Cet esprit, malgré l’appareil de réflexion & de dignité qu’il s’efforce de se donner, n’a jamais pu se débarrasser d’un je ne sais quel air de petitesse qui en décrédite les créations ; ces connoissances, pour être annoncées d’une maniere affectée & présomptueuse, tombent inévitablement dans les disgraces attachées â l’ignorance & au pédantisme ; ce talent, pour n’avoir pas été sagement cultivé, pour afficher trop de confiance, décele continuellement sa foiblesse, & révolte plus qu’il n’attache ; en deux mots, on peut, d’après l’expression de son premier Maître, M. de Voltaire, comparer l’esprit de M. de la Harpe, à un four qui ne cuit point. […] C’est pourquoi nous avertirons M. de la Harpe de s’attacher plus qu’il n’a fait à renforcer & égayer son style, à enrichir & à déniaiser son érudition, à aiguiser & à dégauchir son discernement ; d’être plus adroit, lorsqu’il voudra louer ses propres Ouvrages ; de ne pas se trahir, en affectant pour les autres le mépris qu’on a tort, sans doute, d’avoir pour lui ; enfin, de ne pas confondre, pour son repos, le langage d’une juste censure, avec celui de la jalousie.
Attaché àla croyance en une vérité objective, persuadé que toute conception, pour être acceptée, devait être évaluée sous le jour de cette vérité et recevoir sa sanction, on s’était évertué tout d’abord à montrer à quel point l’idée du libre arbitre est réfractaire à toute construction, à quel point elle implique contradiction : c’est ce grief qu’on lui avait imputé, c’est de ce chef qu’on l’avait condamnée. […] Désintéressé des buts illusoires que s’obstine à convoiter une entité imaginaire, il est donc plus aisé de s’attacher, ainsi qu’on a résolu de le faire ici, aux phénomènes qui, parmi l’écoulement des individus, demeurent à travers la durée sur la scène du monde, à ces fins que réalise le désir humain détourné des objets chimériques pour lesquels il se consume : la vie de l’Espèce et la Connaissance. […] Chaque individu perd de vue la valeur représentative de ses actes et de ses passions pour ne s’attacher qu’au bonheur ou à la douleur qu’il en retire.
La jurisprudence divine et l’héroïque propres aux âges de barbarie, s’attachent au certain ; la jurisprudence humaine qui caractérise les âges civilisés, ne se règle que sur le vrai. […] Cette équité s’attachait religieusement aux paroles de la loi, les suivait avec une sorte de superstition, et les appliquait aux faits d’une manière inflexible, quelque dure, quelque cruelle même que pût se trouver la loi. […] Ils ne peuvent répondre qu’en calomniant la générosité romaine, qu’en prétendant que ces rigueurs, ces solennités, ces scrupules, ces subtilités verbales, qu’enfin le mystère même dont on entourait les lois, étaient autant d’impostures des nobles qui voulaient conserver avec le privilège de la jurisprudence le pouvoir civil qui y est naturellement attaché.
Le sentiment du charme particulier qui s’attache à la reproduction des scènes de la nature par le pinceau est une jouissance toute moderne. […] Et revenant aux peintres flamands, il s’attache à montrer que leur faire n’est pas, comme on l’a dit, toute réalité, mais bien plutôt tout expression ; que ce faire est « plus fin, plus accentué, plus figuré, plus poétique qu’aucun autre, et si éloigné d’être servilement imitatif de la nature, que c’est par lui au contraire que nous apprenons à voir, à sentir, à goûter dans une nature, d’ailleurs souvent ingrate, ce même charme que respirent les églogues de Théocrite et de Virgile ». […] Les classiques d’alors s’attachaient à prouver, par toutes sortes de raisons techniques et de considérations d’atelier, que ces régions supérieures des Alpes étaient essentiellement impropres à être reproduites sur la toile et à devenir matière de tableaux. […] La nouveauté, sans doute, pour des citadins surtout ; l’aspect si rapproché de la mort, de la solitude, de l’éternel silence ; notre existence si frêle, si passagère, mais vivante et douée de pensée, de volonté et d’affection, mise en quelque sorte en contact avec la brute existence et la muette grandeur de ces êtres sans vie, voilà, ce semble, les vagues pensers qui attachent et qui secouent l’âme à la vue de cette scène et d’autres pareilles. […] se demandait le voyageur jeune encore et plein de jours : la vie lui est donnée, et il est un insensé s’il s’y attache, puisqu’elle va lui être retirée : la mort lui est imposée irrévocablement, et il est un insensé encore s’il y sacrifie la vie, puisqu’elle est un bienfait de Dieu !
Ce rôle de précurseur, en relevant par la précocité ce que le talent peut avoir eu de hasardeux ou d’incomplet, offre toujours, dans l’histoire littéraire, quelque chose qui attache. […] Deux de ses maîtres, qui s’étaient fort attachés à lui, bons humanistes et hellénistes, lui continuèrent leurs soins. […] Il trouva en ce nouveau maître, qui succédait cette année-là à M. de Fontanes, un élève affaibli, mais encore suffisant, de la même école littéraire, un homme instruit et doux, qui s’attacha à lui et l’entoura de conseils, sinon bien vifs et bien neufs, du moins graves et sains. […] Les trois quarts des prétendus juges, ne se formant idée de la valeur des œuvres que d’après les genres, conseilleront toujours au poëte aimable, léger, sensible, quelque chose de grand, de sérieux, d’important ; et ils seront très-disposés à attacher plus de considération à ce qui les aura convenablement ennuyés. […] Il n’attachait point à ses élégies le même prix, je l’ai dit déjà, qu’à ses autres ouvrages académiques, et ce n’est que vers la fin qu’il parut comprendre que c’était là son principal talent.
Quand l’Auteur n’auroit eu que le courage de résister au goût dominant du siecle pour le langoureux ou philosophique, ce qui est la même chose ; d’avoir su mépriser ce genre bâtard, quoique plus facile & plus applaudi par la multitude, & de s’être uniquement attaché aux bons modeles ; cette preuve de jugement suffiroit seule pour lui mériter des applaudissemens capables de l’encourager. On désire seulement qu’il s’attache, à l’avenir, à mettre des caracteres dans ses Pieces, s’il veut atteindre à la véritable gloire.
M. de Choiseul épiait (et sincèrement, on peut le croire,) les occasions de l’obliger en cour et de le servir : il eut de bonne heure l’idée de lui faire avoir la résidence de Rome ; mais il fallait préparer les voies : De mon côté, lui écrivait Bernis (14 mai 1759), je ne songe qu’à m’attacher à mon état et à mettre dans les partis que je prendrai à cet égard le temps, les réflexions et la droiture qui conviennent à mes principes et à mon caractère… Je serai toujours prêt à servir le roi quand vous croirez que je puis lui être utile. […] C’est vous, par parenthèse, qui avez attaché le grelot. Vous me fîtes alors un plaisir infini… » Bernis n’est point fier du tout de ce rôle que Voltaire lui attribue : Nous parlerons quelque jour du grelot que vous dites que j’ai attaché… J’ai connu un architecte à qui on a dit : Vous ferez le plan de cette maison ; mais bien entendu que, l’ouvrage commencé, les piqueurs ni les maçons, ni les manœuvres, ne seront point sous votre direction, et s’écarteront de votre plan autant qu’il leur conviendra de le faire. […] Je m’attache aux côtés honorables de cette correspondance, aux endroits qui montrent dans Bernis un homme qui a de la tenue sans pédantisme, une sagesse liante et qui ne se laisse pas entamer. […] Guérard, attaché aux Affaires étrangères, et par ordre des chefs de ce département : elle était destinée à servir d’élément et de matière à l’éloge académique de Bernis que devait prononcer alors le comte François de Neufchâteau.
Qui est le grand peintre, ou de Raphael que vous allez chercher en Italie, et devant lequel vous passeriez sans le reconnaître, si l’on ne vous tirait pas par la manche, et qu’on ne vous dît pas Le voilà ; ou de Rembrand, du Titien, de Rubens, de Vandeick et de tel autre grand coloriste qui vous appelle de loin, et vous attache par une si forte, si frappante imitation de la nature que vous ne pouvez plus en arracher les yeux ? Si nous rencontrions dans la rue une seule des figures de femmes de Raphael, elle nous arrêterait tout à coup, nous tomberions dans l’admiration la plus profonde, nous nous attacherions à ses pas, et nous la suivrions jusqu’à ce qu’elle nous fût dérobée. […] Mais laissant de côté les difformités naturelles, pour ne s’attacher qu’à celles qui sont nécessairement occasionnées par les fonctions habituelles, il me semble qu’il n’y a que les dieux et l’homme sauvage, dans la représentation desquels on puisse s’assujettir à la rigueur des proportions ; ensuite les héros, les prêtres, les magistrats, mais avec moins de sévérité.
Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible. […] Enfin, le philosophe attache par l’étendue et la profondeur des idées ; l’orateur ne peut attacher que par les passions fortes ; l’effet des mouvements doux et tranquilles se perd, et n’arrive à la postérité que comme le ressouvenir d’un songe à demi effacé.
Ils développent certains points ; ils s’attachent à un ordre particulier d’idées ; ils l’enrichissent de quelques détails. […] Mais qui donc s’attache aux principes eux-mêmes, c’est à savoir à la moelle même de la science ? […] Un esprit qui approfondit, qui peut trouver à s’attacher hors de soi, s’en est bien vite fatigué. […] Il s’en faut que les autres connaissances l’intéressent aussi vivement que celle-là ; les plus importantes n’ont pas la vertu de l’attacher ; il n’y a pas de risque qu’il s’y fasse une maîtresse qu’il aimerait plus que lui. Combien, au contraire, ne le vois-je pas attaché à la mobilité de sa nature individuelle ?
M. d’Ault-Dumesnil, attaché au général en chef par sa position et aussi par les sentiments de confraternité qui l’unissaient à ses fils, à celui qui mourut en Afrique en particulier, indépendant d’ailleurs d’esprit et de caractère, a été, dès le premier jour, à même d’observer l’expédition par le centre et du côté intérieur et dirigeant. […] M. d’Ault, attaché aux travaux de l’Avenir jusqu’à sa cessation, et depuis aux études intérieures que poursuit cette école de philosophie religieuse, professait cet hiver, parallèlement à MM.
Enfin plus les actions que la poësie et la peinture nous dépeignent, auroient fait souffrir en nous l’humanité si nous les avions vûës veritablement, plus les imitations que ces arts nous en présentent ont de pouvoir sur nous pour nous attacher. […] Un charme secret nous attache donc sur les imitations que les peintres et les poëtes en sçavent faire, dans le tems même que la nature témoigne par un fremissement interieur qu’elle se souleve contre son propre plaisir.
Notre auteur, exclusivement préoccupé du point de vue humain, s’est attaché à montrer comment les émotions complexes résultent des émotions simples par association. […] « Quand l’idée d’un objet est associée avec cent fois plus de plaisir qu’une autre idée, elle est naturellement cent fois plus intéressante48. » Aussi l’auteur s’est attaché presque uniquement à ces causes éloignées. […] Se plaçant ensuite au point de vue des conséquences pratiques, il demande que l’éducation s’attache à produire des associations d’idées, telles qu’il en résulte une vertu parfaite, et que la sanction populaire attache toujours le blâme et la louange aux actes qui les méritent.
Dans un ou deux cas, M. le chancelier le rappela bien à l’ordre pour la forme ; mais la faveur qui s’attachait au talent couvrait tout. […] Il s’attacha, en conséquence, à ranger en bataille l’armée des catholiques, à la discipliner et à la morigéner, à l’épurer et à la compter, au risque de la diminuer, sinon de l’amoindrir ; il supprima les neutres. […] Il s’attacha à montrer que la plupart de ces gens-là n’étaient point des alliés pour lui, mais plutôt pour l’ennemi. […] Flétrissant l’ancien partage de la Pologne, et posant en principe que l’injustice amène tôt ou tard après elle le châtiment, l’orateur fait voir « la nation opprimée qui s’attache aux flancs de la puissance opprimante comme une plaie vengeresse immortelle ».
Pour les juger, il s’attache à déterminer la plupart des facteurs qui ont pu influer sur le développement intellectuel de leurs auteurs, c’est-à-dire le milieu physique, les antécédents héréditaires, l’éducation. […] Le fait qu’il s’en occupe lui paraît suffire à indiquer qu’il les regarde comme doués de mérite ou comme significatifs, et, cette attitude attentive ou admirative une fois prise, il s’attache à résoudre les deux problèmes qu’il envisage à propos de livres et d’artistes : celui du rapport de l’auteur avec son œuvre, et celui du rapport des auteurs avec l’ensemble social dont ils font partie, questions délicates et fécondes que M. […] Posnett, dans un livre tout récent : Comparative literature, envisage dans un esprit nouveau le problème de la morphologie artistique, et s’attache à démêler, dans une énumération malheureusement superficielle, quelle influence ont exercée sur la forme littéraire, sur l’individuation des personnages par exemple et la description de la nature, les différentes formes de la vie sociale, le clan, la communauté urbaine, la nation, le cosmopolitisme. […] Son nom reste notamment attachée à la « querelle de l’impressionnisme » qui l’opposa, aux côtés d’Anatole France, au « dogmatisme » évolutionniste de Brunetière.
C’est à lui qu’il appartient de connoître si l’objet qu’on nous présente est un objet touchant et capable de nous attacher, comme il appartient à l’oreille de juger si les sons plaisent, et au palais si la saveur est agréable. […] Un mot qui aura précisément la même signification dans les deux langues, ne peut-il pas encore, quand il est consideré en tant que simple son, et pris indépendamment de l’idée, laquelle y est attachée, se trouver plus noble en une langue qu’en une autre langue, de maniere qu’on rencontrera un mot bas dans une phrase de la traduction où l’auteur avoit mis un beau mot dans l’original. […] Les mots traduits d’une langue en une autre langue peuvent encore y devenir moins nobles et y souffrir, pour ainsi dire, du déchet par rapport à l’idée attachée au mot. […] Des évenemens importans nous attachent par eux-mêmes, et la verité seule leur donne du pathetique.
L’intérêt de cette recherche est tout métaphysique : ou, s’il est pratique, c’est seulement pour un petit nombre d’esprits, trop attachés à la terre pour pouvoir s’élever à ces connaissances sans le secours ou plutôt sans la violence de la logique. […] Voyez quel dédain il fait de celle de Descartes, laquelle avait le tort à ses yeux de s’être attachée à des choses qui ne valent pas une heure de peine ! […] Comment donc s’étonner qu’après avoir demandé l’explication de ce mystère à deux ordres de vérités, dont l’un est à peine aussi sûr que l’instinct populaire, et dont l’autre offre de répondre à tout, il se soit attaché au dernier ? […] Ce n’est pas assez pour Pascal de fuir les hommes, pour n’avoir aucun des vices qui naissent de leurs rapports entre eux ; il veut se fuir lui-même et s’arracher à son propre corps, pour échapper aux imperfections attachées à sa condition de créature. […] Je reconnais le détachement du sublime martyr dans l’homme qui conseille à ses amis de ne point s’attacher à qui ne s’appartient plus, à qui ne peut donner ce qui n’est plus à lui.
