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867. (1887) Essais sur l’école romantique

Il emplit le monde de mouvements, de murmures, de mélodies ; il puise sans fin dans une imagination qui déborde toujours. […] Un mouvement de surprise, un mot d’admiration pour ce grand mystère, quelquefois un élan de foi, quand nous sommes enfants, et puis nous passons outre. […] Or, à un mouvement de hausse en province répond simultanément un mouvement de baisse à Paris. […] elle s’est donné tant de mouvement et a enfanté tant de volumes pour ne pas même obtenir un petit coin honteux dans un cerveau intelligent ! […] En même temps, les idées révolutionnaires et philanthropiques deviennent les nouveaux lieux communs de ce mouvement libéral.

868. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Les images qui se détachent le plus naturellement dans la conscience ne sont pas toujours les plus faciles à représenter par des mouvements musculaires ; souvent une des images secondaires peut être imitée promptement et sans effort, tandis que l’image principale ne saurait l’être qu’au prix d’un travail assez long et assez délicat. […] « Bien que mes doigts et mes mains soient immobiles, je sens, quand je pense, qu’ils agissent ; je vois intérieurement l’image qu’ils produisent ; je sens que ma pensée s’exerce et s’identifie avec ces mouvements que les yeux externes ne voient pas. » Témoignage de Ferd. […] « Quand elle est seule, elle a toujours les doigts en mouvement. » (Whately, Logic, p. 13, note 2 ; dans Janet, Psychologie, p. 233.) […] L’antécédent est une sensation distincte, mais non pas remarquée spécialement (la vue d’une herbe touffue) ; cette sensation provoque une idée interprétative très faible (l’idée d’une source probable), qui provoque à son tour un mouvement musculaire, par lequel l’idée, tout à l’heure inaperçue, est révélée. […] Maury, Le sommeil et les rêves, note G : Des mouvements inscients.

869. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

C’est le mouvement qui constitue la vraie poésie, et non le vers mesuré. […] Mais, le plus souvent, ce que ces poétesses cherchent à exprimer, c’est la vibration immédiate de leur sensibilité, le mouvement même de leur émotion spontanée. […] La poésie, comme la peinture, a pour but de fixer des impressions fugitives, arrêtées, figées dans leur mouvement. […] Ce contact direct avec la nature, cette participation à tous ses mouvements a permis à cette Muse de la surprendre dans ses gestes les plus secrets et comme dans sa nudité même. […] On devine qu’elle ne peut trouver le repos que dans la sensation de participer aux mouvements des choses, qui ont le rythme de son cœur.

870. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Table »

Table I — 8 Février 1885 Chronique de Janvier (Drame musical ou Opéra ; les Concerts ; le mouvement Wagnérien)1.

871. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

Un sens vague s’insinue bientôt dans ses mouvements cadencés, la pantomime s’y mêle et l’inspire.

872. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Lorsque, arrêtée sur les plaines de Lens ou de Fontenoy, au milieu des foudres et du sang fumant encore, aux fanfares des clairons et des trompettes, une armée française, sillonnée des feux de la guerre, fléchissait le genou, et entonnait l’hymne au Dieu des batailles ; ou bien, lorsqu’au milieu des lampes, des masses d’or, des flambeaux, des parfums, aux soupirs de l’orgue, au balancement des cloches, au frémissement des serpents et des basses, cette hymne faisait résonner les vitraux, les souterrains et les dômes d’une basilique, alors il n’y avait point d’homme qui ne se sentît transporté, point d’homme qui n’éprouvât quelque mouvement de ce délire que faisait éclater Pindare aux bois d’Olympie, ou David au torrent de Cédron.

873. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

me dit-il, c’est un massacre. ce mot aurait suffi pour arrêter ma curiosité ; mais il me parut que c’était un exemple rare de la différence du fracas et de l’action ; de l’intention du peintre et de son exécution, de la contradiction du mouvement et de l’expression.

874. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

L’intelligence large accepte, étudie le monde entier et jouit d’assister à son mouvement. […] Aujourd’hui plus que jamais les événements, les inventions, les idées se succèdent avec une rapidité effrayante, et plus on ira plus le mouvement sera accéléré ; il faut suivre le mouvement. […] J’ai vu aussi quelques drames, un grand mouvement de groupes formés par les relations des gens entre eux, et se rencontrant sur tous les terrains, à l’église, dans la salle à manger, au salon, au cimetière, sur le champ de manœuvre, à l’atelier, partout. […] Les poètes feront des révolutions, gouverneront le monde ; la poésie est conviée à conduire le mouvement humanitaire, le mouvement scientifique et le mouvement industriel. […] Il y a encore des affligés dans la littérature, et ce qui console c’est la forme, le nombre le mouvement du vers !

875. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Copernic place le soleil au centre du monde, & le fait immobile : la terre, au contraire, est emportée par un mouvement annuel autour du soleil. […] Dans une lettre qu’il publia sur la communication du mouvement, il ne manqua pas d’établir celui de la terre par un grand nombre d’expériences. […] Ce vrai créateur de la nouvelle philosophie mettoit alors la dernière main à son monde, & tout son systême portoit sur le mouvement de la terre. […] Les uns, appellés semi-coperniciens, n’admettent que le mouvement dimue de la terre sur son axe, & la déchargent de toutes les révolutions annuelles. […] De peur qu’on ne le soupçonnât d’avoir été engagé à cette démarche par ses confrères, il eut grand soin d’avertir qu’il l’avoit faite de son propre mouvement.

876. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

C’est un récit plein de mouvement et de vie, et la psychologie des personnages se manifeste par l’action, non par l’analyse, par des faits, non par la description. […] Toutefois ce défaut, si nous pouvons appeler cela un défaut, paraît presque impossible à éviter  : car pour certaines raisons métriques un mouvement majestueux dans le vers anglais est de toute nécessité un mouvement lent, et tout bien considéré, quand on a dit tout ce qu’on pouvait dire, combien l’ensemble de cette traduction est admirable ! […] Certes ce n’est point un mouvement banal qui peut réunir en une étroite fraternité des hommes de tendances aussi différentes, et si nous mentionnons parmi les poètes M.  […] C’est d’un sentiment analogue que sont sortis le mouvement préraphaélite de nos jours et la tendance archaïque de la sculpture grecque à son époque postérieure. […] Dans le mouvement, il est comme l’eau.

877. (1901) Figures et caractères

Un noble mouvement de liberté et de raison exalte et réconforte les esprits. […] A la plus riche matière verbale, il impose tous les mouvements et tous les rythmes. […] Personne, même Mérimée, n’a conté avec plus de sobriété et de mouvement. […] Un grand mouvement des esprits trouva en Hugo son grand poète. […] Même écrites, pourtant, ces histoires ont un mouvement et une couleur.

878. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

L’évêque lui prit les mains d’un mouvement très prompt de sympathie et les lui pressa fortement dans les deux siennes. […] On n’entendait plus rien, puis il crut percevoir un mouvement dans la salle de bains, toute petite pièce peinte à la chaux, contenant juste la baignoire. […] Il est connu que le mouvement de la marche facilite étonnamment le travail de la pensée. […] Évidemment, le mouvement littéraire présent n’a rien apporté à la scène, bien au contraire. […] Dans un projet de mouvement, laissé par mon prédécesseur, vous deviez aller à Lyon.

879. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Ses flancs creux, où la peau flasque était comme décollée, avaient les mouvements réguliers et puissants d’un soufflet de forge. […] … » Il lui jetait ses bras autour de l’encolure avec l’instinctif mouvement de le retenir et de l’empêcher de mourir sous ses yeux. […] Tout à coup, mon ami Nizerolles eut un mouvement de cœur admirable. […] « Méfiez-vous, disait Stendahl, de tout mouvement du cœur qui pourrait vous jeter dans le parti contraire à vos sympathies futures !  […] Mais il n’eut pas le temps de s’en attrister, pris par la bousculade à deux mouvements qui agitait l’église vers le haut et vers la sortie.

880. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Il estime que la Réforme a été un mouvement qui a abouti à une régression. […] Il y a eu un mouvement intellectuel et un mouvement social dont il ne s’est préoccupé que pour les craindre et nullement pour les comprendre. Ce mouvement intellectuel, c’est le progrès scientifique ; ce mouvement social, c’est l’avènement de la démocratie. […] Il n’a pas ouvert les yeux davantage sur le mouvement démocratique qui s’est produit. […] Quiconque voudra étudier le mouvement religieux au xixe  siècle devra ne pas oublier Ballanche.

881. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

De tous les poëtes qui se rattachent au mouvement littéraire de 1828, M.

882. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Aimé Martin. De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. »

Il y a semé des aperçus justes, des observations élevées ; il a animé un sujet grave de mouvements honnêtes et généreux ; son style et sa parole sont restés fidèles à l’harmonie de ses maîtres.

883. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.

884. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

En 1873 parurent trois volumes auxquels d’ailleurs personne ne prit garde, mais qui auront une grande répercussion sur le mouvement symboliste : Une Saison en enfer, d’Arthur Rimbaud ; Les Amours jaunes, de Tristan Corbière ; Le Coffret de Santal, de Charles Cros.

885. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

En attendant, il appelle sur ces questions l’attention de tous les critiques qui comprennent quelque chose au mouvement progressif de la pensée humaine, qui ne cloîtrent pas l’art dans les poétiques et les règles, et qui ne concentrent pas toute la poésie d’une nation dans un genre, dans une école, dans un siècle hermétiquement fermé.

886. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

Un silence subit et pénible, des images vagues et fantastiques, succèdent au tumulte des premiers mouvements : on sent, après le cri de Pluton, qu’on est entré dans la région de la mort ; les expressions d’Homère se décolorent ; elles deviennent froides, muettes et sourdes, et une multitude d’S sifflantes imitent le murmure de la voix inarticulée des ombres.

887. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Mais Cantu, dans son histoire, n’a pas même d’esprit de parti : il n’est d’aucune opinion, pas même de la sienne ; il va d’une idée à une autre, avec le mouvement animal d’une intelligence qui se prend à tout comme celle d’un enfant.

888. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis !

889. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Napoléon a tenu cette alliance russo-orientale dans la main après qu’il avait décomposé l’Allemagne et conquis l’Italie jusqu’à Naples ; mais il a brisé cette alliance, en la jetant à terre dans un mouvement d’impatience, pour tenter son expédition chimérique de Moscovie, et en forçant du même coup l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie à secouer le joug de ses vaines victoires. […] Elle se dira, dans sa sagesse, ceci : Le mouvement libéral, national, né de lui-même, de son sol et de sa pensée en Italie, est beau de souvenir et d’espérance. […] Que la Toscane, pays le plus mûr pour la liberté, parce qu’il a été mûri par les institutions de Léopold Ier, s’affranchisse d’une dynastie qu’elle aime, mais qu’elle suspecte, et se donne les lois de son ancienne république, nous devons regarder avec respect cette résolution spontanée de Florence, et empêcher qu’une intervention autrichienne ne vienne contester ce mouvement de vie dans une terre toujours vivante. […] « La Russie et l’Autriche oublieront ce jour-là tous leurs ressentiments, pour écraser de leurs armées combinées les mouvements de la Hongrie, qui pourraient remuer aussi la Pologne. — Avais-je tort ?

890. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Il s’approprie une partie de l’espace, dans une part à lui destinée par la mesure de ses membres qui le remplissent, et qui lui appartient, en s’agrandissant, à la mesure de ses bras, de ses pas, de ses mouvements dans le nid ; et, s’il en est dépossédé, il périt étouffé, faute de place au soleil. […] Il s’approprie, en ouvrant les yeux, la lumière, sans laquelle ses mains et ses pieds deviennent inutiles à sa subsistance et à ses mouvements, et il languit dépossédé de sa part au jour. […] Et, de plus, les partisans irréfléchis de cette utopie de l’égalité des biens n’ont-ils pas assez d’intelligence pour comprendre que leur égalité serait la destruction du plan divin sur la terre ; que Dieu a voulu l’activité humaine dans son plan ; que le désir d’acquérir est le seul moteur moral de cette activité ; que l’inégalité des biens est le but, le prix, le salaire de cette activité, et que la suppression de cette inégalité supprimant en même temps tout travail, l’égalité des socialistes produirait immédiatement la cessation de tout mouvement dans les hommes et dans les choses ? […] Voilà la législation de ces philosophes de la faim : l’univers pétrifié, l’homme affamé, le principe de tout mouvement arrêté, le grand ressort de la machine humaine brisé.

891. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Assises les voici, en leurs blouses bleuâtres, les petites : au milieu du cercle qu’elles ont formé, une d’elles est debout, prête à des mouvements rapides. […] Degas, nous avons vu par lui saisis, comme jadis par Hals, les artistiques secrets du mouvement et de la vie. […] Il lui dit « que la Pénitence est plus puissante que la Malédiction », et leurs mutuelles résistances occasionnent un duo, plein de mouvement, de colères, de haines réciproques, qui prennent flamme l’une à l’autre, et que Vénus suspend soudainement en recourant à de plus hypocrites armes. […] Walter Bache, un des premiers promoteurs du mouvement wagnérien, Ferdinand Praeger, Franke, Schultz Curtius, Théodor Frantzen le directeur des chœurs aux concerts Richter, et J.B.

892. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Au cœur mystérieux des noires sapinières, Les pâtres, comme nous, dans leurs beaux yeux profonds Mirent le mouvement des astres sur les monts, Assis au seuil fumeux des cabanes de pierres. […] Hélène, le Jasmin se ressentent plus des lakistes et de Shelley que d’un mouvement intérieur spontané. […] J’aurai blessant mes pieds, tes piétinants sabots                   Je te tiendrai par les oreilles ; Dans la lutte, nos deux vigueurs seront pareilles                   Et nos mouvements seront beaux. […]   Mme Lucie Félix Faure-Goyau (La Vie nuancée), témoigne de ce récent mouvement néo-chrétien auquel nous devons M. 

893. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Pour le bien connaître enfin, Roederer, à la fois pratique et un peu paradoxal, ayant son grain d’humeur, mais obéissant à son mouvement d’idées, fut pendant des années un précepteur actif du public, et, dans cette voie ouverte par la Constituante, admettant tous les correctifs de l’expérience, prompt à les indiquer, il ne craignit pas, en se multipliant de la sorte, de perdre quelquefois en autorité personnelle, pourvu qu’il fût utile à la raison de tous : il ne cessa d’écrire, de conseiller, de dire son avis à chaque nouvelle phase de la Révolution et pendant chaque intervalle, et toujours avec un grand tact des événements et des situations54. […] N’est-ce pas le coloris et le mouvement des idées ? […] Tout en voulant fermement les conséquences civiles de la Révolution et sans pencher le moins du monde au royalisme, Roederer n’était donc point partisan du mouvement conventionnel prolongé ; et toutes les fois que ce parti redevint menaçant et offensif, même dans le Directoire et sous forme gouvernementale, il ne le trouva point dans les rangs de ses amis.

894. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

que si un jour, dans notre belle patrie, dans notre cité principale de plus en plus magnifique, qui nous la représente si bien, nous nous sentions heureux, sincèrement heureux d’en être ; que si surtout les jeunes âmes touchées d’un bon souffle, atteintes de ce contentement louable et salutaire qui n’engendre pas un puéril orgueil, et qui ne fait qu’ajouter à la vie de l’émulation, se sentaient heureuses de vivre dans un temps, dans un régime social qui permet ou favorise tous les beaux mouvements de l’humanité75 ; — si elles ne se constituaient pas dès le début en révolte, en fronde, en taquinerie, en aigreur, en regrets ou en espérances d’en arrière ou d’au-delà, si elles consentaient à répandre et à diriger toutes leurs forces dans le large lit ouvert devant elles ; — oh ! […] On est arrivé de la sorte à pénétrer le secret de bien des affaires et le sens intime de bien des personnages, à savoir en détail et presque jour par jour les motifs de son admiration pour Henri IV, pour Richelieu, pour Louis XIV, à dénombrer les ressorts de leur administration, et à suivre tous les mouvements de leur politique à l’étranger. […] Loin de moi, encore une fois, de vouloir diminuer l’estime due à un mouvement d’investigation qui est devenue général, et qui, sous l’apparence un peu confuse et poudreuse d’un grand inventaire, tend à renouveler, à rafraîchir peut-être, dans un temps futur, la surface de l’histoire littéraire (quoique la littérature ait moins, je crois, à y gagner que l’histoire) !

895. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mme Valmore, au premier mot qu’on lui en toucha, eut d’instinct un mouvement de refus. […] C’était un mouvement passager de haine83, et j’ai passé à travers avec un grand serrement de cœur. […] Martin (du Nord), raconte que le ministre lui montrait sur sa table des lettres de Mme Valmore demandant la grâce d’un, deux, trois ou quatre prisonniers à la fois ; pauvres diables compromis dans quelque grève ou mouvement quelconque.

896. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Et puis il faut voir que le mouvement se préparait depuis quelques années : le petit nombre de libraires qui appartiennent à ce qu’on a droit encore d’appeler la librairie savante ont remarqué à quel point les amateurs se sont mis à rechercher les éditions originales de nos auteurs, ces éditions premières incomplètes à quelques égards, mais qui livrent le texte à sa source et rendent l’écrivain dans sa juste physionomie. […] Et parmi ceux qui ne donnent pas le mouvement, mais qui se montrent attentifs à le suivre, ce genre d’influence est très-sensible : le Journal des Savants contient des articles de M. […] Cousin sa grande et brillante part d’initiative dans ce mouvement de philologie française qu’il a provoqué en partie et proclamé, dans cette levée de boucliers d’éditions classiques qui passent ainsi de la librairie proprement dite à la littérature ; nous le devions d’autant plus que, dans ce cas particulier de Pascal, nos conclusions pourront différer quelquefois des siennes, de même que sur certains détails le présent éditeur n’est point toujours d’accord avec lui.

897. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Par lui les mouvements du monstre reprenaient majesté et presque harmonie ; les dissonances criantes s’éteignaient, les irrégularités de détail disparaissaient dans l’effet de la note fondamentale. […] Le lendemain du triomphe, au lieu d’entrer, par un mouvement qui eût semblé naturel, dans la pratique et le maniement politique, il distingua sa propre originalité et se maintint dans une ligne plus d’accord avec ses goûts véritables. […] On continuera donc probablement, comme par le passé, de publier des recueils de pièces, traités et correspondances, avec plus ou moins de liaisons et d’éclaircissements : à M.Mignet restera l’honneur d’avoir presque élevé un simple recueil de ce genre jusqu’à la forme et au mouvement de l’histoire80.

898. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

— Mouvement bruyant et prolongé d’approbation.) […] (Mouvement. […] (Mouvement.

899. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] À la promenade, à la danse et dans les autres exercices propres à développer les charmes extérieurs, tous ses mouvements étaient pleins de grâce et de décence. — Ses idées étaient toujours justes et frappantes, et m’ont fourni le sujet de quelques-uns de mes sonnets ; elle parlait toujours à propos, toujours avec tant de convenance, qu’il n’y avait rien à ajouter, rien à retrancher à ce qu’elle avait dit. […] Tous les mouvements, tous les sentiments de sa dame occupent sans cesse sa pensée : elle sourit, ou elle s’irrite ; elle refuse, ou elle est près de céder ; elle est absente, ou présente ; elle s’introduit le jour dans sa solitude, ou elle lui apparaît dans ses songes de la nuit, précisément au gré du caprice de l’imagination qui le guide.

900. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Point de caractères : des passions élémentaires, sans nuances, banales en leur formule, mais monstrueuses d’intensité, et agissantes : quand les curiosités de la couleur locale et les débordements de la rhétorique ne lui imposent pas trop d’arrêts, le drame va d’un mouvement violent, haletant, avec une raideur brutale, vers son dénouement. […] La place à prendre fut prise par la comédie ; le mouvement que nous avons observé au xviiie  siècle dans l’apparition de la comédie larmoyante et du drame bourgeois, se reproduisit vers 1850, où l’on voit Augier et M.  […] Les comédies historiques se multiplièrent dans la première moitié du siècle, favorisées par le mouvement romantique et par la publication de tant de Mémoires et de Chroniques qui renouvelaient l’histoire.

901. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Simplicité, clarté, naturel, mouvement aisé, verve entraînante, c’est là tout son fait. […] Même quand il lui arrive d’être subtil et délicat, leur langage doit avoir néanmoins et toujours la clarté et le mouvement. […] Les pages de cette vivacité et de ce mouvement ne sont point rares chez M. 

902. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

D’un sourire il salue le soleil au lacis des ramures, lève ses mains vers les rayons, joue avec les clartés qui ballent au gré des branches ; une fleur le captive, une autre encore le ravit, — les mouvements, les parfums de ces choses l’émerveillent, — il s’étonne des bêtes qui surviennent, surprend des insectes enrichis d’inouïes bigarrures, s’ébahit d’un oiseau qui s’envole aux touffeurs du feuillage. […] M. de Régnier a dépouillé aussi ses vers de leur trop inflexible éclat et, comme l’enfant de cette authentique légende, le voici maître de ses mouvements. […] Enfanté par l’invention, c’est elle encore qui l’alimente sans cesse ; il a moins d’eurythmie que de variété, plus de couleur que de plans, des gestes plutôt que des attitudes, le mouvement avant l’harmonie.

903. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Écris avec ton sang et tu apprendras que le sang est esprit. » Il ajoute : « Le génie créateur est l’homme tragique, le poète hermétique qui délivre au monde le livre vivant, le message qui lui a été confié à sa naissance et qui a été imprimé dans tout son être. » Les chefs de file du mouvement symboliste, Baudelaire, Verlaine, Laforgue, Samain, comme d’ailleurs tous les poètes dignes de ce nom, n’ont jamais fait autre chose. […] Qu’il le veuille ou non, René Ghil appartient à l’histoire du mouvement symboliste et les anthologies le prou vent, qui n’ont gardé de l’oublier dans le dénombrement des poètes de l’École. […] Aussi bien il faut étendre ici la signification de symboliste à celle de poète nouveau, sans quoi, étant donné le caractère protéiforme du mouvement, il ne serait plus possible de s’entendre.

904. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Cette théorie, qui transporte de l’intelligence à la sensibilité la direction de la vie, qui propose comme guides les mouvements du cœur, tout le xviiie  siècle l’adopte et l’applique. […] C’est à coup sûr l’impulsion du cœur, ce que le poète appelle les mouvements de la nature. […] Les puritains qui réprouvent en bloc le roman et le théâtre allèguent qu’il s’y glisse presque toujours des tableaux capiteux et ils proscrivent comme contagieuse et grisante la description seule des mouvements de l’amour.

905. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

De même quand ils lisent les journaux, ils accueillent les nouvelles avec une feinte indifférence, mais se trouvent à table très bien informés et discutent avec compétence et intelligence des questions de mouvement.‌ […] Et enfin, de ces mouvements extraordinaires de son âme, s’élance la plus belle flamme : « Les obus tombent pas loin. […] « Fabrègues (Hérault). »‌ A rapprocher de ces vues celles de Georges Guy-Grand (La Philosophie nationaliste — La Philosophie syndicaliste), chez Bernard Grasset, et tout le mouvement des instituteurs syndicalistes, et, dans notre Conférence du 16 mars 1907 sur les Instituteurs, ce que nous disions : « Le syndicat, peut-être la petite patrie de demain pour un grand nombre de Français. »

906. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Mais ces plaisirs, un peu longuement analysés par Buffon, sont tous de l’ordre physique : la perception de la lumière, le mouvement, le toucher, la satisfaction de l’odorat et du goût. […] Et, chose extraordinaire, en même temps qu’elle conserve au plus haut degré l’empreinte d’une race particulière et séparée, elle est, par la force et la vérité des mouvements, par l’abondance de la passion, le langage qui parle le mieux au plus grand nombre des âmes humaines. […] » Mais disons de la poésie hébraïque qu’elle est incomparable dans la tendresse comme dans la haine, dans la bénédiction comme dans l’anathème : poésie la plus humaine de toutes, quel que soit le merveilleux de son origine, parce qu’elle exprime plus qu’aucune autre la passion et les mouvements du cœur !

907. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il a gardé du rédacteur politique ce mouvement qu’il porte dans l’exposé de ses impressions littéraires et qui donne du courant à son discours. […] Tous les lieux communs de Cicéron sont si beaux, si spécieux, si honorables pour la société civile et pour la nature humaine, si accompagnés d’un noble pli et d’un large mouvement de la toge, que l’on conçoit vraiment combien ils doivent être chers à tous ceux qui sont encore moins des observateurs politiques inexorables et des scrutateurs du fonds naturel humain que d’éloquents avocats d’une cause.

908. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

« Il prenait d’ailleurs plaisir à conter toutes ses angoisses devant le moindre mouvement à faire, le transport de sa chaise à son lit, le plus petit choc prenant tout le suraigu douloureux d’une opération chirurgicale, et ses terreurs, chaque soir, devant la nuit qui venait, et le besoin impérieux, apeuré, qu’il avait de ce tic-tac d’une pendule. »47 La neurasthénie à forme cérébrale, pour être d’allure moins suppliciante, est tout aussi féconde. […] Pour conjurer le danger, il voulut sortir, se força à marcher, à prendre de l’exercice ; « mais le passage entre l’immobilité d’une vie recluse et le mouvement d’une existence libérée avait été trop brusque ».

909. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Elles autorisaient la vengeance, la colère, tous les mouvements impétueux de l’âme. […] Il fallait que les poètes secondassent ce mouvement.

910. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

L’unité du tout admet diverses parties ; la continuité du mouvement comprend plusieurs étapes. […] « Les interruptions, les repos, les sections, dit excellemment Buffon, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement, le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur ; il ne peut faire impression sur l’esprit du lecteur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif, une gradation soutenue, un mouvement uniforme, que toute interruption détruit et fait languir. » La constitution essentielle du sujet marque à l’écrivain les reposoirs naturels, où il peut reprendre haleine, et son lecteur avec lui ; elle délimite les portions où le regard peut successivement s’arrêter, quand le champ total est trop vaste et ne se laisse pas embrasser d’une seule vue.

911. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Et il a d’ailleurs, dans les moindres mouvements de sa sensibilité et de sa pensée, une grâce d’un charme si pénétrant que, si je ne puis l’appeler féminine, je ne saurai vraiment de quel autre nom la nommer. […] Il se délecte au spectacle des sentiments les plus violents auxquels une créature humaine puisse être en proie, se traduisant par les lignes, les formes, les mouvements, les signes extérieurs les plus gracieux et les plus séduisants.

912. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Il estimerait que l’abus des sports communique aux mouvements de cette vierge quelque chose de trop net et de trop hardi, sans rien d’enveloppé ni d’hésitant, et rapproche trop son air, sa marche, ses gestes, de ceux des garçons. — Ne vous y trompez pas, la jeune fille que Michelet met dans les bras du jeune mari, c’est l’ingénue, la jeune fille timide, rougissante, ignorante d’elle-même, mystérieuse, inachevée ; oui, l’ingénue de Scribe, l’Ingénue nationale ! […] Et l’une de ses grandes joies a été d’apprendre, par des expériences de Bouchardat, que, contrairement au préjugé de l’Église et du moyen âge, le sang féminin dont les mouvements composent ce rythme harmonieux est un sang parfaitement pur.

913. (1842) Essai sur Adolphe

Comme il n’y a pas dans ce tableau mystérieux un seul trait dessiné au hasard ; comme tous les mouvements, toutes les attitudes des deux figures qui se partagent la toile sont étudiés avec une sévérité scrupuleuse et inflexible, d’année en année nous découvrons dans cette composition un sens nouveau et plus profond, un sens multiple et variable malgré son évidente unité, qui ne se révèle pas au premier regard, mais qui s’épanouit et s’éclaire à mesure que notre front se dépouille et que notre sang s’attiédit. […] S’il arrive à l’un des deux d’oublier un instant la servitude où il s’est cloué, au premier mouvement de liberté le bruit de sa chaîne le réveille en sursaut.

914. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Le baptême n’était du reste pour Jean qu’un signe destiné à faire impression et à préparer les esprits à quelque grand mouvement. […] Sa foi dans la prochaine venue du Messie ne fit que s’affermir ; il suivait avec attention les mouvements du dehors, et cherchait à y découvrir les signes favorables à l’accomplissement des espérances dont il se nourrissait.

915. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Comme Nazareth, Capharnahum était sans passé, et n’avait en rien participé au mouvement profane favorisé par les Hérodes. […] Elle est nette, propre, sans vase, toujours battue au même endroit par le léger mouvement des flots.

916. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il offre tant de sympathies diverses à satisfaire, il soumet les sympathies physiques à tant de sympathies morales et intellectuelles, il présente tant de points de défense et d’attaque en même temps, il fait naître tant désirs au-delà du désir même, il offre tant à conquérir au-delà de la dernière conquête, il donne tant de jeu aux craintes, aux espérances, il arrête les progrès si près du but et y rappelle si puissamment par l’effort même qui en éloigne, enfin il y a tant de distance entre les voluptés que l’art le plus exercé ou le naturel le plus aimable peuvent donner à l’abandon et le charme de cette retenue mystérieuse qui arrête les mouvements d’un cœur passionné, que rien n’est impossible à une grande passion dans le cœur d’une telle femme. […] À sa beauté elle joignait la grâce qui faisait passer dans ses traits, dans ses mouvements, dans sa parole quelque chose de l’âme la plus douce, la plus sensible, et de l’esprit le plus sage et le plus délié.

917. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Pas un remuement d’entrailles, pas un mouvement de nature. […] Pour rentrer dans le mouvement même de la pièce, à partir du second acte, l’action semble visiblement épuisée.

918. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Après le premier mouvement de retraite manqué sur Kalouga, l’armée dut se rabattre sur la grande route de Smolensk toute désolée et dévastée, et repasser par les traces sanglantes qu’elle s’était faites. […] Ce singulier dialogue, que je rapporte textuellement, révéla le projet du maréchal de gagner Orcha par la rive droite du fleuve, et assez rapidement pour y trouver encore l’armée qui faisait son mouvement par la rive gauche.

919. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

« Ce 23 novembre. » Le premier mouvement de l’auteur fut de douter. […] C’est la ligue des intérêts froissés du mouvement des théories.

920. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Une influence quelconque, fût-ce celle de Shakespeare, ne pouvait qu’altérer l’originalité du mouvement littéraire de notre époque. — « Le système de Shakespeare », dit, à propos de ce mouvement, l’honorable et grave écrivain, « peut fournir, ce me semble, « les plans d’après lesquels le génie doit désormais travailler. » Nous n’avons jamais été de cet avis, et nous avons pris les devants pour le dire il y a quarante ans12.

921. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

L’homme entre en colère, il est attentif, il est curieux, il aime, il hait, il méprise, il dédaigne, il admire ; et chacun des mouvements de son âme vient se peindre sur son visage en caractères clairs, évidents, auxquels nous ne nous méprenons jamais. […] Homere avait dit que Jupiter ébranlait l’Olympe du seul mouvement de ses noirs sourcils.

922. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Cette pureté en Madame Récamier, qu’elle conserva et qui le lui rendit, cette pureté était en elle comme le cours du sang et le mouvement des yeux, comme tout ce qu’il y a de plus involontaire, et faisait d’elle le Génie, sous la forme la plus parfaite, de ces sentiments qui n’ont pas de sexe parce qu’ils sont plus divins que les autres : la Bonté, la Pitié, l’Amitié… L’amitié était, en effet, pour l’âme de Madame Récamier, la limite de la passion humaine, et jamais elle ne la dépassa pour entrer dans un sentiment plus troublé. […] Telle fut, sans vieillir, jusqu’à sa dernière heure, cette Madame Récamier dont la médaille, le buste, le portrait, sont peut-être impossibles à faire ; car la grâce est une ondoyance et le mouvement ne se fixe pas.

923. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Le mouvement n’est pas rapide ; l’auteur n’entraîne point l’esprit par l’élan d’une logique impétueuse ; il le promène doucement autour d’une foule d’idées familières. […] Ils ont observé le mouvement naturel de la pensée, et le reproduisent ; ils savent que ses premières opérations consistent dans la connaissance de faits particuliers, déterminés, et le plus souvent sensibles, que peu à peu elle se porte involontairement sur certaines parties détachées de ces faits, qu’elle les met à part, qu’aussitôt les signes apparaissent d’eux-mêmes, que les idées abstraites et les jugements généraux naissent avec eux ; ils suivent cet ordre dans les vérités qu’ils nous présentent, et en retrouvant la manière dont l’esprit invente, ils nous apprennent à inventer.

924. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Introduction »

Elle demeure initiatrice du mouvement réaliste : « De tout petits faits bien choisis, importants, significatifs, amplement circonstanciés et minutieusement notés, voilà aujourd’hui la matière de toute science ».

925. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Pour comprendre ses écrits, tantôt il faut relire les historiens, et suivre les phases diverses d’une guerre on les mouvements d’une révolution intérieure ; tantôt il faut demander des détails à un scholiaste, et scruter jusqu’au dégoût les mystères scandaleux d’une biographie oubliée262.

926. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Il pensait que la disposition des plis du tissu se prêtait à la figurer, et il était persuadé que, s’il faisait le moindre mouvement, les modifications apportées aux plis de la couverture entraîneraient l’évanouissement de cette belle main.

927. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre premier. Rapports de l’invention et de la disposition »

Il faut conserver la liberté de ses mouvements, ne point gêner la naturelle allure de l’esprit, en lui imposant une direction trop rigoureuse, en l’emprisonnant dans des divisions trop absolues : il resterait stérile et ne trouverait rien.

928. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

Ce qui les fait admirables, c’est le mouvement lyrique qui les anime, et non pas, comme il le croit sans doute, les pensées honnêtes qu’elles sont chargées d’exprimer.

929. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Émile Blémont excelle à décrire en poésie, ainsi qu’on faisait jadis, les tableaux de nos peintres, auxquels ses vers semblent rendre leurs mouvements et leurs couleurs ; signalons, avant de finir, une pièce charmante : « Le Volant », un élégant Watteau en quatrains.

930. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Georges Pellissier — intitulé : Le mouvement littéraire au dix-neuvième siècle.

931. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Ces mouvements d’agrégation des masses autour de l’homme qui sait se révéler leur maître ont lieu sans acception de frontière, brisent le moral des nations et suscitent souvent au héros d’une race des sectateurs d’une autre.

932. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Il aurait toujours dû se rappeler ce vers, qu’il avait fait sans doute par un mouvement involontaire d’admiration : Quoi donc !

933. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

Surpris, il redouble en vain le mouvement de ses ailes, et comme un poids mort, il tombe.

934. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

Aucun homme n’a su donner plus de variété à son style, plus de formes diverses à sa langue, plus de mouvement à sa pensée.

935. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Après la Marne, commence une guerre morne, épaisse, privée de mouvement.

936. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

(Mouvement dans l’auditoire. […] Après le Cid, un grand mouvement avait gagné les imaginations, sans qu’un poëte se fût détaché de la foule. […] Où se traduit par quò, lorsqu’il y a mouvement, et par ubì lorsqu’il n’y en pas. […] Dans ce mouvement des idiomes nouveaux, nés de la chute de l’empire romain et du renouvellement des races, l’Angleterre a reçu l’influence de la France. […] Il n’y a dans l’intervalle que le passage d’un grand homme et le mouvement d’idées qu’il fait naître.

937. (1888) Poètes et romanciers

L’art se prouve comme le mouvement. […] Ils sont philosophiques par le mouvement même de la pensée, s’agitant d’un essor inquiet autour des grands problèmes du Monde, de l’Histoire et de la Vie. […] Les partis s’étaient anéantis par la violence, et leurs mouvements, dont on s’effrayait, n’étaient que les spasmes de l’agonie. […] Ce mouvement d’idées dura peu de temps, et la poésie légère reprit bientôt Béranger. […] Il y a de beaux mouvements et de grandes conceptions, mais les mouvements ne se soutiennent pas et la grandeur même des conceptions écrase le poète vieillissant, que trahissent la force et le souffle.

938. (1886) Le roman russe pp. -351

Avec eux, elle a pour la première fois devancé le mouvement de l’Occident au lieu de le suivre ; elle a enfin trouvé une esthétique et des nuances de pensée qui lui sont personnelles. […] On s’en éloigne, on cherche autre chose ; pour tout observateur désintéressé, ce mouvement de recul est très sensible. […] La parfaite simultanéité des deux mouvements exclut toute subordination de l’un à l’autre ; dans toute l’Europe, les mêmes causes produisaient les mêmes effets. […] On devine ce que tous ces contrastes mettent de couleur et de mouvement dans les Veillées. […] On trouvera plus loin quelques indications sur le mouvement révolutionnaire qui emportait la plus grande partie de la jeunesse ; on verra combien tout l’éloignait des doctrines préconisées par Gogol.

939. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Ils excellent à donner un mouvement sublime à des formes voluptueuses. […] Tout est en mouvement dans l’univers, ou plutôt tout est mouvement. […] « Le mouvement général de Napoléon sur Saint-Dizier, dit très bien M.  […] La franchise de leur costume rustique traduit avec exactitude tous les mouvements de leurs corps et ces mouvements, appris des aïeux depuis un temps immémorial, sont d’une simplicité solennelle. […] Ce sont là des tableaux admirables, pleins de couleur, de mouvement et de vie.

940. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il n’y avait là, pour lui, qu’une série de mouvements à constater et à classer sous une étiquette. […] Qu’un tel mouvement puisse exister, que les maîtres préposés au premier éveil de l’intelligence nationale en soient descendus à s’embrigader dans une faction, — et quelle faction ! […] Mais encore faut-il être sûr que l’on est bien en présence d’un fleuve, d’un de ces mouvements profonds de la nature sociale qu’il est sage d’accepter pour n’avoir pas à les subir. […] Nous serons en droit d’en conclure que le mouvement de la civilisation marche dans la voie démocratique ou qu’il s’en éloigne. […] Ce mouvement ira-t-il s’accentuant ?

941. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Le style du livre, par son mouvement uni et par son ampleur extrême, convient à la gravité de la pensée et à la dignité du sujet. […] D’où viennent donc les satires passionnées, les mouvements de tristesse profonde, et les accès de colère chagrine qui remplissent les Caractères ? […] Si Descartes est arrivé jusqu’à concevoir le monde comme un composé de mouvement et d’étendue, c’est par horreur pour l’obscurité des petits êtres scolastiques. […] Si la guerre contre le Congrès a suspendu un instant ce mouvement, il reprend maintenant de plus belle. […] Bien plus, tous les moments et toutes les parties de la vie sont réglés, et il n’y a plus dans l’homme un seul mouvement qui soit libre.

942. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Notre sentiment littéraire s’émancipe tellement, nous songeons si peu à exercer le moindre contrôle sur nos mouvements de sympathie et d’antipathie, que nous en venons quelquefois aux confidences les plus compromettantes. […] Uranie se défie sagement des premiers mouvements d’antipathie de son goût dans les choses nouvelles pour elle de l’art et de la poésie ; elle ne croit pas avoir raison contre tout le monde ; elle ne croit pas avoir raison contre une portion éclairée du genre humain ; elle ne croit pas avoir raison même contre un seul bon juge qui loue ce qu’elle condamne, et néanmoins elle conserve, elle prétend conserverie sentiment du laid. […] Leur tête droite sur leur buste raide et légèrement incliné en arrière, repose sur un appui, privée de mouvement comme d’expression408. […] Les mouvements sont tranquilles ; le regard est vague, et n’attire pas l’attention sur lui. […] Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles ; il paraissait attentif à leurs discours, et il semblait, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardait jusques au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disaient pas.

943. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Si le mouvement n’a pas éclaté plus tôt, l’une des raisons en est probablement que le latin n’y pouvait suffire. […] Et non seulement, si l’on omettait l’élément italien, on méconnaîtrait le vrai caractère du mouvement de la Renaissance, mais c’est la formation aussi du classicisme qu’on aurait peine à s’expliquer, et ce sont les raisons de sa longue domination. […] Catholiques ou protestants, c’est un point dont on ne tardera pas à tomber d’accord, et là est le bénéfice net, si l’on ose ainsi parler, du mouvement de la Réforme et des guerres de religion. […] Il faut vivre selon la nature ; mais notre « nature » est déterminée par notre fin ; et « la fin de l’homme, de toutes nos pensées et de tous nos mouvements, c’est le bien » ; et « notre bien » ne consiste qu’en « l’usage de la droite raison, qui est à dire en la vertu ». […] Et, en attendant que ce mouvement se termine par un retour à la religion, on essaie de fonder en raison, de séculariser ou de laïciser les enseignements que la religion donnait naguère au nom de sa seule autorité.

944. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Un grave mouvement, tout contraire à son génie, s’est produit à côté d’elle et jusqu’en elle. […] C’est la question du mouvement relatif et du mouvement absolu. […] Il s’oppose, il se contrarie à tous les autres mondes ensemble et d’un même mouvement. […] La servante sera chassée ensemble que la maîtresse, de la même chasse et du même mouvement. La philosophie sera chassée ensemble que la théologie, du même pourchas et du même mouvement.

945. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

D’un rapide mouvement, nous voilà transportés en Espagne ; et, si quelque chose nous étonne, c’est de ne point rencontrer Gastibelza, l’homme à la carabine. […] Combien de travail sourd et de mouvements cachés ! […] Émile Zola, lui-même, homme casanier, pensa que ce mouvement centrifuge ne pouvait pas continuer sans lui et organisa des tournées. […] À quelle heure est-on homme enfin, rien qu’un homme, comme le criait le vieux Faust, et pas une machine à travail et à mouvement ?  […] N’est-il pas vrai que, devant ces reliques, on doit céder à un mouvement d’admiration un peu effrayée ?

946. (1897) Aspects pp. -215

. — Sous lui le conseil des Sinistres met en mouvement la machine à pressurer et la machine à respects. […] Il a publié des études excellentes sur le mouvement littéraire contemporain. […] Dès qu’il a persuadé les jeunes gens, le 12 juin il tente un mouvement contre le despotisme autrichien. […] Bakounine a fort contribué à provoquer ce mouvement. […] Le mouvement comprimé, il passe en Espagne.

947. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Un mouvement littéraire se fait toujours en réaction contre un autre. […] C’est ce mouvement qui se continue, en se modifiant, à travers les jeunes. […] Renan a été le point de départ du mouvement actuel. […] C’est un mouvement de désertion anticipée qu’il nous semble urgent d’enrayer. […] Ils se plaignent que rien ne soit sorti de ce mouvement ou de ce piétinement sur place.

948. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

Il sortira peut-être quelque chose de nouveau de tout ce mouvement.

949. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

. — Le Second Mouvement, trois actes, en vers (1865). — Le Monde où l’on s’amuse, trois actes, en prose (1868). — Les Faux Ménages, quatre actes, en vers (1869). — Prière pour la France, poème (1871). — Hélène, trois actes, en vers (1873). — L’Autre Motif, un acte, en prose (1873)

950. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Son style a la solidité, la vigueur de la belle langue classique, avec un éclat, une couleur, un mouvement tout modernes.

951. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Son regard semble farouche ; L'écume sort de sa bouche ; Prêt au moindre mouvement, Il frappe du pied la terre, Et semble appeler la guerre Par un fier hennissement.

952. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Cette critique est à la fois l’ouvrage de l’esprit & du goût, & celui d’un mouvement de vengeance contre les jésuites.

953. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Considérable, car la liste est longue de ceux qui entre dix-huit et trente-six ans on écrit des pages intéressantes, ont participé au mouvement littéraire de ce temps, si fécond en cénacles, si fertile en personnalités curieuses ; dangereux enfin, parce que, malgré deux ans de recherches, nous avons commis des oublis inévitables et surtout parce qu’ayant combattu, nous aussi, dans les rangs de cette jeunesse, nous n’avons pourtant pas hésité à mettre de côté toute camaraderie, toute confraternité, pour présenter un tableau sincère et précis de cette « jeune littérature » dont on parle tant et qu’on connaît si peu.

954. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Si elles n’étaient que de simples vertus morales, imaginées par le poète, elles seraient sans mouvement et sans ressort.

955. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Notre esprit trop inquiet et trop en mouvement pour se fixer sur rien de particulier, ne joüit veritablement de rien.

956. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Mais où il excelle surtout, c’est dans la description pittoresque du pays ; il sait rendre avec une merveilleuse exactitude les mouvements les plus imperceptibles, et jusqu’aux traits fugitifs qui caractérisent inopinément la physionomie mobile et expressive de la nature. […] L’énorme starosta commença par sauter à terre, et ayant salué profondément son maître, il lui dit : — Bonjour, mon père Arcadi Pavlitch ; puis, s’étant redressé de tout son haut, et ayant rejeté ses cheveux en arrière par un mouvement de tête, il ajouta que Safrone était allé à Pétrova, mais qu’on l’avait envoyé chercher. […] Pénotchkine se leva, fit tomber, par un mouvement fort pittoresque, le manteau qui était jeté sur ses épaules, et mit pied à terre en promenant autour de lui un regard plein de bienveillance. […] Il ne fait point de vent ; mais il n’y a pas non plus de soleil, d’ombre, de mouvement, ni même de bruit ; une odeur vineuse, particulière à l’automne, est répandue dans la campagne ; un brouillard transparent se tient immobile au-dessus des champs qui jaunissent dans le lointain. […] Au-dessus de votre tête, autour de vous, le brouillard s’étend de tous côtés… Mais un léger souffle de vent se fait sentir ; un coin du ciel, d’un bleu pâle, se montre confusément à travers la brume raréfiée qui se met en mouvement et semble flotter comme de la fumée ; un éclatant rayon de soleil perce, inonde les champs, frappe la forêt… ; puis, tout s’obscurcit de nouveau.

957. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Chaque mouvement en avant dans le monde de la pensée et des faits entraîne donc une réaction inévitable, proportionnée à la violence de l’effort précédent et à la puissance de l’homme qui la détermina. […] Comme tout mouvement réactionnaire et négatif, voué par principe même à la stérilité, il n’a pu donner naissance à aucune œuvre. […] Les jeunes poètes, aujourd’hui, possèdent donc ceci de délicieux, qu’étant adeptes de la morale utilitaire, respectueux du mouvement scientifique, leur flamme naturelle, en eux, n’est nullement éteinte. […] Grâce à un enseignement plus conforme aux nécessités contemporaines, les lettrés sont au courant du mouvement scientifique. […] Il sait que le mouvement des races se dessine déjà en principe dans les tendances que possède l’amibe primitive à se mouvoir vers la lumière.

958. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Les autres, en obscurcissant leurs ciels de nuages, ne songent qu’à en rompre la monotonie ; Vernet veut que les siens aient le mouvement et la magie de celui que nous voyons. […] L’esprit philosophique veut des comparaisons plus resserrées, plus strictes, plus rigoureuses, sa marche circonspecte est ennemie du mouvement et des figures. […] Il y a des nuées, mais un ciel qui devient orageux ou qui va cesser de l’être n’en assemble pas davantage ; elles s’étendent ou se ramassent et se meuvent, mais c’est le vrai mouvement l’ondulation réelle qu’elles ont dans l’atmosphère ; elles obscurcissent, mais la mesure de cette obscurité est juste. […] Sont-ce ces nuées sombres et chargées et leur mouvement ? […] Je vous montrerais tantôt les pattes de l’araignée agissant sur le corps de l’animal, tantôt le corps de l’animal mettant les pattes en mouvement.

959. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Or, un roman, c’est, par définition, une histoire contée, ou, si l’on veut, de la vie en mouvement. […] Taine a tort de faire d’un mouvement comme la Révolution française un problème de psychologie. […] Le traditionalisme par positivisme, ce mouvement de conséquence incalculable et qui renouvelle en ce moment toute la pensée française, en est sorti. […] Il l’a comprise, et personne n’est plus préoccupé que lui du drame et du dialogue, du mouvement dans ce drame et de la passion dans ce dialogue. […] C’est une poésie qui s’apparente à celle des chansons populaires, dont elle a le mouvement, le réalisme sans grossièreté, le pittoresque coloré et l’émouvante ingénuité.

960. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Notre poète traita lui-même ces divers sujets avec une grande supériorité ; mais, lorsqu’il eut parlé en termes sublimes et un peu mystérieux de la création du monde et des mouvements du soleil, il nous raconte que son hôte se mit à l’examiner avec une plus grande attention, et dit, après un moment de silence, qu’il voyait bien qu’il avait donné l’hospitalité à un personnage plus illustre qu’il ne l’avait d’abord supposé, et que peut-être c’était celui dont on s’entretenait vaguement dans le pays, qui, étant tombé dans l’infortune par suite de quelque faiblesse, était aussi digne, par la nature de sa faute, du pardon des hommes, qu’il était digne de leur admiration par son génie. […] « Telle on voit la mer Égée, lorsque les vents qui soulevaient ses flots sont rentrés dans leurs grottes profondes : le calme ne règne point encore sur son sein, et ses ondes obéissent toujours au mouvement dont elles furent agitées. […] Il sent trembler sa main, tandis qu’il détache le casque et qu’il découvre le visage du guerrier inconnu : il la voit, il la reconnaît ; il reste sans voix et sans mouvement : ô fatale vue ! […] « Dans ce mouvement lent et tranquille, le guerrier ne reprend point encore l’usage de ses sens ; mais de faibles soupirs prouvent qu’il conserve un reste de vie. […] Malheur aux poètes qui refont leurs œuvres : la poésie est de premier mouvement, ce n’est pas le travail et la réflexion qui la donnent, c’est l’inspiration ; on ne respire pas à midi le souffle matinal de l’aurore ; la jeunesse dans le poète fait partie du charme ; le génie est comme la beauté, il a son instant.

961. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Le professeur devenu journaliste a compris qu’il lui fallait avant tout la verve, le mouvement, la vie. […] L’histoire m’apprend encore que l’art est ballotté par un mouvement incessant de va-et-vient entre le réalisme et l’idéalisme qui en sont les deux pôles. […] Dans le feu de la lutte il devient presque léger ; il a du moins du mouvement, de l’éclat, d’heureuses trouvailles de style. […] Il a ainsi agi dans le sens du mouvement littéraire contemporain. […] Ils regretteront de ne pas rencontrer plus de mouvement, de variété, de légèreté, voire même quelques-unes de ces négligences qui plaisent par un certain air de laisser-aller.

962. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Les occasions où David donnait lui-même un mouvement au modèle de ses élèves se présentaient fort rarement. […] Les Grecs ne se faisaient nullement scrupule de reproduire une composition, un mouvement, un type, déjà reçus et employés. […] C’étaient bien là ces sourcils dont un seul mouvement pouvait ébranler le monde, et ces yeux d’où devait s’élancer la foudre. […] Tant qu’il faisait jour, les affaires journalières et le mouvement aidaient à tromper l’inquiétude affreuse dont chacun était oppressé. […] Je veux essayer de mettre de côté ces mouvements, ces expressions de théâtre, auxquels les modernes ont donné le titre de peinture d’expression.

963. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

N’est-ce pas elle qui, depuis tantôt vingt ans, nous a presque entièrement épargné les violences de la rue, les brutalités des mouvements populaires ? […] C’est à coup sûr une idée extraordinaire que d’avoir voulu exprimer par des mouvements de jambes la victoire du Progrès sur l’Obscurantisme et de M.  […] Encore a-t-il trouvé, j’en ai peur, que les danseuses étaient trop loin de lui, et que leurs mouvements étaient trop rapides. […] De là, une grande quiétude d’esprit et une sérieuse économie de mouvements. […] C’est une causerie lente et posée ; le ton est modeste et uni, le geste rare ; le mouvement n’est que dans les idées.

964. (1899) Arabesques pp. 1-223

Enfin quelques mouvements d’art ont persisté qui ont fourni des œuvres assez marquantes pour justifier leur raison d’être. Trois de ces mouvements parvinrent à la notoriété : le symbolisme, l’école romane, évolutions terminées, le naturisme encore embryonnaire. […] Le jour où l’on analysera sainement les causes du mouvement antisémitique, on leur rendra justice. […] Il faut pratiquer ce philosophe, y revenir souvent, noter les mouvements d’enthousiasme et d’aversion que son commerce fait éprouver tour à tour. […] Un premier mouvement ?

965. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On découvre même dans le père de Saint-Simon une qualité dont ne sera pas privé son fils, une sorte d’humeur qui, au besoin, devient de l’aigreur ; c’est pour s’être livré à un mouvement de cette nature qu’il tomba dans une demi-disgrâce à l’âge de trente-et-un ans et quitta la Cour pour se retirer en son gouvernement de Blaye, où il demeura jusqu’à la mort du cardinal. […] Mon mouvement avoit excité une rumeur. » Or, quand on est sujet à ces mouvements-là, non seulement à l’audience et dans une occasion extraordinaire, mais encore dans l’habitude de la vie et même en écrivant, il y a chance non pour qu’on se trompe peut-être sur l’intention mauvaise de l’adversaire, mais au moins pour qu’on outrepasse quelquefois le ton et qu’on sorte de la mesure. […] Il dit quelque part, à l’occasion des joies secrètes et des mille ambitions flatteuses mises en mouvement par une mort de prince : « Tout cela, et tout à la fois, se sentait comme au nez. » 94.

966. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

… Tout ce mouvement est d’une vérité profonde et d’une vraiment durable beauté ; il contraste admirablement avec l’invocation toute reposée, toute radoucie, d’une des élégies suivantes, et avec ce début enchanteur : Calme des sens, paisible indifférence, Léger sommeil d’un cœur tranquillisé, Descends du ciel ; éprouve ta puissance Sur un amant trop longtemps abusé ! […] Combien de fois il dut répondre non sans un mouvement d’impatience, aux admirateurs et questionneurs indiscrets : Ne parlons plus d’Éléonore ; J’ai passé le mois des amours ! […] Ainsi, dans cette fin de discours, il se mit à faire un magnifique éloge de la piété tendre et sensible, puis, en regard, un non moins magnifique portrait de la vraie philosophie ; puis, au sortir de ce parallèle, il s’échappa dans une vigoureuse sortie contre le fanatisme qui, seul, trouble la paix si facile à établir, disait-il, entre les deux parties intéressées ; s’animant de plus en plus devant cet ennemi, pour le moment du moins, imaginaire, l’orateur compara tout d’un coup le fanatique ou l’hypocrite à l’incendiaire Catilina lorsqu’il vint pour s’asseoir dans le sénat de Rome et que tous les sénateurs, d’un mouvement de répulsion unanime, le délaissèrent sur son banc, seul, épouvanté et furieux de sa solitude… On se retournait, on regardait de toutes parts pour chercher cet incendiaire, car il était bien évident que, dans la pensée de Garat, ce n’était point M. de Parny. […]  — On a la lettre par laquelle Parny adressait sa pièce au ministre de l’intérieur, François de Neufchâteau, bonhomme de lettres, s’il en fut, qui ordonnait solennités sur solennités, lançait des circulaires en tous sens et se donnait un mouvement extraordinaire pour rendre un air de vie à cette fin de Directoire.

967. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Elle tire sa valeur surtout de son style qui est d’une qualité rare, et du tact avec lequel Corneille a déterminé quelques-unes des conditions du genre : il fixe la comédie dans son juste ton, entre le bouffon et le tragique ; il marque le mouvement du dialogue, vif, naturel et agissant ; et, bien qu’il n’ait pas précisément dessiné de caractères, il place dans la forme morale du personnage principal la source des effets d’où jaillit le rire. […] Ce n’est pas que, quand le sujet l’y porte, il ne sache dresser une intrigue vraie, ou même se passer î d’intrigue, et laisser la vie même par son mouvement naturel déterminer l’évolution de l’action comique : le Misanthrope, Georges Dandin nous en offrent des exemples. […] Une forme de comédie trouve alors grande faveur : c’est la comédie en un acte, légèrement intriguée, suite de scènes plaisantes reliées et dénouées au petit bonheur, forme littéraire en somme de la farce, dont elle garde le libre mouvement et l’absence de prétention. […] il la sent plaisante, et pour l’épuiser, il imprime à sa comédie ce mouvement symétrique de bascule, qui est le plus déplaisant des artifices du vaudeville.

968. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ce sont ensuite beaucoup de tours propres à cet esprit, où se peignent ses mouvements les plus naturels, et qui lui sont venus du sol même, de l’auteur de toutes les variétés du monde physique et moral de Dieu. […] C’est donc seulement dans le récit qu’il faut chercher et pour ainsi dire épier les premiers mouvements de l’esprit français, et reconnaître sa langue naissante. […] Ses mémoires sont un fruit du pur esprit français, de celui qui se formait lentement et sans bruit en dehors du mouvement d’idées des Guillaume de Champeaux et des Abailard, et de l’ambition encyclopédique de Vincent de Beauvais. […] Quoique chargé à diverses reprises de messages délicats auprès de personnages qui n’avaient pas tous la loyauté chevaleresque, il ne paraît pas que sa pénétration allât au-delà de cet instinct des âges héroïques, où tout se fait de premier mouvement plutôt que par calcul, et où l’on n’a pas à deviner des passions qui se trahissent.

969. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

La formule spencérienne de l’évolution, est, dans sa forme merveilleusement concise, la suivante : « L’évolution est une intégration de matière, accompagnée d’une dissipation de mouvement, pendant laquelle la matière passe d’une homogénéité indéfinie, incohérente, à une hétérogénéité définie, cohérente, et pendant laquelle aussi le mouvement retenu subit une transformation analogue ». […] De divers côtés, nous avons constaté des mouvements de réforme, et les auteurs de tels efforts ne peuvent que se sentir raffermis et rassurés par la conscience qu’il y a un endroit où l’objet de leurs aspirations est réalisé. […] Avec Shuré, le wagnérisme a aussi des liens avec les mouvements occultistes européens de la fin du xixe  siècle.

970. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Qu’est-ce que le mouvement ? […] Toute science se constitue par un double mouvement d’analyse et de synthèse. […] Heine (de l’Allemagne), a dit du plus sec des métaphysiciens : « La lecture de Spinoza nous saisit comme l’aspect de la grande nature dans son calme vivant : c’est une forêt de pensées hautes comme le ciel, dont les cimes fleuries s’agitent en mouvements onduleux, tandis que leurs troncs inébranlables plongent leurs racines dans la terre éternelle : On sent dans ses écrits flotter un souffle qui vous émeut d’une manière indéfinissable : on croit respirer l’air de l’avenir. » Les métaphysiciens sont donc des poëtes qui ont pour but de reconstituer la synthèse du monde Ces grandes épopées cosmogoniques disparaîtront-elles ? […] On traite les phénomènes psychologiques comme la mécanique pure traite les corps, les mouvements et les forces.

971. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ses lèvres articulaient à peine un léger et imperceptible mouvement ; mais ses yeux tour à tour baissés sur la page ou levés vers le ciel, la pâleur et la rougeur alternative de ses joues, ses mains qui se joignaient quelquefois en déposant pour un moment le livre sur ses genoux, l’émotion qui gonflait sa poitrine et qui se révélait à moi par une respiration plus forte qu’à l’ordinaire, tout me faisait conclure, dans mon intelligence enfantine, qu’elle disait à ce livre ou que ce livre lui disait des choses inentendues de moi, mais bien intéressantes, puisqu’elle, habituellement si indulgente à nos jeux et si gracieuse à nous répondre, me faisait signe de ne pas interrompre l’entretien silencieux ! […] « Les femmes qui tirent l’eau du puits, ou qui la rapportent à la maison dans un seau de bois sur leurs têtes, s’arrêtent à ce son de la cloche ; elles courbent leurs fronts en soutenant le vase de leurs deux mains levées, de peur que leur mouvement ne fasse perdre l’équilibre à l’eau ; elles adressent une courte prière au Dieu qui fait lever un jour de printemps. […] Ces trois chaires, rapprochées les unes des autres comme des stalles dans un chœur d’église, forment une façade semi-circulaire qui regarde l’orient ; en sorte que les bergers ou les chasseurs fatigués qui s’y placent et qui s’y assoient, pour se reposer à l’abri du vent, peuvent se voir obliquement les uns presque vis-à-vis des autres, et s’entretenir même à voix basse, sans que le mouvement de l’air dans ces hauts lieux emporte leurs paroles préservées du vent. […] On jouit sur cette hauteur d’un complet et perpétuel silence ; les bruits des vallées ne montent pas jusque-là ; on n’y entend que la chute accidentelle des petits coquillages pétrifiés qu’un mouvement du pied fait rouler jusqu’au bas de la montagne ou les imperceptibles sifflements que rend la brise en se tamisant sur les brins d’herbe mince, sèche et aiguë, qui percent les pierres comme de petites lances : accompagnement doux plutôt qu’interruption des hautes pensées que les hauts lieux inspirent.

972. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

On pourrait citer des exemples de pareils changements, arrivés pendant des inondations, même sans aucun mouvement du sol. […] Nous avons vu déjà que sur vingt-six oiseaux terrestres qu’on y trouve, vingt et un et peut-être vingt-trois sont rangés comme des espèces distinctes qu’on suppose créées dans le lieu même ; pourtant rien n’est plus manifeste que les affinités de la plupart de ces oiseaux avec des espèces américaines, dans leurs habitudes, leurs mouvements, leur son de voix et presque en chacun de leurs caractères. […] Darwin, tous les organismes supérieurs descendent par voie de génération directe des organismes inférieurs ; il faut donc que ceux-ci aient beaucoup varié pour les produire ; et il ne s’agit plus que de savoir si le mouvement de variation se ralentit ou s’accélère, à mesure que l’organisation s’élève, et, si c’est possible, par quelles causes. […] En résultante générale, on pourra peut-être admettre, au moins comme probable, que si, en effet, actuellement et durant les périodes géologiques dont il nous reste des documents fossiles, les organismes inférieurs paraissent, en moyenne, avoir varié moins vite que les organismes supérieurs, cette invariabilité ne leur est pas essentielle, mais dépend de l’accumulation de la force d’atavisme ; de sorte qu’à mesure que le niveau supérieur de l’organisation s’élève et s’élève de plus en plus rapidement au moyen d’espèces progressives, formant comme les bourgeons terminaux de la cime et des principales branches de l’arbre de vie, la faculté générale de variabilité n’en suit pas moins dans tout le monde organique une sorte de mouvement uniformément retardé, et d’autant plus retardé que les types sont plus anciens, et sont restés invariables durant de plus longues périodes.

973. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Cependant un certain nombre d’espèces, se maintenant en corps, pourraient se perpétuer sans changements pendant de longues périodes, tandis que, pendant le même temps, plusieurs de ces espèces, venant à émigrer en d’autres contrées et à entrer en concurrence avec des associés étrangers, se seraient modifiées ; de sorte qu’il ne nous faut pas surfaire la valeur du mouvement de transformation organique considéré comme exacte mesure du temps. […] Dans l’un comme dans l’autre cas, il est donc beaucoup plus probable que la variabilité organique suit un mouvement retardé plutôt qu’un mouvement accéléré. […] Seulement il faut reconnaître, d’un autre côté, qu’à mesure que les variations purement physiologiques diminuent de vitesse et d’intensité, les variations psychologiques, c’est-à-dire les modifications instinctives et mentales, semblent accroître leur mouvement en raison contraire, comme on l’observe chez toutes les espèces sociales que forment généralement les degrés les plus élevés des principales classes du règne animal.

974. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Dans ces lettres à Saint-Vincens où il s’abandonne tout à fait au courant de la pensée et au mouvement de la plume, il divague quelquefois et tombe même dans quelque confusion. […] Comme c’est le cœur qui doute dans la plupart des gens du monde, quand le cœur est converti, tout est fait ; il les entraîne ; l’esprit suit les mouvements, par coutume et par raison.

975. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Une pareille promenade devrait suffire pour apprendre à supporter paisiblement le mouvement de toutes les affaires de ce monde. […] Il a des mots d’une expression poignante, des mouvements sentis, éloquents, mais aussi (et j’en ferai juge les plus désintéressés) des paroles d’injustice.

976. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Son père, fort considéré en Bresse, de bonne et honnête race bourgeoise, avait abondé dans le sens du mouvement de 89 et avait été l’un des principaux rédacteurs du cahier de la ville de Pont-de-Vaux : avec cela, homme de principes religieux et bon chrétien. […] Son premier mouvement sera non de joie, mais pour décliner l’honneur, le fardeau ; il écrira à son père pour le consulter, pour lui demander s’il doit ou non accepter. « Je ne saurai trop vous répéter, général, écrit-il à Bonaparte lui-même, qu’une division de 9000 hommes est pour moi un fardeau qui m’accable.

977. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

L’intendant Foucault, lui, n’était qu’un homme de son temps, et, s’il en servit le mouvement et le progrès dans le sens de bien des améliorations pratiques, il en partagea fortement aussi les préjugés et les erreurs. […] Colbert m’écrivit, de son propre mouvement, que le roi trouverait bon que j’exemptasse de logement la terre de Négrepelisse, qui était la seule que possédât M. de Turenne, qui avait bien mérité cette distinction.

978. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Dans le mouvement de fureur dont ils furent saisis en entendant ces propositions d’Hannon, ainsi frauduleusement transmises, les Mercenaires se mirent en marche au nombre de vingt mille, et, pour appuyer leurs menaces, ils vinrent camper au rivage de Tunis en vue de Carthage, à une lieue environ. […] Par un mouvement rapide, et entraînée vers lui elle-même, elle lui verse du vin dans une coupe d’or pour se réconcilier avec l’armée, et lui dit : Bois !

979. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Si on ne lit pas tout, presque tout, dans cette quantité de productions qui ont chacune leur qualité, si l’on a manqué le moment où elles passent pour la première fois sous nos yeux, on est en peine ensuite pour rétablir le point de vue ; un mouvement si compliqué, si divers, si fécond, et dans un genre indéfini qui menace de devenir la forme universelle, demande à être suivi jour par jour ; faute de quoi l’on ne sait plus exactement les rapports, les proportions des talents entre eux, la mesure d’originalité ou d’imitation, le degré de mérite des œuvres, ce qu’elles promettent au juste et ce que l’auteur peut tenir. […]  » Le mot est mémorable et fait date ; il marque bien le dernier terme du mouvement purement romantique au théâtre (mars 1843).

980. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Après Moscow et la retraite de Russie, disait le spirituel M. de Stendhal, Iphigénie en Aulide devait sembler une bien moins bonne tragédie et un peu tiède ; il voulait dire qu’après les grandes scènes et les émotions terribles de nos révolutions et de nos guerres, il y avait urgence d’introduire sur le théâtre un peu plus de mouvement et d’intérêt présent. […] Racine a eu droit de rappeler en sa préface que la véritable invention consiste à faire quelque chose de rien ; ici ce rien, c’est tout simplement le cœur humain, dont il a traduit les moindres mouvements et développé les alternatives inépuisables.

981. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Il y a un moment de jouissance dans toutes les passions tumultueuses, c’est le délire qui agite l’existence, et donne au moral l’espèce de plaisir que les enfants éprouvent dans les jeux qui les enivrent de mouvement et de fatigue : l’esprit de parti peut très bien suppléer à l’usage des liqueurs fortes ; et si le petit nombre se dérobe à la vie par l’élévation de la pensée, la foule lui échappe par tous les genres d’ivresse ; mais quand l’égarement a cessé, l’homme qui se réveille de l’esprit de parti, est le plus infortuné des êtres. […] Je le répète, en examinant tous les effets du fanatisme, on acquiert la démonstration, que c’est le seul sentiment qui puisse réunir ensemble des actions coupables et une âme honnête ; de ce contraste doit naître le plus effroyable supplice dont l’imagination puisse se faire l’idée : les malheurs qui sont causés par le caractère, ont leur remède en lui-même ; il y a, jusques dans l’homme profondément criminel, une sorte d’accord qui seul peut faire qu’il existe, et reste lui-même ; les sentiments qui l’ont conduit au crime lui en dérobent l’horreur ; il supporte le mépris par le même mouvement qui l’a porté à le mériter.

982. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

La nécessité à laquelle la poésie ne peut se soustraire d’être forme et mouvement, projette dans le désert de cette poésie où ni la nature ni la vie ne pénètrent, tout un peuple d’abstractions qui ont charge d’imiter les formes de la nature et le mouvement de la vie : Prix, Soulas, Franchise, Merci, Doux-Semblant, Orgueil viennent s’ébattre et combattre sur le terrain où jadis les Catulle et les Properce se montraient eux-mêmes, jetant les cris de leurs âmes blessées et montraient leurs Lesbia et leurs Cintia, non des idées de femmes, mais de vrais cœurs et de vrais tempéraments de femmes.

983. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Jésus arrêta ce premier mouvement. […] Indifférent aux querelles intérieures des Juifs, il ne voyait dans tous ces mouvements de sectaires que les effets d’imaginations intempérantes et de cerveaux égarés.

984. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Bien des détails ont été écrits l’imagination, ou du moins sans preuve, quelques-uns même en dépit de preuves opposées, sur cette rupture et sur la manière dont madame de Maintenon figura dans les premiers mouvements auxquels elle donna lieu à la cour. […] La jalousie de madame de Montespan est arrêtée par un mouvement de dévotion qui paraît avoir décidé le roi à se séparer d’elle : elle s’éloigne ; le roi rapproche de lui madame de Maintenon qui croit à sa conversion et l’y encourage.

985. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Mais les deux Nuits de décembre et d’août sont délicieuses encore, cette dernière par le mouvement et le sentiment, l’autre par la grâce et la souplesse du tour. […] Mais, dans ces compositions de suprême et un peu froide beauté, le poète n’a pas la passion en lui ; il attend le mouvement du dehors, il reçoit successivement ses impressions de la nature ; il se contente d’y porter une disposition grave, noble, sensible, mais calme, comme un miroir légèrement ému.

986. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer appartient au mouvement scientifique de la fin du xviiie  siècle et à cette impulsion généreuse dans l’ordre de l’intelligence. […] Je lisais, vous écoutiez, mais avec une telle attention, que vos yeux fixés sur moi semblaient suivre tous les mouvements de mes lèvres.

987. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Les Tennemann, les Schleiermacher, les Brandis, les Ritter, les Zeller, les Trendelenbourg, ont mis l’histoire de la philosophie, surtout de la philosophie ancienne, au niveau des parties les plus avancées des sciences historiques et philologiques ; mais la France a eu aussi sa gloire dans ce grand mouvement : elle a fait aussi des efforts pour rivaliser avec l’Allemagne, ou pour lui disputer le premier rang. […] Cousin a été, à n’en pas douter, l’initiateur et le guide de ce mouvement de recherches, et c’est la partie la moins contestable de sa gloire philosophique.

988. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Le mouvement littéraire, commencé vers 1200 (d’après les textes conservés), brillamment développé par le « dolce stil nuovo », s’arrête brusquement avant le milieu du xive  siècle ; ce n’est pas une évolution, c’est une interruption, et je n’ai plus besoin d’en dire les causes. […] En effet : la vie nationale de l’Italie, entravée déjà au cours de la première et de la deuxième ère par des circonstances spéciales, aurait dû commencer du moins au lendemain de la Révolution française ; on sait que Napoléon Ier encouragea cette espérance jusqu’à un certain point ; mais la Restauration paralysa le mouvement : il ne s’est pleinement réalisé qu’avec la prise de Rome ; politiquement ; restaient d’énormes difficultés sociales et morales ; l’Italie, maîtresse de ses destinées, assagie par sa défaite en Érythrée, ne marche sûrement au triomphe que depuis 1900 environ ; à cet état des choses, à cet état d’âme, devrait correspondre une floraison épique.

989. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Faute d’invention personnelle, il s’abandonnait au mouvement de la pensée publique ; or la pensée publique aboutissait à ce système le plus audacieux et le dernier du siècle. […] Ils mettront le public de notre côté et nous, fourniront des mouvements d’indignation généreuse.

990. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Jusqu’alors les Français, moins grands que factieux, ayant besoin d’agiter et d’être agités, plus capables d’un mouvement prompt et rapide que d’une application et de vues suivies, n’avaient encore appris à gouverner ni leur caractère, ni leurs idées. […] Celui d’un prince qui, placé dans une époque où sa nation était capable de grandes choses, sut profiter des circonstances sans les faire naître, qui, avec des défauts, déploya néanmoins toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, sut rassembler autour de lui les forces de son siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie dans les rois ; qui enfin, donna un grand mouvement et aux choses et aux hommes, et laissa après lui une trace forte et profonde.

991. (1925) Portraits et souvenirs

M. de Valmont est un parfait comédien ; il est maître des expressions de son visage, du mouvement de ses gestes et du moment de ses larmes. […] Ils admiraient aussi en lui l’écrivain ingénieux et délicat, son sens de la légende et du mystère, sa compréhension, aussi bien que des plus subtils mouvements du cœur, des plus hautes spéculations de l’esprit. […] Ceux qui furent mêlés au mouvement symboliste de 1885 n’ont pas oublié les sarcasmes, les plaisanteries, les colères qui, dans la presse et dans le public, accueillaient les rares poèmes que publiait Mallarmé. […] Par le mouvement de ses images, par l’incantation de son rythme, la Poésie nous berce et nous enlace en même temps qu’elle nous enivre. […] Barrès, dérive par sa sonorité de celle de Chateaubriand ; si elle a parfois une concision ironique à la Stendhal, reconnaissons-lui également des mouvements, des détentes à la Michelet.

992. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « LES FLEURS, APOLOGUE » pp. 534-537

Cordélia vint à entrer, elle s’assit ; presque aussitôt une langueur comme enivrante la saisit et enchaîna ses sens ; elle poussait de légers soupirs, mais bientôt ce furent des cris étouffés, des mouvements convulsifs et rapides.

993. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Théophile Gautier était trop jeune, avant 1830, pour se produire dans le premier mouvement de la poésie romantique ; mais il entra et persévéra en cette ligne, lorsque plusieurs l’abandonnaient ou songeaient du moins à en modifier le développement.

994. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Ce qui est vrai du peu de composition de l’ensemble, ne l’est pas moins pour le détail du style : la phrase ne finit pas, le vers enjambe sur le vers et sur la strophe, ¿ans qu’il en résulte beauté ni mouvement.

995. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

C’était une cavale indomptable et rebelle,            Sans frein d’acier ni rênes d’or ; Une jument sauvage à la croupe rustique,            Fumante encor du sang des rois ; Mais fière, et d’un pied fort heurtant le sol antique,            Libre pour la première fois ; Jamais aucune main n’avait passé sur elle            Pour la flétrir et l’outrager ; Jamais ses larges flancs n’avaient porté la selle            Et le harnais de l’étranger ; Tout son poil était vierge ; et, belle vagabonde,            L’œil haut, la croupe en mouvement, Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde            Du bruit de son hennissement.

996. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Seuls, la marche et le mouvement des idées y marquent des sortes de strophes, un peu irrégulières, car la strophe ancienne est répudiée par M. 

997. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Que dirait-on d’un critique littéraire qui placerait Dostoieski en première ligne du mouvement des lettres contemporaines ?

998. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

Milton a saisi cette idée, lorsqu’il représente les anges consternés à la nouvelle de la chute de l’homme ; et Fénélon donne le même mouvement de pitié aux ombres heureuses.

999. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre III. Massillon. »

Il nous semble qu’on a vanté trop exclusivement son Petit Carême : l’auteur y montre, sans doute, une grande connaissance du cœur humain, des vues fines sur les vices des cours, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité ; mais il y a certainement une éloquence plus pleine, un style plus hardi, des mouvements plus pathétiques et des pensées plus profondes dans quelques-uns de ses autres sermons, tels que ceux sur la mort, sur l’impénitence finale, sur le petit nombre des élus, sur la mort du pécheur, sur la nécessité d’un avenir, sur la passion de Jésus-Christ.

1000. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Il est plein de feu, de grandeur, de mouvement et de poésie.

1001. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

» balbutia Daouda, sans faire le moindre mouvement, tant il était paralysé par le sommeil.

1002. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

En effet, cette manière d’écrire l’histoire d’une époque, en la tournant autour d’un livre considérable ou d’une œuvre justement exhumée, nous semble plus intéressante, plus concentrée et plus vivante que l’histoire qui se déploie d’elle-même, dans son ordre chronologique et dans le mouvement général de ses événements.

1003. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

Si chacun peut en dire autant de soi, cela ira bien pour tous. »‌ Vous voyez comment il faudrait très légèrement transformer la phrase pour qu’un de ces grands individus, que Taine traite de fous furieux, la reprît : « Nous ne pouvons pas tous servir l’humanité de la même façon… Marc-Aurèle, Spinoza, Gœthe, c’est très bien… accepter les lois de la nature, c’est parfait… Mais contrarier la nature, l’exalter, c’est un magnifique dressage… » Les grands hommes que je viens de citer sont des forces conservatrices ; elles s’efforcent de maintenir ; elles pourraient enrayer le mouvement vers l’inconnu, qui est la vie même.

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