Il est temps qu’on renonce à des tentatives qui, pour avoir tout leur prix, ont besoin de science, de talent et de religion littéraire : ici ce n’était qu’une grossière et informe spéculation.
François de Sales, Ouvrage où la Philosophie est aimable, autant que la Religion s’y fait respecter.
Une réserve dont on doit lui savoir gré, c’est que la vivacité de son imagination n’a jamais laissé échapper aucun trait contre la Religion, aucun de ces transports qu’on appelle philosophiques, aucune de ces saillies licencieuses qui coutoient si peu aux Grécourt, aux Chaulieu, & à quelques autres qui n’avoient jamais tant d’esprit que pour le vice & contre Dieu.
C’est dans de tels Ecrivains qu’il faut apprendre à juger sainement de la Religion & de ses dogmes.
Sans le respect pour la Religion, la connoissance de soi-même, l’amour de l’ordre, l’élévation des sentimens, le zele de l’utilité publique, la Philosophie n’est qu’une chimere en spéculation, ou un être malfaisant en pratique.
C’est donc à tort que certains Auteurs se sont efforcés de le décrier *, apparemment parce qu’il s’est toujours fait un devoir de soumettre les lumieres de sa philosophie au respect dû à la Religion.
A ces défauts près, ce que l’esprit a de plus ingénieux, le sentiment de vif & de touchant, la Morale de sage & de solide, la Langue de pittoresque & d’harmonieux, se trouve rassemblé dans cet Ouvrage, qui suppose d’ailleurs la connoissance de la Religion, des usages, des loix & de l’histoire des anciens Grecs.
C’est quelqu’un, c’est même un étrange original, que ce gentilhomme de Normandie, si fier de sa race, d’un si robuste orgueil, au verbe rude et incivil, autoritaire, brusque, indifférent en religion, mais respectueux de la croyance du prince et de la majorité des sujets, très soumis à l’usage et très épris de raison, disputeur, argumenteur, philosophe et fataliste, plus stoïcien que chrétien, très matériel et positif, au demeurant honnête homme, et de plus riche sensibilité qu’on ne croirait d’abord. […] Il exprimait aussi ce besoin non moins universel de comprendre, cette disposition rationaliste, qui n’a pas été créée par le cartésianisme, mais qui l’a créé au contraire : il était avide de clarté, de netteté, prenant pour guide et souverain maître « le sens commun, contre lequel, disait-il, la religion à part, vous savez qu’il n’y a orateur au monde qui me pût rien persuader ».
Elle apprend, en un mot, à respecter la Religion, à écouter la voix de la belle Nature, à aimer son pere, sa patrie, à être citoyen, ami, malheureux, esclave même, si le sort le veut. […] Son grand principe, d’après la Religion chrétienne, est de rappeler tous les hommes à la concorde & à l’union, d’établir entre eux une correspondance de secours mutuels, d’émouvoir tous les cœurs en faveur de l’humanité, & de les intéresser au sort des malheureux, de quelque Nation qu’ils soient.
En religion, le bas-bleu, qui est en général libre penseur, ne donne pas beaucoup ; mais à la fin du roman, les Lélias se convertissent, même celle de Mme Sand, dans les dernières éditions, et la femme du Retour du Christ, de ce livre au titre insolemment exagéré, car le Christ n’est pas absent de ce monde ; il y est insulté et flagellé, mais il y reste — heureusement pour le monde — comme il restait au poteau, insulté et flagellé par les Juifs et par les Romains ! […] IV Et, en effet, cette thèse inouïe et scandaleuse qui nous arrive à brûle-pourpoint, à propos d’un écrit où la sainte Vierge est tant bien que mal invoquée, n’est rien moins que l’insolente suppression de la Vierge dans la religion catholique !
Cela déconcerte un peu les idées reçues, mais voyez si avec la nature de Henri, cette nature indifférente aux idées religieuses pour elles-mêmes, son bon sens qui touchait au génie, son ardeur de cœur et de sens, son esprit politique, pratique et si bien fait pour le commandement, voyez si le catholicisme, cette religion de l’unité et de l’ordre et qui était encore la force dans le pays, ne devait pas être préférée à l’anarchie des doctrines protestantes, scindées déjà de son temps par plusieurs communions. […] D’un autre côté, l’idée de l’égalité de toutes les religions devant le pouvoir politique et civil n’était point née.
Seulement, comme un tel bijou de vertu ne se trouve point dans le pas de la première bottine venue, il faut bien dire d’où la femme le lient et à qui ou à quoi elle doit le demander… Eh bien, elle doit le demander à la physiologie et à son papa… et, sur ce point, Alexandre Weill est explicite : « Je ne te parle pas au nom de la religion, ma fille… (on le voyait bien ! […] Le Dieu d’aucune religion n’est invoqué dans son livre.
Dans la religion réformée, les sacrements pour lesquels le prêtre serait indispensable n’existent pas. […] Ces protestants, quand nous voyons leurs temples qui nous glacent et leurs prêches, toujours sur la morale, nous semblent des esprits calmes et modérés, raisonneurs au point qu’à les comparer avec les héros catholiques dont nous avons décrit les états de conscience violents et l’ivresse joyeuse, nous songions d’abord à parler de leur philosophie plutôt que de leur religion ; mais apprenons à mieux les connaître par l’amitié et l’admiration que nous inspirent de tels actes et de tels cris sublimes.
La pudeur moderne nous interdirait d’en faire seulement l’analyse ; mais les mœurs italiennes du temps étaient si peu scrupuleuses en matière de décence et de religion que cette facétie comique eut un succès classique et prolongé à Florence, et que le pape Léon X, dans ses voyages en Toscane pour revoir sa famille, fit représenter devant lui deux fois la Mandragore pour amuser le sacré collège. […] Ruccellai avait fait planter autour de son palais de délicieux jardins, semblables à ceux d’Académus, et il y rassemblait tous les jours ses amis pour y disserter platoniquement avec eux de philosophie, de religion, d’histoire, de poésie, de politique. […] Cependant soyons juste : dès le chapitre suivant, où il traite de ceux qui acquièrent la souveraineté par des scélératesses, Machiavel dit nettement sa vraie pensée dans les termes suivants : « En vérité, on ne peut pas dire qu’il y ait de la valeur à massacrer ses concitoyens, à trahir ses amis, à être sans foi, sans pitié, sans religion. […] Un empire ne survit pas à une religion ; une nation qui n’a plus de capitale n’a plus de tête, plus de cœur, plus de nom, plus de langue, plus de vie. » Il trace à grands coups de plume les invasions des peuplades du Danube : Hérules, Thuringiens, Lombards, Ostrogoths, Visigoths, Allobroges ; il montre du doigt les haltes de ces peuplades campées d’abord, colonisant ensuite, se distribuant, au gré de chefs plus ou moins héroïques, sur les différentes provinces dépecées de l’antique Italie. […] Le cardinal Ruffo soulève et entraîne les Calabres contre les Français au nom de la religion et de la monarchie.
C’est l’honneur du pessimisme que de faire le fond des religions supérieures qui se partagent encore aujourd’hui le monde. Mais, réciproquement, celles des religions que l’on peut appeler inférieures, — comme le judaïsme, — ou qui ne sont qu’à peine des religions, comme le naturalisme grec, — c’est ce qu’elles contiennent d’optimisme qui en fait l’infériorité. Une religion qui n’est pas pessimiste est à peine une morale ; elle n’est tout au plus qu’une discipline, ou pour mieux dire une observance ; elle est rarement une philosophie ; elle n’est jamais une religion. […] Ce peut être là une bonne religion pour des pasteurs protestants, aisés, mariés et éclairés, mais ce n’est pas un christianisme. […] Nous n’aimons pas, pour le dire en deux mots, qu’on mêle la religion et la littérature.
Il étoit d’une figure avantageuse ; sévere observateur des Loix, moyen dont il se servoit pour gagner la bienveillance du Peuple ; fourbe, imposteur, hypocrite, faisant servir la Religion à ses desseins, mettant en œuvre les révélations & les visions, pour s’autoriser, effronté jusqu’à se vanter d’affermir l’autorité du Pape, dans le même temps qu’il la sapoit par les fondemens ; fier dans la prospérité, prompt à s’abattre dans l’adversité, étonné des moindres revers ; mais, avec la réflexion, capable de se servir des moyens les plus hardis pour se relever ».
Quand on a consacré ses travaux à l'instruction de la Jeunesse, formé des Disciples à l'amour de l'étude, de la Religion & de la Patrie, on a des droits assurés à la reconnoissance des Gens de Lettres & des bons Citoyens.
La religion de Jésus-Christ n’a point ainsi sevré nos âmes.
M. le duc de Broglie, membre de la Commission, en sera probablement le rapporteur : c’est nommer l’homme le plus capable de concilier et de balancer d’une manière équitable et consciencieuse les droits de l’État et ceux de la religion.
Ainsi que le titre l’indique, les poèmes de ce recueil sont une suite de cantiques à la gloire de l’homme, de l’Homme dernier-né des dieux, qui a vénéré autrefois, dans les religions sublimes, les beautés de sa propre pensée, et rend aujourd’hui à cette pensée même l’hommage qui lui est seul dû.
Piron, c’est que, malgré les libertés condamnables qu’il s’est permises dans les Productions de sa jeunesse, il ne lui est rien échappé, dans ses Ecrits, contre la Religion.
