps principal était en route.
Certes il est bien plus absurde encore de dire avec exclusion : l’homme est un corps ; le vrai est qu’il y a une substance unique, qui n’est ni corps ni esprit, mais qui se manifeste par deux ordres de phénomènes, qui sont le corps et l’esprit, que ces deux mots n’ont de sens que par leur opposition, et que cette opposition n’est que dans les faits. […] On se la figure comme un corps de religion, que nous faisons entrer de force dans nos conceptions. […] Je prendrais volontiers la formule de Malebranche : Dieu est le lieu des esprits comme l’espace est le lieu des corps, si elle n’était trop conçue au point de vue de la substance, ce qui lui donne quelque chose de grossier et de faux. Dieu, esprit, corps, comme il les entend, sont des mots trop objectifs et trop pleins. […] Esprit signifiant seulement tout ce qui n’est pas corps, ce raisonnement équivaut à celui-ci : il y a deux classes d’animaux, les chevaux et les non-chevaux.
Les créanciers de son luxe succédèrent aux créanciers de son corps. […] Le théâtre n’a fait que lui donner un corps, il avait une âme ; ce n’est pas le spectre d’un livrequi revient ; c’est une réalité qui ressuscite. […] Elles prélèvent, sur tous les marchés de leurs corps et de leurs âmes, une dîme d’escroquerie et d’usure. […] — dit à Laïs une autre épigramme funéraire, — et voici que tu bois les eaux du Léthé ; que ton beau corps gît pressé par la terre. » — « Inexorable Pluton ! […] Tel qu’il est, ce drame a le diable au corps et a ensorcelé tout Paris.
En formant par leur union des corps politiques, ils donnèrent naissance à la puissance civile, puissance souveraine, de même que dans l’état précédent celle des pères sur leurs familles n’avait relevé que de Dieu. […] Les plébéiens représentèrent le corps. Aussi est-ce une loi éternelle dans les sociétés, que les uns y doivent tourner leur esprit vers les travaux de la politique, tandis que les autres appliquent leur corps à la culture des arts et des métiers. Mais c’est aussi une loi que l’âme doit toujours y commander, et le corps toujours servir. […] Ils sont en outre dangereux : ce sont des joutes, des chasses, exercices capables de fortifier l’âme et le corps, et d’habituer à mépriser, à prodiguer la vie. — V.
. — Ils distinguaient après la mort, l’âme, le corps et l’ombre. […] Mais l’ombre différait de l’âme, en ce qu’elle retenait la figure et l’apparence du corps. […] Était-ce l’ombre qui la première donnait au corps sa forme et au visage ses traits ? ou bien ne gardait-elle l’apparence du corps que par les longues habitudes qu’ils avaient eues ensemble ? […] Le christianisme n’a retenu de toutes ces divisions que celle de l’âme et du corps ; et cependant on voit dans la Bible l’ombre de Samuel.
Les axiomes sont des propositions nécessaires, par exemple : Toute qualité suppose une substance ; tout corps est situé dans l’espace ; tout changement arrive dans le temps, etc. […] Ainsi, mes sens me donnent l’idée d’un corps étendu ; la théorie prétend que par aucun moyen je ne pourrai tirer de cette idée la notion de l’étendue infinie qu’on appelle l’espace. […] De plus, sa grandeur continue à trois dimensions se confond absolument avec celle des corps, qu’on appelle étendue : ce qu’on exprime en disant que les corps occupent l’espace. L’espace est donc l’étendue abstraite séparée du corps, non réelle, purement possible, et portée à l’infini. […] Soit un corps connu par le toucher ou une sensation étendue observée par la conscience.
