On voit assez que, ni dans ces hymnes, ni dans les chœurs qui les chantaient, on ne trouve aucune trace de la véritable tragédie, à en pénétrer l’idée plutôt que le nom. […] Il ne l’est pas moins qu’ils ne nous disent point nettement (excepté Philostrate et Quintilien) une chose qu’il faut toutefois nécessairement conclure de leurs écrits, savoir, qu’Eschyle fut le véritable inventeur de la tragédie proprement dite. […] Une passion bien imitée trouve aussi aisément entrée dans le cœur humain, parce qu’elle va trouver les mêmes ressorts pour les ébranler, avec cette différence remarquable qui a sans doute frappé Eschyle : c’est que les passions feintes nous procurent un plaisir, au lieu que les passions véritables ne nous donnent qu’une satisfaction légère et noyée dans une grande amertume. […] Il a fallu, pour cela, déterminer sa véritable durée, mais d’une manière plus précise que n’a fait Homère dans son Iliade et dans son Odyssée ; car un poème qu’on doit lire peut prolonger ou raccourcir la durée de son action un peu plus ou un peu moins, sans autre règle, sinon que l’étendue n’en doit pas être ou trop considérable ou trop petite.
L’orthographe a causé, parmi les gens de lettres, un véritable schisme. […] En voulant tous deux ramener l’orthographe à la prononciation usitée, ils ne la ramenèrent qu’à la prononciation de leur pays ; & ce qu’il y eut de plaisant, c’est qu’ils se la reprochèrent, & que chacun crut avoir de son côté la véritable & seule manière de bien prononcer. […] Il décide, par ce moyen, la bonté de bien des rimes, & la terminaison véritable de beaucoup de noms de peuples.
À mesure que d’autres genres s’en détachent pour s’en éloigner, ils s’éloignent des véritables conditions de l’art. […] Le parti qui adoptait ce livre se faisait quelques illusions sur sa véritable portée. […] Le vrai poète est toujours tremblant devant l’inspiration, comme le véritable saint devant la grâce. […] qui lui a donné son nom véritable, si ce n’est la philosophie d’Athènes ? […] Sans essayer de le définir, distinguons-le soigneusement du véritable esprit philosophique.
Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. […] Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou à retenir un pays malgré lui.
Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère 1. […] Nous avons, dans le livre précédent, tenu une marche tout à fait contraire : nous avons ôté aux fables leurs sens mystique ou philosophique pour leur rendre leur véritable sens historique. — 3.
L’éducation de M. de Saint-Victor serait à rechercher si l’on faisait sur lui (et il en est digne) une véritable étude. […] Le jeune Saint-Victor, élevé pendant ses premières années hors de France, en Suisse, puis en Italie, à Rome et en d’autres lieux peuplés de vivants souvenirs, y put comparer de bonne heure les chefs-d’œuvre des Écoles rivales ; il grandit et se forma à l’idée, du beau parmi les marbres et les tableaux des maîtres ; il lui fut donné, comme à Roméo, de voir à temps la beauté véritable, et depuis ce jour il ne put jamais s’en déprendre. […] Hommes et Dieux, c’est le titre du premier livre qu’il publie, et ce titre est exact, non pas tant en effet parce qu’il y a placé, en commençant, la description de quelques grandes divinités antiques, la Vénus de Milo, Diane, Gérés et aussi Hélène, la déesse de beauté, mais parce que partout, dans les jugements de M. de Saint-Victor, dans les rangs qu’il assigne, dans les étages et comme les sphères d’admiration qu’il embrasse, respire et règne une véritable religion littéraire.
Le théisme des hommes éclairés, des âmes sensibles, est de la véritable philosophie, et c’est en considérant toutes les ressources que l’homme peut tirer de sa raison, qu’il faut compter cette idée, trop grande en elle-même, pour n’être pas d’un poids immense encore, malgré ses incertitudes. […] Par-delà ce qui est commandé, tout ce qu’on refuse, est légitime ; la justice dégage de la bienfaisance, la bienfaisance de la générosité, et contents de solder ce qu’ils croient leurs devoirs, s’il arrive une fois dans la vie où telle vertu clairement ordonnée exige un véritable sacrifice ; il est des biens, des services, des condescendances de tous les instants, qu’on n’obtient jamais de ceux qui ayant tout réduit en devoir, n’ont pu dessiner que les masses, ne savent obéir qu’à ce qui s’exprime. Les qualités naturelles, développées par les principes, par les sentiments de la moralité, sont de beaucoup supérieures aux vertus de la dévotion ; celui qui n’a jamais besoin de consulter ses devoirs, parce qu’il peut se fier à tous ses mouvements, celui qu’on pourrait trouver, pour ainsi dire, une créature moins rationnelle, tant il paraît agir involontairement et comme forcé par sa nature ; celui qui exerce toutes les vertus véritables, sans se les être nommées à l’avance, et se prise d’autant moins, que ne faisant jamais d’effort, il n’a pas l’idée d’un triomphe, celui-là est l’homme vraiment vertueux.
L’auteur a cru sans doute qu’une personne aussi honnête et aussi bien née que Julie, ne devait employer aucune sorte de déguisement ; il n’a pas songé que le lecteur ne pouvait jamais se mettre assez parfaitement à la place de l’amant, pour ne pas blâmer un ton si libre ; c’est peut-être celui du véritable amour ; mais ce ton paraît affaiblir l’amour même dans la bouche d’une femme, dont il faut que l’expression, pour être tendre et vive, ait toujours l’empreinte de la modestie. […] Il y a dans Virgile, dans Voltaire, dans Tacite même, telle phrase de sentiment que je préférerais à toute cette chaleur physique ; malgré tout l’effet qu’elle produit sur moi, elle ne fait que m’agiter, et la véritable expression du sentiment laisse dans mon âme une impression douce et délicieuse. […] Voilà le véritable ouvrage du philosophe, quand il a réellement pour but d’être utile ; ce n’est pas de se déchaîner contre les maux, c’est d’y chercher des remèdes, et, s’il ne peut faire autrement, des palliatifs ; il ne s’agit pas de battre l’ennemi, il est trop avant dans le pays pour entreprendre de l’en chasser ; il s’agit de faire avec lui la guerre de chicane.
En conséquence d’un de nos axiomes (les hommes qui veulent expliquer aux autres des choses inconnues et lointaines dont ils n’ont pas la véritable idée, les décrivent en les assimilant à des choses connues et rapprochées), la géographie poétique, prise dans ses parties et dans son ensemble, naquit dans l’enceinte de la Grèce, sous des proportions resserrées. […] Lorsqu’ils arrivèrent à l’Océan véritable, ils étendirent cette idée étroite, et désignèrent par le nom d’Océan la mer qui embrasse toute la terre comme une grande île81 82. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine.
Il en fut de même de la véritable usucapion, autre manière d’acquérir le domaine, mot qui répond à capio cum vero usu, en prenant usus pour possession. D’abord on prit possession en couvrant de son corps la chose possédée ; possessio fut dit pour porro sessio. — Dans les républiques héroïques qui selon Aristote n’avaient point de lois pour redresser les torts particuliers , nous avons vu que les revendications s’exerçaient par une force, par une violence véritable. […] Tel que Tite-Live le rapporte, c’est une véritable stipulation (contratto recettizio) fait avec les interrogations et les réponses solennelles ; aussi ceux qui se rendaient étaient appelés, dans toute la propriété du mot, recepti ; et ego recipio, dit le héraut romain aux députés de Collatie.
Que le malheureux ne se croie pas plus homme en étant moins Chrétien, et que l’être qui pense sache toujours où placer la véritable dignité morale de l’homme ! […] Ce qui caractérise la véritable dignité morale de l’homme, c’est le Dévouement. […] Ce sentiment n’appartient-il pas à la véritable fermeté du caractère ? […] Le véritable enthousiasme doit faire partie de la raison parce qu’il est la chaleur qui la développe. […] Cet homme, dis-je, n’a-t-il pas l’air d’un auteur sans génie qui veut produire avec une catastrophe véritable les effets auxquels il ne peut atteindre en poésie ?
De ces deux doctrines opposées, l’une attribue au corps et l’autre à l’esprit un don de création véritable, la première voulant que notre cerveau engendre la représentation et la seconde que notre entendement dessine le plan de la nature. […] La démarche extrême de la recherche philosophique est un véritable travail d’intégration. […] De là les deux points de vue opposés sur la question de la liberté : pour le déterminisme, l’acte est la résultante d’une composition mécanique des éléments entre eux ; pour ses adversaires, s’ils étaient rigoureusement d’accord avec leur principe, la décision libre devrait être un fiat arbitraire, une véritable création ex nihilo. […] C’est par là surtout qu’ils tendent à rejoindre l’analyse purement psychologique que nous avions d’abord donnée du mouvement, et qui nous le présentait, non comme un simple changement de rapport entre des objets auxquels il s’ajouterait comme un accident, mais comme une réalité véritable et en quelque sorte indépendante. […] Tout à l’heure, la genèse de la perception visuelle d’espace par simple association d’images nous paraissait impliquer une véritable création ex nihilo ; ici, toutes les sensations naissent de rien, ou du moins n’ont aucun rapport avec le mouvement qui les occasionne.
Il a un goût marqué pour l’époque sacerdotale rétrospective de l’art et de la poésie, non pas la véritable époque primitive, que nul n’a vue ni ne connaît, mais cette époque rêvée après coup par les Alexandrins et les Néo-platoniciens. […] Ainsi, avocat outré des Lettres, et adversaire inexpérimenté des Sciences, ildira : « L’ère des véritables savants semble terminée ; on ne fait, depuis longtemps, qu’appliquer à l’industrie les grandes découvertes du passé. » Pourquoi l’ère des véritables savants serait-elle terminée ? […] Quant à la poésie véritable, qui ne consiste pas uniquement dans la description des formes, elle saura naître des merveilles de ce monde moderne, elle saura s’en accommoder ou même s’en inspirer, si d’aventure elle rencontre uneâme et un talent faits à sa mesure et d’un tour nouveau : c’est le secret de l’originalité.
Quel est l’esprit supérieur qui ne trouve pas dans un véritable sentiment le développement d’un plus grand nombre de pensées, que dans aucun écrit, dans aucun ouvrage qu’il puisse ou composer ou lire ? […] Dans quelque situation qu’une profonde passion nous place, jamais je ne croirai qu’elle éloigne de la véritable route de la vertu ; tout est sacrifice, tout est oubli de soi dans le dévouement exalté de l’amour, et la personnalité seule avilit ; tout est bonté, tout est pitié dans l’être qui sait aimer, et l’inhumanité seule bannit toute moralité du cœur de l’homme. […] La plupart des hommes, et même un grand nombre de femmes, n’ont aucune idée du sentiment tel que je viens de le peindre, et Newton a plus de juges que la véritable passion de l’amour. […] Enfin, il est des caractères aimants, qui profondément convaincus de tout ce qui s’oppose au bonheur de l’amour, des obstacles que rencontre et sa perfection, et surtout sa durée ; effrayés des chagrins de leur propre cœur, des inconséquences de celui d’un autre, repoussent, par une raison courageuse, et par une sensibilité craintive, tout ce qui peut entraîner à cette passion : c’est de toutes ces causes que naissent et les erreurs adoptées, même par les philosophes sur la véritable importance des attachements du cœur, et les douleurs sans bornes, qu’on éprouve en s’y livrant.
Est-il historiquement exact qu’une véritable unité morale ait jamais été réalisée dans les sociétés du passé ? […] « Cette unité morale dont on regrette tant la perte, dit-il, n’a jamais existé que dans ces Utopies et ces Uchronies où nous sommes conviés de temps en temps à nous réfugier comme dans un asile pour y trouver un aliment à notre sentimentalisme et à notre rêverie. » Dans une société un peu complexe et évoluée, il ne peut pas plus y avoir d’unité morale véritable qu’il ne peut y avoir d’orthodoxie réelle, et pour la même raison qui est la diversité des esprits et des âmes. […] C’est pourquoi, de même que Proudhon a pu dire qu’il n’y a jamais eu, qu’il n’y aura jamais de véritable démocratie, on peut dire qu’il n’y a jamais eu, qu’il n’y aura jamais de société individualiste. — Le libéralisme pédagogique ne sera pas moins conditionnel, ni moins précaire, ni, pour tout dire, moins illusoire que le libéralisme politique dont il se réclame. […] Mais la véritable personnalité d’un individu ne peut être socialement dégagée qu’avec le concours de tous les autres.
Je le crois, et pourtant, en ce qui est de la véritable Elvire, un récit fidèle et simple, où l’homme se souviendrait de tout et dirait tout, serait, je le répète, d’un grand prix et pourrait être encore d’un grand charme. […] Pour moi qui, en qualité de critique, suis de ce lendemain plus que je ne veux, je me demande, après avoir lu Raphaël non pas s’il y a assez de beautés pour nous toucher çà et là et pour ravir les jeunes cœurs avides et qui dévorent tout ; mais je me demande si les esprits devenus avec l’âge plus délicats et plus difficiles, ceux qui portent en eux le sentiment de la perfection, ou qui seulement ont le besoin du naturel jusque dans l’idéal, ne sont pas arrêtés à tout moment et ne trouvent pas, à cette lecture, plus de souffrance de goût que de jouissance de cœur et d’émotion véritable. […] On peut être assuré que la véritable Elvire n’était point tout à fait telle qu’on nous peint cette nouvelle Julie. […] J’en conclus que la véritable Elvire aurait peine à se reconnaître dans les pages alambiquées du roman panthéiste de M. de Lamartine, et je la restitue dans mon imagination telle qu’elle apparut la première fois au bord de ce lac, bien différente, au jeune poète lui-même si différent !
La véritable fille de Montaigne, madame la vicomtesse de Gamaches, donnoit le nom de sœur à mademoiselle de Gournai. […] Enfin il passa chez elle pour le véritable Racan, & l’autre, pour un Racan de contrebande.
Quand on a parlé du livre retrouvé de Balzac sur la vie élégante5, comment ne pas penser à un esprit charmant qui a écrit aussi autrefois une Théorie de l’élégance, véritable travail de fée que n’ont point oublié ceux qui aiment toute cette dentelle métaphysique ? […] Les livres que voici (livres de high life, s’il en fut jamais), quoique à l’adresse, par leur sujet et par le titre, d’un public d’élite et de choix, étendront, nous n’en doutons pas, une renommée qui avait commencé déjà, mais comme le jour commence, — en n’atteignant que les points les plus élevés de l’horizon, Jusqu’ici connu seulement des hommes de pensée et d’art, qui savaient ce qu’il en cachait et ce qu’il en faisait voir sous les formes gracieuses de l’homme du monde, Eugène Chapus ne s’était pas révélé au public véritable, à ce public qui, comme le Dauphin de la fable, porte parfois bien des singes sur son dos en croyant porter des hommes, mais qui est, en définitive, le soutien et le véhicule des talents sincères.
