Jodelle a le premier distribué les Tragédies & les Comédies en actes, les actes en scènes, & rappelé les trois unités prescrites par Arioste.
Charles Lomon de fort remarquables scènes qui n’appartiennent qu’à lui-même, et, en outre, lorsqu’il se souvient trop visiblement, il a une façon très personnelle de dramatiser ses souvenirs.
Sa Comédie des Protégés a été plus heureuse, en ce qu’on lui a épargné, dit-on, les disgraces de la Scène.
C’est… un mauvais peintre ; c’est un sot qui ne sait pas que celui qui tente la scène de Bélisaire s’impose la loi d’être sublime.
Infiniment de tact et de mesure dans tous les développements de cette scène écrite comme de la pointe d’une aiguille sur le pétale de la fleur la plus fine. […] Ce point établi, et sauf quelques scènes sur lesquelles M. […] parce qu’il aime ses peintures, ce peintre, et veut les faire voir, en scène ! […] Tenez, Bressant m’a apporté une idée qu’il prenait pour, un sujet et qui était absolument impraticable à la scène. […] Dès qu’il est sorti de scène, il laisse deviner qu’il domine, et de très haut, cette incarnation momentanée.
. — Ce sont des impressions de pays, croquis de mœurs, traits de légendes, scènes de nature, études d’animaux familiers ou sauvages.
Les fausses Infidélités donnoient les plus grandes espérances ; on y trouve de la gaieté, de l’esprit dans les détails, de la facilité dans le dialogue, quelques scènes d’un bon comique de situation.
On dirait que les objets sont nés dans le monde le jour ou il les a vus… J’ai déjà remarqué ailleurs93 qu’à l’autre extrémité de la chaîne historique on a tout le contraire de cette impression, quand on lit nos graves professeurs d’histoire d’aujourd’hui, nos auteurs de considérations politiques d’après Montesquieu, mais plus tristes que lui, tous ceux qui cherchent et prétendent donner la raison de tous les faits, l’explication profonde de tout ce qui se passe, qui n’admettent sur cette scène mobile ni l’imprévu, ni le jeu des petites causes souvent aussi efficaces que les grandes ; esprits de mérite, mais ternes et laborieux, ployant sous le faix de la maturité autant que Joinville errait et voltigeait par trop de candeur et d’enfance94. […] Cette scène d’arrivée et de débarquement en vue de l’ennemi est vive chez Joinville, et pleine de couleur : Le jeudi après Pentecôte arriva le roi devant Damiette, et trouvâmes là toute l’armée du Soudan sur la rive de la mer, de très belles gens à regarder ; car le Soudan porte les armes (armoiries) d’or, sur lesquelles le soleil frappait, qui faisait les armes resplendir. […] Chaque point du temps répondait à une scène connue prise dans l’Évangile, à une figure secourable, penchée du ciel.
Le premier en date fut Armance ou quelques scènes d’un salon de Paris, publié en 1827. […] Dans une autre nouvelle de lui, San Francesco a Ripa, imprimée depuis sa mort (Revue des deux mondes, 1er juillet 1847), je trouve encore une historiette de passion romaine, dont la scène est, cette fois, au commencement du xviiie siècle ; la jalousie d’une jeune princesse du pays s’y venge de la légèreté d’un Français infidèle et galant : le récit y est vif, cru et brusqué. […] Les scènes de passion, dont quelques-unes sont assez belles, entre la duchesse tante de Fabrice et la jeune Clélia, ne rachètent qu’à demi ces impossibilités qui sautent aux yeux et qui heurtent le bon sens.
La scène se passait chez Picard. […] Cela lui a fourni des scènes et des idées fort gaies. […] au moment où je vais commencer une scène, une danseuse vient me demander un pantalon, des souliers brodés ou une jupe de crêpe, quoique nos règlements proscrivent le crêpe ; un chanteur me fait dire qu’il est enrhumé, et il faut aller le flatter ou le menacer, si je ne veux pas que Paris manque d’opéra.
Je lui demanderai donc (en ne faisant ici que répéter ce que je tiens d’un amateur du théâtre, d’un de ces hommes de finesse, de rondeur et de sens, tels que Molière les eût aimés en son temps, et qui, en revanche, méditent et ruminent sans cesse leur Molière), je lui demanderai s’il sait quelle est la pièce en cinq actes, avec cinq personnages principaux, trois surtout qui reviennent perpétuellement, dans laquelle deux d’entre eux, les deux amoureux, qui s’aiment, qui se cherchent, qui finiront par s’épouser, n’échangent pas durant la pièce une parole devant le spectateur et n’ont pas un seul bout de scène ensemble, excepté à la fin pour le dénouement. […] Horace et Agnès ne se rencontrent en scène qu’au cinquième acte. […] Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie « aux cent actes divers », se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser aller qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres.
Casimir Delavigne de même : ce poète si exact, si lettré, si peu homérique, composait de tête, refaisait des scènes entières de mémoire, et on dit qu’il a emporté ainsi en mourant une tragédie à peu près terminée. […] Des parties de l’Odyssée ont dû sans doute être récitées séparément, mais si l’on donne à un rhapsode plusieurs journées de suite, ou si l’on suppose (ce qui avait lieu dans les assemblées et les fêtes publiques) une suite de rhapsodes qui se succédaient et se relayaient pour la récitation, rien n’empêche de concevoir que, même sans écriture aucune, l’Odyssée ait pu se transmettre en entier, dans toute son intégrité, sauf peut-être tel épisode à tiroir et tel passage ou telle scène qui aura pu s’y glisser après coup : mais l’agrégation première, la cristallisation, pour ainsi dire, du poëme doit dater de la période légendaire, de l’époque créatrice et inspirée, de l’âge même des rhapsodes. […] L’Iliade, au contraire, composée de scènes, d’exploits particuliers, de combats et de duels entre les principaux héros, offre « un splendide tableau de la guerre de Troie en général », et répond parfaitement à ce titre plus étendu sous lequel le poëme est devenu immortel.
Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie. […] Lorsqu’à la dernière scène, dans une de ces allées droites où l’on se voit de si loin, Mme d’Estouteville s’avance lentement, soutenue du bras d’Eugène, je sens tout se résumer pour moi dans cette image. […] Pourtant, dans celui d’Eugénie, au moment de la dispersion des communautés par la Révolution, il y a des scènes éloquentes ; et cette prieure décharnée, qui profite avec joie de la retraite d’Eugénie pour gouverner la maison, ne fût-ce qu’un jour, est une figure d’une observation profonde.
La scène se passe vers le même temps que pour Eugène de Rothelin ; les personnages sont également simples, purs, d’une compagnie parfaitement élégante, et du plus gracieux type d’amants qu’on ait formé ; mais ici ce n’est plus, comme dans la charmante production de Mme de Souza, un idéal de conduite et de bonheur, et, ainsi que je crois l’avoir dit, une espèce de petit Jehan de Saintré ou de Galaor du dix-huitième siècle : il y a souffrance, désaccord ; le sentiment d’inégalité sociale est introduit. […] Entre toutes les scènes si finement assorties et enchaînées, la principale, la plus saillante, celle du milieu, quand, un soir d’été, à Faverange, pendant une conversation de commerce des grains, Édouard aperçoit Mme de Nevers au balcon, le profil détaché sur le bleu du ciel, et dans la vapeur d’un jasmin avec laquelle elle se confond, cette scène de fleurs données, reprises, de pleurs étouffés et de chaste aveu, réalise un rêve adolescent qui se reproduit à chaque génération successive ; il n’y manque rien ; c’est bien dans ce cadre choisi que tout jeune homme invente et désire le premier aveu : sentiment, dessin, langue, il y a là une page adoptée d’avance par des milliers d’imaginations et de cœurs, une page qui, venue au temps de la Princesse de Clèves, en une littérature moins encombrée, aurait certitude d’être immortelle.
Les scènes de la mort de Strafford et du procès de Charles Ier sont traitées simplement, et d’un grand effet dramatique. […] Guizot ne devait se sentir à l’aise et comme chez elle que sur la scène parlementaire, au cœur des luttes politiques : c’est là qu’il devint tout entier lui-même et qu’il grandit. […] » C’est le même moraliste, contemporain de Cromwell, qui a dit cet autre mot si vrai et qu’oublient trop les historiens systématiques : « La fortune et l’humeur gouvernent le monde. » Entendez par humeur le tempérament et le caractère des hommes, l’entêtement des princes, la complaisance et la présomption des ministres, l’irritation et le dépit des chefs de parti, la disposition turbulente des populations, et dites, vous qui avez passé par les affaires, et qui ne parlez plus sur le devant de la scène, si ce n’est pas là en très grande partie la vérité.
Et il raconte cette scène vive et muette que personne n’a oubliée, cette scène par gestes, arrêtée à temps, toute pleine de rougeur et de jeunes désirs. […] Il a le sentiment de cette réalité en ce qu’il veut que chaque scène dont il se souvient ou qu’il invente, que chaque personnage qu’il introduit, s’encadre et se meuve dans un lieu bien déterminé, dont les moindres détails se puissent graver et retenir.
On alla chez le créancier, qui vint recevoir ses deux cents pistoles ; mais la scène dura plus de deux heures, et une bonne âme qui passait dans la rue Saint-Honoré répandit le bruit que La Harpe avait battu sa femme, et qu’une escouade du guet, conduite par le commissaire du quartier, avait rétabli la paix dans le ménage. […] Nous aujourd’hui, même quand nous voyons Phèdre, nous ne sommes guère sensibles qu’aux trois ou quatre grandes scènes et à l’admirable style ; mais l’ordre de la pièce, la suite des scènes intermédiaires, leur arrangement et une foule de détails ne nous arrivent plus ; nous n’y entrons plus complètement.