Il y a un mois, en Flandre, surtout en Hollande, ce n’étaient que grands traits mal agencés, osseux, trop saillants ; à mesure qu’on avançait vers les marécages, le corps devenait plus lymphatique, le teint plus pâle, l’oeil plus vitreux, plus engorgé dans la chair blafarde. En Allemagne, je découvrais dans les regards une expression de vague mélancolie ou de résignation inerte ; d’autres fois, l’oeil bleu gardait jusque dans la vieillesse sa limpidité virginale ; et la joue rose des jeunes hommes, la vaillante pousse des corps superbes annonçait l’intégrité et la vigueur de la sève primitive. […] L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille. […] Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature ; ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait, qui n’est qu’aimable, en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement du coeur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenoit. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive, qu’elle eut « douce haleine nette et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais elle ne les transporte pas ; ils goûtent les émotions agréables, ils ne sont pas propres aux sensations violentes.
Si hautes que semblent ses idées, si purs ses sentiments, si jeune sa vision et si nouveaux ses rêves, ils ne compteront pour rien s’il n’en a fait de la beauté : c’est-à-dire quelque chose qu’il appelle poème et qui est un monde en ce monde, un corps entre les corps et parmi les êtres un être. […] Ils donneront à leurs personnages fictifs, un corps, des gestes, un visage : ils les mêleront ainsi que se mêlent les habitants d’une même cité. […] Et certes, je l’ai dit, le roman en naissant, en s’attaquant à la matière humaine, acceptait le danger de dévier aussi, et dans ce sens précis ; mais presque à son corps défendant, sans presque en prendre conscience. […] Monde des idées et monde des corps, il saura célébrer toute chose créée… mais par le moyen artistique d’une nouvelle création. » Et les ennemis du Parnasse, aux pontifes de l’Empirisme jetaient ces derniers mots, soudain, comme un défi.
L’école libérale admettait comme l’école doctrinaire la nécessité de la royauté, le partage du Corps législatif en deux chambres, la limitation du corps électoral. […] Elle soutient encore le principe, si peu justifié par l’expérience, de la division dans le pouvoir exécutif, et elle persiste à penser, malgré les souvenirs laissés par le Directoire, qu’un corps à plusieurs têtes vaut mieux pour gouverner l’État que le pouvoir d’un seul. En même temps, elle emprunte à la Constitution de l’an VIII l’idée d’un corps conservateur, qui ne serait pas une chambre haute, mais une sorte de cour de cassation politique : idée dont l’invention première appartient, comme on sait, à Sieyès, et qui était destinée à de curieux retours de fortune. […] Il nous apprend « que toutes choses ne sont pas dans le monde comme elles devraient l’être. » Il nous assure que lorsque le peuple aura le suffrage universel, « les enfants ne demanderont plus à leurs pères le pain qui leur manque et que le vieillard rassasié de jours se réjouira dans le pressentiment intime et mystérieux d’un nouveau printemps et d’une nature nouvelle. » Les seules idées qui aient un peu de corps dans ces écrits sont celles qu’il emprunte à l’école socialiste, école plus riche en penseurs que l’école démocratique, et qui précisément à cette époque commençait à s’allier à elle.
Elle prend le corps, le cœur, l’esprit, leur dresse un Thabor sous les pieds et les transfigure. […] Nous chercherions sans les trouver son esprit, son âme, et ce parfum d’un corps transfiguré, — comme son esprit et son âme, — ce parfum immortel qu’exhale encore ce qui nous reste d’elle, nous affirment ceux qui l’ont respiré. […] Double vie, qui suppose la plus puissante tranquillité de corps et d’âme, ou quelque chose de bien plus étonnant encore que cette tranquillité… Il est évident que, pour elle, les lois humaines sont renversées, et que la meilleure manière de la comprendre, c’est de dire qu’on ne comprend plus ! […] On cherche en vain dans cette aristocratique religieuse agenouillée, sous ce visage, à l’ovale si pur, que l’austère et strict bandeau fait paraître plus pur encore, la mystique dont l’âme, à force d’énergie, détruisit le corps, la paralytique aux os écrasés et aux nerfs tordus, cet amas sublime d’organes dissous sur lesquels flamboyait l’Extase, l’ombre de fille consumée qui vécut deux trous ouverts au cœur, les deux trous par lesquels le glaive du Séraphin avait passé, et si physiquement et si réellement qu’après sa mort, sur le cœur même, on put constater la blessure. […] elle était encore la femme puissamment rassise dans la raison telle que les hommes conçoivent la raison quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.