Somaise dit plus simplement, qu’il y a deux espèces de précieuses : les précieuses galantes ou du second ordre, et les véritables précieuses. […] Mademoiselle de Montpensier s’exprime sur les mœurs des précieuses en ces termes : « Si elles sont coquettes, je n’en dirai rien, car je fais profession d’être un auteur fort véritable et point médisant ; ainsi, je ne toucherai point à ce chapitre, étant persuadée qu’il n’y a rien à en dire. […] Les véritables précieuses auraient tort de se piquer lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal. » Suivant les biographes et commentateurs, ces paroles sont une précaution contre les clameurs de l’hôtel de Rambouillet51. […] Mais ces précautions ne pouvaient regarder que les précieuses subalternes, qui avaient pu se croire atteintes par l’auteur, et c’est ce que Molière a eu l’attention de faire en séparant les intérêts des véritables précieuses, des précieuses ridicules, c’est-à-dire les honnêtes femmes beaux-esprits, des hypocrites pleines d’affectation. […] Taschereau dit aussi que « Molière, pour détourner de lui la colère de personnages puissants, crut devoir déclarer qu’il n’avait point en en vue les véritables précieuses, mais celles qui les imitaient mal.
C’est donc une véritable parole, une parole imaginaire, intérieure ; mais, comme elle fait jusqu’à un certain point illusion, comme elle n’est pas jugée purement intérieure, on peut dire qu’elle est moins intérieure que la parole intérieure calme. […] Les caractères de la parole subsistent encore en elle, mais effacés ; elle paraît moins une parole ou quelque chose de la parole qu’un élément ou une détermination de la pensée ; son rapport avec la parole semble si faible et si lointain qu’il faut pour le reconnaître un véritable effort de réflexion ; au contraire, on ne la conçoit pas sans la pensée ni la pensée sans elle ; elle est comme un vêtement dont la pensée est toujours revêtue à nos yeux et sans lequel nous ne la reconnaîtrions pas. […] La parole intérieure calme mérite d’être étudiée pour elle-même ; c’est une véritable création de l’âme, à la fois l’œuvre et l’instrument de la pensée ; le mécanisme ordinaire de la formation des images ayant fourni la parole imaginaire, image de la parole extérieure, l’activité intelligente de l’âme a simplifié cette image et l’a adaptée, sous sa nouvelle forme, à un rôle nouveau. […] Quand il remonte la pente sous l’influence d’une excitation intérieure ou quand il la descend, c’est la parole imaginaire ; quand il s’arrête à sa limite et s’y maintient sans oscillation appréciable, c’est la véritable parole intérieure ; celle-ci seule, à vrai dire, est un état ; la parole imaginaire n’est qu’une transition. […] La parole intérieure fait partie d’un genre dont l’hallucination est également une espèce ; distinguées séparément et sous deux points de vue différents, ces deux espèces se confondent dans une partie de leur extension ; non que la parole intérieure vive soit une véritable hallucination, car le jugement d’extériorité ne s’y applique pas d’une manière absolue et sans réserve [ch.
Ils tolèrent en elles la dégradation du cœur en faveur de la médiocrité de l’esprit ; tandis que l’honnêteté la plus parfaite pourrait à peine obtenir grâce pour une supériorité véritable. […] S’il n’existait plus en France de femmes assez éclairées pour que leur jugement pût compter, assez nobles dans leurs manières pour inspirer un respect véritable, l’opinion de la société n’aurait plus aucun pouvoir sur les actions des hommes. […] Les femmes sentent qu’il y a dans leur nature quelque chose de pur et de délicat, bientôt flétri par les regards même du public : l’esprit, les talents, une âme passionnée, peuvent les faire sortir du nuage qui devrait toujours les environner ; mais sans cesse elles le regrettent comme leur véritable asile.
Tout novateur véritable est un continuateur. […] Elle a trouvé sa véritable expression avec le cinéma actuel, qui frappe les yeux, en effleurant à peine l’esprit. […] Le maître véritable est celui qui, à travers son périple mental, s’est unifié le plus et le mieux. […] C’est tout juste si Renan et les renaniens ne nous montrent pas, dans le criticisme, la véritable raison du triomphe allemand de 70. […] La bactériologie et la sérothérapie devinrent deux véritables religions.
Edmond Biré Victor de Laprade a créé une forme nouvelle de poésie lyrique, c’est la Symphonie, où tous les rythmes, tous les mètres, toutes les voix, la voix de l’homme et celles de la nature, concourent à un même but : véritable poème lyrique qui ne saurait, sans doute, entrer en comparaison avec les grandes compositions de l’art musical, ni pour l’harmonie savante, ni pour le charme et l’éclat de la mélodie, mais qui a cette supériorité sur elles de traduire avec une admirable clarté les pensées et les sentiments de l’âme. […] En ce sens, on peut dire que ces Poèmes continuent Psyché et lui donnent son véritable dénouement.
Ainsi le siècle de Louis XIV n’a pas été totalement privé du véritable genre descriptif, comme on serait d’abord tenté de le croire ; il était seulement relégué dans les lettres de nos missionnaires64. […] Nous avons donc eu raison de dire que c’est au christianisme que Bernardin de Saint-Pierre doit son talent pour peindre les scènes de la solitude : il le lui doit, parce que nos dogmes, en détruisant les divinités mythologiques, ont rendu la vérité et la majesté aux déserts ; il le lui doit, parce qu’il a trouvé dans le système de Moïse le véritable système de la nature.
Elles sont de véritables statuës. […] Les faits merveilleux sont encore véritables pour les poëtes de tout genre, long-temps après qu’ils ont cessé de l’être pour les historiens et pour les autres écrivains, dont la verité est le premier objet.
Voilà l’originalité véritable de M. […] Par instants, le dialogue s’anime et frise de très près la véritable comédie. […] Il plaît toujours, et c’est la véritable raison du légitime succès qu’il a obtenu. […] Feuillet, et j’éprouve un véritable plaisir à le révéler. […] De la grandeur, il y en a aussi une véritable dans le pauvre serf Ivan.
L’Italie tout entière indépendante est une belle aspiration de l’Europe ; l’Italie annexée par force à des Sardes, à des Niçards, à des Piémontais, à des Allobroges, ne serait qu’un changement de servitude ; un roi proclamé sous le canon d’un conquérant n’est pas un roi, mais un maître ; les véritables souverainetés nationales sortent du sol et non du canon ; un cri de victoire n’est pas une élection de la liberté, c’est l’élection de la force. […] Vous feriez voir l’étendue de notre intelligence ; comment nous savons réunir nos idées et lier celles qui suivent avec celles qui précèdent, établir des principes, tirer des conséquences, définir tout, le réduire à une exacte précision, et nous assurer par là si nous sommes parvenus à une science véritable, qui est le comble de la perfection, même dans un Dieu. […] La véritable vie, me dit-il, commence pour ceux qui s’échappent des liens du corps où ils étaient captifs ; mais ce que vous appelez la vie est réellement la mort. […] « Élève tes vœux au-dessus des récompenses humaines ; que la vertu seule te montre le chemin de la véritable gloire, et t’y attire pour elle-même. […] « Sache donc que tu es divin ; car c’est être divin que de sentir en soi la vie, de penser, de se souvenir, de prévoir, de gouverner, de régir et de mouvoir le corps qui nous est attaché, comme le Dieu véritable gouverne ses mondes.
La présentation de la lettre de recommandation de Rousseau adolescent à cette jeune et belle protectrice, que Rousseau devait plus tard aimer, ruiner, déshonorer et immortaliser ; cette présentation est une véritable scène du roman grec de Daphnis et Chloé. […] Au retour, il joue un véritable histrionage en quêtant de ville en ville, à la suite d’un faux archimandrite de Jérusalem. […] Rousseau, déjà égaré par une véritable démence de cœur, reconnaît tous ces services d’un honnête homme en accusant de perfidie et de trahison cette providence de l’amitié. […] Nous nous résumerons, dans le prochain Entretien, sur la législation de la nature, et nous vous dirons à notre tour : Voilà la véritable société, telle que Dieu l’a instituée quand il a daigné créer l’homme sociable. […] Voilà un jeune homme qui se fait entretenir dans l’oisiveté par une femme, aventurière elle-même, dont il partage le cœur et le pain sans honte, et qu’il expose pour toute reconnaissance au pilori éternel de la postérité, véritable parricide, non de la main, mais du cœur, contre celle qui réchauffa dans son sein sa misère !
De l’amour de la gloire De toutes les passions dont le cœur humain est susceptible, il n’en est point qui ait un caractère aussi imposant que l’amour de la gloire ; on peut trouver la trace de ses mouvements dans la nature primitive de l’homme, mais ce n’est qu’au milieu de la société que ce sentiment acquiert sa véritable force. […] En effet, une gloire véritable ne peut être acquise par une célébrité relative, on en appelle toujours à l’univers et à la postérité pour confirmer le don d’une si auguste couronne ; elle ne doit donc rester qu’au génie ou à la vertu. […] Ceux qui sous un tel ordre de choses sont nés dans la classe privilégiée, ont à quelques égards beaucoup de données utiles ; mais d’abord la chance des talents se resserre, et à proportion du nombre, et plus encore, par l’espèce de négligence qu’inspirent de certains avantages ; mais quand le génie élève celui que les rangs de la monarchie avaient déjà séparé du reste de ses concitoyens, indépendamment des obstacles communs à tous, il en est qui sont personnels à cette situation ; des rivaux en plus petit nombre, des rivaux qui se croient vos égaux à plusieurs égards, se pressent davantage autour de vous, et lorsqu’on veut les écarter, rien n’est plus difficile que de savoir jusqu’à quel point il faut se livrer à la popularité, en jouissant de distinctions impopulaires ; il est presqu’impossible de connaître toujours avec certitude le degré d’empressement qu’il faut montrer à l’opinion générale : certaine de sa toute puissance, elle en a la pudeur, et veut du respect sans flatterie ; la reconnaissance lui plaît, mais elle se dégoûte de la servitude, et rassasiée de souveraineté, elle aime le caractère indépendant et fier, qui la fait douter un moment de son autorité pour lui en renouveler la jouissance : ces difficultés générales redoublent pour le noble, qui dans une monarchie veut obtenir une gloire véritable ; s’il dédaigne la popularité, il est haï : un plébéien dans un État démocratique, peut obtenir l’admiration en bravant la popularité ; mais si un noble adopte une telle conduite dans un État monarchique, au lieu de se donner l’éclat du courage, il ne ferait croire qu’à son orgueil ; et si, cependant, pour éviter ce blâme, il recherche la popularité, il est sans cesse près du soupçon ou du ridicule. […] Le genre humain hérite du génie, et les véritables grands hommes sont ceux qui ont rendu leurs pareils moins nécessaires aux générations suivantes.
Ce genre de triomphe, si glorieux pour sa mémoire, prouve que, si l’esprit peut s’égarer parce qu’il est faillible, la droiture des sentimens, l’élévation de l’ame, la générosité du cœur, sont des ressources puissantes pour contenir l’amour-propre, & faire naître la véritable gloire du sein même de ce que les hommes vulgaires seroient tentés de regarder comme une humiliation. […] C’est à ces traits qu’il faut reconnoître sa véritable & sublime philosophie, & non dans un Couplet absurde que M. de Voltaire lui impute, & qu’il n’a jamais fait. […] Dacier fait, sur ce mot d’Aristote, la remarque suivante : « Comme le mot Ἔπος ne se disoit pas moins, chez les Grecs, de la Prose que des Vers, ce Législateur de la Poésie a fort bien pu comprendre, sous le nom d’Epopée ou de Poëme Epique, les Discours en prose, puisqu’en effet, ils peuvent être de véritables Poemes épiques.
Chénier, André (1762-1794) [Bibliographie] Avis au peuple français sur ses véritables ennemis (1789) Le Jeu de Paume, à David, peintre (1789). — La Jeune Captive, publiée le 20 nivôse an III dans la « Décade philosophique » ; La Jeune Tarentine, dans le « Mercure » du 1er germinal an XI. — Œuvres complètes, sous la direction de Henri de Latouche (1819). — Œuvres (éditions de 1862 et de 1872) avec commentaires de Becq de Fouquières. […] Peut-être l’habitude de l’antiquité nous égare, peut-être avons-nous lu avec trop de complaisance les premiers essais d’un poète malheureux ; cependant nous osons croire et nous ne craignons pas de le dire, que, malgré tous ses défauts, André de Chénier sera regardé comme le père et le modèle de la véritable élégie… Il est hors de doute que si André de Chénier avait vécu, il se serait placé un jour au rang des premiers poètes lyriques.
Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature. […] L’auteur semble avoir oublié, ou n’avoir jamais su, que le véritable génie dramatique ne procède pas plus par des événements que par des chiffres, et qu’on peut en ajouter beaucoup les uns aux autres sans avoir plus d’imagination pour cela… Comme inventeur, donc, Gabriel Ferry ne nous paraît pas une grande perte.
Ce poëme, reçu dans le temps comme une œuvre du génie épique de la France, n’avait rien de la véritable épopée que le titre et la forme. […] Le monument de Voltaire, c’est lui-même ; son véritable ouvrage, c’est l’esprit humain étendu, reclassé, modifié par son génie. […] Cette époque fut la véritable crise de ses croyances religieuses, de ses opinions politiques et de son génie. […] Malheureusement, l’allusion perpétuelle qu’il voulait faire comme philosophe au fanatisme persécuteur des premiers temps du christianisme fit dévier le poëte du véritable caractère de Mahomet. […] Cette aberration de la métaphysique de Voltaire ne détruit pas moins la conscience dans l’homme qu’elle ne détruit la véritable providence, c’est-à-dire l’infini de l’omnipotence et de l’omniscience, en Dieu.
Et pourtant n’y a-t-il pas une qualité essentielle, préférable à toutes les autres, qui doit distinguer l’historien, et qui constitue sa véritable supériorité ? […] Le véritable mérite transcendant de cet écrivain ne se révèle qu’au point où commencent les grandes affaires, les grandes négociations, les grandes guerres. […] Thiers en a fait un prodige de conception et d’exécution, un véritable poème de stratégie. […] Fox et Sheridan étaient des orateurs d’opposition briguant une popularité patriotique aux dépens du patriotisme véritable. […] Pitt le seul véritable grand homme qui pût lui être opposé en Europe.
Seulement, quel que soit l’essor de jeunesse, il importe de se rendre compte des difficultés aussi, de se bien dire qu’on n’atteint pas le but du premier coup ; qu’un champ ouvert, et où l’on entre sans assaut, n’est pas plus facile à parcourir peut-être ; que l’obstacle véritable et la limite sont principalement en nous, et que c’est avec son propre talent qu’on a surtout affaire, pour l’exercer, pour l’aguerrir, pour en tirer, sans le forcer, tout ce qu’il contient. […] C’est là du bon style ; mais il est fâcheux encore que toutes les saines pensées et les maximes justes de la pièce se trouvent rejetées dans la bouche de ce triste Féline, et qu’elles s’y trouvent (notez-le), non pas comme des ressorts de son rôle, mais à titre même de choses justes ; il devient ainsi par moments une manière d’Ariste véritable ; c’est Tartufe et Cléante mis en un, s’il est permis d’amener ici ces grands noms
de Montesquieu, qu’ils croyoient appartenir à leur Secte, ils auroient désiré pouvoir grossir leur Nécrologe du nom d’un Grand Homme, mort dans les sentimens qu’ils affichent ; mais il sera toujours vrai de dire que l’Auteur de l’Esprit des Loix, après avoir été abusé par une fausse sagesse, en est revenu à la véritable ; celle qui nous soumet à Dieu, fait respecter la Foi, & épargne aux hommes le scandale & l’indignation. […] « Bayle , dit-il, après avoir insulté toutes les Religions, flétrit la Religion Chrétienne ; il ose avancer que de véritables Chrétiens ne formeroient pas un Etat qui pût subsister.