Il y a là de quoi faire quelque chose comme le Jugurtha de Salluste, et mieux, en y joignant un peu de la variété d’Hérodote, à quoi le pays prêterait fort ; scène variée, événements divers, différentes nations, divers personnages ; celui qui commandait était encore un homme, il avait des compagnons ; et puis, notez ceci, un sujet limité, séparé de tout le reste ; c’est un grand point selon les maîtres : peu de matière et beaucoup d’art. […] Le premier livre de cette gracieuse pastorale, si connue par la traduction d’Amyot, offrait une lacune que l’on supposait n’être que de quelques lignes, et qui se trouva être de six ou sept pages, à l’endroit d’une très jolie scène de bain, puis de dispute jalouse et de baiser. […] Ce sont de petites scènes parlantes, achevées, faites pour être ciselées sur une coupe antique, sur une de ces coupes que Théocrite proposait en prix à ses bergers.
— Scènes vécues (1894). — La Revue automobile (1896). — Mais quelqu’un troubla la fête (1900).
Energie & vérité dans les tableaux, justesse & nouveauté dans les cadres, agrément & vivacité dans les entretiens des personnages que l’Auteur met en scène, style correct, harmonieux, semé de traits hardis & heureux ; il réunit, en un mot, tout ce qui peut attacher le Lecteur, & lui inspirer du mépris pour la secte dangereuse dont on y dévoile les menées.
L’Auteur a eu l’art de disposer les Scènes de maniere que l’action ne languit point, & c’est par cette espece de magie, peu connue des Poëtes tragiques d’à présent, qu’il a su en rendre les défauts moins sensibles.
Il est des hommes prodigieux, qui apparaissent, d’intervalle en intervalle, sur la scène du monde avec le caractère de la grandeur et de la domination. […] « De pareilles scènes, renouvelées à chaque instant, étonnaient les hordes barbares. […] « La lune, en répandant sa lumière mystérieuse sur ces scènes extraordinaires, achevait d’attendrir les cœurs. […] Ce sont de petits tableaux suspendus au pourtour d’un édifice, pour délasser la vue de l’élévation des dômes, en l’appelant sur des scènes de paysages et de mœurs champêtres. […] Du milieu de cette scène imposante, Bossuet, chargé de gloire et d’années, élevait ses accents pathétiques, et tous les cœurs étaient ébranlés.
Son nouveau poème dramatique (Priscilla) n’a pas démenti la promesse qu’il semblait s’être engage à prendre, et le livre est des plus intéressants, qu’il nous envoie, pareil, sous son titre frêle comme un gazouillis de luscignoles, à quelque évocation de pays imprécis où se dérouleraient, sur des terrasses de rêve, des scènes imprévues et admirables tapisseries, subitement étalées pour la joie de nos yeux.
. — La Scène, un acte (1896). — Le Cahier rose et noir (1896). — Chansons grises (1896). — Les Poèmes de l’amour et de la mort (1898). — Chansons mauves (1899). — Les Colonnes du temple (1900).
Ne rencontrant sur la scène politique, après la chute du parti dominateur, que d’anciens partis déjà vaincus et presque épuisés, il courait risque de se blaser, pour ainsi dire, et de ne plus voir son sujet avec la même netteté d’intelligence, la même franchise de patriotisme. […] Émus de tant de scènes funèbres, Loirvet, Legendre, Fréron, demandèrent le renvoi à leurs juges naturels des députés traduits devant la commission ; mais Rovère, ancien terroriste devenu royaliste fongueux, Bourdon de l’Oise, implacable comme un homme qui avait eu peur, insistèrent pour le décret, et le firent maintenir.
Le Médecin malgré lui, acte II, scène vi. […] Dans cette comédie unique, si je ne me trompe, sur le théâtre français, Molière met en scène sa propre personne, et se joue hardiment de tout le monde comme de lui-même : ce qui est, vous le savez, Monsieur, un des éléments du vrai comique.
Jules Sandeau ricane comme un petit journal, au nez même des personnages qu’il met en scène, et, par là, tue l’émotion avant qu’elle soit née, en la tarissant dans sa source. […] La scène est simple, courte et belle, quoiqu’il y ait six mots affectés qui jurent dans cette simplicité.
Les scènes de Monnier et de Gyp sont minutieusement vraies. […] La caractéristique de ses livres, c’est qu’ils sont déjà tout découpés pour la scène ; — M. […] Surtout pour la très belle scène romantique de la confession. […] Qui fut supérieur dans quelques scènes du Prêtre. […] Ce dernier livre met en scène un peintre homme du monde de l’avenue de Villiers.
Le second, représentait un prêtre et quelques paysannes, les bras en l’air, paraissant désespérés, et s’inquiétant d’une scène qui n’était pas reproduite dans le tableau, probablement un orage, des barques de pêcheurs en danger. […] J’entrevois, sans savoir au juste, jusqu’où on pourrait aller et quels détails pourraient me solliciter plus spécialement, des séries vastes sur les gens du monde, les prêtres, les soldats, les paysans, les ouvriers, les juges, les marchands ; en reprenant ces séries de toutes les façons, par exemple en ouvrant une suite de scènes de mariage, de baptême, de communion, ou bien d’intérieurs de famille ; des naissances, des successions, etc., surtout des scènes qui se passent souvent et qui expriment bien la vie générale d’un pays. […] Habans en conclut que je voudrais faire passer la rue sur la scène et prier les passants d’y raconter leurs petites affaires. […] Si solitaire que soit le lieu où vous travaillez, il ne se passera point une heure sans qu’il n’y paraisse quelques créatures vivantes qui très probablement s’accorderont mieux que tout ce que vous pourrez inventer, avec la scène et l’heure du jour où vous êtes. […] Ces peintures ou ces tentatives de peinture de l’époque émeuvent si profondément qu’on entend sortir de toutes les poitrines ce cri joyeux : il y a des scènes vraiesdans cette pièce.
Jusqu’à lui on ne se doutait pas de tout ce que pouvaient fournir d’intérêt, de vie, de drame mouvant et sans cesse renouvelé, les événements, les scènes de la Cour, les mariages, les morts, les revirements soudains ou même le train habituel de chaque jour, les déceptions ou les espérances se reflétant sur des physionomies innombrables dont pas une ne se ressemble, les flux et reflux d’ambitions contraires animant plus ou moins visiblement tous ces personnages, et les groupes ou pelotons qu’ils formaient entre eux dans la grande galerie de Versailles, pêle-mêle apparent, mais qui désormais, grâce à lui, n’est plus confus, et qui nous livre ses combinaisons et ses contrastes ; jusqu’à Saint-Simon on n’avait que des aperçus et des esquisses légères de tout cela ; le premier il a donné, avec l’infinité des détails, une impression vaste des ensembles. […] Mais je ne parle que de portraits et il y a bien autre chose chez lui, il y a le drame et la scène, les groupes et les entrelacements sans fin des personnages, il y a l’action ; et c’est ainsi qu’il est arrivé à ces grandes fresques historiques parmi lesquelles il est impossible de ne pas signaler les deux plus capitales, celle de la mort de Monseigneur et du bouleversement d’intérêts et d’espérances qui s’opère à vue d’œil cette nuit-là dans tout ce peuple de princes et de courtisans, et cette autre scène non moins merveilleuse du lit de justice au Parlement sous la Régence pour la dégradation des bâtards, le plus beau jour de la vie de Saint-Simon et où il savoure à longs traits sa vengeance. […] Un ou deux ans après, à l’occasion d’une quête que Saint-Simon ne voulut point laisser faire à la duchesse sa femme, ni aux autres duchesses, comme étant préjudiciable au rang des ducs vis-à-vis des princes, le roi se fâcha, et un orage gronda sur l’opiniâtre et le récalcitrant : « C’est une chose étrange, dit à ce propos Louis XIV, que depuis qu’il a quitté le service, M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Saint-Simon averti se décida à demander au roi une audience particulière dans son cabinet ; il l’obtint, il s’expliqua, il crut avoir au moins en partie ramené le roi sur son compte, et les minutieux détails qu’il nous donne sur cette scène, et qui en font toucher au doigt chaque circonstance, montrent assez que pour lui l’inconvénient d’avoir été dans le cas de demander l’audience est bien compensé par le curieux plaisir d’y avoir observé de plus près le maître, et par cet autre plaisir inséparable du premier, de tout peindre et raconter. […] Membre du Conseil de régence, il est devenu un des personnages du gouvernement, et bien que rarement ses avis prévalent, il est continuellement admis à les donner et ne s’en fait pas faute ; on a des entretiens sans nombre où la matière déborde sous sa plume comme elle abondait sur ses lèvres ; l’intérêt, qui se retrouve toujours dans de certaines scènes et dans d’admirables portraits des acteurs y languit par trop de plénitude et de regorgement.
Myers propose une explication non moins ingénieuse, fondée sur la distinction du moi conscient et du moi « subliminal » : le premier ne reçoit d’une scène à laquelle il assiste qu’une impression globale, dont les détails retardent toujours un peu sur ceux de l’excitant extérieur ; le second photographie ces détails au fur et à mesure, instantanément. […] Comment ne pas voir que ce morcelage de notre vie psychologique en états, comme d’une comédie en scènes, n’a rien d’absolu, qu’il est tout relatif à notre interprétation, diverse et changeante, de notre passé ? […] De là deux moi différents dont l’un, conscient de sa liberté, s’érige en spectateur indépendant d’une scène que l’autre jouerait d’une manière machinale. […] Si j’assiste pour la seconde fois à une comédie, je reconnais un à un chacun des mots, chacune des scènes ; je reconnais enfin toute la pièce et je me rappelle l’avoir déjà vue ; mais j’étais alors à une autre place, j’avais d’autres voisins, j’arrivais avec d’autres préoccupations ; en tout cas je ne pouvais pas être alors ce que je suis aujourd’hui, puisque j’ai vécu dans l’intervalle. […] Il faut pour cela que nous nous trouvions en présence d’une scène, non seulement nouvelle pour nous, mais qui tranche sur le cours de notre vie habituelle.
