Corollaire relatif à la sagesse politique des anciens Romains Ici se présente une question à laquelle il semble bien difficile de répondre : lorsque Rome était encore peu avancée dans la civilisation, ses citoyens passaient pour de sages politiques ; et dans le siècle le plus éclairé de l’empire, Ulpien se plaint qu’ un petit nombre d’hommes expérimentés possèdent la science du gouvernement .
Il veut que les gardiens de l’État et les guerriers ne possèdent rien en propre, comme dans nos ordres monastiques du moyen âge. […] Platon, de qui descendent, par une filiation de démence, ces niveleurs radicaux de nos jours, destructeurs en idée de la propriété, dont ils sont nés et dont ils vivent, Platon défend aux membres de son troupeau humain de rien posséder en propre. […] Celui donc qui, comme Platon, défend à ses sujets ou à ses disciples de rien posséder en propre, défend à l’individu de suivre la loi même physique de la nature, et défend à la famille, ce nid de l’humanité, réchauffé de tendresse, pourvu d’aliment et couvé de prévoyance, de se fonder et de se conserver ici-bas.
Une secte qui naissait alors dans le salon de madame de Staël, et qui a possédé le pouvoir sous deux règnes depuis, la secte jeune, lettrée et publiciste des doctrinaires, ces habiles exploitateurs des demi-révolutions, fit de ce livre son évangile ; la France devint anglaise avec eux. […] L’engouement britannique possédait Paris. […] Elle a fait home aux hommes de leur servitude ; elle a protesté contre la tyrannie ; elle a entretenu ou rallumé dans les âmes le feu presque éteint de la liberté monarchique, représentative ou républicaine ; elle a détesté à haute voix, quand tout se taisait ou applaudissait, le joug soldatesque, le pire de tous, parce qu’il est de fer, et qu’il ne se brise pas même, comme le joug populaire, par ses propres excès ; elle a donné du moins de la dignité au gémissement de l’Europe ; elle a été vaincue, mais elle n’a pas consenti à sa défaite, elle n’a pas loué l’oppression, elle n’a pas chanté l’esclavage, elle n’a pas vendu ou donné un seul mot de ses lèvres, une seule ligne de sa main à celui qui possédait l’univers pour doter ses adulateurs ou pour exiler ses incrédules ; elle a édifié et consolé l’esprit humain ; elle a relevé le diapason trop bas des âmes ; elle a trouvé dans la sienne, elle a communiqué à ceux qui étaient dignes de la lire, un certain accent antique peu entendu jusqu’à elle, dans notre littérature monarchique et efféminée, accent qui ne se définit pas avec précision, mais qui se compose de la sourde indignation de Tacite, de l’angoisse des lettres de Cicéron, du murmure anonyme du Cirque quand Antoine présente la pourpre à César, du reproche de Brutus aux dieux quand il doute de leur providence après la défaite de la cause juste, du gémissement de Caton quand il se perce de son épée pour ne pas voir l’avilissement du genre humain !
Il avait des visions, des faveurs intérieures dont on possède à Saint-Sulpice le cahier autographe, écrit pour son directeur. […] Un de ces esprits froids et fermes, comme la société en a, toujours possédé, rebâtit la maison exactement sur les mêmes bases. […] Cauchy fut à la fois un mathématicien de premier ordre et un fidèle des plus dociles ; de la même manière que l’Académie des sciences possède encore aujourd’hui dans son sein un grand nombre de croyants.
La langue d’oïl ne possédait que deux cas : certes, ce n’était pas un mécanisme très compliqué ; mais, dans cet âge enténébré, c’était encore trop pour les intelligences et, quand l’ordre renaquit, quand la France fut sortie du chaos, le français moderne, fils de la langue d’oïl, avait perdu sur la route un des deux cas qui embrouillèrent si fort les bonnes gens de cette malheureuse époque. […] Un contemporain déclare qu’il aimerait mieux avoir fait une seule de ses odes que de posséder le duché de Milan. […] La Théodora de Sardou, aux environs de la centième, lui avait déjà rendu un million, et le même Sardou possède à Marly-leRoi un château princier précédé, comme le palais d’un Pharaon, par une avenue bordée de sphinx.
Avec la dévorante faculté d’assimilation qu’il possède, il a bientôt absorbé l’antique monarque du lieu. […] Ce fut alors, entre les déesses, une querelle exquise, pareille à celle d’Obéron et de Titania, dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, — « La reine a pour page un aimable enfant, volé à un roi indien, le plus charmant captif qu’elle ait jamais possédé, et le jaloux Obéron voudrait faire de l’enfant un cavalier de sa suite, pour courir avec lui dans les forêts sauvages. […] Les Mystères d’Éleusis, si nobles et si ingénus à leur origine, se pervertissent vite dès qu’ils sont possédés par ce démon du midi.
Il possède des dons très réels d’évocateur, mais il y a encore beaucoup de morale et de philosophie dans ses vers, avec une mélancolie incurable. […] André Dumas (Paysages) possède un talent très délicat et très sûr, sobre, en demi-teintes, une âme d’automne finement mélancolique. […] Ma bouche a possédé ta bouche féminine Et mon être a frémi sous tes baisers d’amant, Car je suis l’Être double et mon âme androgyne Adore en toi la vierge et le Prince Charmant… Mme Lucie Delarue-Mardrus : Dès ses premiers vers M.
Dans la marée humaine ceux qui ont cette puissance sont en haut, ceux qui ne la possèdent pas mais qui ont néanmoins le même désir de la posséder pour les mêmes buts sont en bas. […] Nietzche possédait de grands dons satiriques, mais il fut en même temps un exemple vivant de cette non-réussite à laquelle est vouée toute vigueur trop abstraite.
Théodore Bergk s’est écrié : « Nous ne possédons pas tout ce qu’Hésiode a fait et le peu que nous possédons n’est pas de lui. » Qu’est-ce qu’il en sait, Théodore Bergk ? […] Nous possédons en nous une richesse inépuisable : notre énergie. […] » Molière n’a pas seulement possédé ce don proverbial. […] Les Pères possédaient trois théâtres : autant que de chapelles. […] Ils semblent possédés du désir d’humilier leur patrie devant cette fausse aïeule.
Mais si elles le manifestent de la façon la plus originale, les odeurs ne sont pas seules à posséder ce privilège : la musique, la peinture, — les Phares — aussi. […] Il le doit à une qualité qu’il possède à un degré extraordinaire, la mémoire. […] Elle possède cette valeur suprême dans l’art du roman : changer selon une courbe réelle de vie, courbe qui n’est pas de logique extérieure, mais de vérité intérieure. […] Il a possédé plus que personne ce qui fait l’esprit de la critique, il n’a pas possédé ce qui en fait la matérialité. […] Il possède la foi en Dieu, la confiance en Dieu, qui fera ce qu’il faut.
Ne peut-on posséder les idées comme les femmes ? […] Mon Dieu, l’Allemagne nous a nourri l’Amiel que nous possédons, celui du Journal. […] Mais il ne la possède pas. « Aucune contrainte extérieure, jouissance de tout mon temps, maître de me poser un but quelconque. […] Le premier possède l’œil intérieur, qui voit la complexité et la vie. […] L’occasion de posséder en Philine, à ses risques et périls, une vraie femme, a passé.
Mais dans des cas fréquents la victoire dépend moins de la vigueur générale de l’individu que des armes spéciales qu’il possède et qui sont le plus souvent particulières au sexe mâle. […] Nous n’avons pas plus de raisons pour douter de ce résultat que de celui que nous obtenons nous-mêmes sur nos Lévriers, dont nous accroissons la légèreté par une soigneuse sélection méthodique ou par une sélection inconsciente, provenant de ce que chacun s’efforce de posséder les meilleurs Chiens sans avoir aucune intention de modifier la race. […] D’autre part, nous avons encore supposé que les deux espèces A et I étaient très communes et très répandues, de sorte qu’elles doivent en principe avoir possédé quelque avantage sur la plupart des autres représentants du genre. […] On aurait pu préjuger cette loi ; car la sélection naturelle agit toujours à l’aide d’une forme qui possède déjà, dans la concurrence vitale, quelques avantages sur d’autres formes ; et l’étendue ou la richesse de formes d’un groupe est une preuve que les espèces qui le composent ont hérité en commun quelque avantage d’un commun ancêtre. […] Mêmes doutes à l’égard des plantes, chez lesquelles on ne retrouve plus l’intelligence pour servir de mesure et de guide ; de sorte que certains botanistes donnent le rang supérieur aux plantes qui possèdent la série complète de leurs organes, c’est-à-dire des sépales, des pétales, des étamines et un pistil pleinement développés dans chaque fleur ; d’autres au contraire, avec plus de vérité probablement, considèrent comme plus élevées dans l’échelle organique les plantes chez lesquelles les organes sont le plus différenciés, le plus localisés pour des fonctions spéciales, et en général moins nombreux pour la même fonction.