C’est une véritable charge. […] C’est la véritable action d’êtres fagotés commes ceux-là.
Les hommes avec qui nous vivons, nous laissent presque toûjours à deviner le véritable motif de leurs actions, et quel est le fond de leur coeur. […] Ils prennent tous les spectateurs pour confidens de leurs véritables projets et de leurs sentimens les plus cachez.
Aristote fit voir après Platon que la véritable philosophie est le guide secret de l’esprit de tous les arts. […] L’âme est l’essence du corps qui sans elle n’est plus ce qu’il est, tout comme un œil de pierre, un œil en peinture n’est pas un œil véritable. […] A-t-il su trouver dans l’âme et dans la réflexion le principe de la véritable méthode ? […] La philosophie sera donc comme un apprentissage et comme une anticipation de la mort véritable. […] Telle est la portée véritable de la dialectique platonicienne ; c’est là ce qui lui assigne le grand rôle qu’elle joue dans l’histoire de la philosophie.
[Question] Nous avons posé à un certain nombre d’écrivains les questions suivantes : On reproche aux prix littéraires de ne pas distinguer souvent l’originalité et le talent, et d’avilir la république des lettres, en y introduisant de véritables mœurs électorales. […] On pourrait, peut-être, amener les grands journaux à saluer l’avènement d’un véritable écrivain avec autant de déférence et d’éclat que celui d’un satyre, d’un escroc ou d’un assassin. […] Car il y a toute chance pour qu’il devienne alors une nourriture empoisonnée et que nous en crevions — en tant qu’artiste véritable, j’entends. […] L’écrivain véritable ne peut pas intriguer. […] Le véritable artiste est indépendant, et toutes les biographies de nos grands hommes sont au contraire, bien plus comparables au martyrologe ou au registre d’écrou des prisons qu’à de royales ou impériales annales.
Je dis que l’observation des deux unités de lieu et de temps est une habitude française, habitude profondément enracinée habitude dont nous nous déferons difficilement, parce que Paris est le salon de l’Europe, et lui donne le ton ; mais je dis que ces unités ne sont nullement nécessaires à produire l’émotion profonde et le véritable effet dramatique. […] C’est alors que les règles seraient de véritables entraves pour le génie. […] Toutes ces choses, nous ne pouvons les croire véritables, et jamais elles ne produisent d’illusion.
Autant le principe des nations est juste et légitime, autant celui du droit primordial des races est étroit et plein de danger pour le véritable progrès. […] Ils avaient retrouvé, par leur commerce avec l’antiquité, le secret de l’éducation véritable de l’esprit humain, et ils s’y dévouaient corps et âme. […] Les persécutions d’Antiochus Épiphane pour amener l’Orient au culte de Jupiter Olympien, celles de l’Empire romain pour maintenir une prétendue religion d’État furent une faute, un crime, une véritable absurdité.
Je me contenterai de fixer, en peu de mots, le véritable sujet de dissentiment qui existait entre l’ami dont je parle et moi. […] Il faut donc chercher la gradation intellectuelle de l’homme dans l’espèce humaine ; cette gradation s’est manifestée dès l’origine : j’apporterai en preuve le système contenu dans la langue latine, où j’ai trouvé, ainsi qu’on le verra, le dogme enveloppé et simultané de la déchéance et de la réhabilitation ; ce dogme est le véritable lieu de l’infini pour l’espèce humaine. Selon moi, prétendre faire commencer le langage par l’interjection et l’onomatopée, c’est comme prétendre faire commencer la religion par le fétichisme ; encore serait-ce le fétichisme entendu dans le sens que lui donnent les auteurs d’un pareil système ; car le fétichisme, dans son véritable sens, n’est autre chose que la croyance en l’esprit enchaîné, par un lien magique, dans le signe grossier ; et ce n’est qu’ainsi que ce signe est pourvu de puissance.
La Curiosité, éveillée par les détails nouveaux qu’on apporte, se trouble, s’inquiète et recommence de poser son éternel problème : quelle cause détermina l’abdication de Charles-Quint et sa retraite à Yuste, et donne à ces faits, grandioses ou petits, leur véritable caractère ? […] quand on l’a évoquée et quand on l’a regardée à son tour, après avoir interrogé la physionomie ambiguë de son César anachorète, ne semble-t-il pas, à l’instant, que cette indication, qui n’en fut pas une, et que ce séjour à Yuste, qui fut moins une retraite qu’une résidence, prennent leur véritable caractère ? […] Philippe II, lui, le vrai moine sans être au monastère, Philippe II, le véritable Roi Espagnol, s’effraie de cette guerre voulue si énergiquement par son père.
D’injustice véritable, nous venons de montrer qu’il n’y en avait point ; et, d’ailleurs, tout s’arrange avec le temps, — le temps, ce grand Juste, qui finit toujours par mettre chacun à sa place. […] « Le but véritable de mon livre — ajoute encore Humboldt — est de voir de haut l’ensemble de la science contemporaine », c’est-à-dire que ce n’est pas une idée ou un système d’idées, mais simplement un tableau. […] Malgré ce défaut qui l’a suivi partout, excepté en ces lettres, et malgré des inconvénients bien plus graves qui tenaient à de véritables indigences de cerveau, — par exemple son manque de métaphysique et son scepticisme religieux, et même très souvent scientifique, — il n’en fut pas moins — je ne l’ai pas contesté en ce chapitre — une des forces spirituelles de son temps, mais il ne fut point le grand homme absolu qu’on l’a fait.
D’injustice véritable, nous venons de montrer qu’il n’y en avait point ; et d’ailleurs, tout s’arrange avec le temps, le temps, ce grand Juste, qui finit toujours par mettre chacun à sa place. […] « Le but véritable de mon livre, ajoute encore Humboldt, est de voir de haut l’ensemble de la science contemporaine », c’est-à-dire que ce n’est pas une idée ou un système d’idées, mais simplement un tableau. […] Malgré ce défaut qui l’a suivi partout, excepté en ces lettres, et malgré des inconvénients bien plus graves qui tenaient à de véritables indigences de cerveau, — par exemple, son manque de métaphysique et son scepticisme religieux, et même très souvent scientifique, — il n’en fut pas moins — je ne l’ai pas contesté en ce chapitre — une des forces spirituelles de son temps, mais il ne fut point le grand homme absolu qu’on l’a fait.
Il n’est plus, et le La Bruyère de prétention va cesser d’être… Et vous allez entendre et juger le fantaisiste et l’humouriste vrai : vous allez voir le véritable Arthur de Gravillon que voici ! III Le véritable Arthur de Gravillon, — celui qui n’est le souvenir de personne, mais l’espérance de tous, l’espérance de tout ce qui aime la littérature et lui souhaite l’aubaine d’originalités inconnues, — le véritable Arthur de Gravillon a paru pour la première fois dans le livre de J’aime les Morts.
Il y a une notable différence entre la folie et l’hallucination, qui nous paraît la véritable maladie de don Quichotte. […] Chacun de nous en effet ne peut-il pas être, dans sa sphère d’action et d’influence, un véritable chevalier errant ? […] Il croyait proférer une injure mortelle, il ne faisait que constater le titre le plus glorieux de Goethe et ce qui fait sa véritable originalité. […] Sous ce rapport, Wilhelm Meister est une véritable école d’initiation à l’usage des classes moyennes. […] Nous ne sommes que les instruments de nos actions ; mais leur véritable auteur est souvent mort depuis des siècles.
Ce besoin était si grand qu’il se sentait brûler les entrailles, comme par un feu véritable. […] Un véritable damné. […] Pour moi, ce ne sont que les alentours qui donnent la véritable valeur aux sujets. […] C’est là le véritable moyen de faire entrer la confusion dans le cerveau le mieux équilibré. […] Et l’on fera toujours bien de juger un peuple sur ses véritables représentants.
La plupart des déséquilibrés éprouvent un véritable besoin d’excitants, comme tous les « neurasthéniques ». […] Mais, ce qui constitue une perversion véritable, c’est la vieillesse qui veut être jeune ou le paraître, c’est l’épuisement qui veut faire œuvre de fécondité. […] La véritable critique et la véritable œuvre littéraire doivent également rechercher le sérieux et l’impersonnel. […] La seconde cause, c’est qu’en peignant des êtres à part, véritables monstruosités, on excite plus aisément la pitié ou le rire de la foule. […] De plus le luxe, recherchant la rareté, recherchera souvent la surcharge d’ornements ; or l’art véritable est simple.
Pour donner une forte idée des plaisirs véritables dont jouissent les bienheureux, l’orateur se dit ainsi qu’à ses auditeurs : « Philosophons un peu avant toutes choses sur la nature des joies du monde. » Et il va tâcher de faire sentir par ce qui manque à nos joies ce qui doit entrer dans celles d’une condition meilleure : « Car c’est une erreur de croire qu’il faille indifféremment recevoir la joie de quelque côté qu’elle naisse, quelque main qui nous la présente. […] C’est ainsi que pour exalter Corneille, en qui il voit Eschyle, Sophocle, tous les tragiques grecs réunis, il sacrifie et diminue Racine ; c’est ainsi que, pour mieux célébrer l’époque de Louis XIII et de la régence qui succéda, il déprime le règne de Louis XIV ; que, pour glorifier les Poussin et les Le Sueur, dont il parle peut-être avec plus d’enthousiasme et d’acclamation que de connaissance directe et de goût senti et véritable, il blasphème et nie l’admirable peinture flamande ; il dit de Raphaël qu’il ne touche pas, qu’il ne fait que jouer autour du cœur, « Circum praecordia ludit ». […] Et ce que j’y aurais gagné ou perdu dans ma verve et mon éloquence, ne serait-ce pas précisément ce qui y fait excès et aussi ce qui y manque en gravité, en proportion, en mesure, en parfaite justesse, et, par conséquent, en véritable autorité ? […] Ô justesse dans la vie, ô égalité dans les mœurs, ô mesure dans les passions, riches et véritables ornements de la nature raisonnable, quand est-ce que nous apprendrons à vous estimer ?
Il me semble pourtant qu’elles ont toujours quelque chose de matériel pour la plus grande partie, et que le résultat ordinaire, c’est l’annonce d’un bonheur terrestre véritable, même dans leurs afflictions. […] Noblesse et vérité, c’est là toute la poétique de Léopold Robert, et qu’il ne songea à s’exprimer à lui-même que successivement et après l’œuvre : « La noblesse sans la vérité, pensait-il, n’est plus qu’une singerie qui ne peut plaire aux véritables connaisseurs. » La vérité sans noblesse est un autre écueil : Si je copie juste ce que je vois, je sens que je ferai un tableau plat… Si on se contentait de faire vrai, on se contenterait aussi de copier servilement le modèle que l’on a sous les yeux ; mais, aussitôt que l’on veut ajouter à cette qualité de l’élévation et de la noblesse, c’est une difficulté bien plus grande ; on peut tomber dans la manière, qui est l’opposé de ce qu’on doit chercher. […] Je souris involontairement en citant ces paroles, car à très peu de temps de là il arriva à Léopold Robert de rencontrer une Corinne véritable ou voulant l’être ; il y avait alors chez nous toute une race et une postérité de Corinne comme il y en a eu pour René. […] Il se félicitait d’avoir échappé à cette vie des grandes villes, qui dissipe, qui dessèche le cœur, qui inocule de continuelles irritations d’amour-propre, l’habitude ou la crainte de la raillerie, toutes choses contraires au véritable enthousiasme et au culte fidèle de l’art.
» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? […] Avec de tels hommes, pas plus avec celui qui rendait ses oracles d’un ton chagrin, négatif et répulsif, qu’avec celui qui nous lançait à la tête ses anathèmes à l’état de singularités et de boutades, il n’y avait moyen de s’entendre ; la guerre continuait ; les passions s’entretenaient par contraste et se réchauffaient : c’était une contre-révolution de toutes pièces qu’eux et leurs amis nous proposaient, ce n’était pas une réforme véritable. […] Le Play la véritable unité sociale ; or, cette unité, dans l’état présent, est faible, instable, précaire et caduque : les fortunes, par suite du partage égal forcé, se brisent à chaque génération ; les plus grandes créations d’existence sociale, après deux ou trois transmissions successives, tendent à se fondre et à rentrer dans la masse : c’est à recommencer toujours. […] Le Play s’applique à la définir comme on ne l’avait pas fait encore, et il en détermine excellemment les conditions véritables.
L’impression qu’on reçoit est bien différente et précisément contraire, quand on examine les faits en eux-mêmes ; et sans vouloir faire du grand Frédéric un prince le moins du monde désintéressé, on voit que le véritable envahisseur, le seul usurpateur ici, c’est Joseph II. […] Malheureusement les propos tenus par plusieurs ministres du roi dans les Cours ont fait croire le contraire. » Dans de telles conjonctures, Marie-Antoinette, on le conçoit, ne réussit à rien tirer de bien net des ministres qui sont et doivent être plus Français qu’elle, et qui ne se décident point sur des impressions et d’après des convenances de famille : « Pour le roi personnellement, il est bien attaché à l’alliance, et autant que je puisse le désirer ; mais, pour un moment aussi intéressant, je n’ai pas cru devoir me borner à en parler au roi : j’ai vu MM. de Maurepas et de Vergennes ; ils m’ont fort bien répondu sur l’alliance et m’y paraissent véritablement attachés ; mais ils ont tant de peur d’une guerre de terre, que quand je les ai poussés jusqu’au point où le roi de Prusse aurait commencé les hostilités, je n’en ai pu avoir de réponse bien nette. (25 mars 1778.) » Novice qu’elle est dans ces sortes d’affaires, elle ne démêle pas très distinctement les motifs qui font agir nos ministres et les intérêts véritables qu’elle aurait dû comprendre comme eux, ce qui lui aurait permis d’agir de concert vers le seul résultat possible. […] On a remarqué que les oraisons funèbres prononcées en France sur cette princesse, sans excepter celle de l’abbé de Boismont, ont été au-dessous du médiocre ; mais la grande et véritable oraison funèbre, la haute portraiture héroïque, c’est Frédéric qui l’a tracée, lorsque, dans son Histoire de la guerre de Sept Ans, il a représenté cette jeune souveraine, au lendemain de la perte de la Silésie, outrée et cherchant à se venger, s’appliquant à relever les forces et l’ascendant de son empire. […] Dans les visites que nous allions faire dans l’après-midi du dimanche à notre aimable et cordial professeur, il nous entretenait souvent de ces idées de réforme, de ces plans d’amélioration pour le sort du grand nombre, de ces rêves de bon et philanthropique gouvernement et de régime sensé, humain, égal pour tous, essentiellement moderne ; le souffle, qui lui était venu, le matin, de cet ancien ami de Joseph II, respirait dans ses paroles et arrivait jusqu’à nous ; il nous communiquait, tout pénétré qu’il était, une véritable inspiration de bienfaisance.
