/ 2008
744. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Bossuet, dirai-je donc, c’est l’esprit qui embrasse le mieux, le plus lumineusement, le plus souverainement un corps, un ensemble de doctrines morales, politiques, civiles, religieuses, qui excelle à l’exposer avec clarté et avec éclat, avec magnificence, en se plaçant au point de vue le plus élevé ou au centre, à une égale distance de toutes les extrémités ; à en retenir, à en réunir, à en développer tous les ressorts, à en faire marcher tous les mouvements, à en faire bruire et résonner l’harmonie, comme sous la voûte d’une nef les tonnerres d’un orgue immense ; — mais en même temps, c’est un esprit qui n’en sort pas, de cette nef, de cette sphère si bien remplie, qui ne sent pas le besoin d’en sortir, qui n’invente rien au fond, qui n’innove jamais : il hait la nouveauté, l’inquiétude et le changement ; en un mot, c’est le plus magnifique et le plus souverain organe et interprète de ce qui est institué primordialement et établi. […] Bossuet, dirai-je encore, c’est l’esprit le plus naturellement religieux et sacré, le plus naturellement sacerdotal, le moins combattu.

745. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play en vint à reconnaître que l’élément conservateur, le principe calmant et consolant, dans tous les cas qu’il avait observés, n’était pas distinct ni séparable de l’élément religieux. Dans tout état de société, — qu’il s’agisse de la Russie méridionale et des paysans agriculteurs, chez qui la religion n’empêche sans doute ni l’intempérance, ni la ruse, ni la fraude, ni bien des vices, mais à qui elle inspire un pieux et absolu respect dans les rapports des fils aux parents, « une résignation stoïque dans les souffrances physiques et morales, et, en présence de la mort, une assurance, une sérénité qui a parfois un véritable caractère de grandeur » ; — qu’il s’agisse, tout au contraire, des peuples et des régimes les plus avancés, tels que l’Angleterre, chez qui les hautes classes et les lords peuvent être dissolus à leur aise, mais que gouverne réellement et que maintient avec fermeté, en présence des masses chartistes, l’immense classe bourgeoise ou rurale moyenne, tout imprégnée de la Bible et de la forte moralité qui en découle ; — partout l’élément religieux, sous une forme ou sous une autre, lui a paru essentiel à la durée et à la stabilité des sociétés.

746. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

L’habit monacal fut renvoyé à Saint-Germain-des-Prés… Il avoit laissé dans sa cellule trois lettres pour le Père général, le Père prieur, et un religieux de ses amis. » C’est une des deux premières lettres qui a été conservée dans les paquets de dom Grenier, et que nous donnons ici. […] J’ai des preuves à donner là-dessus qui passeroient les bornes d’une lettre, et, pour peu que chacun veuille s’expliquer sincèrement, l’on conviendra que telle est à mon égard la disposition de presque tous vos religieux.

747. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Les usages communs de la vie étaient ennoblis par des pratiques religieuses ; notre luxe commode, nos machines combinées par les sciences, nos relations sociales simplifiées par le commerce, ne peuvent se peindre en vers d’un genre élevé. […] On ne saurait nier que la législation d’un peuple ne soit toute-puissante sur ses goûts, sur ses talents et sur ses habitudes, puisque Lacédémone a existé à côté d’Athènes, dans le même siècle, sous le même climat, avec des dogmes religieux à peu près semblables, et cependant avec des mœurs si différentes.

748. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Mais il se présente par le livre, et les jeunes gens, comme nous en rencontrons encore dans nos lycées et plus encore dans l’enseignement primaire, dont l’intelligence est restée naïve et comme vierge, ont un respect en quelque sorte religieux pour le livre, dépositaire de la science, qu’ils vénèrent, à laquelle ils aspirent. […] Bossuet se fait-il l’avocat du vice, quand il défend à des religieuses la recherche de la perfection, et leur recommande le terre à terre des petites vertus et des devoirs journaliers ?

749. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

. — Harmonies poétiques et religieuses (1830). — Voyage en Orient (1835). — Jocelyn (1836). — La Chute d’un Ange (1838). — Recueillements poétiques (1839). — Histoire des Girondins (1846). — Trois mois au pouvoir (1848). — Histoire de la Révolution de février (1849). — Raphaël, pages de la 20e année (1849). — Confidences (1849). — Toussaint-Louverture, drame (1850) […] les Méditations, quelques pièces des Harmonies religieuses, quelques morceaux de Jocelyn.

750. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Aujourd’hui la législation n’intervient plus pour imposer des règles aux artistes ou pour sévir contre les œuvres d’art non conformistes, comme cela avait lieu aux temps où l’art avait une fonction religieuse et sociale. […] Selon Tolstoï, l’art consiste à « faire passer les conceptions religieuses du domaine de la raison dans celui du sentiment50 ».

751. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Quelquefois, par une conséquence naturelle, sa grande importance religieuse était sur le point de se changer en importance sociale. […] Malgré l’église féodale, des sectes, des ordres religieux, de saints personnages continuèrent de protester, au nom de l’Évangile, contre l’iniquité du monde.

752. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Elle s’avoua, se déclara attachée aux principes de la morale religieuse plutôt que pieuse, et surtout et le ne se fil point dévote. […] Elle en avait besoin dans l’exercice de son office de gouvernante, pour conserver la liberté de se retirer et en trouver un prétexte dans ses devoirs religieux, si la mère des enfants qu’elle allait élever lui rendait la vie désagréable, et que le roi ne la dédommageât point de ses disgrâces.

753. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Cette cause commune, c’est l’affaiblissement du traditionalisme religieux qui renforce à la fois le besoin de savoir et le penchant au suicide. […] En procédant ainsi, on a cru pouvoir dire, par exemple, que l’affaiblissement des croyances religieuses et de tout traditionalisme ne pouvait jamais être qu’un phénomène passager de la vie des peuples, parce qu’il n’apparaît que pendant la dernière période de leur existence pour cesser dès qu’une évolution nouvelle recommence.

754. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Ce qu’il imita le moins sans doute, et ce qui semble avoir été un des caractères originaux d’Alcée, c’était une hardiesse non plus de mouvement et d’images, mais d’invention dans les hymnes religieux. […] Que de maux seront soufferts, que de ruines entassées, que de monuments et d’idées s’écrouleront dans le monde, pour que ces souvenirs soient expiés aux mêmes lieux qui les consacrent, que la pénitence épure cette terre de volupté, qu’une église de martyrs s’élève à la place d’un bocage sacré, et que la prière d’une humble vierge au pied de la croix ou le dévouement de quelque religieux dans un lazaret remplace, aux mêmes lieux, les hymnes chantés à Vénus !

755. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

. — Les Philosophes et les Écrivains religieux (1887). — Les Œuvres et les Hommes, seconde édition (1889 et années suivantes).

756. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

. — Chants civils et religieux (1841). — Rimes héroïques (1843). — Le Décameron, de Boccace, traduction (t 845). — Jules César, de Shakespeare, traduction (1848). — Silves (1864). — Satires (1865). — Trois passions nouvelles (1867). — La Chanson du vieux marin, de Coleridge (1876). — Contes du soir (1879). — Histoires de voyage (1880). — Chez les poètes, études, traductions et imitations en vers (1882). — Souvenirs personnels et silhouettes contemporaines (1883). — Poésies posthumes (1884).

757. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

Celui de son livre meut des attributs païens, néo-grecs, néo-alexandrins, si l’on veut, que Puvis de Chavannes a créés autour de certaines de ses figures silencieuses, cette atmosphère de bois sacré qu’il a su transcrire sans en effriter la brume religieuse.

758. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Charles Maurras Je crois qu’on sentira dans ce livre profond et clair : De la métamorphose des fontaines, les deux traits essentiels du génie de M. de La Tailhède : c’est la force lyrique, d’une part, et, d’autre part, un sentiment d’admiration et d’étonnement religieux devant le secret de la nature des choses.

759. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

C’est là toute l’histoire politique, guerrière, artistique, religieuse.

760. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Les anciens eux-mêmes devaient à leur culte le peu d’humanité qu’on remarque chez eux : l’hospitalité, le respect pour les suppliants et pour les malheureux, tenaient à des idées religieuses.

761. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Enfin Vergniaud ne s’est élevé à la grande éloquence, dans quelques passages de son discours pour Louis XVI, que parce que son sujet l’a entraîné dans la région des idées religieuses : les pyramides, les morts, le silence et les tombeaux.

762. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

L’auteur du Pouvoir et de la Liberté, qui appartient, par les tendances générales de sa philosophie autant que par ses convictions religieuses, à la grande école des de Maistre et des Bonald, ne croit pas à la souveraineté du peuple, et la plus grande partie de son livre est consacrée à la combattre ; mais l’originalité de son principe consiste précisément en ceci qu’il n’est faussé par l’application d’aucune théorie et qu’il embrasse et domine les plus opposées, aussi bien la théorie de la souveraineté du nombre que la théorie mystique du droit divin.

763. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Nous allons voir comment les secoururent leurs diverses croyances, religieuses ou philosophiques.‌

764. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

. — Les premiers rois chrétiens fondèrent des ordres religieux et militaires pour combattre les infidèles. — Alors revinrent avec plus de vérité le pura et pia bella des peuples héroïques.

765. (1888) Poètes et romanciers

Je ne connais pas de peinture plus navrante que celle-ci, dans sa tragique simplicité, pour exprimer le désespoir religieux. […] Il appartient à la philosophie religieuse, bien plus qu’à aucune forme de religion positive. […] Est-il vrai que chaque idée religieuse s’exprime dans un art spécial et déterminé ? […] Et quand tu vois des arbres, Parles-tu quelquefois à ces religieux ? […] Ce qui serait pour une autre jeune fille une préoccupation frivole, est l’intérêt sérieux, presque religieux de sa vie.

