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1691. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Attaché ensuite à l’état-major comme adjoint aux adjudants généraux, il servit trois ans à l’armée du Rhin, sous Schérer et Desaix. […] En avant, une espèce de kiosque servait de corps de garde aux Autrichiens.

1692. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Mallet était déjà dans ces dispositions très peu espérantes quand il publia à Hambourg, en 1796, quelques mois après les événements du 13 Vendémiaire, sa brochure intitulée Correspondance politique pour servir à l’histoire du républicanisme français. […] Il ne reste d’autre bien que l’indépendance, il faut s’en servir à se soulager. » Je n’analyserai pas l’avant-propos et l’introduction, qui mériteraient d’être lus en entier.

1693. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

D’Urfé, comme presque tous les romanciers, avait mis dans son roman les personnages de sa connaissance : il s’y était mis lui-même et les aventures de sa jeunesse ; mais tout cela était combiné, déguisé et (le mot est de Patru) romancé de telle sorte, que lui seul pouvait servir de guide dans ce labyrinthe. […] Son ami, le célèbre traducteur Perrot d’Ablancourt, avec qui il menait jeunesse, le servit fort en cette intrigue, et il l’aidait à écarter, sans trop de peine, le mari plus incommode que jaloux.

1694. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Gourville raconte l’état de désordre où était dans ce temps (1657) l’administration des finances ; la place était remplie de billets décriés qui provenaient de la banqueroute qu’avait faite quelques armées auparavant le maréchal de La Meilleraye (alors surintendant) ; on achetait ces anciens billets pour rien, et, en faisant des affaires avec le roi, on obtenait de Fouquet, comme condition, qu’il réassignât ces billets pour les sommes entières : « Cela fit beaucoup de personnes extrêmement riches, dit Gourville ; cependant, parmi ce grand désordre, le roi ne manquait point d’argent, et, ayant tous ces exemples devant moi, j’en profitai beaucoup. » Le roi ne manquait point d’argent, là est un point essentiel dont Pellisson s’est ensuite servi très habilement dans les Défenses qu’il a données de Fouquet. […] Servir le public est, après tout, pour eux, le parti le plus sûr, et, en définitive, c’est le plus noble aussi.

1695. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il le range, pour son Contrat social, dans ce qu’il appelle la secte des politiques, gens inutiles et dangereux qui, au lieu de s’appliquer à faire aller la société et à la servir, ont la manie de la décomposer pour en rechercher les raisons et les causes, comme si elle n’était pas chose naturelle et conforme à la nature humaine. […] Les esprits comme Portalis servent du moins, quand le pas est fait qu’ils n’auraient pas voulu, à rejoindre et à renouer la chaîne.

1696. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

L’Histoire de la civilisation en France, avec l’Histoire générale de la civilisation en Europe, qui y sert d’introduction, appartient aux trois dernières années de son cours (1827-1830), et l’Histoire des origines du gouvernement représentatif en France remonte aux années 1820-1822. […] Il y en a assez d’excellents pour servir de clous d’or à ce fragment de pourpre, si heureusement drapé.

1697. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Parlant de l’expédition projetée par son frère le duc d’Alençon en Flandre, elle le montre, en termes d’une énergique beauté, représentant au roi : Que c’était l’honneur et l’accroissement de la France ; que ce serait une invention pour empêcher la guerre civile, tous les esprits remuants et désireux de nouveauté ayant moyen d’aller en Flandre passer leur fumée et se saouler de la guerre ; que cette entreprise servirait aussi, comme le Piémont, d’école à la noblesse de France pour s’exercer aux armes, et y faire revivre des Montluc et Brissac, des Terme et des Bellegarde, tels que ces grands maréchaux, qui, s’étant façonnés aux guerres du Piémont, avaient depuis si glorieusement et heureusement servi leur roi et leur patrie.

1698. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Bientôt les événements politiques, en venant le frapper, le servirent encore ; ils lui ouvrirent une carrière toute nouvelle, aussi utile et plus sûre, celle de l’opposition dite des quinze ans. […] Je n’entrerai pas dans l’examen détaillé de son mérite comme publiciste et écrivain politique : ses lettres écrites dans La Minerve nous le montrent à son avantage, élégant, d’une élégance assez commune et monotone, fin, facile, adroit à trouver les prétextes d’opposition et les thèmes chers au public français ; il n’oubliait de caresser aucun lieu commun national, toutes les fois que cela servait à ses fins ; il savait le joint de chaque préjugé pour y entrer à la rencontre.

1699. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

c’était plutôt y répondre et la servir. […] Un jour, Louis XIV, apostrophant le maréchal de Vivonne, lui demandait à quoi servait la lecture : « Sire, répondit Vivonne, la lecture fait à l’esprit ce que vos perdrix font à mes joues. » Vivonne les avait rebondies et vermeilles, et il tenait peut-être une perdrix à ce moment.

1700. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Chapitre V Le génie et la folie Quelque obscur que soit par lui-même le phénomène de la folie, quelques médecins ont cru que ce fait pouvait servir à nous faire comprendre un autre état d’esprit non moins obscur et non moins étonnant, à savoir le génie. […] Ce sont des cendres dispersées dans l’ample sein de la nature et qui ont servi sans doute déjà à mille combinaisons différentes.

1701. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« Les institutions communales, disait-il, sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science : elles la mettent à la portée du peuple, elles lui en font goûter l’usage paisible et l’habituent à s’en servir. » Il conseillait donc de reprendre les choses par la base et d’assurer le sous-sol, au lieu de construire des édifices magnifiques qui tombent par terre l’un après l’autre avec fracas après les plus belles promesses. […] Le double avertissement du socialisme et du césarisme a été décisif et a pu servir de démonstration pratique à la thèse de M. de Tocqueville.

1702. (1912) Le vers libre pp. 5-41

On sait aussi qu’après avoir trop servi les formes demeurent comme effacées ; leur effet primitif est perdu, et les écrivains capables de les renouveler considèrent comme inutile de se soumettre à des règles dont ils savent l’origine empirique et les débilités. […] D’autres encore viendront qui apporteront, qui doivent apporter du neuf, qui doivent servir la cause de la liberté esthétique, et nous les attendons, et certes je ne serai pas le dernier à m’en réjouir !

1703. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Nous ne nous livrerons point, sur ce sujet, à un examen étendu et approfondi ; nous tâcherons seulement de faire sentir ce que produirait cette partie de la discussion, si nous pouvions l’embrasser tout entière ; mais le peu que j’en dirai servira du moins à compléter le tableau de cette lutte des idées anciennes contre les idées nouvelles, et à me faire ainsi mieux comprendre. […] Plus d’une fois, sans doute et surtout en dernier lieu, on a voulu dénaturer cet esprit militaire, en le faisant servir à la conquête ; mais il sera toujours l’amour de la gloire acquise par le danger, car le Français ne se laisse pas conduire seulement par le sentiment du devoir, trop sec et trop métaphysique pour lui ; enfin cet esprit militaire est protecteur avant tout ; il doit donc toujours tendre à redevenir de la chevalerie.

1704. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il serait étrange, en effet, que les hommes les plus forts dans le maniement d’une langue, et qui ont acquis l’habitude de la faire obéir et de la ployer à tous les rhythmes de la plus capricieuse tyrannie, ne pussent pas s’en servir dans des conditions bien moins difficiles. […] Tous, ou presque tous, ont commencé à aiguiser sur cette pierre vive de la poésie l’instrument dont ils devaient se servir puissamment plus tard dans la prose.

1705. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

On voyait qu’il ne poursuivait que le vrai, qu’il y employait toute sa force, qu’il n’en dépensait rien pour des intérêts étrangers, qu’il ne songeait ni à briller ni à plaire, qu’il était penseur et non orateur, qu’il se servait de la parole par occasion et non par amour de la parole. […] La philosophie est toujours la fille de la religion, fille indisciplinée, qui parfois bat sa mère, mais qui finit par la servir.

1706. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

C’est quelque chose ; j’apprends à me défier de cette phrase, et je sais désormais qu’il faut s’en servir peu ou point. […] Ainsi croissent les sciences physiques, ouvrage de l’analyse servie par les transformations des objets observés et par l’invention des instruments observateurs.

1707. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Le moignon de l’aptéryx est une aile encore plus dégradée qui ne lui sert de rien. […] Les os de l’épaule et l’hyoïde, qui soutiennent les membres antérieurs de l’homme et son larynx, sont remontés dans la tête chez les poissons et servent à la respiration.