S’en étonner serait presque aussi puéril que de s’étonner de la puissance de la religion ; on peut faire ce rapprochement sans blasphème, car la musique a sur les autres arts précisément la même supériorité que la religion sur les philosophies. […] Rappelez-vous encore l’histoire du captif et les louanges prodiguées à la belle Zoraïde pour avoir trahi son pays, son père et sa religion. […] Puis enfin, si tout cela ne réussit pas, il reste encore pour quelques-uns la religion, avec ses perspectives infinies et ses opiniâtres espérances. […] Il a eu assez à se plaindre de ses semblables pour ne pas essayer de chercher des consolations dans leur société, et quant à la religion, hélas ! […] Vous appartenez corps et âme à ce christianisme légendaire qui fut la religion populaire du moyen âge.
Les phalanstériens sont aussi un peu de la religion.
À la vieille terre d’Égypte, toujours mystérieuse au seuil des civilisations, nourricière des races spiritualistes invinciblement, gardienne des religions et des traditions augustes, il a emprunté le décor de ces courts poèmes et aussi la mélancolie qui, des grands yeux de pierre des Sphynx, se répand encore sur l’humanité comme l’ombre du plus beau rêve que l’homme ait conçu.
Nous avons de Brebeuf d’autres Poésies qui ne sont point à dédaigner, tels que ses Entretiens solitaires, où la piété, la morale profonde, la poésie, les pensées énergiques, font éprouver au Lecteur des sentimens aussi favorables à l’esprit du Poëte, qu’à ses bonnes mœurs & à sa Religion.
Après avoir professé & défendu par ses Ecrits le Calvinisme, il embrassa la Religion Catholique, d’après plusieurs conférences qu’il eut avec le grand Bossuet, entra ensuite dans l’état ecclésiastique, écrivit platement contre les Protestans, & fut pensionné jusqu’à sa mort par Louis XIV & par le Clergé.
Ne peut-on pas, d’après les autres détails de sa vie, ajouter encore pour l’instruction des jeunes Poëtes, & les prémunir contre les écarts de leur imagination, que Villon ne respecta dans ses Ecrits ni la Religion, ni le Gouvernement, ni les personnes ; qu’il se permit sans honte les injures les plus grossieres & les libelles les plus dangereux ; qu’il avilit ses heureuses dispositions, & particuliérement le talent de la plaisanterie, en se jouant de tout dans ses Vers, & même de son honneur ; qu’enfin ces excès, après lui avoir ravi le repos pendant sa vie, ont entiérement éclipsé sa gloire dans la postérité ?
Est-ce que Chateaubríand a inventé l’histoire des religions ? […] Louis Bertrand accable avec un zèle de néophyte la vieille religion de l’antiquité. […] Il écarte les religions positives, qu’il ne juge pas fondées en raison. […] Les religions n’ont pu être fondées et propagées par de simples imposteurs. […] Vos religions à vous ne s’épanouissent que dans les brumes.
D’où lui venaient toutes ces notions nouvelles sur l’homme, sur la société, sur la religion et même sur la nature ? […] L’abbé Frayssinous, qui était alors ministre de l’instruction publique, avait fait fermer le cours du jeune professeur qui osait proclamer une philosophie contraire à la religion de l’état. […] Il sait qu’il combat pour la vieille religion nationale. […] Renan ont étudié et étudient encore la philosophie allemande dans ses rapports avec la religion, et enfin M. […] Christ, de toutes les splendeurs que renferme la religion qu’on lui prêche, le seul idéal qui lui soit accessible.
Il y a une obséquiosité mâle qui n’est pas de la bassesse, mais de la religion. […] Elle agit avec beaucoup de savants comme une malicieuse jeune fille, qui nous attire par mille charmes, et qui, au moment où nous croyons la saisir et la posséder, s’échappe de nos bras8. » XVIII La religion chrétienne l’occupait de plus en plus, et il l’admirait d’une affection éclectique. […] Il y a un mystère dans la philosophie aussi bien que dans la religion. […] La moralité de ses œuvres lui importe peu ; au contraire, même une certaine originalité paradoxale, qui scandalise un peu les idées routinières en philosophie, en politique, en religion, ne lui déplaît pas ; c’est le sel du génie, c’est le sceau de sa supériorité sur le commun des hommes ; il se moque des larmes et du sang qu’il a fait couler par la contagion de son roman de Werther. […] Très sage et très heureux, il vécut en harmonie avec toutes les idées raisonnables des deux partis qui déchiraient son temps, religion et incrédulité, radicalisme et conservation, jamais populaire jusqu’à l’excès, jamais impopulaire jusqu’à la ciguë, géant de l’Allemagne dominant de la tête les petitesses du vulgaire, plus grand que lui et respecté de lui, le seul homme supérieur qui ait dompté l’envie !
Alors le correspondant du Times, mais le correspondant du Times, avec un traitement de 75 000 francs et la considération d’un ambassadeur, était lord Oliphant, ce personnage extraordinaire qui avait été une espèce de Brummel, un familier de princes, un diplomate en Chine et au Japon, un martyr portant encore aux deux poignets les stigmates de la martyrisation, le fondateur d’une religion à laquelle il avait donné toute sa fortune, un homme, pendant quelque temps, descendu à être un brouetteur de feuilles mortes, et redevenu dans le Times, l’intermédiaire entre l’Angleterre et la France, au moment où la France traversait ces années tragiques. […] Ils commencent par avoir la religion d’un ton, par exemple feuille de rose dans du lait (Boucher) ; peau de lièvre (Chardin) ; lie de vin (Delacroix). Puis, c’est la religion encore plus bêtement fanatique d’une coloration sang de bœuf ou foie de mulet, dans une poterie, et l’on arrive à aimer cela, mieux qu’une forte pensée, qu’une belle phrase. […] Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de convictions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, vénèrent encore un peu, estomaqués, quand ils entendent un penseur de la même famille proclamer que la religion de la patrie, à l’heure présente, est une religion aussi vieille que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie.
Ils laissèrent subsister la langue que parlait cette religion. […] La politique du sénat et de l’empire, qui respectait la religion des peuples, voulait cependant les assimiler aux Romains par la langue et les mœurs. […] Les Romains du quatrième siècle par l’ascendant de leur religion et de leur supériorité morale, conservèrent aussi leur langue. […] Du reste, ils ont passé par ces épreuves ; ils furent armés ainsi : la religion, la guerre et l’amour se sont également mêlés dans leur pensée. […] La religion, comme le gouvernement féodal, avait son merveilleux, ses romans de chevalerie, tels que la Légende dorée de Pierre de Voragine.
Élargir l’amour en élargissant la sphère de la nature, c’est sa religion, c’est la nôtre ; ce sera la religion du ciel, où l’on verra tout du point de vue divin : Plus il fait jour, mieux on voit Dieu ! […] On voit seulement que, si Laprade voulait, il serait Gilbert ; mais il aime mieux remonter bien vite dans sa sphère montagneuse de paix, d’amour, de religion, et il a raison. […] Sa religion, c’est Dieu libre et agissant librement dans les âmes ; sa république, c’est la règle de l’ordre moral et politique imposée à tous par tous pour qu’il n’y ait place à aucune tyrannie, pas même à celle du peuple, la pire de toutes, parce qu’elle est sans règle, sans responsabilité et sans vengeur.
Or aucune espèce d’observation ne découvre dans la vie des animaux, même des animaux qui vivent en société, rien qui ressemble à ce qu’on nomme, dans toute langue humaine, morale et religion. […] S’il est bien vrai que la science et la philosophie remplacent définitivement la religion chez un certain nombre d’esprits d’élite, n’est-ce point le cas d’en conclure que la religion est un état transitoire plutôt qu’un principe éternel ? […] En tout cas, que la religion soit œuvre d’imagination ou besoin de foi, la conclusion à tirer de tous ces essais de définition tentés par les naturalistes psychologues, c’est que leur méthode est impuissante à donner une véritable idée de notre nature.
. — Le Génie des religions (1842). — Les Jésuites (1843). — Mes vacances en Espagne (1846). — Révolutions d’Italie (1848)
Desmahis a toujours respecté la Religion, les mœurs, les Lettres, & les Loix.
Les Preuves de la Religion, ainsi que l’Examen des faits qui servent de fondement au Christianisme, seront toujours, aux yeux d’un Critique plus impartial, la réfutation de cet absurde badinage.
La Religion, sur-tout, n'étoit point respectée dans les saillies qui lui échappoient au milieu des Sociétés ; ce qui ne contribua pas peu à le faire rechercher de la jeune Noblesse de son temps, qui prétendoit allier les excès de la débauche aux agrémens du bel-esprit.
De quelle nature fut, dans le principe, cette religion du président Hénault ? […] Il avait le secours de la religion, il pouvait se sauver dans les bras de l’espérance, et attendre de la Providence, qui avait permis ce concours de malheurs pour éprouver sa conslance, de l’en dédommager par le bonheur à venir. […] du moins la religion des païens avait-elle des ressources : Pandore leur avait laissé une boîte au fond de laquelle était l’espérance ; elle était cachée sous tous les maux, comme si elle était réservée pour en être la réparation ; et nous autres, plus barbares mille fois, nous anéantissons tout ; nous n’avons conservé que les malheurs ; nous détruisons toute spiritualité… Adieu, mon cher confrère ; Dieu vous fasse la grâce de couronner tous les dons dont il vous a comblé, par une vérilable gloire qui n’aura point de fin !
Nos superstitions sont de plus d’un genre, et toutes elles tiennent de près à des religions. La religion de l’histoire, en ce qu’elle a de fondamental, repose sur des pièces authentiques, actes et papiers d’État, traités, instructions, dépêches et correspondances, etc. […] Mais comment distinguer et marquer le point précis où la religion finit, où la superstition commence ?