Transporter à la scène la réalité le plus possible, et nous émouvoir fortement en ébranlant nos sens par la vue de douleurs affreuses. […] qui nous attache à ces grandes scènes de la nature ? […] La scène si vantée de Mithridate exposant son plan de campagne à ses fils est un morceau de la plus belle rhétorique, qui ne peut entrer en parallèle avec les scènes politiques et militaires de Cinna, de Sertorius, surtout avec cette première scène de La Mort de Pompée, où vous assistez à un conseil aussi vrai, aussi grand, aussi profond que l’a jamais pu être aucun des conseils de Richelieu ou de Mazarin. […] Quelle scène sublime et en même temps presque gracieuse ! […] Les scènes humaines jetées dans un coin n’ont d’autre objet que de relever et de faire paraître davantage les scènes de la nature par l’harmonie ou par le contraste.
. — Atala, scène lyrique en deux actes (1848). — La Dame aux camélias (1848). — Le Roman d’une femme (1848). — Le Docteur Servais (1849). — Automne (1849). — Tristan le Roux (1850). — Trois hommes forts (1850). — Revenants (1851). — Diane de Lys (1851). — Contes et nouvelles (1853)
Quelques-uns, parmi ces courts chapitres, qui sont des aspects divers du Πάντα ρεῖ, atteignent une perfection rare, et chacun d’eux donne curieusement l’impression immédiate du décor fallacieux du théâtre, de l’éblouissement des verroteries et des oripeaux, de la fictive et décevante richesse des mises en scène, avec, au-delà et après, la nette perception des choses éternelles et immuables que signifient ces apparences, ces attitudes, ces gestes momentanés et incessamment changeants.
Et puis, M. des Rieux a su apporter tant de probité à la reconstitution de ses petites scènes grecques, que, vraiment, on ne saurait lui en vouloir de son archaïsme cherché, et qu’on doit seulement se contenter de sourire de la satisfaction tout à fait jeune et de sain érotisme qu’avec bonheur et discrétion il a trouvée pour nous… [L’Ermitage (octobre 1895).]
C’est, par le détail de ses tableaux, la variété des scènes qu’il représente, que vit ce poème qui renferme de remarquables passages.
Peu content de prêter sa voix aux Productions des autres, il voulut occuper la Scène de ses propres Ouvrages.
Si nous pouvions, par un tour de tête original, voir les hommes en scène, prendre le monde pour ce qu’il est, un théâtre, nous nous épargnerions bien des moments d’humeur.
D’ailleurs, si nous voulons savoir toutes les choses à mesure qu’elles passent sous nos yeux, nous instruire des doctrines avant qu’elles aient vieilli ; savoir, pendant qu’ils l’occupent encore, les noms des acteurs qui se succèdent sur la scène politique, n’avons-nous pas les journaux de tous les jours, les livres de chaque semaine, les pamphlets du soir et du matin ?
. — Les Chercheurs d’amour, scènes de la vie romanesque (1856). — Le Cousin du Roi, comédie en vers, avec Théodore de Banville (1867). — Les Deux Saisons, poésies (1867).
C’est tout un petit drame dont la scène est d’abord dans les montagnes.
Il y a, dans la Cavalière, des épisodes pittoresques habilement amenés et qui sont faits pour plaire ; et, ce qui vaut mieux encore, on y trouve, dans le second et dans le quatrième acte surtout, des scènes d’une heureuse invention, et qui sont traitées avec tact et délicatesse.
Sa Muse, après avoir passé rapidement sur la Scène, où elle ne pouvoit en effet figurer long-temps, du moins avec avantage, s’est exercée avec plus de succès sur le Théatre de l’Opéra.
Qu’on place donc au monument d’un chrétien, d’un côté, les pleurs de la famille et les regrets des hommes ; de l’autre, le sourire de l’espérance et les joies célestes : un tel sépulcre, des deux bords duquel on verrait ainsi les scènes du temps et de l’éternité, serait admirable.
Placé sur le devant de la scène, un coryphée récitait ou chantait, en prose ou en vers, l’action que les personnages de bois exprimaient par leurs gestes. […] Avec quelle franchise Dante entre tout d’abord en scène ! […] Viviane, tout en écoutant les cantiques, avait retracé d’un crayon fidèle la scène qui se passait sur la plage. […] La voici cette scène, telle que je l’ai notée. […] Quelle scène grotesque !
Madémoiselle Rachel a récité chez elle, à l’un de ses jeudis soirs, une scène ou même un acte de Judith qui a réussi, et un de Bérénice qui a paru moins satisfaire. — Ne mettez jamais trop d’épigrammes contre madame de Girardin, je vous en prie ; car je ne veux pas paraître un traître à ses sourires.
Un autre service que M. de Laplace a rendu, par cette Traduction, c’est d’avoir ouvert une source, où ceux de nos Auteurs qui n’entendent pas l’Anglois, peuvent aller puiser des idées, des situations, des caracteres, des sujets même, pour le naturaliser ensuite sur notre Scène.
Shakespeare, Richardson, Goldsmith, ont mis le prêtre en scène avec plus ou moins de bonheur.
quelle étendue de scène.
La première scène, cependant, se trouve ressembler à celle de Faust. […] Le même sentiment se retrouve dans la scène avec le prêtre. […] Ces deux scènes résument les deux faces du génie de Mickiewicz, le génie du récit dramatique, et le génie de la poésie philosophique. La scène s’ouvre à Wilna, dans le cloître des prêtres Basiliens, transformé en prison d’État. […] Nous ne le vîmes jamais si bien portant, si gai, si affectueux que dans la soirée qui suivit cette scène avec l’homme à la charrette.
Nous ne sommes, à proprement parler, que la scène ou le lieu de nos impressions, et notre originalité n’est généralement qu’une illusion de notre amour-propre, un mirage, une fantasmagorie. […] « Quant à laisser voir mon opinion sur les gens que je mets en scène, écrivait-il à George Sand, non, non, mille fois non ! […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Balzac se composent essentiellement de ses romans, dont il a lui-même arrêté la division devenue classique : Scènes de la vie privée ; — Scènes de la vie de province ; — Scènes de la vie parisienne ; — Scènes de la vie militaire ; — Scènes de la vie de campagne ; — Scènes de la vie politique ; — Études philosophiques ; — et Études analytiques, dont la réunion forme sa Comédie humaine. […] 2º Le Romancier. — Ses débuts romantiques ; — au théâtre, par le théâtre ; — et sa collaboration avec Bocage — Un bourgeois de Rome, 1845, et La Vieillesse de Richelieu, 1848. — Son premier roman, Bellah, 1850 ; — et sa ressemblance avec Les Chouans de Balzac d’une part ; — et d’autre part avec les romans de Jules Sandeau. — Les Scènes et proverbes, 1851 ; — Scènes et comédies, 1855 ; — et qu’on n’en a pas mal caractérisé l’auteur en l’appelant « le Musset des familles ». — Ses hésitations entre le naturalisme unissant [Cf. […] 3º Ses Érinnyes, qui ne sont qu’une adaptation d’Eschyle, plus eschyliennes que l’original, et qui font d’ailleurs partie du recueil de ses Poèmes tragiques, mais qu’il faut pourtant classer à part, comme ayant subi l’épreuve de la scène.
Ici une scène, à mon sens, admirable, profondément touchante et réelle et chaste, mais de ces scènes pour lesquelles ceux qui les ont goûtées avec pleurs craignent le grand jour et l’ordinaire indifférence223. Mlle de La Prise a donc à parler au long à Meyer, et elle le doit faire sans attirer l’attention : pour cela, elle ne trouve rien de mieux dans sa droiture que de prier le comte Max, le loyal ami de Meyer, de s’asseoir aussi près d’elle, et là, sur un banc, entre ces deux jeunes gens qui l’écoutent (scène chaste, précisément parce qu’ils sont deux), comme si elle n’avait causé que bal et plaisirs, parfois interrompue par quelque propos de femmes qui passent et repassent, y répondant avec sourire, puis reprenant avec les deux amis le fil plus serré de son récit, elle dit tout, et la faute, et que cette fille est grosse, et qu’elle ne sait que devenir, et le devoir et la pitié. […] Ainsi finit cette étrange soirée. » Les dernières lettres, qui suivent cette scène, descendent doucement sans déchoir. […] La lettre xvi offre, entre la mère et la fille, une de ces scènes comme les Lettres Neuchâteloises en peuvent faire augurer. […] Plus tard, quand Benjamin Constant fut lancé sur une scène toute différente, et qu’elle l’allait rappeler au passé, il répondait peu.
Et si l’on poussait l’enquête, en dehors de l’Europe, jusqu’à l’extrême Orient, on verrait qu’au Japon tous les romans regorgent de crimes épouvantables et de scènes de mauvais lieux ; on aurait même à constater, en bonne justice, que, dans ladite spécialité, ce sont encore les conteurs japonais qui tiennent la corde. […] À la scène on appelle cela des coups de théâtre. […] Il suffirait d’indiquer la scène, toute simple et tout ordinaire qu’elle soit, pour la rendre tragique. […] J’ajoute que pour le succès de la publication des feuilletons, on doit éviter les longueurs : rien d’inutile ; de la mise en scène, et comme dans les pièces de théâtre, marcher toujours vers le but, car dans les romans aussi bien que dans les pièces de théâtre ayant une portée morale ou sociale, le but ou dénouement doit toujours être la synthèse, la preuve de l’idée qui l’inspire. […] Pour ne rien laisser perdre de l’intérêt de ce drame réel, dans le supplément du dimanche, des images en couleurs exagèrent l’atrocité de la scène, les convulsions de la victime, le geste de l’égorgeur.