Cela va confirmer le populaire dans sa traditionnelle croyance que, malgré l’adage également traditionnel, c’est l’argent qui fait le bonheur et qu’on ne saurait en posséder trop, et qu’il faut tout sacrifier à sa possession, exactement comme un chrétien devrait sacrifier tout à la conquête de la bienheureuse vie éternelle. […] Le populaire cependant n’est pas de cet avis : « On ne se suicide pas, dit-il, quand on possède chez soi vingt mille pièces d’or, quand on peut prendre des bains d’or, coucher sur l’or et dans l’or, respirer l’or, vivre l’or. » Il eût compris le suicide avec une fortune en papier, une fortune sans attrait, sans magnétisme, mais il ne peut admettre que l’on renonce volontairement à la présence réelle de l’or, à la fascination de l’or. […] Ce n’est pas le premier avaricieux que l’on a trouvé mort exténué sur le tas de ses écus, et vraiment l’idée que l’on possède tant d’or, mais que l’on se sent incapable de mettre en usage une seule des possibilités qu’il contient, est bien faite pour vous mettre la cervelle à l’envers ! […] Il le possédait mais en paroles et en chèques, quoique pourtant en réalité. […] On ne se demande plus si une chose est bonne : elle est étrangère, donc proscrivons-la ; si cet ouvrier possède bien son métier, si ce commerçant est honnête et ingénieux : ils sont étrangers, qu’ils s’en aillent.
C’a été le cas pour Roger de Collerye qui a profité plus qu’aucun autre de cette espèce d’ardeur systématique rétrospective dont quelques estimables érudits à imagination vive sont possédés. […] J’ai dit qu’elle savait l’italien ; elle faisait même des sonnets italiens, elle possédait cette belle littérature ; et je ne serais pas étonné que ce fut de là qu’elle eût tiré le fond et peut-être le développement de ce docte et ingénieux dialogue, le Débat de Folie et Amour.
Ce qui est à remarquer, c’est qu’aucun succès ne l’endormit et qu’il resta en tout et partout travailleur et producteur aussi actif, aussi infatigable que le premier jour, possédé de l’amour et, comme il disait, de la rage de peindre. […] … Reconnaissons-le de bonne foi, ajoutait-il d’un air de renoncement vraiment comique et avec plus de pesanteur encore que de malice, reconnaissons-le sans honte et sans confusion, sa peinture n’est que médiocre et ne possède guère que des qualités négatives. » Puis, évoquant, selon son habitude, les plus grandes œuvres de la peinture, les toiles les plus diverses consacrées par l’admiration, l’oracle tout bouffi déclarait ne trouver que là sa haute satisfaction et sa joie.
Balzac, que je ne prétends nullement diminuer sur ce terrain des mœurs du jour, et de certaines mœurs en particulier, où il est expert et passé maître, Balzac pourtant s’emporte et manque de goût à tout moment ; il s’enivre du vin qu’il verse et ne se possède plus ; la fumée lui monte à la tête ; son cerveau se prend ; il est tout à fait complice et compère dans ce qu’il nous offre et dans ce qu’il nous peint. […] Gavarni se possède toujours.
Un jeune beau de la ville de Leyde, un jeune peintre qui croit posséder la plus ravissante maîtresse de la ville, se trouve, minuit sonnant, au moment suprême, n’avoir entre ses bras qu’une horrible vieille, une sorcière infâme. […] Il a soif de posséder et de s’assimiler ce qu’il n’est donné à nul homme de ravir et ce qu’il est permis tout au plus de concevoir et de contempler.
Il la fit imprimer à Florence en 1494 ; des éditions plus ou moins soignées s’en multiplièrent au xvie siècle ; on traduisit ce grec en latin, ce qui était la vulgarisation d’alors, et l’on se flattait de tout posséder. […] Terre aimable, tel est le mort que tu possèdes !
Ce général, qui avait la force du corps singulière du roi son père, avec la douceur de son esprit et la même valeur, possédait de plus grands talents pour la guerre. » Cette douceur d’esprit qui étonne un peu d’abord, nous la retrouverons nous-même et nous la vérifierons. […] Burty me fait remarquer qu’il s’agit probablement de la mécanique genre de talent que possédait en effet le maréchal de Saxe.
Que ce monde renferme de bonheur quand on possède en soi le sens le plus humble et le plus grand tout ensemble, l’admiration ! […] Mais que direz-vous quand vous apprendrez que nous venons de voir la tête véritable du Laocoon, possédée par ce duc d’Aremberg, au prix de 460,000 francs ?
Puis, quand ces grands auteurs du passé furent imprimés, quand on les posséda dans des textes suffisamment établis et convenablement élucidés, on se mit à en jouir, et l’esprit moderne, un moment étonné, réagit bientôt en tout respect et avec son amour-propre légitime : loin de se laisser décourager, il se demanda ce qu’il fallait faire et comment il devait s’y prendre désormais, puisqu’il était en face de chefs-d’œuvre comme on n’en avait jamais eu. […] Être humaniste, c’était se borner à lire les Anciens, et, entre les modernes, ceux qui paraissaient dignes, par endroits, de s’appareiller aux Anciens ; c’était les comprendre, s’en pénétrer, les posséder, et en être venu, dans cette familiarité de chaque heure, à y découvrir chaque fois de nouvelles délicatesses, de nouvelles beautés.
Pour l’estimer à son prix, il faudrait la posséder de près et la regarder de loin. […] Les Beuchot, les Brunet, les Quérard, doivent en posséder par devers eux la plupart des éléments positifs.
Elle n’était pas moins heureuse divinement, quand elle l’avait vu une demi-heure de soirée au milieu d’une compagnie qui empêchait toute confidence, et ce bonheur dû au seul regard et à la présence de la personne chérie la possédait tout entière sans qu’elle crût manquer de rien. […] Madame du Maine, en vraie Condé qu’elle était, possédait à merveille tous ces précédents.
D’un autre côté, je ne puis dire non plus que je n’ai pas le droit de donner le nom de droites aux côtés des triangles non-euclidiens, parce qu’ils ne sont pas conformes à l’idée éternelle de droite que je possède par intuition. […] Ce continu possède un certain nombre de propriétés, exemptes de toute idée de mesure.
Madame Gros, institutrice libre à Lyon, est peut-être la personne de notre temps qui possède le mieux l’art exquis de faire vibrer, par une sorte de savant coup d’archet, le sentiment moral non encore éveillé. […] Nous possédons un excellent crayon de cette physionomie modeste, franche, ouverte, chagrine, mais résignée, en une petite biographie, chef-d’œuvre de simplicité et de vertueuse bonne grâce, écrite par M. le curé de Château-l’Évêque.
Vous savez comment j’ai toujours honoré Beethoven, un être presque surhumain ; un de mes plus chers désirs artistiques était de posséder une œuvre qui rapportât fidèlement l’histoire de sa vie et où il fût rendu justice à toutes ses sublimes et éclatantes qualités. […] La lettre était datée : « Paris, le 7 mai 1841 » et on y voyait entre autres choses : « Le monde doit posséder un portrait de ce grand homme, clair et noble comme lui.
Elles en possèdent dans leur sein les plus considérables, elles les développent, elles les produisent sous des aspects nouveaux ; elles les modifient souvent et les manifestent toujours. […] Il apportait dans ces discussions une grande connaissance de la matière, la science de l’histoire, des rapprochements lumineux avec la législation anglaise, qu’il possédait à fond et dans les moindres particularités, un esprit véritablement législatif, qui ne s’en tient pas aux vues générales, mais qui se plaît à entrer dans le dispositif des lois, à en examiner le mécanisme, et qui invente au besoin des moyens et des ressorts nouveaux.
Pourvu que vous ne me portiez pas envie, je vous abandonne sans peine tout ce que vous possédez. » Une telle manière de sentir, quand elle se prouve par des actions, est faite pour racheter bien des fautes. […] Retournons donc à l’orthographe (pour plaire à ton honorée mère) : mais je ne connais qu’un moyen d’écrire correctement, c’est de posséder sa langue par principes.
M. de La Marck, tout étranger qu’il était de naissance, put être nommé membre des États généraux, à la faveur de quelques fiefs qu’il possédait dans le royaume. […] Le talent de la parole, à ce degré, est un instrument de puissance comme aussi une source d’illusion et de tentation pour celui qui le possède.
Necker, on l’a remarqué, ne figurait guère d’abord dans le salon de sa femme que par son attitude d’observateur, et par un silence dédaigneux, ou peut-être prudent, sur des sujets qu’il ne possédait pas tous au même degré. […] Aussi vive et aussi impétueuse que sa mère était contenue et prudente, s’agitant à tous les souffles du siècle, et possédée d’un génie qui allait s’aventurer dans bien des voies, elle étonnait, elle inquiétait cette mère si sage, et elle lui suggérait cette pensée involontaire : « Les enfants nous savent ordinairement peu de gré de nos sollicitudes : ce sont de jeunes branches qui s’impatientent contre la tige qui les enchaîne, sans penser qu’elles se flétriraient si elles en étaient détachées. » M.
Il aimait la dispute, s’y possédait et y prenait vite ses avantages. […] En général, c’est cette justesse, cette solidité, qui me frappent chez Maury, dans une matière qu’il possède à fond.