N’ayant été nourri dans aucune religion monarchique, n’ayant pas, il est vrai, de religion politique contraire, je me borne à considérer la vie et le caractère de cette noble victime avec une attention respectueuse. […] Une fort belle lettre de Marie-Antoinette, déjà reine, nous la montre vers l’âge de quatorze ans se jetant dans la piété avec ardeur et demandant à entrer en religion.
Ces deux événements, ces deux succès, très-sensibles parce qu’ils ont éclaté au théâtre, et dans les circonstances les plus propres à les faire ressortir, ne sont au reste qu’une indication de ce qui se passe ailleurs et à côté dans toute l’étendue d’une certaine couche sociale : en religion, politique, arts, modes et costumes, réaction sur toute la ligne. […] Mais de nos jours, au milieu des respects et des hommages individuels et publics volontiers décernés à la religion, après le triomphe encore plus complet qu’espéré d’une politique conservatrice, venir réagir au delà dans le même sens et en passant outre, pousser par système et par mode à l’aristocratie, au despotisme, à l’ultramontanisme, c’est ne prouver autre chose que l’ennui de l’âme qui s’agite à vide et la vanité de l’esprit qui se monte à froid. […] L’épicuréisme, mais un épicuréisme ardent, passionné, inconséquent, telle est trop souvent la religion pratique des écrivains d’aujourd’hui, et presque chacun de nous, hélas !
Si telle religion n’était pas en autorité dans un pays, il ne serait pas plus piquant de s’en moquer, qu’il ne le serait en Europe de tourner en ridicule les cérémonies des Brames. […] Leur religion poétique enchaînait leur imagination ; ils étaient toujours gouvernés, ou par une autorité de leur choix, ou par un tyran qui les asservissait entièrement. […] Ainsi donc Candide et les écrits de ce genre qui se jouent, par une philosophie moqueuse, de l’importance attachée aux intérêts même les plus nobles de la vie, de tels écrits sont nuisibles dans une république, où l’on a besoin d’estimer ses pareils, de croire au bien qu’on peut faire, et de s’animer aux sacrifices de tous les jours par la religion de l’espérance.
IX La révocation de l’édit de Nantes venait de frapper la liberté de conscience en rompant le traité de paix, entre les religions, promulgué avec Henri IV. Trois cent mille familles étaient expulsées, dépouillées, privées de leurs enfants, des milliers d’autres familles, dans les provinces protestantes, étaient contraintes, moitié par la persuasion commandée, moitié par la violence imposée, à désavouer la religion du roi. […] Celui-ci, qu’il présenta pour la première fois à Louis XIV, ne demanda pour toute grâce au roi que de désarmer la religion de toute force coercitive, d’éloigner les troupes des provinces qu’il allait visiter, et de laisser la parole, la charité et la grâce opérer seules sur les convictions qu’il voulait éclairer et non dompter.
La première différenciation est celle qui s’opère entre le gouvernant et les gouvernés ; elle grandit, l’autorité devient héréditaire, le roi prend un caractère presque divin ; car la religion et le gouvernement sont à cette époque intimement associés ; et pendant des siècles les lois religieuses et les lois civiles se séparent à peine. […] Un court essai sur l’Anthropomorphisme laisse entrevoir comment l’idée de développement peut transformer aussi l’étude des religions, depuis le fétichisme le plus grossier jusqu’aux formes les plus épurées du monothéisme. […] Quoiqu’il n’y paraisse guère, la recherche intrépide tend sans cesse à donner une base plus ferme à toute vraie religion.
Il s’agissait encore de Voltaire, au sujet de sa tragédie de Mahomet et des hardiesses qu’elle renferme : Ce que je ne lui pardonne pas, et qui n’est pas pardonnable, écrivait Chesterfield à Crébillon, c’est tous les mouvements qu’il se donne pour la propagation d’une doctrine aussi pernicieuse à la société civile que contraire à la religion générale de tous les pays. […] Sur la religion, il dira, en répondant à quelques opinions tranchantes qu’avait exprimées son fils : « La raison de chaque homme est et doit être son guide ; et j’aurais autant de droit d’exiger que tous les hommes fussent de ma taille et de mon tempérament, que de vouloir qu’ils raisonnassent absolument comme moi. » En toutes choses, il est d’avis de connaître et d’aimer le bien et le mieux, mais de ne pas s’en faire le champion envers et contre tous. Il faut savoir, même en littérature, tolérer les faiblesses des autres : « Laissez-les jouir tranquillement de leurs erreurs dans le goût comme dans la religion. » Oh !
Une religion vraie et pratique, qui n’excluait pas, mais qui ramenait à elle les réflexions mêmes de la philosophie, la soutenait et raffermissait dans sa vertu et dans sa prudence. […] La religion prit de plus en plus d’empire dans cette âme toute faite pour l’accueillir et si naturellement ordonnée. Cette religion éclairée et soumise lui a dicté dans ses Mémoires quelques pages qu’on peut dire charmantes autant qu’elles sont solides et sensées, sur les querelles du temps, sur les disputes du jansénisme et du molinisme, auxquelles les femmes n’étaient pas les moins pressées de se mêler : Il nous coûte si cher, dit-elle en se souvenant d’Ève, d’avoir voulu apprendre la science du bien et du mal, que nous devons demeurer d’accord qu’il vaut mieux les ignorer que de les apprendre, particulièrement à nous autres qu’on accuse d’être cause de tout le mal… Toutes les fois que les hommes parlent de Dieu sur les mystères cachés, je suis toujours étonnée de leur hardiesse, et je suis ravie de n’être pas obligée de savoir plus que mon Pater, mon Credo et les Commandements de Dieu.
Il n’eut en rien la religion des anciens ni celle des classiques ; il se piquerait plutôt de les ignorer ou de les avoir oubliés que de les posséder ; une citation latine lui fait l’effet d’une incongruité. […] Le scandale qui eut lieu à Saint-Roch lors du refus de sépulture de la danseuse, Mlle Chameroy, lui fournit l’occasion de remarques politiques relativement à la religion : « Elle aura longtemps encore, dit-il, plus besoin d’être soutenue que contenue. » Il établit très bien la différence qu’il y a entre ces deux supports de l’Ancien Régime, la noblesse qui est véritablement finie, et l’établissement religieux qui doit se transformer et subsister. […] Or, dans tout pays où il n’y a plus de service qui ne soit soldé, il y a réellement égalité politique en dépit des prétentions et des souvenirs. » Mais cette vérité de fait ne l’empêche pas de remarquer que l’opinion a gardé pourtant des restes bien légitimes de religion historique : « Des hommes qui ont leur nom dans l’histoire, qui se lient à tout le passé d’une nation, ne sont jamais nuls dans leur patrie. » Dans toutes ces notes de début, M.
Pourtant il oublie trop que Georges le laboureur, André le vigneron, Jacques le bonhomme (comme il les appelle) n’ont rien qui les élève et les moralise, qui les détache de ces intérêts privés auxquels ils sont tous acharnés et assujettis ; qu’à un moment donné, s’il faut un effort, un dévouement, une raison supérieure d’agir, ils ne la trouveront pas, et qu’à telles gens il faut une religion politique, un souvenir ou une espérance qui soit comme l’âme de la nation, quelque chose qui, sous Henri IV, s’appelait le roi, qui plus tard s’appellera l’empereur, qui, dans l’avenir, sera je ne sais quel nom : sans quoi, à l’heure du péril, l’esprit d’union et d’unité, le mot d’ordre fera faute et la masse ne se soulèvera pas. […] Tout au fond de l’église, une espèce d’armoire, etc. » Quand Courier a parlé ainsi de la confession, il voulait faire un tableau ; il se souvenait des prêtres d’Italie, et il connaissait peu ceux de France ; il avait toujours présents Daphnis et Chloé, et (religion même à part) il oubliait moralement les vertus et le voile spirituel que la foi fait descendre à certaines heures, et qui s’interposent jusque dans les choses naturelles. […] Dans le dialogue original et vif qu’on supposerait de l’un à l’autre, ils ne seraient d’accord que sur le Jupiter Olympien et contre Napoléon ; tous deux hommes d’humeur et ne voyant qu’un côté des choses ; mais Quatremère de Quincy plus élevé, et, au nom même de l’art antique et de la religion du goût, faisant honte à Courier de sa popularité politique, de mettre ainsi un talent d’Athénien au service des gens de La Minerve, et d’avoir pu dire sérieusement, dans une lettre adressée au Drapeau blanc : « Le peuple m’aime ; et savez-vous, monsieur, ce que vaut cette amitié ?
Henry est allé plus loin, il voudrait y joindre certaines convictions intimes en fait de religion, et, nous présentant le roi par un aspect allemand et tout nouveau, il dit : Frédéric voulait la loi et la religion avec toute la puissance de son génie ; c’était à la surface de son âme seulement qu’il plaisantait sur des sujets qui ne lui paraissaient pas tenir au fond des choses, et dans la pensée que ces plaisanteries n’arriveraient jamais à la connaissance du public. […] Seulement le roi a pris à son compte la curiosité de l’historien : Je souhaiterais savoir : 1º si, au commencement du règne du tsar Pierre Ier, les Moscovites étaient aussi brutes qu’on le dit ; 2º quels changements principaux et utiles le Tsar a faits dans la religion ; 3º dans le gouvernement qui tient à la police générale ; 4º dans l’art militaire ; 5º dans le commerce ; 6º quels ouvrages publics commencés, quels achevés, quels projetés, comme communications de mers, canaux, vaisseaux, édifices, villes, etc. ; 7º quels progrès dans les sciences, quels établissements ; quel fruit en a-t-on tiré ?