1708. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Mais tout sert ici-bas à quelque chose de consolant ; tout marche impitoyablement vers un but moral et défini. […] Mais j’imagine qu’il ambitionne surtout, en ce moment, les jouissances délicates et sereines que l’art procure à ceux qui le servent. […] Nous déifions, cela est certain… Mais sur l’autel même où nous érigeons l’image du dieu, nous servons des bocks aux fidèles. […] Édouard Noël, par qui la littérature est servie, et qui est un si fâcheux empêchement à l’évolution de l’art nouveau ? […] Et, d’ailleurs, à quoi cela sert-il ?

1709. (1900) La culture des idées

Mais comme sa généalogie est connue, comme on l’a vu naître et mourir, il peut servir d’exemple et faire comprendre assez bien ce que c’est qu’une grande vérité historique. […] Il en est d’ailleurs de l’idée pure de liberté comme de l’idée pure de justice ; elle ne peut nous servir à rien dans l’ordinaire de la vie. […] Huysmans ; elle est curieuse et peut servir de prétexte à quelques réflexions. […] Le Mont Cassin jadis fréquenté par Apollon Python sert maintenant de retraite à S. […] Si un inconnu vous confie pour le lire un manuscrit où rôde quelque idée, prenez-la en note, mais ne vous en servez que le jour où vous serez assez fort pour braver toute réclamation.

1710. (1888) Portraits de maîtres

« Rendez l’homme respectable à l’homme », cette grande maxime de Condorcet pourrait servir de devise à l’œuvre entière de George Sand. […] L’âme de la chanson, c’est le refrain qui sert à la fois de pause et de reprise d’élan. […] Incrédules ou croyants, positivistes ou métaphysiciens, orthodoxes ou libres-penseurs, seuls les hommes convaincus et loyaux sont dignes de servir d’exemple. […] M. de Laprade dans sa modeste fierté n’a jamais du reste rêvé de gloire plus haute et de triomphe plus radieux servir la patrie par son talent de poète. […] Cette formule pourrait aussi bien servir de devise à l’œuvre qu’à la vie d’un tel fils.

1711. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il la servit de tout son cœur, avec une fidélité fervente et qui n’eut jamais de relâche. […] Mlle Annette vit « comme si elle n’existait que pour servir au bonheur du prochain ». […] Le résultat concret fut quelques dettes ; et, ensuite, la vente de ses beaux livres servit à ces payements. […] Cela résiste ; l’assiégeant s’obstine : ses efforts ne servent qu’à lui « mieux faire connaître la difficulté ». […] Et aucune cause ne réclamait d’être servie par de plus extraordinaires fidèles.

1712. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Et à quoi sert cette scène, et que rapporta-t-elle avec le caractère du grand séducteur des femmes ? […] Sarcey trouva qu’elle aurait pu, à certains moments, nous faire mieux sentir qu’Andromaque a parfaitement conscience du pouvoir de ses yeux, et qu’elle entend s’en servir, en tout bien tout honneur. […] Mais Lydia, ayant cru aux belles paroles de Beppo et s’étant mise à l’aimer, mourrait de lui avoir servi de jouet. […] servir d’épigraphe à la Belle Hélène. […] C’est poli, c’est lisse, pour ainsi dire : on dirait des magasins… taïè… Et à quoi ça sert-il ?

1713. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Je n’analyserai pas jusqu’au bout cette pièce qui sert de prélude à la partition, ou de premier plan au tableau, ou de portique au temple. […] Julie — la fiancée de David — pourrait servir d’exemple aux jeunes filles des temps présents et futurs. […] À quoi servent-ils ? […] Et il lui en sert… Faut voir ! […] Hermann se trouve nanti du pouvoir absolu… Comment s’en servira-t-il ?

1714. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Puisse-t-il, ainsi servi en enfant de grande maison, possesseur de tant d’instruments exacts et commodes, muni de toutes les facilités, de toutes les promptitudes, en faire le meilleur usage !

1715. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Les Hellènes servaient donc la justice et l’humanité.

1716. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Si la police avait les facilités d’investigation du Diable boiteux et la volonté de s’en servir… quelle belle rafle de « femmes du monde » elle pourrait faire !

1717. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Et il est vrai qu’il y a des gens chez qui la modération des idées se confond avec le désir de conserver leur bien et l’attachement aveugle à un état social qui sert leurs intérêts.

1718. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

La vérité et la liberté ont cela d’excellent que tout ce qu’on fait pour elles, et tout ce qu’on fait contre elles, les sert également.

1719. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Quoique ces deux ouvrages rentrent l’un dans l’autre, on les a lus avec plaisir, parce que les anecdotes dont ils sont semés servent à faire connoître le cœur humain.

1720. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

D’ailleurs il y a dans un habit vieux une multitude infinie de petits accidents intéressants, de la poudre, des boutons manquants et tout ce qui tient de l’user ; tous ces accidents rendus réveillent autant d’idées et servent à lier les différentes parties de l’ajustement ; il faut de la poudre pour lier la perruque avec l’habit.

1721. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Quel homme plus propre à servir dans le département des affaires étrangères que l’émérite dans le droit naturel et le droit des gens ?

1722. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

La sensibilité vient à s’user dans un artisan sans génie, et ce qu’il apprend dans la pratique de son art, ne sert le plus souvent qu’à dépraver son goût naturel et à lui faire prendre à gauche dans ses décisions.

1723. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

On dit vulgairement que Cesar, s’il revenoit au monde et qu’il vit les armes à feu et les fortifications à la moderne, en un mot les armes dont nous nous servons pour attaquer et pour défendre, seroit bien étonné.

1724. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Très inférieur à Scribe, il n’en procède pas moins de ce maître du vaudeville français : il se sert du procédé de cet homme qui savait le secret du succès, secret honteux qui consiste en ceci, au théâtre : plus une plaisanterie est connue, plus elle réussit.

1725. (1896) Études et portraits littéraires

Le porte-crayon de ce savant scrupuleux, ce porte-crayon toujours garni de mine, ne lui sert qu’à cela. […] Ces instruments, il les décrit à merveille et il s’en sert avec bonheur. […] Le roi qu’il a servi est mort en exil. […] Il se promène en amateur autour des ateliers, ingénieux quelquefois à la critique, sans outil quelconque ni main d’ouvrier pour s’en servir. […] Il a certes l’outil bien en main ; il s’en sert avec aisance, avec force, avec art.

1726. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

On peut douter que la forme syllogistique servit beaucoup à fixer le sens d’une loi, d’un point de coutume ou d’un arrét, à confondre les détours captieux d’une partie adverse. […] Ce chanoine, nommé Luc, étoit à la dévotion des moines, & les servit avec une impétuosité singulière. […] De semblables accusations décréditent plus une cause, qu’elles ne la servent. […] Il servoit les jésuites, qui pouvoient le servir lui-même auprès du monarque. […] 62 Les sciences servent-elles à épurer les mœurs ?

1727. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Et pour toutes ces raisons, on ne leur disputera pas, quand on ne les lira plus, la reconnaissance que l’on doit à ceux qui ont aimé sincèrement les lettres, et qui les ont fidèlement servies, — sans les avoir beaucoup illustrées. […] Guerre au classicisme, liberté, vérité dans l’art, couleur locale, imitation des littératures étrangères, tous ces autres noms, en effet, dont on a fait tant de bruit, n’ont servi que de couverture ou de déguisement à l’étalage du moi. […] Mais, du moment qu’on rendait chacun de nous à lui-même, ces distinctions s’évanouissaient avec la doctrine dont elles étaient l’expression ; tous les mots devenaient bons qui nous servaient à manifester notre personnalité ; et en littérature comme en politique l’individualisme aboutissait à l’égalité. […] Servons-nous ici du seul mot qui convienne. […] Bien loin que notre Moi soit le juge des autres, comme l’a cru l’éclectisme, au contraire, c’est la connaissance que nous avons des autres qui nous sert à rectifier l’idée que nous nous formons de nous.

1728. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Alors de légers rafraîchissements furent servis à l’auditoire, et l’école de critique five-o’clock tea se mit très en avant. […] Il a montré les divers outils et la manière de s’en servir, mais il les a traités uniquement comme des instruments manuels. […] Le peintre français se sert du modèle simplement pour l’étude et pour l’achèvement du tableau, il se met en face de la vie. […] Cependant, voici un passage qui peut servir comme spécimen de sa valeur narrative. […] A quoi servait-il ?