Or, comme en pareille circonstance, il est dans la nature de l’esprit humain d’attribuer au phénomène qui le frappe, ce qu’il trouve en lui-même, ces premiers hommes, dont toute l’existence était alors dans l’énergie des forces corporelles, et qui exprimaient la violence extrême de leurs passions par des murmures et des hurlements, se figurèrent le ciel comme un grand corps animé, et l’appelèrent Jupiter43. […] Observent-ils les effets étonnants de l’aimant mis en contact avec le fer ; ils ne manquent pas, même dans ce siècle de lumières, de décider que l’aimant a pour le fer une sympathie mystérieuse, et ils font ainsi de toute la nature un vaste corps animé, qui a ses sentiments et ses passions. […] Il reçut alors deux titres, optimus dans le sens de très fort (de même que chez les anciens latins, fortis eut le même sens que bonus dans des temps plus modernes) ; et maximus, d’après l’étendue de son corps, aussi vaste que le ciel. […] Les hommes commencèrent, dès ce moment, à exercer leur liberté en réprimant les impulsions passionnées du corps, de manière à les étouffer ou à les mieux diriger, effort qui caractérise les agents libres. […] Le ciel était pour les Perses le temple de Jupiter, et leurs rois, imbus de cette opinion, détruisaient les temples construits par les Grecs. — Les Égyptiens confondaient aussi Jupiter et le ciel, sous le rapport de l’influence qu’il avait sur les choses sublunaires et des moyens qu’il donnait de connaître l’avenir ; de nos jours encore ils conservent une divination vulgaire. — Même opinion chez les Grecs qui tiraient du ciel des θεωρήματα et des μαθήματα, en les contemplant des yeux du corps, et en les observant, c’est-à-dire, en leur obéissant comme aux lois de Jupiter.
Ainsi naquit la cité, fondée sur un corps souverain de nobles. […] Par elle les nobles régnaient sur les plébéiens, dont les unions n’étaient pas ainsi consacrées. — Au gouvernement théocratique où les dieux gouvernaient les familles par les auspices, succéda le gouvernement héroïque où les héros régnaient eux-mêmes, et dont la base principale fut la religion, privilège du corps des pères qui leur assurait celui de tous les droits civils. […] Les corps souverains des nobles veulent appesantir leur souveraineté sur les plébéiens, et ils subissent la servitude des lois, qui établissent la liberté populaire. […] Au contraire dans les fausses religions qui nous proposent pour cette vie et pour l’autre des biens bornés et périssables, tels que les plaisirs du corps, ce sont les sens qui excitent l’âme à bien agir.
Après une invocation au Père et à la Trinité, le poëte dit en strophes alcaïques enlacées avec art : « Le labeur du jour est passé218, l’heure du repos revenue ; et le sommeil à son tour détend les corps « harassés. […] tu es prêt à la détruire pour tes serviteurs ; et tu leur montres l’inaltérable voie par où le corps même doit renaître. […] que tu rappelles et que tu recomposes ce corps dispersé, où feras-tu reposer l’âme innocente ? […] « Retenus que nous sommes par les entraves du corps, nos âmes s’envolent après toi ; et avec toi nous chantons les hymnes du Seigneur.