Section 10, objection tirée des tableaux pour montrer que l’art de l’imitation interesse plus que le sujet même de l’imitation On pourroit objecter que des tableaux où nous ne voïons que l’imitation de differens objets qui ne nous auroient point attachez, si nous les avions vûs dans la nature, ne laissent pas de se faire regarder long-tems. […] La copie nous attache plus que l’original.
Attachez sur son genou avec des jarretières couleur de rose un bas blanc bien tiré. […] Ses yeux sont attachés sur les yeux d’Armide. […] Il a les regards attachés sur Caesar dont l’indignation le pénètre d’effroi. […] Que le fils ait les regards attachés sur le maréchal. […] Et cet enfant qui attache le rideau ?
Puis il fut attaché en qualité de chapelain à l’ambassade de Rome, ne s’y amusa que médiocrement ; mais, comme Rabelais avait fait, il y attaqua de préférence les choses par le côté de la raillerie. […] Sous-lieutenant dans Angoumois, puis attaché à l’ambassade de Londres, il regretta amèrement sa chère indépendance, et n’eut pas de repos qu’il ne l’eût reconquise. […] Notre poète, cédant à des considérations de fortune et de famille, s’était laissé attacher à l’ambassade de Londres, et il passa dans cette ville l’hiver de 1782. […] La fierté délicate d’André Chénier était telle que, durant ce séjour à Londres, comme les fonctions d’attaché n’avaient rien de bien actif et que le premier secrétaire faisait tout, il s’abstint d’abord de toucher ses appointements, et qu’il fallut qu’un jour M. de La Luzerne trouvât cela mauvais et le dît un peu haut pour l’y décider. […] J’avais supposé aussi (page 161) qu’il n’était plus attaché à l’ambassade d’Angleterre aux approches de la Révolution et dès 1788.
Aussitôt ils soulagent du joug les chevaux baignés de sueur, et chaque guerrier les attache à son char par des courroies… Les Troyens, fiers de leur victoire, reposent, pendant toute la nuit, sur le champ de bataille, à la lueur des feux qu’ils ont allumés. […] « Pourquoi pleures-tu, ô Patrocle, comme une jeune fille, courant après sa mère pour être emmenée, s’attache à sa robe, la retient à son départ et lève vers elle ses yeux en pleurs afin que sa mère la prenne dans ses bras ? […] Semblables à une colonne immobile sur le tombeau d’un homme ou d’une femme, ils demeurent sans mouvement, attachés au char magnifique et la tête baissée vers le sol. […] « Il lui perce les pieds, passe entre la cheville et le talon une forte courroie, l’attache à son char et laisse traîner la tête à terre. […] Lors même qu’il échapperait à cette désastreuse guerre, toujours les peines et les chagrins s’attacheront à ses pas et les étrangers usurperont son héritage.
Ce dernier Ouvrage est écrit avec cette précieuse simplicité, qui n’exclut ni l’élévation des pensées, ni la noblesse des expressions, & il donne à l’Auteur le droit de figurer dans la classe très-peu nombreuse des Ecrivains qui sont demeurés invinciblement attachés aux vrais principes de la morale & du goût. […] Recherché, chéri, révéré de tous ceux qui le connoissent ; bienfaisant sans ostentation, religieux sans fanatisme, indulgent pour les opinions d’autrui, zélé pour ses amis, affable pour tout le monde, inviolablement attaché à tous ses devoirs ; on peut dire que ses titres Littéraires ne sont, aux yeux de ceux qui jouissent de sa société, que la plus foible partie de son mérite.
M. l’Abbé de Marsy s’étoit attaché de bonne heure aux vrais moyens de réussir. […] En supposant que l’Abbé de Marsy se soit attaché à l’imitation plus qu’il n’a fait, il auroit toujours la gloire d’avoir su bien choisir ses modeles, & dans ses modeles, les morceaux véritablement dignes d’être imités. […] Son esprit, si capable de produire par lui-même, ne lui permit plus que d’être un Compilateur, après qu’il se fut attaché à la lecture de Bayle, dont il entreprit de donner une Analyse.
Celui qui a le sentiment vif de la couleur, a les yeux attachés sur sa toile ; sa bouche est entrouverte, il halète ; sa palette est l’image du chaos. […] Il se rassied, et vous allez voir naître la chair, le drap, le velours, le damas, le taffetas, la mousseline, la toile, le gros linge, l’étoffe grossière ; vous verrez la poire jaune et mûre tomber de l’arbre, et le raisin vert attaché au cep. […] C’est que tandis que l’œil de l’artiste est attaché à la toile et que son pinceau s’occupe à me rendre, je passe, et que lorsqu’il retourne la tête, il ne me retrouve plus.
Du moins on y retrouvera quelque chose de dramatique qui frappera et attachera notre esprit. […] En général, il s’est peu attaché à approfondir les sentiments. […] Un caractère tel que le sien a tout perdu en adoptant la philosophie à laquelle il s’attacha. […] Ainsi, l’on avait détruit tout le respect qui doit s’attacher au gouvernement. […] Tel est le souvenir invariablement attaché au nom de M. de Sèze.
Ils n’ont pas le pouvoir que les vers françois doivent avoir sur une oreille françoise. à l’exception d’un petit nombre de mots qui peuvent passer pour des mots imitatifs, nos mots n’ont d’autre liaison avec l’idée attachée à ces mots, qu’une liaison arbitraire. […] Par exemple, on a pu attacher dans notre langue l’idée du cheval au mot soliveau, et l’idée de la piece de bois qu’il signifie, au mot cheval.
C’est à l’actualité la plus immédiate que l’auteur des Déracinés s’est attaché. […] Attachés au passé, nous entreprendrons de préparer un avenir qui s’harmonise avec lui. […] Bazin s’est attaché à composer une sorte de roman national où l’histoire, le patriotisme et la philosophie sociale même se prêtent un mutuel concours. […] René Bazin, en même temps qu’il élargissait sa vision, éclairait son œuvre à la lumière d’une philosophie plus grave, envisageait la vie avec plus de hardiesse, et s’attachait à mettre le roman social à la portée du peuple. […] Il a vu dans la maison paternelle le port d’attache de l’homme, tendre abri aux heures de sérénité, refuge unique dans les jours de détresse.
Il est difficile de refuser à l’animal un certain degré de sentiment quand on voit le chien attaché à son maître au point de souffrir de son abandon et de son indifférence, au point même de mourir parfois d’inanition volontaire devant son cadavre. […] On peut contester la valeur et la portée de tels ou tels signes auxquels l’historien ou le voyageur aura attaché un peu légèrement un caractère de moralité ou de religiosité. […] Et d’abord, si l’on se met à recueillir tous les caractères vraiment distinctifs de la nature humaine, tels que l’histoire nous les donne, pourquoi s’attacher exclusivement à la moralité et à la religiosité pour en faire le type propre de l’humanité ? […] Quant aux sentiments moraux qui résultent d’une culture particulière de l’esprit, il les cite comme un des nombreux exemples servant à démontrer qu’un sentiment peut être, en vertu de la loi de l’association, attaché à des objets qui ne contiennent pas en eux-mêmes ce qui originairement pouvait l’exciter. […] Il invoque la possibilité de prévoir ces actions avec un degré d’exactitude proportionné à notre connaissance préalable de l’esprit et du caractère des agents, et souvent avec une certitude presque égale à celle qui s’attache à la prévision des mouvements des agents purement physiques.
Les législateurs grecs attachaient une haute importance à l’effet que pouvait produire une musique guerrière ou voluptueuse. […] Il analyse des sentiments intimes, des détails inaperçus ; et souvent une expression énergique s’attache à la vie d’un homme coupable, et fait un avec lui dans le jugement du public. […] La considération alors ne serait pas exclusivement attachée aux exploits militaires ; ce qui nécessairement expose la liberté. […] Qu’il est humain, qu’il est utile d’attacher à la littérature, à l’art de penser, une haute importance ! […] L’envie des méchants s’attache à ce rayon lumineux qui brille encore sur la tête de l’homme moral.
Cantonnés les uns dans un coin de la grande île, les autres réfugiés dans la presqu’île armoricaine, ils s’attachaient à leurs traditions comme au plus saint titre de leur imprescriptible droit, comme au plus sûr gage de leur inévitable triomphe. […] Tristan était venu demander la main d’Yseult pour son oncle le roi March, et ramenait la blonde fiancée, quand une funeste erreur leur fait boire à tous deux le philtre que la prudente mère d’Yseult avait préparé pour attacher à jamais le roi March à sa fille. […] Il dira pourtant, sans sourciller, mais d’un ton qui ôte toute envie d’y croire, l’aventure d’Yvain et du lion reconnaissant : comment, délivré du serpent qui lui mordait la queue, le brave animal s’attache au chevalier, l’assiste dans tous ses combats, et comment une fois le croyant mort, tout pleurant, il prend entre ses grosses pattes l’épée de son bienfaiteur, et fait tous les préparatifs du suicide. […] Or, un jour, Perceval voyait dans un château un roi blessé, une épée sanglante, et un plat, ou Graal : s’il avait demandé ce qu’étaient l’épée et le plat, le roi blessé était guéri — et nous saurions si Chrétien attachait un sens aux fantastiques images qu’il nous présente. […] Peut-être plus profonds, plus passionnés, moins attachés aux faits sensibles et aux sentiments superficiels, nos écrivains eussent-ils été moins universellement compris, moins constamment goûtés.
Dieu me garde d’insulter jamais ceux qui, dénués de sens critique et dominés par des besoins religieux très puissants, s’attachent à un des grands systèmes de croyance établis. […] L’éternel seul a du prix ; or ces frivoles ne s’attachent qu’aux floraisons successives, sachant bien qu’ils passeront comme elles. Semblables aux estomacs usés qui se dégoûtent vite et pour lesquels il faut tenter sans cesse de nouvelles combinaisons culinaires, ils attachent tout leur intérêt à la succession des manières qui toutes les dix années se supplantent les unes les autres. […] Nous ne voulons pas enfermer à jamais l’humanité dans nos formules ; mais nous sommes religieux, en ce sens que nous nous attachons fermement à la croyance du présent et que nous sommes prêts à souffrir pour elle en vue de l’avenir. […] Dans les maigres pâturages des îles de la Bretagne, chaque brebis du troupeau, attachée à un pieu central, ne peut brouter une herbe rare que dans l’étroit rayon de la corde qui la retient.
Capitaine de dragons et attaché en qualité de gentilhomme au duc de Penthièvre, ce dernier titre lui fut un frein et l’empêcha de devenir dragon jusqu’au bout. […] On n’attend pas que j’entre dans de grands détails sur ce genre fade et faux auquel est attaché le nom de Florian. […] Mais c’est à ses Fables seulement que je veux m’attacher, car c’est par là uniquement, et par son Théâtre, que son nom mérite aujourd’hui de vivre. […] le récit est charmant ; il m’attache, il m’enchante, et le moment où le poète en sort m’enchante encore plus et me fait tout oublier. […] attends-moi… La sarcelle le quitte, Et revient traînant un vieux nid Laissé par des canards ; elle l’emplit bien vite De feuilles de roseau, les presse, les unit Des pieds, du bec, en forme un batelet capable De supporter un lourd fardeau ; Puis elle attache à ce vaisseau Un brin de jonc qui servira de câble.
D’autres jugements ont pour objet de dire non ce que sont les choses, mais ce qu’elles valent par rapport à un sujet conscient, le prix que ce dernier y attache : on leur donne le nom de jugements de valeur. […] Personnellement, je puis n’attacher aux bijoux aucun prix ; leur valeur n’en reste pas moins ce qu’elle est au moment considéré. […] Mais c’est que la société, en même temps qu’elle est la législatrice à laquelle nous devons le respect, est la créatrice et la dépositaire de tous ces biens de la civilisation auxquels nous sommes attachés de toutes les forces de notre âme. […] Nous serions donc attachés à l’idéal comme à la source même de notre être. […] Si donc l’homme conçoit des idéaux, si même il ne peut se passer d’en concevoir et de s’y attacher, c’est qu’il est un être social.
Le président Jeannin, repoussé sur le point essentiel de la négociation, qui était d’assurer la couronne à un prince français, ne se refusa point à entrer dans ce qui lui fut proposé au nom du roi d’Espagne ; il y opposa seulement les difficultés puisées dans la loi salique, les peines qu’on aurait à en triompher, sembla promettre qu’on s’y emploierait, et, sans trop presser l’avenir en cet endroit, il s’attacha en attendant à obtenir les secours d’argent et de troupes, indispensables à l’entretien de la Ligue et de son chef. […] Dans les négociations qu’il entreprenait, et qui souvent eussent semblé inutiles à d’autres et désespérées dès le début, il ne craignait pas de se mettre en campagne et d’essayer d’attacher sa trame, malgré la distance et les inégalités des prétentions, « considérant qu’un bon marché ne se conclut du premier coup ; que les hommes ne demeurent ordinairement à un mot ; que, pour en achever un, il le faut commencer… ». […] L’ambassadeur d’Espagne (le duc de Feria), dans une dépêche à Philippe II qui fut interceptée, donnant la liste des députés qui assistaient à la conférence de Suresnes, et ajoutant au nom de chacun une note et un signalement distinct, disait de tel et tel : « Celui-ci est neutre. — Celui-là agira dans son intérêt. » Et du président Jeannin il disait : « Il fera tout ce qui lui paraîtra avantageux au duc de Mayenne. » Les auteurs d’éloges et de discours académiques, Saumaise, plus tard Guyton de Morveau, ont couru un peu rapidement sur ce point, et se sont trop attachés à montrer dans le président Jeannin un ligueur qui avait hâte de sortir de la faction où il avait été jeté, et qui, « sans trahir son parti, en défaisait la cause ». […] Une pareille supposition calomnie le président, attaché de tout temps à l’intégrité de la France.
