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486. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 302-303

A M. le Comte de Barruel, Capitaine de Dragons au Régiment de Belzunce, connu à la Cour par des Vers de Société, que nos meilleurs Poëtes ne désavoueroient pas ; mais sur-tout estimé & chéri de ceux qui attachent encore plus de prix aux qualités du cœur qu'aux agrémens de l'esprit.

487. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Un jour, dans un temps (1585) où Henri III et sa cour n’avaient pas rompu avec les protestants, M. de Joyeuse, allant combattre M. d’Elbeuf en Normandie, emmena Rosny au passage. Mais, pendant l’expédition, survint une dépêche de la Cour, par laquelle Joyeuse apprenait que le vent avait tourné et que Henri III refaisait la guerre au roi de Navarre et à ceux de son bord : s’adressant à Rosny qui était présent quand le paquet arriva, il lui dit en riant qu’il espérait bien que cela ne changerait rien à son projet, et qu’il ne serait pas assez fou pour s’embarquer avec le roi de Navarre et perdre de gaieté de cœur sa belle terre de Rosny. […] Après la prise de Saint-Maixent, qui a capitulé (1586), ayant envoyé à l’avance ses maréchaux de logis, il entre dans la ville, lui, toute sa cour et les gens de guerre, « tout ainsi que si elle n’eût point été conquise par les armes, toutes les boutiques y étant trouvées ouvertes, et tous les hommes, femmes et enfants épandus aux portes et par les rues, criant : Vive le roi !

488. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Durant trente-quatre ans, en vue de la Cour et de la ville, il avait fait la même chose : il avait prêché. […] L’année suivante (1670), il fut appelé à prêcher l’Avent en présence de Louis XIV, puis le Carême en 1672, et depuis lors il reparut dix fois à la Cour avec le même succès65. […] Ainsi, quand elle dit à propos du premier Avent que Bourdaloue prêcha à la Cour (décembre 1670) : « Au reste, le père Bourdaloue prêche divinement bien aux Tuileries.

489. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Ce n’est pas à dire qu’il négligeât absolument sa fortune en cour et le soin d’avancer ; il y aspirait à sa manière et par les voies qu’il estimait les meilleures et les plus solides. […] Dès que j’appris cela, je saisis cette occasion de faire ma cour ; je fis bien vite informer par enquêtes, certificats, etc., etc. ; je n’épargnai pas les courriers et les lettres au subdélégué pour être promptement servi, et j’envoyai cela tout musqué au petit bonhomme La Vrillière (secrétaire d’État de la province), qui me répondit sèchement que voilà qui était bien, et que personne ne révoquait en doute le don qu’avaient nos rois d’opérer ces prodiges (février 1723). […] L’emmenant à Grosbois, l’initiant à ses manuscrits les plus secrets et à ses papiers d’État, il l’engageait toujours, après ces choses essentielles, à n’en pas négliger d’autres moins petites et moins inutiles qu’on ne le croiraiti, à se faire du monde plus qu’il n’était, à jouer quelquefois (le jeu crée des relations, rapproche les distances, adoucit des inimitiés) ; il en venait jusqu’à lui donner des leçons sur les façons de faire sa cour et de réussir auprès du vieux cardinal.

490. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

« M. de La Rochefoucauld avait l’esprit trop élevé, l’intelligence trop haute, le sens moral trop profond pour ne pas être un catholique véritable ; la société au milieu de laquelle il vivait était essentiellement chrétienne, et, on aura beau faire, il faudra nous laisser cette grande illustration et renoncer à la joindre à la cour, trop brillante malheureusement, de l’incrédulité. » Rien n’est plus estimable que d’être catholique fidèle et docile, surtout si l’on est à la fois chrétien de cœur ; je suis loin de prétendre que l’élévation de l’intelligence ne fût point compatible, en ce grand siècle, avec la croyance régnante, et l’on y eut d’assez beaux exemples de cette concorde et de cette union ; mais, en vérité, raisonner comme vous le faites, avec cette légèreté, cette sérénité imperturbable, et trancher ainsi une question de foi chez un moraliste de cet ordre et de cette école, chez un raffiné de la qualité et de la trempe de M. de La Rochefoucauld, c’est montrer que vous ne vous doutez même pas de la difficulté. […] Giraud nous prépare une sorte de résurrection littéraire, Saint-Évremond, dans une conversation avec M. de Candale, disait de La Rochefoucauld, bien avant les Maximes et au début de la seconde Fronde (1650) : « La prison de M. le Prince a fait sortir de la Cour une personne considérable que j’honore infiniment : c’est M. de La Rochefoucauld, que son courage et sa conduite feront voir capable de toutes les choses où il veut entrer. […] En se faisant homme de parti au sortir de la Cour, et homme de guerre au profit d’une faction, La Rochefoucauld ne rendait pas ses chances meilleures et ne faisait que s’exposer à d’autres mécomptes.

491. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

La Bruyère, dans le monde et à la Cour des Condés, n’était point sans avoir, avec tout son esprit, des défauts qui sautaient aux yeux. […] Il n’avait pas toujours réussi dans cette petite Cour dont il est aujourd’hui la plus belle gloire. […] Voici le portrait que trace de M. de Valincour Saint-Simon qui, d’ordinaire, ne flatte guère son monde : « C’était un homme d’infiniment d’esprit, et qui savait extraordinairement ; d’ailleurs, un répertoire d’anecdotes de Cour où il avait passé sa vie dans l’intrinsèque, et parmi la compagnie la plus illustre et la plus choisie ; solidement vertueux et modeste, toujours dans sa place, et jamais gâté par les confiances les plus importantes et les plus flatteuses : d’ailleurs très-difficile à se montrer, hors avec ses amis particuliers, et peu à peu, très-longtemps, devenu grand homme de bien.

492. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il se joignait à ces raisons irritantes d’autres circonstances encore que le comte de Senfft nous fait entrevoir ; car les intrigues de divers genres à cette cour impériale étaient plus nombreuses et plus entrecroisées qu’on ne le suppose généralement : Napoléon voulut avertir et faire un exemple : « L’orage éclata sur M. de Talleyrand, qui perdit alors sa place de grand chambellan avec toutes les marques de la disgrâce. La nullité même de la princesse de Bénévent (de cette belle Indienne si ignorante et, paraît-il, si sotte, qu’avait épousée M. de Talleyrand) n’échappa point à la colère de l’empereur ; elle fut exclue des invitations de la cour, vit exiler à Bourg-en-Bresse le duc de San-Carlos, objet de ses tendres préférences, et alla bientôt après cacher son ennui pendant quelques mois dans une terre qu’elle possédait en Artois25. » La chronique légère de tous les règnes, depuis la cour des Valois jusqu’à celle de Marie-Antoinette, est connue : il n’en est pas ainsi encore de celle du premier Empire.

493. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

A la cour, quelques salons, quelques ruelles de beaux-esprits étaient déjà de mode ; mais rien n’y germait encore de grand et d’original, et l’on y vivait à satiété sur les romans espagnols, sur les sonnets et les pastorales d’Italie. […] Mlle de Sévigné figurait, dès 1663, dans les brillants ballets de Versailles, et le poëte officiel, qui tenait alors à la cour la place que Racine et Boileau prirent à partir de 1672, Benserade, fit plus d’un madrigal en l’honneur de cette bergère et de cette nymphe qu’une mère idolâtre appelait la plus jolie fille de France. […] On ne disserte point comme autrefois, à perte de vue, sur le sonnet de Job ou d’Uranie, sur la carte de Tendre ou sur le caractère du Romain ; mais on cause ; on cause nouvelles de cour, souvenirs du siège de Paris ou de la guerre de Guyenne ; M. le cardinal de Retz raconte ses voyages, M. de La Rochefoucauld moralise, Mme de La Fayette fait des réflexions de cœur, et Mme de Sévigné les interrompt tous pour citer un mot de sa fille, une espièglerie de son fils, une distraction du bon d’Hacqueville ou de M. de Brancas.

494. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Saint-Simon, dans ses mémoires, a tellement rendu au vif cette entrée de Fénelon à la Cour, cette initiation dans le petit monde particulier de Mme de Maintenon, des ducs de Beauvilliers et de Chevreuse, cette rapide fortune de l’heureux prélat, sitôt suivie de tant de vicissitudes et de disgrâces, tout ce naufrage d’espérances qui est aujourd’hui une touchante partie de sa gloire, qu’on ne saurait que renvoyer à un tel peintre, et que ce serait profanation de venir toucher à de pareils tableaux, même lorsqu’on peut croire qu’il y a quelques traits hasardés. […] Pour en revenir au présent volume, je disais donc qu’on y trouve quelques lettres que Fénelon, nouvellement à la Cour, adressait à Mme de Maintenon encore sous le charme. […] Apprenant la mort de la princesse, qui précéda de si peu celle de son élève, Fénelon écrivait à Destouches (18 février) : Les tristes nouvelles qui nous sont venues du pays où vous êtes, monsieur, m’ôtent toute la joie qui était l’âme de notre commerce : Quis desiderio sit pudor… Véritablement la perte est très grande pour la Cour et pour tout le royaume.

495. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Bordeaux, une ville de plus de deux cent mille habitants, chef-lieu de Cour d’appel, chef-lieu de Corps d’armée, métropole du vin et port de grand commerce ! […] Pour Molière, pour madame de Sévigné, pour notre xviie et notre xviiie  siècle, la grande infériorité du provincial était évidemment d’ignorer la cour, la mode, les belles manières et le bel esprit de Paris. […] D’abord, on ne peut plus reprocher aux provinciaux d’ignorer la cour.

496. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deschamps, Émile (1791-1871) »

Alphonse de Lamartine Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de Madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie.

497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 476-477

Ses Ouvrages ne laisserent pas de lui procurer des Charges honorables à la Cour de Charles IX & d’Henri III.

498. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ce fut le 24 octobre 1658, dans la salle des gardes au vieux Louvre, en présence de la cour et aussi des comédiens de l’hôtel de Bourgogne, périlleux auditoire, que Molière et sa troupe se hasardèrent à représenter Nicomède. […] Pour le roi, pour la cour et les fêtes de commande, pour le plaisir du gros public et les intérêts de sa troupe, pour sa propre gloire et la sérieuse postérité, Molière se multiplie et suffit à tout. […] Les comédies à ballets dont nous parlons n’étaient pas du tout (qu’on se garde de le croire) des concessions au gros public, des provocations directes au rire du bourgeois, bien que ce rire y trouvât son compte ; elles furent imaginées plutôt à l’occasion des fêtes de la cour. Mais Molière s’y complut bien vite et s’y exalta comme éperdument ; il fit même des ballets et intermèdes au Malade imaginaire, de son propre mouvement, et sans qu’il y eût pour cette pièce destination de cour ni ordre du roi. […] Le mot love employé par Shakspeare, à l’égard du jeune seigneur dont il est l’ami, n’est sans doute qu’une forme de la politesse de cour, telle qu’elle se pratiquait au xvie  siècle.

499. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Cousin, Président de la Cour des Monnoies, in-4°. […] A peine notre langue fut débrouillée que des personnes de la Cour se chargerent d’écrire. […] Cet auteur qui avoit le génie de la Cour, s’est plus à peindre les hommes avec ces traits qui attachent l’esprit & remuent le cœur. […] On y reconnoît le goût de la Cour de Louis XIV. ; mais leur plus grand prix est dans la sincérité de l’auteur, un des plus honnêtes hommes de la Cour, & qui sçut unir à l’esprit d’un politique l’intégrité d’un homme de bien. […] Le Jésuite françois régle la plûpart de ses jugemens tantôt sur les intérêts de la Cour Romaine, tantôt sur les principes de la Monarchie françoise.

500. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

« Toutes les histoires de l’Astrée ont un fondement véritable, mais l’auteur les a toutes romancées, si j’ose user de ce mot », nous dit l’avocat Patru, et il nous apprend, de l’aveu de d’Urfé, que Céladon, c’était d’Urfé ; Astrée, sa propre femme, Diane de Châteaumorand ; Calidon, Monsieur le Prince ; Daphnide, Mme de Beaufort ; Thorismond, Henri III ; la cour enfin du grand Enric, la cour même de Henri IV. […] Les Canaries à la cour de France, de la cour de France au Sénégal, au Maroc, au Pérou, au Mexique, on y parcourt l’univers habité. […] C’est en vain qu’on les persécute — ou c’est peut-être parce qu’on les persécute, — mais les jansénistes remplissent la cour, la magistrature et la ville, Paris et les provinces. […] Mais on le loue, en dépit des fanatiques, s’il y en avait à sa cour, d’avoir mieux compris les vrais intérêts de la religion que tout ce qu’il y avait alors autour de lui d’esprits sincèrement et profondément religieux. […] A-t-il écrit, comme on le veut, son Temple de Gnide pour faire sa cour à Mlle de Clermont ?

501. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 294-295

FERRAND, [Antoine] Conseiller à la Cour des Aides de Paris, sa patrie, mort en 1719, âgé de 42 ans.

502. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 421-422

Cette heureuse éloquence abaisse tes rivaux ; La Cour ne cherche plus que tes fameux travaux ; Les Princes fabuleux l’ont puissamment charmée.

503. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  De Machy  » p. 151

Dans les jours de fêtes, où la cour peut-elle être mieux placée que sous ce péristyle ?

504. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Ainsi Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, raconte d’abord toutes les guerres du règne, puis, arrivé à la paix d’Utrecht, revient à l’avènement du roi, pour raconter les anecdotes de la cour et des mœurs du temps, après quoi il reprend encore les choses au début pour développer le gouvernement intérieur, les lois, les réformes, les principes d’administration, les mesures heureuses ou funestes dans chaque département, enfin il finit par exposer chacune des principales disputes religieuses : faisant ainsi non pas une histoire générale du siècle de Louis XIV, mais une dizaine d’histoires spéciales, qui sont simplement mises bout à bout et n’ont d’unité que par le titre unique. […] D’autre part, à lire Voltaire, on saisit bien l’ensemble des guerres, ou l’ensemble de l’administration financière : mais les rapports de ces parties entre elles, l’action et la réaction réciproques de la politique extérieure, de la politique intérieure, des guerres, de l’administration, de la vie de la cour, comment la situation de la France à chaque année du règne et le développement ultérieur de chaque partie de l’histoire dépendent du développement antérieur de toutes les parties, comment tout vient de tout et aboutit à tout, voilà ce qu’on ignore.

505. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

On observa que les intéressés dans les Couplets étoient précisément les personnes avec lesquelles il étoit le plus brouillé, qu’il accusoit d’avoir causé la chûte de sa comédie du Capricieux, de lui avoir fait manquer une pension de la cour aussi-bien qu’une place à l’académie Françoise. […] Il eut des pensions de la cour, & fut de l’académie des sciences.

506. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Jamais cour plus fidèle et reine plus jolie. La reine avait grand cœur, sa cour avait grand faim.

507. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Plus le prince a de réputation, plus cet intérêt augmente ; on aime à voir un homme admiré dans sa cour et sur les champs de bataille, écrire et penser dans son cabinet, et parler en philosophe aux peuples qu’il sait gouverner en roi. […] Mais plus près du trône, il n’en était que plus exposé au danger, dans une cour où la faiblesse barbare s’effrayait des talents, et où le meurtre était toujours près des soupçons.

508. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Il l’aperçut de loin dans la foule à la fête qui lui fut donnée par le Directoire dans la cour du Luxembourg. […] Il était alors attaché par je ne sais quel service d’honneur à la cour de la reine de Naples, sœur de l’empereur Napoléon. […] La charmante reine de Naples, Caroline Bonaparte, était fière d’avoir près d’elle un pareil ornement de sa cour. […] Il aimait à séduire les yeux et les oreilles plus qu’à posséder les cœurs ; c’est l’homme doué de la plus innocente coquetterie d’esprit et de figure que j’aie jamais connu ; tel il était alors à Naples sous l’habit de cour, tel je l’ai vu plus tard sous l’uniforme de mousquetaire de Louis XVIII, tel sous le costume d’archevêque, apportant le même apprêt à plaire dans le salon, dans la revue, qu’à l’autel. […] La conversation y était aimable, souple, à demi-voix, un peu froide, d’un goût très pur, d’un ton de cour, rarement animée, mais d’une tiédeur toujours douce qui enseignait à bien écouter plus qu’à bien parler.

509. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

… « Mais, le soir venu, je retourne à la maison et j’entre dans mon cabinet de travail ; sur le seuil de la porte je dépouille ces habits de paysan souillés de poussière ou de fange, et je me revêts en idée d’habits royaux et de vêtements de cour. […] Il sortit en même temps de cette cour militaire de César Borgia tellement rompu aux affaires politiques et aux intrigues d’ambition que nul ne perça jamais si profondément dans les ressorts cachés qu’on emploie pour conquérir ou gouverner les hommes. […] Il l’appela même à sa cour. […] Le Mariage de Figaro par Beaumarchais est une édification en comparaison de la farce de Machiavel ; mais les Contes de Boccace, imprimés avec les privilèges et les éloges de la cour de Rome, avaient accoutumé les Italiens au ridicule versé sur les maris et sur les moines. […] « Conservez, lui dit-il, l’apparence des élections, mais faussez-en les résultats s’ils vous sont contraires, en achetant ou en altérant les votes dans les scrutins. » C’est une trahison exactement semblable à celle que le grand et vénal Mirabeau organisait secrètement pour Louis XVI, en recevant d’une main les subsides immenses de la cour, et en agitant de l’autre main les passions qui nourrissaient sa popularité.

510. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Une suite nombreuse de religieuses du monastère où elle était née, et de compagnes de son heureuse enfance, l’accompagnait à la cour. […] Attendez-moi ici près de la porte de la ville, et faites la plus grande attention à votre prisonnier, jusqu’à ce qu’ayant pris à la cour les informations nécessaires, je revienne vous trouver. […] « C’est (disent les traducteurs du sanscrit), le Lépan, l’Égypan, le Silène, le Momus, le Sancho, le Falstaf, le bouffon de la cour céleste. » Mais il paraît aussi en avoir été le poète ; car, après avoir accompagné dans ses guerres le demi-dieu Rama, incarnation belliqueuse de Wichnou, le dieu suprême, Hanoumun vint, dit-on, se reposer un jour sur les rochers qui bordent l’océan Indien. […] Le lieu de la scène était ordinairement, ou un site choisi en rase campagne, ou une cour du palais des princes. […] Il vivait, comme on le voit dans l’histoire du Kachmir, dont Wilson a publié des extraits, vers l’année 720, à la cour du souverain d’Agra.

511. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Ils ne sont plus qu’officiers (et très bons) aux armées et courtisans très brillants à la Cour. […] » La pièce a quelque originalité encore en ceci qu’elle contient un rôle de fou de cour qui est très spirituel. […] Il a été, à partir de 1658, dévoré par la Cour et la Ville et il n’a presque peint que l’une et l’autre. […] Et, sans sortir de la Cour, n’a-t-il pas encore vingt caractères de gens où il n’a point touché ? […] Molière répond : à la Cour et au parterre.

512. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Elmire, après, tout, est une jeune femme très sage et très sensée, qui aime à s’amuser, à recevoir, à accepter les hommages des jeunes gens qui lui font la cour. […] Lekain avait joué le Gengis-Khan de L’Orphelin de la Chine plusieurs fois déjà, soit au Théâtre-Français, soit à Fontainebleau devant la cour, en 1755. […] Il l’a surnommé : Esquisse des mœurs de 1778 ; puis : Ou une nuit de l’ancienne cour ; puis : Ou vengeance de cour. […] Il fallait faire sa cour à tous les comédiens influents et toutes les comédiennes influentes du Théâtre Français. […] Il prétend qu’il ne fait la cour aux femmes que pour être plus aimé de la sienne, et du reste pour l’aimer, lui aussi, davantage, le moyen étant à son avis infaillible.

513. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 282-284

Son Secrétaire de la Cour eut cinquante éditions, & n'en méritoit pas une.

514. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

Il prétend qu’il ne va à la cour que pour leur dire leurs vérités, et à Versailles il passe pour un fou dont les propos ne tirent point à conséquence ; ce qui lui conserve son franc-parler.

515. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Lorsque Kondrate me mena chez lui, je le trouvai dans la petite cour de la maison, accroupi devant l’énorme animal. […] De la porte jusqu’au bâtiment, la vaste cour était remplie d’orties aussi vertes et aussi épaisses que du chanvre. […] Le tarantass entra dans la cour, faisant bruire l’ortie sous ses roues, et s’arrêta devant le perron. […] Ensuite il s’accroupit dans la cour, sans même couvrir sa pauvre tête blanche. […] Il se tint immobile pendant quelques instants, embrassa la maison d’un regard attentif, entra dans la cour et monta doucement le perron.

516. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 456-458

Qu’on lise toutes les Histoires divines, humaines & profanes, il ne se trouvera point que les impudiques & les mérétrices les aient jamais portés en public, jusques à cejourd’hui que le Diable est déchaîné par la France ; ce qui est encore plus détestable devant Dieu & devant les hommes, que toutes les autres abominations ; & bien qu’il n’y ait que les Courtisannes (ou Dames de Cour) & Demoiselles qui en usent, si est-ce qu’avec le temps n’y trouvera Bourgeoise ni Chambriere qui par accoutumance n’en veuille porter ».

517. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 259-261

FAUCHET, [Claude] Président à la Cour des Monnoies de Paris, sa patrie, mort en 1601, âgé de 72 ans.

518. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 361-363

On eût pu cependant se dispenser d’imprimer ses Lettres, dépourvues d’instructions & d’agrément ; il n’y a guere que celles qu’il écrivit sur le Voyage de la Cour, à Fontarabie, au sujet du mariage du Roi, qui vaillent la peine d’être lues.

519. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 444-446

Même nom de baptême, nom également substitué à son vrai nom de famille ; il a fait, comme lui, époque* dans notre Littérature ; l’un & l’autre sont nés avec beaucoup d’esprit & de talent ; l’un & l’autre ont ambitionné la Monarchie Littéraire, & la manie de dominer leur a également suscité une foule d’ennemis ; tous deux ont habité successivement l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne & la Suisse ; tous deux ont été fêtés à la Cour des Rois, & tous deux, par la suite des événemens, ont été forcés de vivre loin de leur patrie.

520. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

« Ayez des amants, mademoiselle ; une femme doit savoir être mercenaire, quand même elle ne serait jamais allée à la cour ni dans une assemblée… Comment ! […] Ma fille doit être pour moi ce qu’une dame de la cour est pour un ministre d’État, la clef de toute la bande808. » Quant à M.  […] Il vole sur les grands chemins, voilà de la bravoure ; il partage son butin avec ses amis, voilà de la générosité. « Vous voyez, messieurs, leur dit-il, je ne suis pas un simple ami de cour qui promet tout et ne donne rien. […] À la cour de Louis XIV, on l’eût pris pour un échappé de séminaire ; Voltaire l’appellerait curé de village. […] Dans ce tumulte d’écrits et de ligues, l’opinion grossit, s’enfle comme une vague, et, tombant sur le Parlement et la cour, noie les intrigues et entraîne les dissentiments.

521. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Mais on ne le rencontre guère à la cour que fréquentait le Théophraste français ; on y est occupé d’intérêts plus terrestres et plus personnels. […] Le premier Napoléon, quand il s’arrêta quelques jours à Mâcon avec sa cour en 1805, en allant se faire couronner à Milan roi d’Italie, le fit appeler comme il avait fait appeler M.  […] Une seule maison, haute et isolée du reste du hameau par une cour, un jardin potager, une longue charmille taillée en muraille domine le village. […] Si on entre dans la cour, on voit d’un côté une allée de marronniers, luxe rare de végétation dans ces contrées déjà froides ; de l’autre, à l’extrémité de carrés du jardin, un pavillon de repos du style architectural de Louis XV, rappelant prétentieusement Versailles dans cette sauvagerie des lieux et des mœurs.

522. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je passai devant la porte de ma cour sans y entrer ; je suivis, sans lever la tête, le pied du mur noir et bossué de pierres sèches qui borde le chemin et qui enclot le jardin ; je n’osai pas m’arrêter même à l’ombre de sept à huit platanes et de la tonnelle de charmille qui penchent leurs feuilles jaunes sur le chemin. […] père Dutemps », lui dis-je, « cela prouve que ma voix a bien changé, comme mon visage ; car vous l’avez entendue bien souvent sous le vieux sorbier de votre cour, quand nous ramassions au pied de l’arbre les sorbes que la Madeleine votre femme faisait mûrir sur la paille, ou quand je rappelais les chiens courants de mon père au bord du grand bois, au-dessus de votre champ de blé noir. » Il renversa sa tête en arrière, ôta son bonnet, d’où roulèrent sur ses joues des écheveaux de cheveux blancs et fins comme une toison, et il recula machinalement en arrière, à deux pas. […] » s’écria-t-il (les paysans de ces contrées ne savent de mes noms que celui-là). « Il n’y a que lui qui ait connu Madeleine, qui ait secoué le sorbier de la cour, qui ait rappelé les chiens des chasseurs pour leur rompre le pain de seigle devant la maison. […] Je croyais retrouver, en entrant dans la cour et en passant le seuil, tout ce que le temps était venu en arracher.

523. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Où sont ces faux amis, ces vils adulateurs, ces parasites si empressés à faire leur cour, et à témoigner par leurs actions et leurs paroles un servile dévouement ? […] Dites-moi, je vous prie, dans quelle cour Charles II puisa tant de politesse et tant de goût ? […] » Croiriez-vous, Mylord, que Louis XIV a réformé le goût de la cour en plus d’un genre ? […] « L’église, dit-il, qu’on trouve la première, afin que l’entrée en soit libre aux séculiers, semble tenir lieu de cette première salle que les Romains appelaient atrium : de là on passait dans une cour environnée de galeries couvertes, à qui l’on donnait le nom de péristyle ; c’est justement le cloître où l’on entre de l’église, et d’où l’on va ensuite dans les autres pièces, comme le chapitre, qui est l’exèdre des anciens ; le réfectoire, qui est le triclinium, et le jardin, qui est derrière tout le reste, comme il était aux maisons antiques. » Note M, page 115.

524. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Devenu magistrat sans en avoir l’air, reçu président au Parlement avec dispense d’âge (1706), il ne concourait pas moins pour les prix de l’Académie française, faisait des tragédies, qui tombaient comme déraison (c’est Collé qui le dit), mais sous un autre nom que le sien, des chansons, au contraire, qui avaient la vogue, et il prenait pied partout dans la meilleure société, et bientôt même en Cour. […] , a dit Voltaire par un mot qui résume tout, et qui insinue le correctif dans la louange ; il a dit autre part du président en des termes tout flatteurs : « Il a été dans l’histoire ce que Fontenelle a été dans la philosophie ; il l’a rendue familière. » Il faut bien, au reste, se garder de prendre à la lettre tous les éloges que Voltaire donne au président en ces années où il croyait avoir besoin de lui en Cour, le président étant devenu surintendant de la maison de la reine ; il ne l’appelle pas seulement un homme charmant, à qui il dit : « Vous êtes aimé comme Louis XV » ; il le déclare son maître, « le seul homme qui ait appris aux Français leur histoire », et qui y a trouvé encore le secret de plaire. […] Monmerqué possède d’autres mémoires du président Hénault, qui sont d’un intérêt sérieux en ce qu’ils traitent des affaires du Parlement dans lesquelles le président fut très mêlé comme négociateur officieux pour le ministère et pour la Cour.

525. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Rohan, qui était d’accord de tout avec lui, mais qui n’avait pas voulu prendre les armes jusque-là, et qui même s’était prêté à un semblant de négociation avec la Cour, commence à se déclarer, « contraint de le faire, dit-il, pour montrer que ce n’était son impuissance, comme on se figurait, qui l’en avait empêché, mais bien le désir de pacifier toutes choses. » Il avait déjà parcouru bien des villes, accompagné d’un grand nombre de ministres, haranguant, disant des prières, faisant porter une Bible devant lui, fidèle à son double rôle de capitaine et de serviteur des Églises. […] Il se plaint, en terminant, de tout le monde : « C’est ce qui s’est passé en cette seconde guerre, dit-il, où Rohan et Soubise ont eu pour contraires tous les grands de la Religion de France, soit par envie ou peu de zèle, tous les officiers du roi à cause de leur avarice, et la plupart des principaux des villes gagnés par les appâts de la Cour… Quand nous serons plus gens de bien, Dieu nous assistera plus puissamment. » Par cette paix les réformés obtenaient ce qui à leurs yeux était l’essentiel, la subsistance des nouvelles fortifications qu’ils avaient élevées dans la plupart des petites villes du Midi, c’est-à-dire la faculté de recommencer la guerre. […] Une grande cabale s’était formée en Cour, dont Monsieur, frère du roi, était le prête-nom.

526. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Villars, en 1712, n’allait plus avoir affaire du moins qu’au seul prince Eugène, et sa cour aussi devait lui laisser plus de liberté d’action. […] Le mot que Villars avait redit si souvent à sa cour durant ces dernières campagnes se trouva justifié : « Il ne faut qu’un moment pour changer la face des affaires peut-être du noir au blanc. » Villars, libre enfin de se livrer à l’activité qui était dans sa nature, assiégea et reprit en moins de quatre mois, sous les yeux d’Eugène réduit à l’inaction, Douai, Le Quesnoy, Bouchain, les places que l’ennemi avait conquises sur nous en trois campagnes. […] Je ne suis pas étonné, Sire, qu’une amitié de la première jeunesse ait prévalu ; mais enfin, Sire, après avoir été honoré des plus importantes marques de votre confiance, il ne me restera donc plus que d’aller chercher une partie de piquet chez Livry1 avec les autres fainéants de la Cour, si Votre Majesté ne daigne pas me donner entrée dans ses conseils.

527. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Bossuet, malade à Versailles, y est retenu par son neveu, qui espère toujours une démission de l’évêché en sa faveur, et qui croit la présence de l’illustre prélat en Cour utile à ses intérêts. Mme de Maintenon s’étonne de ce séjour obstiné, et elle va jusqu’à dire au médecin Dodart, qui le rapporte à l’abbé Fleury : « Veut-il donc mourir à la Cour ?  […] Le grand cabinet d’audience, orné de tableaux superbes, tous de piété ou de la cour de Rome et de France, sur des tapisseries de damas violet sans or, est la dernière pièce de ce superbe appartement, destinée aux audiences publiques : des bureaux, des fauteuils, des paravents se voient à l’entour dans un grand ordre, et rien ne manque de ce qui est nécessaire à la propreté et à la magnificence ; et il y avait aussi fort bon feu.

528. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Ceux qu’il soulagea ne l’en remercièrent point, trouvant que c’était justice, comme il arrive toujours ; et ceux qu’il augmenta crièrent si hauts cris, voulant le manger, que tout retentit de reproches qui assiégèrent le trône et la Cour. […] Et le voilà brouillé sans ressource avec la Cour. […] Pendant que d’Argenson était intendant en Hainaut, Law traversa la province pour fuir à l’étranger ; d’Argenson le fit arrêter et le retint à Valenciennes jusqu’à ce qu’il eût reçu les ordres de la Cour.

529. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Lorsque l’abbé Legendre fit la connaissance de l’archevêque, le prélat était au plus fort de l’engagement dans la lutte soutenue par Louis XIV pour les droits de sa couronne et les libertés de l’Église gallicane contre la Cour de Rome ; on était au lendemain de l’Assemblée de 1682. […] Voici, par exemple, l’idée d’une Pyramide qu’on proposait d’élever au prélat dans la cour même de l’archevêché, avec une inscription dont je ne donne que les lignes principales : À l’unique et l’incomparable seigneur Messire François de Champvallon, archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud ; Proviseur des collèges de La Marche et de Sorbonne ; Fondateur du Saint-Bourbier47 ; Visiteur de l’île Notre-Dame48 ; Damoiseau de Conflans49 ; Toujours jeune, toujours souriant, de qui l’on voit le mérite dès qu’on arrive dans son antichambre ; si patient qu’au milieu de cette ville on l’a volé, sans qu’il s’en soit plaint50 ; si vigilant qu’à deux heures après minuit on l’a trouvé dans les rues ; si obligeant qu’il accorde toutes les dispenses qu’on veut ; Le Tout-Puissant ; L’Infaillible ; de qui l’on n’appelle point ; qu’on ne peut déposer ; Grand maître des lettres de cachet ; Arrondisseur de la Couronne ; Intrépide amplificateur de la Régale ; Président perpétuel des Assemblées Du Clergé ; Souverain dominateur de L’Église gallicane ; plus aimable que M. de Pierrepont ; Plus diligent que feu M. le Maréchal De La Meilleraye51 ; dont la sacrée pantoufle est à Andelys, et le cordon d’or à Pontoise52 ; que sa dignité a fait recevoir dans L’Académie ; qui parle comme il écrit et qui écrit Comme il parle ; prélat des plus qualifiés ; prélat Harlay-Quint. […] Feuillet lui répondit qu’il n’en savait rien, mais que depuis peu il avait dit sur ce sujet à Monsieur (et l’on sait de quelle nature étaient les mœurs de ce prince) qu’il n’avait point besoin de confesseur en menant la vie qu’il mène à la Cour, et qu’il lui conseillait d’épargner les 6,000 livres qu’il donne à son confesseur qui ne sert qu’à le tromper, et qu’il valait bien mieux pour lui de les donner aux pauvres, afin de fléchir pour leurs prières la miséricorde de Dieu sur sa personne : après quoi, si Jésus-Christ lui donnait quelque sentiment de pénitence pour se convertir, il choisirait lui-même un homme de bien pour régler ses mœurs et la conduite de sa vie. — Ce discours, que la plupart des gens prendraient pour quelque chose de bien grave et de bien sérieux, parut à M. de Paris si agréable et si divertissant qu’il fut plus d’un bon demi-quart d’heure à en rire de tout son cœur. » 54.

530. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

« Mon amie, nous dit Alfieri, en donnant les raisons qu’il avait de faire ce voyage, désirait aussi voir l’Angleterre, pays qui diffère si fort de tous les autres. » Arrivée à Londres, elle poussa la curiosité jusqu’à désirer de plus être présentée à la Cour. […] Cela ne va plus avec cette présentation à la Cour, si elle continue de cacheter avec les armes royales. » Mme d’Albany fut invitée quelques jours après à dîner par le prince de Galles ; elle avait été présentée à mistress Fitzherbert, maîtresse du prince. […] Chacun y est plus commodément que chez soi, et plus respectueusement qu’à la Cour. » Tout ce qui passait en Italie d’illustre et de distingué allait à Florence et se faisait présenter chez Mme d’Albany.

531. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Revenu de tout cela, il n’a de sensibilité que celle des passions ; il fait tout avec de l’esprit, il en a infiniment ; mais ce qu’on appelle de l’âme, il n’en a point… » A la veille du voyage d’Italie, que Sismondi devait faire avec Mme de Staël (1804-1805), et au moment où il allait être tout à fait de sa suite et de sa cour, sa prudente mère lui écrivait encore : « Ah çà ! […] Au reste, je suis pleinement assuré qu’il n’a pas eu la plus lointaine pensée de faire allusion à vous et à votre Cour. […] Il s’agit des confidents de tragédie : « On fait encore, dit Schlegel, un grand mérite à Alfieri d’avoir su se passer de confidents, et c’est en cela surtout qu’on trouve qu’il a perfectionné le système français ; peut-être ne pouvait-il pas mieux souffrir les chambellans et les dames d’honneur sur la scène que dans la réalité. » Il est difficile de ne pas voir là une allusion plus ou moins directe à la petite Cour de la comtesse d’Albany et de Charles-Édouard.

532. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Aussi l’un de ses premiers désirs à la Cour sera de visiter la maison de Saint-Cyr. […] Elle a une cour assidue ; les ambassadeurs y vont, et toute personne étrangère de distinction demande à être présentée. J’ai, sans faire semblant d’écouter, entendu dire sur cette Cour des choses curieuses : on fait foule comme chez une princesse ; elle fait cercle, on se précipite, et elle dit un petit mot à chacun.

533. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Elle dissimule devant le monde et la Cour, mais elle souffre, et elle décharge son chagrin dans le sein de sa mère. […] Mais, encore une fois, c’est là un petit côté de la Correspondance nouvellement publiée : ce qu’on y doit considérer comme essentiel, c’est tout ce qui révèle la tendresse, la vigilance, le tact et le bon sens de la grande souveraine, s’adressant dans l’intimité à la plus jeune de ses filles qu’elle voit entourée de périls et de pièges, au milieu d’une Cour légère et à la tête d’une nation mobile, aussi prompte dans ses aversions que dans ses amours. […] Ce défaut, ma chère fille, dans une princesse, n’est pas léger ; il entraîne après soi, pour faire la cour, tous les courtisans, ordinairement gens désœuvrés et les moins estimables dans l’État, et éloigne les honnêtes gens, ne voulant se laisser mettre en ridicule, ou s’exposer à se devoir fâcher, et à la fin on ne reste qu’avec mauvaise compagnie, qui entraîne peu à peu dans tous les vices… Ne gâtez pas ce fonds de tendresse et de bonté que vous avez. (17 août 1774.) » Et encore, — car cette morale générale n’est nullement en l’air et ne vient qu’à propos de rapports très-particuliers : « Ne prenez pas pour humeur ou gronderie ce que je vous ai marqué ; prenez-le pour la plus grande preuve de ma tendresse et de l’intérêt que je prends à vous, de vous marquer tout ceci avec tant d’énergie ; mais je vous vois dans un grand assujettissement, et vous avez besoin qu’on vous en tire au plus vite et avec force, si l’on peut encore espérer de l’amendement.

534. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

On sait de reste qu’il n’y gagna rien et que la méfiance, soufflée par la malignité et trop justifiée par les intrigues de la Cour, n’en fit pas moins son chemin. […] Revoyant Malouet à l’Assemblée, il passa, tout rouge de colère, à côté de lui, et lui dit, en enjambant un des bancs qui les séparaient : « Votre homme est un sot, il aura de mes nouvelles. » Les négociations de Mirabeau avec M. de Montmorin et avec la Cour ne se renouèrent que bien plus tard, après la retraite de l’incompatible M.  […] Qu’on me soupçonne, qu’on m’accuse d’être vendu à la Cour, peu m’importe !

535. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs. […] Le chevalier avait les agréments de l’esprit et de la figure, un tour de sensibilité légèrement romanesque ; il était chevalier de Malte, mais avait eu des succès à la cour : la duchesse de Berry l’avait distingué et honoré d’un goût de princesse.

536. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Ce cri des victimes commençait à importuner la cour ; on voulait l’apaiser, non par des libertés rendues à la conscience des peuples, mais par des ministres plus insinuants et plus humains. […] Il ne tarda pas à captiver la cour tout entière, à l’exception des envieux et du roi, qui avait contre le génie les préventions du plus simple bon sens, et qui n’aimait pas qu’on regardât trop un autre homme que lui dans sa cour.

537. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Comme Montaigne, il puise à la source commune et populaire : néologismes, mots savants, mots de terroir, ou de carrefour, ou de cour, tout lui est bon, pourvu qu’il le tienne de l’usage. […] La centralisation littéraire n’est pas faite : la littérature échappe encore au joug du monde et de la cour. D’où ces deux effets, qu’il y a encore des œuvres littéraires dont les sujets ne sont pas mondains, et des écrivains provinciaux, qui vivent loin de la cour et de Paris.

538. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Le cardinal de Tournon, l’ayant connu à Rome et apprécié pour ses qualités studieuses et morales, parla de lui à la Cour, lorsque le roi Henri II cherchait un précepteur pour ses deux fils, les ducs d’Orléans et d’Anjou (depuis Charles IX et Henri III), et Amyot fut choisi (1554). […] Rien ne peint mieux la morale d’une époque et d’une cour qu’une telle publication de la part d’un homme d’Église, précepteur en titre des fils du roi, une licence de cette force et qui paraît chose toute simple. […] Sur le meilleur pied à la Cour, voyant son élève chéri, le petit Charles IX, devenu roi dès l’âge de onze ans, et ne cessant jusqu’à la fin de le considérer comme le plus gentil et le plus doux des princes ( natura mitissimus erat ) ; également estimé et honoré de son autre élève Henri III, grand aumônier de France sous tous deux, bientôt évêque d’Auxerre, Amyot avait réalisé le plus beau rêve d’un savant et d’un lettré au xvie  siècle.

539. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Mallet, adressée à son vieil ami M. le comte Portalis, premier président de la Cour de cassation, sert de dédicace : c’est là commencer par de bons auspices. […] « J’ai entendu en 1788, dit quelque part Mallet, Marat lire et commenter le Contrat social, dans les promenades publiques, aux applaudissements d’un auditoire enthousiaste65. » Un Journal intime de Mallet, dont on nous donne des extraits et qui contient ses observations sur Paris, de 1785 à 1789, nous transporte au milieu des mœurs du temps et dans les scènes les plus vives de la guerre de la Cour contre les parlements. […] Notez que tant qu’avait duré l’Ancien Régime, Mallet, rédacteur politique, avait été aussi indépendant qu’on le pouvait être avec trois censeurs ; souvent averti, réprimandé par le ministre, jamais il n’avait reçu pension ni faveur, à la différence de tant de gens de lettres pensionnés et rémunérés par Calonne ou par la Cour, et qui vont se faire républicains.

540. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il plaide en un mot pour les Templiers comme un avocat, qui veut obtenir qu’on casse une sentence, plaiderait devant la Cour de cassation. […] [NdA] Cette tragédie en cinq actes et en vers fut représentée pour la première fois le 22 juin 1810, à Saint-Cloud, devant l’Empereur, « qui, avant de la laisser jouer au Théâtre-Français, voulut qu’elle fût donnée à la Cour ». […] L’Empereur en a paru convaincu, et a dit qu’ayant été trompé une fois à la lecture d’une tragédie, il n’en laisserait désormais jouer aucune qu’elle n’eût été préalablement représentée sur le théâtre de la Cour. » (Journal et souvenirs de Stanislas Girardin, t. 

541. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Dans les voyages qu’il fait à Paris, où il vient prêcher quelquefois et prendre l’air de la Cour, il s’aperçoit qu’il lui faut un pied-à-terre ; il voudrait une maison à lui, par convenance et décorum, plutôt que de prendre des chambres garnies. […] On voit poindre dans les lettres de Richelieu les premières lueurs de sa faveur en cour, sans pourtant en apprendre beaucoup plus que n’en disaient là-dessus ses Mémoires. […] Aussitôt le prince de Condé arrêté (1er septembre 1616), tout change d’aspect ; la foule des courtisans, qui désertait le Louvre, s’y porte à l’instant ; chacun vient pour se montrer et faire acte de fidélité : Tel le faisait sincèrement, dit Richelieu, tel avec intention et désir tout contraire ; mais il n’y en avait pas un qui n’approuvât ce que Sa Majesté avait fait ; beaucoup même témoignaient envier la fortune du sieur de Thémines, qui avait eu le bonheur d’être employé en cette entreprise ; mais, en effet, la Cour était si corrompue pour lors, qu’à peine s’en fût-il trouvé un autre capable de sauver l’État par sa fidélité et son courage.

542. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Grimm, vers l’âge de cinquante ans, devint homme de cour ; apprécié à sa valeur par les princes distingués ou éminents qui régnaient en Allemagne, et par l’impératrice de Russie, il ne crut point devoir résister à leurs faveurs ni à leurs bienfaits. […] Le duc de Saxe-Gotha le nomma son ministre à la cour de France ; la cour de Vienne lui conféra le diplôme de baron du Saint-Empire, et celle de Pétersbourg le fit colonel, puis conseiller d’État, grand cordon de la seconde classe de l’ordre de Saint-Vladimir.

543. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

La tourbe des domestiques sophistes, des écrivains qui ont autour du cou une rondeur pelée, des souteneurs historiographes, des scoliastes entretenus et nourris, des gens de cour et d’école, fait obstacle à la gloire des punisseurs et des vengeurs. […] Mal en prend aux poëtes d’être gens de cour et de faire ce que leur demandent les maîtresses de roi. Racine, sur la suggestion de madame de Maintenon, risque une remontrance qui le fait chasser de la cour, et il en meurt ; Voltaire, sur l’insinuation de madame de Pompadour, aventure un madrigal, maladroit à ce qu’il paraît, qui le fait chasser de France, et il n’en meurt pas.

544. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Le rôle le plus imposant que puisse jouer un Orateur profane, c’est d’être l’interprête de son Roi ou l’organe de la patrie ; le théatre le plus brillant qu’il puisse s’ouvrir, c’est un Sénat, une Cour, une place publique ; les sujets les plus frappans qu’il puisse traiter sont l’homme & ses besoins, le tems & ses vicissitudes. […] Gueret lui reproche ensuite de vouloir “que le Prédicateur fasse provision d’une morale de qualité pour la Cour, d’une morale bourgeoise pour le peuple & d’une morale campagnarde pour les villageois ; encore n’est-ce pas là tout. […] & de sa Cour.

545. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

À quinze ans, ayant perdu sa mère, elle fut envoyée à la cour de Wurtemberg, où on l’accueillit avec la plus tendre affection ; elle y contracta particulièrement avec sa cousine germaine, qui est aujourd’hui la reine des Pays-Bas, une amitié de sœur. […] Une fois, dans une fête, une cérémonie solennelle à Pétersbourg, il s’agissait pour toutes les personnes de la cour de porter le costume russe national : cette condition, qui était de rigueur et ne soutïrait pas d’exception, était pénible au cœur français, au cœur impérial de la princesse.

546. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Il paraît qu’il se proposa ou qu’on lui proposa de bonne heure, pour dernier terme d’ambition, l’honneur d’être un homme de cour. […] P. de Raynal, bien connu des hommes de sa génération pour la distinction de ses goûts littéraires, et aujourd’hui avocat général près de la Cour de cassation. — La lettre que j’indique et qui paraît pour la première fois se trouve au tome Ier, page 106.

547. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Ainsi introduit à la cour et dans le grand monde littéraire, il y paya sa bienvenue en sonnets, ballades, rondeaux, madrigaux, sixains, dizains, poëmes allégoriques, et put bientôt paraître le successeur immédiat de Voiture et de Sarasin, le rival de Saint-Évremond et de Benserade ; c’était le même ton, la même couleur d’adulation et de galanterie, quoique d’ordinaire avec plus de simplicité et de sentiment. […] Ces circonstances réunies nous semblent propres à expliquer la défaveur de La Fontaine à la cour, et l’injustice dont on accuse l’auteur de l’Art poétique de s’être rendu coupable envers lui.

548. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

21 Une cour magnifique, des bâtiments somptueux, des académies, un superbe appareil d’armées, de vaisseaux, de routes, une administration toute-puissante, une petite élite de gens parés et polis ; par-dessous, un amas de paysans hâves qui grattent la terre infatigablement, qu’on recrute de force et par des chasses, qui mangent du pain de fougère, qui s’accrochent aux voitures des étrangers pour mendier un morceau de véritable pain ; par-dessous les fêtes et les broderies de Versailles, une populace d’affamés et de déguenillés. […] Certainement la vie de cour est ce qu’il y a de plus beau au monde.

549. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Vittoria, vêtue richement, avec des chaînes d’or, avec des bracelets de perles, avec des diamants et des rubis aux doigts, se loue à Piombino de la cité de Parme, du duc et de toute la cour, rappelant les courtoisies infinies qu’elle reçoit chaque jour des seigneurs parmesans. […] Piombino lui assure que la comédienne est éprise de lui, et qu’elle dédaigne pour lui tous les gentilshommes qui lui font la cour, chez elle et au théâtre.

550. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Homme du monde avant tout, hanteur des bureaux d’esprit, précepteur de cour, jésuite de l’école des accommodements, en même temps qu’il aime le précieux aisé dans Voiture, et qu’il ne le hait pas aiguisé et subtil dans Gracian, il honore Boileau et loue Bossuet, en homme qui sait être de l’avis de la gloire. […] Plus moderne au commencement de la querelle des anciens et des modernes, il est plus ancien à la fin, l’âge et la raison aidant, et parce que la cour a passé du côté des anciens.

551. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Autour de cette jeune femme se sont donné rendez-vous tous les oisifs de la cour. […] Et si, en effet, ce n’est là qu’un gentilhomme dans sa sphère véritable, s’il est habitué, depuis longtemps, à vivre ainsi au milieu des élégants mensonges de la cour, d’où lui vient cet emportement subit ?

552. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Nous savons qu’on ne manquera pas de rappeler quelques bulles du Saint-Siège, ou quelques décrets de la Sorbonne, qui condamnent telle ou telle découverte philosophique ; mais, aussi, combien ne pourrait-on pas citer d’arrêts de la cour de Rome en faveur de ces mêmes découvertes ? […] Si le système de Copernic fut méconnu de la cour de Rome, n’éprouva-t-il pas un pareil sort chez les Grecs ?

553. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Homme de camp, homme de cour, homme de temple, il était tout cela ensemble ou tour à tour. […] L’âme religieuse de cet homme triple atteignait au sublime d’une foi profonde, quoique erronée ; mais pour retomber bientôt de cette hauteur aux faiblesses, ou aux forces, de l’humanité : à l’amour toujours païen de la femme, — à cette époque plus païen que jamais, — aux fureurs sacrées, comme disent les poètes » de la Muse, aux sonnets ardents qu’à la cour, pendant les trêves de ces guerres protestantes, il jetait, comme des torches, dans l’escadron volant des filles de la reine, pour leur embraser les sens et les cœurs.

554. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lorrain, Jean (1855-1906) »

Viviane, une courtisane galloise, l’éternel féminin, malmenée à la cour d’Artus, veut se venger en perdant l’ami d’Artus, le chevalier Myrdhis, que je pense être l’enchanteur Merlin qu’elle a trouvé dans la forêt de Brocéliande.

555. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

Il se retira chez lui, dégoûté de la Cour & de son Siecle, & consacra ses sentimens dans ces Vers, qu’il plaça sur la porte de son Cabinet d’Etude.

556. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 180-182

L’Ecrivain promene sans fatigue son Lecteur, au milieu d’une infinité de tableaux qui peignent d’après nature tout ce que la Scene du monde, depuis la Cour jusqu’aux plus basses conditions, peut offrir d’instructif & de varié.

557. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il se voua à la carrière du barreau, et bientôt ses talents firent sensation, même à la cour. […] « La cour ne rend pas content ; elle empêche qu’on ne le soit ailleurs. « La cour est comme un édifice bâti de marbre ; je veux dire qu’elle est composée d’hommes fort durs, mais fort polis. […] « Un esprit sain puise à la cour le goût de la solitude et de la retraite. […] Ce chapitre De la Cour et celui Des Grands, qui le suit, étonnent par la liberté avec laquelle La Bruyère parle de la cour et de la vie qu’on y mène.

558. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Elle commence ainsi : J’abit’ ru’ d’l’École’ de Méd’cine, Au premier, tout comme un bourgeois… Cette chanson m’a donné l’impression très vive de ce qui a remplacé la botte de paille des basochiens de la rue du Fouarre ; la chambre garnie de la Rive gauche, l’acajou écaillé du lit disjoint, le tapis pelé, les draps de coton trop étroits et toujours moites, les serviettes pelucheuses, la cuvette fêlée, l’odeur qui monte de la cour, et toute cette misère égayée parfois d’un punch ou d’un passage de jupe pas chère.

559. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 544-546

A cause de sa vie licencieuse, il se fit chasser de la Cour, où il étoit Précepteur du Dauphin, depuis Louis XIII.

560. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 277-279

Aussi le Carême qu’il a débité, cette année, à la Cour, a-t-il été regardé moins comme une suite d’Instructions évangéliques & chrétiennes, que comme un Cours d’éducation & de morale cent fois rebattue dans les Livres philosophiques de ce Siecle.

561. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 412-415

S’il juge à propos d’en faire présent au Public, on y reconnoîtra Lafontaine avec un air de Cour, qui eût rendu sa naïveté encore plus piquante.

562. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il vient chez elle des gens de cour, ou simplement de bonne compagnie, non épris, mais galants ; ou, s’ils sont amoureux, c’est par esprit de rivalité seulement. […] Arnolphe, mieux appris, tient le milieu entre l’esprit de Sganarelle et l’esprit des gens de cour ; il ne voit pas beaucoup plus loin que Sganarelle, mais il s’en fait plus accroire. […] Le mal, borné d’abord à la cour, avait gagné la bourgeoisie. […] Génie inépuisable, il a fait la part de tout le monde avec une libéralité sans exemple, écrivant pour la cour et la ville, pour les gens capables de tirer profit des plaisirs du théâtre comme pour ceux qui ne veulent que s’y divertir : composant les bouffonneries pour la foule, les chefs-d’œuvre pour les lettrés sévères et pour les hommes de génie, ses égaux ; défrayant de ses pièces le présent et l’avenir, la France et le monde ; le plus grand nom de notre théâtre par la fécondité et par cette plénitude de génie propre à lui seul, qui fut sans commencement et sans déclin, et qui anima de la même vie les premiers croquis où il s’essayait dans son art, et les immortels tableaux où il en atteignit la perfection. […] Tout ce que Cléante dit du faux dévot, Alceste des méchants, Chrysale du bel esprit, Célimène, qui a son bon côté, des sots qui lui font la cour ; tout ce qui sent la haine des méchants, le mépris des gens à la fois malhonnêtes et ridicules, l’amour du bien, du naturel, du vrai ; tout ce qui est, soit une maxime de devoir, soit un conseil de bienveillance, tout cela est sorti du cœur de Molière ; et tel est, dans ce convenu de l’art des vers, le tour naïf, la facilité, le feu, l’entraînement de ce langage, qu’on croit entendre Molière lui-même, et qu’au plaisir de voir des personnages peints au vrai se joint je ne sais quelle tendre affection pour celui qui les a créés.

563. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

« Il n’y a personne — écrit Montesquieu — qui ait quelque emploi à la cour dans Paris ou dans les provinces, qui n’ait une femme par les mains de qui passent toutes les grâces et quelquefois les injustices qu’il peut faire » ; et, naturellement, cette « femme » n’est pas la sienne. […] Grâce à Montesquieu, les femmes, à leur toilette, ont cru pour la première fois comprendre le langage du droit ; et, dans les salons comme à la cour, où il avait plus d’un ami, la « jurisprudence universelle » est devenue, grâce à lui, un sujet de conversation. […] Sa retraite à Sceaux, chez la duchesse du Maine, 1747. — Les premiers contes de Voltaire : Le Monde comme il va, Cosi Sancta, Zadig, Micromégas, 1747 ; — sa brouillerie avec la duchesse du Maine. — Départ de Voltaire pour Cirey ; — et séjour à la cour de Lorraine. — Trahison de Mme du Châtelet ; — et à cette occasion, quelques mots de la cour de Lorraine, du roi Stanislas et du marquis de Saint-Lambert ; — mort de Mme du Châtelet, 1749 ; — et retour de Voltaire à Paris. — Difficultés de sa situation ; — comme également suspect à la cour, et à la nouvelle génération des « gens de lettres ». — Sa rivalité dramatique avec le vieux Crébillon. — Son Oreste, 1750, et sa Rome sauvée, 1752. — Frédéric lui propose de venir s’établir à Berlin. — Hésitations de Voltaire [Cf.  […] VII]. — Mais comme elle a des protecteurs en cour, — dont Mme de Pompadour, que Quesnay, son médecin, intéresse à l’entreprise ; — et dans le ministère, dont M. de Malesherbes lui-même [Cf. Mme de Vandeul, Mémoires sur Diderot], on laisse continuer la publication ; — et les tomes III, IV, V, VI et VII se succèdent régulièrement de 1753 à 1757. — Les Encyclopédistes profitent des conflits du parlement et de la cour, 1756 [Cf. 

564. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

Aignan, & plusieurs autres Seigneurs de la Cour, allerent le voir dans sa prison, dès les premiers instans où il eut permission de recevoir des visites : tant il est vrai que les qualités de l’ame font le véritable prix des talens, qui sans elles ne font que de simples Auteurs, & souvent des hommes très-peu estimables !

565. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

L’affluence étoit si grande quand il donnoit des leçons, qu’il étoit obligé de rassembler ses Auditeurs dans une cour, & de leur parler d’une fenêtre, les Salles du Collége n’étant pas capables de contenir tout ce monde.

566. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

L’accueil qu’il recevoit dans les meilleures Sociétés de son temps, l’enhardit sans doute à répandre dans ses Ouvrages le même caractere d’agrément & de liberté qui le faisoit rechercher à la Cour & à la Ville.

567. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Mille autres choses m’ont distrait ainsi à la Cour. […] C’était vers ce moment que Voltaire revenait de Berlin et de la cour de Frédéric, où il était allé faire sa dernière école et ses dernières folies. […] Il ne la juge pas trop mal ni trop défavorablement ; sauf sa dévotion qu’il ne lui passe pas, il lui reconnaît des qualités solides, même de la bonté : « Enfin nous composerions bien, dil-il en concluant, pour ne voir jamais à la Cour d’autres reines ni d’autres favorites que faites comme celle-ci. » 2.

568. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Le prince de Ligne aurait voulu que M. de Meilhan, dans l’émigration, écrivît ses mémoires : Écrivez, lui disait-il, des souvenirs, des mémoires de votre jeunesse, ministériels, et de Cour et de société ; — vos brouilleries et vos raccommodements de Rheinsberg, la vie privée et militaire du prince Henri, ses valets de chambre comédiens français, ses houzards matelots, ses chambellans philosophes ; et puis les zaporogues et les évêques du prince Potemkim, et ensuite vos conversations avec le prince de Kaunitz ; — ce sera un ouvirage charmant. […] La présomption que l’homme est porté à avoir de ses talents et de son esprit faisait croire à plusieurs jeunes gens qu’ils joueraient un rôle éclatant ; mais la Révolution, en mettant en quelque sorte l’homme à nu, faisait évanouir promptement cette illusion qu’il était aisé de se faire à l’homme de cour, à celui du grand monde, qui se flattait d’obtenir dans l’Assemblée les mêmes succès que dans la société. […] Il poursuit ses raisonnements au sujet de la perte de sa bibliothèque, et démontre par des applications sa pensée : « À mesure que l’esprit humain avance, une multitude d’ouvrages disparaît. » Le président estime que nous n’avions pas en France, à sa date, de bons historiens : Un historien ne peut avoir de gloire durable que lorsqu’il approfondit la moralité de l’homme, et développe avec sagacité et impartialité les modifications que lui ont fait subir les institutions civiles et religieuses : alors il devient intéressant pour toutes les nations et pour tous les siècles… Ce n’est pas dans nos histoires qu’on apprend à connaître les Français, mais dans un petit nombre de mémoires particuliers, et je maintiens que l’homme qui a lu attentivement Mme de Sévigné est plus instruit des mœurs du siècle de Louis XIV et de la Cour de ce monarque, que celui qui a lu cent volumes d’histoire de ce temps, et même le célèbre ouvrage de Voltaire.

569. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Pour nous expliquer toute la vérité sur Villars, sans lui faire injure, et pour nous expliquer en même temps le jugement indigné de Saint-Simon sans faire à ce dernier trop de tort, nous n’avons qu’à nous figurer (ce qui arrivait en effet) Villars dans quelque retour à Versailles, Villars déjà comblé et se présentant comme à moitié délaissé et déçu, parlant avec ostentation de sa malheureuse petite fortune à peine commencée, et de son peu de faveur en Cour, disant tout haut qu’il voyait bien que c’était une des maximes favorites des rois qu’on retient plus les hommes par l’espérance que par la reconnaissance, qu’ils font espérer beaucoup et accordent peu, et donnant par là à entendre qu’à lui, on lui promettait plus qu’on ne tenait. […] Il demandait à la Cour son rappel, et Louis XIV, voyant l’incompatibilité arrivée à ses dernières limites, et craignant quelque rupture, y consentit assez aisément. […] M. le maréchal de Marcin, outre ses grands talents pour la guerre, a tous ceux qui sont nécessaires pour bien ménager l’esprit d’un prince et celui de sa Cour.

570. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Après la mort de Gœthe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Gœthe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération le 3 décembre 1854. […] Énumérons un peu : — Riemer, bibliothécaire, philologue, helléniste : avec lui Gœthe revoit ses ouvrages au point de vue de la langue et cause de littérature ancienne ; — Meyer, peintre, historien de l’art, continuateur et disciple de Winckelmann : avec lui, Gœthe causera peinture et se plaira à ouvrir ses riches portefeuilles où il fait collection de dessins et de ce qui est parfait en tout genre ; — Zelter, musicien : celui-là est à Berlin, mais il ne cesse de correspondre avec Gœthe, et leur correspondance (non traduite) ne fait pas moins de six volumes ; Zelter tient Gœthe au courant des nouveautés musicales, des talents et des virtuoses de génie, et, entre autres élèves célèbres, il lui envoie un jour Mendelssohn, « l’aimable Félix Mendelssohn, le maître souverain du piano », à qui Gœthe devra des instants de pure joie par une belle matinée de mai 1830 ; — puis Coudray encore, un architecte, directeur général des bâtiments à la cour. […] Mais il y a autre chose que les arts ; Gœthe aura donc pour compléter son Encyclopédie ou son Institut à domicile, — M. de Müller, chancelier de Weimar : c’est un politique distingué ; il tient Gœthe au courant des affaires générales de l’Europe ; — Soret, Genevois, précepteur à la Cour, savant : il traduit les ouvrages scientifiques de Gœthe, et met en ordre sa collection de minéraux.

571. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Souvent consulté par la Cour, il sait mieux que personne à quoi s’en tenir sur cette fluctuation d’idées à laquelle elle s’abandonne, sur cette suite de projets et de contre-projets éphémères. […] Le roi, la Cour, les royalistes ne l’étaient pas moins. […] Malouet, plus que suspect, signalé depuis longtemps pour ses liaisons avec la Cour, dénoncé comme membre du comité autrichien, sortit de sa maison, rue d’Enfer, dans la nuit du 10 août, pour n’y plus rentrer.

572. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Ils auraient voulu vivre près d’Anne d’Autriche avant la Fronde, à la cour de Madame Henriette durant ses voyages de Fontainebleau, ou aux dernières belles années de Louis XIV, dans les labyrinthes encore illuminés de Versailles, entre Mmes de Maintenon et de Montespan. […] Un jour qu’ils étaient à une grande fête de Sceaux (quand la duchesse du Maine, dans les années qui suivirent sa prison, eut rouvert sa cour), la soirée avait été belle ; la nuit étoilée repoussait de sa blancheur les flambeaux qui luttaient avec elle d’éclat ; les promenades s’étaient prolongées tard dans les parterres, au bruit des orchestres voilés, et les couples fuyants et reparus, les clartés scintillantes dans le feuillage, les douces bizarreries des ombres sur les gazons, devenaient une magie complète où ne manquait pas le concert des deux amants. […] Aux premiers jours du printemps, ils allèrent à Sceaux pour une semaine ; la petite cour s’y trouvait d’un brillant complet.

573. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Il y a dans Othon d’étonnantes peintures des mœurs de cour sous l’Empire. Mais le jugement d’Horace, mais la cour d’Auguste, et le caractère d’Auguste, et le caractère de Nicomède, et la chronologie d’Héraclius, et ce chimérique Flaminius si dextrement substitué au réel Flamininus pour amener une belle riposte, est-ce de l’histoire tout cela ? […] Ce qu’il aime, ce sont les demi-teintes, les demi-sentiments, les affections simples et domestiques, les inclinations paisibles ou contenues, où entre autant de connaissance que de passion ; ou bien les caractères renfermés et compliqués, parfois les âmes égoïstes et médiocres : des amours de vieillards319, profonds, discrets, point du tout ridicules ; des amitiés de frères320, confiantes et fortes, contre qui l’ambition même et l’amour ne prévalent pas ; des affections de cour, composées d’intérêt ou d’amour-propre, mais aussi de goût sérieux et sincère321 chez d’honnêtes gens qui ont de la raison et de l’expérience ; des intrigues de ministres ambitieux, de courtisans retors, de fonctionnaires égoïstes, toute la mécanique des cours et des cabinets de princes322.

574. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Mieux placé que la Rochefoucauld, qui, durant l’âge où se formait le trésor de ses pensées, n’avait vu que la cour et les grands seigneurs, ou cette espèce d’hommes avides ou crédules qu’on appelle les hommes de parti, La Bruyère, par son emploi, avait vue sur la cour, et, par sa condition, sur la ville, et il mêlait dans ses peintures les grands et les petits. […] Quant à l’amour, il était redevenu la galanterie inoffensive, depuis que l’on ne pouvait plus faire sa cour à une duchesse par la guerre civile.

575. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

L’air sentimental de l’Allemagne avait, sans doute, radouci l’inhumaine ; tant il y a qu’elle réclame elle-même sa visite et lui donne ses entrées dans sa petite cour. […] Aussitôt les prétendants affluent autour d’elle, et lui font une cour enflammée. […] Il ne lui demande que de traîner en longueur un semblant de cour qu’il est censé lui faire pour qu’il ait le temps de s’amuser à Paris.

576. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Il s’en lit deux éditions en un an : « On travaille à une troisième, annonçait le Journal de Verdun (décembre 1707) ; deux seigneurs de la Cour mirent l’épée à la main dans la boutique de la Barbin, pour avoir le dernier exemplaire de la seconde édition. » Boileau, un jour que Jean-Baptiste Rousseau était chez lui, ayant surpris Le Diable boiteux entre les mains de son petit laquais, le menaça de le chasser si le livre couchait dans la maison. […] Quand il est passé à la Cour, et qu’il se voit secrétaire et favori du duc de Lerme, on croit un moment que Gil Blas va s’élever et devenir honnête homme à certains égards ; mais non, il a affaire à des dangers d’une autre sorte, et il y succombe. […] Ce quatrième volume, dans lequel on voit Gil Blas sortir de la retraite et du port pour se rengager quelque temps à la Cour, n’offre plus les mêmes vicissitudes ni la même rapidité d’aventures que les précédents, mais ne les dépare point.

577. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il faut que je passe ma vie à la Cour avec mes amis, ou dans mon cabinet avec mes livres ». Ainsi, par principe, il ne va chercher des amis qu’à la Cour, et nulle part ailleurs ; la méthode est nouvelle. […] Revenu à la Cour, il essuya pourtant quelque mortification d’abord, au lieu des compliments auxquels il s’attendait.

578. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Traduire Dante était pour Rivarol « un bon moyen, disait-il assez avantageusement, de faire sa cour aux Rivarol d’Italie », et une façon de payer sa dette à la patrie de ses pères ; c’était indirectement faire preuve de sa noblesse d’au-delà des monts. […] Dès les premiers jours où la Révolution se prononça, Rivarol n’hésita point, et il embrassa le parti de la Cour, ou du moins celui de la conservation sociale. […] Il reconnaît énergiquement les fautes du côté même où il se range : « La populace de Paris, dit-il, et celle même de toutes les villes du royaume, ont encore bien des crimes à faire avant d’égaler les sottises de la Cour.

579. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Il en résulta tout un éclat qui finit par une disgrâce momentanée et une défense de paraître à la Cour. […] Il se montra en même temps humain et moral, fidèle à ses principes de Lyon, en insistant pour qu’on prévînt la conspiration une fois connue, au lieu de la laisser à demi éclater comme quelques ministres l’auraient voulu Vers ces années, pour se consoler des injustices de l’opinion publique à son égard, se sentant peu de goût d’ailleurs pour tout ce qui se pratiquait à la Cour, et croyant aussi qu’il était séant à une époque de paix d’inaugurer le rôle d’une espèce de grand seigneur industriel, il conçut l’idée de fonder dans sa terre de Châtillon un vaste établissement où il assemblerait toutes les industries, et moyennant lequel il doterait son pays des innovations utiles en tous genre. […] Envoyé pendant l’été de 1826 à la cour de Russie pour y assister en qualité d’ambassadeur extraordinaire au couronnement de l’empereur Nicolas, il a laissé dans cette ambassade de quatre mois, tant à Moscou qu’à Pétersbourg, des souvenirs qui n’ont pas seulement ébloui les yeux, mais qui lui ont conquis une estime durable pour ses qualités personnelles.

580. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants. […] Quelques jours après, c’était une lettre de lui qui courait et qu’on disait adressée à un duc et pair qui lui aurait demandé une petite loge grillée, d’où quelques femmes de la Cour voulaient voir la pièce sans être vues : Je n’ai nulle considération, monsieur le duc (disait Beaumarchais dans la lettre qui courait le monde), pour des femmes qui se permettent de voir un spectacle qu’elles jugent malhonnête, pourvu qu’elles le voient en secret ; je ne me prête point à de pareilles fantaisies. […] Je ne sais si j’ai bien fait toucher du doigt au lecteur tous les points singuliers et les traits distinctifs de cette destinée et de cette fortune bizarre du Mariage de Figaro, une représentation arrachée, malgré le roi et les magistrats, par la Cour, par le public et par l’auteur, triomphante et déréglée, se tournant contre ses propres spectateurs, s’aidant tour à tour de tous les moyens auxiliaires de scandale, de sensibilité et de bienfaisance, et menant au plus beau moment son héros à Saint-Lazare ; traitement infamant et indigne, dont il se trouve toutefois presque consolé, puisqu’il en est sorti une ordonnance de comptant de deux millions cent cinquante mille livres.

581. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Et il part de là pour comparer l’effet des prédications de Bourdaloue sur les mœurs de Louis XIV et de sa cour, avec l’influence qu’ont exercée les comédiens de Molière sur ce même roi et cette même cour. […] Car toutes les questions de jeu passionnaient les hommes de la cour. […] Je vous dis qu’Alceste est, dans cette cour de Louis XIV, le type du révolutionnaire et du républicain. […] Alceste est la création la plus étonnante de Molière, car il n’existait pas à la cour du grand roi. […] Philinte n’est point un raisonneur ; c’est l’honnête homme du dix-septième siècle, qui a du monde et sait sa cour.

582. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 308-311

M. l’Abbé Millot auroit-il voulu, par-là, faire sa cour à nos Philosophes ?

583. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

.** Secrétaire du Cabinet, & l'un des plus beaux, des plus discrets, & des plus délicats Esprits de la Cour ; accompagnée de plusieurs Ratifications ou Réformations d'une invention toute particuliere, plus pompeuses & plus magnifiques que les expressions originales de l'Auteur rectifié ; en faveur des Prosateurs.

584. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VI. Architecture. — Hôtel des Invalides. »

quelle beauté dans cette cour, qui n’est pourtant qu’un cloître militaire où l’art a mêlé les idées guerrières aux idées religieuses, et marié l’image d’un camp de vieux soldats, aux souvenirs attendrissants d’un hospice !

585. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Voilà à quoi sert d’être Gaulois et poëte : il ne se dégoûtait pas comme les beaux esprits, il osait être paysan, campagnard, comme il avait été homme de cour et galant. […] Tant d’esprit et de courage, une si bonne tournure et une physionomie si expressive, ce génie inventif et ces inclinations de gourmet, le destinaient à vivre aux dépens d’autrui, à se cantonner dans le pays des riches aubaines, la cour, et à venir puiser le plus près possible à la source des grâces. Il devient « vizir. » Le chat est l’hypocrite de religion, comme le renard est l’hypocrite de cour. […] « Ces plaines immenses de blé où se promène de grand matin le maître, et où l’alouette cache son nid ; ces bruyères et ces buissons où fourmille un petit monde ; ces jolies garennes dont les hôtes étourdis font la cour à l’aurore dans la rosée, et parfument de thym leur banquet, c’est la Bauce, la Sologne, la Champagne, la Picardie ; j’en reconnais les fermes avec leurs mares, avec les basses-cours et les colombiers. » (Sainte-Beuve.)

586. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

La Cour les a tous rappelés. […] Ce me serait une joie infinie de voir votre grande Impératrice accompagnée de toute sa cour, traversant cette grande place du Palais, suivie d’une multitude de peuples. […] La Cour vient de faire ici des changements qui ne vous intéresseront guère. […] [NdA] Nous surprenons ici Bernardin de Saint-Pierre s’essayant à faire sa cour à un roi, et un peu sous le charme d’une parole comme l’était Mme de Sévigné à pareille fête.

587. (1894) Études littéraires : seizième siècle

La cour des Aides obéit. […] Il était à Blois avec la cour. […] Le poète de cour est insipide. […] Catholique comme on est à la cour, Marot n’écrirait jamais un vers pieux de toute sa vie. […] Ou se le figure trop poète de cour et toujours tournant autour des grands fauteuils.

588. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Par ennui de la régularité imposée, il quitte l’air de cour, se fait vulgaire, emploie les mots des paysans, des ouvriers, les tours osés, vieillis, la conversation triviale qui rabaisse les belles choses jusqu’au niveau des mains sales. […] Tout le monde l’entend ; ce sont nos mots de tous les jours, même nos mots de ménage et de gargote, comme aussi nos mots de salon et de cour.

589. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Il y avait l’épreuve redoutable de Chantilly, où M. le Prince, le plus railleur des hommes, ne faisait grâce qu’à l’excellent ; l’épreuve de la cour de Madame, où la nouveauté était sûre de trouver faveur, à condition de satisfaire l’extrême délicatesse ; puis l’épreuve redoublée des cercles de M. de La Rochefoucauld, de Mme de La Fayette et de tant d’autres. […] Au xviiie  siècle, il se fit un grand changement et une révolution dans la manière de voir et de juger ; on se passa volontiers de la Cour en matière d’esprit.

590. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Un fauteuil rente de dix mille sesterces est une place gracieuse et commode, les gros émoluments font les teints frais et les bonnes santés, on vit vieux dans les douces sinécures bien appointées, la haute finance abondante en profits est un lieu agréable à habiter, être bien en cour cela assoit une famille et fait une fortune ; quant à moi, je préfère à toutes ces solidités le vieux vaisseau faisant eau où s’embarque en souriant l’évêque Quodvultdeus. […] La cour de Versailles admire comme un régiment fait l’exercice ; le peuple, lui, se rue dans le beau éperdument.

591. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

C’est sûrement pour lui faire sa cour, et par une complaisance dont il ne se rendait pas compte, qu’il s’efforce d’être cartésien, c’est-à-dire, de croire que les bêtes étaient de pures machines. […] Mainte peste de cour, etc….

592. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

La cour de Madrid qui fit toujours une attention sérieuse sur le caractere et sur le génie particulier des diverses nations qu’elle gouvernoit, témoignoit beaucoup plus de confiance aux enfans des espagnols nez en Flandres, qu’aux enfans des espagnols nez dans le roïaume de Naples. […] Cette cour circonspecte a toujours eu pour maxime de ne point confier en Amerique aucun emploi d’importance aux espagnols crioles ou nez en Amerique.

593. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Un roman aussi étonnant que son titre, dans lequel le bout de l’oreille du diplomate qui n’est pas un âne perce sous la peau du romancier qui n’est pas un lion, car nous y avons une petite cour d’Allemagne et l’histoire de cœur d’un souverain qui abdique, non par amour de son peuple, mais par amour d’une petite personne de sa cour, absolument comme il le ferait dans un opéra-comique de M. de Saint-Georges.

594. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Le comte de Clermont et sa cour.

595. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

C’est bien le recueil d’un ramageur de ballades à la cour des Papes en Avignon, ou d’un ménestrel du royaume d’Arles, au temps de la comtesse de Die : cela chante, chatoie, frissonne et flamboie comme une étoffe de soie moirée de jadis, avec des cliquetis de joaillerie et une belle envolée d’oriflammes ; cela jase comme un jet d’eau, babille comme une mandoline et embaume comme une fleur : marjolaine et pimprenelle ; c’est à la fois sauvage, élégant et précieux, et c’est bien en mai neigeux d’amandiers ou en juin de flamme qu’il faut feuilleter, à l’heure de la sieste, avec la mer ensoleillée apparue entre les lamelles des persiennes closes, ces jolis lais et virelais qui fleurent la ruine, le thym, le passé et la brise du large… [Le Journal (8 juin 1897).]

596. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 311-314

Ne te souvient-il plus, perfide, de ce jour Que, pâle & tout tremblant, tu parus à ma Cour ; Qu’encor tout effrayé des horreurs du naufrage, Ma pitié mit ta flotte à l’abri de l’orage ; Et que, me demandant secours en ton malheur, Avecque ce secours je te donnai mon cœur ?

597. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Comment imaginer, après cela, qu’il ait eu la malhonnêteté de se donner pour l’Auteur d’un Ouvrage qu’il n’avoit pas fait, & sur-tout d’un Ouvrage composé par une femme dont le nom avoit paru à la tête d’autres Productions moins estimées & moins estimables, telles que la Princesse de Montpensier, les Mémoires de la Cour de France, & Henriette d’Angleterre ?

598. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

On a vu, par la publicité que je lui ai donnée, qu’elle nous enjoint d’être plus circonspects ; de nous reconnoître l’un & l’autre pour gens d’honneur, qu’un zele aveugle d’un côté, & un amour-propre d’Auteur de l’autre, a écartés du vrai ; qu’elle nous fait défense à tous deux de récidiver ; qu’elle supprime les écrits respectifs qui avoient donné lieu à la plainte de mon Adversaire & à la mienne ; & que, sur le surplus, elle nous met hors de Cour & de procès.

599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

MOREAU, [Jacob-Nicolas] Conseiller à la Cour des Comptes, Aides & Finances de Provence, premier Conseiller de Monsieur, Historiographe de France, Bibliothécaire de la Reine, né à Saint-Florentin le 20 Décembre 1717.

600. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Quand tu auras pénétré dans sa demeure et dans sa cour, traverse rapidement le palais pour parvenir à ma mère. […] L’homme noir, ou le chien de garde, regarde alors derrière lui, et, ne voyant plus personne, regagne seul son domicile, referme la porte de la cour et remonte, un livre à la main, dans sa chambre haute. […] Ma visite ne finissait pas ; je n’ai guère le temps d’en faire d’inutiles, mais cela paraissait donner tant de plaisir à trois personnes, que j’attendis pour sortir qu’il fit presque nuit dans la cour. […] On n’applaudit pas, car on pleurait ; il avait les yeux mouillés lui-même ; il se leva péniblement, comme en sursaut, avec l’aide du bras de son frère, qui l’emporta à travers ma cour jusqu’à son fiacre. […] Ce fut encore le bras de son frère qui l’amena chez moi la veille de son départ, et qui l’emporta à travers la cour de ma petite maison dans sa voiture : ils partaient le lendemain.

601. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Ce matin j’ai rencontré la mariée, dans la cour, portant à la main son vase de nuit, et ne paraissant pas plus gênée de sa nuit que de son pot de chambre. * * * 16 juin S’il revenait, l’abbé Galiani ne manquerait pas de dire devant notre temps : « Je cherche un homme qui ne fasse pas carrière et profession d’aimer ses semblables, qui ne fonde pas d’hôpitaux, qui ne s’intéresse pas aux classes pauvres, qui ne s’occupe pas de donner des cachets de bain au peuple, qui ne soit pas membre d’une société protectrice de n’importe quoi, des chevaux ou du bagne, un homme qui ne se sacrifie pas aux déshérités, un homme qui ne se dévoue pas au journalisme, à la députation, à la tirade parlée ou écrite en faveur des malheureux, des pauvres, des soufrants, des êtres marqués de misère ou d’infamie, un homme qui ne soit pas bon, un égoïste enfin : — oui, pour l’amour de Dieu, j’en demande un…, je voudrais en voir un, brutal, cynique, sincère. » * * * 18 juin Cette nuit à deux heures du matin, nous sommes dans le LONG ROCHER, traversant des clairières, où la lune danse comme si elle allait à la cour de la reine Mab, marchant comme à travers un raccourci du Chaos, éclairé par une lumière électrique d’Opéra. […] 1er septembre On me racontait ceci : Eugène Sue, vieux, fini, usé, faisait en Savoie la cour à Mme de Solms. […] Toutefois, je me rappelle que j’avais aperçu des faisceaux d’armes dans la cour, et qu’il y avait, dans la pièce où j’attendais, étendues par terre, des cartes militaires. […] Toute dame tenue à un service de cour, prenait, avant de le commencer, un, deux, trois lavements, tant qu’il en fallait enfin, pour n’être plus distraite de son service, de toute la journée.

602. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

La brigande suivit son mari à Madrid, orna la cour de Joseph qui sur le trône d’Espagne, remplaçait le roi légitime, et permit à son fils aîné Abel, d’endosser la livrée bonapartiste, en qualité de page. […] L’insulte faite par l’ambassade d’Autriche, aux maréchaux Soult et Oudinot, indigna si fortement l’armée et la cour, que les Débats et les journaux royalistes prirent leur défense, en écrivant l’Ode à la Colonne, il obéissait au mot d’ordre donné par le parti royaliste. […] — Les génies que l’on renomme ne savent trouver que douleurs dans l’exil, les commerçants qui s’expatrient au Sénégal, aux Indes, ces pays de fièvres et d’hépatites, après des dix et vingt ans d’exil ne parviennent à amasser qu’une pelote de quelques centaines de mille francs, s’ils ont en poupe le vent de la chance ; et lui Victor Hugo, le Prométhée moderne, vit dans une île délicieuse, où les médecins envoient leurs invalides, il s’entoure d’une cour d’adulateurs empressés, qui le font mousser, il voyage tranquillement en Europe, il thésaurise des millions et il obtient la palme du martyre ! […] La révolution de 1789 transplanta le centre de la vie sociale de Versailles à Paris, de la cour et des salons, dans les rues, les cafés et les assemblées populaires. […] À sa mort il a laissé une liste de manuscrits : La Duchesse d’Alba, le Tambour Robin, l’Hermite du lac, l’Épée de Brennus, Perrine ou la Nouvelle Nina, l’Intrigue de cour, comédie en trois actes, la Permission, Joseph ou l’Enfant trouvé, etc., ces ouvrages sont perdus ou égarés.

603. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Une circonstance accidentelle nous brouilla ouvertement pendant quelques mois, et une réparation, fièrement exigée par moi, nous raccommoda ; voici comment : XXII J’avais écrit, sans aucune provocation de la cour de Charles X, un petit poème politique, libéral et royaliste, intitulé le Sacre. […] Son ministre de la maison du roi lui ayant mis sous les yeux mon poème, au milieu des nombreux écrits en vers ou en prose dont on voulait récompenser les auteurs par quelque faveur de cour, et mon nom ayant été ainsi prononcé devant le roi : « Ah ! […] Vatout, mot qui me fut rapporté par cet ami de la cour, ne me laissa pas douter des vues du prince sur moi, si j’avais consenti à briguer ou à accepter seulement sa confiance. « Pourquoi, dit un jour à ce prince un des députés orléanistes admis dans les soirées de la famille royale, pourquoi n’offrez-vous pas un ministère à M. de Lamartine, qui vous défend quelquefois si gratuitement à la tribune ? […] Je répugnais à cette conférence, qui pouvait faire mal interpréter par tous les partis mes relations délicates et confidentielles avec la cour. […] Le roi, étonné de se voir secouru par un orateur indépendant de qui il n’avait rien à attendre et qui ne voulait rien de la cour, fut profondément touché de cette intervention volontaire, qu’il prit sans doute pour du dévouement.

604. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Il à nettoyé la cour et la ville, et, pour ainsi dire, balayé tout ce qui s’est trouvé d’extravagant devant lui. […] Il osa railler le danger des partialités et des jalousies que ces luttes font naître : soudain la cour de Pluton, transformée en tribunal d’esprit, offrit le spectacle d’une joute ridicule entre Eschyle et Euripide. […] « Et des livres qu’ils font la cour a bien affaire ! […] Sil n’eût pas équitablement loué le bien qu’il estimait à la cour, il n’en eût pas blâmé le mal sans se faire soupçonner de partialité pour le peuple, de la classe duquel il était sorti. […] sans sortir de la cour, n’a-t-il pas encore ?

605. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

DUTEMS, [Louis] ci-devant Ministre du Roi de la Grande-Bretagne à la Cour de Turin, de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Tours en 1730.

606. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

Voisenon, [Claude-Henri de Fusée de] Doyen du Chapitre de Boulogne-sur-Mer, Ministre du Prince Evêque de Spire à la Cour de France, de l’Académie Françoise, mort en 1775.

607. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Les philosophes, comblés des bienfaits de la cour, étaient des ingrats qui déchiraient la main qui les nourrissait ; s’ils voulaient déclamer contre le despotisme, ils ne devaient pas en recevoir des pensions et des grâces. […] Il n’y a peut-être pas au théâtre une fille aussi folle qu’Aménaïde : il est vrai qu’elle a voyagé ; elle a vu la cour de Byzance, et l’on sait que la cour et les voyages forment bien l’esprit d’une fille. […] Madame de Pompadour avait pris la pièce sous sa protection, l’avait prônée à la cour, et avait poussé la générosité jusqu’à vouloir habiller tous les acteurs. […] Ce poète religieux était, comme on voit, en correspondance réglée avec les princes de l’Église, et jouissait d’un grand crédit à la cour de Rome. […] C’est alors qu’on lui révèle le complot formé pour le déterminer à marier sa sœur, dont il a toute la fortune entre les mains, dans l’espoir d’écarter, par ce mariage, les galants qui faisaient la cour à sa femme.

608. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Au reste, en ne parlant que des chants grecs de l’Église, on sent que nous n’employons pas tous nos moyens, puisque nous pourrions montrer les Ambroise, les Damase, les Léon, les Grégoire, travaillant eux-mêmes au rétablissement de l’art musical ; nous pourrions citer ces chefs-d’œuvre de la musique moderne, composés pour les fêtes chrétiennes, et tous ces grands maîtres enfin, les Vinci, les Leo, les Hasse, les Galuppi, les Durante, élevés, formés, ou protégés dans les oratoires de Venise, de Naples, de Rome, et à la cour des souverains pontifes.

609. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XX. Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. » pp. 381-385

Gayot de Pitaval, le même qui a fait les Causes célébres, nous a donné la Bibliothèque de gens de Cour, l’Art d’orner l’esprit : collections insipides & mal faites.

610. (1900) Molière pp. -283

Ce fut un tort ; mais ce qui peut le faire comprendre, c’est que l’hôtel de Rambouillet et l’hôtel de Bourgogne suffisaient à la cour, à la société polie de Paris, tandis que lui-même ne suffisait peut-être pas toujours aux beaux esprits du Limousin et de l’Armagnac. […] Eh bien, prenez le langage de l’homme de cour dans Dom Juan, et vous trouverez des phrases hachées fin et menu comme celles de Voltaire, dans la scène où Dom Juan veut séduire Charlotte et Mathurine. […] Nous sommes en 1662 ; à la fin de 1662, et au commencement de 1663, la liaison avec mademoiselle de la Vallière commençait à éclater ; cette liaison presque publique ne choquait pas la cour ; les mœurs de la cour n’étaient pas très délicates sur ce point ; on commençait déjà à appeler cela une place ; mais il n’en était pas de même à la ville ; il n’en était pas de même dans Paris, où il y avait toujours un vieux levain de Fronde ou de Ligue, ou de Fronde et de Ligue, des deux choses à la fois ; on ne frondait pas seulement au nom de la politique, on frondait volontiers par austérité de religion. […] On ne le croit pas généralement, faute de se reporter aux faits qui servent de base à cette idée très simple ; c’est qu’on étudie le xviie  siècle dans Saint-Simon ; on y voit que les femmes et les jeunes gens de la Cour y prenaient suffisamment de liberté ; mais c’étaient les mœurs de la cour, et personne n’y gardait l’instinct austère de la bourgeoisie parisienne et provinciale. […] Ce mot sur Molière, mot risqué et bien sévère, avait trait à son rôle de poète amuseur du roi Louis XIV et de la cour.

611. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

» Et la critique littéraire et les jurés de Cour d’assises devront absoudre immédiatement les héros de romans coupables qui auront invoqué cette complaisante infirmité. […] La cour d’appel confirme un jugement inique, condamnez les présidents de première instance et de la Cour ainsi que les conseillers à rembourser les dommages qu’ils ont causés et vous aurez enfin la justice. […] Quand il irait vers la commode, il aurait devant lui le mur ; quand il irait vers la fenêtre, il aurait devant lui la cour — et la chambre en face. […] Ils plongeaient leurs regards dans la vaste cour au fond de laquelle s’élevait le monument. […] Au risque de gâter ses bas de soie et sa culotte de satin bleu, ce garçon, pourtant, avait fait traverser la cour inondée à M. 

612. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 37, que les mots de notre langue naturelle font plus d’impression sur nous que les mots d’une langue étrangere » pp. 347-350

L’étranger qui fait plûtôt fortune dans une cour, qu’un homme du païs, est réputé avoir plus de merite que celui qu’il a laissé derriere lui.

613. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

L’ambassadeur de France surprit ce geste et transmit à sa cour l’indignation qu’il en ressentit. XXVI « La reine est folle, écrit, à la même époque, un des témoins de ces scandales de passion, tout ce qui est infâme domine maintenant à cette cour, que Dieu nous sauve ! […] » Elle était déjà retenue ou captive en effet : l’ambassadeur d’Espagne à Londres, qui était allé lui porter les condoléances de sa cour, décrit ainsi sa demeure au château de Carliste : « La pièce que la reine habite est obscure, écrit don Gusman de Silva, vers cette époque, à Philippe II ; elle n’a qu’une seule croisée garnie de barreaux de fer. […] Le sang semble laver le sang dans son histoire ; on dirait que son crime coule de ses veines avec le sien ; on n’absout pas, mais on compatit ; compatir ainsi, ce n’est pas absoudre, mais c’est presque aimer ; on cherche des excuses dans les mœurs féroces et dissolues du siècle, dans l’éducation à la fois dépravée, sanguinaire et fanatique de la cour des Valois, dans la jeunesse, dans la beauté, dans l’amour, et l’on est tenté de dire comme M. 

614. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

C’est une branche charmante et bien variée de la littérature française dès le Moyen Âge que le conte, depuis les auteurs de fabliaux jusqu’à La Fontaine, en passant par les nouvelles de la cour de Bourgogne, par les jolis romans d’Antoine de La Sale, par les contes de Marguerite de Navarre, de Des Périers. […] Cet écuyer, témoin du bon accueil que lui font le roi et les seigneurs, et le sachant d’ailleurs historien, l’accoste à dessein et offre de lui raconter le voyage et la conquête du roi Richard II en Irlande, et la soumission des quatre rois irlandais, lesquels semblaient alors aux Anglais de purs sauvages : « Messire Jean, dit Henri Crystède, avez-vous point encore trouvé personne en ce pays ni en la Cour du roi notre sire, qui vous ait dit ni parlé du voyage que le roi a fait en cette saison en Irlande, et de la manière dont quatre rois d’Irlande, grands seigneurs, sont venus en obéissance au roi d’Angleterre ?  […] Et quand l’écuyer a tout dit, et la soumission inattendue des quatre rois, et leurs façons étranges, et la peine qu’il eut, lui Henri Crystède, qui savait leur langue et avait été attaché à leurs personnes, à leur enseigner les belles manières et les bienséances indispensables ; quand il les a montrés apprivoisés peu à peu et amenés à se laisser faire chevaliers de la main du roi Richard en l’église cathédrale de Dublin, puis dînant ce jour-là avec le roi ; et après qu’il a ajouté que c’était chose très intéressante et qui eût été pour Froissart tout à fait neuve à regarder : « Henri, répond Froissart, à qui l’eau est venue à la bouche d’un tel récit, je le crois bien et voudrois qu’il m’eût coûté du mien et que j’eusse été là. » C’est absolument comme quand Saint-Simon, à une certaine scène de cour (le mariage de Mlle d’Orléans avec le duc de Berry), en un moment où toutes les intrigues et les cabales étaient en jeu, nous dit : « Je n’ai point su ce qui se passa chez elle (la duchesse de Bourbon, une des ennemies) dans ces étranges moments, où j’aurais acheté cher une cache derrière la tapisserie. » Pour Froissart, qui est d’une curiosité moins compliquée et moins dévorante, ce n’est jamais derrière la tapisserie qu’il désirerait se cacher, mais bien être dans quelque coin d’où il pût voir à l’aise le devant du spectacle et de la cérémonie.

615. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

On l’occupa successivement dans les diverses maisons de l’Ordre à Saint-Ouen de Rouen, où il eut une polémique à son avantage avec un jésuite appelé Le Brun ; à l’abbaye du Bec, où, tout en approfondissant la théologie, il fit connaissance d’un grand seigneur retiré de la cour qui lui donna peut-être la pensée de son premier roman ; à Saint-Germer, où il professa les humanités ; à Évreux et aux Blancs-Manteaux de Paris, où il prêcha avec une vogue merveilleuse ; enfin à Saint-Germain-des-Prés, espèce de capitale de l’Ordre, où on l’appliqua en dernier lieu au Gallia Christiana, dont un volume presque entier, dit-on, est de lui. […] Mais le monde habituel de Prévost, c’est le monde honnête et poli, vu d’un peu loin par un homme qui, après l’avoir certainement pratiqué, l’a regretté beaucoup du fond de la province et des cloîtres ; c’est le monde délicat, galant et plein d’honneur, tel que Louis XIV aurait voulu le fixer, comme Boileau et Racine nous en ont décoré l’idéal, qui est à portée de la cour, mais qui s’en abstient souvent ; où Montausier a passé, où la Régence n’est point parvenue. […] Cassiodore déjà vieux, comme on sait, et dégoûté de la cour par la disgrâce de Boëce, se retira au monastère de Viviers, qu’il avait bâti dans une de ses terres, et s’y livra avec ses religieux à l’étude des anciens manuscrits, surtout à celle des saintes Lettres, à la culture de la terre et à l’exercice de la piété.

616. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

La Basoche était la corporation des clercs de procureurs au parlement de Paris : les clercs de procureurs au Châtelet en formaient une autre, soumise à la première ; les clercs de procureurs à la Cour des Comptes nommaient leur association l’Empire de Galilée. […] Souvent la cour, souvent le Parlement réprimèrent la verve insolente des basochiens : le poète Henri Baude fut ainsi emprisonné pour une moralité trop satirique. Heureusement pour le théâtre de la basoche, le parlement, qui le censurait, le défendait contre la cour.

617. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Il plut aux adeptes de la philosophie sensuelle que la cour de Catherine II avait introduite dans le grand monde. […] Avant Sterne, Rabelais, avec sa verve et l’originalité de son style incomparable, avait fait la satire de l’Église, de la cour et de la société tout entière, à la faveur d’un conte à dormir debout. […] Il étudia consciencieusement son sujet, compulsa maints mémoires, fouilla les archives de toutes les provinces où Pougatchev avait passé, et le résultat de son travail fut un récit aussi froid que le procès-verbal d’un greffier de cour d’assises.

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