Le curé de Moëns, paroisse voisine de Ferney, a soutenu un procès à Dijon contre les pauvres de sa paroisse, qui se croyaient en possession de je ne sais quelle dîme (bien que, d’après l’ancien droit, une communauté d’habitants fût incapable de posséder une dîme) ; Voltaire prend feu, il fait appel au président : « Ayez compassion des malheureux, vous n’êtes pas prêtre. […] Mais, à y regarder de plus près, on distingue très bien que c’est une inquiétude à la fois nerveuse et intéressée qui le possède ; il sait à merveille pourquoi il fait tous ces maniements et remaniements au contrat ; il a l’air de citer comme textuels des articles qu’il sait ne point exister et que de parti pris il altère.
cessons d’admirer les anciens qui nous ont peu appris en morale et rien en économie politique, seuls résultats vraiment utiles de l’histoire. » Il définit le gouvernement « une banque d’assurance, à la conservation de laquelle chacun est intéressé, en raison des actions qu’il y possède, et que ceux qui n’y en ont aucune peuvent désirer naturellement de briser ». […] Il était de ce qu’on appelait la société d’Auteuil, avec Tracy et Cabanis, ses collègues au Sénat ; il habitait, rue de La Rochefoucauld, une maison aujourd’hui possédée par M.
Ces malheureux, dévorés par le verbalisme, possèdent encore, outre ceux qui sont immortels, toute une série de principes, tels que : le principe sur lequel tout roule — le principe solidement assis — le principe posé trop légèrement — le principe inflexible — le principe qui a germé d’une manière féconde » ; ils détiennent aussi « l’hommage rendu aux principes, l’étrange aberration de principes, les principes sacrés, et les principes consacrés ». […] Aucun mot ne possède un sens unique ni ne correspond exactement à un objet déterminé, exception faite pour les noms propres.
Le fait par lequel un grand écrivain, parti d’on ne sait quelles origines impossibles à dégager, ayant senti en lui un monde nouveau l’émouvoir, faisant appel à des dispositions, à des pensées, aune sensibilité intacte jusque-là et dormantes, groupe autour de lui eu cercles concentriques toujours plus étendus, ses congénères intellectuels, dégage de la masse humaine confondue, la classe d’êtres qui possèdent en eux un organisme consonnant au sien, vibratileei sous les impulsions mêmes qui sont en lui puissantes au point de l’avoir contraint à leur trouver l’expression et à les extérioriser ainsi généralement intelligibles et efficaces — ce phénomène est le semblable de celui par lequel, dans un autre ordre, l’ordre des actes et non plus des émotions, un homme ayant connu une entreprise, portant en lui cet ensemble d’images préalables de réussite, de gloire, de fortune qui constituent une impulsion, ces visions d’effet à réaliser, de moyens, de détails, d’acheminements, de dispositifs, qui constituent un but, parvient par persuasion, par des ordres, par simple communication, à les faire passer rudimentairement, vaguement, clairement, dans l’âme des milliers de suivants que forment ses lieutenants, une armée, des alliés ; que forment encore des ouvriers, des ingénieurs, des collaborateurs ; ou un public, des courtiers, des banquiers, des associés ; ou simplement le peuple, des agents électoraux, des députés, des ministres. […] Résumant enfin ces procédés de synthèse et les considérations antérieures sur l’analyse, nous avons aperçu dans l’esthopsychologie complète, le moyen le plus puissant que nous possédions pour connaître des individus ou des groupes humains, et la science par conséquent dont il faut attendre rétablissement de lois valables pour l’homme social.
Je sais que seul un juste ouvrage peut posséder l’éternité Je m’applique à ce dur travail obstinément. » Ce style singulier et immodeste, ce panthéisme cessèrent rapidement d’être à la mode. […] Stéphane Mallarmé, sur lequel on s’est si généralement mépris fut le théoricien d’un classicisme rigoureux, et ceux qui l’écoutèrent savent quelle clairvoyance saine, quel sens infiniment averti de la mesure et des limites de l’art, il possédait.
Il ne croit pas qu’il soit possible d’apprendre cette orthographe, & de la posséder parfaitement que par une étude particuliére de la Grammaire françoise. […] Avant lui nous possédions les origines françoises de Budé, de Baïf & de cet habile Imprimeur Henri Etienne, aussi fameux par ses propres ouvrages, que par le lustre que ses presses donnerent à ceux des autres.
Si j’étais souverain et que je pensasse que tous les jours de fêtes et de dimanches, entre onze heures et midi, cent cinquante mille de mes sujets disent à tous les autres et leur font croire, au nom de Dieu, tout ce qui convient au démon du fanatisme et de l’orgueil qui les possède, j’en frémirais de terreur. […] Vice incurable : ne craignez point que celui qui possède les principes fondamentaux se rende ridicule.
Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre. […] Il est vrai que Cicéron fait oublier ce défaut par les autres qualités de l’orateur qu’il possède au suprême degré.
Nul parmi eux ne possède une seule de ces trois choses qui doivent entrer comme éléments indispensables dans la fabrication de toute grandeur. […] Il n’est pas un seul de ces hommes, dont Cassagnac fait une hécatombe expiatoire à la vérité et à la dignité de l’Histoire outragée, qui n’atteste, par l’abaissement de ses facultés, la terrible puissance du mal, que possèdent, à l’égal des hommes de génie, les êtres médiocres et même les natures ineptes.
Tous avaient spéculé sur sa compassion, et l’un après l’autre, — pour parler convenablement, — ils l’avaient possédée. […] En un mot, il était possédé du désir d’être soi, — folie aux yeux du monde. […] Mais je le possède dans ses livres et dans son influence sur la société contemporaine. […] L’un la tue à force de caresses, sitôt qu’elle est devenue sa femme légitime ; l’autre ne la possède qu’après sa mort. […] Ainsi, pour moi, un seul mot de Verlaine, un de ces mots profondément naïfs dont il possède le secret, m’éclaire les abîmes du cœur humain et de la foi, ce qui est la même chose.
Mais cette expérience toujours à propos et toujours renouvelée, que je demande ici, je vois que très peu d’hommes la possèdent, et beaucoup de ceux même qui passent pour sages sont tout prêts, en avançant dans la vie, à commettre et à recommencer, dans un ordre un peu transposé, précisément les mêmes fautes.
La nouvelle apologétique qu’on pourrait déduire des Pensées de Pascal, telles qu’on les possède actuellement, ne saurait s’adresser en réalité qu’à un petit nombre d’esprits et de cœurs méditatifs ; et elle mériterait moins le nom d’ apologétique que de s’appeler tout simplement une forte étude morale et religieuse faite en présence d’un grand modèle.
Lise étant morte des suites d’un coup de pied qu’il lui a donné en plein ventre dans un moment de vivacité, Buteau a épousé en secondes noces la Guezitte, une veuve qui possède les meilleures terres de Rognes.
Au moment où il a compté l’argent et où il va emmener Celia, un sbire vient mettre le séquestre surtout ce que possède Mezzetin, et par conséquent sur l’esclave.
Paris possède aussi ses revues régionalistes (Revue Septentrionale, La Province, etc.)
Je ne puis être de leur avis : il me semble qu’il est utile et convenable de posséder la notion du juste et de l’injuste, avant la connaissance des actions, des personnages et de l’historien même, auxquels on doit l’appliquer.
Par un autre hasard encore, ces deux poètes se recommandent par des qualités si différentes, ils forment entre eux une telle antithèse de talent et de manière, que les opposer dans un étroit vis-à-vis c’est, comme on dit en peinture, les repousser l’un par l’autre ; c’est donner plus de précision à leur examen ; et faire mieux sentir le prix de ce que tous les deux possèdent et de ce qui manque à chacun d’eux.
Selon moi, ils possèdent la vraie poésie de la vie.
Il ne possède aucun métier, sinon qu’on l’a connu, jadis, reporter, quêtant l’accident du jour, qu’il allait ensuite colporter de feuille en feuille. […] si Brasseur voulait venir chez nous, si seulement nous pouvions posséder Lassouche ou Grassot… — Grassot ? […] Émile Zola possède à un degré moindre, c’est l’intelligence de la vie interne de l’homme. […] Et comme il le possède, ce pauvre cœur de l’homme ! […] Dans le guignol littéraire, les personnages de romans n’expriment et ne possèdent qu’une préoccupation : aimer.
Il mêle à des idées plus modernes la philanthropie chrétienne de Fénelon et le fier sentiment de dignité que possédait le Tasse. […] De Vigny déploie des qualités qu’aucun poète moderne n’a possédées au même degré : ce sont des qualités raciniennes. […] La chanson du reste possède un grand avantage, c’est de se prêter à toute espèce de sujet. […] Qu’il serait fructueux pour l’éducation de la jeunesse de posséder tous ces cours dans leur suite ! […] Un enthousiasme sincère les possède ils trouvent des lumières soudaines au plus fort de la mêlée.
