« Après avoir tout disposé dans le lieu de la sépulture, ceux des disciples qui étaient à portée se rassemblèrent chez Tsée-sée, son petit-fils, et formèrent le convoi funèbre, en se joignant aux autres parents de l’illustre mort. […] Ils se rassemblèrent au nombre d’environ une centaine, et vinrent s’établir avec leurs familles aux environs de ce lieu respectable, y formèrent un village qu’ils nommèrent Koung-ly, c’est-à-dire village de Koung, ou appartenant à la maison de Koung, dont ils voulurent bien se déclarer les vassaux, et prièrent Tsée-sée de les regarder comme tels, en acceptant l’hommage volontaire qu’ils lui offraient en considération de son illustre aïeul. […] Il fit construire en son honneur, et non loin de son tombeau, une de ces salles qui portent par distinction le nom de Miao, parce qu’elles sont destinées à honorer les ancêtres : Afin, dit-il, que tous les amateurs de la sagesse présents et à venir puissent s’y rendre en temps réglés, pour faire les cérémonies respectueuses à celui qui leur a frayé la route qu’ils suivent et sur le modèle duquel ils doivent se former.
Au-dessus et au-dessous, un bois de châtaigniers, des groupes de noyers, une vigne presque inculte rampant sur le grès, un champ de maïs aux régimes d’or, un autre de froment, de blé noir ou de raves, enfin une prairie marécageuse tachetée de la verdure suspecte des joncs, forment tout le domaine, et avec le domaine tout le patrimoine de la famille. […] Ici tout est grand, mais je suis seul ; et, à mesure que mes enfants se forment, je sens plus vivement la peine d’en être séparé. […] Il avait trop de sens aussi pour s’imaginer que la France permettrait impunément à cette maison de Savoie de constituer contre elle, sur les Alpes et au pied des Alpes, à nos portes, une puissance équivoque de quinze ou vingt millions d’hommes, qui, en s’alliant, comme elle l’a toujours fait, avec l’Autriche, formerait une masse de soixante millions d’hommes pesant par leur réunion sur notre frontière de l’Est et du Midi d’un poids qui nous écraserait en se réunissant.
C’est là aussi, autour du bel autel de Neptune, qu’est la place publique, formée de pierres de taille profondément enfoncées qu’il a fallu y apporter ; et c’est encore là que se préparent les agrès des noirs navires, leurs amarres, leurs câbles, et que se polissent les avirons. […] Avance résolument dans cette voie, les yeux uniquement fixés sur l’Éternel qui a formé le monde ; le voici tel que la parole l’a jadis représenté. […] XV C’est dans une des maisonnettes les plus propres, qui forment au midi l’enceinte monastique de ce cloître, qu’une jolie petite fille de douze ans m’indiqua la porte du poète.
Quand le nid repose par terre, sa base et souvent tout l’extérieur se composent de feuilles et de brins de paille ; mais, lorsqu’il est autrement placé, le dehors est d’ordinaire plus lisse, mieux soigné, et principalement formé de mousse. […] Les deux oiseaux travaillent alternativement à apporter des pelotes de boue ou de terre humide mêlée avec de la mousse dont ils disposent la plus grande partie au dehors, et quelquefois tout l’extérieur semble en être entièrement formé. […] Immédiatement, je formai le projet d’examiner l’intérieur de cet arbre qui, comme me l’avait dit mon ami le major Groghan, était bien le plus remarquable que j’eusse jamais vu.
Ma voix est comme le bruit mourant des vents quand ils abandonnent les forêts ; mais Ossian ne sera pas longtemps seul : il voit la vapeur qui doit recevoir son ombre, il voit le brouillard qui doit former sa robe quand il apparaîtra sur ces collines. […] Le nuage dont ta robe est formée est plus beau que mes voiles. » Telle je viens de la voir en songe. […] Il lui éleva un tombeau sur le rivage, de même qu’à sa première épouse, et il a préparé au même lieu les pierres qui doivent former le sien.