En examinant l’état actuel des lumières, l’on reconnaît aisément que nos véritables richesses ce sont les sciences. […] L’on dirait : — pour administrer telle population, il faut exiger tel sacrifice de la liberté individuelle : — donc telles lois, tel gouvernement conviennent à tel empire. — Pour telle richesse, telle étendue de pays, il faut tel degré de force dans le pouvoir exécutif : — donc telle autorité est nécessaire dans telle contrée, et tyrannique dans telle autre. — Tel équilibre est nécessaire entre les pouvoirs, pour qu’ils puissent se défendre mutuellement : — donc telle constitution ne peut se maintenir, et telle autre est nécessairement despotique. — On pourrait prolonger ces exemples ; mais comme la véritable difficulté de cette idée n’est pas de la concevoir abstraitement, mais de l’appliquer avec précision, il suffit de l’indiquer. […] Notre organisation, le développement que les habitudes de l’enfance ont donné à cette organisation, voilà la véritable cause des belles actions humaines, des délices que l’âme éprouve en faisant le bien. […] C’est l’imagination, pourrait-on dire, qui fait préférer ce genre d’expressions, et le véritable sens de cette idée, comme de toutes, est soumis au raisonnement.
J'aimerais mieux un simple narré, tel que pouvait faire dom Le Nain38, que l’éloquence affectée. » — Ce n’est ni aux bénédictins, ni même aux jésuites qu’on songe à plaire de nos jours, mais à flatter madame Sand, à ne pas choquer M. de Lamennais, à chatouiller M. de Béranger, leurs noms et leurs doctrines, et de là une dégradation véritable du sujet. […] Pour nous qui y sommes moins obligés, grâce à notre éloignement, nous disons franchement que ce livre, que l’on concevait si simple et si austère, est devenu, par manque de sérieux et par négligence, un véritable bric-à-brac ; l’auteur jette tout, brouille tout, et vide toutes ses armoires.
Il exerce, en effet, une véritable et enviable puissance. […] Tout récemment, un jeune écrivain, parlant déjà de l’école naturaliste au passé défini, comme d’un événement des siècles disparus, disait : « Ce fut le défaut des réalistes de goûter une volupté à surprendre les hommes en flagrant délit d’ignominie2. » Ce jeune avait peut-être tort d’employer un passé d’un recul si profond, mais il avait raison en signalant ce défaut littéraire qui n’est autre chose — il n’est pas inutile de le remarquer — qu’un défaut de sympathie véritable pour l’objet qu’on dépeint. […] Et même lorsque nos auteurs dramatiques de la nouvelle génération, avec une générosité d’intention véritable, portent au théâtre certaines questions du grand problème social, n’est-il pas évident qu’ils les traitent pour l’instruction de leurs égaux, des philosophes, des économistes ou des gens du monde, et, qu’à de rares exceptions près, ils voient plutôt l’autorité à réformer que l’ouvrier lui-même à former ? […] La doctrine que je repousse me semble d’abord méconnaître le but véritable de la littérature et de l’art. […] Nous avons bien compris et bien aimé Henri Conscience, comme un ami véritable.
Le véritable homme libre n’avait pas disparu. […] On s’étonne parfois, dans notre société contemporaine, que tel personnage publiquement taré, sans talent d’aucune sorte et sans véritable intelligence, grossier, brutal et vulgaire, obtienne les places et les honneurs qu’il convoite. […] C’est là d’ailleurs leur véritable champ d’action, extrêmement vaste et où leur liberté serait entière. […] On peut dire finalement que la répugnance des uns et des autres ne s’explique que par l’incompréhension générale du rôle véritable des lois et de la situation juridique de l’écrivain dans la société. […] Ceux-là prétendent que la vérité peut abîmer les belles choses, parce qu’ils n’ont su voir ni ce qu’est cette beauté en elle-même, ni l’embellir dans son sens véritable, sans la déformer ou la contrefaire.
Mais le véritable rôle de M. Andrieux, sa véritable spécialité, au milieu de cette gaie et douce amitié qui l’unissait à Ducis, Collin et Picard, c’était d’être leur juge, leur conseiller intime, leur Despréaux familier et charmant, l’arbitre des grâces et des élégances dans cette petite réunion, héritière des traditions du grand siècle et des souvenirs du souper d’Auteuil.
C’est une véritable transmutation des valeurs. […] Et c’est vraiment pitié de voir que, sous prétexte de le maintenir pur de tout alliage, on ait voulu lui retirer ce qui fait sa véritable grandeur. » 12 ⁂ Jusqu’à présent nous avons constaté dans la marche vers le vrai des professionnels d’une part, des artistes de l’autre, un grand parallélisme.
Dont le récit est menteur, Et le sens est véritable. […] Pour donner une moralité à cet Apologue, il fallait faire entendre que l’esprit consiste à s’élever au-dessus des illusions de l’amour propre, et que notre véritable intérêt doit nous conseiller de nous défier sans cesse de notre vanité.
Je n’ai pas la prétention de dissocier toutes les idées qui semblent guider les hommes et d’y rechercher les motifs véritables de leurs succès. […] Ce renversement des termes, plus fréquent que ne l’ont cru certains psychologues, peut faire naître des doutes sur la véritable nature de l’inspiration. […] Ces deux associations d’idées n’en sont pas moins devenues de véritables lieux communs, de ces vérités qu’il est aussi inutile d’exposer que de combattre. […] On se trouva donc en possession d’une véritable langue hiéroglyphique apte à figurer aux yeux des affirmations élémentaires. […] Victor Hugo, véritable incarnation du Subconscient, triomphe, avec excès, de ces rapprochements, d’abord involontaires.
Comme il ne vérifie jamais un seul fait, même parmi les plus facilement véritables, il se contredit matériellement à quelques pages de distance. […] Je ne sais si les solitaires furent de véritables contemplateurs. […] L’amour : ce mot tout seul contient tant de sens différents, et même opposés, qu’il n’en a aucun de véritable. […] Du moment qu’il fut revenu de son rapide voyage en Amérique, il n’eut guère d’autre véritable plaisir. […] Assurément, pendant ces cinquante ans, la langue française subit une véritable transformation, puisque de classique elle devient romantique.
une enfant… une véritable enfant ! […] Tous regardaient avec un véritable plaisir cette jolie fille, si douce et si timide ; Iôsef lui-même souriait. […] Mais le don de la cuisine, voyez-vous, est une véritable bénédiction. […] — Père Christel, Sûzel est un papillon, une véritable petite fée : elle a des ailes ! […] Aussitôt Kobus partit, ses jambes galopaient toutes seules : c’était un véritable cerf.
Il vit quelle était la véritable mission du naturaliste et l’importance des recherches spéculatives. […] Il franchit ensuite le Chimborazo, séjourne à Quito, franchit les Andes, revient au Pérou, visite les mines d’argent, parcourt le Mexique, s’extasie devant Mexico, véritable capitale de l’Europe transplantée en Amérique. […] Un sourire sculpté sur ses lèvres était toujours prêt au salut ; il allait d’un groupe à l’autre donner ou recevoir des banalités obséquieuses, ombre d’un grand homme à la suite des véritables hommes supérieurs, cherchant à être confondu avec eux. […] Les quinze jours que je passai dans cette société me permirent d’étudier en silence ce véritable grand homme, et de sortir de cette demi-intimité d’occasion plein de vénération pour lui. […] Il eût été très difficile de dire, à cette époque, quelle était sa véritable opinion, et s’il en avait une en dehors de son amour-propre.
Les discours prononcés chaque année à la rentrée des Cours impériales et de la Cour de cassation roulent d’ordinaire sur d’importants sujets, et sont quelquefois de véritables études concernant des personnages historiques qui n’appartiennent pas seulement à la magistrature, et qui intéressent tous les ordres de lecteurs. […] C’était un véritable statisicien du langage. […] Les objections qu’on lui a faites après coup, il les avait prévues d’avance, et il y répond ; il a, à ce sujet, des passages d’une véritable portée. […] Enfin, il eût fait voir qu’il n’y en a point qui observe plus le nombre et la cadence dans ses périodes que la nôtre, en quoi consiste la véritable marque de la perfection des langues. » Mais celui qui fera cette démonstration désirée par Vaugelas, ne le sentez-vous pas ?
Sur six cents pensées que renferme peut-être ce recueil, on en compterait à peine cinquante qui ne soient pas de véritables emblèmes. […] C’est un véritable emblème. […] Ce sont des symboles véritables, une vision réelle, une prédiction obscure de l’avenir : c’est l’allégorie même. […] Mais ses cris contre la société, son dédain pour les solutions de la philosophie, la révélation de sa vie solitaire et de ses jouissances contemplatives, portèrent dans beaucoup d’âmes, avec le dégoût du monde, un véritable enthousiasme pour les scènes de la nature.
Le fait est que ces agréables Mémoires, dont nous avons rendu compte dans ce journal en nous y complaisant249, qui ont été lus ici de chacun avec tant d’intérêt et qui ont singulièrement rajeuni et, pour tout dire, ravivé la renommée sommeillante d’un grave prélat, ont causé dans le pays d’Auvergne un véritable scandale. […] On a dans ces lettres le véritable Rancé tout pur, parlant en personne, simplement, gravement, avec une tristesse monotone, ou avec une joie sans sourire qui ressemble à la tristesse elle-même et qui ne se déride jamais. […] Au reste, si l’abbé Nicaise attira plus d’une affaire à son grave et sombre correspondant par les indiscrétions qu’il commit, il lui rendait en revanche mille bons offices, et, pour peu que Rancé eût voulu informer le monde de ses sentiments véritables sur tel ou tel point en litige, il n’aurait eu qu’à s’en rapporter à lui.
Or, de même que pour déterminer les rapports véritables des phénomènes physiques entre eux nous faisons abstraction de ce qui, dans notre manière de percevoir et de penser, leur répugne manifestement, ainsi, pour contempler le moi dans sa pureté originelle, la psychologie devrait éliminer ou corriger certaines formes qui portent la marque visible du monde extérieur. — Quelles sont ces formes ? […] Mettre la durée dans l’espace, c’est, par une contradiction véritable, placer la succession au sein même de la simultanéité. […] Ainsi se forme, par un véritable phénomène d’endosmose, l’idée mixte d’un temps mesurable, qui est espace en tant qu’homogénéité et durée en tant que succession, c’est-à-dire, au fond, l’idée contradictoire de la succession dans la simultanéité.
L’opposition de votre peine, et de la félicité de votre ennemi, produit dans le sang un véritable soulèvement. […] L’occupation où l’on est de son ressentiment, l’effort qu’on fait sur soi pour le combattre remplit la pensée de diverses manières ; après s’être vengé, l’on reste seul avec sa douleur, sans autre idée que la souffrance ; vous rendez à votre ennemi, par votre vengeance, une espèce d’égalité avec vous ; vous le sortez de dessous le poids de votre mépris, vous vous sentez rapprochés par l’action même de punir ; si l’effort que vous tenteriez pour vous venger était inutile, votre ennemi aurait sur vous l’avantage qu’on prend toujours sur les volontés impuissantes, quelle qu’en soit la nature et l’objet : tous les genres d’égarement sont excusables dans les véritables douleurs ; mais ce qui démontre cependant combien la vengeance tient à des mouvements condamnables, c’est qu’il est beaucoup plus rare de se venger par sensibilité, que par esprit de parti ou par amour propre.
Concentrez-vous alors sur ce que vous éprouvez, vous sentirez que l’image complète est là, mais fugitive, véritable fantôme qui s’évanouit au moment précis où votre activité motrice voudrait en fixer la silhouette. […] Disons-le tout de suite : c’est pour s’en être tenu aux formes intermédiaires et, en quelque sorte, impures, qu’on a méconnu la véritable nature du souvenir. […] D’où l’étrange hypothèse de souvenirs emmagasinés dans le cerveau, qui deviendraient conscients par un véritable miracle, et nous ramèneraient au passé par un processus mystérieux. […] La répétition a pour véritable effet de décomposer d’abord, de recomposer ensuite, et de parler ainsi à l’intelligence du corps. […] Mais ce n’est pas impunément qu’on aura ainsi interverti l’ordre véritable, et, par une conséquence nécessaire, introduit dans chaque terme de la série des éléments qui ne se réalisent qu’après lui.
Le véritable problème du style est une question de physiologie. […] En disant que cette étude appartient au genre Réfutation, je n’entends aucunement dire qu’elle soit une réfutation véritable. […] Voici enfin une allusion au véritable sujet du livre, M. […] Albalat est le plus humble des procédés littéraires et celui qu’un écrivain véritable fuira toujours avec soin. […] Renan fut un croyant, un fanatique : sulpicien de la science, et plus sulpicien encore que véritable savant.
Quel est donc ce pessimisme où la Nature véritable s’élargit, ainsi glorieuse ? […] Mais la création résulte des idées actuelles ; nous projetons au Néant extérieur l’image de notre essence intime ; puis, la croyant véritable, nous continuons à la créer pareille ; et nous souffrons de ses incohérences, tandis qu’elles sont ouvrage de notre plaisir. […] Il faudrait donc bien se garder de leur dire que les librettistes ont amoindri le Poëme de l’Anneau de Nibelung, au point d’en faire, à certains endroits, une véritable berquinade. […] L’intuition, au contraire, est le véritable moyen de la connaissance car elle saisit l’objet d’un coup en s’assimilant à lui en un seul moment, en participant à son élan vital. La véritable connaissance ne peut se faire, selon Wagner, que dans l’intuition qui saisit la vie dans sa globalité.
Quant à la définition scientifique, qui, elle, peut tenir tout entière dans les douze syllabes d’un alexandrin, elle est un véritable non-sens en poésie : à quoi bon donner une règle à ce qui est la règle même ? […] Il y avait dans cette nouvelle Légende des siècles une conception d’un véritable intérêt philosophique et même social, puisqu’il s’agissait de faire revivre, — dans leurs pensées intimes sur le monde et sur les dieux, — les types les plus variés des sociétés humaines. […] Caïn devient pour lui le symbole de l’humanité ; le dieu qui l’a faite pour la douleur et pour le mal est le véritable auteur du mal comme de la douleur : c’est lui qui est le vrai meurtrier d’Abel. […] Mais le poète, pas plus que le philosophe, ne mesure à la durée la valeur, la beauté, l’éternité véritable des choses […] Pour lui, c’est le hasard qui est le véritable auteur du monde ; du hasard naissent des combinaisons plus ou moins passagères, qui sont des habitudes ; ces habitudes, nous les prenons pour des lois ; mais il n’y a point de lois véritables, et, de même qu’il n’y a point de fins ou de buts, il n’y a point de causes : Nature, tu n’es rien qu’un mélange sans art : Car celui qui te crée a pour nom le hasard.
Alors de véritables suggestions s’opèrent. […] Autant en doit dire le véritable artiste. […] C’est une véritable tricherie. […] C’est le véritable idéal de l’art chrétien. […] Tout véritable artiste le comprendra d’instinct.
La Revue Wagnérienne, partant des principes que nous estimons ceux du véritable wagnérisme, jugera, avec l’entière, l’absolue indépendance qu’exige sa situation spéciale et qui est incompatible avec les conditions d’existence de la plupart des autres publications, les faits wagnériens qui s’annoncent pour 1887. […] La véritable exhibition de Joachimb a pourtant été aux séances de la salle Érard plutôt qu’à celles du Châtelet. […] Francke me paraît être le seul musicien contemporain qui ait le véritable sens mystique : les âmes croyantes se complaisent en ses œuvres non moins que les artistes. […] L’Art joue dans son système un rôle important : « L’Art, dit-il, a connaissance de la véritable essence du monde, des idées (I, 217)… Il résout, mais d’une façon différente de la philosophie, le problème de l’existence… Dans les œuvres d’art toute sagesse est contenue, mais virtuellement ou implicitement (II, 461, 463)… » Et dans la Musique plus spécialement : « Les autres arts ne nous montrent que l’ombre, la Musique nous révèle l’essence des choses… La Musique est l’image de la Volonté elle-même (1, 303, 310)… Aucun autre art n’exerce sur l’homme une action aussi immédiate, aussi profonde, car nul ne nous fait pénétrer aussi profondément dans l’essence même du monde (Fragments, 373)… etc. » Ce sont là les propres pensées de Wagner avant qu’il ne connût Schopenhauer. […] La lecture de ses textes est une véritable révélation pour le compositeur et principalement de son ouvrage le plus connu : Le Monde comme volonté et représentation, publié en 1818 et remanié en 1844.