1729. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Fontanes servit la pièce en sa place ; le coup porta. […] Ce qui augmenta sa considération de son vivant ne saurait servir également sa gloire. […] Il continua pourtant de servir, enchaîné par ses antécédents, par ses devoirs de famille, par sa modération même. […] Son beau nom littéraire le servit mieux, sans trop de pièces à l’appui. […] Dans cette adorable pièce, comme le rhythme sert bien l’intention, et tout à la fois exprime le malin, le tendre et le mélancolique !

1730. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Il est partout, ce Molière, il sert d’échelon à toutes les grandeurs du sourire et de l’ironie. — S’il vous plaît, nous réunirons au maître absolu, Aristophane qui fut le vrai père de la comédie. […] Avec celui-là, point d’affranchissement, point d’espérance, il faut obéir, il faut servir. […] Tout lui convient, tout lui sert. […] Il se servait à outrance de cette férule que lui avait donnée son génie, et plus d’une fois il fit pousser des cris de douleur à cet enfant incorrigible, mal élevé, rempli de préjugés et de malice. […] C’est tout simplement la colère d’une maîtresse de maison qui paie bien ses gens, et qui est mal servie.

1731. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il se rendit d’abord au numéro 73 du boulevard Saint-Michel, au café François Ier, se fit servir un bock pour légitimer sa présence dans cet établissement, et attendit. […] Zola ne s’est servi (il l’a avoué lui-même le 19 février 1877), que « pour faire mousser ses livres ». […] Voici une retraite toute propre à bien servir Dieu et son Église avec notre plume !  […] « Moi aussi, j’ai servi dans l’artillerie », disait-il au capitaine Greatly, en mettant le pied sur le Northumberland. […] Une demi-douzaine de formules négatives, résultat condensé des négations accumulées, servent à occuper la catégorie du mystère et de l’infini. » — 2º La disparition, de plus en plus sensible, du sérieux, et surtout du respect.

1732. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Cependant beaucoup de ceux qui se servent de ces monnaies avec prédilection se servent aussi de leurs yeux au moins pour classer les ternes richesses verbales entassées dans leur mémoire. […] Ils se servent volontiers de tout ce qui a été sacré par l’usage, des phrases connues, riches de ferments émotionnels pour avoir traîné partout, des locutions, des proverbes, de tout ce qui abrège, de tout ce qui résume. […] Des singes apprennent à manger à table, à se servir d’une fourchette, à boire dans un verre ; une vachère s’initie très rapidement à la vulgaire mimique mondaine. […] Ce raisonnement scolastique servait à S. […] Il s’agit moins de savoir s’en servir à propos que de les comprendre, rencontrées dans une lecture.

1733. (1900) Molière pp. -283

Est-ce que le terme de galimatias dont se sert Fénelon est trop fort ? […] Il a été associé, malgré lui, à tous les crimes de Dom Juan ; il déteste Dom Juan qu’il sert, et cependant ne peut se défendre d’une certaine sympathie pour lui. […] Celle-là fut adressée en 1857 à un auditoire provençal, elle servit de leçon d’ouverture au cours de littérature française de la faculté d’Aix. […] Nous avons sans doute une vanité, qui sert également à nous donner beaucoup de travers et à nous rendre infatigables dans l’observation des travers d’autrui. […] ——— L’esprit ne sert à rien, pas même à consoler du succès des sots.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Sans entrer dans cette déploration tardive et sur laquelle il est permis à un membre de l’Académie française en 1857 de n’avoir point d’avis formel, on ne peut s’empêcher de remarquer que la personne qui eût été le plus à même de répondre aux regrets exprimés par M. de Falloux, et peut-être de les réfuter en les respectant, eût été M. le comte Molé, qui fut des premiers à accepter le régime issu des barricades de juillet, à le servir et à travailler à le constituer et à l’autoriser devant l’Europe, en qualité de ministre.

1735. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Nous ne la suivrons pas sur ce terrain de pure esthétique, mais nous devions signaler ce dernier stade comme indispensable et requis : « Au théâtre, dans le roman, nous dit très finement le Dr Cabanès15… il est bon de nous donner des tranches de vie, mais à la condition de ne pas nous les servir toutes crues. » ⁂ Voici donc les naturalistes — affublés d’une impassibilité toute verbale — en quête du document humain.

1736. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Mais les surcharges et les redites ne servent qu’à émousser, qu’à brouiller la pensée, qu’à énerver la force des termes propres par le fâcheux cortège qu’on leur fait traîner.

1737. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Vous réfléchirez que pousser les malheureux à une révolte d’où ne peut sortir pour eux qu’une aggravation de souffrance  et cela, pour arriver, vous, à la notoriété ou au pouvoir et, finalement, pour « jouir »  c’est vivre de leur substance, c’est s’engraisser de leur misère, sans rien risquer et en feignant de les servir, et qu’ainsi les exploiteurs peuvent se rencontrer ailleurs que dans les rangs des capitalistes.

1738. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

. — C’est pourquoi, disait le mari se défendant, il en faut faire meilleure chère ; car, que diable nous servirait tout le bien que nous pourrions amasser, puisqu’aussi bien ce ne serait pas pour nous, mais pour ce beau roi ?

1739. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

C’est, je crois, Racine qui a commencé à rimer faiblement, en ce sens qu’il se sert souvent d’adjectifs au bout de deux vers, redoutables et épouvantables, qu’il y emploie des mots presque congénères : père, mère, chose que Malherbe eût évitée, qu’il n’a presque jamais la consonne d’appui.

1740. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Il y avait près de là, dans un jardin, un tombeau récemment creusé dans le roc et qui n’avait jamais servi.

1741. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Il se sert de ces paroles : Rite maturos aperire partus.

1742. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

L’Espion et le Bourreau ont toujours passé pour des êtres nécessaires à l’ordre social ; ils n’en sont pas moins mis au ban des hommes, excommuniés de toute relation et de tout accueil ; ces satellites du salut public sont les réprouvés de la société qui s’en sert.

1743. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Tout en regrettant que le français se serve de moins en moins de ses richesses originales, je ne le verrais pas sans plaisir se tourner exclusivement du côté du vocabulaire latin chaque fois qu’il se croit le besoin d’un mot nouveau, s’il voulait bien, à ce prix, oublier qu’il existe des langues étrangères, oublier surtout le chemin du trop fameux Jardin des Racines grecques .

1744. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Il est bien entendu que la liberté ne doit jamais être l’anarchie ; que l’originalité ne peut en aucun cas servir de prétexte à l’incorrection.

1745. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

Ses ouvrages servent encore de modèle.

1746. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Loin de rien ordonner à leur sujet, la religion servait au contraire à en prévenir l’abus, et à en corriger l’excès.

1747. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

Je ne l’ai vu qu’une fois et je me suis bien promis de ne le pas voir davantage, à moins que je ne fusse assez heureux pour le servir.

1748. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Mais tous ces chants soit qu’ils ayent été composez avant saint Gregoire, soit qu’ils aïent été faits de son temps, peuvent toûjours servir à donner une idée de l’excellence de la musique des anciens.

1749. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

Tout cela n’y sert de rien, et le problème reste entier.

1750. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

Ils laissèrent l’histoire à leurs ennemis, et l’on sait comment leurs ennemis s’en servirent… Plus tard, non plus, l’empereur Napoléon Ier, qui prenait et relevait les idées d’ordre partout où il les trouvait renversées, sans se soucier de l’opposition et des indignes cris de l’esprit révolutionnaire, Napoléon, qui fit un Grand-Juge, ne refit point d’historiographe.

1751. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Les panégyriques de Sidoine Apollinaire, si bien récompensés, sont restés obscurs ; ils n’ont de prix que comme ces monuments gothiques qui servent à faire connaître un siècle, et empêchent un vide dans l’histoire des arts.

1752. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

le monde ne serait qu’une illusion, sans autre intérêt que de servir à l’art ? […] Il faut la prendre comme elle est, s’en servir telle quelle, et chercher à l’élever si on le peut. […] Mais à quoi sert de proscrire le provençal et de le tourner en dérision ? […] En l’amour seul il y a douceur… À quoi sert-il, ami, de méditer en son âme profonde sur les incertaines destinées de l’homme ? […] Elle se sert, ainsi que Jeanne elle-même et qu’Hauviette, du style propre à M. 