« Ne m’amenez pas votre camarade, disait-il à Bernardin de Saint-Pierre, il m’a fait peur ; il m’a écrit une lettre où il me mettait an-dessus de Jésus-Christ100. » Après sa mort, on peut dire que ses idées formèrent une partie de l’opinion publique dans notre pays. […] C’est encore dans la forêt de Saint-Germain que Rousseau est allé chercher les prétendues conventions expresses ou tacites qui ont formé le lien des premières sociétés. […] Ainsi, une jeunesse où se rencontrent l’apostasie, le vol domestique, des innocents dénoncés, un ami malade abandonné dans la rue, le tort de vivre aux dépens d’une femme menacée de la pauvreté118 ; un âge mûr qui débute par la plus grande des fautes ; un peu de folie peut-être ; voilà de quel fond se forma cet esprit d’utopie qui, servi par beaucoup d’éloquence et par une logique vigoureuse, a fait tant de dupes, et parmi ces dupes tant de victimes, et empêché tant de bien par la passion insensée de la perfection.
Supposons-la, comme sur notre tableau, écrite en ut majeur, nous aurons : A : — une partie ascendante, diatonique, irrégulièrement syncopée, d’intensité croissante, allant de do à si ; B : — un sommet, si do si, que nous trouverons souvent subdivisé en deux parties, une ascendante, si do, une descendante, do si ; dont nous verrons les significations ; C : — une partie coudée, si mi sol ; D : — qui répète C en aplanissant ses lignes et qui rappelle, plus faiblement, l’ascension de la 1re partie ; E : — une terminaison, formée par une chaîne de notes syncopées aboutissant à la médiante, qui est précédée d’une sensible à un intervalle de seconde. […] Du côté droit, nous allons pénétrer dans le drame lui-même, formé des horreurs et des angoisses de ce monde obscur et fascinateur, souffrant et terrible qui attend son salut de Parsifal. […] Il est d’ailleurs intermédiaire (p. 76) entre E et C, et il contribue à former le motif douloureux dit vulgairement motif d’Herzeleidax, bien qu’il appartienne aussi à Amfortas, à Titurel, à Parsifal et à Kundry.
Hérodote raconte que, plus tard, parmi les ossements du champ de bataille de Platée, on découvrit un squelette haut de cinq coudées, un crâne sans suture, et deux mâchoires dont les dents, toutes d’une pièce, ne formaient qu’un os. […] Dix mille soldats furent rassemblés et serrés en bloc, de manière à former un groupe autour duquel on traça un cercle : sur ce cercle on bâtit un mur à hauteur d’appui. […] Trois cents hoplites, fleur guerrière de Lacédémone, formaient l’avant-garde, trois mille confédérés les suivaient, la plupart suspects ou irrésolus.
Elles formaient un cercle de femmes, se regardant avec des regards vagues, et un peu exaltés, — les regards qu’elles ont à l’église. […] L’atelier est une grande annexe contre le salon de droite, dont les fenêtres latérales qui n’ont pas été bouchées, forment des niches. […] Sur ce bureau se voient un buvard en maroquin blanc, dont se détache le relief d’un M en bronze doré ; un encrier formé par une boule en cuivre, porté par un aigle argenté ; un coupe-papier en bois de santal, aux incrustations de nacre ; de grands ciseaux dans une gaine de maroquin blanc ; un petit agenda disant la date du mois ; un petit chronomètre disant l’heure du jour.
XIV À côté de l’école de Ronsard, qui triomphait à l’hôtel de Rambouillet, et en opposition avec elle, il s’était formé une école pédantesque, pénible, lourde, gauche, inhabilement imitatrice, mais très orgueilleuse et très puissante, dont Pradon, Chapelain et d’autres écrivains estimables, mais sans génie, étaient les soleils, selon l’expression de Boileau ; école littéraire qui s’était emparée par la prétention, par la camaraderie et par la suffisance, de la cour, des salons, de ce qu’on appelait alors les ruelles, et surtout des faveurs lucratives du gouvernement. […] La terre compte peu de ces rois bienfaisants ; Le Ciel à les former se prépare longtemps. […] C’est un petit village, ou plutôt un hameau, Bâti sur le penchant d’un long rang de collines, D’où l’œil s’égare au loin dans les plaines voisines ; La Seine, au pied des monts que son flot vient laver, Voit du sein de ses eaux vingt îles s’élever, Qui, partageant son cours par leurs vertes barrières, D’une rivière seule y forment vingt rivières.