Sans doute, il continue à se soumettre extérieurement aux lois de la société ; il révère les dogmes de la religion ; il se fait une morale provisoire empruntée aux opinions moyennes des mieux sensés : tout cela est de sens commun ; mais c’est la moindre partie de lui-même que Descartes abandonne ainsi. […] A-t-on jamais, je le demande, conçu la religion de cette façon et sous cette forme étrange et audacieuse ? […] Il semble plutôt relever en lui des mérites négatifs que des mérites positifs ; il le loue d’avoir évité les témérités en philosophie, en politique, en religion.
Dante, presqu’au sortir de l’enfance, a senti l’amour pur, vrai, profond ; il en a rendu les illusions et la douleur, avec une force qui rejette bien loin toute la poésie convenue et le langage affecté du siècle ; il en a gardé l’ineffaçable souvenir, comme un sceau de Dieu sur lui ; il a été consacré poëte par la religion et par l’amour. […] Encore un peu de temps, et les dialectes vulgaires, à peine dégagés des ruines romaines, allaient s’emparer de cette thèse inépuisable, que la religion rendait présente aux cœurs de la foule, et que le beau ciel de l’Italie animait de sa lumière. […] Cette fois, ce n’est plus le chant profane et travaillé des troubadours, cette poésie artificielle lors même qu’elle est passionnée, qui aura précédé le grand poëte, lui ouvrira la route, et, par cela même, pourra souvent égarer son mâle et fier génie : ce sera la religion même, par les voix les plus candides et les plus simples ; ce sera le spectacle de la piété populaire, au milieu de la belle nature de l’Italie, alors que, dans la tiède sérénité du soir, après un jour brûlant de Toscane, un humble religieux, frère Pacifique, faisait doucement retentir de simples paroles italiennes, répétées en chœur par le peuple agenouillé dans une vaste plaine des bords de l’Arno.
— Savez-vous bien que notre confrère Viennet, qui se donnait des airs d’indépendance et qui n’était qu’un déiste pusillanime, n’a pas craint d’écrire dans une lettre à ce…, notre si peu confrère, que nous étions trois autour du tapis vert, trois ni plus ni moins, qui étions de la religion de Lucrèce ? […] Il aurait déployé, à propos de Lucrèce, toute sa profession de foi scientifique et philosophique ; il eût pleinement justifié la définition qu’une noble intelligence184 donna un jour de lui : « un croyant sans religion », montrant une fois de plus la nature de ses croyances basées sur ce que les connaissances humaines ont de plus positif et de plus grandiose.
Hugo est allé jusqu’à railler ce culte de l’architecture qui constitue la croyance et comme la religion de son livre. […] La sensibilité, qui est à la passion poignante ce que la douce lumière du ciel est à un coup de tonnerre, faisait faute ailleurs en bien des endroits ; mais ici c’est la religion même qui manque.
Les premières religions consacrèrent sous mille formes cette lutte de l’activité matérielle du monde et de l’activité matérielle de l’homme, la supériorité croissante de cette dernière et sa victoire définitive. […] Cette réhabilitation réelle et l’harmonie qui doit en résulter ne pourront s’obtenir que par la conception nouvelle qui ramène la matière et l’esprit dans la substance de l’être, l’âme et le corps dans l’unité de la vie, l’homme et la nature dans le sein de Dieu, la science et l’industrie dans la religion.
Mais cette fois encore les plus impossibles rêves de la religion nouvelle furent féconds. […] La religion naissante fut ainsi à beaucoup d’égards un mouvement de femmes et d’enfants.
Toute la suite de sa vie a montré qu’en cette occasion sa peine la plus sensible fut la perte des espérances qu’elle avait déjà conçues de ramener le roi à une conduite plus conforme aux sentiments de religion et de piété dont elle était pénétrée. » M. de Beausset se fonde sur les Mémoires de Saint-Simon, et il en cite l’extrait suivant : « Bossuet était un homme dont les vertus, la droiture et l’honneur étaient aussi inséparables que la science et la vaste érudition. […] Elle aura confondu les prédications du carême de 1675 avec ce jubilé de 1676, qui ajouta sans doute aux motifs de religion, ou de respect humain, ou d’hypocrisie, qu’avaient présentés ces prédications.
Sa constance, à cet égard, est une preuve de sa bonne foi, lorsqu’il changea de religion. […] Il mourut sans recevoir les derniers sacremens ; & l’on publia que c’étoit par indifférence pour la religion.
Ce sont des crimes qu’il faut au talent des Racines, des Corneilles et des Voltaires, et jamais aucune religion ne fut aussi féconde en crimes que le christianisme. […] C’est, ou je me trompe fort, de l’espace immense qui nous environne, du silence profond qui règne dans cet espace et d’autres idées accessoires dont les unes tiennent à l’astronomie et les autres à la religion.
Ici, il faut être juste, la patience échapperait s’il ne s’agissait pas de répondre à un homme qui fut si éclairé, et que la religion de l’amitié prend sous sa sauvegarde ; la patience échapperait, car c’est encore l’événement que j’ai retracé, mais mal saisi, mal raconté, mal caractérisé. […] Selon moi, prétendre faire commencer le langage par l’interjection et l’onomatopée, c’est comme prétendre faire commencer la religion par le fétichisme ; encore serait-ce le fétichisme entendu dans le sens que lui donnent les auteurs d’un pareil système ; car le fétichisme, dans son véritable sens, n’est autre chose que la croyance en l’esprit enchaîné, par un lien magique, dans le signe grossier ; et ce n’est qu’ainsi que ce signe est pourvu de puissance.
Mais c’était à sa mort, et toute sa vie, qui fut correcte et respectueuse pour les choses religieuses4, bafouées alors qu’elles étaient par la Philosophie, il n’eut jamais assez de ferveur pour que la foi éveillât la tendresse en son âme, qui, de nature et d’admiration, allait au Stoïcisme, — cette religion des Secs, — comme à la plus belle chose qu’on eût vue jamais parmi les hommes ! […] La religion est ici respectée, Michelet démenti en ses histoires.
C’était une Romaine, nous l’avons dit ; mais une Romaine baptisée, adoucie, attendrie par cette religion qui aurait donné des entrailles à la louve d’airain de Romulus. […] Renée ne le reconnaît pas : « La raison d’État — nous dit-il — n’avait pas toujours été une religion pour Richelieu… Sa foi datait de son entrée au ministère. » Mais un homme aussi apte et aussi accoutumé aux choses de l’Histoire que l’auteur de Madame de Montmorency ne sait-il donc pas à quel point la Fonction ouvre, élargit et élève le regard, et que de ce sommet de la Fonction on voit ce qu’on ne voyait pas encore du bas de la vie ?
C’est son inclinaison vers le terre-à-terre de toutes choses qui nous emporte en bas, hors du monde des choses saintes et divines, et que le devoir d’un prêtre de la religion surnaturelle de Jésus-Christ n’est pas, je crois, de précipiter. […] Lacordaire, sous une forme respectueuse et croyante, qui n’est qu’une force d’illusion de plus, va au naturalisme du temps, au rationalisme du temps, à l’humanisme du temps, enfin à ce prosaïsme du temps qui doit tuer les religions comme la poésie, car il tue les âmes !
Si ce n’était pas là une simple tactique ; s’il était vrai, s’il était réel que la métaphysique d’un saint, et, par exemple de saint Anselme, eût des racines secrètes, inévitables, nécessaires avec toute cette métaphysique transcendante qui doit un jour remplacer, par la clarté de l’idée pure, le demi-jour des religions, une telle analogie, une telle rencontre ne serait-elle pas encore meilleure à montrer, à démontrer, à proclamer de toutes les manières possibles, comme une de ces preuves, grosses de bien d’autres, qu’on jette dans les esprits déducteurs et qui y doivent devenir fécondes ? […] Il n’a pas l’appréciation de cette obéissance qui, à partir de Grégoire VII et des croisades, fit triompher la foi dogmatique et on peut le dire, organisa politiquement la religion.
A propos du Maçon, retouché par cet esprit que la religion a retouché aussi jusque dans le fond et le tréfond de son être, il est peut-être curieux et piquant d’esquisser à traits pressés une vie singulière, que les Mémoires du dix-neuvième siècle ne donneront pas, et qu’en bonne conscience l’Histoire littéraire de cette époque ne pourrait décemment oublier. […] Si la religion de Jésus-Christ fait explosion dans les âmes les plus douces et les plus inertes, quand elle y glisse seulement une goutte de sa puissante lumière, que dut-elle produire dans l’âme de M.
Pour une grande part de l’activité humaine — la langue, l’art, la science, la religion, la vie économique, — le groupe reste flottant. […] Il y a des liens non seulement entre les divers faits d’art, de religion, de mœurs, de politique, mais entre des faits de religion et des faits d’art, de politique, de mœurs ; en sorte que d’un fait d’une espèce on peut inférer des faits de toutes les autres espèces. […] On obtient des familles de langues, de religions, de gouvernements qu’on peut essayer de classer ensuite entre elles. […] Voilà pourquoi toutes les sciences de l’homme (linguistique, droit, science des religions, économie politique, etc.) ont pris en ce siècle la forme de sciences historiques. […] Aux histoires spéciales (art, religion, coutumes, vie économique) et à l’histoire générale ?
. — Religion et philosophie de l’Égypte (1899).