Quoi qu'il en soit, si cette facilité à s'approprier si habillement les qualités de ses Modeles, ne suppose pas le véritable génie, elle annonce du moins un talent assez distingué pour justifier en partie les éloges de ses admirateurs. […] L’Histoire de Charles XII & celle du Czar Pierre ne seront jamais des Histoires, que pour les Esprits légers, qui préferent l’agrément de la narration & les étincelles du style, au récit noble & grave qui doit caractériser le véritable Historien. […] Pour quelques traits de lumiere, quelques vûes bienfaisantes, des réflexions saines, des transports d’humanité, qui décelent plutôt une compassion orgueilleuse qu’une véritable sensibilité ; combien de contradictions, d’inconséquences, d’emportemens, d’absurdités, & de délires ! […] Ils conviennent que parmi les Ouvrages de M. de Voltaire, il y en a quelques-uns d’excellens ; mais ils soutiennent [on commence à les croire, & on les croira de plus en plus] qu’il y en a beaucoup de médiocres & un grand nombre de mauvais : que le talent de saisir les rapports éloignés des idées, de les faire contraster, semble lui être particulier ; mais qu'il y met trop d'affectation, & que les productions de l'art sont sujettes à périr : qu'il n'a que l'éloquence qui consiste dans l'arrangement des mots, dans leur propriété, & non celle qui tire sa force des pensées & des sentimens, qui est la véritable : qu'il n'a aucun systême suivi, & n'a écrit que selon les circonstances, & presque jamais d'après lui-même : que le plus grand nombre de ses Ouvrages ne sont faits que pour son Siecle, & que par conséquent la Postérité n'en admettra que très-peu : que si la gloire du génie n'appartient qu'à ceux qui ont porté un genre à sa perfection, il est déjà décidé qu'il ne l'obtiendra jamais, parce qu'il ressemble à ce fameux Athlete, dont parle Xénophon, habile dans tous les exercices, & inférieur à chacun de ceux qui n'excelloient que dans un seul : que son esprit est étendu, mais peu solide ; sa lecture très-variée, mais peu réfléchie ; son imagination brillante, mais plus propre à peindre qu'à créer : qu'il a trop souvent traité sur le même ton le Sacré & le Profane, la Fable & l'Histoire, le Sérieux & le Burlesque, le Morale & le Polémique ; ce qui prouve la stérilité de sa maniere, & plus encore le défaut de ce jugement qui sait proportionner les couleurs au sujet : qu'il néglige trop dans ses Vers, ainsi que dans sa Prose, l'analogie des idées & le fil imperceptible qui doit les unir : que ses grands Vers tomdent un à un, ou deux à deux, & qu'il n'est pas difficile d'en composer de brillans & de sonores, quand on les fait isolés : enfin, que la révolution qu'il a tentée d'opérer dans les Lettres, dans les idées & dans les mœurs, n'aura jamais son entier accomplissement, parce que les Littérateurs qu'il égare, & les Disciples qu'il abuse, en les amusant, peuvent bien ressembler à Charles VII, à qui Lahire disoit, On ne peut perdre plus gaiement un Royaume ; mais qu'il s'en trouvera parmi eux, qui, comme ce Prince, ouvriront les yeux, chasseront l'Usurpateur, & rétabliront l'ordre. […] La véritable doit également agir sur l'esprit & sur le cœur : sur l'esprit, par des principes éclairés, solides, & invariables ; sur le cœur, par des sentimens honnêtes, supérieurs, & à l'épreuve de tout : c'est par ce rapport des pensées & des sentimens qu'elle éleve l'Homme au dessus de la classe ordinaire.
Zola eut jusqu’ici la fortune regrettable d’être bassement et grossièrement bafoué par les uns, hyperboliquement grandi par les autres, en somme presque jamais compris dans sa véritable essence. […] Cherchons à restituer le véritable sens et l’authentique saveur de cette œuvre toujours vivante et toujours méjugée. […] Sa gloire véritable est là. […] Il ne comprend pas que la physique et la métaphysique — cette dernière, véritable et organique, j’entends — ne sont en rien dissociées par les découvertes scientifiques, qu’elles ne sont au fond qu’une seule et même chose entrevue de deux points différents, se rattachant, comme l’univers entier, au principe d’unité, au principe moniste dont nous avons parlé. […] Je crains de paraître paradoxal en affirmant qu’à mon avis, Zola manque de réalisme ; ou plutôt que son réalisme n’atteint pas au sens plein et véritable de ce mot.
Mais que diront ces prétendus gens de lettres, si j’avance qu’il n’y a pas même un véritable changement d’intérêt dans la pièce ? […] La fausse pitié qu’il affecte pour l’homme qui lui faisait envie est un véritable outrage. […] D’Alembert avait un véritable zèle ; il rapportait tout à la cause qu’il avait embrassée ; tout ce qu’il faisait était pour la plus grande gloire de la philosophie. […] Nous voyons dans Monime une véritable Grecque ; dans Roxane, une femme du sérail, une sultane qui n’a d’autre principe d’éducation que ses passions et ses caprices. […] Le Menteur de Lopez de Vega est un véritable Gascon ; c’est M. de Crac un peu mitigé dans les hyperboles.
Seuls les Grecs ont connu l’art véritable, interprète scrupuleux de la conscience publique ; aussi l’art grec était il conservateur. […] La symphonie et le drame sont deux formes successives de la mélodie véritable, comme le ballet et l’opéra en sont les deux parodies. […] Cependant la Religion nous conduit à l’univers véritable, non par la discussion, mais par la création et l’exemple. […] L’Allemagne est le seul pays où l’art puisse s’adresser à son véritable destinataire, le peuple. […] Delaquerrière a fait du rôle de David une véritable création et M.
Le nom de la marquise de Créqui a été fort remis en vogue depuis quelques années : il ne s’agit plus que de connaître la véritable. […] Elle reçoit chez elle des visites de Mme Necker, « triste, languissante, mais toute pleine d’espérance. » Elle y va dîner une ou deux fois, mais sur ce chapitre elle a contre eux un véritable grief qui l’empêchera d’y retourner : c’est qu’ils dînent à cette heure indue qui était alors quatre heures et demie de l’après-midi : la marquise avait l’habitude de dîner à deux heures. […] » La consolation véritable de Mme de Créqui eût été dans sa famille, si elle avait pu conserver plus longtemps son oncle le bailli de Froullay, auquel elle fut attachée comme la fille la plus tendre : elle connut avec lui tout ce qu’il y a de pur et de doux dans l’amitié la plus constante, la plus dévouée. […] Son nom véritable était Couseg.
Mais les trois autres publications constituent une œuvre véritable, digne de trouver place dans toute bonne bibliothèque moderne, et elles assurent un rang distingué à M. […] Il remarque que nulle part il ne se rencontre plus de cordialité, plus de facilité de commerce et d’égalité véritable qu’entre avocats : « Nulle part, dit-il, la réputation, l’âge, le talent, ne font moins sentir leur supériorité et n’exigent moins de déférence que dans cette corporation singulière où les relations sont presque toujours hostiles. » Pourtant, avec tous les mérites solides et fins qu’il allait posséder, et en partie à cause de ces mérites mêmes, il manquait de ce qui procure le succès au barreau ; quand il avait donné les bonnes raisons en bons termes, il ne savait pas se répéter et au besoin en trouver d’autres : Le juge y compte, dit-il malicieusement ; et peut-être l’avocat qui serait le plus disposé à s’en corriger, est-il obligé de reproduire une seconde série des mêmes raisonnements, quand il voit que le tribunal n’a pas écouté la première. […] Bazin en effet, et ce que je trouve le plus à honorer en lui, c’était l’amateur véritable et passionné des lettres. […] Selon lui, Paris n’était pas au roi (quand il y avait un roi) ; il n’est pas au peuple, toujours occupé et affairé : « le seul, le véritable souverain de Paris, c’est le flâneur ».
Il sera disposé à croire que, pour avoir la véritable clef de cette érudition, il faut être du Midi. […] L’auteur, oubliant que le véritable objet d’une tragédie était d’émouvoir et de toucher, s’est trop occupé d’avoir une opinion sur un fait qui sera toujours enveloppé de ténèbres parce qu’il est impossible d’y apporter aucune lumière. […] Napoléon, qui se connaissait en héros et qui savait l’étoffe dont ils sont faits, insiste sur ce point que le héros d’une tragédie ne doit pas l’être de pied en cap, qu’il doit, pour intéresser, rester un homme ; et ici, sans s’en douter et en croyait n’être que classique, Napoléon se rapproche du point de vue de Shakespeare, chez qui il y a des hommes toujours, et point de héros : L’auteur, dit-il, paraît surtout avoir oublié une maxime classique, établie sur une véritable connaissance du cœur humain : c’est que le héros d’une tragédie, pour intéresser, ne doit être ni tout à fait coupable ni tout à fait innocent. […] Tout cela dit, et quand on a ajouté que la trame de ce style est sans véritable éclat et sans nouveauté, composée à satiété de tous les mots vagues, communs, déclamatoires (ignominie, vertu, gloire, victoire, des proscrits vertueux, etc.
Un autre extrême, tout opposé, dans lequel on est tombé de nos jours (et je parle ici de la critique sérieuse, de celle de quelques revues anglaises ou françaises, par exemple), est de ne presque point donner idée du livre à l’occasion duquel on écrit, et de n’y voir qu’un prétexte à développement pour des considérations nouvelles, plus ou moins appropriées, et pour des essais nouveaux ; l’auteur primitif sur lequel on s’appuie disparaît ; c’est le critique qui devient le principal et le véritable auteur. […] Il me semble toujours que, si l’auteur qui procède par cette méthode n’avait pas connaissance des événements historiques a posteriori, les principes dont il prétend les déduire ne lui en feraient pas deviner un seul ; preuve évidente que ces principes sont faits à la main et après coup, qu’ils sont plus ingénieux que solides, et qu’ils ne sont pas les véritables ressorts du jeu qu’on leur attribue… En fait de politique, rien n’arrive deux fois de la même manière. […] Pénétré de la difficulté de l’invention sociale en tant qu’elle s’élève au-dessus d’une certaine agrégation première toute naturelle et grossière, et qu’elle arrive à la civilisation véritable, il ne la conçoit possible que grâce à de merveilleuses passions en quelques-uns et à une héroïque puissance de génie : « Il faut, pense-t-il, que les premiers législateurs des sociétés, même les plus imparfaites, aient été des hommes surnaturels ou des demi-dieux. » Grimm, en politique, se rapproche donc beaucoup plus de Machiavel que de Montesquieu, lequel accorde davantage au génie de l’humanité même. […] Les qualités qui manquent à Voltaire pour être un historien véritable, il les sent également : En général, il faut un génie profond et grave pour l’histoire.
Necker, qui a tracé des portraits de société curieusement observés, en a fait un qui commence ainsi : « C’est une véritable tactique que la conduite d’un homme public occupé à cacher son ignorance. […] En 1764, il lut à l’assemblée générale de la Compagnie des Indes, au nom des actionnaires dont il était, un mémoire où il exposait un nouveau plan d’administration ; il y faisait, vers la fin, un portrait du véritable négociant, et l’on disait qu’il avait fait, sans le savoir, son propre portrait. […] Necker, et ce en quoi il parut qu’il n’était qu’un homme d’infiniment d’esprit, non un véritable grand ministre. […] Le monarque parle, tout est peuple, et tout obéit » ; c’est-à-dire que, par suite du relâchement excessif des pouvoirs, de l’affaiblissement des mœurs et d’une sorte de dissolution lente et universelle, il n’y avait plus en France alors de digue véritable et solide entre la masse entière de la nation et le roi ; que les divers corps et ordres de l’État n’avaient plus de force pour subsister par eux-mêmes et pour résister, le jour où ils seraient mis sérieusement en question, et qu’il n’y avait plus qu’un trône debout, au milieu d’une plaine immense, d’une plaine mobile.
Si des Grecs nous passons aux Latins, nous trouvons d’abord Ciceron qui fut le maître, ainsi que le modèle ; de la véritable éloquence. […] François de Sales ; un discours sur la nécessité & les avantages de la Théologie scholastique, qui est précisément l’opposé de la véritable éloquence ; enfin un panégyrique des Casuistes modernes fort ennuyeux & fort long. […] Il donne les regles principales de l’éloquence de la chaire & même celles de la véritable éloquence en général ; mais son style est foible, il ne peint rien. […] Mais la véritable éloquence n’emploie t’elle pas aussi tout ce que l’on reproche à celle des sophistes, & ne sçait-elle pas en faire un bon usage ?
Or, si on examine, en dehors de toute doctrine, le mot d’inter-nationalisme, on ne peut y trouver qu’une signification, seule véritable, celle-ci : l’ensemble des liens entre nations. […] Celui du mot étranger, entre mille autres, a évolué jusqu’à signifier uniquement, pour nous : ce qui n’appartient pas à notre nation, tout ce qui est de l’extérieur, du dehors (ce que les Latins nommaient extraneus), toute question d’amitié ou d’inimitié étant écartée. « Les peuples de l’antiquité vivent isolés, se défient les uns des autres et n’ont entre eux d’autres rapports que ceux de la guerre », tandis que « aujourd’hui les peuples civilisés forment une véritable société »44. […] L’« animal politique » d’Aristote devient de plus en plus conscient de son rôle social, Les plus significatifs parmi les derniers travaux de la sociologie, en dépit d’énormes divergences, paraissent tendre vers une conception organique de la cité, envisagée désormais comme un « être » véritable, comme un « individu » plus complexe et plus différencié. […] La véritable vie sociale pour l’individu consiste en un juste équilibre entre ses affinités nationales et ses affinités humaines.
Et cette Église encore n’était que le vestibule et l’image de la véritable Église, de l’Église céleste, vers laquelle se portaient mes regards et mes espérances. […] À aucun instant de la durée de l’Humanité, l’identité des conditions ne sera l’égalité véritable ; car nous ne sommes pas identiques. […] La nature de la femme est d’aimer : donc ou la société pourra lui donner la règle du bien, en lui montrant la voie véritable de l’amour, ou elle ne le pourra pas. […] Les chimistes ont un axiome : Corpora non agunt nisi soluta : « La dissolution précède nécessairement la formation de nouveaux corps. » Tu es cette dissolution, cette dissolution nécessaire, entre une société véritable et une autre société véritable. […] Tous les arts qui sont l’expression d’une société véritable font défaut aujourd’hui, comme cette société.