J’ai conservé par hasard et j’ai retrouvé récemment, au fond d’une vieille malle pleine de papiers à demi rongés des rats dans le grenier de mon père, quelques vers au Rossignol de ces nuits d’été à Belley, que je ne me souvenais pas d’avoir composés ; mais l’écriture à peine formée, le papier jaune et raboteux du collège attestent bien que ces vers furent un des premiers jeux de mon imagination. […] Je me souviens que je composais des prières fleuries, toutes formées, comme d’autant de grains de chapelet, des plus jolies fleurs champêtres cueillies çà et là sur ma route, et enfilées, en alternant les couleurs, par un fil arraché à mes bas. […] Les étoiles sembleraient frappées du même vertige ; ce ne serait plus qu’une suite de conjonctions effrayante : tout à coup un signe d’été serait atteint par un signe d’hiver ; le Bouvier conduirait les Pléiades, et le Lion rugirait dans le Verseau ; là des astres passeraient avec la rapidité de l’éclair ; ici ils pendraient immobiles ; quelquefois, se pressant en groupes, ils formeraient une nouvelle Voie lactée ; puis, disparaissant tous ensemble et déchirant le rideau des mondes, selon l’expression de Tertullien, ils laisseraient apercevoir les abîmes de l’éternité.
Faut-il rappeler encore cette énergique tendance à l’action, cet indomptable sentiment de la personnalité, de la liberté, de la responsabilité, qui d’un bout à l’autre de son histoire distinguent le peuple hébreu, et forment un si vigoureux contraste avec cette passivité fataliste et mystique, dans laquelle Cousin engourdit uniformément toutes les nations de l’Orient ? […] Là les observations exactes, les expériences décisives s’accumulent, les lois se dégagent comme d’elles-mêmes et les vérités conquises : de siècle en siècle forment un héritage incessamment agrandi, de telle sorte que les derniers venus trouvent dans ce capital intellectuel, intégralement transmis par les générations précédentes, l’instrument créateur de richesses illimitées. […] C’est le feu pour Héraclite, mais un feu éternel, intelligent, et l’âme la plus sage est formée par le feu le plus sec.
Ces notes forment un volume, Dans l’ombre chaude de l’Islam ou dans une zouïya marocaine, Isabelle Eberhardt est mise en scène. […] Paul Vigné d’Octon qui essaya — sans doute pour réagir contre l’exotisme de Paul Bonnetain qui n’était guère qu’une amplification du roman naturaliste — de mêler quelque lyrisme à ses nombreux volumes mi-pathologiques, mi-psychologiques : Chair Noire, Au Pays des Fétiches, Fauves Amours, l’Amour et la Mort, Martyrs Lointains, Terre de Mort, le Journal d’un Marin, etc., ni Francis Jammes, dont l’exotisme est spécial et touchant, ni André Gide qui a décrit Biskra et le désert, ni Claude Farrère dont les troublantes Fumées d’opium vont révéler le nom, et dont les Civilisés sont une œuvre des plus fortes et des plus personnelles, ni Paul Claudel enfin, qui rapporta de Chine des notes qui formeront une œuvre remarquable telle que nous devons l’attendre de l’auteur de la Connaissance de l’Est 46. […] Elles forment une majorité dans les lettres nous ne nommerons encore que les principales.
Quand nous commencions à former nos jugements littéraires, Mirbeau se livrait à l’égard de M. […] Nous ne sommes plus au temps où chaque poème était annoncé par une sorte de prélude en petit texte, qui formait au revers de son titre un autre poème précédant et souvent non moins long. […] Ces livres séduisants forment un ample répertoire de toutes les vilenies et de tous les crimes. […] Ses romans forment l’essentiel de son œuvre. […] Par des pages limpides et transparentes, ils vous introduisent dans un récit passionné dont le dessin a cette sobriété, cette netteté dans les contours qui forment le signe de parenté auquel se reconnaissent entre elles les conceptions de M.
Les œuvres que nous possédons forment tout au plus le tiers des manuscrits que l’auteur avait achevés ; et peut-être le voyage en Suisse d’André Chénier a-t-il servi à préparer des œuvres ignorées. […] S’il n’a pas dit ce qu’il voulait dire, ou plutôt si sa parole trop prompte a souvent étouffé, sous son bruyant murmure, les premiers vagissements de sa pensée, nous devons lui tenir compte du vœu qu’il avait formé, de l’espérance qu’il avait conçue. […] Dans cette œuvre si singulière, si monstrueuse, l’homme et la pierre sont confondus et ne forment plus qu’un seul et même corps. […] Quant à don Carlos, qui, dans la seconde moitié de la pièce, s’appelle Charles-Quint, il est permis de le considérer comme formé de la réunion de Saverny et de Laffemas. […] Une fois éclairée sur la nature des espérances qu’il lui est permis de former, elle s’attache à régler sa volonté sur sa puissance, et chacun de ses jours s’embellit à la fois du souvenir de la veille et de l’espérance du lendemain.