1753. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Ils ne servent qu’à le constituer souverain, et à le grossir, et à l’enfler démesurément. […] Le xviiie  siècle n’a donc servi de rien ? […] Nous nous en servons beaucoup, et légitimement, je crois, dans nos sciences toutes conjecturales de sociologie et de politique. […] On prévoit que le « sentiment » n’est là que pour servir d’une transition aisée au « sentiment religieux » et à la religion proprement dite. […] Elles ne servent qu’à fausser l’entendement de celui qui a le tort de se les permettre et d’en prendre l’accoutumance.

1754. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Je voudrais que ce Renard, en puissance chez lui, servît un peu à M.  […] Il ne manque pas de curés qui font servir leur église à des projections cinématographiques, Jérusalem ou scènes de la Passion. […] « La pitié, dit-il, est justement ce qui remplace l’amour chez les égoïstes. » Un mot qui servirait bien d’enseigne à toute une partie de l’œuvre de M.  […] Et ce sentiment amer et doux de la destinée où l’on est embarqué, servait en somme de fond continu, tantôt apparent et tantôt recouvert, à presque toute la vie militaire. […] Elle nous servira tout à l’heure.

1755. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Le joli jeune bourgeois qui « se sert » des femmes à l’occasion s’est changé en homme qui « vit » d’elles, et qui pense que « l’amour, c’est l’argent des femmes ». […] Il veut que son parricide serve du moins la mémoire de son père. […] Il est déjà arrivé plus d’une fois que le charme savant des peintures qui lui servent de considérants compromît l’autorité et l’efficacité de ses arrêts. […] La guerre moderne est la serve et la complice de l’argent. […] Vaneuse me servira, du reste, à montrer l’autre façon, la façon ignoble, de franchir le passage de l’« âge difficile ».

1756. (1894) Critique de combat

Il était l’honneur et la fleur de cette petite démocratie suisse qui pourrait, sur tant de points, servir de modèle à la démocratie française. […] Il met sa gloriole à servir dans une compagnie d’élite, à professer des opinions bien portées. […] Mais on a surpris le secret du maître et aussitôt c’est une noble émulation pour le servir. […] Une des fonctions du journal (et ce n’est certes pas la moindre) est de servir d’éclaireur à ceux qui cherchent le sens dans lequel il faut marcher. […] Il reconnaît que partout, dans les littératures primitives, on semble être allé du rêve au réel, en passant par l’épopée, qui a servi de pont entre l’un et l’autre.

1757. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Il représente un jeune marchand d’eau fraîche, assis sur le bâton qui lui sert à porter ses deux barillets, à côté d’un petit dressoir où sont des pots de sucre, des bols de porcelaine, des bols de métal. […] Et enfin des choses qu’aucun peuple n’a fait servir à la décoration des objets usuels et familiers, comme les cassures du charbon de terre, le treillis d’une vannerie, le fouillis enchevêtré de clous, les crêtes des vagues, les rayures de la pluie. […] Cette matière ainsi obtenue, on la conserve à sec, pour s’en servir, en la mélangeant avec du blanc. […] Depuis des années il a donné des albums pour servir aux élèves, mais des albums insuffisants aux demandes. Et aujourd’hui l’éditeur Sôyeidô a demandé au maître un nouvel et plus complet album qui servira de méthode pour la jeunesse.

1758. (1896) Écrivains étrangers. Première série

L’opium lui a seulement servi de prétexte pour attirer l’attention sur ses poèmes en prose. […] William Griswold, pouvaient servir à justifier son père. […] Poe est jeune : me permettra-t-il de lui servir de guide dans le chemin du succès ? […] Ce chapitre sert de conclusion à la partie critique du livre de M.  […] Ojetti n’aurait servi qu’à nous le prouver, nous devrions lui savoir bon gré de l’avoir entreprise.

1759. (1914) Une année de critique

les jolis chromos auxquels de telles descriptions peuvent servir de prétexte ! […] Elle nous donne du moins la force de nous résigner, et l’armure qui tantôt ne servait qu’à nous séparer de notre rêve, apparaît maintenant comme le soutien le plus solide et le plus bienfaisant. […] Au moins, ce livre servirait à propager le goût de l’hydrothérapie qui, avec le sport, peut seule remédier à la dégénérescence de la race. […] Le certain, c’est que Napoléon fut bouté sur terre pour servir des desseins supérieurs : Gesta Dei per Francos. […] La lutte qui servait de thème à la première partie du livre paraissait déjà par instants un peu « truquée » et l’on devinait chez Félix un peu de goût morbide de la douleur, un peu de cette délectation morose dont parlent les théologiens.

1760. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

j’ai cru avoir assez brisé le vers, l’avoir assez affranchi, si vous préférez, en déplaçant la césure le plus possible, et, quant à la rime, m’en être servi avec quelque judiciaire pourtant, en ne m’astreignant pas trop, soit à de pures assonances, soit à des formes de l’écho indiscrètement excessives. […] Surtout une facture solide, même un peu trop, qui dit l’extrême jeunesse de l’auteur quand il s’en servit d’après la formule parnassienne exagérée. […] C’est, je crois, Racine qui a commencé à rimer faiblement, en ce sens, par exemple, qu’il se sert souvent d’adjectifs au bout de deux vers, redoutables, épouvantables, qu’il y emploie des mots presque congénères, père, mère, chose que Malherbe eût évitée, qu’il n’a presque jamais la consonne d’appui. […] Mais que ceci ne serve pas d’exemple. […] Enfin, ce sempiternel amour de la vie dans l’art, de concert avec celui de l’inspiration, sa canaille de frère, pour me servir d’une expression de notre critique, détermine les préférences de M. 

1761. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

A la vérité, il y était question, sinon de la « banqueroute », en tout cas des « faillites » que la Science a faites à quelques-unes au moins de ses promesses ; mais je n’étais pas le premier qui se servit du mot, et dix autres avant moi l’avaient publiquement prononcé. […] Ce sont là de nobles paroles, dont la noblesse n’est égalée que par la sincérité de l’émotion qui les anime ; et certes, aucun rêve, — si les expressions du Saint-Père lui-même nous autorisent peut-être à nous servir de ce mot, — ou aucune espérance, ne saurait mieux convenir et aux aspirations de cette fin de siècle, et au caractère de l’illustre vieillard qui gouverne à peu près souverainement la croyance de 200 millions d’hommes. […] On le voit clair comme le jour dans le détail de son style où les comparaisons « pseudo-scientifiques » abondent, et, ce qui est plus grave, y servent à fonder des conclusions soi-disant historiques ou morales. […] Mais on ne saurait échapper à la nécessité de répondre, de répondre par oui ou par non, et bien loin de nous y aider, je soutiens que l’exégèse ne nous sert qu’à nous dérober. […] Que « l’exégèse ne puisse rien contre la révélation », et pourquoi, c’est ce que je me suis efforcé de montrer dans une note précédente, — voyez p. 20, 21, 22. — Les mêmes arguments ou les arguments du même genre peuvent servir à montrer que « la physique ne peut rien contre le miracle ».

1762. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Le frère auquel elle écrivait était un ancien soldat qui avait servi sous l’Empire dans les guerres d’Espagne et qui avait été ensuite prisonnier en Angleterre sur les pontons d’Écosse. […] Ce morceau a été écrit pour servir d’introduction aux Poésies choisies de Mme Valmore, publiées dans la Bibliothèque-Charpentier. […] Je lis à ce propos dans une lettre du peintre Coignet à Mme Valmore (Saint-Chamond, 12 août 1843) : « Nous lisions, il y a quelque temps, un article de Sainte-Beuve, destiné à servir de préface à vos Poésies.

1763. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Singlin, qui la gouvernât, Mme de Longueville se servit moins de son esprit que de celui des autres. […] Ce fut la fin à quoi lui servit tout le reste. […] Je ne dirai qu’un mot de ses Maximes à elle, car elles sont imprimées ; elles peuvent servir à mesurer et à réduire ce qui lui revient dans celles de son illustre ami.

1764. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Servir humblement le monde est encore plus beau que le dominer. […] Ils pouvaient vouloir une république dictatoriale, que je ne voulais pas, moi ; mais ils ne pouvaient vouloir un accès de guerre populaire qui servirait de prétexte au renversement de la république légale, représentative et conservatrice de l’ordre social en France et de la paix en Europe. […] L’incohérence et le repentir des mesures trahissaient la faiblesse et avaient souvent servi de prétexte aux violences et aux attentats du peuple.