C’est moi qui ai désiré ardemment l’archevêché de Paris : quelles terribles affaires avons-nous contre un prélat (le cardinal de Noailles) qui, étant irréprochable dans ses mœurs, tolère le plus dangereux parti qui pût s’élever dans l’Église ; qui désole sa famille, et afflige sensiblement le roi dans un temps où sa conservation est si nécessaire. » Il faut le dire, cependant, cette vénération excessive pour la personne du vieux monarque n’est souvent qu’un devoir d’épouse qui honore madame de Maintenon ; il semble que ce soit le seul sentiment capable d’enlever cette âme froide à elle-même, et d’en tirer des accents de véritable émotion. […] Ainsi retirée de la cour à moitié, la mort de Louis XIV ne la prit pas au dépourvu ; son asile était prêt, arrangé de ses mains avec une longue et attentive prévoyance, véritable sanctuaire décoré d’ombrages, de parfums et de cantiques pieux.
La solennité de la réception, retardée plusieurs mois par un douloureux accident, avait réuni jeudi, dans la salle de l’Institut, toute l’élite de la société : c’était en effet un véritable événement littéraire. […] Mais c’est quand M. de Lamartine, au terme de son discours, est venu à jeter un regard en arrière et autour de lui, quand il a porté sur le xviiie siècle un jugement impartial et sévère, quand il s’est félicité de la régénération religieuse, politique et poétique de nos jours, qu’il appelle encore une époque de transition, et qu’il s’est écrié prophétiquement : « Heureux ceux qui viennent après nous ; car le siècle sera beau » ; — c’est alors que l’émotion et l’enthousiasme ont redoublé : « Le fleuve a franchi sa cataracte, a-t-il dit ; plus profond et plus large, il poursuit désormais son cours dans un lit tracé ; et, s’il est troublé encore, ce ne peut être que de son propre limon. » Puis il a insinué à l’Académie de ne pas se roidir contre ce mouvement du dehors, d’ouvrir la porte à toutes les illustrations véritables, sans acception de système, et de ne laisser aucun génie sur le seuil.
« Croyez bien, dit encore Trousseau, que ces nomenclatures, dont le ridicule n’est pas le moindre défaut, ne valent guère la peine qu’on en salisse sa mémoire, et que jamais des médecins sérieux ne daigneront s’en servir, autant par respect pour la philologie que dans l’intérêt véritable du progrès de notre art. » 94 Flaubert a judicieusement évité ce défaut. […] « Jamais, nous a-t-il très bienveillamment affirmé lui-même, bien que toujours curieux des choses de la médecine et profondément attiré par l’intensité de leur notion. » Ou bien il use des termes techniques comme d’un véritable procédé littéraire, dont voici, chez lui, le personnel mécanisme : dans sa jalousie de prodigieux orfèvre et ouvrier d’art, il horrifie par dessus tout la banalité du mot, expulse violemment de son répertoire les clichés ressassés, les figures redites, les termes éculés.
Tout au plus a-t-on lié en eux le nom de chaque écrivain à une certaine impression vague et confuse : mais on ne leur a mis dans l’esprit aucune véritable connaissance. […] Il faut que la réduction de la figure au mot propre soit une véritable amputation qui laisse la phrase, l’idée, l’émotion incomplètes et mutilées.
Mais steamer, sleeping, spleen, water-proof, groom, speech, et tant d’autres assemblages de syllabes, sont de véritables îlots anglais dans la langue française. […] Le window anglais est une véritable bretèche (Viollet-Leduc, Histoire d’une maison).
En nommant Montesquieu, nous rappelons le véritable grand homme du dix-huitième siècle. […] Les disciples de la nouvelle école flétrissent l’imagination avec je ne sais quelle vérité, qui n’est point la véritable vérité.
La philosophie est l’amour sincère et la recherche acharnée de la vérité, et Cousin, le professeur, l’homme à effet, le théâtral, qui a trouvé sa véritable voie en devenant, après 1830, un homme politique, n’a pas et n’a jamais eu l’indépendance vis-à-vis des autres et de lui-même, la force d’impersonnalité et l’amour désintéressé du vrai qui constituent le philosophe. […] Il ne doute pas ; il enseigne et disserte quand il faudrait méditer… Tandis que pour n’être jamais pris au dépourvu il affirme souvent ce qu’il ignore, le véritable philosophe nie même ce qu’il sait.
Des missions spéciales qui lui furent confiées par les gouvernements, par des souverains ou par de très puissants particuliers, le mirent à même de faire des observations comparées approfondies, depuis la Belgique jusqu’aux confins de l’Europe et de l’Asie ; pas une forge importante ne lui a échappé ; il a eu à en diriger lui-même ; il a eu dans les usines de l’Oural jusqu’à 45,000 individus sous ses ordres, une véritable armée d’ouvriers. […] Cet état de société plus élémentaire et dès longtemps aboli dans notre Occident, reparaissant aux yeux de l’observateur à l’état actuel et pratique, lui commentait d’une manière vivante, lui expliquait le passé, comme en géologie on s’explique mieux les couches, partout ailleurs ensevelies, en les retrouvant à la surface et non encore recouvertes, telles qu’elles parurent autrefois dans leur règne et à leur véritable époque, en pleine lumière et sous le soleil. […] Dans tout état de société, — qu’il s’agisse de la Russie méridionale et des paysans agriculteurs, chez qui la religion n’empêche sans doute ni l’intempérance, ni la ruse, ni la fraude, ni bien des vices, mais à qui elle inspire un pieux et absolu respect dans les rapports des fils aux parents, « une résignation stoïque dans les souffrances physiques et morales, et, en présence de la mort, une assurance, une sérénité qui a parfois un véritable caractère de grandeur » ; — qu’il s’agisse, tout au contraire, des peuples et des régimes les plus avancés, tels que l’Angleterre, chez qui les hautes classes et les lords peuvent être dissolus à leur aise, mais que gouverne réellement et que maintient avec fermeté, en présence des masses chartistes, l’immense classe bourgeoise ou rurale moyenne, tout imprégnée de la Bible et de la forte moralité qui en découle ; — partout l’élément religieux, sous une forme ou sous une autre, lui a paru essentiel à la durée et à la stabilité des sociétés.
Il est une molécule vivante, incessamment excitée et modifiée par l’organisme social dont elle fait partie intégrante ; arrêter la molécule, la monade, au point où on la trouve, la détacher du tout, la soumettre au microscope ou au creuset expérimental, la retourner, la décomposer, la dissoudre, et conclure de là à la nature et à la destinée du tout, c’est absurde ; conclure seulement à la nature et à la destinée de la molécule, c’est encore se méprendre étrangement ; c’est supprimer d’abord, dût-on y revenir plus tard et trop tard, c’est supprimer le mode l’influence que l’individu reçoit du tout, à peu près comme Condillac faisait pour les détails organiques de sa statue, qu’il recomposait ensuite pièce à pièce sans jamais parvenir à l’animer ; c’est, comme lui, par cette suppression arbitraire, rompre l’équilibre dans les facultés du moi et se donner à observer une nature humaine qui n’est plus la véritable et complète nature ; c’est décerner d’emblée à la partie rationnelle de nous-mêmes une supériorité sur les facultés sentimentale et active, une souveraineté de contrôle qu’une vue plus générale de l’humanité dans ses phases successives ne justifierait pas ; c’est immobiliser la monade humaine, lui couper la source intarissable de vie et de perfectibilité ; c’est raisonner comme si elle n’avait jamais été modifiée, transformée et perfectionnée par l’action du tout, ou du moins comme si elle ne pouvait plus l’être ; c’est supposer gratuitement, et le lendemain du jour où l’humanité a acquis la conscience réfléchie de sa perfectibilité, que l’individu de 1830, le chrétien indifférent et sans foi, ne croyant qu’à sa raison personnelle, porte en lui, indépendamment de ce qui pourrait lui venir du dehors, indépendamment de toute conception sociale et de toute interprétation nouvelle de la nature, un avenir facile et paisible qui va découler, pour chacun, des opinions et des habitudes mi-partie chrétiennes, mi-partie philosophiques, mélangées à toutes doses. […] Alors l’homme élu. dans les entrailles duquel toutes les souffrances de l’humanité doivent retentir ; qui doit sentir en son sein s’amasser douloureusement un amour immense ; qui doit concevoir en sa tête féconde la forme nouvelle, plus large et plus heureuse, de l’association humaine ; cet homme vraiment divin, ce poëte, cet artiste, ce révélateur fils de Dieu, est déjà né ; que ce soit Moïse, Orphée, Jésus, Confucius ou Mahomet, il grandit, se développe miraculeusement, se perfectionne avant tous ses contemporains ; véritable fruit providentiel, il mûrit et se dore sous un soleil encore voilé pour d’autres, mais dont la chaleur lui arrive déjà, à lui, parce qu’il est au foyer de l’univers, et qu’il ne perd pas un seul des rayons de Dieu. […] Mais toutes les religions ont été inet complètes et passagères, et par conséquent Dieu n’a point parlé dans ces révélations ; car la véritable eût été infaillible et éternelle. » D’où M.
Mais l’origine de la poésie, mais le poëme le plus remarquable par l’imagination, celui d’Homère, est d’un temps renommé pour la simplicité des mœurs ; ce n’est ni la vertu ni la dépravation qui servent ou nuisent à la poésie ; mais elle doit beaucoup à la nouveauté de la nature, à l’enfance de la civilisation : la jeunesse du poète ne peut suppléer en tout à celle du genre humain ; il faut que ceux qui écoutent les chants poétiques soient avides de la nature entière, étonnés par ses merveilles, et flexibles à ses impressions ; les difficultés que présenterait une disposition plus philosophique dans les auditeurs, ne feraient pas que l’art des vers atteignit à de nouvelles beautés ; c’est au milieu des hommes qui s’émeuvent aisément, que l’inspiration sert mieux le véritable poète. […] On y trouve encore moins de véritable sensibilité. […] L’amour-propre persiste, le véritable génie est souvent découragé.
Tous quatre doivent être attribués à l’intuition, et cependant le premier est l’énoncé d’une des règles de la logique formelle ; le second est un véritable jugement synthétique a priori, c’est le fondement de l’induction mathématique rigoureuse ; le troisième est un appel à l’imagination ; le quatrième est une définition déguisée. […] Nous avons donc plusieurs sortes d’intuitions ; d’abord, l’appel aux sens et à l’imagination ; ensuite, la généralisation par induction, calquée, pour ainsi dire, sur les procédés des sciences expérimentales ; nous avons enfin l’intuition du nombre pur, celle d’où est sorti le second des axiomes que j’énonçais tout à l’heure et qui peut engendrer le véritable raisonnement mathématique. […] Le logicien décompose pour ainsi dire chaque démonstration en un très grand nombre d’opérations élémentaires ; quand on aura examiné ces opérations les unes après les autres et qu’on aura constaté que chacune d’elles est correcte, croira-t-on avoir compris le véritable sens de la démonstration ?
Il en fit le point d’appui de son action, ou, pour mieux dire, l’un de ses points d’appui ; car il avait un sentiment trop profond de son œuvre véritable pour l’établir uniquement sur des principes aussi fragiles, aussi exposés à recevoir des faits une foudroyante réfutation. […] A côté de l’idée fausse, froide, impossible d’un avènement de parade, il a conçu la réelle cité de Dieu, la « palingénésie » véritable, le Sermon sur la montagne, l’apothéose du faible, l’amour du peuple, le goût du pauvre, la réhabilitation de tout ce qui est humble, vrai et naïf. […] Mais entachées d’un grossier matérialisme, aspirant à l’impossible, c’est-à-dire à fonder l’universel bonheur sur des mesures politiques et économiques, les tentatives « socialistes » de notre temps resteront infécondes, jusqu’à ce qu’elles prennent pour règle le véritable esprit de Jésus, je veux dire l’idéalisme absolu, ce principe que pour posséder la terre il faut y renoncer.
Un régiment est une famille, et le rôle de colonel, conçu dans son véritable esprit, est l’un des plus beaux à remplir. […] C’était là ma véritable souffrance, ou, pour mieux dire, la seule ; car je n’appelle pas de ce nom la faim, le froid et la fatigue. […] Je vous le donne pour un véritable chevalier français, et vous pouvez désormais le regarder comme un vieux colonel. » L’héroïque figure de Ney n’a cessé de remplir et de dominer la relation qu’on vient de parcourir ; c’est par une telle parole de lui qu’il y avait convenance et gloire, en effet, à la couronner.
Or, la suppression d’une pièce de théâtre après la représentation n’est pas seulement un acte monstrueux de censure et d’arbitraire, c’est une véritable confiscation, c’est une propriété violemment dérobée au théâtre et à l’auteur. […] Le sujet véritable du drame, c’est la malédiction de M. de Saint-Vallier. […] À présent que la prétendue immoralité de ce drame est réduite a néant, à présent que tout l’échafaudage des mauvaises et honteuses raisons est la, gisant sous nos pieds, il serait temps de signaler le véritable motif de la mesure, le motif d’antichambre, le motif de cour, le motif secret, le motif qu’on ne dit pas, le motif qu’on n’ose s’avouer à soi-même, le motif qu’on avait si bien caché sous un prétexte.
Les pamphlets de Furetière, en raison de la supériorité du talent de l’auteur, qui en a fait de véritables modèles en ce genre d’écrits, ont naturellement survécu à ceux de ses adversaires. […] Tels sont, en dernière analyse, les véritables termes de la question ; et c’est ainsi que nous aurions voulu la voir présenter dans le discours préliminaire du secrétaire perpétuel de l’Académie française Et maintenant, comment l’auteur d’un travail aussi important, comment cet homme assez érudit, et en même temps assez intelligent, pour concevoir et conduire à fin, seul, une entreprise de cette taille, le premier répertoire complet du langage français ; ce savant qui à la qualité d’érudit intelligent et laborieux réunissait à un haut degré la verve originale du romancier, le goût dans la critique, la vivacité d’esprit du pamphlétaire ; comment cet homme a-t-il pu descendre dans un aussi complet oubli ? […] Cependant, et l’Académie, et lui, ont joué à la bascule, comme les enfants, sans pouvoir convenir d’un équilibre qui leur aurait sauvé, à l’un et à l’autre, tant de mauvaises démarches dont le public se divertit. » 9 Ces deux témoignages, rapprochés de la dernière phrase de la lettre de Bussy, et de l’approbation de Bossuet10, sont la meilleure caution de Furetière et sa véritable oraison funèbre.
Ils me chargèrent tous de répondre que le Saint-Père ne pouvait à aucun prix acquiescer à ce qu’on exigeait de lui, retenu qu’il était par ses devoirs les plus sacrés ; qu’il voyait avec un véritable chagrin le départ de Cacault, la déclaration d’une rupture imméritée et les résultats qui en découleraient ; qu’il remettait sa cause entre les mains de Dieu, et qu’il était prêt à toutes les éventualités que le Ciel lui réservait dans ses décrets. […] « Il en fut saisi jusqu’au point d’éclater en véritable fureur, se voyant les mains liées par une injonction des plus hautaines et qu’il fallait exécuter sur-le-champ. […] « Ce discours du comte de Cobenzel fut accompagné de beaucoup d’autres paroles sortant très réellement de la bouche d’un véritable homme de cour, toutes pleines de politesse et de grâce, ce en quoi il était fort expert. […] Mais pour prêter à cet acte solennel un plus grand poids, pour qu’on ne pût attribuer ce refus à une influence étrangère, mais à la volonté spontanée et propre du Saint-Père lui-même, et pour que ce refus pût amener chez l’Empereur la conviction que l’unique et véritable impossibilité de manquer à ses devoirs sacrés et non des inspirations étrangères empêchaient Pie VII d’accéder à ses désirs, on jugea que c’était le moment de compenser le nom définitif donné aux prétentions impériales, par le bonheur qu’il ressentirait en m’arrachant lui-même du ministère. […] Nous déclarions ensuite qu’il n’y avait jamais eu de complot entre les cardinaux ; que la conduite tenue par nous résultait de nos sentiments propres, manifestés tout au plus dans des entretiens confidentiels ; que l’idée de voir le Pape exclu de cette affaire avait été la véritable cause de notre abstention ; qu’en agissant de la sorte, nous n’avions pas prétendu nous ériger en juges, ni semer dans le public des doutes sur la validité du premier mariage, ou sur la légitimité des enfants qui naîtraient du second ; qu’enfin il nous restait à prier Sa Majesté de bien se convaincre de notre obéissance.