……………………………………………………………………………… « Et ce Molière, qui n’avait en vue, comme nous l’avons fait remarquer, que la création de types essentiellement français, a réussi de la sorte à en former qui sont de tous les pays et de tous les temps. […] Celle-ci, qui croyait encore trop honorer la femme du médecin de loger chez elle, ne daigna pas seulement l’écouter ; de sorte que son appartement fut loué à la Du Parc, et on donna congé à la Molière, c’en fut assez pour former de la dissension entre ces trois femmes. […] Quel contraste les idées vraies, solides, humaines, que Molière met dans la bouche de son Cléante, forment avec les dilutions de pensées dont se nourrit, ou plutôt dont meurt notre pays ! […] Ils forment l’une des parties intéressantes de cette Bibliothèque Moliéresque, collection unique peut-être et que conserve M. […] Les infortunes conjugales de Molière forment d’ailleurs le fond ordinaire des pièces dirigées contre l’auteur de L’École des maris.
Voulez-vous apprendre quels sont les vices propres à une société où les grands seigneurs forment une caste privilégiée et ne forment pas une aristocratie politique ? […] Tout cela formait un auditoire attentif et redoutable, en qui la nourriture était riche et solide, dont le goût surgissait par éclairs, prompt et fin. […] Louer ce qu’il y a d’humain et de tolérant dans la société française, c’est faire l’éloge de l’esprit qui a tant contribué à la former. […] La littérature qui l’avait formé était-elle un poison si dissolvant ? […] Bref, les conseils formés, il ne s’y trouve qu’un duc, un seul, qui sache rapporter une affaire.
Je crois l’entendre : « Je m’en allai très confus et faisant réflexion que le bonheur des uns est toujours formé du malheur des autres. […] Il doit suivre avec sûreté le travail insaisissable d’un sentiment à peine formé au fond d’un cœur, et le rendre très visible au public, sans qu’il le soit aux personnages. […] Montesquieu a fait ainsi ; mais de ces cinq ou six volumes il a formé un livre unique auquel il a donné un seul titre. […] ces différents ressorts, forment en effet un équilibre, et il semble qu’ils « devraient former une inaction ». […] Que d’énormes monarchies, qui ne risquent pas d’être catholiques et qu’il espère naïvement qui seront « philosophiques », se forment dans le monde, il lui suffit.
Vous demandez aux extrémités consultées sur leurs penchants de former un cœur. […] Le « droit de l’homme » n’est que le désir de n’être citoyen que le moins possible ; le droit de classe n’est que la prétention de former une société particulière dans l’État. […] Entre les puissances invisibles qui sont là-haut et les organisations particulières que nous sommes, ou que nous formons, le gouvernement est là, suspendu. […] Jamais enfance ne fut moins solitaire, moins instinctive et intérieure, moins propre à former un artiste, et, en effet, elle ne le fut point. […] Si elle ne l’est pas, c’est que nos littérateurs ont formé comme un monde à part, factice, inintelligible à la foule.
non, grands pontifes de la littérature, qui formez le public et qui êtes à vous seuls toute la postérité, je n’ai en vous et ne puis avoir nulle confiance. […] Car ils arrivent tous en Italie avec des impressions formées d’avance par leurs lectures, et d’observation naïve, spontanée, il n’y en a plus trace. […] On pourrait, au contraire, fonder la différence entre le talent et le génie sur ce fait, que le simple talent est purement représentatif du milieu où il s’est formé, tandis que le génie, en exprimant tous les principaux caractères d’une époque, y ajoute je ne sais quoi déplus. […] Néanmoins il y a beaucoup plus de styles que d’écrits remarquables si, à partir de l’âge où la personnalité est formée, tout homme qui est un homme peut avoir le sien. […] Le mot métaphysique lui-même est formé d’une négation de ce genre : « ce qui n’est pas la physique ou ce qui vient après elle ».