« Dès le commencement du siège de Paris par les armées allemandes, vers la fin de l’année 1870, j’appris que les auteurs dramatiques allemands se mettaient à exploiter sur nos scènes populaires les embarras de nos ennemis. […] … Entrée de la Garde nationale : scène de serments… … On aperçoit Victor Hugo ; ovation ; il se proclame le sauveur du pays ; le chœur et les habitants de l’égout se le disputent ; ils se l’arrachent entre eux. […] L’OR DU RHEIN Prologue à L’Anneau du Nibelung Première scène Personnages : Woglinde, Wellgunde, Flosshilde : Filles du Rhein. […] De toutes parts se dressent des pointes escarpées de rochers, qui limitent l’espace de la scène ; le sol entier est déchiré d’une sauvage confusion de saillies ; ainsi, il n’est, à nulle part, tout à fait plat, et, en tous côtés, dans la plus épaisse obscurité, il indique de profondes crevasses. […] La mise en scène reste la même, passable.
À notre entrée le bruit terrestrement céleste d’un orgue-mélodium, dont joue l’artiste, et pendant qu’il vient à notre rencontre, les regards soudainement attirés par un trou illuminé, devant lequel est une aquarelle commencée ; un trou fait dans l’ouverture d’une étoffe jouant la toile levée d’un théâtre d’enfant, et dans lequel se voit figurée par de petites maquettes, une scène de la Passion, éclairée par une lumière semblable aux lueurs rougeoyantes éclairant un Saint-Sépulcre, le soir du Vendredi Saint. […] Pas la plus petite scène de la maison de prostitution. […] Alors avait lieu une scène terrible entre lui et la femme. […] L’opinion de ce Russe, c’est que Tourguéneff n’a de valeur qu’en ces premiers ouvrages, dans les scènes retracées du temps de son adolescence, où il a donné de véritables photographies de son pays. […] aux vivacités de la première scène.
Son art est précisément de saisir ces demi-teintes, ces nuances indécises qui craindraient le grand jour de la scène comique ; son secret est de nous montrer, à distance et de profil, certains objets qui, vus autrement, perdraient une partie de leur grâce. […] Scribe a depuis lors réussi sur la scène française par de jolies comédies qu’il a eu bien raison de ne pas se refuser ; il se devait tôt ou tard à lui-même et à son talent de hasarder cette bataille et de la livrer ; c’est assez pour son honneur qu’il ne l’ait point du tout perdue et qu’il ait maintenu sa bannière. […] Treize ans après, il lui était donné de rendre compte des Burgraves dans la Revue, et il n’hésitait pas à déclarer que cette dernière œuvre lui paraissait ce que le poète avait tenté jusqu’alors sur la scène de plus grave et de plus élevé ; il y voyait également « progrès dans l’inspiration et progrès dans l’expression. » Très-peu romantique de sa nature propre, M. […] La Révolution de juillet 1830, qui ramena sur la scène tant de vieux masques et de revenants, fut aussi, dans une bonne moitié, la prise de possession du pouvoir par les hommes nouveaux et en définitive par les hommes jeunes, longtemps tenus à l’écart et évincés.
Boileau n’était pas le dernier à couper de saillies imprévues les discussions qui tournaient au grave, et évoquait du fond de ses souvenirs d’étranges figures de plaideurs, entrevues jadis au Palais ou dans l’étude de son beau-frère, pour fournir quelques plaisantes scènes aux Plaideurs de Racine. […] Cette scène n’a pu se passer avant 1672. […] Ce n’était pas ce que nous appelons l’esprit : cette plaisanterie qui se prépare et s’amène de loin, qui a toute une mise en scène, qui se distribue et s’étale dans une série de répliques, nous paraît un peu apprêtée et pesante. […] Qui ne se rappelle une autre exquise scène de comédie, à laquelle Mme de Sévigné nous fait assister ?
Toute la scène y est ; mais, moi, je ne veux vous exposer que ces fromages, qui deviennent terribles à leur tour autant que ces commères endiablées… « Elles restaient debout… — dit M. […] Mais la frénésie puante de ces fromages, qui se mettent à puer avec cette furie d’infection, l’emporte sur la scène où ces coquines puent à leur tour, de leurs becs infects, sur l’innocence de l’Icarien. […] Partout ailleurs qu’à ces deux places, — la scène du lavoir qui commence le livre et la scène de la forge : le duel de vanité et d’amour sur l’enclume entre les deux forgerons, — je n’ai plus vu que le système, éperdument du système, l’affectation, le procédé.
La lecture leur est plus favorable que la représentation : c’est exagéré, et à la scène les acteurs exagèrent encore, ce qui passe tout.
La mise en scène est très-belle.
À ce moment son organe officiel, le Mercure de France, se fonde et le Symbolisme prend possession de la scène avec Paul Fort, qui crée le Théâtre d’Art.
Restez donc, vous qui, portés dans des chaises ou dans des chars, ne connaissez d’autre fatigue que celle de l’oisiveté et ne goûtez d’autres scènes que celles que l’art combine, restez toujours dans votre élément ; là seulement vous pouvez briller ; là seulement des esprits comme les vôtres peuvent ne pas nuire. […] Le chant troisième, intitulé Le Jardin, nous ramène à des scènes plus familières et plus douces. […] Quel que soit le lieu où j’aie entendu une mélodie pareille, la scène m’en revient à l’instant, et avec elle tous ses plaisirs et toutes ses peines.
Vous qui avez assisté à l’une de ces scènes d’une vérité crue, âpre et mordante, non moins qu’amusante, où Henri Monnier se diversifie, et dont quelques-unes sont réellement le sublime du bas, comment, s’il n’était là pour recommencer en personne, pourriez-vous en rendre l’impression à ceux qui d’abord n’y étaient pas ? […] Une ou deux fois, Collé chercha à s’élever jusqu’à la scène de la Comédie-Française, et sa pièce de Dupuis et Desronais y eut un certain succès ; mais, dans cet ouvrage qui vise à être une pièce de caractère et dans le grand genre, on ne reconnaît plus que faiblement le joyeux Collé : il mit des années à faire cette comédie, à la limer et re-limer, à écouter et à peser les conseils ; elle était d’abord en prose, il la rima. […] C’est là, à Bagnolet, tantôt pour le prince, tantôt pour la fête de sa maîtresse Mlle Marquise, que se donna d’abord La Partie de chasse de Henri IV avec cette jolie scène du souper qui fit couler autant de larmes que La Vérité dans le vin avait excité de fous rires.
C’est ici que se passe une scène due à l’histoire, et qu’il ne lui est plus permis d’ignorer ou de négliger89: « Monsieur, me dit M. de Mirabeau, je viens a vous sur votre réputation, et vos opinions, qui se rapprochent plus des miennes que vous ne pensez, déterminent ma démarche. […] Deux incidents particuliers mirent Malouet en scène et méritent d’être rappelés : l’un, dans la séance du 21 novembre 1789, où il se vit dénoncé pour une lettre de lui écrite au comte d’Estaing, et qu’on avait interceptée. […] L’espèce de jeu de scène et de surprise qu’on ménagea et sur laquelle on comptait en cette circonstance ne pouvait qu’ajouter au mauvais effet.
Cette petite scène, qui eut lieu en public, n’était pas faite pour mieux disposer à l’avenir Berthier en faveur de Jomini. […] » Scène peut-être ménagée à dessein pour leur servir de leçon43. […] J’abrège les misères de cette retraite, ces affreuses scènes « dont le souvenir seul, disait-il, fait dresser les cheveux. » — Berthier écrivait de Kœnigsberg au ministre Clarke, à la date du 27 décembre, pour le prévenir qu’un congé de convalescence de trois mois était accordé à Jomini pour se rendre à Paris.
Mais ils reçoivent des nouvelles de leurs pays, de leurs familles ; et l’on conçoit comment peut là-dessus s’exercer l’imagination d’un jeune Français sous la Régence, avec quelle curiosité libertine il mettra en scène la vie oisive et voluptueuse du sérail, des femmes très blanches surveillées par des eunuques très noirs, des passions ardentes, des jalousies féroces, des désirs enragés. […] C’est un peintre de mœurs charmant, délicat, ingénieux ; c’est un maître écrivain, qui excelle à mettre en scène, comiquement, un travers, un préjugé : mais son observation a la portée du Français à Londres de Boissy, et du Cercle de Poinsinet. […] Après s’être donné toute liberté dans les scènes orientales des Lettres persanes, Montesquieu sera calmé par l’âge, la gravité professionnelle, le soin de sa considération.
Les Égyptiens, qui exposaient sans doute l’origine de la querelle, et les Danaïdes qui mettaient en scène le meurtre des fils d’Égyptos, n’ont pas été conservés. […] L’ode retentit sur le dialogue écourté, le chœur envahit et remplit la scène. […] C’est cette inviolabilité du malheur opposée aux revendications de la force qu’Eschyle met en scène dans les Suppliantes ; c’est elle qu’il offre en exemple à la Grèce, dans une légende mémorable rattachée à ses plus hautes origines.