C’est que ce peuple, lorsqu’il vint en Neustrie, n’était ni un corps de nation, ni une race pure. […] Ils font le corps de la nation, le corps laborieux, courageux, qui fournit la force. […] Le second ne peut pas gouverner ses peuples par d’autres lois que par celles qu’ils ont consenties ; et ainsi ne peut mettre sur eux des impositions sans leur consentement154. » Dans un État comme celui-ci, c’est la volonté du peuple qui est « la première chose vivante, et qui envoie le sang dans la tête et dans tous les membres du corps politique… Et de même que la tête du corps physique ne peut changer ses nerfs, ni refuser à ses membres les forces et le sang qui doit les alimenter, de même le roi qui est la tête du corps politique ne peut changer les lois de ce corps, ni enlever à son peuple sa substance lorsque celui-ci réclame et refuse… Un roi de cette sorte n’a été élevé à sa dignité que pour protéger les sujets de la loi, leurs corps et leurs biens, et le peuple ne lui a délégué de pouvoir que pour cet objet ; il ne lui est pas permis d’en exercer un autre155. » Voici donc, dès le quinzième siècle, toutes les idées de Locke ; tant la pratique est puissante à suggérer la théorie ! […] C’est pourquoi ils sont contraints par nécessité de tellement veiller, travailler, fouiller le sol pour vivre, que leur corps est tout appauvri et leur espèce réduite à néant. […] Mais en dépit de ces vains fantômes étrangers, le corps du poëme est national et vivant.
Il y a un autre mérite que peu d’artistes auroient eu et que beaucoup moins de spectateurs auroient senti ; c’est dans une multitude de figures, toutes debous, toutes vêtues de même, toutes rangées autour d’une table quarrée, toutes les yeux attachés vers le même point de la toile, des positions naturelles, des mouvements de bras, de jambes, de tête, de corps si variés, si simples, si imperceptibles, que tout y contraste, mais de ce contraste, inspiré par l’organisation particulière de chaque individu, par sa place, par son ensemble ; de ce contraste non étudié, non académique, de ce contraste de nature. […] Quelles contorsions de corps ! […] Je vous jure que si j’étois, je ne vous dis pas le ministre ; je ne vous dis pas le directeur de l’académie ; mais pur et simple agréé, je protesterois pour l’honneur de mon corps et de ma nation ; et je protesterois si fortement que Mr Hallé garderoit ce tableau pour faire peur à ses petits-enfants, s’il en a et qu’il en exécuterait un autre qui répondît un peu mieux au bon goût, aux intentions, de sa majesté polonoise.
C’est ici la séve du pays humide, grossière et puissante, qui coule dans l’homme comme dans les plantes, et par la respiration, la nourriture, les sensations et les habitudes, fait ses aptitudes et son corps.Cette terre ainsi faite a un ennemi, la mer. […] Le corps. — La nourriture. — Les mœurs. — Les instincts rudes en Germanie, en Angleterre. […] Cependant Gudrun, la veuve, restait immobile près du corps et ne pouvait pleurer. […] Elle me menaçait — par jalousie, et me frappait de rudes coups. » — Tout cela est vain, nulle parole ne peut mouiller ces yeux secs ; il faut qu’on mette le corps sanglant sur ses genoux pour lui tirer des larmes. […] Beowulf, le grand guerrier, s’offre pour le combattre seul, corps à corps, vie pour vie, sans épée ni cotte de mailles, « car la peau du maudit ne s’inquiète pas des armes », demandant seulement que si la mort le prend, on emporte son corps sanglant, on l’enterre, on marque « sa demeure humide52 », et qu’on renvoie à son chef Hygelac « la meilleure de ses chemises d’acier. » Il s’est couché dans la salle, « confiant dans sa force hautaine », et quand les brouillards de la nuit se sont levés, voici venir Grendel, qui arrache avec ses mains la porte, et saisissant un guerrier, « le déchire à l’improviste, mord son corps, boit le sang de ses veines, l’avale par morceaux coup sur coup. » Mais Beowulf à son tour l’a saisi, « se levant sur son coude. » « La salle royale tonnait. — La bière était répandue… — Ils étaient tous deux de furieux, — d’âpres et forts combattants. — La maison résonnait. — Alors ce fut une grande merveille — que la salle à boire — pût résister aux deux taureaux de la guerre, — et qu’il ne croulât point à terre — le beau palais.