Émile Faguet Joseph d’Arimathée n’est pas précisément un drame, c’est une étude psychologique très attentive et très fine sur l’état d’esprit des premiers adeptes d’une religion et sur la manière dont un sentiment religieux se forme et se développe peu à peu dans les âmes… J’ai déjà dit qu’il n’est point du tout dramatique, et qu’il ne pourra jamais, au théâtre, soutenir et retenir l’intérêt d’un public un peu nombreux ; mais, comme étude psychologique, Joseph d’Arimathée est excellent… Il s’y trouve de grandes, de profondes beautés.
Persuadé que les lettres doivent être un supplément de l’expérience personnelle une force active et présente, une discipline qui s’ajoute aux exemples du foyer domestique, à la religion, aux lois de la patrie, j’ai cherché dans nos grands écrivains moins l’habileté de l’artiste que l’autorité du juge des actions et des pensées, moins ce qui en fait des êtres merveilleux, dont la gloire nous peut troubler, que ce qui les met de tous nos conseils et les mêle à notre vie, comme des maîtres aimés et obéis.
Les sujets proposés de son vivant, & long-temps après sa mort, tendoient à l’honneur de la Religion, autant qu’aux progrès des talens : il avoit même exigé que les Discours feroient terminés par une priere.
Ceux qui l’ont entendu ont donc raison de le regarder comme un Orateur dont la maniere n’appartient qu’à lui seul, qui, laissant aux autres le soin de prouver les dogmes de la Religion, se borne à un objet non moins estimable, & plus utile peut-être, celui d’en développer la morale, d’en faire aimer les devoirs & respecter l’autorité.
La Religion dirigeoit alors sa plume.
Si jamais la Religion s’éteignoit parmi nous, le Recueil de ces Lettres, parvenu au trente-deuxieme volume, suffiroit pour en faire déplorer la perte, & même y ramener les esprits raisonnables & les cœurs droits.
Le Public lui a attribué quelques petites Brochures assez mal écrites contre la Religion, mais elles ne sont pas de lui.
Arnaud, c’en seroit assez pour le placer parmi les célebres Défenseurs de la Religion Catholique.
Reboul, qu’on peut lire avec fruit & sans crainte d’y rencontrer rien de contraire aux principes de la Morale ni de la Religion.
Enfin, le magistrat ouvrit les yeux, et se crut obligé, en 1545, de proscrire sévèrement cet alliage honteux de religion et de bouffonnerie.
Ce qui est contestable, c’est qu’il ait été d’aucune idée et d’aucune religion. […] Et qu’est-ce que la religion y gagne ? […] Il n’est pas besoin, en effet, pour rompre avec les Pharisiens et leurs religions violentes, de rompre avec l’Évangile. […] Sa religion est au pauvre Juif un premier écueil. […] On se souvient encore de son Traité sur les plus importantes vérités de la religion.
Par le chevalier Chardin (suite) I Après que ce voyageur parfait a puissamment éveillé et satisfait la curiosité de l’Europe sur ces merveilleuses terres des califes, des contes et des Mille et une Nuits, il passe à la religion, à l’histoire et aux mœurs. La religion, étudiée par lui dans ses détails, est un code complet de l’islamisme persan et du schisme qui le distingue du mahométisme orthodoxe des Turcs. […] On les surprenait avec des mahométanes, ce qui attire la mort après soi, ou le changement de religion: les mahométans allaient boire et s’enivrer chez eux, ce qui est encore défendu et faisait répandre du sang. […] Il crut qu’il y allait de son devoir d’empêcher ce désordre autant qu’il pourrait ; et qu’encore qu’il n’eût pas de droit de parler en cette assemblée, il lui était permis de violer ce droit, qui n’était que de pure cérémonie, pour remettre dans le bon chemin ceux qui violaient une loi que la nature semblait avoir établie et que la religion favorisait. […] Croyez-vous que les peuples veuillent se charger de votre crime, et souffrir sur le trône des fidèles le plus jeune frère, que vous ne pourrez y avoir mis qu’en foulant aux pieds les plus saints devoirs que la religion nous inspire ?
Je ne sais de comparable aux changements qu’opéra l’avénement de Louis XIV, que ce que nos pères ont vu du général Bonaparte, quand il nous rendait, dans la même année, la victoire sur les champs de bataille, à l’intérieur l’ordre, la religion, un bon état de finances, une administration, une société civile. […] Et quand Molière, regardant au-dessus des ridicules, voulut, de sa libre invention, et sans l’indication royale, montrer dans le Tartufe le plus odieux de tous les vices, l’hypocrisie religieuse, exploitant le plus commun des travers, la crédulité, Louis XIV protégea le poète et la pièce, et le plus religieux des rois consacra cette éternelle leçon donnée au genre humain sur l’abus qu’on peut faire de la religion. […] L’assiduité aux sermons était à la fois un devoir de religion et le plus noble des plaisirs de l’esprit. […] Il n’aimait point les pures spéculations de l’esprit, et, dans la métaphysique comme dans la religion, il ne souffrait que ce que peut en comprendre le bon sens d’un homme éclairé. […] Au reste, la même répugnance pour tous les excès d’esprit le rendit aussi ennemi, en matière de religion, des raffinés que des libres penseurs.
Les grands romantiques eurent le pressentiment génial de cette renaissance de l’âme, qui eut son culte dans l’antiquité parmi les sanctuaires profonds mais exclusifs des religions ésotériques. […] Sous sa forme abstraite cette représentation est la métaphysique ; sous sa forme imaginative cette représentation est la poésie, qui, jointe à la métaphysique, remplacera de plus en plus la religion. […] Les religions lui ont dérobé ses formules incantatrices et les ont fait servir à la domination des trônes et des races. […] Nous verrons que presque toutes les doctrines secrètes des religions, ainsi que M. […] La Religion, qui longtemps avait donné à l’homme une raison de vivre, depuis qu’elle s’est enfermée dans ses dogmes puérils et surannés comme dans une citadelle inaccessible, devient de plus en plus étrangère à la vie et aux préoccupations des plus grands esprits.
Ferdinand Brunetière Comme ses amis, je pourrais croire à ce respect, à cet amour, à cette religion de l’idéal, si cet idéaliste, se renfermant en lui-même ou seulement dans son Journal, n’avait rien écrit, rien publié, ni jamais essayé de conquérir, à défaut d’un peu de gloire, cette notoriété qui fuyait devant lui… En réalité, il mettait dans ses Grains de mil des fragments de ce Journal, tissé, comme on nous dit, de sa propre substance.
Sainte-Beuve Emmanuel des Essarts, que, son nom oblige, fils de poète, un de mes élèves à l’École normale, et qui sait allier la religion de l’antiquité aux plus modernes ardeurs.
Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place, — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de la Chanson des gueux , Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore… Quoique l’auteur des Réveils n’en ait, que je sache, jamais recommencé d’aussi beaux, il y en a pourtant d’autres qu’on lit après ceux-là et qui dénotent une puissance de variété singulière dans l’inspiration et dans l’originalité… C’est dans de tels vers et par de tels vers que Laurent Pichat, l’athée et le démocrate, reconquiert son blason de poète.
Bougerel de l’Oratoire, pour être convaincu de son respect pour la Religion, dont il pratiqua toujours les devoirs avec autant d’exactitude que de piété.
Ils ne présentent, pour la plupart, qu’une pompeuse déclamation sans ordre ni méthode, sur des sujets également étrangers à la Religion & à l’Eloquence, & plus dignes du Fauteuil académique, que de la Chaire de vérité.
Il a même alors la véritable allégorie, sans avoir la sécheresse qui l’accompagne, ces esprits pervers étant en effet des êtres réels, et tels que la religion nous permet de les croire.
Il lui est arrivé en histoire ce qui lui arrive toujours en poésie : c’est qu’en déclamant contre la religion, ses plus belles pages sont des pages chrétiennes, témoin ce portrait de saint Louis : « Louis IX, dit-il, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être, à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.
La religion différente était le seul obstacle aux yeux de ma famille, d’une orthodoxie sévère, et aussi aux yeux de la mère de mademoiselle B… Quant à elle, cette diversité du culte natal n’était pas un empêchement ; car, élevée dans l’intimité journalière de quatre personnes zélées catholiques, elle n’avait pas tardé à subir elle-même l’influence secrète du catholicisme du coin du feu, et elle était résolue à adopter la religion de ses amies aussitôt qu’elle pourrait le faire sans affliger sa mère. […] Les chuchotements de la maison lui avaient fait connaître la secrète intelligence qui existait entre la jeune Anglaise et moi, les obstacles que sa mère mettait par religion à ce penchant de sa fille, et les difficultés qu’elle apportait à nos entretiens. […] Tout resta dans le calme habituel de cette capitale de la religion, de la science et des arts. […] La religion elle-même avait servi de manteau à l’amour.
Il viola tout dans une seule action : le droit des gens européens, la constitution telle qu’elle existait encore, la pudeur publique, l’humanité, la religion. […] Elle trouvait le génie dans l’âme au lieu de le chercher dans l’artifice ; elle faisait de la pensée exprimée par la littérature non plus un métier, mais une religion ; elle réhabilitait le verbe humain avili par les lettrés de profession jusqu’à un vain battelage de mots et d’images transmis d’Athènes à Rome et de Rome à nous par les écoles. […] La religion, la liberté, l’amour, la vertu faisaient partie essentielle du génie. […] La Bible est pleine de poésie, Homère est plein de religion ; ce n’est pas qu’il y ait des fictions dans la Bible, ni des dogmes dans Homère ; mais l’enthousiasme rassemble dans un même foyer des sentiments divers, l’enthousiasme est l’encens de la terre vers le ciel, il les réunit l’un à l’autre. […] Les modernes ne peuvent se passer d’une certaine profondeur d’idées dont une religion spiritualiste leur a donné l’habitude ; et si cependant cette profondeur n’était point revêtue d’images, ce ne serait pas de la poésie ; il faut donc que la nature grandisse aux yeux de l’homme pour qu’il puisse s’en servir comme de l’emblème de ses pensées.