Style, formes, images, couleur, figure, gris, plat, termes inutiles qui apprennent à douter, qui forment le bagage de l’homme qui n’a pas autre chose dans son sac. — Il n’y a rien de tel qu’un peuple sans académie, dit Mercier, pour avoir une langue forte, neuve, hardie, imagée. […] Ce groupe formé par le peintre à son chevalet est, je le reconnais de bon cœur, remarquablement peint, et il a encore un autre mérite qu’il ne faut pas passer sous silence, celui de présenter, chose rare, une belle tête aux regards du public. […] Ils devancent l’opinion, ils la forment, précisément parce qu’ils n’ont pas besoin de la consulter pour asseoir leur jugement. […] L’art est comme l’amour, comme le vin, comme la lumière, comme le travail, comme la douleur, comme la mort, enfin comme toutes les grandes choses qui forment notre bagage, en se servant les unes aux autres de corollaires, l’art est un niveau rigoureux sous lequel nous devenons tous égaux. […] Depuis quand est-ce que les intervalles d’une situation en forment le caractère ?
« Vous me reprochez les escarboucles formées par l’urine des lynx. […] Cousin, vous auriez singulièrement modifié l’idée qu’on doit se former, pour être juste, d’un critique aussi éloquent qui a su et entrevu tant de choses, qui nous a ouvert ou entr’ouvert tant d’horizons.
La première, à laquelle Louis XIV ne fit que donner son nom et que prêter plus ou moins sa faveur, lui vint toute formée de l’époque précédente ; j’y range les poëtes et les écrivains nés de 1620 à 1626, ou même avant 1620, La Rochefoucauld, Pascal, Molière, La Fontaine, madame de Sévigné. […] Cette diversité de pensées accomplies, desquelles on pourrait tirer tour à tour plusieurs manières d’existences charmantes ou profondes, et qu’une seule personne n’a pu directement former de sa seule et propre expérience, s’explique d’un mot : Molière, sans être Alceste, ni Philinte, ni Orgon, ni Argan, est successivement tout cela ; La Bruyère, dans le cercle du moraliste, a ce don assez pareil, d’être successivement chaque cœur ; il est du petit nombre de ces hommes qui ont tout su.
L’instinct dit à ce groupe humain à peine formé : « Réunis-toi à d’autres groupes pareils pour te protéger contre les éléments comme corps, contre les agressions et les injustices des hommes iniques et forts, comme être moral et libre. » De là l’association fondée alors sur la réciprocité des services : tu me sers, je te sers ; tu me défends, je te défends ; tes ennemis sont mes ennemis ; tes amis sont mes amis. […] Les formes de ce gouvernement sont aussi diverses que les âges des peuples, les lieux, les temps, les caractères de ces groupes humains formés en nations.
Il ne tarda pas, moitié par la passion de la propagande religieuse, moitié par l’autorité de son talent royaliste, à se former, dans un petit appartement d’un faubourg de Paris, une espèce de cour de jeunes gens fanatiquement dévoués à ses opinions changeantes, mais toujours extrêmes, qui lui faisait un cénacle. […] Dans ce manuscrit, chaque pensée principale formait un chapitre, chaque phrase un alinéa.
Ces productions, aussi ternes qu’informes, ont retardé parmi nous l’époque du bon goût : elles ne l’ont point empêché d’éclore enfin, et de se former. […] Si vous n’osez suivre un si bel exemple, c’est que vous sentez qu’il y a des conventions dans les beaux-arts et qu’elles forment une partie essentielle de la théorie des grands artistes.
Pourtant torcol est net et bien formé, quant à bardocucule, il signifie la mante à capuchon des anciens Gaulois : une vestiture nationale, que diable ! […] Jamais on n’aura mieux vu combien l’esprit humain est incompressible, et combien il est chimérique de prétendre l’enfermer dans les règles étroites d’un système qu’à notre époque, où à côté d’une brillante école de romanciers uniquement épris de réalités, s’est formée une école de poètes réfugiés, comme le savant de Hawthorne en sa serre, dans un monde absolument artificiel.
Au contraire, parmi les écrivains, plus on descend, plus l’imperfection se fait voir, jusqu’à ce qu’on en rencontre qui n’ont fait que sentir par la mémoire et écrire par l’imitation, et dont la connaissance, inutile aux esprits bien faits, pourrait être un piège pour ceux qui ne sont pas formés. […] Une histoire de la littérature française, où ces origines n’auraient pas leur place, manquerait de ce qui doit en former l’introduction naturelle.
Seulement ils sont hors de la circulation, et ils forment dans les langues comme une portion consacrée, qui ne peut ni être transformée, ni périr. […] Les partisans de son mépris des choses fortuites, c’est-à-dire de ce qui lui est commun avec le vieil esprit français, forment une suite de libres penseurs qui commence à Montaigne, et qu’a continuée de notre temps Paul-Louis Courier.