Ces indignes scènes qu’il flétrit n’empêchent pas M. […] Il faut montrer aux Allemands la beauté, la grandeur de notre scène tragique ; ils sont plus capables de les saisir que de pénétrer la profondeur de Molière. […] Thiers, n’avait ressemblé à ce siège, et il fallait, dans l’Antiquité, remonter à deux ou trois exemples comme Numance, Sagonte ou Jérusalem, pour retrouver des scènes pareilles.
Il essaya dans un temps, me dit-on, du genre de comédie à la Gresset ; il aurait trouvé sans doute d’heureux vers, peut-être une scène ; mais la veine comique n’était pas son fait. […] Les chapitres qui traitent de la chute, de l’assassinat du maréchal d’Ancre, et de la condamnation de sa veuve, sont, à les bien voir, des scènes d’une tragi-comédie amère. […] Bazin est une composition rare, originale, offrant, non pas comme d’autres prétendues histoires, une marqueterie brillante et spirituelle, moyennant des lambeaux de citations relevées de quelques scènes dramatiques, mais un récit médité, réfléchi, tout à fait neuf, dans lequel il est tenu compte de chaque témoignage, et où l’historien a constamment le fil en main pour donner à tout la liaison la plus vraisemblable, l’accord le plus exact et l’enchaînement le plus conforme à la vérité.
Un peintre a représenté Télémaque chez Calypso : la scène se passe à table ; le jeune héros fait le récit de ses aventures, et Calypso lui présente une pêche. […] Il suppose qu’au moment de commencer l’analyse de ces vues et marines de Vernet, il est obligé de partir pour la campagne, pour une campagne voisine de la mer, et que là il se dédommage de ce qu’il n’a pu voir au Salon, en contemplant plusieurs scènes de la réalité. Et ces scènes, il nous les raconte, il nous les décrit avec le détail des conversations, des promenades, des discussions de tout genre qui s’y agitent entre divers interlocuteurs.
Dans une des premières scènes de la Fronde, au Parlement (11 janvier 1649), racontant la manière dont il fait enlever le commandement des troupes au duc d’Elbeuf pour le faire décerner au prince de Conti, il montre M. de Longueville, puis M. de Bouillon, puis le maréchal de La Mothe, entrant chacun l’un après l’autre dans la salle, et recommençant, chaque fois, à déclarer leur adhésion au choix du prince de Conti et à y donner les mains en ce qui les regardait : « Nous avions concerté, dit-il, de ne faire paraître sur le théâtre ces personnages que l’un après l’autre, parce que nous avions considéré que rien ne touche et n’émeut tant les peuples, et même les compagnies, qui tiennent toujours beaucoup du peuple, que la variété des spectacles. » Dans tous ces passages, Retz se montre ouvertement dans ses récits comme un auteur ou un impresario habile, qui monte sa pièce. […] Il y a des endroits vraiment où, quand on lit les Mémoires de Retz, en ces scènes charmantes et si bien menées sous sa plume, il ne nous paraît pas tant faire la guerre à Mazarin que faire concurrence à Molière. […] Ces portraits, venant après la belle conversation politique avec le prince de Condé, après les merveilleuses scènes de comédie des premiers jours des Barricades, et après les grandes et hautes considérations qui précèdent, composent une entrée en matière et une exposition unique qui subsiste même quand le reste de la pièce ne tient pas.
Forcé de sortir de Paris en Vendémiaire, il raconte très spirituellement sa fuite et les divers incidents du voyage, la patache de ce temps-là, la patache primitive en plein vent, et dans toute sa rusticité originelle : « J’en ai vu depuis, dit-il, mais corrompues par le luxe qui nous envahit ; elles sont couvertes. » Les dialogues qui égayent le chemin sont d’excellentes scènes de mœurs. […] On y trouve aussi quelques scènes vraies, où sont peintes les mœurs licencieuses et grossières des enrichis, des fournisseurs, des parvenus et des femmes qui les recherchent. […] Il y a pourtant d’assez belles scènes et très vraies d’observation et d’analyse quand ce jeune homme, à qui l’on a caché sa naissance, paraît pour la première fois dans la maison de sa bienfaitrice, et que celle-ci l’observe avec amour, jalousie et honte, tandis que le père, debout et respectueux, placé derrière, le regarde avec fierté.
Il est le maître actuel de notre scène française. […] Il a connu tel acteur, il a assisté à telle scène. […] Alphonse Daudet a assisté à un spectacle, à une scène quelconque. Comme il possède le sens du réel, il reste frappé de cette scène, il en garde une image très intense. […] La scène se passe à la porte d’un café, au coin du quai de la Tournelle et du boulevard Saint-Germain.
Thiers (page 168) la scène militaire dans laquelle Napoléon, à Witebsk, reçut le général Friant comme colonel commandant des grenadiers à pied de la Garde, et l’allocution qu’il lui adressa, je reconnus à l’instant le type que je poursuivais ; je me dis que c’était bien là le lieutenant de seconde ligne, mais hors ligne, en la personne de qui Napoléon entendait honorer et récompenser tous les autres. […] On lit dans la premier volume des Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de bien étonnants détails sur les nominations de généraux, et même de généraux en chef, qui se faisaient alors ; il y a surtout la nomination d’un certain général Carlin ou Carlenc, mis à la tête de l’armée du Rhin sur le refus de tous les autres : c’est une véritable scène de comédie.
Bientôt la Révolution commença, et, « quelque étonnant que cela puisse paraître, nous dit le biographe, Victorin était déjà en état d’en comprendre les vastes scènes. » On avouera qu’en effet c’était une précocité assez étonnante chez un enfant qui n’avait que quatre ou cinq ans. […] Sabbatier prétend expliquer la non-réussite de Victorin Fabre à son retour de 1821, et sous quels traits il nous représente la scène littéraire et politique en ces années de nobles études et de luttes méritoires ?
Sir Walter Scott a parfaitement compris que l’histoire de Napoléon ne commence pas, comme celle d’un individu obscur, le jour même de sa naissance, et qu’avant de l’introduire sur la scène du monde, il importe de décrire cette scène, destinée à le recevoir, ce XVIIIe siècle, dont il partagea les opinions, cette Révolution française dont il suspendit les effets.
Dans cette improvisation historique nouvelle, l’auteur a fait preuve, une fois de plus, de ce talent de peindre en courant, de deviner au risque d’imaginer, de faire vivre des portraits, de dramatiser des scènes, et de verser l’émotion poétique, romanesque même, dans de graves récits. […] Ce n’est pas un rêve que de croire qu’il serait utile de voir se produire quelquefois de beaux essais de ce que j’appelle une littérature d’État, c’est-à-dire d’une littérature affectionnée, qui ne soit pas servile, mais qui ose relever les vrais principes, honorer les hommes par leur côté principal et solide, rappeler derrière les jeux brillants et souvent trompeurs de la scène les mérites de ceux qui, à toutes les époques, ont servi le monde en le rendant habitable d’abord, en le conservant ensuite, en le replaçant, quand il veut se dissoudre, en des cadres fixes, et en luttant contre les immenses difficultés cachées.
Hugo une scène fameuse du drame d’Hernani. […] » Cette scène, qui saisit l’imagination à la lecture, se réduit à cette pensée : « Vous me demandez, Sire, de déshonorer le nom que mes aïeux m’ont transmis glorieux et pur. » À l’idée des aïeux, de la race, le poète s’est contenté de substituer celle des individus : il a mis les unités à la place du groupe.
Tout au bout, une scène minuscule, encadrée de rideaux de bois peint ; quelques coups de pinceau sur le mur de fond offrent la plus simple expression d’une marine casquée d’une lune symbolique. […] Près de la scène, une estrade où se tient le président Léon Deschamps (une pipe et un sourire) assisté de Léon Maillard et de Louis Miot, ses deux bras droits, remarque spirituellement le futur sénateur Lucien Hubert.
Chez quelques-unes, le sentiment religieux aboutit aux honteuses scènes de boucherie qui forment le caractère de l’ancienne religion du Mexique. […] Il fournit la mise en scène et les termes techniques du nouveau messianisme, et on peut lui appliquer ce que Jésus disait de Jean-Baptiste : Jusqu’à lui, les prophètes ; à partir de lui, le royaume de Dieu.
On n’avoit point touché la continuité de l’action, la liaison des scènes, les intervalles des actes, & toutes les particularités qui concourent à la perfection des drames, à l’exécution, & que l’abbé d’Aubignac appelle la pratique du théâtre. […] Corneille, tout législateur qu’il étoit de la scène Françoise, tira de ces conférences des lumières qu’il mit à profit pour donner à ses pièces un dégré de perfection qui manquoit aux premières ; & l’autre remporta de ces entretiens l’avantage de pouvoir raisonner, dans sa Pratique du théâtre, avec encore plus de connoissance de cause.
Ces peintures donnerent sans doute aux Romans de Scuderi, un degré d’intérêt qui s’est affoibli, à mesure que les personnages qu’il peignoit ont disparu de dessus la scène. […] Presque tous les Romans de Madame Riccoboni sont anglois ; c’est-à-dire, que la scène est en Angleterre.
et qu’il avait annoncé sous le titre de Scènes de la vie militaire, il aurait fallu être, parmi les Bleues, un fier saphir ! […] Assurément, je ne demandais pas à Mme de Chandeneux les Scènes de la vie militaire que Balzac aurait élevées, lui, jusqu’au champ de bataille, jusqu’à l’Histoire, jusqu’à l’Épopée.
Il n’y a ni l’idée d’un caractère, ni celle d’une scène. […] On verra mieux à la scène qu’à la lecture l’inanité de cette comédie, que le talent des meilleurs acteurs du monde ne saurait vivifier.
Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.