Les peines attachées à cette passion sont d’une autre nature que celles de l’amour de la gloire ; son horizon étant plus resserré, et son but positif, toutes les douleurs qui naissent de cet agrandissement de l’âme, en disproportion avec le sort de l’humanité, ne sont pas éprouvées par les ambitieux. […] On voit des vieillards traîner à la cour l’inquiétude qui les agite, bravant le ridicule et le mépris pour s’attacher à la dernière ombre du passé. […] Il n’est rien de plus insensé que de se mêler dans des circonstances tout à fait indépendantes de la volonté individuelle, c’est attacher bien plus que sa vie, c’est livrer toute la moralité de sa conduite à l’entraînement d’un pouvoir matériel. […] Dans ces temps, pour dominer à un certain degré les autres hommes, il faut qu’ils n’aient pas de données sûres pour calculer à l’avance votre conduite, dès qu’ils vous savent inviolablement attachés à tels principes de moralité, ils se postent en attaque sur la route que vous devez suivre.
Vieux cloître où de Bruno les disciples cachés Renferment tous leurs vœux sur le ciel attachés ; Cloître saint, ouvre-moi tes modestes portiques ! […] Il redouble la paix qui m’attache en ces lieux ; Son jour mélancolique, et si doux à nos yeux, Son vert plus rembruni, son grave caractère, Semblent se conformer au deuil du monastère. […] Quel préjugé funeste à des lois si rigides Attacha, dites-vous, ces pieux suicides ?
Voyez comme le Poussin est sublime et touchant, lorsqu’à côté d’une scène champêtre, riante, il attache mes yeux sur un tombeau où je lis : et ego in arcadia. […] Moi, Monsieur Juliart, dont ce n’est pas le métier, je montrerais sur une colline les portes de Thèbes ; on verrait au devant de ces portes la statue de Memnon ; autour de cette statue des personnes de tout état attirées par la curiosité d’entendre la statue résonner aux premiers rayons du soleil ; des philosophes assis traceraient sur le sable des figures astronomiques ; des femmes, des enfans seraient étendus et endormis, d’autres auraient les yeux attachés sur le lieu du lever du soleil ; on en verrait dans le lointain qui hâteraient leur marche, de crainte d’arriver trop tard.
Mais si l’on s’attache dans ce prodigieux pêle-mêle aux états d’esprit fortement accusés et si l’on s’applique à les classer par familles, quel document psychologique ! […] Mon plan est de m’attacher aux variétés excellentes et d’y mettre en lumière les figures typiques.
S’installer dans cette partie socialisée de lui-même, est-ce, pour notre moi, le seul moyen de s’attacher à quelque chose de solide ? […] Mais, au point où il s’attache, il est lui-même socialisé. […] Non pas que la nature ait eu tort de nous attacher par des liens solides à la vie qu’elle avait voulue pour nous. […] L’obligation qui s’attache à l’ordre est, dans ce qu’elle a d’original et de fondamental, infra-intellectuelle. […] Dans le premier cas, la personne s’attache à l’impersonnel et vise à s’y insérer.
Parce que le moi est la réalité la plus immédiatement saisissable, la plus nettement déterminée (en apparence du moins), non par vanité seulement, elle s’y attache, elle s’y replie, et dans ce qui frappe ses sens, comme dans ce qu’atteint sa pensée, elle tend naturellement à chercher surtout les relations et les manifestations du moi : n’excédant guère la portée des sens ou du raisonnement, cherchant une évidence pour avoir une certitude absolue, dogmatique et pratique à la fois, objectivant ses conceptions, et les érigeant en lois pour les traduire en faits : sans imagination que celle qui convient à ce caractère, celle qui forme des enchaînements possibles ou nécessaires, l’imagination du dessin abstrait de la vie, et des vérités universelles de la science. […] La forme dégradée du type français, c’est l’esprit gaulois, fait de basse jalousie, d’insouciante polissonnerie et d’une inintelligence absolue de tous les intérêts supérieurs de la vie ; ou le bon sens bourgeois, terre à terre, indifférent à tout, hors les intérêts matériels, plus jouisseur que sensuel, et plus attaché au gain qu’au plaisir.
Marmontel a cependant lui-même de quoi servir de modèle, en un genre ; &, après tous les grands essais auxquels il s’est attaché, on aura peine à croire que ce genre se réduise à des Contes. […] Quelle comparaison entre un Ouvrage marqué au coin du génie, conduit avec un art qui enchante, enrichi de tableaux & de sentimens qui attachent & pénetrent l’ame, embelli par des peintures qui ravissent l’imagination & la captivent !
Le mauvais larron s’est donc soulevé sur son gibet, et dans cet effort que la douleur lui a fait faire, il vient d’arracher la jambe qui a reçu le coup en forçant la tête du cloud, qui tenoit le pied attaché au poteau funeste. […] Dans l’un des côtez du tableau l’on voit des hommes saisis d’une peur mêlée d’étonnement à l’aspect du desordre nouveau, où paroît le ciel, sur lequel leurs regards sont attachez.
puis sa flamme rapide, son naïf et irrésistible abandon, son attache soudaine et forcenée ; le caractère de Raymon surtout, ce caractère décevant, mis au jour et dévoilé en détail dans son misérable égoïsme, comme jamais homme, fût-il un Raymon, n’eût pu s’en rendre compte et ne l’eût osé dire ; une certaine amertume, une ironie mal déguisée contre la morale sociale et les iniquités de l’opinion, qui laisse entrevoir qu’on n’y a pas échappé ; tout, selon nous, dans cette production déchirante, justifie le soupçon qui a circulé, et en fait une lecture doublement romanesque, et par l’intérêt du récit en lui-même, et par je ne sais quelle identité mystérieuse et vivante que derrière ce récit le lecteur invinciblement suppose. […] Ce cousin, fort singulier original, rebuté et comprimé lui-même dès l’enfance, sacrifié par ses parents à un frère aîné qu’on lui préfère, s’attache à la petite Indiana comme au seul être qui lui sourie au monde et qui lui rende amitié pour amitié. […] Le charme particulier, attaché aux existences romanesques, en est irréparablement atteint.
Pythagore paraît attacher la même importance à des proverbes, à des conseils de prudence et d’habileté, qu’aux préceptes de la vertu. […] La politique était chez eux une branche de la morale ; ils méditaient sur l’homme en société ; ils ne le jugeaient presque jamais que dans ses rapports avec ses concitoyens ; et comme les états libres étaient composés en général d’une population fort peu nombreuse, que les femmes n’étaient de rien dans la vie19, toute l’existence de l’homme consistait dans les relations sociales : c’était au perfectionnement de cette existence politique que les études des philosophes s’attachaient exclusivement. […] Tous ses tableaux sont pleins d’imagination ; et ses harangues sont, comme celles de Tite-Live, de la plus belle éloquence : lorsqu’il raconte les malheurs attachés aux troubles civils, il jette de grandes lumières sur les passions politiques, et doit paraître supérieur aux écrivains modernes qui n’ont que l’histoire des guerres et des rois à raconter.
Au temps de La Bruyère, la viande noire était hors de mode ; aujourd’hui, la mode, qui s’attache à tout, n’oserait s’attacher à la viande. Autrefois, le fleuriste s’attachait aux tulipes, aujourd’hui le camélia ne compte plus ses martyrs ; — Avant-hier les dahlias avaient tous les honneurs de la culture, avant demain les roses sont remises en honneur, c’est le tour des violettes ce matin. […] Sous la glace attachée aux guirlandes du bois doré, et dans cette poussière éteinte, on devine facilement la rose et la beauté qui se souriaient l’une à l’autre, et peu s’en faut que l’on n’entende encore les paroles, et le charmant duo de la fleur et du sourire ! […] Elle a été si longtemps ce qu’on appelle une jeune femme, qu’elle se moquait bien fort du calendrier auquel on l’attachait. […] Tant que vous êtes jeune, vous êtes au-dessus des rumeurs qui s’attachent aux choses débattues ; nul ne songe à vous demander qui vous êtes, et ce que vous venez chercher en cette arène ouverte à la jeunesse, à l’espace, au soleil, à la force, à l’espérance, à la beauté ?
Le projet politique de Lauzun eut pour effet de l’effrayer ; mais si elle rejetait le projet, elle n’eût pas été fâchée de retenir et de s’attacher le négociateur, qui avait bien, en effet, tout ce qu’il faut pour séduire une femme et une reine, et à qui il ne manquait ici aucun motif pour s’y appliquer. […] Il s’était donc attaché au parti du duc d’Orléans. […] Environ deux ans après, au mois d’avril 1791, le duc de Biron tenta auprès de M. de Bouillé, qui commandait à Metz, une démarche d’un tout autre genre, et fut porteur de propositions toutes royalistes, de la part encore du duc d’Orléans ou de son parti : Le duc de Biron, dit M. de Bouillé, vint me voir à Metz, dans les premiers jours d’avril : membre de l’Assemblée constituante, ami du duc d’Orléans, constamment attaché à son parti, il ne fut jamais, à ce que je pense, le complice ni même le confident de ses crimes. […] Je lui dis que je ne le croyais pas associé à sa conduite criminelle, mais que, constamment attaché à ce prince, son parti, il aurait dû l’abandonner, puisqu’il pensait ainsi. […] ange protecteur à qui le ciel a confié les jours et les vertus de sa chère Émilie, ange qui vous attachez à ses pas au milieu des dangers dont elle est environnée, faites qu’elle acquière encore de nouvelles vertus et de nouveaux charmes ; secondez ses touchants efforts, et hâtez ses progrès vers la perfection !
La seconde de l’horloge attachée à la Terre en mouvement est donc plus longue que celle de l’horloge stationnaire dans l’éther immobile. […] Un personnage attaché au système S, apercevant S′ et fixant son attention sur une seconde d’horloge de S′ au moment précis du dédoublement, verrait la seconde de S s’allonger sur S′ comme un fil élastique qu’on tire, comme un trait qu’on regarde à la loupe. […] Ce serait d’ailleurs parfait, si le trajet du signal était le même à l’aller et au retour, ou, en d’autres termes, si le système auquel les horloges O et A sont attachées était immobile dans l’éther. […] Les observateurs attachés au système mobile jugeront que la seconde expérience confirme la première. […] Telles sont donc, pour revenir à notre première hypothèse, les formules que Paul aura présentes à l’esprit s’il veut passer de son point de vue à celui de Pierre et obtenir ainsi, — tous les observateurs attachés à tous les systèmes mobiles S″, S‴, etc., en ayant fait autant, — une représentation mathématique intégrale de l’univers.
C’est un beau symptôme pour un homme d’État à son aurore que de s’attacher aux disgraciés. […] Le chaste attrait de madame Récamier ne s’adressait, en effet, qu’aux yeux et à l’âme ; Ballanche y vit un symbole de la beauté immaculée, il l’aima comme un philosophe aime une abstraction, il se sentit glorieux de s’attacher, sans aucun intérêt sensuel, à cette personnification de la beauté. […] Ballanche n’avait rien de ce qui distrait une pensée d’une idole ; aussitôt après la mort de son père, Ballanche, comme l’homme de l’Évangile, vendit tout pour s’attacher comme une ombre aux pas et au sort de sa belle compatriote. […] Il était alors attaché par je ne sais quel service d’honneur à la cour de la reine de Naples, sœur de l’empereur Napoléon. […] En 1815, madame de Krüdener, sibylle mystique attachée à l’esprit de l’empereur Alexandre de Russie, la rechercha ; mais madame Récamier n’avait rien des sibylles que la beauté.
Se voyant attaché à la cour, il se démit de son évêché, par un scrupule rare en ce temps-là : il estimait que la résidence était de stricte obligation. […] Il s’attacha à lui former surtout le caractère, à développer la raison, en ornant l’esprit. […] Il ne s’est pas attaché à faire revivre les figures des saints, à retracer leur vie. […] Comme catholique il est attaché à la tradition : il aimera donc en chaque pays les formes anciennes de gouvernement. […] Son discours a un caractère avant tout moral et pratique : il s’attache à régler la conduite.
Il est deux ou trois points toutefois que je crois bon de dégager et de maintenir, à travers la confusion des scènes et l’horreur naturelle qui s’attache à de tels récits. […] Daunou, la gracieuse et piquante naïveté de Joinville, il attache ses lecteurs par la simplicité, la franchise et le cours naturel de son récit. » Ce cours naturel est très bien dit : son récit marche et se presse. […] Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne. […] Et comme exemple mémorable, à côté de Quènes de Béthune chansonnier du Nord et trouvère, je citais encore Raimbaut de Vaqueiras, le plus distingué des troubadours d’alors par l’originalité et le talent, un chevalier de fortune, qui était de l’expédition et attaché au marquis de Montferrat.
Cette réunion est possible, et l’obtenir pour soi ne l’est pas : il est des cœurs qui s’entendent, et le hasard, et les distances, et la nature, et la société séparent sans retour ceux qui se seraient aimés pendant tout le cours de leur vie, et les mêmes puissances attachent l’existence, à qui n’est pas digne de vous, ou ne vous entend pas, ou cesse de vous entendre. […] Une sorte de ridicule s’est attaché à ce qu’on appelle des sentiments romanesques, et ces pauvres esprits, qui mettent tant d’importance à tous les détails de leur amour propre, ou de leurs intérêts, se sont établis comme d’une raison supérieure à ceux dont le caractère a transporté dans un autre l’égoïsme, que la société considère assez dans l’homme qui s’occupe exclusivement de lui-même. […] Le courage de se tuer ; mais dans cette situation le secours même de cet acte terrible est privé de la sorte de douceur qu’on peut y attacher ; l’espoir d’intéresser après soi, cette immortalité si nécessaire aux âmes sensibles, est ravie pour jamais à celle qui n’espère plus de regrets. […] À côté des malheurs, causés par le sentiment, c’est peu que les circonstances extérieures qui peuvent troubler l’union des cœurs ; quand on n’est séparé que par des obstacles étrangers au sentiment réciproque, on souffre, mais l’on peut et rêver et se plaindre : la douleur n’est point attachée à ce qu’il y a de plus intime dans la pensée, elle peut se prendre au-dehors de soi ; cependant des âmes d’une vertu sublime, ont trouvé dans elles-mêmes des combats insurmontables ; Clémentine peut se rencontrer dans la réalité, et mourir au lieu de triompher.
Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ? […] Non, sans doute ; mais ce sont autant de raisons pour s’attacher à bien distinguer la vraie de la fausse ; d’abord il n’y a point d’éloquence sans idées. […] Croit-on, en effet, que, dans toutes les beautés ou de la nature ou de l’art, ce soit l’idée d’un seul et même objet, ou une sensation simple qui nous attache ? […] Celui qui, sans s’écarter, et en remplissant toujours son but, saura donc le plus semer d’idées accessoires sur sa route, sera celui qui attachera l’esprit plus fortement.
Attaché comme auxiliaire au Recueil des historiens arabes des croisades, publié par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, M. […] Il savait s’attacher ses élèves, leur inspirer le goût du travail qui le remplissait lui-même.