L’amour des richesses est venu, le souci et la passion de posséder le sol et le numéraire. […] Vouloir posséder le sol c’est se transformer de puissance spirituelle en puissance temporelle. […] Il sera entendu qu’on la possède. » Elles répondent à un des instincts, à un des besoins les plus profonds de l’humanité. […] Il fut aidé, d’ailleurs, dans sa tâche, par une qualité qu’il possédait à un degré surnaturel. […] Jamais, depuis Bossuet, Dieu à travers l’histoire, ou bien plutôt l’histoire vue à travers Dieu, n’avait occupé, maîtrisé, possédé un esprit humain avec une telle puissance et une telle suite.
Et de la nourriture, la conversation va aux vins, et Tourguéneff avec ce joli art du récit à petites touches de peintre qu’il possède, comme pas un de nous, fait le récit de la lampée d’un extraordinaire vin du Rhin, dans une certaine auberge d’Allemagne. […] Un joli détail : ces femmes, à l’exemple des hommes qui possèdent une semaine de rasoirs, ont une semaine d’aiguilles, avec lesquelles on ne se pique qu’une fois, et qu’on envoie repasser. […] De son contemporain, il passe à Rabelais, son auteur aimé, dont il a nombre d’éditions, se vantant même de posséder le fameux exemplaire, que le Régent lisait à la messe.
La Bibliothèque du roi possédait bien à la vérité un essai informe de grammaire, un manuscrit composé, à ce que je crois, par quelque missionnaire portugais, mais ne renfermant que le simple paradigme du verbe substantif, le tableau des déclinaisons, une partie du vocabulaire d’Amara, et une liste des dhatous ; le tout fourmillant d’erreurs les plus grossières, et beaucoup plus propre à effrayer qu’à inspirer l’envie de déchiffrer cet horrible fatras, et de chercher la lumière dans cet écrit ténébreux. […] Mais la traduction de ce curieux ouvrage par le Nestor de la littérature sanscrite, le célèbre Wilkins, était déjà depuis longtemps entre les mains des savants ; et comme la Bibliothèque du roi possédait un manuscrit de l’original indien, ce fut là naturellement le texte que j’adoptai, en me servant pour le déchiffrer, en guise de dictionnaire, de la traduction anglaise dont je viens de parler. […] nous mourons dans le doute de jamais pouvoir la posséder ; et toi, petite abeille, tu t’enivres de volupté.
comme si celui qui possède toutes les durées et tous les espaces s’était complu à accumuler des myriades d’êtres animés et aimants dans un cirque étroit et muré de ses éternités et de ses mondes, afin de jouir de cette affreuse mêlée de sang, de ce combat sans trêve et sans fin de gladiateurs acharnés tous armés d’une arme mortelle pour tuer, tous pourvus du sentiment de leur conservation et de l’horreur de la mort pour bien savourer la douleur et l’agonie de la mort ! […] Dante est le poète de la nuit et des ténèbres, des apparitions qui hantent l’obscurité, des rêves qui obsèdent l’imagination de l’homme pendant que l’ombre nocturne possède la terre. […] Si ces hommes, qui ne comprenaient que la navette et le poinçon, avaient compris seulement la charrue qui les fait vivre, le navire qui transporte leurs produits, la monnaie qui les paye, le luxe qui les consomme, la possession et l’hérédité de la possession qui donne aux choses possédées leur seule valeur, jamais ils n’auraient laissé échauffer leurs imaginations sédentaires par ces délires de la communauté des biens.
On possède bien des observations de fausse reconnaissance : elles se ressemblent d’une manière frappante ; elles sont souvent formulées en termes identiques. […] Nous disions que les diverses mémoires sont bien localisables dans le cerveau, en ce sens que le cerveau possède pour chaque catégorie de souvenirs un dispositif spécial, destiné à convertir le souvenir pur en perception ou image naissantes : que si l’on va plus loin, si l’on prétend assigner à tout souvenir sa place dans la matière cérébrale, on se borne à traduire des faits psychologiques incontestés dans un langage anatomique contestable, et l’on aboutit à des conséquences démenties par l’observation. À vrai dire, quand nous parlons de nos souvenirs, nous pensons à quelque chose que notre conscience possède ou qu’elle peut toujours rattraper, pour ainsi dire, en tirant à elle le fil qu’elle tient : le souvenir va et vient, en effet, du conscient à l’inconscient, et la transition entre les deux états est si continue, la limite si peu marquée, que nous n’avons aucun droit de supposer entre eux une différence radicale de nature.
Au bout de quelques temps, il possédait tout le savoir et toute l’habileté nécessaires pour faire un excellent avocat. […] L’âme qui se possède, et qui a longuement médité sur le danger, ne renonce pas à la défiance et ne prend pas le qui-vive pour une lâcheté. […] C’est qu’en effet la prose de Mérimée possède dans sa contexture presque toutes les qualités de la poésie rythmique. […] Il suffit pour aimer, de posséder une organisation harmonieuse et complète. […] Quand je posséderais toute la vie privée des hommes dont le nom est aujourd’hui célèbre, je me garderais bien de la révéler.
« Quelle chose nu monde, lui dit-il, possède seulement la millième partie de la perfection dont votre esprit revêt les femmes ? […] Angélique vision, belle comme un rêve, dans cette demeure terrestre et dans les hauts chemins de l’Univers entier, ai-je jamais demandé, espéré, désiré autre chose que voir les yeux, rien de plus doux que de posséder ta pensée ? […] Rossetti, avec son esprit à la fois subtil et ardent, était essentiellement un “prosélytiste”, parfois à un degré presque absurde, mais possédé, autant dans sa poésie que dans sa peinture, d’un idéal de beauté de la qualité la plus intense. […] — Oui, j’ai le bonheur de posséder une de ses toiles dans ma petite collection de choix.” […] Or Victor Hugo a possédé à un degré unique cette faculté suprême de l’expression : le génie des mots.
Quand ce but concentre tellement toutes nos forces intellectuelles et morales, qu’en dehors de lui nous n’avons ni sentiment, ni activité pour rien, alors le sérieux nous domine et nous possède exclusivement, et quand ce but est un objet infini, l’accomplissement d’un devoir sublime ou la satisfaction d’une passion profonde, alors l’état de notre âme est tragique. […] La manie d’enfouir ce qu’on possède ne va guère avec celle de rien prêter, même à gros intérêts. […] La France, sans s’en douter, possède le vainqueur de ce vainqueur de tous les poètes comiques. […] En effet le sage Alquif possède une bague fée qui a la propriété de rendre fou l’imprudent qui la met à son doigt.
» Et sa reconnaissance ira d’instinct vers la modeste amie qui possède ce qui manque aux déesses, même non dépourvues de tête et de bras : une physionomie ; dans les paupières cillées, des prunelles. […] Mais aucun ne me semble posséder à un égal degré les dons de création, de vision, de variété et d’expression qui font de Victor Hugo non pas le seul, mais le plus grand Poète lyrique du dernier siècle et peut-être de tous les temps. […] Hugo a possédé toute la magie et tout le prestige du Mot ; Vigny, toute la grandeur et toute la sérénité douloureuse de la Pensée. […] À ceux qui s’étonneraient, je répondrai : « Considérez que ce poète, peu lu et mal connu, jugé d’après ses théories étroites et paradoxales, fut harmonieux comme Lamartine, profond comme Baudelaire, poignant comme Musset, grave comme Alfred de Vigny et musical comme Verlaine ; songez que les Poèmes barbares ont précédé la Légende des Siècles et la surpassent certainement en largeur épique ; méditez enfin religieusement cette œuvre parfaite, où la langue poétique n’a été maniée qu’avec ce respect sacré que possèdent seuls les génies.
L’idée était si juste et si opportune qu’elle a aussitôt porté fruit et porté coup ; elle a eu l’honneur, dès le premier jour, de soulever les colères de ceux qui possédaient autrefois et dominaient l’entier domaine de l’intelligence humaine et qui, jusque dans leur décadence, quand presque tout leur échappe, voudraient tout garder.
Mais un talent étranger, si habile qu’il soit, peut-il arriver à posséder un idiome comme le nôtre et à le parler en des vers (soit classiques, soit romantiques) assez librement et naturellement pour s’y produire en pleine originalité ?
Un homme véritablement criminel, ne peut donc point être ramené ; il possède encore moins de moyens en lui-même, pour recourir aux leçons de la philosophie et de la vertu ; l’ascendant de l’ordre et du beau moral perd tout son effet sur une imagination dépravée ; au milieu des égarements, qui n’ont pas atteint cet excès, il reste toujours une portion de soi qui peut servir à rappeler la raison : on a senti dans tous les moments une arrière-pensée, qu’on est sûr de retrouver quand on le voudra, mais le criminel s’est élancé tout entier ; s’il a du remord, ce n’est pas de celui qui retient, mais de celui qui excite de plus en plus à des actions violentes ; c’est une sorte de crainte qui précipite les pas : et, d’ailleurs, tous les sentiments, toutes les sources d’émotion, tout ce qui peut enfin produire une révolution dans le fond du cœur de l’homme, n’existant plus, il doit suivre éternellement la même route.
Et d’ailleurs, celle qui croirait posséder l’ami le plus parfait et le plus sensible, l’amie la plus distinguée, sachant mieux que personne tout ce qu’il faut pour obtenir du bonheur dans de telles relations, serait d’autant plus éloignée de conseiller comme la destinée de tous, la plus rare des chances morales.