Germaine est effectivement, non de trame ou d’événements, mais d’inspiration générale, de caractères, et quelquefois de mise en scène, un mélange et une imitation grossière, turbulente et manquée, des Parents pauvres et des Intimes. […] Maître Pierre, c’est la théorie du drainage mise en action, en scène et en récit, et le décousu que M.
Le pédantisme italien (je me sers de ce terme à défaut d’un terme absent) a trouvé son expression dans les caricatures de Léonard de Vinci et dans les scènes de mœurs de Pinelli. […] Nous ne dirons pas de lui qu’il est précisément un caricaturiste ; c’est plutôt un croqueur de scènes pittoresques.
Heureux si, averti par ces cheveux blancs, du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint. » Dans cette péroraison touchante, on aime à voir l’orateur paraître, et se mêler lui-même sur la scène. […] Il s’élance, il s’écrie, il s’interrompt ; c’est une scène dramatique qui se passe entre lui et les personnes qu’il voit, et dont il partage ou les dangers ou les malheurs.
Hier, 16, un journal (le Globe) a donné une prétendue scène de Lucrèce, cette tragédie dont on parle tant.
S’étant imaginé qu’une composition en quatre volumes valait la peine d’être méditée, il a perdu son temps à chercher une idée fondamentale, à la développer bien ou mal dans un plan bon ou mauvais, à disposer des scènes, à combiner des effets, à étudier des mœurs de son mieux ; en un mot, il a pris son ouvrage au sérieux.
La veille on avait conté à mon compatriote une scène de M. […] Ce nom éclatant retentit maintenant dans les théâtres de vaudevilles, après avoir fait frémir d’applaudissements enthousiastes les plus larges scènes de Paris. […] Les trois volumes de scènes de M. […] Le tapis qui recouvre les dalles de marbre est d’une extrême magnificence et d’une rare conservation ; il représente une scène du moyen-âge. […] A-t-on besoin de sa présence, comme il y a quelque temps à la Comédie-Française, pour la mise en scène de son Don Juan d’Autriche, auquel M.
Je n’aime les acteurs que hors de la scène. […] Le jeune homme, quoique pâle et les cheveux fouettés par le vent, semblait plus attentif à la majesté de la scène qu’au danger de sa barque. […] Il ne parlait plus alors, il chantait et il parlait à la fois ; lyrique comme l’ode, dramatique comme la scène, législateur comme la loi, pathétique surtout comme le cœur humain à nu sur la tribune. […] Je revois encore la scène, le jour, le lieu. […] La France aura des scènes de Rome et d’Athènes sur ses places publiques.
Aux nouveaux venus la scène !
Sainte-Beuve L’auteur, pour peu qu’il s’apaise un jour et qu’il rencontre les conditions d’existence et de développement dont il est digne, me paraît des plus capables de cultiver avec succès la poésie domestique et de peindre avec une douce émotion les scènes de la vie intime ; car si Mme Blanchecotte (ce qui est, je crois, son nom) a de la
Il rêvait les triomphes de la scène, les applaudissements d’une salle debout, soulevée d’enthousiasme et de délire… Je ne l’ai plus revu.
Les adieux d’Hector et d’Andromaque, Priam dans la tente d’Achille, Didon à Carthage, Énée chez Évandre, ou renvoyant le corps du jeune Pallas, Tancrède et Herminie, Adam et Ève, sont de véritables tragédies, où il ne manque que la division des scènes et le nom des interlocuteurs.
Il faudra seulement prendre garde, en les mêlant aux tremblements de terre, aux volcans ou aux ombres d’une forêt, de donner à ces scènes un caractère majestueux.
Ils ne pouvaient s’associer à mes pensées, jouir de mon bonheur, ni savoir quelle volupté c’est pour moi d’observer de mes propres yeux les scènes vivantes de la nature. […] Paisibles et silencieux, nous avancions, contemplant la beauté des scènes qui nous environnaient de leur magnificence sauvage. […] C’était une scène fort dramatique, et dont le silence augmentait l’intérêt. […] » Je confirmai l’accusation du sauvage, et je racontai aux voyageurs, tous deux armés de longues carabines, la scène qui venait de se passer. […] Cette sévérité, que l’on regardera peut-être comme barbare, est nécessaire à la sécurité de ces établissements naissants. » XXIV Voici la traduction de quelques scènes sauvages de l’Amérique : À la branche de saule qui pend de sa ceinture, l’amateur de poissons en a déjà accroché une centaine, lorsque, tout à coup, le ciel s’assombrit, et l’orage menace.
. — De l’abus qu’il y a dans cette perpétuelle recherche des « origines » ; — et qu’il ne suffit pas de quelques scènes d’un bon comique pour qu’on prononce le nom de Molière. […] [Cf. jusque de nos jours les « pompes » et « processions ».] — Constitution graduelle du drame liturgique ; — par l’introduction de la langue vulgaire dans les textes consacrés ; — par la figuration matérielle et costumée du « mystère » du jour ; [Cf. les drames de l’Époux et des Prophètes du Christ] ; — par l’intervention des acteurs laïques. — La Représentation d’Adam, et le fragment de la Résurrection. — Déplacement du lieu de la scène. — Pourquoi le développement du drame liturgique s’est-il interrompu pendant près de deux siècles ? […] Les Miracles. — Les Miracles sont une aventure de la vie commune, dénouée par l’intervention de la Vierge ou d’un saint ; — dont le dénouement même, et surtout « l’intrigue », n’ont rien d’obligatoire ; — les personnages n’en ont rien de forcément plus ou moins historique ; — c’est à peine si l’on peut dire qu’ils visent à l’édification, et moins encore à renseignement ; — ils sont d’ailleurs souvent hostiles au clergé ; — et on ne voit pas que l’Église les ait pris sous sa protection. — La principale relation qu’ils aient avec les Mystères est donc d’avoir entretenu le goût du théâtre ; — et, si l’on le veut, de l’avoir développé par l’intermédiaire des confréries, puys ou chambres de rhétorique. — Que, par opposition à ces caractères, les Mystères, eux, sont vraiment la mise en scène des « mystères » de la religion ; — ce qui nous dispense d’épiloguer sur la signification et l’étymologie de leur nom. — Aussi leur véritable caractère est-il bien là, non ailleurs ; — et les scènes épisodiques dont ils sont remplis ne l’ont pas altéré ; — ce que prouve d’ailleurs la seule classification qu’on en puisse donner. […] La valeur des Mystères, — et qu’en général, au point de vue littéraire, ils sont la médiocrité même ; — ce qui s’explique aisément si le théâtre vit de son fonds, comme un art indépendant ; — et que l’histoire n’en coïncide qu’accidentellement avec celle de la littérature. — Mais les Mystères ne sont même pas du théâtre : ils ne sont que du « spectacle », — et leurs auteurs ne les ont traités que comme tel. — Que cette opinion est prouvée par les conditions mêmes de la représentation des Mystères. — Et cela ne veut pas dire qu’ils ne contiennent parfois des « aventures » intéressantes, comme quelques Mystères du Cycle des saints ; — des scènes où se retrouve quelque chose de la grandeur du modèle, comme les Mystères du Cycle de l’Ancien Testament ; — et des « épisodes » curieux, d’un caractère plus ou moins réaliste, comme les Mystères du Cycle du Nouveau Testament ; — mais cela veut dire qu’ils n’ont aucune valeur littéraire ; — que l’on n’a pas à regretter leur décadence ni leur mort, — et qu’il n’a rien passé d’eux, même dans le théâtre « chrétien » de l’époque classique.
La manière d’agir sur l’esprit du lecteur ne tient pas, chez Edgar Poe, à la partie extérieure des choses, à la mise en scène de son drame ou à la poignante expression qui double la force de la pensée. […] La scène du tulipier, dans le Scarabée d’or, nous a rappelé une des plus belles pages que Lord Byron, le poète, ait écrites en prose, et dont la Critique, qui a tant de fois examiné ses œuvres, n’a jamais parlé comme elle l’aurait dû. […] L’une et l’autre de ces scènes doivent hanter longtemps la pensée ; mais le grandiose fragment de Lord Byron y doit entrer bien plus avant que la scène d’Edgar Poe, car c’est un fragment qui reste inexpliqué, inexplicable, par conséquent de la plus grande puissance fantastique, tandis que le mot de la scène du tulipier, dans sa Nouvelle, Edgar Poe, cet Hoffmann mutilé dans le vif de sa pensée par les habitudes américaines, essaie, le croira-t-on ?
La scène du duel est d’une telle vérité que je dois en omettre certains détails. […] Je signalerai, entre autres passages curieux, cette scène des élections prise au vol. […] Les scènes entre Oblomoff et Zakhare sont des plus amusantes. […] Ici la scène empruntait à son milieu un aspect imposant. […] Et c’est à ces cinq paroles que se borne la scène de famille.
Ainsi, peu ou point de dialogue, presque pas de scènes. […] Thierry au sujet de la mise en scène de Nicomède. […] On aurait désiré plus de scènes tendres entre Laodice et son amant. […] Je voudrais, pour contenir cet immense drame, une scène deux fois large et deux fois profonde comme la scène de l’Opéra. […] Intercalez à l’imprévu, entre deux scènes qui ne s’y rattachent par aucun bout, une scène pathétique : Le duel de deux frères qui s’ignorent, par exemple, ou toute autre situation connue, mais extrême, vous êtes sûr d’enlever la salle !