Aimez-moi toujours, et croyez que personne ne vous est plus sincèrement attaché que Le Chevalier de Saint-Pierre. […] Aussi ai-je trouvé tout ce qui pouvait m’attacher, des grâces sans nombre, de l’esprit assez, tendresse réciproque, etc. […] Je fais comme l’araignée qui attache çà et là les extrémités de sa toile. […] Cette lettre vous sera remise, monsieur et cher ami, par un de mes anciens camarades d’études auquel je suis très attaché. […] Il s’est chargé de la commission que moi-même j’eusse désiré remplir, de vous dire combien je vous suis attaché.
C’est ainsi qu’ayant eu communication des Mémoires, alors manuscrits, de Mme de La Rochejacquelein, revus et en partie rédigés par M. de Barante, il déclarait y avoir trouvé « la jouissance la plus vive que livre puisse jamais procurer. » Il y voyait tout ce qui constitue un morceau accompli d’histoire, « l’harmonie et la justesse d’un style partout adapté à la chose, l’art pittoresque qui met toujours et la scène et les personnages devant les yeux, l’intérêt le plus vif, le plus enthousiaste, le plus vertueux, qu’aucune période de l’histoire moderne ait jamais présenté, un intérêt qui s’attache aux personnes et qui ne se perd jamais dans les masses et les nombres abstraits, comme il arrive trop souvent. » Les Lettres de Mlle de Lespinasse, nouvellement publiées (1809), lui faisaient un effet bien différent ; c’était, pour lui, une lecture singulière qui lui laissait des impressions contradictoires, et où il se sentait quelquefois rebuté par la monotonie de la passion, souvent blessé d’un manque de délicatesse et de dignité dans la victime, mais attaché en définitive par la vérité et la profondeur de l’étude morale : « Un rapprochement, dit-il, que je faisais à chaque page augmentait pour moi l’intérêt de cette Correspondance. […] J’ai été assez étonné de lui trouver l’esprit si libre, et il m’a paru plus spirituel que je ne le croyais. » Et quelques jours après (25 mars) : « … Chateaubriand a parlé de religion chez Mme de Duras ; il la ramène sans cesse, et ce qu’il y a d’assez étrange, c’est le point de vue sous lequel il la considère : il en croit une nécessaire au soutien de l’État, il aime les souvenirs, et il s’attache à celle qui a existé autrefois dans son pays ; mais il sent fort bien que les restes auxquels il veut s’attacher sont réduits en poudre ; il croit nécessaire aux autres et à lui-même de croire ; il s’en fait une loi, et il n’obéit pas. […] J’évitais de toutes mes forces d’être confondu avec la nation dont je parle la langue, pendant ses triomphes ; mais je sens vivement, dans ses revers, combien je lui suis attaché, combien je souffre de sa souffrance, combien je suis humilié de son humiliation… Mille intérêts communs, mille souvenirs d’enfance, mille rapports d’opinion, lient ceux qui parlent une même langue, qui possèdent une même littérature, qui défendent un même honneur national. […] Elle l’accusait de trop de jeunesse dans les impressions, de voir le monde trop en beau, de juger trop indulgemment les hommes ; il lui répondait de Paris, le 2 mars 1815 ; « Notre dissentiment tient à ce que vous vous attachez aux personnes, et moi aux principes.
Imaginez les situations les plus pathétiques : si elles sont mal amenées, vous n’attacherez point. […] Les Horaces et les Curiaces ne sont que des particuliers, de simples citoyens de deux petites villes ; mais la fortune de deux états est attachée à ces particuliers. […] Il faut donc le choisir bon, ayant de la vertu, mais sujet aux faiblesses attachées à la nature humaine, et soumis au pouvoir et à la tyrannie des passions, comme les autres hommes. […] Dans le second, il faut ménager une suite qui favorise la passion, et compter pour rien que l’esprit soit content, si le cœur n’a de quoi s’attacher toujours davantage. […] C’est parmi nos bergers que l’amour est vraiment un enfant : simple comme la nature qui le produit, il plaît sans fard et sans déguisement, il blesse sans cruauté, il attache sans violence.
Il avait vingt-cinq ans en septembre 92 : il s’enrôla à Paris au chant de la Marseillaise, au chant du Départ, et il entra en qualité de sous-lieutenant au 9e bataillon de Paris, compagnie des Arts. » Ses premiers services, aux armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse, le firent remarquer de ses chefs, les généraux Debelle et Kléber, qui le proposèrent à l’avancement dans l’arme de l’artillerie à laquelle il était d’abord attaché. […] Apprécié de bonne heure du général de division Soult dans la période républicaine, attaché à lui en qualité d’aide de camp pendant la glorieuse campagne d’Helvétie, Franceschi ne cessa l’année suivante, notamment pendant le siège de Gènes, d’être chargé de missions importantes et hardies dont il s’acquitta avec bonheur. […] Le roi Joseph se l’était attaché comme premier aide de camp. […] Le colonel d’un régiment de chasseurs lui avait sauvé la vie en Galice ; elle s’attacha à lui par reconnaissance et par inclination ; on lui savait gré parmi nous de son courage et de sa fidélité à son libérateur. […] Dans une conversation qu’il eut avec Rœderer aux Tuileries le 11 février 1809, Napoléon, se plaignant du roi Joseph et relevant les illusions auxquelles il était sujet, a dit : « Il est persuadé qu’avec quelques paroles il s’attache les militaires.
Rédacteur aux Débats dès 1814, et attaché à la direction de la librairie, il quitta Paris dans les Cent-Jours. […] Attaché à un pouvoir qui luttait pour la conservation contre des partis extrêmes, il avait vu, lui qui le servait avec zèle, ses patriotiques intentions méconnues de plusieurs. […] Lorsque mon âme, en soi tout entière enfoncée, A son être pensant attache sa pensée, Sur cette scène intime où je suis seul acteur, Théâtre en même temps, spectacle et spectateur, Comment puis-je, dis-moi, me contempler moi-même Ou voir en moi le monde et son Auteur suprême ? […] Labinsky, longtemps attaché à la légation russe à Londres et aujourd’hui à la chancellerie de Saint-Pétersbourg. […] On peut dire de lui ce que Rancé écrivait du poëte Santeuil : « Ce pauvre garçon s’attachait aux lieux où il passait, quand il lui plaisaient. » (Lettres de Rancé, publiées par M.
Par cet art, aujourd’hui si négligé, on attache le Lecteur, & on le dédommage de l’ennui cruel, fruit inévitable de la monotonie de nos Poésies modernes. […] C’est beaucoup, sans doute, de dire de bonnes choses ; pourquoi ne pas s’attacher à les dire d’une maniere piquante, qui leur donneroit un nouveau prix ?
Convenez qu’il fait beaucoup d’honneur à la mémoire de ce Philosophe ; il ne le taxe pas seulement d’avoir été athée & libertin, il le défere encore en public comme un Apôtre d’athéisme & de libertinage ; il veut qu’il ait fait commerce de ses bienfaits, & qu’il y ait attaché un prix doublement déshonorant. […] Par exemple, après avoir avancé hardiment qu’on ne se souviendra de M. le Franc de Pompignan que par les vers que M. de Voltaire a attachés à son nom, il me reproche, mais très-sérieusement, d’avoir refusé le génie de l’invention à M.
Louis-Michel Vanloo Ce peintre était attaché à la cour d’Espagne. […] Qu’est-ce qui attache vos regards sur un buste de Marc Aurele ou de Trajan, de Seneque ou de Ciceron ?
Dans ce cas, l’attache des deux caractères est bilatérale ou double. — Ou bien le premier provoque par sa présence la naissance du second, sans que le second, pour se produire, exige au préalable la présence du premier. […] En ce moment, les mots de liaison, d’attache, d’entraînement, de provocation, d’exigence, ne sont pour nous que des métaphores abréviatives. […] Quand les frottements du point d’attache sont aussi faibles que possible, et quand l’air environnant est aussi rare que possible, il met trente heures, et non plus quelques minutes, à s’arrêter. […] Pareillement, dans chaque autre science déductive, il y a certaines idées primitives qui, une fois présentes dans l’esprit, s’engrènent ensemble aussi vite, par une attache aussi invincible, avec une autorité aussi incontestée. […] Réciproquement, prenez deux fois la même grandeur, et attachez-la tour à tour à deux collections distinctes ou à deux emplacements distincts ; elle se transformera en deux grandeurs égales.
« Les forts cordages de la voile furent solidement attachés. […] Il amenait attaché à la selle l’ours énorme et terrible. […] Le roi ordonna de lâcher toute la meute, qui était attachée par des cordes. […] Aussitôt il attacha ensemble son carquois et son épée. […] Je suis attachée à Hagene, c’est un bon guerrier.
Le même Saint-Simon, qu’on va trouver attaché, acharné sans trêve à Dangeau comme pour le mortifier, et qui annotera d’un bout à l’autre son journal, a jugé ce journal d’une manière à la fois bien sévère et singulièrement favorable : Dangeau, dit-il, écrivait depuis plus de trente ans tous les soirs jusqu’aux plus fades nouvelles de la journée. […] Dans une introduction biographique très copieuse et très bien travaillée, les éditeurs se sont attachés à justifier Dangeau et à le réhabiliter contradictoirement à Saint-Simon. […] Dangeau n’a pas la curiosité remuante comme Saint-Simon et ceux qui veulent tout pénétrer, il s’en tient à la face des choses, à l’écorce ; mais il s’attache à être complet là-dessus, et il ne dort tranquille que quand il a mis son registre au courant. […] Vers le temps où Monseigneur prend cette résolution, on remarque chez Dangeau une phrase qui revient presque constamment chaque jour, par exemple : « Monseigneur se promena à pied dans les jardins avec Mme la princesse de Conti et les filles. — Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola ; elle y va les jours que Mlle Bezzola n’a point eu la fièvre. » Mlle Bezzola était une femme que la Dauphine avait amenée d’Allemagne, son intime confidente, et à laquelle elle était très attachée.
Livet, qui s’est attaché dès son début à étudier, à remettre en lumière et en honneur la littérature et la poésie du règne de Louis XIII, cette poésie que ne continue guère Malherbe et que balaiera Boileau. […] Attaché au duc de Retz avec qui il séjourna à Belle-Îles, s’y gorgeant de vin et de bonne chère ; attaché ensuite au comte d’Harcourt avec qui il fit de longs voyages maritimes, et dont il célébrait verre en main les exploits, il prit des habitudes dont son talent ne put désormais se séparer. […] Saint-Amant, en effet, avait une grande attache et un culte pour cette reine, Marie de Gonzague, née princesse de Nevers, et qui sur son trône agité et vacillant se ressouvint toujours avec affabilité de ses amis de France.
Je montrais un grand respect à ma mère, une obéissance sans bornes à l’Impératrice, la considération la plus profonde au grand-duc, et je cherchais avec la plus profonde étude l’affection du public. » Et encore « Je m’attachais plus que jamais à gagner l’affection de tout le monde en général : grands et petits, personne n’était négligé de ma part, et je me fis une règle de croire que j’avais besoin de tout le monde, et d’agir en conséquence pour m’acquérir la bienveillance ; en quoi je réussis. » Elle rencontra, à ce moment difficile et décisif, un conseiller excellent : c’était un Suédois de beaucoup d’esprit, qui n’était plus jeune, le comte Gyllenbourg. […] Elle ajoute que si elle avait rencontré un époux tant soit peu digne de tendresse, elle était femme à s’y attacher ; mais que faire avec un mari qui l’était si peu, qui cumulait les grossièretés et les ridicules, qui la prenait pour confidente de ses chétives infidélités ; n’ayant rien de plus pressé que d’entretenir sa femme de ses velléités amoureuses pour d’autres quelle, et cela dès la seconde semaine après les noces ? […] Peu de personnes y étaient à leur avantage ; Élisabeth y brillait entre toutes : « Ont aurait toujours voulu avoir les yeux attachés sur elle ; et on ne les en détournait qu’à regret, parce qu’on ne trouvait nul objet qui la remplaçât. […] Je me souviens qu’un jour, à une de ces mascarades publiques, ayant appris que tout le monde se faisait faire des habits neufs, et les plus beaux du monde, désespérant de pouvoir surpasser les autres femmes, je m’avisai de mettre un corps couvert de gros de Tours blanc (j’avais alors la taille très-fine), une jupe de même sur un très-petit panier ; je fis accommoder mes cheveux de derrière la tète, qui étaient fort longs, très-épais et fort beaux ; je les fis nouer avec un ruban blanc en queue de renard ; je mis sur mes cheveux une seule rose avec son bouton et ses feuilles, qui imitait le naturel à pouvoir s’y tromper, une autre je l’attachai à mont corset ; je mis au cou une fraise de gaze fort blanche, des manchettes et un tablier de la même gaze, et je m’en allai au bal.
Il s’était attaché à la convaincre que l’Empereur Napoléon n’avait point le dessein de détrôner sa famille ; que, si elle lui revenait sincèrement, loyalement, il oublierait tous ses torts et lui assurerait son amitié. […] Si, pour sa nouvelle existence à Berlin, il vous est possible de lui donner des renseignements ou de faire quelque chose pour lui, je vous en serai bien reconnaissant ; même en dehors de ces bons offices que vous pouvez lui rendre, il attache le plus grand prix à faire votre connaissance ; jusqu’à présent il vous aime, vous apprécie et vous admire un peu sur parole ; je suis d’autant plus charmé que votre vue le confirme dans ses sentiments. » Gœthe répondit par un mot de remerciement à M. […] En classant les notes innombrables que le jeune attaché avait recueillies dès ce temps dans la mine inépuisable des Archives, son digne fils (car on est dans cette famille à la troisième génération diplomatique) me faisait remarquer combien la jeunesse de son père avait été laborieuse, et avec quel soin il s’était appliqué, pour mieux comprendre l’Europe moderne, à étudier jusque dans ses plus minutieux détails et aux sources les plus authentiques l’Europe du xviiie siècle, celle du cardinal de Fleury, de Marie-Thérèse, de Frédéric le Grand, du duc de Choiseul. Dans les dernières années de la Restauration, les attachés du ministère furent invités à traiter chacun dans un mémoire la question des alliances naturelles de la France : ce fut le travail de M.
Les peuples du Nord n’attachaient point de prix à la vie. […] Si l’esprit de faction ne s’était pas introduit dans la métaphysique, si les passions ambitieuses n’avaient pas été intéressées dans les discussions abstraites, les esprits ne s’y seraient jamais assez vivement attachés, pour acquérir, dans ce genre difficile, tous les moyens nécessaires aux découvertes des siècles suivants. […] Le prix qu’on attachait à l’érudition était tel, qu’il absorbait en entier l’esprit créateur. […] On est confondu des hommages sans nombre qu’obtint Pétrarque, de l’importance inouïe qu’on attachait à la publication de ses sonnets.