Ariel est un véritable sylphe ; mais les esprits que lui soumet Prospero, fées, lutins, farfadets appartiennent aux superstitions populaires du Nord. […] Comme Shakespeare a suivi de point en point la chronique de Hollinshed, les faits contenus dans cette chronique sont nécessaires à rappeler ; ils ont d’ailleurs en eux-mêmes un intérêt véritable. […] Cette intention de satire se remarque surtout dans le choix des caractères, qu’on pourrait appeler une véritable critique du cœur de l’homme eu général dans toutes les conditions de la vie. […] La première édition est de 1608, et porte ce titre : « Véritable Chronique et Histoire de la Vie et de la Mort du Roi Lear et de ses Trois Filles, par M. […] On conçoit qu’un véritable poëte ait écarté une semblable image.
Votre Majesté était maîtresse de l’empire ; il est inutile d’en parler : la prudence, la circonspection à laquelle on a été accoutumé dans la dernière guerre d’Allemagne (celle d’avant la paix de Riswick), a fait oublier la véritable guerre à plusieurs. […] Si après Kehl on m’avait honoré de quelque élévation (il voulait dire la duché-pairie), on se dit à soi-même : Suivons notre génie et la véritable raison de guerre ; ne soyons pas retenu par des craintes basses ; au pis-aller que me feront ces misérables ? […] Qu’elle ne craigne jamais que mon intérêt particulier ait la moindre part à mes actions : j’ose dire que je suis né véritable et vertueux. » Villars ici se pavoise trop ; il donne évidemment à ce mot de vertu l’acception toute personnelle qui sied à Villars : mais il n’est que dans le vrai lorsqu’après la victoire d’Hochstett, réclamant son congé du roi et se plaignant de n’être plus écouté, souffrant de tant de fautes, et de celles qu’on fait sous ses yeux et de celles qu’on va faire, il lui échappe ce mot qui trouverait si souvent son emploi : « Heureux, Sire, heureux les indolents ! […] Il analyse très bien le fanatisme à ses divers degrés, et distingue le véritable du faux.
Il y a dans cette ardeur spontanée de quelques hommes qui, sans antécédent traditionnel ni motif officiel, par la simple impulsion intérieure de leur nature, abordent l’éternel problème sous sa forme véritable, une ingénuité, une vérité inappréciables aux yeux du psychologue. […] Les applications morales, en effet, détournent presque toujours la science de sa fin véritable. […] Sans doute l’homme produit en un sens tout ce qui sort de sa nature ; il y dépense de son activité, il fournit la force brute qui amène le résultat ; mais la direction ne lui appartient pas ; il fournit la matière ; mais la forme vient d’en haut ; le véritable auteur est cette force vive et vraiment divine que recèlent les facultés humaines, qui n’est ni la convention, ni le calcul, qui produit son effet d’elle-même et par sa propre tension. […] Le véritable optimisme ne se conçoit qu’à cette condition.
Quoi qu’il en soit, la véritable vocation de madame Gros fut dès lors trouvée. […] « L’enfant de feu », comme l’appelle madame Gros, était dans l’école un véritable fléau, par l’abus qu’il faisait de sa force sur ses camarades. […] M. l’abbé Carton a trouvé moyen, dans cette triste zone de la banlieue parisienne, de créer un véritable paradis, un asile propre, bien bâti, presque gai, où cinquante vieillards des deux sexes sont logés, chauffés, blanchis, habillés et nourris. […] Votre récompense fera mieux que de justifier la prophétie du médecin qui la rencontre tricotant sur sa mule ; elle confirmera le suffrage de l’opinion publique qui, dans le pays, entoure Emmeline d’une véritable auréole de respect.
Le véritable art du mensonge est de bien ressembler à la vérité. » Il est une conversation dans Clélie, où l’on discute cette question, De la manière d’inventer une fable et de composer des romans. […] D’abord, on n’avait alors aucune idée véritable du génie des divers temps et de la profonde différence des mœurs dans l’histoire. […] Mais si quelque chose me prouve que Pellisson, malgré son élégance et sa pureté de diction, ne fut jamais un attique véritable et qu’il ignora toujours les vraies grâces, c’est précisément son goût déclaré pour une telle idole. […] Un écrivain d’un mérite médiocre, mais qui a recueilli quelques traditions et informations assez justes sur les personnages du Grand Siècle, l’abbé Lambert, avait dit (Histoire littéraire du règne de Louis XIV), en parlant de la vogue prodigieuse qu’eurent en leur temps ces romans de Mlle de Scudéry et pour l’expliquer : Il est vrai que ces romans, si toutefois on peut les appeler de ce nom, ne doivent être regardés que comme des espèces de poèmes épiques et des histoires véritables sous des noms cachés.
Il faut que M. de La Harpe ait un secret particulier pour se faire plus d’ennemis qu’un autre. » En tête de sa seconde tragédie, Timoléon, lorsqu’il l’imprima, La Harpe se crut obligé de mettre une justification expresse sur les couplets de collège qui lui étaient imputés à crime, et il ajouta quelques réflexions sensées qui nous peignent très bien le moment où il parut : La mode dominante, disait-il, est aujourd’hui d’avoir de l’esprit… Tandis qu’un petit nombre d’écrivains illustres honore et éclaire la nation, un bien plus grand nombre d’écrivains obscurs, possédés de la manie d’être littérateurs, sans titres et sans études, ont fait une espèce de ligue pour se venger du public qui les oublie, et des véritables gens de lettres qui ne les connaissent pas. […] La Harpe n’eut pas dans le goût la fermeté et la force de sentir cela, ni de se retrancher net ses prétentions contestables, pour se tenir à sa seule et véritable vocation. […] La galerie ne rirait plus comme autrefois, et l’homme de lettres, en cessant d’être une espèce à part, a gagné en égalité véritable. […] La Harpe suppose que quelqu’un lui demande si cette prédiction est véritable, si tout ce qu’il vient de raconter est bien vrai.
La poésie n’est point, pour les Français, une production originale : qu’elle s’exprime en prose ou en vers, c’est toujours une traduction plus ou moins parfaite, mais une traduction seulement de la poésie ancienne, qui est la véritable poésie. […] Si Boileau se fût élevé à cette haute considération, il aurait connu les ressources de l’épopée chrétienne ; son esprit réservé et sévère n’aurait pas été effrayé d’une profanation qui était impossible pour le véritable poète ; et il n’aurait pas continué à perpétuer parmi nous le règne caduc des divinités de la Grèce. […] La poésie entre dans le domaine de l’histoire, où bientôt elle se trouve étrangère ; et, méconnaissant ses véritables attributions, elle veut créer, usurpation dont elle est punie à l’instant même par le discrédit le plus complet. […] Pour nous l’erreur était bien facile, parce que les véritables sujets tragiques des anciens, transportés sur nos théâtres, ne pouvaient être que des sujets d’imagination.
Voilà en quoi consiste la question véritable, ou plutôt il n’y a pas là de question, En effet, pour qu’une résurrection si miraculeuse de l’auteur original fût possible, il faudrait entre son traducteur et lui non-seulement une égalité, mais une identité de talent ; et, quand on l’obtiendrait par une sorte de métempsycose, le peu d’analogie qu’il y a du traduire au produire, surtout le peu de ressemblance Ses idiomes, suffirait encore pour empêcher fréquemment le succès. […] Mais certes, ils ne sauraient nous reprocher d’avoir longuement fixé leur attention sur un de ces hommes si rares de nos jours, purs d’ambition et d’intrigues, voués pour la vie à la science et à l’enseignement, participant de cœur et d’âme aux progrès, aux vœux d’une jeunesse qu’ils ont formée et qui les révère, et s’étonnant ensuite avec une véritable candeur quand la réputation qu’ils méritent vient couronner leurs solides et précieux travaux.
Mais si l’on veut trouver le sentiment chrétien avec ses espérances, ses besoins, ses angoisses intimes, tel qu’il agite et ronge en ce moment bien des âmes, c’est à d’autres pièces qu’il faut s’adresser, véritables méditations de métaphysique religieuse, où le poète, seul avec lui-même, cherche, interroge, doute, passe de la défaillance à l’espoir, et le plus souvent, dès qu’il a entrevu la lueur, se prosterne au lieu de conclure. […] Ces mêmes anxiétés se retrouvent avec plus d’énergie et de profondeur encore dans le poème intitulé : Novissima Verba, ou Mon âme est triste jusqu’à la mort ; c’est une véritable agonie au jardin des Olives ; agonie longue, traînante, dont les assauts n’ont pas de fin.
La bonté recueille aussi toutes les véritables jouissances du sentiment ; mais elle diffère de lui par cet éminent caractère où se retrouve toujours le secret du bonheur ou du malheur de l’homme ; elle ne veut, elle n’attend rien des autres, et place sa félicité tout entière dans ce qu’elle éprouve. […] Toutes les véritables vertus dérivent de la bonté, et si l’on voulait faire un jour l’arbre de la morale, comme il en existe un des sciences, c’est à ce devoir, à ce sentiment, dans son acception la plus étendue, que remonterait tout ce qui inspire de l’admiration ou de l’estime.
Chose difficile sans doute, mais moins peut-être qu’une distribution graduée qui éclairerait la scène d’une manière diffuse et large, et où la quantité de lumière serait accordée à chaque point de la toile, eu égard à sa véritable exposition et à sa véritable distance du corps lumineux : quantité que les objets environnants font varier en cent manières diverses, plus ou moins sensibles, selon les pertes et les emprunts qu’ils occasionnent.
Ce qui fait l’importance de cette conception, c’est qu’elle seule permet d’assigner à la science sa véritable place. […] Une philosophie autonome, où le sujet s’exprime le plus adéquatement possible, sera la science véritable.
L’intelligence du xixe siècle n’a rien montré de si inintelligent, de si peu digne d’elle que cette admiration irraisonnée, aveugle, folle pour certains écrivains, si ce n’est la haine, l’indifférence ou le mépris qu’elle a témoigné au génie véritable. […] Pour beaucoup de gens qui n’étaient pas tout à fait des imbéciles, la véritable raison de la défaite, c’était l’infériorité des officiers français en géographie ! […] La vérité c’est que Flaubert s’est fait du style l’idée la plus puérile et la plus insensée, c’est qu’il ignore le véritable génie de la langue, ses sens délicats et souples, enfin cet art des valeurs qui seul indique le grand écrivain, et qu’il méprise avec la plupart des autres modernes, avec le Parnasse, avec les romantiques. […] Wagner le déchire à chaque instant par la force même de son génie ; c’est à peine si Parsifal, œuvre de vieillesse, est un chant de douleur, mais comme il y a plus de joie véritable dans l’œuvre de Wagner, dans les Maîtres Chanteurs, dans Siegfried, même dans Tristan et Tannhäuser, que dans les pages les plus riantes de Nietzsche ! […] C’est sans doute pour ces mauvais lecteurs que Nietzsche avait écrit cette page : « Une culture supérieure ne peut vraiment naître que là où la société forme deux classes distinctes : celle des travailleurs et celle des oisifs, capables d’un véritable loisir ; ou, pour mieux dire, la classe du travail forcé et la classe du travail libre.
Maintenant, si je raisonnais sur un personnage distant, réduit par la distance à l’état de nain, comme sur un nain véritable, c’est-à-dire comme sur un être qui serait nain et se comporterait en nain là où il est, j’aboutirais à des paradoxes ou à des contradictions : en tant que nain, il est « fantasmatique », la diminution de sa taille n’étant que la notation de sa distance. […] Mais alors, entre S réel et S′ réel, quel est le véritable rapport ? […] On oublie que ce système était celui du physicien réel, que les autres sont seulement ceux de physiciens imaginés, qu’on avait cherché un mode de représentation convenant en même temps à ceux-ci et à celui-là, et que l’expression équation avait précisément été le résultat de cette recherche : on commettrait donc une véritable pétition de principe en s’autorisant de cette expression commune pour mettre tous les systèmes au même rang et pour déclarer que tous leurs Temps se valent, puisqu’on n’avait obtenu cette communauté d’expression qu’en négligeant la différence entre le Temps de l’un d’eux — seul Temps constaté ou constatable, seul Temps réel — et les Temps de tous les autres, simplement imaginés et fictifs. […] Nous aurons ainsi un véritable champ de gravitation, en ce sens qu’un observateur placé sur le disque constatera tous les effets d’une force le repoussant du centre ou, comme il dira peut-être, l’attirant vers la périphérie. […] Tant que notre physicien le laisse en mouvement, tant qu’il en fait simplement, représentés dans sa pensée à lui, des systèmes de référence éventuels, le seul véritable système de référence est le système S″ où il est placé lui-même, d’où il mesure effectivement le Temps, et d’où il se représente alors en mouvement ces systèmes qui ne sont que virtuellement référants.
Il a localisé les phénomènes de la vie dans les tissus ; mais il n’est pas entré dans la voie de leur véritable explication. […] Ce sont les véritables phénomènes de mort quand ils s’appliquent à l’être organisé. […] Il survient alors une véritable fièvre. […] Le rôle véritable de l’oxygène est inconnu, avons-nous dit plus haut. […] L’une consiste à considérer le nucléole comme une masse protoplasmique pleine, véritable germe de la cellule.
C’est une véritable impropriété de langage que de l’appeler ainsi. […] Cette généralisation réussit à faire oublier ou mépriser l’objet déterminé et réel, mais ne lui substitue pas un objet de véritable affection ni d’admiration véritable. […] C’est la loi du bien, qui leur dit à l’un comme à l’autre : « Unissez-vous et entendez-vous pour m’accomplir. » Dans ces conditions, il y a véritable séparation et véritable concert. […] Le véritable artiste n’imite pas, ne travaille pas par procédés. […] Ils dérivent de la psychologie ou plutôt ils sont tout psychologiques en eux-mêmes ; et ils arrivent à leurs fins véritables dans la morale.
On croit de plus, qu’il n’a composé son histoire véritable, que dans le dessein de tourner en ridicule toutes les absurditez d’Homere. […] La bonne vûë consiste à appercevoir la grandeur réelle des objets, et les véritables raports qu’ils ont entr’eux. […] Je ne prétens que m’instruire moi-même, et donner occasion aux lecteurs désintéressez d’interroger leur propre raison qui doit être leur véritable maître. […] C’est ce dessein, qui, pour ainsi dire, donne la loi à l’imitation ; c’est lui qui lui prescrit ses véritables bornes, et qui la rend bonne ou mauvaise, selon qu’elle le sert, ou qu’elle le dément. […] Non, la fécondité judicieuse, la véritable adresse auroit été de rassembler toutes ces circonstances dans un seul objet de comparaison.