Chaque âge de l’humanité lègue aux suivants ses découvertes : donc les bons esprits d’aujourd’hui possèdent toutes les pensées des bons esprits de l’antiquité, et de plus celles qu’ils peuvent former eux-mêmes.
Grosclaude possède, je crois, au même degré que M.
La langue moderne, en effet, étant toute composée de débris de l’ancienne, il est impossible de la posséder d’une manière scientifique, à moins de rapporter ces fragments à l’édifice primitif, où chacun d’eux avait sa valeur véritable.
Possède-t-il désormais la solution complète du problème ?
Voltaire a dit avec justice de Balzac, que la langue française lui avait de grandes obligations : « Homme éloquent, dit-il, qui donna le premier du nombre et de l’harmonie à la prose. » Chapelain était un mauvais poète, mais il était homme d’honneur et de probité ; il possédait une érudition profonde et judicieuse ; il eut, le premier, l’idée du Dictionnaire de l’Académie française.
Nul Auteur n’a mieux possédé cette souplesse de l’ame, qui suit tous les mouvemens de son sujet. » A-t-on plus de raison de lui refuser de l’aptitude au sublime ?
Indépendamment de l’instruction qu’on fait répandre sur différens sujets, il faut encore posséder l’art de rendre les objets intéressans, afin de les insinuer avec autant d’agrément que de solidité.
Ils ont senti que l’instant était grave, que leur génie était quelque chose de sérieux, qu’ils possédaient une importance, qu’ils n’étaient point là pour sourire, et qu’ils ne devaient point le faire comme beaucoup d’autres.
Aussi, rien d’étonnant à ce que le législateur, le fondateur d’empire, ait saisi et fortement captivé son regard quand il l’a porté sur l’Empereur, sur cette encyclopédie de facultés faites homme, à qui il faudrait peut-être autant d’historiens et d’histoires qu’il possédait de facultés !
Que l’on considère, en effet, la pensée comme une simple fonction du cerveau et l’état de conscience comme un épiphénomène de l’état cérébral, ou que l’on tienne les états de la pensée et les états du cerveau pour deux traductions, en deux langues différentes, d’un même original, dans un cas comme dans l’autre on pose en principe que, si nous pouvions pénétrer à l’intérieur d’un cerveau qui travaille et assister au chassé-croisé des atomes dont l’écorce cérébrale est faite, et si, d’autre part, nous possédions la clef de la psychophysiologie, nous saurions tout le détail de ce qui se passe dans la conscience correspondante.
Ils doivent laisser ce patrimoine dans des lieux qui jouissent d’un air sain, qui possèdent des sources d’eaux vives, et dont la situation naturellement forte leur assure un asile dans le cas où les cités périraient ; il faut enfin que ce patrimoine comprenne de vastes campagnes assez riches pour nourrir les malheureux qui, dans la ruine des cités voisines, viendraient s’y réfugier, les cultiveraient, et en reconnaîtraient le propriétaire pour seigneur.
Ce fut fête à Weimar pour le recevoir : il y eut tout d’abord un grand dîner en son honneur ; on y causa de tout ; on y passa en revue tout ce que la France d’alors possédait ou promettait de distingué et d’illustre, et après le dîner, dans une promenade au bois, Goethe ronflait au fidèle Eckermann toute sa satisfaction d’avoir fait connaissance avec Ampère et d’avoir par lui abouché directement les deux littératures. […] Il n’aurait eu qu’à écrire ensuite, à recueillir, à revoir, à corriger et à compléter, à faire passer le travail de l’état de leçons à celui de livre, et l’on posséderait la meilleure histoire de la littérature française, qui eût défié les progrès de l’érudition et de la critique pour vingt-cinq ans au moins, ce qui est la plus longue vie d’un cours de littérature. […] Cependant l’inquiétude le possédait toujours. […] A force de la fréquenter et de la posséder dans ses antiquités, dans ses ruines, il s’y sentait comme chez lui et y habitait en idée à tous les âges ; son imagination le transportait à volonté à une époque historique quelconque ou par-delà jusque dans les périodes légendaires. […] J’éprouve aujourd’hui presque des remords de n’avoir pas insisté davantage, en 1822, quand je possédais pleinement le cœur de Fauriel, pour qu’il abandonnât cet ouvrage historique (l’Histoire de la Gaule méridionale) auquel il convenait imparfaitement, et se consacrât tout entier à la poésie primitive, spontanée, populaire, de tous les temps et de tous les pays.
Les substances polies qui conduisent le plus mal la chaleur sont celles qui s’imprègnent le plus de rosée ; celles qui conduisent le mieux la chaleur sont celles qui s’en humectent le moins1502 : d’où l’on conclut que « l’apparition de la rosée est liée au pouvoir que possède le corps de résister au passage de la chaleur. » « Mais si nous exposons à l’air des surfaces rudes au lieu de surfaces polies, nous trouvons quelquefois cette loi renversée. […] Si nous les possédions toutes, nous pourrions tout expliquer par elles, mais nous ne saurions les expliquer elles-mêmes. […] Nous ne la possédons pas partout, mais nous la cherchons partout. […] Nous ne sommes plus simplement capables de connaissances relatives et bornées : nous sommes capables aussi de connaissances absolues et infinies ; nous possédons dans les axiomes des données qui non-seulement s’accompagnent l’une l’autre, mais encore dont l’une enferme l’autre. […] Leur liaison est donc absolue et universelle, et nous possédons des vérités qui ne souffrent ni doute, ni limites, ni conditions, ni restrictions.
Autrefois on possédait la matière parce qu’on avait un titre dans la société ; aujourd’hui c’est l’inverse : on a titre dans la société à titre de la matière que l’on possède. […] Je n’étais pas pauvre alors, puisque je possédais le paradis en espérance. […] Jugez-en vous-mêmes : voyez vos codes, vos gendarmes, vos prisons, vos bagnes, vos échafauds ; entendez la plainte universelle ; et dites-moi si l’homme possède la liberté naturelle. L’homme aujourd’hui ne possède donc ni la liberté morale ni la liberté naturelle.
Les substances polies qui conduisent le plus mal la chaleur sont celles qui s’imprègnent le plus de rosée ; celles qui conduisent le mieux la chaleur sont celles qui s’en humectent le moins31: d’où l’on conclut que “l’apparition de la rosée est liée au pouvoir que possède le corps de résister au passage de la chaleur.” […] 41 Si nous les possédions toutes, nous pourrions tout expliquer par elles, mais nous ne saurions les expliquer elles-mêmes. […] Nous ne la possédons pas partout, mais nous la cherchons partout. […] Nous ne sommes plus simplement capables de connaissances relatives et bornées : nous sommes capables aussi de connaissances absolues et infinies ; nous possédons dans les axiomes des données qui non-seulement s’accompagnent l’une l’autre, mais encore dont l’une enferme l’autre. […] Leur liaison est donc absolue et universelle, et nous possédons des vérités qui ne souffrent ni doute, ni limites, ni conditions, ni restrictions.
» Cet architecte fut complètement envahi et possédé par ce poète. […] Nous avons possédé autrefois un exemplaire de Feu et Flamme avec dédicace autographe de l’auteur. […] Lui seul possédait ces gris nacrés, ces reflets de perle, ces transparences d’opale, ce bleu de clair de lune qui peuvent faire discerner l’immatériel sur le fond blanc de la lumière divine. […] Cela tient à ce que ces deux grands maîtres créent par une sorte de vision intérieure qu’ils ont le don de rendre sensible avec les moyens qu’ils possèdent, et non par l’étude immédiate du sujet. […] Rien de plus faux : les novateurs ont tous possédé une science technique profonde.
Nous possédons des mélodrames adroits de Dumas père ; c’est tout : le maître qu’on attend ne viendra pas. […] Le chef-d’œuvre naît très rarement isolé aux époques qui possèdent une unité de culture — et ce sont les grandes époques, celles qui produisent les chefs-d’œuvre, sauf exception. […] L’une et l’autre oublient que la vérité au théâtre s’inscrit dans une convention à laquelle n’échappe, en fait, que l’âme du comédien possédé par son personnage. […] Un métier, je l’ai dit, qui possède dès à présent tous les moyens de se développer sur une scène. […] Il possédait la force et la vivacité du trait.
C’est la plus terrible des armes sexuelles, et quoi d’étonnant à ce que ceux qui la possèdent à un degré extrême soient, d’autre part, des excités génitaux ? […] Mais je voudrais montrer encore un autre aspect du talent de Gérard d’Houville, ce don qu’elle possède d’évoquer les images les plus belles du paganisme, en les vivifiant de la sève de sa sensibilité féminine. […] Il est peut-être moins nécessaire pour un poète de posséder une langue très riche de mots qu’un sens inné, instinctif, de cette suggestion, dont j’ai parlé. […] Et lorsque, selon son expression, elle veut « prendre dans un élan le monde à bras le corps », elle appuie vraiment sa chair de femme contre lui, et se laisse posséder par la vie comme par un amant. […] Laurent Évrard n’a pas cru qu’il lui suffirait, pour être poète, de s’abandonner aux intuitions de sa pensée ; elle a voulu, avant d’écrire ses poèmes, posséder son art, son métier, comme les Maîtres, étudier toutes les ressources de sa langue, afin, connaissant les secrets des mots, de manier à son gré les images et les idées.