766. (1886) Le roman russe pp. -351

Et le sentiment religieux paraissait inséparable des interprétations temporaires qu’on identifiait avec lui. […] Tous les sages ayant décidé que les nouvelles explications du monde étaient contradictoires aux explications religieuses, l’orgueil s’est refusé à reviser le procès. […] J’aurai occasion de revenir sur cette constatation à propos de l’état religieux et moral du peuple russe. […] Aucun de ses ouvrages satiriques ne lui valut autant d’ennemis et d’injures que ce traité de morale religieuse. […] Il nous suffira de constater qu’à l’heure où un importun élevait ainsi la voix, la question religieuse n’existait pas.

767. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

En vérité, c’est un sentiment religieux bien impuissant que celui qui s’arrêterait à une vague contemplation. […] Le culte est donc le développement, la réalisation du sentiment religieux, non sa limitation. […] De là, peu à peu, un enseignement religieux plus méthodique et plus régulier dans les cloîtres ; puis les universités, enfin mille systèmes. […] De là le polythéisme, ou la domination de l’idée de la variété et du fini dans les représentations religieuses. […] N’oubliez pas encore que l’idée de l’histoire de l’humanité date du dix-septième siècle, et que le dix-septième siècle est essentiellement religieux.

768. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

De même pour la religion : Camille Jordan était foncièrement religieux ; il plaida en toute occasion pour la liberté des cultes. […] — Il sait cependant vous aimer et vous admirer ; mais je vous aime encore plus. — Vous m’avez écrit que vous me souhaitiez des idées plus religieuses : j’en voudrais sûrement davantage ; mais, cher Camille, je m’en crois bien autant que vous, et sûrement j’ai plus d’usage à en faire. […] « Prosper142 est ici depuis trois semaines. » On aura remarqué ce qu’elle dit de ses sentiments religieux et de ceux de Camille Jordan : c’est un avertissement pour nous, si nous en étions tenté, de ne pas faire Camille plus catholique qu’il n’était en effet143. […] Il s’est fait catholique et me paraît dans la plus haute exaltation religieuse. — J’ai vu aussi M. de Chabot, ami de Matthieu, un jeune homme aimable et bon, passant aussi sa vie dans les églises. […] Un témoin de ce temps-là, un anonyme en qui je crois reconnaître la plume distinguée de Henri de Latouche, nous l’a présenté tel qu’il parut à la session de 1820, dans cette esquisse ressemblante et fidèle : « Si vous voyez s’avancer à la tribune d’un pas lent et réfléchi un homme de taille élevée, la figure douce et valétudinaire, les cheveux courts, poudrés et un peu crêpés ; si cet orateur promène sur l’Assemblée un œil de bienveillance et de conviction ; que son discours soit commencé d’un accent noble, assuré et modeste à la fois, recueillez-vous, gardez un religieux silence, prêtez une exclusive attention.

769. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Voyez l’école de ceux qui s’en sont faits les historiens les plus profonds et les plus religieux, l’école de MM.  […] De même, lorsqu’on aborde la philosophie religieuse et sociale de MM.  […] Saint-Marc Girardin, en louant La Fayette dans les Débats (preuve qu’il est bien mort), a conjecturé que, s’il avait vécu au Moyen Age, il aurait fondé quelque ordre religieux avec la puissance d’une idée morale fixe. […] On connaissait déjà quelques-unes des principales lettres de Washington à La Fayette, que ce dernier avait communiquées ; elles ont un genre de beauté simple, sensée, calme, majestueuse, religieuse, qui élève l’âme et mouille par moments l’œil de larmes. « Nous sommes à présent, écrit Washington à La Fayette (avril 1783), un peuple indépendant, et nous devons apprendre la tactique de la politique. […] Et pourquoi ne croirais-je pas l’écrire sous vos yeux, lorsque c’est au souvenir religieux de quelques amis, plus qu’à l’opinion de l’univers existant, que j’aime à rapporter mes actions et mes pensées, en harmonie, j’ose le dire, avec une telle consécration ? 

770. (1927) André Gide pp. 8-126

Gide n’a jamais fait mystère de ses attaches religieuses, je puis bien mentionner qu’on l’avait surnommé le Barrès protestant. […] Vous entendez bien que cette maison paternelle représente les conservatismes et les traditionalismes politiques et religieux. […] Tagore et montrer lui aussi une âme profondément religieuse. […] André Gide nous enseigne ici que l’iconoclastie est un mouvement religieux et un acte de foi retourné, psychologiquement très voisin de la foi proprement dite. […] Il y a aujourd’hui un mouvement antiflaubertiste, qui s’explique par les mêmes motifs, politiques et religieux, que le mouvement hugophobe.

771. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

— Voyez dans les Débats de ce matin (4 janvier) le discours du roi en réponse à celui de Villemain ; le roi s’y montre bien moins universitaire que son ministre, et ne parle que de la nécessité d’un enseignement religieux.

772. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

Crétineau-Joly : cet auteur est déjà connu par une Histoire des guerres de la Vendée, dont la première partie est des plus intéressantes ; il appartient au parti légitimiste et religieux ; on le loue comme écrivain plus qu’à d’autres égards ; il a eu un procès scandaleux avec M. de Genoude pour injures et calomnies réciproques, et on a été tout étonné de les voir sortir de l’audience bras dessus bras dessous.

773. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

Un des écrivains monarchiques et religieux était allé chez Chateaubriand au sujet de ces tristes débats d’argent ; et voyant le portrait de Fontanes : « Où est la critique de M. de Fontanes, monsieur le vicomte ?

774. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

« Enfin, nous avoue-t-elle ingénument, je n’ai été étrangère à rien, j’ai pu parler passablement de tout ; mais je n’ai su parfaitement que ce qui se rapporte aux beaux-arts, à la littérature et à l’étude du cœur humain. » Je ne m’arrête pas à des anecdotes bien longues dont madame de Genlis nourrit habilement son récit : comment dans ses retraites au couvent elle barbouillait la nuit les vieilles religieuses, comment elle mystifiait le chevalier Tirtame, ou frappait aux vitres des paysans du village.

775. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Si sa Muse eût toujours parlé un langage aussi religieux, il eût eu la gloire, non pas de faire des Odes comparables à celles de Rousseau & de M.

776. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Quant à la dédicace placée en tête de ce volume, l’auteur, surtout après les lignes qui précèdent, pense n’avoir pas besoin de dire combien est calme et religieux le sentiment qui l’a dictée.

777. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Il étoit aussi bon citoyen, aussi bon ami, aussi bon religieux, qu’excellent puriste.

778. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Pour démontrer l’influence d’une institution morale ou religieuse sur le cœur de l’homme, il n’est pas nécessaire que l’exemple rapporté soit pris à la racine même de cette institution ; il suffit qu’il en décèle le génie : c’est ainsi que l’Élysée, dans le Télémaque, est visiblement un paradis chrétien.

779. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Les vertus religieuses ont des ailes, elles sont passionnées.

780. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

S’il existait une religion qui s’occupât sans cesse de mettre un frein aux passions de l’homme, cette religion augmenterait nécessairement le jeu des passions dans le drame et dans l’Épopée ; elle serait plus favorable à la peinture des sentiments que toute institution religieuse qui, ne connaissant point des délits du cœur, n’agirait sur nous que par des scènes extérieures.

781. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IV. Suite des précédents. — Julie d’Étange. Clémentine. »

Nous changeons de couleurs : l’amour passionné, terrible dans la Phèdre chrétienne, ne fait plus entendre chez la dévote Julie que de mélodieux soupirs : c’est une voix troublée, qui sort d’un sanctuaire de paix, un cri d’amour que prolonge, en l’adoucissant, l’écho religieux des tabernacles.

782. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Noirot »

Toutefois, nous ne craignons pas de l’avancer, si un tel phénomène a lieu, si la science philosophique reprend l’ascendant d’un enseignement qu’elle a perdu, cela n’arrivera guères que grâce à un prêtre ou à quelque esprit profondément religieux, à une intelligence sacerdotale, — celle de l’abbé Noirot ou toute autre, peu importe !

783. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Tout ceci s’accorde avec nos principes : les hommes des premiers siècles qui étaient essentiellement religieux, ne pouvaient louer que les dieux.

784. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

La Providence voulut que les premiers peuples naturellement fiers et féroces trouvassent dans leur croyance religieuse un motif de se soumettre à la force, et qu’incapables encore de raison, ils jugeassent du droit par le succès, de la raison par la fortune ; c’était pour prévoir les événements que la fortune amènerait qu’ils employaient la divination.

785. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Le spectacle de la lutte divine qui s’engage alors est sublime ; il frappe l’âme d’une terreur religieuse et d’une pitié pleine d’admiration, d’une terreur et d’une pitié purifiées, comme le veut Aristote. […] Ferme dans sa foi religieuse complote, il maintient la neutralité la plus absolue, et rendant à tous les Dieux un honneur égal, il éprouve pour l’action qui se passe sous ses yeux une sorte d’horreur. […] J’ai traversé d’un pas lent et religieux le temple de Melpomène. […] Libre et contenant en lui-même sa fin, il a, dans son indépendance, son propre sens moral, son propre sens religieux, grave, élevé, profond203. […] L’anthropomorphisme des Dieux grecs, dans les fables où ils se rapprochent trop des passions humaines, offre un contraste avec la grandeur des idées religieuses.

786. (1902) Le critique mort jeune

Devenue inaccessible au préjugé religieux, l’intelligence affranchie se plaît dès lors à le découvrir sous les formes diverses qu’il emprunte, mais sans y voir de prétexte à s’indigner jamais : s’indigne-t-on contre les phénomènes ? […] C’était le plus souvent, même chez les esprits les plus distingués, par affectation de générosité, par mollesse libérale, par sympathie vaguement religieuse ou pour tout autre motif d’ordre sentimental. […] Paul Bourget, est bien le modèle de ces esprits faux, de ces « animaux religieux » qui s’appellent, selon les cas, le libéral ou le jacobin. […] Mais les intérêts auxquels l’une et l’autre ont égard sont de ceux qui ne touchent pas les esprits religieux possédés par la manie révolutionnaire. […] Un directeur de conscience un peu habile l’eût fait tourner en vocation religieuse.

787. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Sous ce rapport, les moralistes religieux nous seront peut-être les moins utiles. […] À en juger, soit par sa conduite, soit par ses ouvrages, on peut croire qu’il nourrissait un sentiment religieux sincère et profond. […] Dans le dessein qu’il a réalisé d’étendre et de préciser la vérité religieuse, nous découvrons trois traits qui caractérisent son œuvre. […] Ce qu’il y a de spécialement religieux est un héritage de ce que nous avons vu plus haut appartenir aux patriarches. […] Ce qui s’y trouve de religieux ?

788. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Protestant et né dans un pays où le divorce est autorisé par la loi civile et par la loi religieuse, il se flatta que la belle Juliette consentirait à faire rompre le mariage qui faisait obstacle à ses vœux, et il lui proposa de l’épouser. […] Il s’agrandit toujours ; Ballanche s’agrandissait comme l’incommensurable ; c’était l’homme des horizons ; ces horizons politiques ou religieux fuient quand on croit les atteindre et se confondent avec le ciel. […] Madame Récamier, soit par le goût naturel de piété qu’elle avait contracté au couvent dans son enfance, soit sous l’influence de son ami Mathieu de Montmorency, était très assidue tous les jours et de très grand matin aux offices religieux dans l’église de Saint-Thomas d’Aquin. […] Quand, tout essoufflé, après avoir grimpé trois étages, j’entrais dans la cellule aux approches du soir, j’étais ravi : la plongée des fenêtres était sur le jardin de l’Abbaye, dans la corbeille verdoyante duquel tournoyaient des religieuses et couraient des pensionnaires.

789. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Xavier de Maistre I J’entrai au collège des Pères de la foi en 1806 ; les Pères de la foi, pseudonyme des Jésuites, étaient la renaissance d’un ordre religieux, célèbre, qui n’avouait ni ses souvenirs, ni ses prétentions au monopole de l’enseignement de la jeunesse. […] Elle avait pris le ton lent et traînant des religieuses, et sur ce ton traînant elle disait des choses très saillantes, qui ne semblaient point aller avec son maintien. […] Quoique la puissance de Dieu soit aussi visible dans la création d’une fourmi que dans celle de l’univers entier, le grand spectacle des montagnes en impose cependant davantage à mes sens : je ne puis voir ces masses énormes, recouvertes de glaces éternelles, sans éprouver un étonnement religieux ; mais, dans ce vaste tableau qui m’entoure, j’ai des sites favoris et que j’aime de préférence ; de ce nombre est l’ermitage que vous voyez là-haut sur la sommité de la montagne de Chaveuse. […] Je ne puis voir ces masses énormes recouvertes de glaces éternelles sans éprouver un étonnement religieux.

790. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Aucune race n’a le sentiment religieux plus indépendant. […] Il n’allait jamais à l’église et évitait toutes les occasions où il eût fallu manifester une foi religieuse matérielle. […] VI Quoique l’éducation religieuse et prématurément sacerdotale qui m’était donnée ait empêché pour moi les liaisons de jeunesse avec des personnes d’un autre sexe, j’avais des petites amies d’enfance dont une surtout m’a laissé un profond souvenir. […] Nous n’irons plus au bois, ou Il Pleut, il pleut, bergère, sans être pris d’un léger tressaillement de cœur… Certainement, sans l’étau fatal qui m’enserrait, j’eusse aimé Noémi deux ou trois ans après, mais j’étais voué au raisonnement ; la dialectique religieuse m’occupait déjà tout entier.

791. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Demandez aux plus grands de ceux qui ont gouverné les hommes et qui ont le plus fait avancer leur nation ou leur race, à quelques croyances religieuses et métaphysiques qu’ils appartiennent, — Mahomet, Cromwell, Richelieu —, ils se sont tous conduits en vertu de l’expérience pure et simple, comme gens qui connaissent à fond l’homme pour ce qu’il esth, et qui, s’ils n’avaient pas été les plus habiles des gouvernants, auraient été les moralistes perspicaces les plus sévères. […] On ne dit pas mieux en moins de mots : Pour remettre mon esprit en équilibre, écrivait-il à M. de Corcelles (un esprit à la fois libéral et religieux, et à qui il savait que cela ferait plaisir), je lis toujours, de temps en temps, du Bourbaloue ; mais je crains bien que le bon Dieu ne m’en sache pas beaucoup de gré, parce que je suis trop frappé du talent de l’écrivain et trouve trop de plaisir à la forme de sa pensée.

792. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il n’y est tenu aucun compte de l’élément intérieur, du ressort principal qui explique les actions et toute la conduite de Racine dans ses dernières années, de son inspiration religieuse véritable, de son âme en un mot : et c’est elle qu’un ami du dedans va nous découvrir dans toute sa sincérité. […] Elle est toujours fort gaie et fort contente, et vous garde de très-bon chocolat dont elle me fit goûter. » C’est ce que nous lisons dans une lettre de Racine à son fils aîné, alors à Versailles (30 janvier 1699). — Cette sœur chez qui on va passer une après-dînée n’est pas du tout, comme l’a cru un ancien annotateur, la religieuse de Melun ; ce ne pouvait être que la nouvelle mariée, Mme de Riberpré.

793. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mme de La Fayette, qui était de ce cercle, et au premier rang, a écrit d’Esther, cette autre tragédie commandée bien plus tard, cette autre Juive aimable et qui correspond dans l’ordre religieux à sa première sœur, que c’était une comédie de couvent. […] Ainsi c’est l’amour même, dans sa religieuse délicatesse, qui s’oppose au bonheur de l’amour.

794. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Il faut avoir vécu contemporain d’une révolution religieuse ou politique, pour savoir quelle est la force de cette passion. […] Pendant les siècles, déchirés par les querelles religieuses, on a vu des hommes obscurs, sans aucune idée de gloire, sans aucun espoir d’être connus, employer tous les moyens, braver tous les dangers, pour servir la cause qu’ils avaient adoptée.

795. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Je ne sais si, comme le prétendent certains, l’homme est né sujet et réclame un maître, mais, à voir ce qui se passe, on serait tenté de croire que l’homme, né religieux, n’arrivera jamais à se passer d’idoles. […] Pourtant, il n’y a pas seulement chez les incroyants d’airs, comme semble le croire Hello, un parti pris d’indifférence religieuse, et peut-être sont-ils animés d’une ferveur aussi intrépide que la sienne, mais orientée à d’autres fins.

796. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Puis-je me dispenser, dans un ouvrage qui a pour objet l’histoire de la société d’élite, de faire remarquer dans ces lettres de madame de Sévigné, des 28 juin et 3 juillet, la conformité des principes d’honnêteté dont elle et ses amies étaient animées, avec tes principes religieux de Bossuet. […] Il n’eut pas besoin de parler : la tristesse religieuse empreinte sur son visage révélait toute la douleur de son âme.

797. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Un religieux en usoit de la forte : il déclamoit supérieurement, & prévenoit avec ingénuité ses auditeurs, leur déclaroit qu’il ne pouvoit mieux faire, que de leur donner les sermons des prédicateurs les plus vantés. […] Une très-belle religieuse, appellée Béatrix, passa quinze ans dans le monde, vivant en courtisanne, sans que, dans le couvent, on s’apperçût de son absence scandaleuse, parce que la vierge, qu’elle avoit invoquée, ayant emprunté sa ressemblance, s’acquitta de tous ses emplois, jusqu’à celui de portière.

798. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Nous l’essaierons cependant par la suite, mais avec une respectueuse circonspection ; car cet écrit, qui ne peut renfermer toutes les vérités sur lesquelles repose la société, est destiné du moins à en faire naître le sentiment, sentiment qui a quelque chose de religieux, et qu’on est trop parvenu à éteindre parmi les peuples. […] Vous souffrez volontiers que certains hommes conservent un culte de vénération pour vingt-cinq ans de notre histoire, parce qu’eux ont été plus ou moins mêlés aux événements de cette époque récente, parce qu’ils en ont plus ou moins adopté les résultats ; et vous vous irritez de ce que certains autres hommes, plus religieux dépositaires des mœurs anciennes, des vieilles habitudes, des illustrations consacrées par les siècles, se retirent quelquefois dans le silence de leurs foyers pour brûler un grain d’encens aux pieds de leurs premiers dieux domestiques, qui, après tout, furent assez longtemps les dieux de la patrie.

799. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Or, sans toucher à la question religieuse, et tout en reconnaissant que l’Église catholique est un monument grandiose de l’esprit humain, il faut bien établir ce fait, sine ira et studio : la Papauté temporelle, à Rome, c’était la négation de la nation italienne. […] Qu’on parte de l’école sicilienne (à demi provençale et française), ou de la poésie religieuse de l’Ombrie, ou qu’on admette encore (comme il faut le faire, à mon avis) une poésie populaire, primitive et demeurée orale, on aboutit toujours, vers 1260, à Guinizelli et au « dolce stil nuovo », où l’Italie affirme son originalité, par la fusion de ces éléments divers : réalisme, philosophie, mysticisme.

800. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

En ce temps-là l’Église, qui regrettait le bon temps des guerres religieuses, avait remplacé la guerre civile par mille querelles. […] Il découvrit, lui qui voyait tout, en tête d’une méchante comédie de Boursault, une dissertation littéraire et religieuse, signée d’un théatin nommé le P.  […] Les poésies les plus religieuses, les tragédies d’un Corneille et d’un Racine ne sont pas dangereuses ! […] Molina enseigne que les religieux peuvent changer d’habit sans pécher, quand ils veulent aller à la comédie ou autre part. […] À aucun prix elle n’eût consenti à se façonner aux exigences dévotes de sa belle-mère, madame Pernelle, aux excès religieux de son mari, M. 

801. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

De doctes religieuses enseignaient dans les couvents ce qu’avaient décidé les cours d’amour : à savoir que le véritable amour ne saurait exister entre les époux. […] Mais aussitôt que, selon l’usage, un religieux lui eut notifié les conditions de l’amnistie, il entra en grande colère. […] C’est la plus belle doctrine religieuse et morale qui se puisse concevoir, et jamais elle ne sera dépassée. […] Et, comme pour prêter des accents plus beaux à ce renouvellement mystérieux des âmes, le plus religieux de tous les arts et le plus allemand, la musique, invente des accords sublimes et tels qu’on n’en avait point encore entendu. […] La fièvre intense qui l’a exaspéré jusqu’au suicide est calmée ; mais le trouble où l’ont mis les doutes religieux, les amours brisées, le mysticisme, la pratique des sciences « licites et illicites », dure encore.

802. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Quant au thème grec, il avait de brillants partisans, mais peu nombreux, parce que cette forme se prête mal à l’exposition des principes politiques et religieux.

803. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

Armand de Pontmartin Je déclare, après avoir relu attentivement l’édition complète des Chansons, qu’au point de vue religieux et politique, M. 

804. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

« Certes, je reconnais l’importance qu’il convient de donner à l’hallucination comme facteur de la civilisation à une époque où l’illusion religieuse vient à nous faire défaut ; je reconnais aussi que toute œuvre d’art résulté d’une hallucination.

805. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

Or, l’esprit des siècles héroïques se forme du mélange d’un état civil encore grossier, et d’un état religieux porté à son plus haut point d’influence.

806. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre III. Massillon. »

Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.

807. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

On reprend, en la fortifiant des découvertes des sciences naturelles, la thèse spiritualiste et religieuse du Moyen Âge, qui, en face de la science de Dieu, dressait, avec sa logique catholique, la science du diable, quand la philosophie moderne a nié l’une et l’autre du même coup.

808. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Il brillerait au premier rang si nous avions encore une littérature de cape et d’épée, cette littérature morte maintenant et qui fut longtemps l’âme de la « France-soldat », chevaleresque, amoureuse, religieuse, convaincue comme elle !

809. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Il donna ses obélisques à Rome, ses lois à la Grèce, ses institutions religieuses à une partie de l’Orient, ses colonies et ses usages à plusieurs pays de l’Asie et de l’Europe ; il n’eut presque sur tout que des idées vastes ; ses ruines même nous étonnent, et ses pyramides, qui subsistent depuis quatre mille ans, semblent faire toucher le voyageur aux premiers siècles du monde.

810. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Sans se laisser abuser par la phraséologie religieuse, il déclare tout net que la religion des Anglais dans la haute société n’est que le complément d’une bonne éducation. […] De là les délicates nuances de la vie politique et religieuse anglaise, qui sont si difficiles à saisir pour des yeux étrangers habitués aux couleurs tranchées. […] Il devra savoir désormais que ce nom de Butler ne représente rien que l’esprit de parti et doit céder la place à celui de l’inconnu Bunyan, qui représente l’enthousiasme religieux et la poésie de la croyance sincère. […] Il ignorait les mièvreries sentimentales, les subtilités métaphysiques, le libéralisme religieux et l’idéalisme politique. […] Elis Wyn vit deux de ces révoltes pendant le temps de son séjour, lesquelles étaient d’une force respectable et pouvaient aisément compter pour dix : une révolte religieuse et une révolte sociale.

811. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

L’un et l’autre, sans doute, sont admirables, pathétiques, dramatiques ; mais peu chrétiens, et même peu religieux. […] Les peuples du Midi et de l’Occident recherchèrent les tableaux religieux, — dont quelques-uns, participant au merveilleux des légendes qu’ils représentaient, furent regardés eux-mêmes comme des miracles. […] Si l’on s’imagine que Raphaël, Michel-Ange et les autres grands maîtres ont fait de la peinture religieuse, c’est parce qu’ils ont traité des sujets religieux ; mais, en réalité, leur oeuvre est de la peinture d’histoire. […] « Il n’y a d’élément esthétique dans l’histoire sainte que ce qui est purement humain ; et, si l’art y trouve d’excellents sujets, ce n’est pas parce que, mais quoique religieux. […] Mais l’élément artistique ne se développait qu’aux dépens de l’élément religieux.

812. (1864) Le roman contemporain

Dutertre est religieux à sa manière et à la manière de madame George Sand, mais il n’est pas religieux comme l’entend l’Église. […] Octave Feuillet pour le courage qu’il a eu de traiter, sous cette forme du roman, la question si grave et si peu romanesque de la croyance religieuse. […] Le sentiment religieux qu’on trouve dans la plupart de ces tableaux a quelque chose de trop vague et de trop morbide pour servir de préservatif. […] Il subtilise sur toute chose ; les devoirs tels que les impose la morale religieuse ne lui suffisent pas, il les exagère. […] L’évêque est donc venu dans l’intention charitable de ne pas laisser mourir sans secours religieux son farouche diocésain.

813. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Chacun de nous peut affirmer qu’il a eu des martyrs par fanatisme religieux parmi ses ascendants. […] C’est une vie religieuse qu’il lui faudrait, et les effusions au pied de l’autel. […] Sommes-nous étrangers d’ailleurs aux émotions qui ont suscité ces ardeurs religieuses ? […] Les théories de critique religieuse propres à M.  […] Quand on dit que la critique religieuse de M. 

814. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Ducis trouva le sien en ces années par les morts et les pertes réitérées de ses filles, de son ami Thomas, de sa mère : il en sortit le grand vieillard religieux, biblique, l’anachorète que nous allons voir, à la voix sonnante, au verbe enflammé ; mais le tragique ne donna plus que de rares et derniers fruits à l’extrémité du rameau. […] J’ai vu le rire et l’ingénuité de l’enfance sur les lèvres du vieillard, la gravité et le recueillement de l’âme dans les traits de la jeunesse. » Ducis, pour certains accents religieux, grandioses et doux, est un parent de Chateaubriand, de même qu’il est un de nos pères et de nos aïeux en rêverie. […] Mes principes religieux me rendraient plus propre à une solitude des déserts de la Thébaïde qu’à toute autre condition.

815. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il était religieux, et d’un spiritualisme fermement raisonné, comme en fait foi son chapitre des Esprits forts ; qui, venu le dernier, répond tout ensemble à une beauté secrète de composition, à une précaution ménagée d’avance contre des attaques qui n’ont pas manqué, et à une conviction profonde. […] Il a fait plus que de montrer au doigt le courtisan, qui autrefois portait ses cheveux, en perruque désormais, l’habit serré et le bas uni, parce qu’il est dévot ; il a fait plus que de dénoncer à l’avance les représailles impies de la Régence, par le trait ineffaçable : Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée ; il a adressé à Louis XIV même ce conseil direct, à peine voilé en éloge : « C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse ; instruit jusques où le courtisan veut lui plaire et aux dépens de quoi il feroit sa fortune, il le ménage avec prudence ; il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilége ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie. » Malgré ses dialogues sur le quiétisme, malgré quelques mots qu’on regrette de lire sur la révocation de l’édit de Nantes, et quelque endroit favorable à la magie, je serais tenté plutôt de soupçonner La Bruyère de liberté d’esprit que du contraire. […] Il est obligé d’alléguer son chapitre des Esprits forts et de supposer à l’ordre de ses matières un dessein religieux un peu subtil, pour mettre à couvert sa foi.

816. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Il n’y eut de satisfaits que les esprits restés libres dans la querelle religieuse, et les princes qui trouvaient leur compte à ce que la satire de Rabelais affaiblit les catholiques sans fortifier les protestants, C’est pour ces esprits libres et avec l’agrément tacite des princes, que Gargantua fait bâtir l’abbaye de Thélème, dont la devise est : Fais ce que voudras. […] Cette précaution, outre qu’elle l’assurait contre toute poursuite, était d’ailleurs justifiée par certaines interpolations dont la cupidité ou la passion religieuse des éditeurs avaient chargé les premières éditions. […] Je répugne à croire que tout ce que Rabelais a donné durant sa vie aux devoirs de sa profession religieuse ait été de pure comédie, et que le bon curé de Meudon, qui, dans sa vieillesse bienfaisante, dit-on, et honorée, apprenait le plain-chant aux enfants de sa paroisse et la lecture aux pauvres gens, n’ait été qu’un incrédule enseignant une superstition.

817. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Parsifai, lui, n’en resta pas moins l’Ananda du renoncement ; et le pèlerin qui, à Karéol, répandait aux plaintes de Tristan par l’inutile opposition d’une autre foi, acquit une signification vivante lorsqu’il eut entendu « le soupir de divine compassion », qu’il put guérir la plaie de Tristan-Amfortas, et lui dire : « Bénies soient tes souffrances, qui ont enseigné à l’irrésolu Fol la très haute puissance de la Compassion et la force de la plus pure Science. » Il est superflu, après cet historique, de déclarer que Parsifal n’est pas la glorification d’un dogme religieux. […] C’est ; d’abord50, une entrée à quelque monde, lointain, de nouvelles réalités, et c’est le confus emmêlement de vies religieuses, lointaines, comme en l’attente de leur forme … Alors le Pur et Folax une âme pure, où entre la vie d’une vie très exaltée, et d’une vie très concupiscente, très adorante, l’éternel languir, le souffrir et le jouir éternel de l’âme, et la vie de fornication, — la vie luxurieuse et mystique, — jusque le surgissement, en lent exhaussement, triomphal, de la vie voulue. Car Amfortas, c’est Parsifal visionnaire d’une vie concupiscente ; Klingsor, c’est encore la vision, en Parsifal, d’une vie autrement vécue ; et Kundry, les Filles, ce n’est rien que des visions de Parsifal ; les chevaliers, toutes ces ombres, les images de sa voyance : vie de l’âme religieuse et charnelle.

818. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Houston Stewart Chamberlain, qui, s’il laisse de côté quelques parties importantes de l’œuvre de Wagner, comme les idées politiques et religieuses de ce penseur, a néanmoins été chercher la compréhension de Wagner à la seule source où elle se trouve, dans ses œuvres théoriques, en un mot dans cette série de traités sur l’art, qui remplit ses « Gesammelte Schriften ». […] Mois wagnérien de Paris 6 Février : Concert Colonne : Scène religieuse du 1er acte de Parsifal. […] 13 Février : Concert Colonne : Scène religieuse du 1er acte de Parsifal.

819. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Propagateurs des vices dont nous sommes le produit (comme disait un jour un homme éloquent)2, nous n’en avons pas plus de repentir que nos pères, si bien qu’un écrivain, religieux pourtant, comme M.  […] Un sentiment inattendu s’est tout à coup éveillé dans sa vieille conscience d’historien religieux, de moraliste, d’homme d’autorité, et l’a saisi à la fin de sa tâche, l’inquiétant, pour la première fois, sur la valeur de travail de blanc forcé auquel il s’est livré depuis longtemps pour le compte du xviiie  siècle. […] Capefigue, finissant sa carrière d’historien sensé, grave et religieux, par des amours de jeune homme, ont porté coup à son aplomb et à sa confiance, et que ces reproches venant jusque de voix amies (car nous aimons M. 

820. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

L'auteur caractérise d’un mot la différence entre Pétersbourg et Paris : « A Paris on s’amuse de tout en blàmant tout ; à Pétersbourg on s’ennuie de tout en louant tout. » — M. de La Gournerie, ancien rédacteur de l’ancien Correspondant et probablement aussi du nouveau ; ami de Cazalès, de l’abbé Gerbet, de ce groupe, — je ne le connais pas, mais ce doit être un brave homme ; — une différence capitale entre les néo-catholiques de 1843 et les catholiques de 1828 (dont est La Gournerie), c’est que ceux-ci n’ont jamais dit d’injures aux gens, aux voisins plus ou moins religieux, mais non catholiques.

821. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

Une foule de personnes, qui donnent dans la réaction religieuse du jour, se mirent à désirer que le cœur en question fût précisément celui de saint Louis ; il ne s’agissait plus que de trouver des raisons.

822. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

L’épisode de la mère Inès et la peinture du couvent sont semés de traits discrets et justes, sur cet effet mystérieux des religieuses aux formes vagues se perdant dans les corridors, sur cette marche furtive de la jeune fille serrant le mur auquel, de temps en temps, elle s’appuie pour se rendre plus légère ; un art délicat a touché ces points.

823. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Quelques-unes des scènes évangéliques sont reproduites avec un rare bonheur, dans un ton de forte simplicité et de grandeur calme… Psyché, qui est le Désir de l’infini, les Poèmes évangéliques, qui sont la Charité, le Sacrifice, la Douleur, expriment presque au même titre l’idéalisme religieux chez M. de Laprade.

824. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Si l’art est l’expression parfaite, l’écho religieux de cet entretien, M. 

825. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

La messe, les prières, les sacrements, les cérémonies de l’Église, que l’auteur rappelle à tous moments, augmentent aussi les beautés religieuses de l’ouvrage.

826. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Les Religieux qui publièrent la vie des Pères du désert furent à leur tour obligés de faire le tableau des retraites où ces illustres inconnus avaient caché leur gloire.

827. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

Aussi tranquilles donc sur leur subsistance que le religieux d’une riche abbaïe, ils avoient la liberté d’esprit necessaire pour se livrer aux goûts que la douceur du climat dans les contrées qu’ils habitoient faisoit naître en eux.

828. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Paul Veronése introduit parmi les conviez des religieux benedictins du couvent pour lequel il travailloit.

829. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Suivant ces rigides accusateurs, cette philosophie serait une conspiration ourdie avec suite et perversité, pour détruire les lois religieuses et politiques. […] À proprement parler, il n’y eut plus de secte philosophique ; on ne vit plus que des sectes religieuses. […] Il défendait la cause des sentiments religieux contre le torrent des opinions à la mode, et donnait à tous ses écrits un caractère de finesse et d’élévation, de gravité et de douceur. […] Son éternel honneur sera d’avoir été associé à l’événement le plus tristement religieux de notre Révolution. […] Dès lors, les souvenirs de sa mort jetaient dans toutes les âmes une impression religieuse.

830. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Au reste, dès qu’on veut peindre cette passion identique et une en tous les âges, il n’y a pas de choix : il faut passer par les mêmes traits, revenir sur les mêmes symptômes ; et c’est toujours le cas de s’écrier avec la Religieuse portugaise, dans ce conseil éperdu qu’elle donnait à son trop raisonnable amant : « Mais avant de vous engager dans une grande passion, pensez bien à l’excès de mes douleurs, à l’incertitude de mes projets, à la diversité de mes mouvements, à l’extravagance de mes lettres, à mes confiances, à mes désespoirs, à mes souhaits, à ma jalousie ! […] e Rémusat proclamait récemment la première des femmes, en est atteinte ; et, sans sortir de notre connaissance et de notre littérature, je retrouve quelques traits irrécusables chez un certain nombre de personnages de la réalité ou du roman (j’aime à les confondre), chez Louise Labé, chez la Religieuse portugaise, la princesse de Clèves, Des Grieux, le chevalier d’Aydie, mademoiselle de Lespinasse, Virginie, Velléda, Amélie. […] Tel qu’il s’observe en luis même à l’état de maladie, et soit qu’il éclate en la Religieuse portugaise ou en Médée, il n’est ni l’une ni l’autre de ces choses. […] N’est-ce pas ainsi, et selon un sentiment très-approchant, que, dans les Lettres portugaises, la religieuse, se rappelant le jour où elle a, pour la première fois, aperçu du haut de son balcon le bel étranger, dit : « Il me sembla que vous vouliez me plaire, quoique vous ne me connussiez pas : je me persuadai que vous m’aviez remarquée entre toutes celles qui étoient avec moi.

831. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Nos philosophes modernes, soit religieux, soit rationnels, n’ont pas au même degré cette clarté ; ceux qui s’appuient sur des dogmes ne raisonnent pas, ils imposent leur philosophie ; ceux qui s’appuient sur le raisonnement sont froids, secs et argumentateurs. […] Montesquieu l’admire, comme une histoire complète des superstitions païennes et des rites religieux du temps. […] Ce livre n’est qu’un débris, il n’en reste que quelques belles pages ; on voit seulement que c’était un développement de son livre sur la divinité, et qu’il y portait, comme le poète Lucrèce, mais d’une main plus religieuse que Lucrèce, des coups terribles aux superstitions païennes de son pays. […] … C’est pourquoi, mon fils, toi et tous les hommes religieux, vous devez retenir votre âme dans les liens du corps ; aucun de vous, sans le commandement de celui qui vous l’a donnée, ne peut sortir de cette vie mortelle.

832. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il y avait au mont Sainte-Agnès, dans le diocèse de Cologne, un monastère de l’ordre de Windesheim, un religieux du nom de Jean A Kempis. […] Il est à croire que ses dispositions, à la fois actives et pensives, le signalèrent de bonne heure à l’attention de ses parents ; car, à l’issue de cette éducation première, il fut envoyé à Paris, et suivit pendant dix ans les cours des hautes études littéraires et religieuses. […] Sans doute les religieux de Mœlch se transmirent l’émotion qu’ils en ressentaient en les copiant à mesure que Gerson les écrivait, et en firent passer les fragments de couvent en couvent jusqu’aux extrémités de l’Europe ; car, sans qu’ils connussent précisément le nom de cet humble hôte de leur monastère, les Consolations passèrent, grâce à eux, de royaume en royaume aux extrémités du monde. […] Toute argutie d’école, toute controverse religieuse écartée, il n’y a au fond que deux philosophies dans le monde : la philosophie du plaisir, ou la philosophie de la douleur ; la philosophie des rêves, ou la philosophie réelle.

833. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Je me rappelai ces vers fameux de Claudien, dans lesquels il exprime l’espèce de doute qui s’élève dans les âmes les plus religieuses lorsqu’elles voient la terre abandonnée aux méchants et le sort des mortels comme flottant au gré du hasard. […] Il est facile de dire ce qui n’est pas de la poésie ; mais si l’on veut comprendre ce qu’elle est, il faut appeler à son secours les impressions qu’excitent une belle contrée, une musique harmonieuse, le regard d’un objet chéri, et par-dessus tout un sentiment religieux qui nous fait éprouver en nous-mêmes la présence de la divinité. […] Rousseau dans ses Odes religieuses, Racine dans Athalie, se sont montrés poëtes lyriques ; ils étaient nourris des psaumes et pénétrés d’une foi vive ; néanmoins les difficultés de la langue et de la versification française s’opposent presque toujours à l’abandon de l’enthousiasme. […] Un mariage religieux est la plus belle des félicités terrestres ; mais, si le Seigneur ne fonde pas lui même l’édifice de l’homme, qu’importe ses vains travaux ? 

834. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il avait compris que l’œuvre d’art doit être complète et vraie, c’est à dire le drame, mais un drame d’art complet, non de musique seule, et un drame d’action vraie, non de virtuosité conventionnelle ; il avait compris, encore, que cette œuvre d’art, complète et vraie, n’est point une frivole distraction, qu’elle est la création suprême de l’esprit, et que cette création, faite, d’abord, par l’auteur, et devant être, ensuite, refaite, entièrement, par les auditeurs, peut être connue par eux, seulement dans l’oubli des soucis temporels et dans la paix, non troublée, de la contemplation intérieure, aux jours, très rares, de la sérénité ; enfin, il avait compris que l’art, demeurant complet et vrai, doit, aussi, donner à l’homme une révélation religieuse de la Réalité transcendante, — être un culte, offert à l’intelligence du Peuple, — mais de ce Peuple idéal, qui est la Communion universelle des Voyants. […] Ainsi le monde, sans cesse, lui apportait de nouveaux sujets à défiance et à misanthropie ; mais lui, éclairé par sa Vision religieuse intime, il opposait, sans cesse, à ce monde, sa croissante foi optimiste. […] Voulons nous voir, maintenant, comment sa foi religieuse optimiste est allée d’accord avec sa tendance instinctive à l’élargissement de son art ? […] Cette mélodie est, maintenant, le Cantus firmus, le Choral de la nouvelle communion, autour duquel, comme autour du Choral religieux de Bach, les voix harmoniques ultérieures se groupent en contrepoint.

835. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Le son des trompettes guidait les guerriers aux combats : le son des trompettes, rythme, mélodie, timbre, devint expressif des émotions guerrières ; quand fut institué le rite chrétien, les mélodies religieuses intimement liées au sens des paroles qu’elles accompagnaient, devinrent expressives des émotions suggérées par ces paroles ; les chansons populaires au moyen-âge devinrent également des motifs d’expression musicale ; et le langage de la musique s’accroissait de formes expressives de sentimentalités ; ce fut l’époque du moyen-âge finissant où s’épanouissait cet art nouveau si riche de promesses, de promesses hélas chûtées ! […] D’aucune façon le Parsifal n’apparaît tel ; dans le texte, il n’y a qu’anecdote ; dans l’ensemble du texte et de la musique, il ne peut y avoir qu’illustration d’une anecdote, ou musique additionnée d’une anecdote ; car le Parsifal, Amfortas, Kundry ne sont pas personnages humains ; ils n’ont pas de psychologie ; leur nature se modifie à chaque scène, ou plutôt n’est posée en aucune ; tous falots et irréels, Kundry, Parsifal, Amfortas ne répondent à rien d’humain ; ce n’est que mise en action d’un vague romancero religieux. […] Puis, le Verwandlungsmusik, une marche longuement graduée d’instruments et d’instruments et de voix, une progression mêlée de placidités et d’efforts souffrants, tantôt d’un calme, tantôt de mystérieuses répulsions prêtes à éclater, une progression tour à tour tranquille et douloureuse vers un auguste et terrible lieu ; et c’est la sérénité argentée des trompettes qui sonnent l’ouverture d’un rite, lorsqu’enfin libérés de contraintes retentissent des cris de renégations ; alors, l’âme souffrante, liée dans le temps et vers le futur sollicitée, l’âme gémit dans l’attache des charnalités vers le pur ciel ; et tandis que s’entraperçoit le ciel, elle gémit encore, sous l’inexpugnable charnalité ; âme religieuse et concupiscente ! […]   Le Parsifal au rapport de philosophie, Au rapport religieux, A divers rapports — peut être entendu.

836. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Mais permettez-moi d’abord, pour bien vous faire comprendre dans quel esprit la France monarchique, religieuse et littéraire de 1819, assista à cette représentation unique, dont Talma était le grand intérêt après Racine, permettez-moi de vous raconter comment, et par quelles circonstances, et dans quelles dispositions poétiques il me fut donné à moi-même d’y assister ; et permettez-moi enfin de vous dire comment je garde, de cette représentation, une si longue et si vive mémoire. […] On récitait déjà dans Paris mes vers élégiaques, philosophiques ou religieux ; mon nom rayonnait dans le demi-jour ; je ne voulais plus, pour quelques ovations de scènes, renoncer à la carrière politique, bien plus conforme qu’on ne le croit à mes instincts naturels. […] Les regards, dépaysés par l’illusion, transportaient l’âme au milieu des pompes religieuses de Sion. […] Il poursuivit, et il exposa dans cet entretien à demi-voix la situation religieuse et politique de Jérusalem et du peuple de Dieu sous la reine impie et usurpatrice qui occupait le trône de Juda.

837. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Si on met les noms propres, tous éclatants au moins de jeunesse, sur chacune de ces innombrables catégories d’esprits alors en sève ou en fleur, si on y ajoute, dans l’ordre des sciences exactes (où le génie consiste à se passer d’imagination,) La Place, qui sondait le firmament avec le calcul ; Cuvier, qui sondait le noyau de la terre et qui lui demandait son âge par ses ossements ; Arago, qui rédigeait en langue vulgaire les annales occultes de la science ; Humboldt, qui décrivait déjà l’architecture cosmogonique de l’univers, et tant d’autres leurs rivaux, leurs égaux peut-être, qui négligèrent d’inscrire leurs noms sur leurs découvertes ; si on rend à tout cela le souffle, la vie, le mouvement, le tourbillonnement de la grande mêlée religieuse, politique, philosophique, littéraire, classique, romantique de la restauration, on aura une faible idée de cette renaissance, de cet accès de seconde jeunesse, de cette énergie de sève et de fécondité de l’esprit français à cette date. […] Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël, M. de Chateaubriand, André Chénier, Hugo, Vigny, Sainte-Beuve, moi-même nous avions touché trop fort et trop longtemps la note grave, solennelle, religieuse, mélancolique, quelquefois larmoyante, quelquefois trop éthérée, du cœur humain. […] Ses œuvres, à dater de ce jour, nous prouvent assez qu’une foi quelconque, soit religieuse, soit philosophique, soit même politique, lui manqua aussi ; nous n’en voudrions d’autre preuve que ses vers. […] Musset fait plus que de badiner avec les grands sentiments, il les raille, soit que ces grands sentiments s’appellent amour, soit qu’ils s’appellent religion, soit qu’ils s’appellent patriotisme : lisez, sur les matières religieuses et politiques, sa profession ironique adressée à un ami.

838. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Les ordres religieux du temps, les Jacobins et les Franciscains, viennent à l’envi lui demander d’être des leurs et de se mettre à leur tête. […] Ici le trouvère est sérieux et grave ; il est sincèrement religieux ; il s’adresse au début à tous les gens de bien et d’honneur, non aux traîtres ni aux jaloux ; il veut raconter comment un jour trente Anglais et trente Bretons se combattirent, cette noble bataille qui a nom des Trente.

839. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Et ne croyez pas que ce dernier mot soit une épigramme ; car tout aussitôt, dans une page très belle et pleine d’onction, tout en réservant son principe de foi, il va rendre hommage à ce trait d’ingénue et d’absolue soumission qui est obtenue plus facilement par la religion catholique et qui procède du dogme établi de l’autorité même ; il y reconnaît un vrai signe de l’esprit religieux sincère : Et en effet, dit-il, être chrétien, être vrai disciple de Jésus-Christ, c’est bien moins, à l’en croire lui-même, admettre ou ne pas admettre telle doctrine théologique, entendre dans tel ou tel sens un dogme ou un passage, que ce n’est assujettir son âme tout entière, ignorante ou docte, intelligente ou simple, à la parole d’en haut, pas toujours comprise, mais toujours révérée. Sous cette impression d’une douce piété communicative, il appellera donc plus d’une fois les dignes religieux du Grand-Saint-Bernard ses frères, ses coreligionnaires très certainement en dépit de quiconque pourrait y trouver à redire.

840. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Un religieux cordelier, Jean Ney, fut le messager actif et secret de qui les archiducs se servirent pour insinuer aux Hollandais qu’un accord était possible, et pour convenir d’une première suspension d’armes d’où le reste dépendît. […] On a vu le roi d’Espagne s’inquiéter de la situation des catholiques dans les Provinces-Unies, et la vouloir remettre sur le pied où elle était primitivement ; mais il le faisait d’un ton d’ancien maître, et sa parole n’était capable que d’aigrir et d’ulcérer les dissentiments religieux.

841. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Qu’on me permette un exemple bien disproportionné quant à la splendeur, mais non pas quant aux circonstances essentielles : supposez que de la grande Histoire de Mézeray on n’ait conservé que les premiers âges à demi fabuleux des Mérovingiens, et puis les règnes de Jean, de Charles V, de Charles VI, et, si l’on veut même, de Charles VII, les guerres des Anglais, et qu’on ait perdu tout le xvie  siècle, où Mézeray abonde et excelle, ces tableaux des guerres civiles religieuses, où il est le compilateur le plus nourri, le plus naïvement gaulois et le plus indépendant à la française, où il se montre le mieux informé et le plus sensé des narrateurs ; aura-t-on, je le demande, du talent de Mézeray et de sa nature d’esprit une idée entière, et surtout pourra-t-on pousser cette idée et la définition de cet esprit jusqu’à la rigueur d’une formule, jusqu’à en extraire le dernier mot ? […] On vient de publier en ce moment des Pensées de Maine de Biran44, confessions naturelles et même naïves, d’une modestie, d’une bonhomie touchante, d’une religieuse élévation, et qui montrent tout l’intérieur de ce penseur homme de bien.

842. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

De Maistre n’est pas seulement religieux, il est mystique, il cherche le miracle. […] En Russie, les questions religieuses acquirent beaucoup d’importance à partir de 1814.

843. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Gaberel, est un songe allégorique sur la Révélation, qui nous montre Rousseau dans toute la ferveur de son enthousiasme religieux. […] Je ne crois pas que la lecture du morceau dans toute son étendue autorise cette dernière conclusion ; il est cependant certain qu’on a droit, après l’avoir lu, de se prononcer plus fortement que jamais en faveur des tendances religieuses du philosophe, et qu’on peut le compter sans exagération parmi ceux qui, toute orthodoxie mise à part, ont été chrétiens d’instinct, de sentiment et de désir.

844. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Respecte cette gloire ancienne et cette vieillesse elle-même qui, vénérable quand elle se rencontre dans les hommes, est tout à fait religieuse et sacrée dans les villes. […] « Il crie comme si c’était lui. » Telle était l’idée que les Anciens, dans leur religieuse admiration, entretenue et fomentée par une lecture continuelle, se faisaient d’Homère ; telle est l’idée qu’ont volontiers acceptée les modernes et qu’ils se sont attachés à confirmer à leur tour.

845. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Je laisse parler Dutens ; on ne refait pas ces premiers récits tout naturels : « Le jour étant pris pour l’exécution du projet, Mme Orlandini vint déjeuner chez le comte-d’Albany ; après le déjeuner, elle propose d’aller au couvent des Bianchette (Dames-Blanches) voir quelques ouvrages de religieuses, en quoi celles-ci passaient pour exceller. […] On y parle français : il y a quelques religieuses d’un mérite très-distingué… Votre nom de comtesse d’Albany vous mettra à l’abri de mille tracasseries… » La translation de la comtesse de Florence à Rome se fit avec toutes sortes de précautions.

846. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

La seconde partie du livre est entièrement consacrée à reprendre et à interpréter les faits « qui nous font entendre la durée perpétuelle de la Religion » ; la suite du peuple de Dieu, avec l’accomplissement des prophéties démontré : c’est le gros du livre, une interprétation purement religieuse de l’histoire. […] Il ne se peut de pages plus frappantes dans cet ordre de croyance, de paroles plus étonnantes et plus souveraines dans leur affirmation que celles par lesquelles Bossuet nous exprime et nous figure comme il l’entend le Dieu de Moïse, qui est le Dieu de Polyeucte, le Dieu d’Athalie, le Dieu d’Eslher, tel que l’ont défini dans leur émulation pieuse ces génies de poètes religieux ; mais la définition de Bossuet reste la plus marquante et la plus haute.

847. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Desjardins950, dans tout ce qu’on appelle le néo-christianisme, je ne vois que deux choses : la profonde conviction de la valeur moralisatrice des croyances religieuses, l’affirmation énergique du postulat moral, et de la nécessité d’en faire la règle de la vie, même quand on a perdu le Dieu qui prescrit et qui récompense. […] D’autres prennent pour thèmes les phénomènes psychologiques du mysticisme et de l’extase religieuse.

848. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Les violences scandaleuses des papes, les disgrâces et la fin de la maison de Souabe, les crimes de Mainfroi, les cruautés de Charles d’Anjou, les funestes croisades de saint Louis et sa fin déplorable ; la terreur des armes musulmanes ; plus encore les calamités de l’Italie désolée par les guerres civiles et les barbaries des tyrans ; enfin les alarmes religieuses, l’ignorance et le faible de tous les esprits qui aimaient à se consterner pour des prédictions d’astrologie : voilà les traits qui donnent à ces temps une physionomie qui les distingue. […] Dante parlait à des esprits religieux, pour qui ses paroles étaient des paroles de vie, et qui l’entendaient à demi-mot : mais il semble qu’aujourd’hui on ne puisse plus traiter les grands sujets mystiques d’une manière sérieuse.

849. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

La Révolution, en approchant, le prit dans son mouvement et lui souffla de son ardeur ; il était très lancé à certains égards, bien qu’il restât inébranlable sur le chapitre de la foi religieuse et de l’orthodoxie. […] Je conserve, loin du vent, cette petite lampe de religieuse qui m’éclaire encore.

850. (1903) Zola pp. 3-31

Ses études, où il avait brillé surtout en thème latin, en récitation et en instruction religieuse, avaient été fort bonnes. […] La grandeur mélancolique de Chateaubriand, la grandeur de promontoire solitaire, lui échappe ; la sensibilité amoureuse et religieuse de Lamartine lui échappe ou lui répugne ; la tristesse désespérée de Vigny lui échappe, non par elle-même, mais par la discrétion hautaine dont elle s’enveloppe ; la beauté sculpturale ou pittoresque de Victor Hugo et sa musique merveilleuse sont pour lui lettres hébraïques.

851. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Première et rudimentaire transposition dans l’intellect de la sensation et du sentiment antérieurs : transposition très malheureuse d’ailleurs (plus malheureuse peut-être), et toute religieuse encore simplement : mais quant à la forme poétique dont ils usaient, première, sagesse qui amènera la langue trop exultante et non épurée à la stricte richesse et l’impeccable propriété qui deviendra nécessaire. […] Sully-Prudhomme, Mallarmé et Kahn, voilà donc ce que produit la conscience non déguisée que la Poésie, en d’autres temps logique telle qu’on la conçoit, ne peut plus être la même en les temps nouveaux peu à peu découverts : une pensée malgré tout religieuse, des principes à priori et rêveries paradoxales, erreurs pédantes de raisonnement et d’expérience scientifique.

852. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Ce visionnaire, qui n’est pas mystique comme Pascal, que le vague de tout précipita dans des dogmes incompréhensibles, mais du moins précis, est moins religieux que le satanique Baudelaire lui-même, et par là il en diffère encore. […] Rollinat qui jette à l’ombre les poètes actuels, je veux bien convenir de l’énorme trou que fait dans son livre et dans sa tête l’absence d’idéal religieux, de tous les idéals le plus élevé et le plus beau !

853. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

— ayant toujours sous sa diable de plume, qu’on ne peut s’empêcher d’aimer, le mot impertinent, très réussi, quand il s’agit des choses religieuses, Droz, qui a même trouvé dans la monotonie de son procédé contre la dévotion du xixe  siècle la punition de s’en être moqué, Droz, qui prononce le nom de Dieu vers la fin de son livre, quand il est ému, aussi bêtement qu’un bourgeois, lui, le spirituel artiste ! […] L’abbé Roque, épris de la comtesse de Manteigney, est certainement coupable aux yeux de Dieu, des hommes et de lui-même ; mais il combat avec fureur contre sa passion qui ne l’a égaré qu’une seule fois, mais il est dévoré de remords, mais il se met humblement au pied de la croix, mais, tout le reste de sa vie, il est irréprochable, héroïque et sublime. — Et lorsque, dans le roman de Droz où la Comédie alterne avec le Drame, Larreau, le père de la comtesse, qui dès le premier jour a visé ce prêtre pour son miracle et veut, à force de sophismes et de bagout industriel et progressif, et même religieux, le faire complice de son grotesque et abominable mensonge, le prêtre indigné, dont la colère monte devant le Seigneur, ne fléchit pas une minute dans son indignation et sa colère, — une colère terrible !

854. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Léon Bazalgette recherchait les éléments constitutifs du mage, il notait qu’à mesure que l’idéal religieux de la masse s’amoindrit, celui de l’élite se concentre et s’élève, comme pour transmettre à la foi nouvelle, qui ne peut tarder, le trésor des traditions.

855. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre III. Des moyens de trouver la formule générale d’une époque » pp. 121-124

Il nous suffit de constater que, en un temps et en un pays donnés, l’art, la littérature, le costume, l’habitation, l’état politique et religieux sont rattachés par des traits d’union que nul ne songe plus sérieusement à contester.

856. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Cet Auteur a pu être imprudent, mondain, voluptueux : il a pu laisser transpirer de temps en temps des traits d'un esprit indifférent & médiocrement religieux ; mais il s'est bien gardé d'afficher l'incrédulité, de dénaturer la Morale, de justifier les vices, d'insulter à la Société.

857. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Si des idées uniformes chez des peuples inconnus entre eux doivent avoir un principe commun de vérité, Dieu a sans doute enseigné aux nations que partout la civilisation avait eu cette triple base, et qu’elles devaient à ces trois institutions une fidélité religieuse, de peur que le monde ne redevînt sauvage et ne se couvrît de nouvelles forêts.

858. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Combien plus justement le pourrait-on dire de l’auteur des Etudes d’histoire religieuse et de l’Histoire des origines du christianisme ! […] Non ; elle a fait sa première communion, mais elle a cessé de bonne heure les pratiques religieuses. […] Il implique, notamment, un ensemble de croyances et de pratiques religieuses, dont M.  […] Elle balbutie quelques sots compliments ; le religieux répond froidement par quelques bonnes paroles. […] Le corps est exposé dans la grande salle du château ; des religieuses prient, des paysans défilent.

859. (1887) Essais sur l’école romantique

Comme philosophe ; il a grand soin de faire ses réserves en traitant d’un sujet religieux. […] V. — Harmonies poétiques et religieuses, par M.  […] Le poète religieux s’y arrête dans une contemplation profonde. […] Toujours, et partout où est venu le chêne, le vulgaire expliquait, chacun selon son besoin et son attrait, pourquoi il était là ; seul le poète religieux demande : « Comment est-il là ?  […] Et cela se touche, en effet, de très près ; car la foi appelle la foi, et il n’y a rien de plus religieux que l’amour des choses de religion.

860. (1895) Hommes et livres

Il n’y a plus de religieux dans ces livres que le dom qui précède les noms des auteurs. […] Serait-ce donc un tiède, ou un libertin, qui ferait la guerre religieuse par ambition ou par politique ? […] C’est qu’il aspire à la pacification religieuse. […] Mais là, nous rencontrons le genre où Montchrétien est supérieur : c’est la poésie religieuse. […] Il n’y a pas un grain de respect religieux dans cette adoration.

861. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Mais le lecteur curieux, qui ne veut que son charme, ne peut s’empêcher de dire que tout cela a été bon puisque les Lettres de la Religieuse portugaise en devaient naître. […] Trouvez-vous qu’une religieuse défroquée, qu’un cadet cardinal, soient heureux, comblés de richesses ? […] Sans partager les vues religieuses de son amie, et pensant au fond comme son siècle, il consentait à tout, il se résignait d’avance à tous les termes où l’on jugerait bon de le réduire, pourvu qu’il gardât sa place dans le cœur de sa chère Sylvie , c’est ainsi qu’il la nommait. […] Le lendemain, le sieur Belin, en qualité de chancelier, assembla la nation, les drogmans et quelques religieux, et fit signer une délibération par laquelle on me dépouilloit de mes fonctions pour en revêtir ledit sieur Belin, lequel, se voyant le maître avec le chevalier Gesson, se saisirent de ma personne le 27e, me mirent en prison dans une chambre, chassèrent mes domestiques affectionnés, et s’emparèrent de mes papiers et de mes effects, ne me donnant la liberté de voir personne que quelques religieux affidés.

862. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Aux religieuses qui le consultent, il dit, du droit du prêtre qui, avant de régler les autres, s’est d’abord réglé lui-même : « Tenez-vous invariablement à nos règles. » Il est vrai que Bossuet n’écrit le plus souvent qu’à des religieuses et ne s’occupe que des scrupules spirituels de la piété de couvent. […] Il l’est jusque dans ses plus impérieux commandements à ses religieuses. […] Que sont, en effet, ces exhortations de Mentor à Idoménée pour qu’il fasse fleurir l’agriculture, qu’il mette la paix avant la guerre, qu’il procure avant tout à son peuple l’abondance des aliments, qu’il se défende des détails, qu’il ne se mêle point des différends entre les prêtres des dieux, qu’il étouffe les disputes sur les choses sacrées dès leur naissance, qu’il ne montre ni partialité ni prévention en ces matières ; qu’est-ce que tout cela, sinon une critique des guerres de Louis XIV, de ses bâtiments, de sa passion pour les détails, de son intervention dans les disputes religieuses, de sa prévention dans celle du quiétisme ? […] Quel dessein plus élevé, plus religieux, que de montrer dans l’élève de Mentor, quoique si bien doué par les dieux, fils d’une telle mère et d’un tel père, si accoutumé aux grands exemples, combien le secours des dieux lui est nécessaire pour ne point manquer à sa naissance ni à ses devoirs, et quel peu de mérite nous avons dans les actions qui nous honorent le plus aux yeux des hommes ?

863. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

21 mai Quand le passé, religieux et monarchique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire, et peut-être arrivera-t-il qu’on trouvera qu’un Balzac vaut Molière, et que Victor Hugo est le plus grand de tous les poètes français. […] Un employé ouvre le guichet, me demande son nom, son âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier qui ont en tête une image religieuse. […] que de prédispositions et de motifs et de raisons elle trouvait en elle pour se dévorer et saigner en dedans : d’abord le repoussement par moments d’idées religieuses avec les terreurs d’un enfer de feu et de soufre ; puis la jalousie, cette jalousie toute particulière qui, à propos de tout et de tous, empoisonnait sa vie ; puis, puis… puis le dégoût que les hommes, au bout de quelque temps, lui témoignaient brutalement pour sa laideur, et qui la poussait de plus en plus à la boisson, l’amenait un jour à faire une fausse couche en tombant ivre-morte sur le parquet. […] 12 septembre Il y a une vieille demoiselle ici, une ci-devant religieuse, qui terminait une longue déploration de toutes les misères et de toutes les dégoûtations de l’humanité par cette réclamation : « Et puis, pourquoi sommes-nous faits en viande ?  […] La même vieille demoiselle nous racontait qu’une des distractions des religieuses du couvent, où elle se trouvait, — la chose est délicate, et aurait besoin pour être contée de la plume de Béroalde de Verville, mais ma foi tant pis, — elle nous racontait donc que cette distraction était de p…. dans des carafes, oui, de mettre du vent en bouteille, pour se régaler la vue des irisations du gaz captif.

864. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Ils renforçaient simplement chez les initiés l’esprit religieux en le doublant de cette satisfaction que les hommes ont toujours éprouvée à former de petites sociétés au sein de la grande, et à s’ériger en privilégiés par le fait d’une initiation tenue secrète. […] C’est par nécessité, et parce qu’ils ne pouvaient pas faire davantage, qu’ils dépensèrent surtout à fonder des couvents ou des ordres religieux leur énergie surabondante. […] Nous n’avons pas à rechercher quelle est celle de ces interprétations qui est conforme à l’orthodoxie religieuse. […] Par là s’explique le rôle qu’il se sent appelé à jouer d’abord, celui d’un intensificateur de la foi religieuse. […] Or il se trouve précisément que l’approfondissement d’un certain ordre de problèmes, tout différents du problème religieux, nous a conduit à des conclusions qui rendaient probable l’existence d’une expérience singulière, privilégiée, telle que l’expérience mystique.

865. (1902) Propos littéraires. Première série

Et voilà le représentant des classes dirigeantes et religieuses. […] Nos jeunes gens ne sont pas religieux, en général, et ils n’ont pas, non plus, la religion de l’anticléricalisme. […] Il en donne deux : la conscience religieuse et la contagion artistique. 1º Un ouvrage est-il d’accord avec la conscience religieuse ? […] Jamais on n’a parlé de la jeunesse en termes plus élevés ni avec une plus grande émotion religieuse. […] Il en résulta que Ruel était catholique, qu’il ne manifestait jamais publiquement ses opinions politiques et religieuses, et qu’il remplissait ses devoirs religieux sans aucune ostentation.

866. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il m’a paru très religieux. […] Elle est domestique et religieuse. […] Et quand un religieux est mêlé aux affaires du temps, ce qui est le cas de presque tous les grands religieux, le psychologue se trouve en présence d’une des plus rares curiosités morales que l’humanité puisse offrir. […] Tout religieux eût sans doute obéi de même. […] Julien était un homme religieux.

867. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Mais, par son spiritualisme qui s’en va religieux, qui, philosophique, se précise surtout négativement d’un sentiment contempteur des réalités, par ses thèmes non rénovés et qui empruntent très souvent aux époques passées  il et aussi, plus loin que Romantisme et Parnasse, un merveilleux épanouissement de sensitivité de toute la tradition égocentriste. […] Mais la Science ne se targuait-elle pas alors, il est vrai, d’un matérialisme sans grandeur, incompréhensive d’un sens nouvellement philosophique et comme religieux au sens de vérités naturelles, que ma Poétique précisément trouvait en elle et allait développer de principes et d’œuvre. […] Mais, si Ion admet que les hautes poésies antiques et modernes prirent toujours à tâche de résumer, confusément mêlés aux rêves, aux émotions et aux sensations de l’homme, les conceptions religieuses esthétiques, la théologie, la métaphysique et le savoir de ses diverses phases historiques, on reconnaître que le vaste Système évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M.  […] Et, comme toute idée est une constatation du divin et par conséquent d’essence religieuse, le Vers l’exprimait, musical et rythmé. […] De plus, et tout au principe il me semble, il a été hanté (ne connaissant point, par exemple, les représentations religieuses très supérieures des temples du Thibet) par le cérémonial émouvant du culte catholique, tel qu’il se pratiquait sous les lueurs des verrières de nos cathédrales, quand l’âme de la Foule communiait à l’âme de l’Officiant au Moyen Age  et que, par les répons aux paroles du prêtre à l’autel, s’établissait entre eux un dialogue prenant et mystique… Il est à ce propos deux ou trois pages pleines de grandeur suggestive, malgré la prose compliquée, dans le volume des Divagations 93.

868. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

En laissant de côté ce qu’il a publié depuis vingt ans sur des questions religieuses familières à son pays bien plus qu’au nôtre, on aura encore dans M. 

869. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Nous avons aussi cru remarquer en certains endroits une teinte de mysticisme religieux, dont la cause des Grecs, tout éminemment chrétienne qu’elle est, n’a pas besoin de se couvrir.

870. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Il est bon, il est religieux de se montrer indulgent envers les morts illustres ; mais, à l’égard de M. 

871. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Sans doute ce monde n’est pas immobile, ni inerte, puisqu’il vit : les historiens ont de grandes entreprises politiques et religieuses à raconter, une évolution des formes sociales et des institutions à raconter.

872. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Je songe souvent que c’est votre adhésion, en apparence tardive, qui donnera l’existence définitive à ces délicates choses que l’on perd par trop de zèle : un état légal, où l’ordre soit aussi assuré que la liberté ; un état social, où la justice ne soit pas trop violée ; un état religieux, qui donne à l’âme humaine son aliment idéal, sans contrainte officielle ni chimères superstitieuses.

873. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Qu’il s’agisse de l’évolution politique, religieuse ou littéraire d’une nation, l’idéal pour quiconque veut la retracer est d’aboutir à des résultats certains et définitifs.

874. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

Je demande s’il est permis au peintre de l’avoir fait aussi droit, aussi ferme sur ses genoux ; je demande si malgré la pâleur de son visage, on ne lui accorde pas plusieurs années de vie ; je demande s’il n’eût pas été mieux que ses membres se fussent dérobés sous lui ; qu’il eût été soutenu par deux ou trois religieux ; qu’il eût eu les bras un peu étendus, la tête renversée en arrière, avec la mort sur les lèvres et l’extase sur le visage avec un rayon de sa joie.

875. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

On y observera l’ordre hiérarchique des connaissances et des génies, et c’est pour cela qu’on commence aujourd’hui par ce qu’il y a de plus général dans la pensée : les Philosophes et les Écrivains religieux.

876. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

Les affinités religieuses prennent une force exceptionnelle.

877. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

S’étant proposé d’être un novateur dans les choses religieuses, il ne voulut pas l’être dans les choses morales non plus que dans les choses sociales.

878. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

En troisième lieu, ces fables tant célébrées pour leur sagesse et entourées d’un respect religieux ouvraient mille routes aux recherches des philosophes, et appelaient leurs méditations sur les plus hautes questions de la philosophie.

879. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Un vieux noël salinois consacre un couplet à certain chanoine Magnin qui devait être, un grand-oncle, et en remontant on trouverait toujours dans les registres des couvents ou chapitres de la ville quelque religieux ou chanoine de ce nom de Magnin. […] Le Théâtre de Hrotsvillia, religieuse allemande du Xe siècle, qu’il traduisit et commenta (1845), lui fournit un texte précieux pour grouper alentour ses observations et ses conjectures. […] Magnin accorde à ces essais de la religieuse de Gandersheim plus d’importance qu’ils n’en eurent réellement dans l’histoire du théâtre : ces six légendes, que la docte femme mit de son mieux en beau latin de Térence, n’étaient probablement dans la pensée du pieux auteur qu’une imitation toute littéraire, une étude classique sans aucune idée de représentation.

880. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

M. de Talleyrand avait enfin fixé son heure pour accomplir les actes religieux et signer sa rétractation. […] » — Ce mot de Talleyrand nous explique jusqu’à un certain point la mode religieuse, dont est comme saisie notre époque. Dans ce prétendu pays démocratique, chacun tâchant de se faire passer pour noble et d’être un homme comme il faut, fait mine aussi d’être religieux.

/ 2008