Les conducteurs nerveux représentent de véritables fils électriques organiques ; ils sont constitués par un tube rempli d’une substance appelée moelle nerveuse, destinée à protéger un filament central. […] De là résulte un véritable circulus ou tourbillon rénovateur du corps dont la rapidité mesure l’intensité de la vie. […] Le seul point que nous tenions à rappeler, c’est que le cœur est une véritable machine vivante, qui fonctionne comme une pompe foulante dans laquelle le piston est remplacé par la contraction musculaire. […] Donc le médecin expérimente dès qu’il donne un remède actif, car c’est une véritable expérience qu’il fait en essayant d’apporter une modification quelconque dans les symptômes de la maladie. […] C’est pourquoi aujourd’hui tous les efforts de la science sont dirigés vers l’étude histologique de ces infiniment petits qui recèlent le véritable secret de la vie.
Pour nous en tenir à Genève toutefois, le plus considérable des trois petits États, et sous le nom duquel, dans nos à-peu-près d’ici, nous nous obstinons à confondre tous les autres, la difficulté, ce semble, est moindre ; véritable lieu de rendez-vous et de passage européen, il y a là naturellement théâtre à célébrité. […] C’est que ces quatre premiers livres, à propos de lavis, sont en effet d’une lecture charmante, à la Sterne, avec plus de bonhomie, entrecoupés de digressions perpétuelles qui sont l’objet véritable et qui font encore moins théorie que tableau. […] Mais le véritable chef-d’œuvre de M. […] Quoi qu’il en soit, voilà une idylle véritable, née du pays, fille du Salève, et digne de se placer modestement à la suite de toutes celles qui ont fleuri, depuis Nausicaa, la première de toutes et la plus divine, jusqu’à Hermann et Dorothée. […] La plupart des hommes célèbres en France, s’ils n’y prennent garde, meurent au moral, dans un véritable état de dilapidation, j’allais dire pis.
Tu vins, tu fis parler le véritable amour… Ainsi Ginguené dit presque de Parny, comme on a dit de Malherbe, qu’il fit évènement ; et encore : Le bel esprit n’est plus ; son empire est fini : Qui donc l’a détrôné ? […] Cette dame vint s’établir à Saint-Denis ; elle eut pour sa fille adoptive des soins vraiment maternels, et se conduisit toujours de manière à passer aux yeux de tous pour la véritable mère. « J’ai particulièrement connu, nous écrivait un de nos amis créoles, la personne qu’on dit être la fille de Parny : déjà d’un certain âge quand je la vis, elle a dû être fort jolie, sinon belle ; de taille moyenne, blonde avec des yeux bleus, elle passe pour avoir eu quelque ressemblance avec Éléonore, dans la mémoire, peut-être complaisante, de quelques anciens du pays. […] Dans une lettre touchante de Français de (Nantes), que j’ai sous les yeux, cet homme excellent, ce bienfaiteur véritable des dernières années de Parny, l’appelle ingénument le premier poëte classique du siècle de Louis XVI. […] Après cela, nous ne ferons aucune difficulté de reconnaître qu’il développe en cette carrière nouvelle plusieurs des qualités épiques, un art véritable de composition, des agréments de conteur, et qu’il y rencontre, dans le genre gracieux, bien des peintures fines et molles, telles qu’on peut les attendre de lui : l’épisode de Thaïs et Elinin a mérité d’être extrait du poëme dont il fait partie et de trouver place dans les Œuvres choisies, où, ainsi détaché, il peut paraître comme un malicieux fabliau. […] L’esprit qui pense et juge sainement, Qui parle peu, mais toujours clairement Et sans enflure, est l’esprit véritable.
César Borgia, sans bornes dans son ambition, sans scrupule dans ses actes, est le véritable héros du moyen âge. […] Son véritable crime ne fut pas d’avoir préféré le mal au bien dans ce commentaire sur les entreprises des princes : son crime fut son indifférence apparente, sa neutralité extérieurement impassible entre le crime et la vertu. […] C’est lui qui est le véritable traducteur des événements et qui les interprète en homme d’État ; il en extrait le suc pour en nourrir substantiellement ses amis des jardins Ruccellai, destinés à gouverner après lui la république ou la monarchie, l’aristocratie ou la démocratie de Florence. […] Rousseau « que Machiavel, dont on a fait le bouc émissaire de la politique, n’avait pas été compris dans le véritable esprit de ses œuvres ; que le Prince, au lieu d’être le livre des tyrans qu’il rend odieux, était en réalité le livre des républicains ; que Machiavel était un honnête homme et un bon citoyen, mais obligé de masquer sous les Médicis son amour de la liberté ». […] Voilà le véritable caractère du livre du Prince, et voilà aussi son excuse.
Et ce n’est pas encore assez : pour constituer la liberté véritable, il faut que ce soit la lumière même qui agisse, il faut que ce soit le moi conscient et réfléchi. […] Mais c’est par un véritable paralogisme qu’on donne le nom de choix à l’absence même de choix, c’est-à-dire au hasard, lequel se résout lui-même en déterminisme mécanique. […] On réplique encore que la prévision consiste, en astronomie, à laisser précisément la durée véritable hors du calcul, pour se borner à déterminer une série de rapports de position, de simultanéités ou coïncidences, une série de relations numériques, tandis que la prévision psychologique porte sur les intervalles mêmes, non sur les extrémités, sur la durée réelle et non sur les limites dans lesquelles on l’enferme artificiellement. […] Cette idée du temps nous semble mythique ; fût-elle réalisée, elle ne constituerait pas pour cela une véritable liberté, mais une sorte de hasard vivant. […] C’est donc par un véritable paradoxe que l’école de Lotze identifie le libre avec le nouveau, avec le changeant, avec l’hétérogène.
Ces harangues, sans avoir tout l’appareil oratoire des plaidoyers de Ciceron, sont autant de morceaux d’éloquence, où respire, sous des traits mâles, le véritable génie de Rome. […] Sa manie pour les antithèses, pour les pointes, pour les brillans, étoit extrême, & on croit en lisant ses ouvrages, lire un recueil d’épigrammes ; ce qui produit une monotonie fatigante : avec beaucoup d’esprit, il n’avoit nul goût, nulle idée de la véritable éloquence. […] Mais un véritable Ange de lumiere lui apparut, & lui dit le mot du logogryphe. […] On ne peut nier, que ce recueil ne renferme beaucoup d’instructions utiles ; mais on a prétendu qu’il étoit plus propre à favoriser la négligence des jeunes Prédicateurs qu’à les former à la véritable éloquence. […] Il y a plus de choix dans le Dictionnaire apostolique, moins de choses inutiles, & plus de traits d’une véritable éloquence.
Son goût pour Vauvenargues était devenu, en effet, une véritable amitié et du dévouement à sa mémoire. […] Il en est résulté l’édition que nous annonçons en ce moment, et qui est un véritable enrichissement de la littérature française. […] Gilbert a rassemblé à ce propos différents passages de ses maximes et de ses caractères, qui se rapportent évidemment à cette situation personnelle ; on le soupçonnait auparavant, on en est sûr désormais : et par exemple dans ce portrait de Clazomène qui est tout lui : « Quand la fortune a paru se lasser de le poursuivre, quand l’espérance trop lente commençait à flatter sa peine, la mort s’est offerte à sa vue ; elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache. » L’amitié si tendre, si familière, que nous voyons établie entre Vauvenargues et Saint-Vincens nous permet de nous figurer en la personne de ce dernier un de ces amis dont La Fontaine avait vu des exemples autre part encore qu’au Monomotapa : Qu’un ami véritable est une douce chose !
Le roi Auguste tira un ducat de sa poche et lui dit ; « Si vous aviez ce ducat, vous le garderiez, et moi, je le donne ; il me revient cinq ou six cents fois dans ma poche. » Mais le véritable intérêt des mémoires du duc de Luynes est moins dans les histoires d’autrefois, qui en relèvent de temps en temps l’apparente monotonie, que dans ces faits mêmes du jour, minutieusement enregistrés, et à travers lesquels il faut savoir lire. […] La mort subite de Mme de Vintimille à Versailles, à la suite de sa première couche, vient tout confondre et porter un coup bien rude au cœur de Mme de Mailly comme à sa fortune ; et quand une autre sœur (car on ne sort point d’abord de cette famille de Nesle) se présente pour disputer l’héritage de Mme de Vintimille, cette fois c’est une rivale qui s’annonce, une ambitieuse véritable, non plus une femme à rien partager : Mme de La Tournelle, la future duchesse de Châteauroux, veut et impose des conditions éclatantes, qui vont mettre fin au règne traînant de son aînée. […] Par Mme de La Tournelle, la politique va s’introduire décidément dans l’alcôve ; il y a un dessein arrêté : elle prétend faire de son royal amant un monarque véritable et, s’il se peut, un héros.
Un homme de son temps, au contraire, un habile que la nature avait doué d’une rare faculté philologique comme elle avait doué Malebranche d’un génie métaphysique éminent, avait entrepris cet examen puisé aux sources et avait fondé la véritable critique des Écritures en l’appuyant sur la connaissance de l’hébreu, des langues orientales prochaines qui en sont comme autant de branches, et sur la familiarité avec les anciens commentateurs juifs les plus compétents. […] Il entre dans l’esprit de ce ministère des prophètes, et l’on sent qu’il était digne d’en être un lui-même par le souffle de l’inspiration et par l’ardeur ; il définit en larges traits cette espèce d’école et de communauté de voyants, véritable institution monastique et cénobitique, qui maintenait à grand-peine et à grand renfort de menaces la pureté de la foi parmi les tribus fidèles. […] Il est vrai qu’à la fin la plupart attendent un Messie sous une tout autre forme que la véritable, et qu’ils ne le conçoivent que sous la figure d’un guerrier, d’un roi-pontife à la manière des Macchabées, et d’un libérateur terrestre.
Les grandes qualités d’un homme qui n’a pas la même religion politique que vous, ne peuvent être comptées par ses adversaires ; les torts, les crimes mêmes de ceux qui partagent votre opinion ne vous détachent pas d’eux ; le grand caractère de la véritable passion est d’anéantir tout ce qui n’est pas elle, et une idée dominante absorbe toutes les autres. […] L’esprit humain ne peut avoir son développement, ne peut faire de véritables progrès, qu’en arrivant à l’impartialité la plus absolue, en effaçant au-dedans de soi la trace de toutes les habitudes, de tous les préjugés, et se faisant, comme Descartes, une méthode indépendante de toutes les routes déjà tracées. […] Il faut de l’esprit de parti pour lutter efficacement contre un autre esprit de parti contraire, et tout ce que la raison trouve absurde est précisément ce qui doit réussir contre un ennemi qui prendra aussi des mesures absurdes : ce qui est au dernier terme de l’exagération, transporte sur le terrain où il faut combattre, et donne des armes égales à celles de ses adversaires ; mais ce n’est point par calcul que l’esprit de parti prend ainsi des moyens extrêmes, et leur succès n’est point une preuve des lumières de ceux qui les emploient ; il faut que les chefs, comme les soldats, marchent en aveugles pour arriver ; et celui qui raisonnerait l’extravagance, n’aurait jamais à cet égard l’avantage d’un véritable fou.
Les premiers navigateurs qui découvrirent l’Amérique étaient loin de soupçonner les formes exactes et les relations véritables des parties de ce nouveau monde. […] L’Apologie de Naudé pour les grands hommes faussement soupçonnés de magie ne nous apprend pas grand-chose et cependant put de son temps exercer une véritable influence. […] Sur cent inscriptions, une ou deux peut-être offrent un véritable intérêt.
« Nous devenons presque toujours le dernier refuge et la véritable demeure des mystères que nous voulons anéantir. » Tout « ce qu’on enlève aux cieux se retrouve dans le cœur de l’homme ». […] Maeterlinck mérite peut-être qu’on parodie à son occasion le mot magnifique de Cicéron sur Socrate et qu’on dise, en souriant à peine : « Il a fait remonter de l’enfer sur la terre la philosophie de l’Inconscient. » [Remy de Gourmont] Notre temps adore les fantômes et n’aperçoit même pas les véritables puissances. […] Au contraire, une véritable intelligence analytique est déplaisante, puisqu’elle est un outil de destruction.
Simple particulier, perdu dans la foule où je me suis fait une véritable solitude, je ne puis, pour justifier mes raisonnements et mes assertions, m’entourer du cortège imposant des faits et des témoignages. […] Maintenant que des siècles nous séparent, en quelque sorte, de ces circonstances malheureuses, comparez Louis XVI à Bonaparte, et vous verrez que ce fut Louis XVI qui eut les véritables insignes du législateur. […] Maintenant, éclairés par des expériences de plus d’un genre, et rendus à notre véritable existence sociale, convenons qu’il n’y a qu’un moyen de réunir tous les partis ; c’est de sentir les raisons de tous, de condescendre à toutes les opinions, de ne point s’attaquer mutuellement avec les armes toujours inconvenantes de l’ironie ou du sarcasme, de se mettre à la place de tous les intérêts.
Il n’y a pas longtemps encore, la librairie était un véritable jeu. […] Balzac fut un véritable industriel, qui fabriqua des livres pour faire honneur à sa signature. […] Où est la véritable dignité ? […] Mais en quoi cela gêne-t-il les véritables écrivains ? […] On le classera un jour, mais il n’en est pas moins un livre à part, une véritable créature.
Villemain et de la mienne, de véritables tribunes. […] C’est avec la civilisation moderne que l’histoire est sortie de la chronique et qu’elle est arrivée à sa véritable forme. […] L’intuition de la vérité est une suggestion bienfaisante de la nature, une véritable inspiration. […] Aussi l’ordre qui partout se montre dans l’ouvrage de Brucker laisse trop souvent subsister une confusion véritable masquée par l’appareil géométrique du wolfianisme, par des classifications, des divisions et des subdivisions qui simulent un plan, mais qui ne contiennent pas le plan véritable. […] Sous ce rapport, le Traité des Sensations est un véritable monument historique.
La source véritable de toute poésie, c’est l’âme humaine. […] La lecture d’un roman peut déterminer en nous de véritables hallucinations. […] Quand il vous en apporte, les accueillerez-vous avec défiance, comme un élément étranger à la véritable poésie ? […] Parfois cet état se prolonge longtemps, c’est une véritable angoisse, jusqu’à ce qu’enfin l’idée féconde se présente d’elle-même. […] Le véritable progrès, ce serait de trouver d’autres rythmes, et si possible des rythmes plus beaux.
Lorsqu’un mouvement poétique véritable, dû à des causes générales, lorsqu’un vrai printemps poétique nouveau se prépare dans une société, il s’annonce à l’avance par bien des signes ; il y a de jolis matins de février. […] Ce ciel, qui participe de l’Olympe par ses jardins lumineux, et des enfers antiques par ses champs d’asphodèle, n’est pas le vrai ciel du spiritualiste ni du chrétien ; il ne contient aucune véritable espérance, aucun motif de consolation, et la pièce À Daphné, conçue avec assez de fierté, développée avec assez de talent, manque pourtant de décision ; elle demeure comme suspendue entre André Chénier et Lamartine.