Il croit que tous les essais d’unification fondés sur l’action de l’esprit, sur l’influence des religions et des morales sont insuffisants, superficiels et sans avenir. […] Pour peu qu’on pense dans toute la force du terme, on diffère des autres, pas un individu ne pense en religion, en philosophie, en politique, exactement comme un autre. […] Au xviiie siècle, l’esprit critique avait porté principalement sur la religion et engendré le voltairianisme. […] Raisonneur géométrique, il croit que tout se tient dans l’ordre intellectuel comme dans l’ordre social ; que la révolte contre la religion doit entraîner la révolte contre la raison, la révolte contre l’État, contre la morale, contre la société, contre toutes les idées qui ne sont pas la propriété exclusive et qui ne portent pas la marque de fabrique de l’Unique. […] Renan ne croit pas à la religion révélée ; mais il croit à la raison, à la science.
La musique n’est pas un art, seulement, mais un art sacré, une Religion (p. 85-92). […] Et l’Eglise, aussi, exprimait cette Compréhension musicale : car la Religion avait été balayée de l’Eglise, avec la musique de Palestrina : le formalisme jésuitique, tout d’artifices, avait contrefait la Religion, comme la musique. […] Ainsi la musique apparaît-elle comme un art sacré, une religion (cf. […] Beethoven retrouve la véritable religion qui avait été écrasée sous le poids de l’Eglise.
S’il y a quelque chose de plus visible pour les chœurs des anges, c’est la Trinité qui le sait. » Si, dans ce qui touche aux vérités de la religion, l’imagination de saint Grégoire est sévèrement contenue par sa foi, il n’en trouve pas moins dans la philosophie même qui s’attache au christianisme un essor nouveau pour la poésie, une sorte d’élévation métaphysique et rêveuse bien rare dans l’antiquité, et qui tient lieu parfois de l’enthousiasme poétique non moins rare parmi nous. […] À côté du dogme qu’il définit avec scrupule et crainte, il osera davantage dans cette métaphysique qu’il a reçue de Platon et que la religion permet en la sanctifiant. […] C’était la loi de cet âge du christianisme, l’esprit de la religion même accueillie par l’ingénieux enthousiasme de ces Hellènes d’Asie. […] Que si, plus tard, cette liberté illimitée de l’âme lui a trop pesé, si, dans ce vide et cette absence d’un culte positif, l’autorité croissante du christianisme a fini par l’entrainer, le charmer de ses merveilleux triomphes, le retenir par la grandeur même des problèmes qu’elle résolvait devant lui ; si enfin, au milieu de ses recherches et de ses progrès de croyance, en dépit même de ses réserves sur quelques points, la main d’un impérieux docteur, de l’archevêque Cyrille, est venue le saisir et l’enchaîner à la religion par les plus grands honneurs qu’elle puisse offrir, on le concevra sans peine, Synésius, ainsi parvenu à la chaire épiscopale, n’y portera pas les agitations et les souffrances du patriarche de Constantinople. […] Il appartient à l’art, en quelque sorte, plus qu’à la religion ; et cependant cet art, qu’il aimait, et auquel les épreuves et les émotions de sa vie le ramenaient sans cesse, ne nous a laissé que des chants religieux : ni les maux de sa patrie ni ses douleurs privées ne se retrouvent dans ses vers.
Drumont a beau crier qu’il n’agite qu’une question de race et non de religion, il ne peut s’empêcher de dévoiler ses mobiles véritables en attaquant, parallèlement aux Juifs, les Protestants. […] En somme, durant toute cette période, la religion fut un manteau dont les Grands se servaient pour couvrir leurs appétits. […] Quand on professe une religion pareille, on est mal venu de maudire ceux qui vous l’ont léguée. […] Tourmenté par des scrupules, s’estimant malhonnête de soutenir une religion à laquelle il croyait de moins en moins, il ne pouvait, toutefois, se résoudre à quitter le sacerdoce. […] Admirable instrument de police, de despotisme absolu, religion de la mort que l’idée de charité a pu seule faire tolérer, mais que le besoin de justice emportera forcément.
La religion a le droit d’être jalouse, puisque la récompense qu’elle offre est incommensurable avec les sacrifices qu’elle exige. […] Une abnégation de cette force, si elle existe, n’est possible que par la vertu d’une religion nouvelle, le culte de l’humanité. […] La science progresse et la religion recule. […] Serait-il vrai qu’en France nous soyons, en poésie comme en religion, exclusifs et négatifs ? […] Ô religion ridicule et niaise !
Depuis le commencement de toute cette discussion, les protestants sont dans une anxiété extrême, ils sont comme sur les épines, écoutant toujours s’il n’est pas question d’eux, si rien ne les blesse : le fait est que dans cette grande discussion entre les catholiques et l’Université, entre la religion dominante et la philosophie dominante, personne parmi les contendants ne pense au protestantisme ni aux dissidents des diverses communions.
« Les derniers des hommes, M. de Voltaire, sont ceux qui sont les plus dangereux, & les plus dangereux sont ces Ecrivains dont la plume s’efforce de renverser tout à la fois l’ordre de la Religion & celui de la Société ; ces Ecrivains, qui dégradent les Lettres par l’injustice de leur haine, l’amertume de leur style, la licence de leurs déclamations, l’atrocité de leurs calomnies, le renversement de toutes les bienseances ; ces Ecrivains, qui amusent, par leurs bons mots & leurs sarcasmes, la multitude ignorante & légere, & qui osent ridiculiser le mérite & l’honnêteté ; ces Ecrivains, qui veulent être plaisans aux dépens de ce qu’il y a de plus sacré & de plus respectable, qui veulent être crus en dépit du jugement & de la raison, qui veulent être estimés malgré la justice & le bon goût ; ces Ecrivains enfin, que le délire encense, & qui, noircis par la fumée de l’encens même qu’ils ont reçu, sont mis ensuite au rebut, comme ces fausses Divinités que la superstition la plus grossiere ne peut adorer qu’un moment. » GUYS, [Jean-Baptiste] de l’Académie de Caen, né à Marseille en 17..
Cet Ecrivain méritoit les distinctions du Monarque autant par le bon usage qu’il avoit fait de ses talens, que par la sincérité avec laquelle il avoit abjuré les erreurs de la Religion prétendue réformée, dans laquelle il avoit été élevé.
Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion, 346 Chap.
— Religions et croyance à une Providence, mariages et modération des passions, sépultures et croyance à l’immortalité de l’âme.
Il n’était, lui, rien moins que naïf, peu doué d’espérances consolantes, peu croyant ; et si, à celle date, il ne croyait pas à la religion chrétienne, ce n’était pas pour croire à la religion de la perfection humaine. […] Aucune religion ne le remplacera. Des lumières au lieu de religion ? […] Il fait toujours une réserve pour « la religion. » Sans doute il l’aime un peu comme un de ses ouvrages. […] Tout est religion, et rien n’est imposture.
Elle parut si remarquable aux juges, qu’ils ne purent croire à ces trois lustres, à ces quinze ans de l’auteur, et, pensant qu’il avait voulu surprendre par une supercherie la religion du respectable corps, ils ne lui accordèrent qu’une mention, un encouragement avec réserve. […] Amour, politique, indépendance, chevalerie et religion, pauvreté et gloire, étude opiniâtre, lutte contre le sort en vertu d’une volonté de fer, tout en lui apparut et grandit à la fois à ce degré de hauteur qui constitue le génie. […] On sait comment son royalisme lui était venu : quant à la religion, elle lui était entrée dans le cœur par l’imagination et l’intelligence ; il y voyait avant tout la plus haute forme de la pensée humaine, la plus dominante des perspectives poétiques.
Vous avez ce bonheur, que les trois quarts de la France et de l’Europe vous devancent dans la voie des expiations et qu’un héros vous précède ; vous ne pouvez douter que Bonaparte ne veuille s’allier à la religion tôt ou tard, pour rendre au peuple l’obéissance et pour mettre sous la sanction du Dieu des armées l’autorité dont il s’empare. […] Fontanes amena son jeune ami au futur empereur ; c’était lui amener, dans un même homme, l’imagination de la jeunesse et des femmes, la religion et la pitié de la France : les trois prestiges de tout pouvoir nouveau. […] C’est une sorte de poëme, moitié descriptif, moitié dramatique : tout consiste dans la peinture de deux amants qui marchent et causent dans la solitude ; tout gît dans le tableau des troubles de l’amour au milieu du calme des déserts et du calme de la religion.
Ces trois prélats dénoncèrent Fénelon comme fauteur dangereux d’idées inexpérimentées ou téméraires, qu’il fallait, pour la paix de la religion, éloigner du roi et de son petit-fils. […] C’était la vengeance des peuples, la leçon des rois, l’inauguration de la philosophie et de la religion dans la politique. […] Sa poésie enchante notre enfance, sa religion respire la douceur ; sa politique même n’a que les erreurs et les illusions de l’amour trompé ; sa vie tout entière est le poëme de l’homme de bien aux prises avec les impossibilités des temps.