Or, telle est précisément la relation que nous trouvons, dans le monde animal et dans le monde végétal, entre ce qui engendre et ce qui est engendré : sur le canevas que l’ancêtre transmet à ses descendants, et que ceux-ci possèdent en commun, chacun met sa broderie originale. […] Mais chacun sait que ces éléments peuvent posséder une véritable autonomie. […] Notre raison, incurablement présomptueuse, s’imagine posséder par droit de naissance ou par droit de conquête, innés ou appris, tous les éléments essentiels de la connaissance de la vérité. […] Platon fut le premier à ériger en théorie que connaître le réel consiste à lui trouver son Idée, c’est-à-dire à le faire entrer dans un cadre préexistant qui serait déjà à notre disposition, — comme si nous possédions implicitement la science universelle. […] L’œil de plus en plus complexe serait quelque chose comme l’empreinte de plus en plus profonde de la lumière sur une matière qui, étant organisée, possède une aptitude sui generis à la recevoir.
L’issue du combat gigantesque qui mettait aux prises ceux qui ne possédaient rien et ceux qui possédaient tout n’était pas douteuse : bientôt il n’y aurait plus qu’une seule patrie, la terre ; et qu’une seule croyance, le bonheur ici-bas. […] De la soif qui pousse les poètes vers les royaumes interdits, vers les régions obscures où la conscience apparaît à peine, Henri Heine n’est pas possédé ; les peines de nos jours et de nos nuits suffisent à son inspiration ; il ne cherche pas de nouvelles lumières ou de nouvelles ténèbres. […] Sans doute, avouait-il, la poésie possède un mérite, celui de la difficulté vaincue ; mais pour ce faible mérite, doit-elle être conservée ? […] Je suis l’aînée des Muses : c’est moi qui possède l’art souverain de manier, d’entraîner les volontés, d’élever, d’éclairer les esprits, de passionner les cœurs et de transporter les imaginations. […] Elles le possèdent, même lorsqu’aucun esprit humain n’est là pour le leur communiquer. » 11.
En effet l’esprit humain possède la double faculté de louer et de blâmer, d’admirer et de se moquer ; et le cœur éprouve un plaisir égal à l’attendrissement qui fait couler de douces larmes, et à l’enjouement qui l’épanouit à la vue des objets risibles. […] Il possédait si bien la force et l’étendue de ce genre d’éloquence, qu’on eût dit un moment que lui seul était le cœur d’un peuple tout entier. […] Tous deux sont, en ce genre, les meilleurs prosateurs : l’éloquence magnifique et nombreuse que possédait Buffon, et celle de Rousseau, non moins nombreuse quelquefois, mais toujours vive et passionnée, consistent en une autre partie de l’art que nous aurons à considérer. […] Telles sont les richesses, les dignités, les honneurs, les empires, et tous ces autres biens en apparence, qui n’ont qu’un certain faste au-dehors, et qui ne passeront jamais pour de véritables biens dans l’esprit d’un sage ; puisqu’au contraire ce n’est pas un petit avantage que de les pouvoir mépriser : d’où vient aussi qu’on admire beaucoup moins ceux qui les possèdent, que ceux qui, les pouvant posséder, les rejettent par une pure grandeur d’âme. […] On verra s’il possède l’esprit méthodique d’Aristote, la supériorité des vues de Longin, le discernement pur de Louis Racine, et l’instruction solide de Rollin.
Si, à la mémoire visuelle, l’écrivain joint la mémoire émotive, s’il a le pouvoir, en évoquant un spectacle matériel, de se replacer exactement dans l’état émotionnel qui suscita en lui ce spectacle, il possède, même ignorant, tout l’art d’écrire. […] A l’inverse, cet homme possède la mémoire claire qui vient d’être décrite ; il est également doué de l’imagination correspondante. […] Il commence à rédiger les premiers chapitres de ses Philosophes français, le plus curieux livre de polémique métaphysique que nous possédions en langue française. […] La langue française possède environ seize voyelles et quarante-deux nuances de voyelles, qui n’ont comme truchement graphique que cinq signes différents et six combinaisons de signes : on voit l’écart entre la richesse parlée et la pauvreté écrite. […] Les Anglais ne se sont jamais vantés de posséder un e muet ; c’est un cadeau que nous pourrions leur faire.
Eugène Yung, écrivain distingué, possédait deux grandes qualités, véritables dons de nature : il savait manier la publicité et donner une direction aux foules ; il possédait en outre les qualités d’un administrateur. […] Étienne Arago, l’un des hommes très rares qui possédaient à fond l’histoire du théâtre depuis deux cents ans, et que l’on pouvait presque définir « le dernier des classiques ». […] Comment expliquer encore que sa première idée ait été aussi d’exécuter une charge à fond de train sur les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, qui était le théâtre Français par excellence dans ce temps, et possédait le privilège exclusif de jouer les belles tragédies de Corneille ? […] Certainement, la Faculté possédait alors d’amples trésors de ridicule qu’elle a peut-être perdus depuis, et qui étaient bien faits pour tenter Molière. […] Orgoluroule possède quarante mille livres de revenu ; ce n’est pas un impertinent.
L’un et l’autre possèdent un don d’imagination poussé à ses limites. […] Qu’est-ce à dire, sinon que l’artiste, comme le savant, doit s’étonner de tout et posséder une âme assez naïve, des sens assez vierges pour vivre en perpétuelle exaltation. […] La plante courroucée et folle d’avoir bu un sang vermeil, de s’être nourrie d’une fièvre mystique, de posséder en sa sève une âme éperdue, tente l’aventure de se hausser jusqu’au ciel sur sa tige frêle. […] Si Venise a le placage, l’Andalousie possède l’arabesque. […] Alors que le mystique aspire à quelque chose de défini, qui, dans l’espèce, est de posséder Dieu, l’idéal du poète demeure non personnifié.
C’est tout ce qu’il possède. […] Elle ne possède plus ses croyances : ce qu’on nomme les préjugés, elle le sacrifie. […] Elle possède la chevelure de la druidesse, talisman de magie. […] De ces doctrines, il a possédé ce qu’un mondain de Rome en attrapait. […] Mais on peut donner seulement ce qu’on possède : et la syntaxe n’est pas à nous.
J’ajourne pour un instant les échappées politiques : littérairement on le possède dès ce moment-là, d’une manière complète et circonstanciée, dans quelques petits ouvrages de lui qui furent conçus sous ces coups de soleil ardents, sous ces premières lunes sanglantes et bizarres. […] On se néglige, il semble qu’on s’oublie, Et cependant on se possède mieux. […] Mais ce dernier possédait un manuscrit de M. de Surville avec des ébauches inédites de pastiches nouveaux, et les deux amis, malgré leur jugement antérieur, ne purent résister au plaisir de rentrer, en la prolongeant, dans la supercherie innocente.
Il possède l’art de mêler des questions de littérature aux conversations les plus enjouées et d’assaisonner la philosophie de beaucoup d’agréments. […] Rien ne survit du temps que ce qui n’est pas du temps, c’est-à-dire la beauté propre au genre de poésie qu’on possède : les allusions sont la fausse monnaie de la gloire, l’avenir ne la reçoit pas. […] Rien n’est plus attachant que le tableau de ces séjours rustiques des hommes ou des poètes célèbres dans le patrimoine de leurs pères : Virgile à Mantoue, Horace à Ustica, le Tasse à Sorrente, Pétrarque à Vaucluse, Machiavel à Montepulciano, Montesquieu à Labrède, Boileau à Auteuil, Rousseau aux Charmettes ou à Montmorency, Pope à Twitenham ; on y possède l’homme naturel dans la nudité de tout rôle théâtral ; plus le costume est dépouillé, plus l’homme éclate.
« Le Saint-Père daigna ajouter ici quelques paroles sur l’opinion que sa bonté, et non mon mérite, lui faisait augurer de moi sous le rapport des études, paroles que la connaissance que je possède de moi-même ne me permet pas de transcrire. […] Je restai avec lui presque tout le mois d’octobre, à l’exception de cinq ou six jours consacrés par moi à des amis que je possédais à Vérone. […] Il se trouvait alors auprès du cardinal inventeur du projet, en qualité de familier et de conclaviste, un homme qui avait toujours possédé la faveur du chef du parti Mattei et qui jouissait de l’affection et de l’estime de tout ce parti.
Pour eux j’étais un monomane, inaccessible à toute autre idée qu’à une idée dominante, un fou négligeant ses devoirs et sacrifiant ses intérêts à la folie qui le possède. […] Enfant, j’avais voulu la posséder tout entière ; homme fait, le même désir, la même ivresse vivaient dans mon cœur. […] — Je serais bien heureuse, s’écria-t-elle d’un air d’extase, si je possédais une montre pareille !