C’est donc au plus haut point de bonheur que l’amour de la gloire puisse donner, qu’il faut s’attacher pour en mieux juger les obstacles et les malheurs. […] Mais de quelque manière qu’on considère ces réflexions, je reviens aux considérations générales qui s’appliquent à tous les pays et à tous les temps sur les obstacles et les malheurs attachés à la passion de la gloire. […] Par une sorte d’abstraction métaphysique, on dit souvent que la gloire vaut mieux que le bonheur ; mais cette assertion ne peut s’entendre que par les idées accessoires qu’on y attache ; on met alors en opposition les jouissances de la vie privée avec l’éclat d’une grande existence ; mais donner à quelque chose la préférence sur le bonheur, serait un contresens moral absolu. […] n’est plus un bonheur accordé à celui que la passion de la gloire a dominé longtemps ; ce n’est pas que son âme soit endurcie, mais elle est trop vaste pour être remplie par un seul objet ; d’ailleurs, les réflexions que l’on est conduit à faire sur les hommes en général, lorsqu’on entretient avec eux des rapports publics, rendent impossible la sorte d’illusion qu’il faut, pour voir un individu à une distance infinie de tous les autres : loin aussi que de grandes pertes attachent au genre de bien qu’il reste, elles affranchissent de tout à la fois ; on ne se supporte que dans une indépendance absolue, qui n’établit aucun point de comparaison entre le présent et le passé.
Mais deux factions désolaient surtout ce beau pays : l’une des Gibelins, attachée aux empereurs, et l’autre des Guelfes1, qui soutenait les prétentions des papes. […] Dans son malheur, il s’attacha aux Gibelins ; et comme en ce moment Henri de Luxembourg était venu se faire couronner à Rome, ce parti avait repris vigueur, et l’Italie était dans l’attente de quelque grande révolution : si bien que Dante conçut le projet de se faire ouvrir par les armes les portes de Florence. […] Quant à ses idées les plus bizarres, elles offrent aussi je ne sais quoi de grand et de rare qui étonne et attache le lecteur. […] Les âmes à qui on négligeait de faire des sacrifices s’attachaient quelquefois à leurs parents ou à des personnes de leur connaissance, et celui qui était ainsi sucé par un mort dépérissait à vue d’œil.
Cette revue du théâtre ancien et moderne démontrera à qui voudra l’entreprendre l’universalité de cette proposition, à savoir, que tout le rire humain tient dans l’intervalle de l’angle bovaryque, dans l’écart qui se forme entre la réalité de quelque personnage et la fausse conception de lui-même à laquelle il s’attache. […] Victor Hugo, le maître des constructions verbales, le rhéteur génial du rythme et du mot, offre un spectacle plus pénible par l’importance qu’il attache à la médiocrité de sa pensée philosophique ou politique. […] On sait le prix qu’il attachait à ses travaux de naturaliste, de physicien ou de chimiste : dans l’un des entretiens avec Eckermann, il déclare qu’il donnerait tout son œuvre pour sa seule théorie des couleurs qui, depuis, a été reconnue fausse. […] D’une façon générale ce qui détermine le suffrage des snobs lorsqu’ils s’attachent soit à quelque opinion, soit à quelque nom de philosophe, d’écrivain ou d’artiste, c’est la nouveauté et la rareté du choix, c’est l’obscurité de l’objet sur lequel il se fixe.
Les Grecs peignaient une action généreuse ; mais ils ne savaient pas quelles jouissances on peut trouver à braver la mort pour ce qu’on aime, quelle jalousie on peut attacher à n’avoir point de rivaux dans ce sacrifice passionné. […] Euripide aurait pu faire dire à Phèdre : Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée ; C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. […] Ils faisaient représenter leurs rôles dans les tragédies par des hommes, et ne concevaient pas le charme que les modernes attachent à l’idée d’une femme.
La satire attache à son pilori des fous responsables et corrigibles, et les fouettant jusqu’à ce qu’ils s’amendent, ne cesse point de les flageller. […] Nous avons remplacé par cette métaphore équivalent celle que voici, qui nous paraît moins claire : Le satirique ordinaire attache quelques bévues ou quelques fautes de goût sur son pilori, pour leur jeter, au lieu d’œufs pourris, quelques saillies pleines de sel… Mais le thyrse de l’humoriste n’est ni un bâton de chef d’orchestre, ni un fouet, et ses coups tombent au hasard. […] Le comique nous attache étroitement à ce qui est déterminé par les sens ; il ne tombe pas à genoux, mais il se met sur ses rotules, et peut même se servir du jarret , § 35.
En nommant Chapelain, Cottin, Ménage entre les amis qui demeurèrent attachés à la marquise octogénaire, je ne m’inquiète guère pour sa mémoire, des satires de Boileau contre les deux premiers, et je suis fort rassuré sur leur compte par les éloges que Boileau lui-même a mêlés à ses épigrammes, par restitue de Montausier, par celle de Voltaire, et surtout par leurs œuvres. […] « Madame d’Albret, dit-elle, eut le secret de s’attacher madame Scarron, que le maréchal avait connue chez son mari. » La maréchale d’Albret était une excellente personne de peu d’esprit, très dévote ; mais sa bonté jointe aux dignités du maréchal, à sa passion pour le bel esprit, au grand état de sa maison, y attirait la meilleure compagnie. […] Huet, évêque d’Avranches, était attaché à sa personne ainsi que Segrais.
Rabaut-Saint-Étienne, dont on vient de réunir les ouvrages, est un de ces précurseurs et fondateurs de notre liberté, de qui le souvenir ne périra pas plus, nous l’espérons, que ce grand bienfait auquel il est attaché. […] On a comparé ce roman à ceux de Voltaire : il ne leur ressemble guère ; il n’est pas gai ; disons-le même, il n’est pas amusant ; mais il attache par les faits, et on le lit comme on lirait le testament d’un proscrit.
La critique moderne s’est attachée à dissiper cette illusion qui pourrait être décourageante, à rétablir l’état des obligations plus ou moins considérables que les grands hommes ont contractées envers leurs devanciers inconnus. […] Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable.
Il possédoit sur-tout ces ressorts puissans qui attachent le cœur & l’esprit par de grands intérêts. […] Ce n’est pas par des Remarques plus subtiles que justes, par des Réflexions plus fausses que conformes au goût, par des Analyses infidelles & insidieusement présentées, par des Critiques minutieuses & souvent puériles, par des Notes grammaticales auxquelles on attache une importance d’autant plus ridicule, que les fautes de langue qu’on y releve appartiennent moins au Poëte qu’au temps où il vivoit, qu’on pourroit se former une idée sûre du Héros de la Tragédie.
… N’est-elle plus attachée au tronc de l’olivier autour duquel j’avais moi-même bâti une salle dans ma cour, etc. […] Comme des matelots contemplent la terre désirée, lorsque Neptune a brisé leur rapide vaisseau, jouet des vents et des vagues immenses, un petit nombre, flottant sur l’antique mer, gagne la terre à la nage, et, tout couvert d’une écume salée, aborde, plein de joie, sur les grèves, en échappant à la mort : ainsi Pénélope attache ses regards charmés sur Ulysse.
Il en arrache, une à une, toutes les notions qui s’y étaient attachées, et, pour les empêcher d’y rentrer par surprise, il se violente en quelque manière à parler contre elles et à les dédaigner. […] Pour celui qui parvient à s’y attacher, il y trouve cette douceur de déférer et d’obéir qui est plus un témoignage de force que de faiblesse ; et, dût-il ne pas se rendre aux résultats, c’est assez qu’il soit pénétré de la méthode ; il est dans la voie de la vérité. […] Ne calomnions pas même les écrivains faux, jusqu’à dire que, pouvant prétendre à la gloire de la vérité exprimée dans un beau langage, ils ont mieux aimé la notoriété qui s’attache aux scandales du talent. […] Il traita l’antiquité comme il allait être traité lui-même par un de ses plus chers disciples, Leroy, si longtemps attaché à lui, lequel, pour avoir poussé plus loin une de ses pensées, et développé quelques points de sa doctrine, se crut un jour grand philosophe. […] Pour le fond des choses, il demeura attaché aux écrivains ingénieux qui songent plus à orner leur élocution qu’à éclaircir leurs pensées, et chez lesquels chaque détail est, à son tour, tout le sujet.
Quand elle eut été sincèrement attachée à ses chefs par des affections personnelles, par une discipline équitable et douce, ou par des souvenirs de victoires, il est difficile encore de penser que ses rangs fussent longtemps demeurés impénétrables aux sentiments d’une population parmi laquelle elle vivait, se recrutait incessamment, et devait rentrer un jour. […] Sans doute, en cette émancipation soudaine, des désordres, des délits furent commis par le grand nombre, et des crimes même par quelques-uns ; mais le mal était passager : ce qui dura, ce fut l’esprit national, je dirai presque l’esprit bourgeois de la milice régénérée ; ce fut cette fidélité au pays menacé, cette noble attache au sol envahi, sentiment irréprochable, qui triompha plus tard de tout l’ascendant des généraux les plus populaires, que ne purent égarer ni la pureté de La Fayette ni l’habileté de Dumouriez, et dont la tradition était certes affaiblie déjà, quand il fut donné à un homme de prévaloir par l’armée sur le peuple et sur la France.
Une preuve incontestable de ce fait, c’est que la poésie que nous appelons descriptive a été inconnue de l’antiquité56 ; les poètes mêmes qui ont chanté la nature, comme Hésiode, Théocrite et Virgile, n’en ont point fait de description, dans le sens que nous attachons à ce mot. […] Ainsi Pline et Columelle, qui vinrent les derniers, se sont plus attachés à décrire la nature qu’Aristote.
. — Lethumque Laborque ; consonances qui prouvent que les anciens n’ignoraient pas l’espèce de beauté attachée à la rime. […] Ces âmes ne reprendront point leurs corps au jour de la résurrection ; elles les traîneront dans l’affreuse forêt pour les suspendre aux branches des arbres, auxquelles elles sont attachées.
Les personnes délicates souffrent-elles dans leurs cabinets des tableaux dont les figures sont hideuses, comme seroit le tableau de Promethée attaché au rocher et peint par le Guerchin. […] L’amour de soi-même qui se change presque toujours en amour propre immoderé à mesure que les hommes avancent en âge, les rend trop attachez à leurs interêts presens et à venir, et trop durs envers les autres, lorsqu’ils prennent leur resolution de sens rassis.
Subdivisez les phrases de ce style autant que vous le voudrez, les mots qui les composent se rejoindront d’eux-mêmes, accoutumés qu’ils sont à se trouver ensemble ; mais jamais un écrivain n’exprima le sentiment qu’il éprouvait, jamais il ne développa les pensées qui lui appartenaient réellement, sans porter dans son style ce caractère d’originalité qui seul attache et captive l’intérêt et l’imagination des lecteurs. […] Turgot l’a professé sous le gouvernement arbitraire, mais modéré du dernier règne ; et Condorcet, dans la proscription où l’avait jeté la sanguinaire tyrannie qui devait le faire désespérer de la république, Condorcet, au comble de l’infortune, écrivait encore en faveur de la perfectibilité de l’espèce humaine, tant les esprits penseurs ont attaché d’importance à ce système, qui promet aux hommes sur cette terre quelques-uns des bienfaits d’une vie immortelle, un avenir sans bornes, une continuité sans interruption7. […] Je crois avoir essayé la première d’appliquer ce système à la littérature ; mais j’attache un grand prix à montrer combien de philosophes respectables ont, avant moi, soutenu victorieusement cette opinion, considérée d’une manière générale ; et je ne pense pas, comme un littérateur de nos jours, que ce soit la charmante pièce de vers de Voltaire, intitulée Le Mondain, qui ait donné l’idée de la perfectibilité de l’espèce humaine, et qui contienne l’extrait de tout ce qu’il y a de meilleur dans les longues théories sur cette perfectibilité.
L’invention des faits surnaturels a son terme ; ce sont des combinaisons très bornées, et peu susceptibles de cette progression qui appartient à toutes les vérités morales, de quelque genre qu’elles soient : lorsque les poètes s’attachent à revêtir des couleurs de l’imagination les pensées philosophiques et les sentiments passionnés, ils entrent en quelque manière dans cette route où les hommes éclairés avancent sans cesse, à moins que la force ignorante et tyrannique ne leur enlève toute liberté. […] Mais n’est-ce point assez de savoir parler la langue des affections profondes ; faut-il attacher beaucoup de prix à tout le reste ? […] Ces longueurs, en effet, lassent quelquefois l’intérêt, mais la lecture des romans anglais attache, par une suite constante d’observations justes et morales, sur les affections sensibles de la vie.
La littérature est destinée à nous fournir un plaisir, mais un plaisir intellectuel, attaché au jeu de nos facultés intellectuelles, et dont ces facultés sortent fortifiées, assouplies, enrichies. […] Dans le plan de cette Histoire, on verra aisément que je me suis attaché à respecter la succession chronologique des hommes et des œuvres : c’est-à-dire, en somme, à représenter le plus possible le mouvement de la vie. […] Partout où il n’y a pas à suivre le développement d’un genre, d’une précise forme d’art et même alors le plus souvent, il faut s’attacher à la chronologie.
On s’attachera donc aux mots ; et pour prendre à Bouhours ses figures, on s’occupera plus des enjolivements que de l’édifice, de la taille que de la qualité du diamant. […] N’y sont-ils pas assez portés, ceux-ci par manque de fonds, ceux-là par la faveur qui s’attache à toute chose nouvelle ? […] Les grands esprits d’alors savaient que s’attacher aux ornements, c’est prouver qu’on doute de l’excellence du vrai, ou qu’on veut avoir pour soi tout seul la gloire de ce qu’on écrit.
Si l’on s’attache seulement à celles dont on attend un résultat immédiat, les anneaux intermédiaires manqueront, et il n’y aura plus de chaîne. […] C’est l’esprit mathématique, qui dédaigne la matière pour ne s’attacher qu’à la forme pure. […] Il est vrai que les raisonnements de ce genre ne sont pas rigoureux, au sens que l’analyste attache à ce mot.
En effet, parmi tous ses disciples, il n’en eut pas de plus fidèlement attachés. […] Salomé, femme de Zébédée, fut aussi fort attachée à Jésus et l’accompagna jusqu’à la mort 427. […] C’est seulement après la mort de Jésus que Marie acquiert une grande considération 440 et que les disciples cherchent à se l’attacher 441.