Et cette communauté relative s’oppose à l’extrême variabilité des sentiments, des croyances et des désirs, en art, en religion ou en morale. […] Le domaine économique semble par définition indifférent aux religions et aux morales et par là-même soustrait à la mainmise de l’Esprit prêtre, ce grand ennemi de l’individualité. […] En tous cas elle est infiniment plus faible qu’en art, en religion, en poésie, en philosophie.
L’abbé de Choisy a consigné les circonstances et les motifs de sa conversion dans quatre Dialogues sur l’Immortalité de l’âme, l’Existence de Dieu, la Providence et la Religion, qu’il publia dès l’année suivante (1684) : c’était ne pas perdre de temps. […] Il courut chez M. de Seignelay, ministre de la marine, pour solliciter l’ambassade apostolique ; la place était déjà donnée à un officier de marine, homme de religion et de vertu, le chevalier de Chaumont ; Choisy ne put obtenir que la coadjutorerie de l’ambassade, terme bizarre et qui semblait fait pour lui. […] Le roi de Siam était gouverné par un aventurier favori, grec de nation, appelé Constance, homme habile, rusé, et qui, sentant qu’il était haï des naturels, avait appelé les étrangers sous prétexte de religion, et dans l’idée de s’en faire un appui.
Rien autour de moi qui m’offrît les secours de la religion. […] De là un déluge de plaisanteries sur la religion ; l’un citait une tirade de La Pucelle ; l’autre rappelait ces vers philosophiques de Diderot… La conversation devient plus sérieuse ; on se répand en admiration sur la Révolution qu’avait faite Voltaire, et l’on convient que c’est là le premier titre de sa gloire : « Il a donné le ton à son siècle, et s’est fait lire dans l’antichambre comme dans le salon. » Un des convives nous raconta, en pouffant de rire, que son coiffeur lui avait dit, tout en le poudrant : « Voyez-vous, monsieur, quoique je ne sois qu’un misérable carabin, je n’ai pas plus de religion qu’un autre.
Après quelques incertitudes sur le choix du lieu, il se détermina pour l’Orient, pour ce berceau des antiques religions ; il se mêlait bien encore à son dessein quelque chose de la philosophie curieuse et destructive dont il était fils : cette fois du moins, dans l’exécution, cet esprit négatif ne se donna point carrière comme plus tard. […] « Vous étiez, lui disait Rivarol (ou l’auteur quelconque de la lettre satirique dont j’ai parlé), vous étiez l’un des plus éloquents orateurs muets de l’Assemblée nationale. » Un jour, dans la discussion où il s’agissait de savoir si la religion catholique serait déclarée religion de l’État (13 avril 1790), Volney, fidèle à son animosité, se tenait, un discours à la main, près de la tribune.
On n’y fait presque jamais connoître les mœurs, la religion, les loix, le commerce des peuples, ni les productions des pays qu’ils habitent, quoique toutes ces choses entrent essentiellement dans la définition de certains articles de géographie. […] Ce sont tous ces défauts du Dictionnaire de Trévoux qui ont fait naître l’idée du Grand Vocabulaire françois, contenant l’explication de chaque mot considéré dans ses diverses acceptions grammaticales, propres, figurées, synonimes & relatives ; les loix de l’orthographe, celles de la prosodie ou prononciation, tant familiere qu’oratoire ; les principes généraux & particuliers de la Grammaire ; les regles de la versification, & généralement tout ce qui a rapport à l’éloquence & à la poésie ; la géographie ancienne & moderne ; le blason, ou l’art heraldique ; la mythologie ; l’histoire naturelle des animaux, des plantes & des minéraux ; l’exposé des dogmes de la Religion & des faits principaux de l’histoire sacrée, ecclésiastique & profane ; des détails raisonnés & philosophiques sur l’œconomie, le commerce, la marine, la politique, la jurisprudence civile, canonique & bénéficiale ; l’anatomie, la médecine, la chirurgie, la chymie, la physique, les mathématiques, la musique, la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, &c. […] Cependant, disoit le célébre Tillotson, Archevêque de Cantorbéri ; que le Chrétien soit Orthodoxe, tant qu’il vous plaira, il n’y a pas après tout d’erreur, ni d’hérésie si fondamentalement opposées à la Religion qu’une vie déréglée.”
Elle vivra comme un témoignage des grandeurs de la religion et de la vertu devant l’iniquité de la force doublée de génie. […] Le dix-huitième siècle la vit sommeiller cependant ; et ce n’est qu’après 1800, après le spectacle de nos violences intérieures et de nos triomphes au loin, après l’alliance impérieuse de Napoléon, après l’humble soumission devant sa gloire, après la révolte désespérée contre sa trahison, ce ne fut qu’après tous ces calices épuisés qu’un grand mouvement de religion et de liberté, de patriotisme et de talent, reparut en Espagne. […] Après la perte de cet époux et dans un long deuil, ce cœur, qui s’était refusé longtemps à l’amour et ne l’avait souffert que près d’un tombeau, s’est dévoué tout entier à la religion.
Cette même littérature m’a détaché de la religion à quinze ans. […] Les religions parlent d’une vie future par où cette vie terrestre se prolongerait à l’infini. […] Dieu et la religion ne sont bientôt plus pour lui que des termes obligés de phraséologie royale. […] Il mit la psychologie au service de la religion, au même temps où d’autres la faisaient entrer dans le roman. […] Elle se fait de la religion une conception de plus en plus large.
— Notre religion romaine et italienne se manifeste de plus en plus dans les moindres détails, et par le caractère même des images exposées aux vitres des boutiques d’ornements catholiques.
Le goût remontait à ses hautes sources ; la religion, servie par M. de Chateaubriand, représentait ses grands modèles. […] Elle s’exagérait un peu l’accès de la religion, la difficulté des œuvres, la nécessité des épreuves peu ordinaires ; le respectable ecclésiastique la rassurait. […] La religion, hors dans certains cas particuliers, veut une vie active. Il est plus facile, croyez-moi, d’abandonner son cœur à l’amour et au repos dans la retraite, que de servir Dieu dans le monde ; c’est l’œuvre aussi d’une vraie piété d’y parvenir en cette dernière voie… Gravez au dedans de vous-même cette première vérité, que la religion veut l’ordre avant tout, et que, puisqu’elle a permis et consacré l’établissement des sociétés, elle se plaît à encourager tous les devoirs qui concourent à les maintenir… Mais surtout chassez de votre esprit cette erreur, que les peines seules peuvent nous rendre agréables à Dieu.
La religion de Nérestan et de Lusignan interdit-elle à Zaïre d’être la femme d’un vainqueur généreux qui n’a voulu l’obtenir que d’elle-même ? […] Déchirée, entre des devoirs contradictoires, la piété filiale, la religion, un amour né de la reconnaissance, l’infortunée ne voudra manquer à aucun ; mais, quand Orosmane la frappera, elle sentira sans horreur la pointe du poignard qui doit lui ôter avec la vie le regret de ce que sa vertu lui aura coûté. […] En écrivant Esther et Athalie, il ne flattait pas une mode, il ne faisait pas sa cour à la religion ; c’est la religion elle-même qui demandait au plus humble de ses fidèles de lui consacrer ses grands talents, et qui lui permettait de purifier sa gloire en y ajoutant.
Or, en fait d’épisodes, on a d’abord le Phénix, emblème officiel de l’immortalité de l’âme ; puis Orphée, et qui dit Orphée, dit Eurydice ; puis Socrate, et, à l’occasion de Socrate, les beaux récits de Xénophon et de Platon ; puis les religions du Nord ; et quelle est la religion du Nord qui ne fournit pas un barde ? […] Dans un siècle tiède en ses croyances, le poète chante la religion, car il est libre. […] Et cela se touche, en effet, de très près ; car la foi appelle la foi, et il n’y a rien de plus religieux que l’amour des choses de religion. […] Si ma religion, à cet égard, vient d’une vue bornée, il n’y a pas d’apparence que je m’en puisse corriger ; si c’est un fruit de raison, comme sa nature est de croître avec les années, il n’est guère probable que je me lasse d’y persévérer. […] Voilà ce que j’ai sur le cœur et ce que j’ai dû dire, poussé par ma conscience et par bon nombre de gens blessés comme moi de ce scandale, comme moi fidèles à la grande religion littéraire de la France.
Et notez que, connaisseur des Anciens comme personne et versé dans toute religion classique, il restait ouvert et des plus sensibles aux découvertes et aux merveilles du génie moderne. […] Quoi de moins philosophique que de n’avoir pas su au moins, en vieillissant, reconnaître l’éternelle nécessité en fait, de quelque religion positive dans les sociétés humaines et, au lieu de faire la part de cette nécessité en la conciliant avec la justice, d’avoir voulu entraîner le peuple à écraser l’infâme ?
Cette Résignation au sourire fatal n’est pas de la religion espérante et clémente de Pétrarque ; elle appartiendrait plutôt à la religion dure de Frollo.
La terreur de la mort, sentiment dont les anciens, par religion et par stoïcisme, ont rarement développé les effets, Shakespeare l’a représentée sous tous les aspects. […] Dans un système de religion quelconque, la terreur sait toujours à quel point elle doit s’arrêter ; elle se fonde toujours du moins sur quelques motifs raisonnés : mais le chaos de la magie jette dans la tête le désordre le plus complet.
Tandis que d’autres travaillaient sur les langues, sur l’histoire, sur la religion, sur la science de l’antiquité, le comte de Caylus614, un original de vif esprit et de puissante curiosité, faisait de l’archéologie son domaine. […] Un savant617 peut alors concevoir le projet de ramasser dans un ouvrage de vulgarisation toute la civilisation grecque, telle que la science du temps l’a restituée, vie publique et vie privée, religion et philosophie, poésie et art, monuments et paysages.