La scène, dans l’Iliade ; se passe sous la tente d’Achille et dans un moment de repos. […] « Rien, rien de cette scène en beautés si féconde, « Ne se peint dans ces yeux où se peignait le monde. […] Peut-être aucun écrit moderne n’offrit plus de diversités, plus de touchantes incidences, plus de naïves scènes, et plus d’oppositions du grave au doux, du naturel au merveilleux idéal. […] Le relief qu’en reçoivent les discours les distingue de ceux qui conviennent à la scène théâtrale, et pourtant ceux-là empruntent le naturel et le mouvement de ceux-ci. […] L’autre sait, au contraire, élever noblement le pathétique de cette scène, vrai chef-d’œuvre en dialogue.
Camille de Sainte-Croix met en scène… Port-Lazulie est une ville située sur l’un des versants du Mont-Pantalon.
Avant lui, notre Scène tragique retraçoit Sophocle & Euripide : il nous manquoit Eschile, & M. de Crébillon ne nous a rien laissé envier à la Grece.
La crainte des flammes vengeresses et de l’éternité formidable de notre Enfer, perce à travers le rôle de cette femme criminelle39, et surtout dans la scène de la jalousie, qui, comme on le sait, est de l’invention du poète moderne.
La scène est supposée au coin d’une rue.
Pour ramener, dans mon exemple même, la conséquence poétique à son origine religieuse, je citerai cette page où Mallarmé essaye de discerner dans la cérémonie de la messe la forme de la scène idéale : « La nef avec un peuple je ne parle d’assistants, bien d’élus : quiconque y peut de la source la plus humble d’un gosier jeter aux voûtes le répons en latin incompris, mais exultant, participe entre tous et lui-même de la sublimité se reployant vers le chœur : car voici le miracle de chanter, on se projette, haut comme va le cri. […] Telle, en l’authenticité de fragments distincts, la mise en scène de la religion d’état, par nul cadre encore dépassée et qui, selon une œuvre triple, invitation directe à l’essence du type (ici le Christ), puis invisibilité de celui-là, enfin élargissement du lieu par vibrations jusqu’à l’infini, satisfait étrangement un souhait moderne philosophique et d’art. […] Il ne nous apprend rien par cette notion, mais il s’en sert pour que nous éprouvions avec intensité un sentiment humain, Prenez au contraire des vers quelconques de Racine, ouvrez Andromaque à la première scène. […] Le grand metteur en scène, le Napoléon du xixe siècle littéraire, Chateaubriand, a donné une triple et identique image de la Mort du Poète : dans son Génie du Passé qui forme tout son monument et dont celui du Christianisme n’est qu’un épisode ; — dans sa vie refaite et sculptée sous le titre symbolique de Mémoires d’outre-tombe ; — dans l’île solitaire, où il a voulu son tombeau. […] Voir rosser sur la scène ne plaît qu’aux enfanta et aux simples.
Il a décrit, en tête d’un article sur Marilhat50, l’une des scènes de cette vie d’artiste qu’il menait en commun avec Camille Rogier, Gérard de Nerval et Arsène Houssaye, ses proches voisins, et où venaient prendre journellement leur part Bouchardy, Célestin Nanteuil, Jean ou Jehan Duseigneur ; Petrus Borel le Lycanthrope ; Dondey qui, par anagramme, se faisait appeler O’Necldy, à l’irlandaise, et qui lançait un volume de vers intitulé : Feu et Flamme ; Auguste Maquet qu’on appelait, lui, Augustus Mac-Keat, à l’écossaise. […] Un certain reflet de Watteau, ou mieux encore une teinte des comédies-féeries de Shakespeare, répandue par le romancier sur le monde qu’elle va traverser, ôtera toute vulgarité aux incidents et aux scènes qui se succéderont. […] Deux ou trois scènes, qui ont le tort de parler trop complaisamment aux sens, ont masqué la pensée philosophique de ce livre qui est fait pour déconcerter plus d’un lecteur vulgaire.
Qu’on se figure, dans ce cadre auguste et approprié, une de ces solennités telles qu’on les célébrait au Moyen-Âge les grands jours de fêtes saintes, un de ces drames liturgiques comme il s’en représentait alors dans les églises, avec musique et personnages, le clergé faisant les rôles, — les trois Mages à la crèche, les trois Maries au saint Tombeau, ou la scène des disciples d’Emmaüs au lendemain de la résurrection du Sauveur. […] Et il me plaît ici, pour diversifier ce sujet un peu grave, de montrer une petite scène d’intérieur, de soulever un coin de la tapisserie qui dérobait la toilette d’une dame de haute qualité au Moyen-Âge. […] Une scène de roman va nous édifier à ce sujet, et si agréablement que nous ne l’oublierons plus.
Jeune, on rêve la gloire littéraire sous une forme plus brillante, plus idéale, plus poétique ; on tente l’arène lyrique ou la scène, on se propose tout bas ce qui donne le triomphe au Capitole et le vrai laurier. […] Sur ce, madame de Crissé, vieille plaideuse qui se prétend outragée dans la comtesse de Pimbêche, et le conseiller Dandinard qui se croit joué dans Perrin Dandin, forcent successivement la porte et font au poëte une scène de menaces dont il se tire assez bien ; tout ce jeu est assez plaisant. […] Magnin n’a pas recueilli, dans les deux volumes qu’il nous donne, ses articles concernant les nouveautés de la scène française ; il les réserve pour un volume séparé, qui aura tout l’intérêt d’un bulletin suivi et d’une chronique très-animée.
Eynard, qui raconte très-bien cette petite scène, ajoute que ces mots pleins de raison plongeaient un poignard dans le cœur de Mme de Krüdner : « Hélas ! […] Eynard et les pièces qu’il produit, de ce besoin et aussi de ce talent inné de Mme de Krüdner, et combien elle s’entend de bonne heure à la mise en scène du sentiment : j’en suis presque effrayé à certains endroits, quand je songe à combien de choses cet art secret a pu se mêler insensiblement depuis, sans qu’elle-même s’en rendît peut-être bien compte. […] Pour monter à souhait celle rentrée en scène, elle imagina de faire faire à Paris, par les soins du docteur Gay, des vers à sa louange dont elle envoyait de Lyon le canevas : ces vers adressés à Sidonie (Sidonie, c’était, comme Valérie, l’héroïne d’un de ses romans, c’était elle-même), ces vers devaient se trouver insérés comme par hasard dans quelque journal de Lyon ou de Paris.
V « Ainsi mourut en scène devant le peuple cet homme pour qui l’échafaud était encore un théâtre, et qui avait voulu mourir applaudi à la fin du drame tragique de sa vie, comme il l’avait été au commencement et au milieu. […] Il avait les rêveries et les contemplations d’un philosophe au milieu des scènes de mort et des proscriptions d’un Marius. […] Il semble planer avec une glorieuse amnistie sur toute la scène, et justifier ainsi dans une commune auréole tous les actes et tous les acteurs.
C’est toujours la même absence, si complète qu’elle en devient étrange, du sentiment de la nature, en faisant de toute la nature, des bois, des prés, des eaux, la scène multiple et changeante du drame. […] Les points extrêmes où nous conduisent toutes ces aventures de bourgeois et de vilains sont à peu près Decize, Avranches, Anvers et Cologne : mais la scène le plus souvent est située quelque part entre Orléans, Rouen, Arras et Troyes, en pleine terre française, champenoise et picarde, dans toutes ces bonnes villes et villages où l’homme ne peut ni se passer de la société de son voisin, ni s’abstenir d’en médire, où, tout aux soucis et aux joies de la vie matérielle, pourvu qu’il ait de bons écus dans sa bourse et de bon vin dans sa cave, l’esprit libre et la langue alerte, il se moque allègrement du reste, qu’il ignore. […] Voilà essentiellement, en effet, le trio d’acteurs qui occupe la scène dans les fabliaux : parfois isolés, parfois groupés deux à deux, le plus souvent réunis dans une intrigue qui les heurte l’un à l’autre.
Il est presque banal de rappeler les aspects multiples de ce triomphe : le roman s’efforçant d’être impersonnel, documenté et de calquer le langage parlé ; le théâtre s’ingéniant à réduire au minimum la part de la convention et à porter au maximum l’exactitude de la mise en scène ; l’histoire se confinant dans les travaux d’érudition et dans les recherches minutieuses ; la critique se faisant scientifique, analytique, aussi impartiale qu’elle peut l’être ; la poésie même s’inspirant de la science ou de la vie familière. […] Les maris trompés de Molière et les femmes malheureuses des drames modernes disparaîtront de la scène, l’indissolubilité du mariage autorisant seule les revanches secrètes ou les lamentations publiques de la femme adultère. […] A peine mentionnerai-je la vieille tradition qui rattache au Palais les origines de notre théâtre comique : personne n’ignore que la table de marbre de la grand’salle a servi longtemps de scène aux « causes grasses », aux soties et moralités, et ce n’est point par hasard que la farce de l’Avocat Patelin est demeurée le chef-d’œuvre dramatique de notre moyen âge.
» Le souffle poétique, ce qui est rare chez Mirabeau, semble avoir passé en cet endroit, et en cet autre encore : « Si vous me redonnez la liberté, même restreinte, que je vous demande, la prison m’aura rendu sage ; car le Temps, qui court sur ma tête d’un pied bien moins léger que sur celle des autres hommes, m’a éveillé de mes rêves. » Ailleurs, parlant non plus à son père, mais de son père, il dira par un genre d’image qui rappelle les précédentes : « Il a commencé par vouloir m’asservir, et, ne pouvant y réussir, il a mieux aimé me briser que de me laisser croître auprès de lui, de peur que je n’élevasse ma tête tandis que les années baissent la sienne. » On a refusé l’imagination proprement dite à Mirabeau ; il a certainement l’imagination oratoire, celle qui consiste à évoquer les grands noms historiques, les figures et les groupes célèbres, et à les mettre en scène dans la perspective du moment : mais, dans les passages que je viens de citer, il montre qu’il n’était pas dénué de cette autre imagination plus légère, et qui se sent de la poésie. […] Pour mieux faire sentir que c’est tout à fait l’orateur ici qui est en scène et qui va chercher son argument dans la conscience de l’adversaire, je n’ai qu’à rappeler ce que Mirabeau dit en vingt endroits : « Je crois à un Dieu, mais non à un Dieu rémunérateur. » Il croyait, pour son compte, à une Cause première qu’il ne définit guère autrement, et non pas à l’immortalité de l’âme. […] Lorsque, décidément, le Mirabeau pamphlétaire eut cessé et que l’orateur eut levé la tête, quand il eut pris son grand rôle dans les assemblées des États de Provence et qu’il s’y fut dessiné comme tribun déjà et comme pacificateur tout ensemble, le vieillard, lisant la relation de ces scènes mémorables, s’écria : « Voilà de la gloire, de la vraie gloire !