Ma belle-mère possédait, dans un des plus riches quartiers de Londres, une maison élégante et magnifiquement meublée, dans le voisinage de Hyde-Park. […] Les Italiens, qui ne possédaient aucun poète dramatique, prétendirent en avoir trouvé un dans Alfieri, comme lui-même prétendit leur en donner un sans originalité et sans verve. […] Possédé alors, comme tous les jeunes gens, et sentant, comme les jeunes Italiens avec lesquels j’avais été élevé, la forte haine de la tyrannie, j’adorais ce parodiste de Sénèque le tragique, et je me croyais d’autant plus initié à la vertu civique que j’avais plus d’enthousiasme pour lui.
L’éternelle objection qui éloigne du rationalisme certaines âmes très distinguées qui, par suite même de leur délicatesse, sont possédées d’un plus vif besoin de croire, c’est la brièveté de son symbole, la contradiction de ses systèmes, l’apparence de négation qui lui donne les airs du scepticisme. […] Nos familles bourgeoises, qui ne se possèdent que depuis une ou deux générations, sont déjà fatiguées. […] L’homme civilisé qui se possède si énergiquement est bien plus homme, si j’ose le dire, que le sauvage qui se sent à peine et dont la vie n’est qu’un petit phénomène sans valeur.
Il nous avoue qu’alors, indépendamment du goût qu’il avait pour les costumes voyants, il était possédé de l’envie de produire un effet sur les passants : envie qui se trouvait mélangée d’une extrême timidité, le rendant tout honteux, et le faisant se sauver, quand l’effet se produisait. […] Aujourd’hui, comme dans un obi, une ceinture d’une beauté exceptionnelle, je me plaignais d’une terrible tache qui la déparait : « Oui, oui… mais vous posséderez peut-être, me répondit Hayashi, un peu de la transpiration d’une très belle Japonaise. » Ce soir chez Daudet, le petit Hugues Leroux me donne ce plaisant et réconfortant détail. […] Thiers, la plus belle pendule en marbre, qu’il avait jamais possédée.
Et un tableau, le plus spiritualiste des tableaux, par exemple la « Transfiguration » de Raphaël, par l’arrêté des lignes, la matérialité des couleurs, la réalité ouvrière de la fabrication, sera toujours une déception pour l’imagination du regardeur, si toutefois il en possède une. […] Et hier, à l’enterrement d’Auguste Sichel, Gentien le collectionneur de pierres dures, me racontait que Barbey de Jouy lui avait cédé cette carpe, dans les aimables conditions que voici : « Vraiment vous auriez du plaisir à la posséder… je l’ai payée 2 000 francs, j’en ai joui quinze ans… Je vous la cède au prix, où je l’ai achetée. » Oh ! […] » Mardi 16 novembre Savoir marcher, savoir respirer au théâtre : ce sont des acquisitions qu’il faut des années entières pour posséder.
Nala, dans les loisirs de la paix qui l’ont ramené à la cour de son père, entend vanter sans cesse, par tous les étrangers qui traversent sa capitale, la merveilleuse beauté et les vertus pieuses de la jeune Damayanti, fille unique du roi d’un royaume voisin ; son imagination allume son cœur ; il brûle de voir et de posséder pour épouse Damayanti. […] Un des dieux, témoins de son mariage avec Damayanti, le poursuit de sa jalousie : ce dieu trouble sa raison, il le possède, suivant l’expression moderne ; il lui inspire la passion du jeu jusqu’à la frénésie. […] En route, le mauvais génie qui possédait Nala sort de son corps à l’approche de sa femme.
Elles font peut-être si peu de bonheur au riche stupide qui les possède, et elles me rendraient si heureux ! […] Vous produirez ainsi deux effets ; vous me ramènerez d’autant plus loin dans l’enfoncement des temps, et vous m’inspirerez d’autant plus de vénération et de regret pour un peuple qui avait possédé les beaux arts à un si haut degré de perfection. […] Le morceau où par le dessous d’un pont de bois on voit sur le fond un autre pont, ne lassera jamais celui qui le possède.
Tout en convenant avec lui que les qualités qu’on possède sont loin de se produire toujours ; que c’est l’occasion qui nous révèle aux autres et souvent à nous-même, et que la seule pierre de touche pour bien juger du mérite est qu’il soit mis à sa place, je remarquerai que, dans l’analyse très détaillée et assez naïve qu’il nous donne de son esprit et de son caractère, il nous dit : J’ai un défaut effroyable pour les affaires, qui gâte et qui détruit tout ce que je pourrais avoir de bon : c’est une grande paresse dans l’esprit ; en de certaines occasions, je la peux surmonter par élans ; mais à la longue je prends trop sur moi et j’y retombe toujours ; si bien que je ne serais propre qu’à penser, et encore plus à choisir et à rectifier ; car ce qu’il y a de meilleur en moi, c’est le discernement : mais il faudrait qu’un autre agît. […] Récapitulant tous les talents et toutes les facultés qu’il reconnaît ne posséder que d’une manière secondaire et inférieure à ce qu’il avait vu chez d’autres, il ajoute que pour l’esprit de connaissance et de discernement, il croit que peu de personnes l’ont plus que lui : Et cela, conclut-il, m’a fait penser bien des fois fort extravagamment que, de toutes les charges qui sont dans un royaume, celle de roi serait celle dont je serais le plus capable ; car l’esprit de connaissance et de discernement est juste celui qui convient aux rois : ils n’ont qu’à savoir bien choisir ; et, donnant à un chacun l’emploi qui lui convient, ils se servent de toutes ces sortes d’esprits que Dieu a distribués aux hommes, sans qu’il soit nécessaire qu’ils les aient.
Personne ne possédait mieux et ne citait plus volontiers, ne mettait plus souvent à contribution dans ses notes la littérature française du second ordre, le menu des auteurs et poètes du XVme siècle. […] Dübner possède au complet ces carnets qui contiennent les particularités les plus curieuses, les anecdotes académiques les plus piquantes, assure-t-on : il ne s’agit que de pouvoir les lire.
Avant d’en venir au Cid même de Corneille, il y a pourtant une question qui s’élève et qu’il est bon de poser, puisqu’on possède aujourd’hui tout ce qu’il faut pour y répondre. […] Arrivé à cette hauteur, il eut les visées les plus longues et les plus vastes ; il ne songeait à rien moins qu’à la conquête de toute la partie de l’Espagne encore possédée par les Maures : « Un Rodrigue a perdu cette péninsule, disait-il, un autre Rodrigue la recouvrera. » Mais sa carrière était trop avancée pour de semblables desseins.
. — À Villars-lez-Blamont, village mixte, comme il en est plusieurs à cette frontière, et qui, je l’ai dit, renferme un nombre à peu près égal de protestants et de catholiques, une seule petite église était possédée en commun par les deux communions, et les cérémonies du culte s’y faisaient successivement. […] Or, il importe, quand une richesse est créée dans la société, qu’elle n’aille pas au hasard, qu’elle reste et revienne à qui il appartient ; qu’elle soit possédée par celui qui le mérite le mieux : il importe d’en régler la distribution.
Ce tableau aurait eu une moindre portée, sans doute, et eût donné une moindre idée de son auteur que le savant ouvrage composé que nous possédons ; mais il n’eût pas été, je le crois, moins instructif ; il l’eût peut-être été davantage. — La première partie de l’ouvrage, pleine de réflexions applicables à notre société, et de vues réversibles sur notre Europe et notre France, réussit complètement et mérita son succès : l’auteur, en le continuant, poussa trop loin sa méthode et l’épuisa, ainsi que son sujet, dans la seconde partie qui parut quelques années après et qui ne répondit pas en intérêt à la première87. […] Les qualités du lendemain, celles que l’écrivain conserve et déploie dans ses livres, il les possédait, et c’est en cela seulement qu’il a l’avantage.
Comme j’ignore combien de temps durera mon absence, j’ai pris le parti de vendre à Ange115 tout ce que je possède, afin d’emporter de quoi vivre. […] Toutes les vertus que possède l’abbé Carron ravissent son cœur, et les qualités même qu’il n’a pas, ses limites du côté des idées du siècle et dans l’ordre de l’intelligence philosophique, lui semblent une vertu de plus, un signe de perfection et d’avancement dans la ligne évangélique.
Il est rare, quand un homme possède un talent supérieur évident, qu’on n’en profite pas pour lui en dénier un autre ; cela est de la nature humaine et de tous les temps. […] Entre les pièces officielles émanées d’en haut que nous possédons et la réalité du détail, il s’est passé plus de choses que n’en laisse à soupçonner l’histoire s c’est à la biographie, toutes les fois qu’il y a jour, de les recueillir et de les noter. — Et pour revenir à l’histoire, l’opinion résumée de Jomini sur Ney, qu’il connaissait si bien par son fort et par son faible, est à rechercher.
Mais il faut voir en quels termes il se hasarde sur ce terrain de la marquise, terrain brûlant, conquis, possédé et illustré par M. […] Dans un recueil de chansons et vaudevilles qui a appartenu à M. de Monmerqué et que possède M.