La religion catholique est essentiellement la même pour le culte comme pour les dogmes dans tous les païs de la communion romaine. […] On trouve de même par tout l’ancien peuple dans le nouveau, quoiqu’il professe une autre religion que l’ancien, et bien qu’il soit gouverné par d’autres maximes.
Jamais personne n’avait plongé plus avant dans la notion de cette religion domestique dont l’ancien monde était sorti, et c’était là une découverte magnifique de simplicité ! […] Elle garda sa religion et sa langue.
L’auteur de l’Innocent III, — qui ne veut pas plus en religion de gouvernement que de sacrements, qui a rejeté Luther et vomi Calvin, parce que ces deux Révoltés contre le gouvernement de l’Église ont essayé tous deux de bâtir une église et un gouvernement avec les ruines qu’ils avaient faites, — l’auteur de l’Innocent III a inventé, pour les besoins de sa thèse contre l’Église romaine, deux principes et deux définitions qu’il oppose l’un à l’autre et qu’il appelle : l’un, le principe païen ; l’autre, le principe chrétien. […] Le comte de Gasparin, qui brise superbement les religions constituées, comme les Iconoclastes, ces enfants dans le protestantisme, brisaient les images ; le comte de Gasparin, ce protestant devenu si homme, l’est tellement devenu qu’il veut échapper aux conditions de la réalité humaine, que Jésus-Christ lui-même n’a pas changées, en apparaissant parmi nous.
En abolissant les jésuites, et surtout à la date de leur abolition, on ne frappait donc pas la religion et le Saint-Siège précisément là où la philosophie guidait la main pour plus mortellement blesser, mais on frappait la société même et on abolissait sa dernière espérance. Du reste, religion, papauté, société, ces trois choses peuvent-elles se séparer dans le monde moderne sans qu’aussitôt tout ne croule et ne s’éparpille, comme nous l’avons vu, dans une inénarrable confusion ?
Dieu l’entendit, et sauva son armée. » Nous avons déjà vu que Valens était cruel ; et comme tous les hommes il porta son caractère dans la religion. […] La persécution cessa ; et cet empereur assassin, ce barbare incendiaire, ce chrétien persécuteur d’autres chrétiens, publia un édit, par lequel il défendait qu’on employât désormais ni autorité, ni menaces pour faire changer personne de religion.
La religion, qui est en tout le fondement de la poésie épique, est parmi nous l’opposé de leur mythologie. […] Toutes ses velléités de révolte sont tombées. « Conservateur en tout, sauf en religion », comme on l’a si bien dit, voilà sa devise et sa définition. […] Je me suis proposé d’examiner quelle est l’influence de la religion, des mœurs et des lois sur la littérature, et quelle est l’influence de la littérature sur la religion, les mœurs et les lois. […] La beauté des œuvres est relative, pour Mme de Staël, du temps, des circonstances, de la race, de la religion, des lois, des mœurs, de la structure de la société : elle ne l’est plus pour Hugo que du caprice ou de la fantaisie du juge. […] Comment donc l’écrivain a-t-il pensé, comment s’est-il comporté sur l’article de l’amour, sur l’article de la religion, sur l’article de la mort ?
La philosophie n’existe pas ou elle se proclame l’amie de la religion et de l’orthodoxie quand même.
Leconte de Lisle, dans un esprit dont les pensées ne sont point neuves, sans religion, mais par une manière triste et forte d’être mystique avec matérialité, d’avoir une claire conscience de son projet, une claire vision de son but et de ses chemins, confine au futur, sans en être, mais se ressent du passé surtout en ces points où, par l’usage et peut-être l’abus des facultés rationnelles, il pressentait l’instant actuel.
Auroit-il dit encore que les Oraisons funebres de Bossuet, & son Discours sur l’Histoire universelle, sont les seuls de ses Ouvrages qui méritent l’immortalité, s’il n’eût eu intention, à l’exemple de son Mécène, de déprimer tout ce qui éleve les Ouvrages de controverse de ce Prélat, au dessus des misérables rapsodies qu’on a débitées contre la Religion ?
Le peu d’ordre & de liaison qui y regnent, les contradictions qui y fourmillent, les saillies d’une imagination vive qui ne s’assujettit à rien, un cynisme qui brave tout & s’égaye aux dépens de tout, une licence qu’aucun objet n’arrête, & dont la Religion, la Morale & les Bienséances n’ont pu ralentir l’intrépidité, ont contribué, plus que tout le reste, à son mérite littéraire, parce qu’il est facile d’être neuf & piquant, quand on est hardi & caustique.
Son gouvernement formé de royauté et d’aristocratie, sa religion moins pompeuse que la catholique, et plus brillante que la luthérienne, son militaire à la fois lourd et actif, sa littérature et ses arts, chez lui enfin le langage, les traits même, et jusqu’aux formes du corps, tout participe des deux sources dont il découle.
IV Dans cette disposition naturelle des premiers fidèles d’une religion révélée et militante pour conquérir l’Orient ou l’Occident, puis la terre entière, il est tout simple que les néophytes de cette religion, persécutés eux-mêmes, se soient dit : Le pouvoir est une force non-seulement sur les corps, mais sur les âmes ; rangeons les âmes sous la loi de notre culte par la force qui vient de Dieu ; donnons l’empire de la terre à ce chef de notre foi, qui dispose de l’empire du ciel. […] Ils avaient deux religions dans leur cœur, leurs princes et leurs prêtres ; superstitieux chez eux, héroïques dehors, bons et honnêtes partout, aussi propres à subir le joug de la conquête sans le secouer qu’à imposer ce joug à leurs voisins, quand l’inquiétude de la maison de Savoie les mettait à la solde des grands alliés auxquels on inféodait leur sang pour des causes toutes personnelles à ces princes. […] Devenu roi en 1831, son règne, jusqu’en 1848, fut le plus illibéral, le plus acerbe et le plus implacable de tous les règnes contre la liberté moderne, enfin le règne des ombrages autrichiens à Turin ; en religion, ce fut le règne monastique des jésuites, dont il paraissait moins le roi que le lieutenant temporel dans ses États ; ses rigueurs ne s’adoucirent pas un instant envers ses complices de 1820, proscrits à cause de lui par toute l’Europe. […] À leur tour, pendant nos guerres de religion, Emmanuel-Philibert et son fils s’emparent de la Provence, du Dauphiné et de la Bresse.
Dans la religion, dans la guerre, dans l’amour, le merveilleux se mêle à la réalité, ou s’y substitue entièrement. […] Molière n’a fait qu’achever l’ébauche qu’a tracée Jean de Meung du faux dévot, aussi vieux que les religions, aussi indestructible qu’elles. […] Du reste, pour n’avoir rien à démêler avec les hommes sincères ni surtout avec les indifférents, qui, pour vivre bien avec les dévots, feraient brûler les libres penseurs, il fallut que Jean de Meung protestât Qu’oncques ne fut s’(son) intention ̃ De parler contre homme vivant, Sainte religion suivant. […] L’admiration pour Jean de Meung était presque une religion d’État. […] Enfin cet empire a sa religion, un paradis, un purgatoire, et des martyrs.
Et pour la plupart ils vivaient là dans de délicieux loisirs ; on passait la journée tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et, soit groupé autour d’une bouteille de bon vin, soit étendu aux bords du lac, on discutait religion, philosophie, l’avenir de l’humanité, la science, l’art, les racines des mots… Il y avait Mommsen, le célèbre historien, professeur aujourd’hui à Berlin ; les physiologistes Ludwig et Koëchly ; le philosophe Moleschott, un chef reconnu des matérialistes scientifiques ; les poetes Herwegh et Keller ; l’architecte Semper ; le peintre Kietz ; le savant philologue Ettmüllerbb. […] On voudrait y voir une apologie de la religion du Christianisme. […] Schopenhauer y voyait contenue la grande vérité« du besoin de la délivrance de l’exister et l’assouvissement de ce besoin par la négation du vouloir (IV, 733). » « C’est en concordance avec ce principe que, dans l’Évangile Chrétien, la sainteté de la souffrance nous est démontrée, et que la Croix, ce chef-d’œuvre de souffrance, est le symbole primordial de la religion chrétienne. » Wagner (1880) : « Un être a pris pour lui le péché énorme de tout ce qui existe (entendre ici par péché ce que dit Calderon : le plus grand péché de l’homme est d’être né) ; il l’a expié par sa mort. […] Mais pour eux il n’a rien de commun avec la religion vulgaire : « Les résultats moraux du Christianisme, on les trouve chez moi expliqués par l’étude de la nature et basés sur elle, tandis que dans le Christianisme ils ne le sont que par de simples fables (Parerga, I, 143) », et autre part : « Pour faire entrer ce principe (délivrance de la vie), le Christianisme dut se servir de véhicules mystiques (Mysthichen vehikels) comme par exemple du calice qui devait sauver les hommes. » Wagner (1880, 273) : « Ce qui devait perdre l’Eglise chrétienne fut l’assimilation de cet être divin sur la croix avec le créateur juif du ciel et de la terre, et de joindre avec ce Dieu colère et vengeur, le sauveur des pauvres, qui s’est sacrifié par amour de tout ce qui existe. En résumé, Wagner et son Parsifal sont chrétiens, mais la légende de Parsifal, tout cet appareil religieux n’est, pour nous servir de l’expression de Schopenhauer, qu’« un véhicule mystique » qui nous représente la religion de la Pitié.