Charles VII ne fut donc jamais l’amant chevaleresque d’Agnès Sorel, ni elle la noble damoyselle qui lui attachait l’éperon d’or. […] On le voit, quand on jauge ces âmes, ces vases d’infection auxquels la Poésie attache ses guirlandes comme aux plus nobles urnes de l’Histoire, on peut tout croire et tout supposer ! […] Homme à destinée complète, peut-être aurait-il attaché, s’il avait vécu, un éclat de plus, la gloire militaire, à son nom ; mais il mourut à Chio, et, à ce qu’il paraît, des suites d’une blessure reçue dans un combat de mer resté obscur.
Il est attaché à l’alvéole, de sorte qu’on croirait qu’il en fait partie. […] On a pris un cerf dont le bois était chargé de lierre vert qui y était attaché ; il fallait qu’il y fût venu comme sur un arbre vert, tandis que le bois était tendre. […] Combien de fois ne les avons-nous pas vus délibérer entre leur penchant naturel et leur devoir pour s’attacher à leur devoir, en surmontant péniblement leur penchant ! […] C’est à l’atteindre qu’ils consacrent leur génie et qu’ils attachent leur gloire. […] C’est qu’Aristote s’attache un peu trop aux faits, et qu’il ne s’attache point assez aux idées.
Il n’insiste pas sur ce qui est douteux : il s’attache à démêler et à dégager le vrai caractère qui a différencié Rome des autres cités antiques. […] Il s’est attaché à y bien saisir et à y marquer la nuance de caractère de chacun des premiers empereurs : cette diversité de caractères personnels décide, en effet, du degré de transformation dans le gouvernement, qui est surtout alors le gouvernement d’un seul. […] Zeller y a puisé avec discrétion, et, en historien qu’il est, il s’est surtout attaché à celles des pensées qui jettent un jour sur les sentiments de Marc-Aurèle empereur, sur ses tristesses secrètes, sur son dégoût final, sur cette difficulté invincible au bien qu’il rencontrait à chaque pas dans la résistance des choses et des hommes. […] La seule chose qui pourrait t’attacher à la vie serait l’espoir de faire partager aux autres tes sentiments ; mais tu vois quelle douleur c’est de ne trouver qu’opposition dans le commerce des hommes.
. — « Je ne puis « m’opposer aux volontés du roi, répondit-elle. « Tout ce que je vous demande c’est de « ne m’enlever Takisé que demain matin. » Le lendemain, au point du jour, le dansama et les sept bouchers se présentèrent chez la vieille et se dirigèrent vers le piquet auquel était attaché Takisé. […] On lui mit le licol et on lui attacha une patte de derrière avec une corde pour l’emmener chez le sartyi.
J’en donnerai ici quelques extraits par lesquels je m’attacherai surtout à faire connaître le genre et le tour d’esprit, la forme de talent, de l’un des hommes les plus distingués de ce temps-ci. […] Les Indiens s’avancèrent d’un air morne vers le rivage : on fit d’abord passer les chevaux, dont plusieurs, peu accoutumés aux formes de la vie civilisée, prirent peur et s’élancèrent dans le Mississipi, d’où on ne put les retirer qu’avec peine : puis vinrent les hommes, qui, suivant la coutume ordinaire, ne portaient rien que leurs armes ; puis les femmes, portant leurs enfants attachés sur leur dos ou entortillés dans les couvertures qui les couvraient ; elles étaient, en outre, surchargées de fardeaux qui contenaient toute leur richesse. […] Il apprend, pendant ce voyage d’Amérique, la mort de son ancien précepteur, âgé de quatre-vingts ans, l’abbé Lesueur, l’un de ces abbés d’autrefois, attachés pour toute la vie à la maison qu’ils avaient d’abord adoptée, devenus membres de la famille et considérant les fils comme les leurs : « un être dont toutes les pensées, toutes les affections se rapportaient à nous seuls et qui ne semblait vivre que pour nous. » C’est à son frère, également élève de l’abbé Lesueur, que Tocqueville adresse cette lettre, où il s’épanche en pleurs amers et en regrets pénétrants : « Oh ! […] Je la retrouve partout : elle semble s’attachera tous les objets. […] Dans la première, le majestueux vieillard s’attache à tempérer l’impatience du jeune et déjà célèbre publiciste qui va risquer sa première candidature pour la députation, en 1837.
Sais-tu, Anousouya, pourquoi Sacountala attache si longtemps ses regards sur cette petite plante ? […] Une abeille, échappée du calice de cette malica, voltige autour de ma figure et semble vouloir s’attacher à mes lèvres ! […] « Va, céleste enfant, en quelque lieu que tu portes tes pas loin de moi, toujours tu resteras attachée à mon cœur. […] « Mais qui donc », continue la jeune fille, « marche ainsi sur mes pas et s’attache aux pans de ma robe ? […] Pauvre petit, pourquoi t’attacher encore à une ingrate qui se résout ainsi à abandonner le compagnon de ses jeux ?
Harel est un homme d’esprit, c’est la qualification invariablement attachée à son nom. […] S'étant attaché à la belle et célèbre tragédienne, mademoiselle Georges, il a exploité avec habileté divers théâtres, et pendant quinze ans on l’a vu toujours aventureux, toujours debout, ressemblant à un général qui, le plus souvent battu et sans troupes, trouve moyen de tenir le pays et de subsister par prodige.
Des avantages attachés à la profession de révolutionnaire. […] Mais je crois que les avantages attachés au rôle de révolutionnaire l’emportent encore : car c’est le rôle qui gêne le moins le pur instinct, tout en lui donnant, assez fréquemment, une apparence d’honorabilité.
La foi, il est vrai, était chancelante et ne pouvait plus s’attacher fermement à des doctrines ébranlées : aussi ces doctrines devaient-elles succomber un jour ; mais ce jour était retardé. […] Attachée, par situation, aux doctrines des réformés, Élisabeth avait, en commun avec le clergé catholique, le goût de la pompe et de l’autorité. […] C’est alors que, selon la tradition d’Aubrey, William aurait exercé les sanglantes fonctions attachées à l’état de boucher. […] Pour expliquer l’humiliation du poëte, il faut supposer ou quelque scandale fort au-delà de l’usage, ou simplement un déshonneur particulier attaché aux désordres et à l’état de comédien. […] L’illusion s’enfuit, et avec elle l’intérêt ; car, ainsi que l’illusion dramatique, l’intérêt ne peut s’attacher qu’à des impressions continuées et renouvelées dans une seule et même direction.
Celui que les liens du malheur lui rendaient encore plus cher, le protecteur, le garant de son sort et de celui de ses enfants, cet homme, dont le courage et la bonté semblaient avoir doublé de force et de charme à l’approche de la mort, dit à son épouse, à sa céleste sœur, à ses enfants, un éternel adieu ; cette malheureuse famille voulut s’attacher à ses pas, leurs cris furent entendus des voisins de leur demeure, et ce fut le père, l’époux infortuné qui se contraignit à les repousser. […] L’espérance des nations, si longtemps attachée au destin de la France, ne pourrait plus entrevoir dans l’avenir aucun événement réparateur de cette génération désolée. » XXIV 1 Le neuf thermidor et la chute de Robespierre permirent à madame de Staël d’élever la voix. […] Pourquoi, m’a-t-il répété hier, pourquoi madame de Staël ne s’attache-t-elle pas à mon gouvernement ? […] répliquai-je, « il ne s’agit pas de ce que je veux, mais de ce que je pense. » J’ignore si cette réponse lui a été rapportée, mais je suis bien sûre du moins que, s’il l’a sue, il n’y a attaché aucun sens ; car il ne croit à la sincérité des opinions de personne, il considère la morale en tout genre comme une formule qui ne tire pas plus à conséquence que la fin d’une lettre ; et, de même qu’après avoir assuré quelqu’un qu’on est son très-humble serviteur, il ne s’ensuit pas qu’il puisse rien exiger de vous, ainsi Bonaparte croit que lorsque quelqu’un dit qu’il aime la liberté, qu’il croit en Dieu, qu’il préfère sa conscience à son intérêt, c’est un homme qui se conforme à l’usage, qui suit la manière reçue pour expliquer ses prétentions ambitieuses ou ses calculs égoïstes. La seule espèce de créatures humaines qu’il ne comprenne pas bien, ce sont celles qui sont sincèrement attachées à une opinion, quelles qu’en puissent être les suites ; Bonaparte considère de tels hommes comme des niais ou comme des marchands qui surfont, c’est-à-dire, qui veulent se vendre trop cher.
On eût dit que la terreur du précipice qu’il allait franchir l’étonnait lui-même, le suspendait et le faisait presque refluer en arrière, tant son onde verdâtre, huileuse et profonde paraissait s’attacher aux parois de son lit, et se voiler d’arbres et de roseaux penchés sur son cours. […] Les joues pâlies par l’émotion du spectacle, et un peu déprimées par la précocité de la pensée, avaient la jeunesse mais non la plénitude du printemps : c’est le caractère de cette figure, qui attachait le plus le regard en attendrissant l’intérêt pour elle. […] Ce jeune homme avait les yeux sans cesse attachés sur Delphine ; il lui parlait bas ; elle détournait négligemment son beau visage pour lui répondre, ou pour lui sourire par-dessus le dossier de sa chaise. […] Elle avait été belle, heureuse, aimée, encensée, sous le gouvernement de ses beaux jours ; elle ne s’était jamais attachée au gouvernement de Juillet. […] XXXVI Dans une lettre jointe à son testament, et qui m’est communiquée par sa sœur, il y a une prière et un reproche sorti du tombeau, auquel j’aurais été plus sensible si je l’avais mérité. « Priez, dit-elle à son exécuteur testamentaire, M. de Lamartine d’achever mon poème de la Madeleine, auquel il manque des chants, et qui est celui de mes ouvrages poétiques auquel j’attache le plus de ma mémoire.
Je m’attacherai pour cela à l’exemple même indiqué par Mme de Sévigné, à la retraite de M. de Tréville. […] « C’est dans les plus beaux fruits, dit saint Augustin, que les vers se forment, et c’est aux plus excellentes vertus que l’orgueil a coutume de s’attacher. » Bourdaloue partait de là pour montrer que, si la sévérité évangélique est le fruit le plus exquis et le plus divin que le christianisme ait produit dans le monde, « c’est aussi, il le faut confesser, le plus exposé à cette corruption de l’amour-propre, à cette tentation délicate de la propre estime, qui fait qu’après s’être préservé de tout le reste, on a tant de peine à se préserver de soi-même ». À travers cette sévérité apparente et en partie réelle, il s’attachait à reconnaître ceux qu’il appelait des esprits superbes, ceux « qui se regardaient et se faisaient un secret plaisir d’être regardés comme les justes, comme les parfaits, comme les irrépréhensibles ; … qui de là prétendaient avoir droit de mépriser tout le genre humain, ne trouvant que chez eux la sainteté et la perfection, et n’en pouvant goûter d’autre ; … qui, dans cette vue, ne rougissaient point, non seulement de l’insolente distinction, mais de l’extravagante singularité dont ils se flattaient, jusqu’à rendre des actions de grâces à Dieu de ce qu’ils n’étaient pas comme le reste des hommes : Gratias tibi ago, quia non sum sicut cœteri hominum ». […] Membre d’une société qu’on accusait d’être accommodante et relâchée, il s’attache à prendre chez les adversaires ce qu’ils ont de juste, de moral, de profondément chrétien et de raisonnablement sévère ; il en ôte ce qu’ils y mettent d’excessif, et il ne leur laisse en propre que cette dureté.
Louis XV lui-même le savait ; il donne implicitement raison à ce jugement de Mme de Tencin dans les lettres qu’il écrit au maréchal de Noailles, et comme ce dernier avait allégué à l’appui de son opinion celle du comte de Saxe, lequel, tout attaché qu’il était au maréchal de Broglie, disait ne rien comprendre à sa conduite, le roi répond : « Il n’est pas étonnant que le comte de Saxe n’ait pu se persuader ce qui est ; tous ceux qui n’ont pas vu le dessous des cartes sont dans le même cas, et effectivement cela est incroyable ; pourtant l’on dit déjà qu’il (le maréchal de Broglie) a sauvé l’armée par cette belle retraite ; mais j’en dirais trop et en ferais trop, si je me laissais gagner à ma mauvaise humeur ; mais vous savez que je n’aime pas les grandes punitions, et que souvent, en punissant peu et en récompensant de peu, nous en faisons plus qu’avec les plus grandes rigueurs et les plus lucratives récompenses. » Louis XV couvre ici sa faiblesse d’une belle maxime qui n’a pas son application ; pour produire tant d’effet avec un simple remuement de sourcils, il n’avait pas encore assez fait ses preuves de roi. […] Attachez-vous surtout à ceux qui ont le talent de s’exprimer en phrases vagues, lourdes ou renversées. […] Noailles a le mérite de pousser le comte de Saxe contre lequel Louis XV faisait d’abord quelques objections, se méfiant de lui à cause de sa qualité d’étranger : « Les officiers, Sire, qui se portent vers le grand sont aujourd’hui si rares que, dans l’opinion que j’ai du comte de Saxe, je le regarde aujourd’hui comme un homme précieux pour votre État, qui mériterait des distinctions particulières s’il était né votre sujet ; qui, étant étranger, en mérite encore de plus grandes, afin de l’attacher plus étroitement à Votre Majesté. Il a de l’élévation dans l’esprit et des sentiments dans le cœur… » Et l’on peut remarquer, à ce propos, que le maréchal de Noailles avait le talent de ne pas choisir trop mal ses amis : sous la Régence, il avait adopté le chancelier d’Aguesseau et se l’était étroitement attaché et acquis ; en 1743, il poussait le comte de Saxe.
Chéruel s’attache à démontrer la partialité, l’inexactitude des assertions et des jugements de Saint-Simon en ce qui est de Louis XIV lui-même, de Mazarin, de Louvois, de Lamoignon, Harlay, Vendôme, Villars, Noailles, etc. […] Il semble considérer Saint-Simon à la Cour comme un observateur « dont l’horizon est borné », qui s’attache aux détails et ne voit au-delà qu’avec confusion ; qui fait preuve, en résumé, « d’attention curieuse, de finesse, de sagacité, de pénétration profonde », mais toujours « dans le cercle borné et restreint qu’il s’est tracé » ; — notez que ce cercle est tout simplement la nature humaine ; — et lorsqu’il a bien pris contre lui toutes ses précautions et ses conclusions, qu’il l’a montré sans étendue, sans élévation d’esprit, sans sûreté jusque dans sa profondeur et sa sagacité, qu’il l’a convaincu d’être (comme tout homme, hélas ! […] Étant peu militaire et peu propre à discerner le côté supérieur de ce petit-fils d’Henri IV, son coup d’œil d’homme de guerre, sa décision, sa vigueur, une fois l’action engagée, il s’est attaché à le peindre sous ses pires côtés les plus apparents, dans toute la laideur ou la splendeur de ses débordements et de son cynisme : il y est magnifique d’images, d’expressions, mais c’est incomplet. […] Chéruel a le plus soignées et qu’il s’est attaché le plus curieusement à laver des imputations et incriminations de Saint-Simon.