1765. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

— Mon brave frère Hilario, m’a-t-il répliqué très sérieusement alors, c’est qu’on ne se sert de ce drôle de Nicolas del Calamayo que quand on a un mauvais coup de justice à faire ou une mauvaise cause à justifier par de mauvais moyens. […] Un capucin venait tous les matins, à l’aube du jour, dire la messe pour tous les prisonniers ; ils l’entendaient, à travers la porte ouverte, chacun, de sa lucarne ouvrant sous le cloître ; cela les consolait de voir et d’entendre qu’on priait du moins pour eux ; c’était moi qui servais la messe du capucin, armée d’une petite sonnette de cuivre qu’on m’avait appris à sonner à l’élévation ; c’était moi qui lui versais le vin et l’eau des burettes dans le calice. […] CCXLII Le lendemain du jour où le père Hilario nous avait déposés dans la niche obscure, sous l’escalier du couvent de Lucques, près de la prison où l’on servait la soupe des pauvres, il vint nous reprendre avec une permission du juge pour aller revoir tant que nous voudrions le condamné à mort dans sa prison parce que nous étions sa seule famille ; le bargello avait l’ordre de nous ouvrir la porte à toute heure du jour, pourvu que le confesseur de l’homicide, frère Hilario, fût avec nous.

1766. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ces objets étaient répétés dans l’eau d’un étang avec l’ombrage d’un noyer, qui servait de fond à la scène et derrière lequel on voyait se lever l’aurore. […] Elle ajoutait : « Cependant, si votre projet est de paraître à l’autel le jour de ma profession, daignez m’y servir de père ; ce rôle est le seul digne de votre courage, le seul qui convienne à notre amitié et à mon repos. » « Cette froide fermeté, qu’on opposait à l’ardeur de mon amitié me jeta dans de violents transports. […] Ses projets de retraite, la dispense du noviciat, la disposition de ses biens en ma faveur, avaient apparemment produit cette correspondance secrète qui servit à me tromper.

1767. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Ce fut une joie pour lui de servir un homme avec qui la politique était une science, avec qui nulle intervention de sentimentalité, d’honneur, de passion même mauvaise, toutes choses gênantes pour un bon joueur, ne venait brouiller l’échiquier avant les beaux coups longuement médités. […] Il faut ajouter, pour être juste, que cette haute théorie sert à Commynes pour légitimer le succès, et engager les battus à se trouver contents : dans le jeu des empires, Dieu fait sortir les coups qu’il lui plaît ; réclamer serait sacrilège. […] Né vers 1394, fils d’un bourgeois de Baveux, frère cadet de Guillaume qui devint évêque de Paris, il servit Charles VI et Charles VII.

1768. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

La réalité a toujours pour lui le décousu et l’inexpliqué d’un songe… Il a bien pu subir un instant l’influence de quelques poètes contemporains ; mais ils n’ont servi qu’à éveiller en lui et à lui révéler l’extrême et douloureuse sensibilité, qui est son tout. […] Dans les vingt vers qui servent de préface, je lis que les hommes nés sous le signe de Saturne doivent être malheureux, Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne Par la logique d’une influence maligne. […] Il regrette de n’être pas né du temps de Louis Racine et de Rollin, quand les hommes de lettres servaient la messe et chantaient aux offices, Quand Maintenon jetait sur la France ravie L’ombre douce et la paix de ses coiffes de lin.

1769. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Ces rapports de Rythme à geste (ou attitude) et d’attitude à harmonie, servent de transition entre la musique et la plastique : l’orchestique est leur trait d’union. […] Si, dans un poème, on les change sans repos selon les exigences du rythme, elles n’ont plus d’existence réelle puisqu’elles ne sont plus un nombre périodique, et leur nom, vainement conservé, ne peut servir qu’à faire confondre encore une fois les rythmes avec le chiffre des syllabes alignées. […] Car l’artiste ne doit mépriser aucun des moyens d’expression usités jusqu’à lui ; il faut au contraire qu’il puisse les faire servir tous au glorieux mystère de la Beauté.

1770. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

VII À l’extrémité de ce cap coupé à pic, une étroite pelouse bordée d’un parapet de pierres sèches pour retenir ceux que le vertige emporterait avec le fleuve, comme le tourbillon emporte la feuille, servait d’amphithéâtre à cet écroulement éternel des eaux. […] Elle était trop fière pour consentir à servir d’amorce, même au cœur d’un roi. […] Pour raconter la mort qui sauva l’univers, Fais que l’Esprit divin se révèle en mes vers, Et que, douant ma voix de force et d’harmonie, L’ardente piété me serve de génie !

1771. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Ni Choiseul, cet autre obligé des Philosophes, ce ministre d’État d’une prostituée dont les Jésuites, accusés de tant de facilité, n’avaient pas voulu servir les intérêts ; ni Manuel de Roda lui-même, le parricide d’une société qui l’avait élevé et comblé de bienfaits, n’approchèrent seulement de Pombal. […] Il faut un concile général. » Échappatoire habile qui ne servait à rien ! […] Un tel homme, servi par de tels moyens, devait triompher.

1772. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Homère parle dans cinq passages de ses poèmes d’une langue plus ancienne que l’héroïque dont il se servait, et il l’appelle langue des dieux. […] La dureté des premiers fut nécessaire, afin que l’homme, obéissant à l’homme dans l’état de famille, fût préparé à obéir aux lois dans l’état civil qui devait suivre ; les seconds incapables de céder à leurs égaux, servirent à établir à la suite de l’état de famille les républiques aristocratiques ; les troisièmes à frayer le chemin à la démocratie ; les quatrièmes à élever les monarchies ; les cinquièmes à les affermir ; les sixièmes à les renverser. […] Au milieu de cette prétendue liberté populaire que l’imagination des historiens nous montre dans Rome, ils pressaient 30 les plébéiens, et les forçaient de les servir à la guerre à leurs propres dépens ; ils les enfonçaient, pour ainsi dire, dans un abîme d’usures ; et lorsque ces malheureux n’y pouvaient satisfaire, ils les tenaient enfermés toute leur vie dans leurs prisons particulières, afin de se payer eux-mêmes par leurs travaux et leurs sueurs ; là, ces tyrans les déchiraient à coups de verges comme les plus vils esclaves.

1773. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Pavilliard a parlé de son étonnement lorsqu’au premier abord, dans les discussions qu’il engageait avec son jeune hôte, il voyait devant lui « ce petit personnage tout mince, avec une grosse tête, disputant et poussant avec la plus grande habileté les meilleurs arguments dont on se soit jamais servi en faveur du papisme ». […] Suard, ce portrait en charge, qui est d’ailleurs amusant : L’auteur de la grande et superbe Histoire de l’Empire romain avait à peine quatre pieds sept à huit pouces ; le tronc immense de son corps à gros ventre de Silène était posé sur cette espèce de jambes grêles qu’on appelle flûtes ; ses pieds assez en dedans pour que la pointe du droit pût embarrasser souvent la pointe du gauche, étaient assez longs et assez larges pour servir de socle à une statue de cinq pieds six pouces.

1774. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Ce qu’il y a de mieux et de plus piquant est l’Épître au public qui sert de préface, épître impertinente où le public parisien est traité à peu près comme le vieillard Démos dans la comédie athénienne : Un auteur instruit de ses devoirs doit vous rendre compte de son travail ; je vais donc y satisfaire. […] L’esprit est le premier des moyens : il sert à tout et ne supplée presque à rien.

1775. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

on l’avait fait servir lui-même, dans quelques phrases du discours, d’instrument et de passeport à la moquerie. […] C’était lui qui avait fourni les mémoires : Monseigneur, lui disait le rédacteur dans la dédicace, j’ai si peu de part à cette histoire, qu’en vous l’offrant, je ne puis espérer qu’elle me serve ni à me faire un mérite auprès de vous, ni à m’acquitter d’une dette.

1776. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Le maître d’hôtel vient demander si je veux qu’on serve ? […] Un véritable citoyen servira sa patrie de son mieux par son esprit et par ses talents, mais n’ira pas écrire sur le pacte social pour nous faire suspecter la légitimité des gouvernements et nous accabler du poids des chaînes que nous n’avions pas encore senties.