* * * — Cette première scène de La Faustin, sait-on ce qui m’en a donné l’idée ? […] Ce matin encore, distribuée, sur les boulevards, une chromolithographie, représentant une scène du roman, et distribuée à 10 000, et dont la distribution doit durer une semaine. […] Le soir, parmi les quelques minutes, que je passe à l’Odéon, avec les Daudet, Rousseil sur la scène engueule lyriquement ma littérature.
S’emparant des innovations des romantiques allemands, il leur apprit une langue plus simple ou plus subtile que celle de la période classique ; il a profité de leurs tentatives d’introduire dans une littérature septentrionale, les poèmes à forme fixe de l’Orient et du Midi ; à leur suite, il mit en vers dans ses ballades les sombres incidents de l’histoire du moyen âge, et plaça souvent la scène de ses écrits dans les pays traditionnellement poétiques, en Italie, en Espagne, dans l’Inde. […] Aux ballades vulgaires, il prit la simplicité, la brièveté, le tour naïf et pénétrant de ces petites épopées, la malle émotion, les légendes pieuses et charmantes, et, comme la chanson populaire, il sait décrire en quelques couplets lyriques, des scènes d’intérieur mystérieuses ou souriantes, ayant le relief, les ombres profondes et la lumière blondissante des vieilles eaux-fortes : Il pleut, il vente et il neige. […] Ces sortes de scènes familières d’un réalisme concis, sont nombreuses dans l’œuvre de Heine.
Penser autrement, ce serait ressembler à ce mathématicien sévère, qui après avoir lu la scène admirable du délire de Phèdre, demandait froidement, qu’est-ce que cela prouve ? […] Ce ne sont point les règles qui ont inspiré à Shakespeare le monologue admirable d’Hamlet ; mais elles nous auraient épargné la scène barbare et dégoûtante des fossoyeurs. […] La prose de Molière est toute pleine de vers de cette espèce : en voici un exemple tiré de la première scène du Sicilien.
il assiste à des scènes déchirantes, etc. […] Mais derrière les souvenirs qui viennent se poser ainsi sur notre occupation présente et se révéler au moyen d’elle, il y en a d’autres, des milliers et des milliers d’autres, en bas, au-dessous de la scène illuminée par la conscience. […] Je rêve de la Terreur ; j’assiste à des scènes de massacre, je comparais devant le tribunal révolutionnaire, je vois Robespierre, Marat, Fouquier-Tinville… ; je discute avec eux ; je suis jugé, condamné à mort, conduit en charrette sur la place de la Révolution ; je monte sur l’échafaud l’exécuteur me lie sur la planche fatale, il la fait basculer, le couperet tombe je sens ma tête se séparer de mon tronc, je m’éveille en proie à la plus vive angoisse, et je me sens sur le cou la flèche de mon lit qui s’était subitement détachée, et était tombée sur mes vertèbres cervicales, à la façon du couteau d’une guillotine.
C’est ce qui me frappa surtout dans cette scène, et la marqua dans ma mémoire. […] La tête engagée entre les balustres, j’assistais à une scène extraordinaire. […] Ce fut une scène impossible, une lutte où je ne fus pas vaincue. […] Grand-père lui fit presque une scène. […] Pourtant je revois toujours la scène, comme si j’y étais.
Ils s’arrêtent avec un vif plaisir devant les chromos d’après les tableautins de Munich représentant des scènes de brasseries et d’estaminets rustiques, et passent sans un regard devant les peintres du plein air. […] Le poète Haraucourt fait déclamer sur la scène, par Sarah Bernhardt, une paraphrase de l’Évangile écrite en vers vigoureux, pendant qu’une musique contenue accompagne, comme dans les anciens mélodrames, la comédienne d’une « mélodie sans fin ». […] Sur la scène, on déclame une poésie de forme approximativement dramatique. […] Le peintre du moyen âge qui représentait une scène religieuse, était persuadé qu’il peignait quelque chose d’absolument vrai. […] « Des idées mystiques viennent compléter la scène ; il parle de Dieu, du ciel, fait des signes de croix, des génuflexions, il dit qu’il suit la loi du Christ ».
Mais il était réservé à l’ami de Victor Hugo l’honneur, nous dirons même la gloire, de mettre à la scène Quatrevingt-treize.
Le choix du sujet, par exemple, la contexture du plan, l’art de préparer les incidens, de nouer & de dénouer l’intrigue, la nécessité de soutenir l’action, la disposition des actes, la coupe & la liaison des scènes, & cent autres particularités sur lesquelles les Anciens ne sont entrés dans presque aucun détail, sont présentés chez lui avec une clarté de principes & une sûreté de goût, qui le mettent bien au dessus de tous ceux qui se sont exercés à écrire sur la Théorie & la Pratique du Théatre.
La scène a beau être disposée historiquement avec toute la science et l’application dont le poëte est capable ; ce jour fantastique et prestigieux, qui tombe d’en haut comme dans un souterrain, nous avertit toujours que nous avons affaire à l’idéal amant des régions supérieures. C’est l’impression que cause, par exemple, dans le Capitaine Renaud, la belle scène du pape et de l’empereur ; on n’ose s’y confier comme à la vérité même, malgré l’émotion qu’on en reçoit. Shakspeare et Scott ne sont pas ainsi dans les scènes historiques qu’ils nous offrent, et rien n’avertit chez eux que le magicien est là. […] Dans Stello, l’histoire d’André Chénier serait parfaite à mon sens et de poésie et de vérité, sans la scène arrangée chez Robespierre, où mille petites invraisemblances accumulées composent une impossibilité énorme.
Toutes les fables de La Fontaine, à en excepter quelques-unes, si vous voulez, comme la Vieille et les Deux Servantes, et lesfables de ce genre-là qui, du reste, sont des contes et non pas des fables, presque toutes les fables de La Fontaine sont des fables naturistes, c’est-à-dire des fables où il y a, à travers le récit, une échappée, une avenue rapidement ouverte sur quelques scènes, et, en général, sur quelques scènes charmantes de la nature. […] Il a voulu, comme il l’a dit très bien et quoique la citation soit banale, je ne me refuse pas du tout à la faire il a voulu faire de la fable : Une ample comédie à cent actes divers Et dont la scène est l’univers. L’univers tout entier : hommes, bêtes, plantes et même la nature inanimée, à ce point qu’il a mis la montagne même en scène dans ses fables : la Montagne qui accouche.
Un des plus beaux et des plus incontestables endroits de l’Histoire de d’Aubigné en sa dernière partie est la scène de Saint-Cloud et ce qui s’y passe aussitôt après la mort de Henri III (1589). […] La suite des scènes est pleine d’intérêt.
Les événements, qui ne remuaient jadis que de petits territoires contigus à la France, remuent en ce moment le globe tout entier ; comment juger avec connaissance de cause ces événements, sans en connaître la scène et les acteurs ? […] Les anciens gravaient les distances pour les voyageurs sur les bornes milliaires qui bordaient les voies romaines, du Capitole aux extrémités de l’empire ; combien le voyage eût été plus instructif et plus intéressant, si chaque borne milliaire, en vous disant la distance, vous eût raconté en même temps tout ce qui s’était passé avant vous sur chacun de ces espaces circonscrit entre ces deux pierres, et s’il avait reproduit ainsi tous les faits et tous les acteurs, en même temps qu’il reproduisait le lieu de la scène de tous ces grands drames de l’humanité !
Mais voici que la scène change. […] La scène changea lorsque Curie s’avisa de mettre le radium dans un calorimètre ; alors on vit que la quantité de chaleur incessamment créée était très notable.
Dans les scènes scandaleuses ou grotesques qui ont suivi la Révolution de février, qu’a-t-on vu le plus souvent ? […] La place publique parodiait au sérieux la scène ; les coulisses des boulevards s’étaient retournées, et l’on avait le paradis en plein vent.
Dans les scènes dramatiques, lorsque les passions sont émues, et que tous les miracles doivent sortir de l’âme, l’intervention d’une divinité refroidit l’action, donne aux sentiments l’air de la fable, et décèle le mensonge du poète, où l’on ne pensait trouver que la vérité. […] Tobie offre des ressemblances touchantes avec quelques scènes de l’Iliade et de l’Odyssée : Priam est conduit par Mercure, sous la forme d’un jeune homme, comme le fils de Tobie l’est par un ange, sous le même déguisement.
En plusieurs circonstances de son voyage, il rappelle presque la belle scène des coups de cravache chez le pacha, dans l’Itinéraire de Chateaubriand. […] Ce fut cette raison qui le décida à jouer cette grande comédie qu’on peut appeler une comédie de caractère (car il en faut beaucoup pour la jouer), et dont les scènes, multipliées en deux gros volumes, toujours variées et toujours nouvelles, eurent le succès le plus triomphant et le plus complet.