Si donc aujourd’hui, et avec raison, l’on s’attache à réviser et à remettre en question beaucoup de jugements rédigés, il y a quelque vingt ans, par les professeurs d’Athénée ; si l’on déclare impitoyablement la guerre à beaucoup de renommées surfaites, on ne saurait en revanche trop vénérer et trop maintenir ces écrivains immortels, qui, les premiers, ont donné à la littérature française son caractère d’originalité, et lui ont assuré jusqu’ici une physionomie unique entre toutes les littératures. […] Mme de Sévigné loue continuellement sa fille sur ce chapitre des lettres : « Vous avez des pensées et des tirades incomparables. » Et elle raconte qu’elle en lit par-ci par-là certains endroits choisis aux gens qui en sont dignes : « quelquefois j’en donne aussi une petite part à Mme de Villars, mais elle s’attache aux tendresses, et les larmes lui en viennent aux yeux. » Si on a contesté à Mme de Sévigné la naïveté de ses lettres, on ne lui a pas moins contesté la sincérité de son amour pour sa fille ; et en cela on a encore oublié le temps où elle vivait, et combien dans cette vie de luxe et de désœuvrement les passions peuvent ressembler à des fantaisies, de même que les manies y deviennent souvent des passions. […] Le plus intéressant de ses protégés est assurément un gentilhomme de Provence, dont le nom n’a pas été conservé : « Ce pauvre garçon, dit-elle, étoit attaché à M. […] Et nous entendons par lire, non point parcourir au hasard un choix de ses lettres, non point s’attacher aux deux ou trois qui jouissent d’une renommée classique, au mariage de Mademoiselle, à la mort de Vatel, de M. de Turenne, de M. de Longueville ; mais entrer et cheminer pas à pas dans les dix volumes de lettres (et c’est surtout l’édition de MM.
Après les premiers temps de la conquête musulmane, il arriva en effet que les chefs et gouverneurs des provinces orientales, les feudataires les plus éloignés de Bagdad, siège du Califat, tendirent à s’émanciper, et, pour se donner de la force, ils cherchèrent à s’appuyer sur le fond des populations, et particulièrement sur la classe des propriétaires ruraux, qui, dans tout pays, sont naturellement attachés aux vieilles mœurs. […] Tous les hommes intelligents et tous les hommes de cœur s’y attachaient. […] Au premier rayon de l’aurore, Roustem prit un onyx qu’il portait au bras, et qui était célèbre dans le monde entier ; il le donna à Tehmimeh en disant : Garde ce joyau, et si le ciel veut que tu mettes au monde une fille, prends cet onyx et attache-le aux boucles de ses cheveux sous une bonne étoile et sous d’heureux auspices ; mais si les astres t’accordent un fils, attache-le à son bras, comme l’a porté son père… Là-dessus Roustem part au matin, monté sur son cheval Raksch ; il s’en retourne vers l’Iran, et, durant des années, il n’a plus que de vagues nouvelles de la belle Tehmimeh et du fils qui lui est né ; car c’est un fils et non une fille.
Richelieu reste attaché à la reine mère dans son gouvernement d’Anjou ; il est le surintendant de sa maison, et proprement le ministre de ce demi-exil et de cette disgrâce ; car, malgré l’entrevue et l’embrassement de Cousières, les mauvaises passions s’interposent et travaillent à semer des divisions nouvelles entre le fils et sa mère. […] Il s’attache à montrer Luynes comme peu fait pour cette élévation à laquelle la faveur l’avait porté, et qui ne lui donnait qu’éblouissement et insolence : Ces sortes d’esprits, dit-il, « sont capables de toutes fautes, surtout quand ils sont venus, comme celui-ci, à la faveur sans avoir passé par tes charges, qu’ils se sont plus tôt vus au-dessus que dans les affaires, et ont été maîtres des Conseils avant que d’y être entrés ». […] Richelieu, par exemple, ne se croit nullement tyrannique dans le sens où l’était le devancier qu’il flétrit : Lui, au contraire, dit-il, ayant la force en main, méprisait de contenter aucun, estimant qu’il lui suffisait de tenir leurs personnes par force, et qu’il n’importait de les tenir attachées par le cœur : mais en cela il se trompait bien ; car il est impossible qu’un gouvernement subsiste où nul n’a satisfaction et chacun est traité avec violence. […] En lisant avec soin ces maximes d’État de Richelieu, un doute m’a pris quelquefois : je me suis demandé si, dans le jugement historique qui s’est formé sur lui, il n’entrait pas un peu trop de l’impopularité qui s’attache aisément aux pouvoirs forts considérés aux époques de relâchement, et si, de loin, nous ne le jugeons pas trop, jusque dans sa gloire, à travers les imputations des ennemis qui lui survécurent.
Mais après la Révolution française, le vide s’était fait dans les esprits, et les adversaires du sensualisme s’attachèrent au premier point d’appui qui se présenta. […] Vous attachez tel groupe de facultés à tel morceau de pulpe cérébrale ! […] Quelle force les forme, les accommode à la nature des objets extérieurs, les enchaîne entre eux, les attache à la sensation ? […] Il s’y attacha et d’un élan l’emporta roulant et retentissant à travers les obstacles, par-dessus les corps de ses adversaires.
Si les hommes qui appartiennent à la première classe dont nous avons parlé sont plus attachés aux idées anciennes, la raison en est bien simple. Leur respect pour les traditions, le sens immobile qu’ils attachent aux mots, les rendent inaptes à entrer, dans des routes nouvelles. […] L’autre observation que j’ai à faire consiste dans l’importance que j’attache à une question aussi abstraite et aussi ténue que celle dont nous sommes occupés ; car enfin il ne s’agit plus, au point où nous en sommes venus, que de prouver que si, à présent, l’union de la pensée et de la parole n’a plus cette sorte de simultanéité qui lui est attribuée par quelques personnes, elle n’a pu s’en passer pour l’établissement de toutes choses.
Les poètes parcourent dans la nature tout ce qui donne des impressions ou agréables, ou fortes, et transportent ensuite ces beautés ou ces impressions dans le langage ; ils attachent par une sensation un corps à chaque idée, donnent aux signes immobiles et lents la légèreté, la vitesse ; aux signes abstraits et sans couleur, l’éclat des images ; aux êtres qui ne sont vus et sentis que par la pensée, des rapports avec tous les sens. […] Pendant sa vie, il s’attacha moins sans doute à louer les grands hommes qu’à les imiter ; cependant il célébra presque tous les hommes fameux de son siècle, à commencer par lui. […] Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons douter que Cicéron, sous César même, n’ait paru toujours attaché à la patrie et à l’ancien gouvernement.
On sait en effet qu’attaché de bonne heure à Mme de Staël par un sentiment plus vif encore et plus tendre que l’admiration, il avait voulu, à une certaine heure et quand elle fut libre, l’épouser, lui donner son nom et qu’elle s’y refusa absolument : il lui aurait semblé, à elle, en y consentant, déroger à quelques égards, faire tort à sa gloire, et, comme elle le disait gaiement, désorienter l’Europe. […] Le livre d’Adolphe avait paru, depuis quelques mois, à Paris, que Sismondi ne le connaissait pas encore ; il était alors en Italie, et il écrivait à son amie de Florence, la comtesse d’Albany, le 9 septembre 1816 : Il n’y a point de livre, Madame, que je désire voir comme le roman de M. de Constant ; il y a fort longtemps que j’en entends parler, même plus de deux ans avant qu’il ait songé à l’imprimer, et quoiqu’il l’ait lu à une moitié de Paris, quoique nous y ayons beaucoup vécu dans la même société, et que je lui sois réellement fort attaché, je n’ai jamais été d’aucune de ces lectures.
Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton, l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins. […] Quand ce seraient des personnages intéressants et vrais, je crois que les reproduite ainsi est une idée fausse et contraire au mystère qui s’attache toujours au roman.
En second lieu, — et afin de mieux faire sentir cette continuité, — je n’ai pas négligé de noter les autres influences, celles que l’on se plaît d’ordinaire à mettre en lumière, influence de race, ou influence de milieu ; mais, considérant que de toutes les influences qui s’exercent dans l’histoire d’une littérature, la principale est celle des œuvres sur les œuvres, c’est elle que je me suis surtout attaché à suivre, et à ressaisir dans le temps. […] Tels sont les deux ou trois points que j’ai tâché de ne pas perdre de vue dans l’espèce de Discours qui forme à peu près une moitié de ce Manuel : voici maintenant ceux auxquels je me suis attaché dans les Notes perpétuelles qui en sont l’autre moitié ; et qui doivent servir à la première d’illustrations ou de preuves.
Quoi qu’il fasse, il ne peut rien, tout lui résiste ; il ne peut plier la matière à son usage, qu’elle ne se plaigne et ne gémisse : il semble attacher ses soupirs et son cœur tumultueux à tous ses ouvrages ! […] On flétrit alors ce qu’on touche : les parfums, l’éclat des couleurs, l’élégance des formes, disparaissent dans les plantes pour le botaniste qui n’y attache ni moralité ni tendresse.
D’une part, sitôt qu’il est perçu ou imaginé, il éveille en moi la représentation sensible, plus ou moins expresse, d’un individu de la classe ; cette attache est exclusive ; il n’éveille point en moi la représentation d’un individu d’une autre classe. D’autre part, sitôt que je perçois ou imagine un individu de la classe, j’imagine ce son lui-même, et je suis tenté de le prononcer ; cette attache aussi est exclusive ; la présence réelle ou mentale d’un individu d’une autre classe ne l’évoque point dans mon esprit et ne l’appelle pas sur mes lèvres. — Par cette double attache, il fait corps avec toutes les perceptions et représentations sensibles que j’ai des individus de la classe et ne fait corps qu’avec elles. Mais il n’est attaché d’une façon particulière à aucune d’elles ; indifféremment, il les évoque toutes ; indifféremment, il est évoqué par toutes. Partant, si elles l’évoquent, c’est grâce à ce que toutes ont en commun, et non grâce à ce que chacune d’elles a de propre ; partant encore, s’il les évoque, c’est grâce à ce que toutes ont de commun, et non grâce à ce que chacune d’elles a de propre ; par conséquent enfin, il est attaché à ce que toutes ont de commun et à cela seulement. — Or ce quelque chose est justement le caractère abstrait, le même pour tous les individus de la classe. […] Comment naît en nous un nom général et abstrait, et par quel mécanisme contracte-t-il avec nos représentations sensibles et nos perceptions particulières cette double attache exclusive qui lui donne sa signification et sa vertu ?
Il retourne bien vite à ses abréviations et à sa monotonie : « Le malheureux rat, étouffé par l’eau, était mort et surnageait attaché à la patte de la grenouille. […] Le rat fut à son pied par la patte attaché. […] Tu as dorénavant de quoi te faire riche ; sois homme de bien. » L’autre courtoisement remercie Mercure, révère le grand Jupiter, sa coignée antique attaché à sa ceinture de cuir, et s’en ceint sur le dos, comme Martin Cambray. […] Mais je suis attachée ; et, si j’eusse eu pour maître Un serpent, eût-il pu jamais pousser si loin L’ingratitude ? […] les pauvres captifs attachés à ces mêmes chars se plaignaient aux dieux dans leur coeur et leur demandaient justice. » (Radotage.
Il y a entre le mérite du faire et le mérite de l’idéal la différence de ce qui attache les yeux et de ce qui attache l’âme. […] Derrière la cuisinière, sur le devant, un grand chien debout, maigre, hargneux, le nez presque en terre, de mauvaise humeur, la tête tournée et les yeux attachés vers l’angle antérieur du mur de la gauche, est tenté de chercher querelle à un chat dressé sur ses deux pattes appuyées contre les bords d’un cuvier à anses percées, où l’animal cherche s’il n’y a rien à escamoter. […] L’esquisse ne nous attache peut-être si fort que parce qu’étant indéterminée, elle laisse plus de liberté à notre imagination, qui y voit tout ce qu’il lui plaît. […] Quel édifice nous attache autant au milieu des superbes ruines d’Athènes que le petit temple de Démosthène ? […] Du même côté, un peu vers la gauche, sous la concavité du souterrain, une fontaine attachée au mur, avec sa cuvette.
Et le philosophe ne peut pas se refuser à admettre avec le sens commun l’existence de pensées successives et distinctes ; il doit reconnaître que la pensée discursive n’est un signe que pour l’esprit du philosophe, et encore quand l’esprit du philosophe s’attache à certains problèmes philosophiques, ce qui n’est pas son occupation constante. […] Par une remarque d’analogie ou de concomitance, l’esprit attache ses idées nouvelles et encore innommées aux idées qui lui sont familières et qui ont un nom consacré, et, par des actes répétés d’attention, il les y maintient attachées ; peu à peu, il conçoit ensemble de plus en plus facilement la première idée, la seconde, et leur nom désormais commun. […] Mais si l’idée générale est telle qu’un signe analogique soit possible pour elle, la persistance d’un tel signe est un obstacle à sa généralité ; elle ne peut être purifiée de tout élément particulier que si elle change de nom et s’attache pour la désigner un signe arbitraire. […] V, § 7] s’impose en pareil cas, la parole ou la remémoration muette étant comme une machine toute montée qui marche seule, en laissant nos facultés libres de s’attacher pendant ce temps à un autre objet, et sans pouvoir même les retenir à surveiller son fonctionnement. […] Sans doute les idées ne peuvent jamais être séparées du langage ; mais, lorsqu’un esprit possède pour une même pensée deux expressions équivalentes, l’idée lui apparaît jusqu’à un certain point dégagée de ses voiles ; il comprend qu’elle n’est pas nécessairement attachée à un mode unique d’expression ; il la conçoit à part comme le lien, l’élément commun de deux formes sensibles hétérogènes302.
Et Hokousaï recevait du médecin hollandais attaché à l’expédition une commande d’un double des deux rouleaux. […] Et la dernière planche représente le traître écartelé par des bœufs, auxquels sont attachées ses deux jambes. […] A ce pinceau était attachée une corde et, le pinceau posé à l’endroit que Hokousaï indiqua, il attacha la corde à son cou, et on le vit traîner le pinceau attaché à la corde, le traîner à petits pas et faire ainsi les gros traits de la robe du Darma. […] Des natures mortes : deux poissons attachés à une tige de bambou ; un masque en carton, la face et le revers. […] Hotei, pour amuser les enfants, faisant danser un pantin attaché par des fils à un écran.