1777. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Les lettres de Guérin à ses amis servent à compléter les impressions notées dans son journal durant ce temps, et quelques-unes des pages de ce journal ne sont elles-mêmes que des passages de ses lettres qui lui semblaient mériter d’être transcrits avant de s’échapper. […] Lui aussi il était, mais il n’était qu’à demi de la race de René, en ce sens qu’il ne se croyait pas une nature supérieure : bien loin de là, il croyait se sentir pauvre, infirme, pitoyable, et dans ses meilleurs jours une nature plutôt écartée que supérieure : Pour être aimé tel que je suisa, se murmurait-il à lui-même, il faudrait qu’il se rencontrât une âme qui voulût bien s’incliner vers son inférieure, une âme forte qui pliât le genou devant la plus faible, non pour l’adorer, mais pour la servir, la consoler, la garder, comme on fait pour un malade ; une âme enfin douée d’une sensibilité humble autant que profonde, qui se dépouillât assez de l’orgueil, si naturel même à l’amour, pour ensevelir son cœur dans une affection obscure à laquelle le monde ne comprendrait rien, pour consacrer sa vie à un être débile, languissant et tout intérieur, pour se résoudre à concentrer tous ses rayons sur une fleur sans éclat, chétive et toujours tremblante, qui lui rendrait bien de ces parfums dont la douceur charme et pénètre, mais jamais de ceux qui enivrent et exaltent jusqu’à l’heureuse folie du ravissement.

1778. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Mais Ducis était encore moins artiste que père, fils, époux, veuf, ami : toutes ces belles qualités de cœur et de famille lui nuisaient autant qu’elles lui servaient. […] Cela ne sert de rien à celui qui n’est plus, et c’est un rude embarras pour son successeur.

1779. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

En s’y promenant, il prit goût tout d’abord aux types de figures qui l’environnaient, et il y élut en quelque sorte domicile en y louant une chambre qui lui servait d’observatoire et d’atelier. […] Il porte des lunettes, mais elles sont relevées sur son front et ne lui servent guère : d’ailleurs il est borgne.

1780. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

» Convient-il d’abuser tout aussitôt contre son esprit charmant de ses infirmités corporelles et de dire : « Il ne peut se lever ; c’est une femme qui l’habille ; on lui enfile trois paires de bas les unes par-dessus les autres, tant ses jambes sont grêles ; puis on lui lace la taille dans un corset de toile roide, afin qu’il puisse se tenir droit, et par-dessus on lui fait endosser un gilet de flanelle… » Ce n’est pas moi qui blâmerai un critique de nous indiquer, même avec détail, la physiologie de son auteur et son degré de bonne ou mauvaise santé, influant certainement sur son moral et sur son talent ; le fait est que Pope n’écrivait point avec ses muscles et ne se servait que de son pur esprit. […] Oui, il était attentif à tout, même dans la conversation ; oui, quand une pensée, une expression heureuse, délicate ou vive, passait devant lui ou lui venait à l’esprit, il était empressé à la recueillir : toujours inquiet du mieux et de l’excellent, il l’amassait goutte à goutte et n’en laissait volontairement distraire aucune parcelle ; il s’y consumait, il se relevait la nuit quand il le fallait, et, comme il ne pouvait se servir seul, il faisait relever son monde, même en hiver, pour écrire une pensée qu’il craignait de perdre, et qui lui aurait échappé au réveil ; car plus d’une de nos pensées, et des meilleures, sont souvent noyées et englouties à jamais entre deux sommeils, comme les Égyptiens dans la mer Rouge.

1781. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dans un admirable article sur les difficultés qu’il y aurait, pour plus d’un demi-siècle encore, à composer une véritable histoire de la Révolution française, parlant des Mémoires nombreux qui commençaient à paraître et dans lesquels chacun plaidait pour son parti et pour son saint et ne présentait que « la portion de vérité qui pouvait servir le mieux à noircir l’adversaire », l’éminent publiciste indiquait, à l’appui de sa pensée, les deux exemples le plus en vue : « Beaucoup de gens, disait-il, écrivent leurs Mémoires pour faire l’histoire personnelle de leurs talents, de leur mérite et de leur conduite. […] Le Père Rapin, autrefois, dissertant sur le tu et sur le toi qui sont d’usage en notre ; poésie, en recherchait les raisons, et il ajoutait qu’une des principales était qu’on ne s’en servait pas en prose, même dans le commerce de l’amour.

1782. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Pendant que d’autres fanatiques préparaient en Asie les massacres de Djedda et de Damas, lui, il dressait le plan de la conquête du Sahara africain par une propagande active ; il y fondait des Zaouiya, des couvents musulmans, échelonnés de manière que le dernier, le plus isolé, le plus éloigné, pût encore servir de refuge in extremis aux derniers éléments d’une foi déjà atteinte par l’indifférence. » Pour fonder un de ces centres, un de ces couvents armés contre nous, que fait-on ? […] « L’enfant, chez les Touareg, suit le sang de sa mère : — le fils d’un père esclave ou serf et d’une femme noble est noble ; — le fils d’un père noble et d’une femme serve est serf ; — le fils d’un noble et d’une esclave est esclave. — C’est le ventre qui teint l’enfant, disent-ils dans leur langage primitif24. » Dans la famille, la femme chez eux est pour le moins l’égale de l’homme.

1783. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Travaillez donc, Copernic, Galilée, Newton, La Place, veillez vos longues veilles, suivez jusqu’au bout la méthode expérimentale ou l’analyse rigoureuse, et tous vos travaux qui ont fait de l’astronomie la plus digne et la plus parfaite des sciences vont derechef servir de support et comme de trépied à des rêveries néoplatoniciennes renouvelées, à des extases. […] Les résultats sublimes, auxquels cette découverte l’a conduit, sont bien propres à le consoler du rang qu’elle assigne à la terre, en lui montrant sa propre grandeur dans l’extrême petitesse de la base qui lui a servi pour mesurer les cieux.

1784. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

J’ai commencé l’histoire de France, mais je ne m’en suis servi que comme d’un canevas sur lequel je pouvais broder tous les objets dont la connaissance est nécessaire dans le cours ordinaire de la vie. […] Elle s’est déshabituée d’un nombre de mauvaises expressions ; il lui reste quelques mauvais tours de phrases dont elle se corrigera promptement lorsqu’elle n’entendra plus l’allemand et le mauvais français des personnes qui la servent.

1785. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Il va donc, regarde, apprend, étudie, fait des plans de temple et les défait, et marque, le long du chemin, tous les marbres les plus précieux qui lui doivent servir. […] Dans ma vie intellectuelle, sujette à bien des variations, un heureux instinct plus encore que la prudence a su me garder à temps et m’empêcher de prendre de ces engagements absolus, qu’il est ensuite pénible de rompre : M. de Montalembert aura donc beau dire, il ne fera pas de moi un renégat (au sens où il le voudrait), — ni un renégat du catholicisme, malgré des liaisons anciennes et chères, et dont je m’honore, — ni un renégat du libéralisme, malgré la vivacité de quelques-uns de mes coups de plume, quand je servais en volontaire dans ce camp et sous ce drapeau128.

1786. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Il leur enseigna en même temps de garder le silence sur l’objet de la cérémonie, de prier Dieu dans leur cœur et de se taire devant le bargello, pendant que lui, le père Hilario, dirait la messe des morts et que l’enfant de chœur qui servirait la messe entendrait, sans les comprendre, les paroles latines prononcées par le prêtre sur la tête des deux fiancés. […] Il me laissa toute baignée de larmes sur la paille qui nous servait de couche, et, s’échappant comme une ombre de mes bras, il courut à la chapelle avant que je pusse l’embrasser encore, et montant jusqu’à la hauteur du barreau de la lucarne scié par moi : — Adieu, me dit-il tout bas, j’ai assez vécu, puisque vivant ou mort nous sommes époux.

1787. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Enfin, pour dernière raison, qui pourrait au besoin servir à justifier l’éditeur du recueil que nous annonçons3, si on venait à lui reprocher qu’il a tiré à peine quelques paillettes d’or d’une mine si riche, nous rappellerons le jugement de madame de Staël dans son livre de l’Allemagne : « La poésie du style de Jean Paul ressemble aux sons de l’harmonica, qui ravissent d’abord, et nous font mal au bout de quelques instants. » À tout prendre, ce petit livre est donc un présent dont nous devons remercier l’éditeur. […] Mais encore une fois ce n’est pas son but ; et quand il arrive au génie, il oublie ses deux images, il brise ses deux miroirs, et, au lieu de contempler son objet spirituel dans un emblème physique, il change d’inspiration, il se sert d’expressions abstraites ; il parle des accès d’une sainte manie , de l’ardeur qui le possède  ; il prend ses figures à toutes sources : rien n’est suivi ; c’est une manière fragmentaire et hachée.