Que si tu possèdes Armand, oh ! alors tu possèdes toutes choses. » Les études les plus contraires se disputaient l’inquiète curiosité du jeune Rancé ; il s’adonna quelque temps à l’astrologie.
Sa plume se possède, et il possède sa plume.
L’aimable et moins hardi Pavillon n’était point ainsi ; je ne sais s’il se tourmenta beaucoup de la renommée, mais il ne la méprisait pas et crut la posséder suffisamment. […] Monmerqué possède beaucoup de vers inédits de Saint-Pavin.
Ces productions de jeunesse que nous possédons attestent un sentiment vrai sous l’inexpérience extrême et la faiblesse de l’expression et de la couleur ; avec un peu d’attention, on y démêle en quelques endroits comme un écho lointain, comme un prélude confus des chœurs mélodieux d’Esther : Je vois ce cloître vénérable, Ces beaux lieux du Ciel bien aimés, Qui de cent temples animés Cachent la richesse adorable. […] Euripide lui-même laisse beaucoup sans doute à désirer pour la vérité ; il a déjà perdu le sens supérieur des traditions mythologiques que possédaient si profondément Eschyle et Sophocle ; mais du moins chez lui on embrasse tout un ordre de choses ; le paysage, la religion, les rites, les souvenirs de famille, constituent un fond de réalité qui fixe et repose l’esprit.
Je lirois beaucoup, je retiendrois diverses choses vago more, et puis c’est tout. » Ces passages et bien d’autres encore témoignent à quel degré Bayle possédait l’instinct, la vocation critique dans le sens où nous la définissons. […] Il se sentit toujours peu porté aux mathématiques ; ce fut la seule science qu’il n’aborda pas et ne désira pas posséder.
Les romans bretons vinrent à point nommé traduire la transformation de la société : on les voit dans les terrains que quelque rayon du Midi a échauffés : c’est au second mari d’Aliénor, c’est à Henri II d’Angleterre, que le plus ample recueil de lais qu’on possède, œuvre d’une femme, Marie de France, est dédié : c’est de la fille d’Aliénor et de son premier mari, Louis VII de France, c’est de la comtesse Marie de Champagne que le plus brillant versificateur de romans bretons, Chrétien de Troyes, a reçu le sujet de Lancelot. […] Dans l’œuvre de Robert de Boron, dont on possède une partie, et dont l’autre est connue par des remaniements en prose, l’amour ne joue plus de rôle : le « péché luxurieux » devient l’ineffaçable souillure qui disqualifie un à un les poursuivants de Graal.
Que les âmes simples possèdent, beaucoup de vrai, oh ! […] je le crois ; mais la forme sous laquelle elles le possèdent ne peut suffire à celui dont la raison est en juste proportion avec les autres facultés.
Il n’est pas du tout nécessaire qu’elles possèdent le pouvoir en titre. […] Il ne possède plus rien, que des créanciers qui sont de deux espèces : « Les uns ne savent pas qu’il leur doit ; les autres le savent et le sauront longtemps. » Il va dès lors au hasard, gardant pour l’argent, surtout pour l’argent jaune, une passion qui n’est pas payée de retour ; sa poche n’est qu’une auberge où les écus passent et ne séjournent pas.
— Hier encore, je possédais une richesse mal acquise ; je m’en suis dépouillé volontairement ; il ne me reste que mon fusil et mon bissac. — C’est bon ! […] Elle semblait l’avoir distingué ; mais sa mère rêve de mettre un blason quelconque sur le fond d’or qu’elle croit encore posséder ; elle a résolu que sa fille épouserait le jeune baron de Ratisboulois, fils du préfet, — l’état administratif dirait sous-préfet— de la ville du Havre.
Pourvu qu’il ait son jour et qu’il en vienne à posséder enfin la réalité des choses, que lui importent quelques vanités et quelques apparences d’un instant ? […] Je ne suis ni le prince Eugène, ni Voltaire, ni Mirabeau ; et, quand je posséderais leur puissance, j’aurais horreur de les imiter dans leur ressentiment.
» C’est tout ce que les amateurs qui possèdent ce livre se contentent ordinairement d’en lire, et ils font bien. […] De ce qu’on a un talent polémique remarquable, ou même redoutable, et qui a fait ses preuves dans les circonstances déterminées, de ce qu’on a des coups de force et de vigueur précise dans la lutte, on ne possède pas pour cela les qualités complexes qui font l’historien et le critique.
Les rois possèdent, les génies conduisent ; là est la différence. […] V L’humanité, non plus possédée, mais guidée ; tel est le nouvel aspect des faits.
Nous pouvons intérioriser le tout, avoir affaire à une perception unique qui entraîne, confondus, les trois flux dans son cours ; ou nous pouvons laisser extérieurs les deux premiers et partager alors notre attention entre le dedans et le dehors ; ou, mieux encore, nous pouvons faire l’un et l’autre à la fois, notre attention reliant et pourtant séparant les trois écoulements, grâce au singulier privilège qu’elle possède d’être une et plusieurs. […] Nous ne trancherons pas la question de savoir si toute réalité possède ce caractère.
Bref, nous possédons dès à présent un certain nombre de lignes de faits, qui ne vont pas aussi loin qu’il faudrait, mais que nous pouvons prolonger hypothétiquement. […] Je crois que tous les êtres vivants, plantes et animaux, la possèdent en droit ; mais beaucoup d’entre eux y renoncent en fait, — bien des animaux d’abord, surtout parmi ceux qui vivent en parasites sur d’autres organismes et qui n’ont pas besoin de se déplacer pour trouver leur nourriture, puis la plupart des végétaux : ceux-ci ne sont-ils pas, comme on l’a dit, parasites de la terre ?
Le droit de posséder, de contracter, d’ester en justice n’est accordé aux sociétés qu’avec parcimonie. […] Au temps où la principale richesse est la propriété foncière, les mêmes familles possèdent ordinairement les mêmes choses ; les grands sont aussi les riches, et, chacun restant à son rang, la hiérarchie sociale est comme pétrifiée.
En vertu de ce droit de domaine éminent donné aux puissances civiles par la Providence, elles sont maîtresses du peuple et de tout ce qu’il possède. […] Les plébéiens avaient encore à supporter les usures intolérables des nobles, et les usurpations fréquentes qu’ils faisaient de leurs champs ; au point que, si l’on en croit les plaintes de Philippe, tribun du peuple, deux mille nobles finirent par posséder toutes les terres qui auraient dû être divisées entre trois cent mille citoyens.
L’abbé de Pons, né en 1683, avait pour père le sieur de Pons d’Annonville, d’une noble famille de Champagne et chevalier d’honneur du présidial de Chaumont (sur Marne) ; il naquit à Marly, chez son oncle qui en était alors seigneur, et de qui le roi ne tarda pas à l’acquérir, « fit ses premières études au collège des jésuites à Chaumont, puis vint à Paris et entra au séminaire de Saint-Magloire, d’où il suivit l’école de Sorbonne : « Il était bon humaniste, nous dit-on ; il possédait les principes de la théologie ; mais surtout il était grand métaphysicien, dans le sens le plus étendu qu’on donne à présent (1738) à ce terme.
Esprits immortels de Rome et surtout de la Grèce, Génies heureux qui avez prélevé comme en une première moisson toute heur humaine, toute grâce simple et toute naturelle grandeur, vous en qui la pensée fatiguée par la civilisation moderne et par notre vie compliquée retrouve jeunesse et force, santé et fraîcheur, et tous les trésors non falsifiés de maturité virile et d’héroïque adolescence, Grands Hommes pareils pour nous à des Dieux et que si peu abordent de près et contemplent, ne dédaignez pas ce cabinet où je vous reçois à mes heures de fête ; d’autres sans doute vous possèdent mieux et vous interprètent plus dignement ; vous êtes ailleurs mieux connus, mais vous ne serez nulle part plus aimés.
Cette copie provient de celle que possède la Bibliothèque de l’Arsenal, et qui, perdue dans la masse des papiers de M.
Lerminier possède un foyer fécond, à cette science croissante et comparée qu’il amasse, une cohérence de composition de plus en plus étroite, et quelque chose aussi d’une maturité corrective et atténuante.
On sait que, d’après cette théorie, le véritable artiste doit être possédé du diable, et si exclusivement dominé par son imagination, que tout l’équilibre de ses facultés en soit rompu.
… « Il n’y a un véritable ordre que quand on ne peut en déplacer aucune partie sans affaiblir, sans obscurcir, sans déranger le tout…… « Tout auteur qui ne donne point cet ordre à son discours ne possède pas assez sa matière ; il n’a qu’un goût imparfait et qu’un demi-génie.
L’auteur a pénétré assez ce milieu pour en posséder mieux que la notion, pour s’en assimiler l’émotion.
Claretie « possède les mouchettes de Rachel, en argent ».
Pour être rempli d’une manière satisfaisante, il ne falloit rien moins qu’un homme qui eût toujours vécu dans les meilleures compagnies, qui possédât parfaitement sa langue, qui la parlât sans laisser entrevoir le moindre défaut d’organe, de pays, d’ignorance & de mauvaise éducation.