Desportes était attaché au duc d’Anjou, depuis Henri III, qui, devenu roi, le combla de bénéfices. […] Jusqu’à cette époque on ne sait rien ne sa vie, sinon qu’ayant quitté son père, gentilhomme de Caen119, parceque celui-ci s’était fait huguenot, il vint en Provence, et s’attacha au grand prieur de Provence, Henri d’Angoulême. […] Tantôt c’est l’effet de la paresse, si difficile à vaincre quand on ne produit que de tête et pour la mode ; tantôt c’est l’illusion même d’un vain travail pour surmonter quelques difficultés d’arrangement ou de mécanisme auxquelles la mode attache du prix. […] Heureux qui a l’œil assez sûr pour voir à quelle hauteur Malherbe a suspendu la plume du poëte, et qui résiste à l’aller prendre témérairement, au risque des misères attachées aux entreprises vaines ou aux succès qui ne doivent pas durer ! […] Car on peut douter qu’il eût le génie lyrique, surtout au sens qu’on y attache aujourd’hui.
Demeurons-y inébranlablement attachés. […] Vernet se fait attacher à un mât pour contempler plus longtemps l’orage dans sa beauté majestueuse et terrible. […] qui nous attache à ces grandes scènes de la nature ? […] Il faut donc que l’artiste s’attache à représenter l’idéal. […] Devant tout tribunal équitable, le crime est dans l’intention, et c’est à l’intention que s’attache la punition.
Rouault d’abord s’attache au modèle, le circonvient d’un travail obéissant, le sollicite de toute son application. […] À chacune il s’attache jusqu’à l’avoir exprimée complètement ; il ne la quitte pas qu’il ne l’ait épuisée. […] Elle est faite de flammes soumises, mais qui gardent la violence attachée du feu. […] Elles n’ont aucune obligation ; puisqu’elles ne s’affirment d’aucun objet, rien ne les attache. […] Il s’attache à Moktir, à Charles Bocage, à Bute.
Né à Caen en 1555 d’un père magistrat, d’une famille plus noble que riche, l’aîné de neuf enfants, ayant fait d’ailleurs des études assez variées et de gentilhomme sous la conduite d’un précepteur, tantôt à Caen, tantôt à Paris, et pendant deux ans aux universités d’Allemagne, il quitta tout à fait la maison paternelle à vingt et un ans pour s’attacher au service du duc d’Angoulême, fils naturel de Henri II, et grand prieur de France. […] Il s’attacha à lui, prit ses conseils, ne réussit jamais à le satisfaire entièrement, car il avait bien des ignorances involontaires et des nonchalances, mais il réussit une ou deux fois par ses accès de talent à lui donner, honneur insigne ! […] Jeune, il avait été attaché comme secrétaire à la reine Marguerite, la première femme de Henri IV, lorsqu’elle vint dans les derniers temps habiter à Paris. […] Après la mort d’un de ses fils, il trouva pourtant le moyen d’aller à Rome pour se distraire et se consoler, de s’y attacher à M. de Noailles, l’ambassadeur, et d’y rester environ deux ans ; mais il fallut revenir et reprendre la vie de province avec les ennuis du métier.
Le bon Hardouin de Péréfixe, qui écrit l’Histoire de Henri le Grand pour l’instruction de Louis XIV, n’accorde à Sully qu’une place médiocre dans son ouvrage, et, préoccupé encore de l’idée d’impopularité qui s’attachait au nom de Rosny, il s’applique à justifier Henri de la faveur qu’il lui avait accordée, et à montrer qu’elle n’était pas ce que supposait l’envie. […] On sent, au ton ferme qui règne dans ce tableau, un homme qui peut-être n’est pas très attaché à sa secte en tant que religion, mais qui est très attaché à sa cause, qui en ressent les parties morales, et qui, ainsi ancré par des raisons de justice et d’honneur, n’en démordra plus. […] Rosny s’attache dans un temps et pendant une trêve à Monsieur, duc d’Alençon ou d’Anjou, et l’accompagne en Flandre où lui-même il retrouve des alliances, des branches parentes de la famille de Béthune restées catholiques : il semble alors que si ce prince, duc d’Alençon, avait valu un peu mieux, il aurait pu s’affectionner Rosny et le débaucher peut-être du roi de Navarre.
Faire après Louis XIV quelque chose de ce que Henri IV aurait aimé à voir s’accomplir s’il avait vécu, affranchir la noblesse des servitudes de cour et des usurpations de la roture, la rendre plus sédentaire et attachée à son ménage des champs, rendre le peuple content de son sort et assuré de son bien-être, supprimer les sangsues publiques et l’appareil intermédiaire de finances entre le roi et son peuple, asseoir l’impôt moyennant des assemblées provinciales, de grands Conseils généraux répartiteurs des charges, c’est ce que Mirabeau aurait voulu et ce qui aurait renouvelé en effet l’ancienne monarchie ainsi reprise en sous-œuvre. […] Si la réponse était non pas de Mirabeau, mais de tout autre, on dirait qu’elle était bien du genre alors à la mode, genre Maurepas, genre Cléon, genre méchant, auquel Gresset bientôt attachera l’étiquette ; mais avec le marquis de Mirabeau, l’humeur du personnage suffit pour expliquer le trait, sans invoquer le bon air. […] Si j’avais plus de santé, et si j’aimais assez la gloire pour lui donner ma paresse, je la voudrais plus générale et plus avantageuse que celle qu’on attache aux sciences. […] Il voit son ami s’oublier à Bordeaux depuis un an, attaché par quelques liaisons qu’il appelle chaque fois des passions éternelles.
C’est dans cette Cour qu’elle eut l’occasion de voir fréquemment le prince de Conti, frère de la duchesse d’Orléans ; il était veuf, il s’attacha à elle non-seulement comme amant, mais comme un ami indispensable ; elle l’écouta et, se brouillant avec la Cour d’Orléans pour passer dans celle du Temple, elle y prit la position équivoque et brillante qui fit sa gloire, si ce n’est son honneur, et qui fit aussi son tourment. […] Le prince de Conti, qui sut l’apprécier et se l’attacher par une affection solide et mutuelle, était un personnage non moins distingué lui-même par son esprit que par sa naissance et par son rang. […] Dès ce premier entretien le prince lui fit plusieurs questions sur les raisons qu’il pouvait avoir eues, lui Français, de renoncer à la France pour s’attacher à l’Angleterre comme à une patrie. […] « Je ne me hasarderais pas à vous dire ce que je compte faire moi-même en cette occasion, si je ne me flattais que votre amitié peut y attacher quelque petite importance.
Il eut de plus le mérite de ne se prévaloir jamais du titre de son anoblissement, ni des privilèges qui y étaient attachés. […] Il nous force de lever en haut les yeux, et de les attacher uniquement sur cette montagne qu’il nous faut gravir par des sentiers différents, mais aboutissant tous au même point, et qui elle-même nous fournit, dans l’abondance des eaux qu’elle fait couler de son sein fécond, tous les secours nécessaires pour parvenir à son sommet… Oh ! […] Attache à ton cœur les ailes de la foi aussi bien que celles de l’amour, afin qu’il s’envole, non plus au désert comme la colombe, mais à ce lieu élevé où est bâtie la maison de notre Père… » Et dans le même temps il écrivait à l’abbé Jean, en retombant sur lui-même et en ayant tout à fait perdu de vue la sainte montagne : « … J’ai beaucoup souffert ces deux derniers jours. […] A cela peut-être est attaché mon salut.
Sa santé, qui ne fut jamais robuste, avait souffert dans cette campagne d’hiver, et le 8 mars 1807, du quartier général d’Osterode, Berthier avisait le ministre directeur de l’administration de la guerre « d’un congé de quatre mois pour raison de santé, accordé par l’Empereur au colonel Jomini, attaché à l’état-major impérial. » Le 9 avril, il était dans son pays natal, à Payerne, hésitant entre les eaux de Baden et celles de Schinznach. […] Jomini écrivit à l’instant à l’Empereur une lettre dont on n’a pas le texte, mais dont le sens était « qu’ayant pris la carrière des armes dans l’espoir qu’un jour il mériterait la bienveillance du plus grand capitaine du siècle, et qu’ayant eu l’honneur de lui être attaché pendant plus d’un an, il ne pouvait continuer à servir dans la position que l’on venait de lui faire, et qu’il demandait à se retirer dans ses foyers. » — Je continue avec le récit du colonel Lecomte : « Le dimanche suivant, Jomini se rendit à Fontainebleau pour assister à la réception d’usage et à la messe, espérant avoir une solution. […] Il y a quatre ans que j’allai volontairement me précipiter à l’avant-garde de Ney (quoique je fusse alors attaché à l’Empereur). […] Berthier retint Jomini dans son état-major pour l’inutiliser, et dans le même temps Jomini recevait de l’empereur de Russie, par suite de sa première démarche, un brevet de général-major attaché à sa personne.
S’attacher à tracer, à deviner l’histoire des poëtes de talent morts avant d’avoir réussi, ce serait vouloir faire, à la guerre, l’histoire de tous les grands généraux tués sous-lieutenants ; ou ce serait, en botanique, faire la description des individus plantes dont les beaux germes avortés sont tombés sur le rocher. […] Galloix, Farcy, Fontaney, ont comme prélevé cette fraîcheur d’intérêt qui s’attache aux funérailles précoces ; et en allant mourir, hélas ! […] Aux mêmes songes sans doute, aux éternels fantômes que, par contraste avec la réalité, il s’attachait à ressaisir de plus près et à embellir. […] Le poëte est comme la giroflée qui s’attache frêle et odorante au granit, et demande moins de terre que de soleil.
Et voyez, Monsieur, combien notre sort est étrange et quelle ironie supérieure semble s’attacher à nos pauvres efforts ! […] Littré s’était attaché et auxquelles il déclarait devoir le bonheur de sa vie. […] Tout passe, et nous ne passons pas ; car nous ne nous attachons qu’à deux choses qui, nous l’espérons, seront éternelles en France : l’esprit et le génie. […] Il est bien vrai qu’une masse considérable est restée attachée à l’antique tradition.
Mais il n’est pas douteux que l’importance excessive qu’il attacha à l’irrégularité que le Bulletin des lois laisse entrevoir et que nous n’avons pas ici à démêler, n’ait influé beaucoup sur son naturel et ne donne la clef de plus d’une singularité, inexplicable autrement, dans son caractère. […] Le malin pris au piège écrivit une lettre qu’il fit la plus épigrammatique qu’il pût, et qui se terminait à peu près par ces mots : « Cela dit, mon cher ami, j’accepterai un petit morceau de ce ruban dont vous avez une aune. » C’est encore là une de ces petites contradictions auxquelles il attachait tant d’importance, et qu’avec tout son esprit il ne sut point éviter. […] Bazin, quand il rencontre un lieu commun de haine ou de faveur populaire qui s’attache à de certains noms historiques célèbres (tels que ceux de Concini, de Sully, de Henri IV ou de tout autre), est de déranger ce lieu commun, de le mettre à jour et de le réduire. […] Bazin s’est attaché à contredire et, comme on dirait vulgairement, à démolir le plus qu’il a pu le cardinal de Retz, en qui il voyait un spirituel brouillon de ce temps-là, assez pareil à d’autres brouillons qu’il désignait de ce temps-ci.
Flourens ne s’est attaché dans Fontenelle qu’au grand esprit, nous reviendrons plus en arrière, et nous verrons ce qu’était d’abord tout l’homme. […] Dans son petit traité Du bonheur, il veut qu’avant de s’attacher aux objets extérieurs, on évalue ce qu’ils peuvent rapporter en plaisirs ou en peines, et qu’on ne laisse prendre des droits sur soi qu’aux objets dont, tout compte fait, on a plus à espérer qu’à craindre : « Il n’est question que de calculer, dit-il, et la Sagesse doit toujours avoir les jetons à la main. » Des jetons pour compter les points. […] En tout, le travail de Fontenelle est comme celui de cet orfèvre : il s’attache à dépouiller chaque objet de la couche d’illusion qui l’enveloppe et qui trompe. […] Dans les extraits, il s’attache, avant tout, à éclaircir et à démêler ce qu’il expose : il avait pour principe que, dans les sciences, la certitude elle-même des résultats ne dispense point de la clarté, et que la raison commune a droit à tout instant d’intervenir et de demander compte, autant qu’il est possible, de ce que les méthodes particulières lui dérobent.
Ces petits faits, qui appartiennent à un ancien monde disparu, et qui nous le représentent dans une entière vérité, nous plaisent et nous attachent : à une distance médiocre, ils pouvaient sembler surabondants et superflus ; à une distance plus grande, ils sont redevenus intéressants et neufs. […] Elle profita de cette faveur pour donner, comme on disait alors, c’est-à-dire pour attacher à la reine sa fille dès l’âge de sept ans (1628). […] À la mort du cardinal et du roi, l’un des premiers soins de la reine fut de rappeler auprès d’elle ses anciens amis disgraciés pour l’amour d’elle, et Mme de Motteville fut du nombre ; elle fut dès lors attachée à la reine moins encore comme femme de chambre (elle en avait le titre) que comme l’une des personnes de sa conversation et de son intimité. […] À propos de Mme de Hautefort qui, avec sa fermeté sans douceur et son esprit attaché à son sens , résiste âprement à la reine, Mme de Motteville nous expose toute sa morale de cour à elle-même, une morale tempérée et non relâchée : Nous pouvons dire nos avis à nos maîtres et à nos amis, pense-t-elle ; mais quand ils se déterminent à ne les pas suivre, nous devons plutôt entrer dans leurs inclinations que suivre les nôtres, quand nous n’y connaissons point de mal essentiel, et que les choses par elles-mêmes sont indifférentes.
Sans fortune et sans carrière, Grimm vint à Paris, y fut attaché quelque temps au jeune prince héréditaire de Saxe-Gotha, puis devint précepteur des fils du comte de Schomberg, puis secrétaire du jeune comte de Friesen, neveu du maréchal de Saxe. […] Grimm, en devenant le plus Français des Allemands, s’attache, par une sorte d’affinité naturelle, à Diderot le plus Allemand des Français. […] Ce prince avait cru utile de l’attacher au maréchal d’Estrées pendant la campagne de Westphalie. […] Il dut à cette justesse d’esprit et à cette modération de rencontrer surtout des bienfaiteurs, et il se les attacha non moins par son mérite que par la mesure et la dignité de ses sentiments.