1788. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

La plume ne devrait-elle pas respecter la plume, comme l’épée salue l’épée qui défend le même drapeau et qui sert dans la même armée ? […] ce jeune homme dont vous faites un type de pureté et de loyauté va servir de compère aux changements à vue d’un charlatan politique !

1789. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Elle ne demande au ciel et à la terre qu’une grande cause à servir par un grand dévouement ; l’amour y surabonde avec la force. » Il était alors voltairien comme sa génération, déiste, non pas sceptique et indifférent, remarquons-le bien : même quand il ne croyait pas, la forme de sa pensée était toujours nette et tranchée. […] Grâce à ce ton de facilité généreuse et de franchise, il a su conquérir, sur son auditoire de jeunes gens, une autorité de faveur et de sympathie ; il a pu leur donner des conseils moraux sur les sujets les plus délicats : il a fait sur la chasteté, par exemple, des conférences qui sembleraient d’une étrange audace, si cette audace n’était revêtue d’autant de candeur et servie d’un aussi prodigieux talent.

1790. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Ce Discours, en effet, est destiné à servir d’introduction à une édition nouvelle de l’Histoire de la révolution d’Angleterre, qui paraît en ce moment ; mais aussi il a une intention non douteuse, et comme une réflexion directe sur la politique actuelle. […] Pour un homme toutefois qui en a, à ce degré, le respect et la religion, il se sert trop fréquemment selon moi, trop familièrement, de cette intervention mystérieuse : On a attribué, dit-il, la chute de Clarendon aux défauts de son caractère, et à quelques fautes ou à quelques échecs de sa politique, au-dedans et au-dehors.

1791. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Les royalistes ont continué d’y voir de futures promesses d’avenir, de magnifiques restes d’espérance, je ne sais quelles fleurs de lis d’or, salies, il est vrai, par places, de beaucoup d’insultes et d’éclaboussures, et à travers lesquelles il se mêle, sous cette plume vengeresse, bien autant de frelons que d’abeilles ; mais l’esprit de parti est ainsi fait, qu’il ne voit dans les choses que ce qui le sert. […] Il écrit à Céluta pour lui dire qu’il ne l’aime pas, qu’il ne peut pas l’aimer, et, connaissant la nature du cœur des femmes, il se sert de ce moyen pour lui lancer un dernier trait, pour l’émouvoir et la remuer davantage.

1792. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Pour donner une idée du général de Seckendorff, qui servait en même temps l’empereur et la Saxe : « Il était, dit-il, d’un intérêt sordide ; ses manières étaient grossières et rustres ; le mensonge lui était si habituel, qu’il en avait perdu l’usage de la vérité19. […] J’ai même là-dessus quelques détails inédits qui, au besoin, me serviraient de prétexte.

1793. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Aujourd’hui, quand on relit chez son dernier biographe les morceaux qui sont donnés pour les plus éloquents, quand on relit dans les Œuvres mêmes de l’auteur ces Mercuriales tant vantées, on ne peut y rien voir que l’exercice d’un talent distingué sachant se servir habilement d’une rhétorique heureuse. […] faut-il se servir de la religion pour attaquer des idées qui en sont au moins le préliminaire ?

1794. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Quoique les leçons, en général, ne servent à rien, que l’art de la sagesse et surtout celui du bonheur ne s’apprennent pas, ne nous refusons pourtant point le plaisir d’écouter Montaigne, donnons-nous du moins le spectacle de cette sagesse et de ce bonheur en lui ; laissons-le parler des choses publiques, des révolutions et des troubles, et de sa manière de s’y conduire. […] « Qui ne me voudra savoir gré, dit-il, de l’ordre, de la douce et muette tranquillité qui a accompagné ma conduite, au moins ne peut-il me priver de la part qui m’en appartient par le titre de ma bonne fortune. » Et il est inépuisable à peindre en expressions vives et légères ce genre de services effectifs et insensibles qu’il croit avoir rendus, bien supérieurs à des actes plus bruyants et plus glorieux : « Ces actions-là ont bien plus de grâce qui échappent de la main de l’ouvrier nonchalamment et sans bruit, et que quelque honnête homme choisit après, et relève de l’ombre pour les pousser en lumière à cause d’elles-mêmes. » Ainsi la fortune servit à souhait Montaigne, et, même dans sa gestion publique, en des conjonctures si difficiles, il n’eut point à démentir sa maxime et sa devise, ni à trop sortir du train de vie qu’il s’était tracé : « Pour moi, je loue une vie glissante, sombre et muette. » Il arriva au terme de sa magistrature, à peu près satisfait de lui-même, ayant fait ce qu’il s’était promis, et en ayant beaucoup plus fait qu’il n’en avait promis aux autres.

1795. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

On le fait naître vers 1735 (d’autres disent plus tôt) ; il était fils et petit-fils d’inspecteurs de la maréchaussée de l’Île-de-France ; il étudia au collège Louis-le-Grand, servit au sortir de là dans les gendarmes de la garde, et fut aide de camp du maréchal de Richelieu. […] Si c’est pour dîner, il est trop tôt ; si c’est pour me voir, il est trop tard. » Puis, se ravisant : — « Entrez, je sais ce que vous cherchez, et n’ai rien de caché… même pour vous. » Et Rousseau alors, s’adressant à sa ménagère, entre à dessein dans mille détails de cuisine et de pot-au-feu ; puis se retournant vers Rulhière : « Vous voilà suffisamment instruit des secrets de ma maison, et je défie toute votre sagacité d’y jamais rien trouver qui puisse servir à la comédie que vous faites. » — Il ne se doutait pas, ajoute Rulhière, qu’il venait de m’en fournir le meilleur trait.

1796. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Et cependant, c’est de ces dernières que M. de Stendhal s’est toujours servi contre nous. Nous ne nous chargeons pas de répondre à toutes les excellentes plaisanteries lancées par lui contre un homme qu’il faudrait placer au rang des bienfaiteurs de l’humanité, n’eût-il établi qu’une vérité, celle qui nous sert d’épigraphe : « L’âge d’or, qu’une aveugle tradition a placé jusqu’ici dans le passé, est devant nous. » Carrel donna encore dans Le Producteur quelques autres articles de polémique, et il en fit aussi sur le commerce de la Grèce moderne, à le considérer sous un rapport de régénération politique et morale pour cette nation.

1797. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Nous connaissons deux frères de Boileau, Gilles et Jacques Boileau, et tous deux sont marqués du même caractère avec des différences qu’il est piquant de relever et qui serviront mieux à définir leur cadet illustre. […] Car il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise, ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries intéressées ou des alliances ; c’est le grand nombre.

1798. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Si le spectacle des troubles et des émotions civiles où elle a été mêlée a semblé servir quelquefois à la fortifier et à l’élever même, un tel spectacle la contriste encore plus, et l’égarerait à coup sûr en se prolongeant : c’est surtout à l’heure où ces troubles s’apaisent et où ils sont encore à l’état de récent et de vif souvenir, que la littérature peut heureusement s’en inspirer pour jouir du calme rétabli, du sentiment de la civilisation reconquise, pour y porter un zèle ému, une ardeur trop longtemps contrainte et retardée, pour y signaler et pour y produire à quelque degré l’effet d’une renaissance. […] Quand elle a eu le temps de s’insinuer dans les cœurs, quand les épreuves n’ont servi qu’à la rendre plus agissante, c’est alors que le choix est fait, c’est alors que l’on commence à vivre dans un autre soi-même.

1799. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

I Rapport du plaisir et de la peine à la représentation Nous pouvons maintenant déterminer les rapports du plaisir et de la douleur avec l’intelligence et avec la volonté ; question importante, dont la solution sert à marquer la vraie fonction de l’esprit et, par cela même, sa véritable efficacité sur le cours des choses. […] Seulement, l’implication mutuelle des deux grandes sortes de nerfs produit des anomalies, et elle sert aussi à les expliquer.

1800. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Le vers de Victor Hugo, qui lui a servi de patron, a bien ses douze syllabes et, en dehors des deux césures après quatre et neuf, un accent très léger, mais que la diction peut fortifier, sur la syllabe traditionnelle : Chair de la femme || argile | idéale || ô merveille. […] Ce qu’il y a de permanent dans ce vers n’est pas caractéristique du vers même ; ce qu’il comporte d’accidents ou d’ornements pourrait plutôt servir de point de départ pour une définition, mais esthétique et non prosodique.

1801. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Sa lanterne, qui lui servait à chercher un homme, avait de faux airs de lustre ou de candélabre. […] On les rencontrait souvent, bras dessus, bras dessous, présentant le même aspect de sérénité un peu lourde et discutant leurs théories ; un passant qui aurait suivi leur conversation aurait sans doute entendu Gautier redire à Augier, d’un ton sentencieux, sa fameuse formule : « Rien ne sert à rien…, et d’abord il n’y a rien ; d’ailleurs, tout cela est bien indifférent ! 

1802. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ce que j’ai eu surtout en vue, ç’a été de servir la cause du progrès, de la science, c’est-à-dire la Révolution. […] Mais les Symbolistes n’ont rien apporté de neuf, ils se servent des idées de leurs devanciers pour les tronquer : ce sont des pseudo-décadents.

1803. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Lui qui nous fait, à grand renfort de bésicles, des Histoires de la Comédie, pourrait nous faire des comédies et servir à l’histoire comme cela… L’histoire ! […] Mais que sont les nerfs de cette imagination platonicienne, de cette intelligence qui la fait ordinairement si bien servir par ses organes ?

1804. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Si peu que je sois de cet avis, quand je pense à des inventeurs comme Walter Scott, Lord Byron, Chateaubriand et Balzac, qui furent tous, je crois, du xixe  siècle, je n’en confesserai pas moins que la Critique a pris dans notre temps des proportions qu’on ne lui connaissait pas il y a un siècle, et que Macaulay, par exemple, puisqu’il s’agit de lui, n’a pas peu servi à l’arracher à l’affreux pédantisme dans lequel elle rampait, le long des œuvres du génie. […] Inventeur ou non de la forme dont il s’est servi, il s’est joué dans cette forme avec tant d’aisance et de grâce, qu’il en a démontré, en s’y jouant, toute la supériorité.

1805. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Je ne parle point des Misérables de Victor Hugo, qui sont des Pauvres à qui on a fait des têtes, — pour me servir d’une expression du métier dramatique, — des Pauvres arrangés dans l’intérêt d’un parti, des Communards d’avant l’heure. […] Les Couche-tout-nuds d’Eugène Sue et de tant d’autres romanciers de cette époque, où le talent, quand on en a, regarde plus en bas qu’en haut, sont des types usés à force de s’en servir, et il faut toute la flamme d’expression de M. 

1806. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

L’homme a non-seulement des capacités spéciales comme chaque chose en a, et par exemple, celle de penser, de se souvenir, de se mouvoir ; mais, de plus, il gouverne ses capacités, c’est-à-dire qu’il les tient dans sa main et s’en sert comme il veut74. […] Leurs actes sont nécessairement immatériels. » — La matière et ses qualités ne « sont que des truchements qui leur servent à faire mutuellement connaissance.

1807. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

On manque d’air et d’espace, pour me servir de la phrase consacrée. […] Il a été servi par les circonstances qui devaient lui être le plus défavorables. […] Ces Bandinelli, je les regrette, ils m’auraient servi à enfler ces mémoires. […] Monteil à la porte des ministères et des préfectures ; elle servirait de leçon aux employés à venir. […] à se servir l’un à l’autre d’attrait et de repoussoir.

1808. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Aussi est-il impossible de distinguer dans la Chronique imprimée de la Revue Suisse la part qui revient à chaque collaborateur anonyme, et nous n’aurions jamais entrepris cette publication sans les textes autographes de Sainte-Beuve, dont nous nous sommes uniquement servi.

1809. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Le voilà donc successeur en titre du professeur, héritier de la robe de chambre à fleurs et coiffé d’un grand bonnet vert de toile d’indienne, sur le devant duquel brille un lilium bulbiferum ; quant à sa bonne moitié, il est bien convenu d’avance qu’elle ne lui servira que de mère, et se contentera de le dorloter comme son enfant, de lui apprêter chaque matin sa pipe et son moka.

1810. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Ces quelques pages sont extraites du tome II des Critiques et Portraits littéraires auquel elles servaient de préface.

1811. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Ces deux fragments, auxquels nous renvoyons le lecteur, et qui servaient d’en-tête auxdits bulletins de la Revue des Deux Mondes, se terminent l’un et l’autre, dans les Portraits contemporains, par trois points de suspension.

1812. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Il a de l’esprit, du caractère, de la décision et assez de connaissance générale du métier pour pouvoir se servir du talent des autres. » Dans une autre lettre du même jour, Napoléon écrivait à Jérôme lui-même : « Mon frère, je vous envoie une lettre du ministre de la marine ; vous y verrez tout le bien que vous pouvez faire à mes flottes par une bonne conduite.

1813. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

I Ils sont les successeurs et les exécuteurs de l’ancien régime, et, quand on regarde la façon dont celui-ci les a engendrés, couvés, nourris, intronisés, provoqués, on ne peut s’empêcher de considérer son histoire comme un long suicide : de même un homme qui, monté au sommet d’une immense échelle, couperait sous ses pieds l’échelle qui le soutient  En pareil cas, les bonnes intentions ne suffisent pas ; il ne sert à rien d’être libéral et même généreux, d’ébaucher des demi-réformes.

1814. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Et, pour en revenir à Séverin Malapert, si la vie eût été plus large dans la petite maison de l’ancien agent voyer, il n’eût pas eu tant de plaisir à gagner, près du grenier, « la petite pièce, donnant sur les vignes, qui lui servait de dortoir et de cabinet de travail », et là, à relire ses poètes favoris et à rêver tout son soûl.

1815. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Leur éducation de filles nobles leur servira du moins à bien porter la détresse de l’exil — ou à bien monter sur l’échafaud.

1816. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Leurs erreurs ne sont jamais de longue conséquence, mais le bruit qu’ils font peut servir quand, d’aventure, ils ne se sont pas trompés.

1817. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

la Dame à la Faulx n’est pas un livre où toutes les tranches de vie vous sont servies à petites doses, où les faits et gestes d’un chacun… sont notées exactement, psychologiquement… Non, mieux encore, plus grand encore !

1818. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

C’est l’invasion germanique qui introduisît dans le monde le principe qui, plus tard, a servi de base à l’existence des nationalités.

1819. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Pour bien saisir cette opposition d’esprit et de mœurs, il est nécessaire de se faire une idée juste des trois partis opposés, à commencer par celui de la cour et de la Fronde qui servirent de modèle à la multitude ; viendra ensuite l’étude de la société d’élite ; et enfin celle des précieuses.

1820. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Les termes dont se sert madame de Coulanges se refusent à l’application qu’on a voulu faire à M. de Coulanges son mari, du mot un certain homme ; elle n’aurait eu aucune raison de ne pas dire tout simplement Coulanges.

1821. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Rien n’étoit plus fait pour produire un excellent Ouvrage, que son discours pour servir de Prospectus à l’Encyclopédie.

1822. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

Ils briguoient les occasions de la servir, de jetter les fondemens de cet empire que donnent sur les esprits les talens & la supériorité des lumières.

1823. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

ce monstre, ce monstre d’ire, Contre toi me força d’écrire, Et m’élança, tout irrité, Quand, d’un vers enfiélé d’iambes, Je vomissois les aigres flambes De mon courage dépité ; Pour ce qu’à tort on me fit croire, Qu’en fraudant le prix de ma gloire, Tu avois mal parlé de moi, Et que, d’une longue risée, Mon œuvre par toi méprisée, Ne servit que de farce au roi.

1824. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Quelquefois ma raison, par de foibles discours, M’invite à la révolte, & me promet secours : Mais, lorsqu’à mon besoin je me veux servir d’elle, Après beaucoup de peine & d’effort impuissans, Elle dit qu’Uranie est seule aimable & belle, Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.

1825. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Ils se servirent de tous les mauvais poëtes d’Angleterre, comme autant de trompettes propres à publier les taches qu’ils croyoient appercevoir dans un ouvrage qu’ils ne trouvoient que trop beau.

1826. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

Tels sont les deux ou trois points que j’ai tâché de ne pas perdre de vue dans l’espèce de Discours qui forme à peu près une moitié de ce Manuel : voici maintenant ceux auxquels je me suis attaché dans les Notes perpétuelles qui en sont l’autre moitié ; et qui doivent servir à la première d’illustrations ou de preuves.

1827. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Il s’en sert pour amener de la morale.

1828. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

Les héros de ce poème débitent de beaux vers qui servent à développer les principes philosophiques de Voltaire ; mais représentent-ils bien les guerriers tels qu’ils étaient au seizième siècle ?

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