Ils forment ce qu’on peut appeler la langue intermédiaire entre celle que parle le peuple et celle que créent ces rares esprits, pour lesquels il faut réserver le nom d’hommes de génie. […] Pour mieux apprécier la vérité de cette sorte d’impatience dont on est saisi après avoir lu les grands écrivains du xvie siècle, il faut rassembler les traits qui leur sont communs, et en former une image de l’esprit français à cette époque, pour la comparer avec le type que nous en avons en nous.
Depuis dix ans déjà, son idéal de l’œuvre d’art se formait en lui, se dessinait de plus en plus clairement ; L’échec de Tannhaeuser n’y était pour rien : mais jusqu’à ce jour, il avait pensé pouvoir y arriver directement ; il croyait trouver dans notre théâtre l’instrument voulu pour la réalisation de ce qu’il devait créer, et dans le public un large noyau de ce qu’il appela plus tard « le peuple d’idéalistes ». […] Le second acte fait, en partie, exception ; les thèmes énoncés dans l’ouverture forment la trame ; ceux exprimant les motifs d’action d’Ortrud sont si puissamment « Beethovéniens », que, divisés, intervertis, subdivisés (même réduits à deux notes), ils se prêtent aux plus subtiles nuances, et impriment au tout le sceau de l’unité.
Ces trois œuvres, nous l’avons vu, sont contemporaines ; Wagner y travaillait simultanément ; elles sont reliées entre elles par de nombreux liens de conception, et forment pour nous — comme elles formèrent dans la pensée du maître — un Tout.
L’école qui semblait se former à la suite de ce scandale devait répugner aussi à une âme quelque peu fière. […] Ce n’est pas l’emphase, ce ne sont pas les descriptions fatigantes, inexactes, impossibles, qui forment le défaut capital de ce laborieux récit : la grande faute que la critique doit reprocher sans ménagement à l’auteur de Salammbô, c’est l’inhumanité de ses peintures.
Et toutes ces pensées, jusque-là silencieuses, forment un chœur innombrable dont la voix retentit en vous. […] Rendant aux éléments le corps qu’ils ont formé, Selon que son travaille corrompt ou l’épure, Remonte ou redescend du poids de sa nature !
L’idée de composer trois pièces qui se suivent et forment un grand ensemble, est empruntée des Grecs, qui nommaient ce genre une trilogie. […] Le Prométhée d’Eschyle était, comme on sait, divisé en trois parties, dont chacune formait une pièce à part.
Ces passions, qui leur remplissaient le cœur d’une certaine tendresse, se répandaient jusqu’en leurs écrits et en formaient le principal caractère. […] Un jour il écrivit, Dieu merci, car le renseignement est admirable pour nous, il écrivit ceci à Mme Herwart, touchant La Fontaine : Je voudrais bien le voir aussi Dans ces charmants détours que votre parc enserre, Parler de paix, parler de guerre, Parler de vers, de vin et d’amoureux soucis, Former de vingt projets le plan imaginaire, Changer à sa façon l’ordre de l’univers, Sans douter, proposer mille doutes divers ; Puis tout seul s’écarter, comme il fait d’ordinaire, Non pour rêver à vous qui rêvez tant à lui, Non pour rêver à quelque affaire, Mais pour varier son ennui.
Et il interrompt ses douleurs, ce rocher lamentable qui, dans la Phrygie, s’est formé de larmes durcies, marbre qui remplace une femme transformée au milieu de son cri de désespoir. […] De là se forma chez les Grecs cet âge tardif de la poésie naturelle, l’âge de Théocrite.
Ainsi, de Virgile à Dante, s’est formé Pétrarque, mélodieux et concis, trouvant la pureté dans la brièveté, le naturel dans la délicatesse de l’art. […] Ainsi, cinq mois après la conquête de Chypre, s’avançait sur la Méditerranée cet armement chrétien, formé de deux cents hautes galères, d’une foule de navires, et portant cinquante mille hommes de troupes.
Elle avait beau s’armer de philosophie : « Son caractère, écrivait l’ambassadeur français, M. de Breteuil, n’est pas formé à ce genre, quoiqu’elle m’ait fait souvent l’honneur de m’assurer du contraire. » Plus juste que M. de Breteuil, nous disons : la philosophie pour elle était un pis aller, il était toujours temps d’y recourir.
Enfin, et c’est là le sens de la légère étude que je voudrais faire, il est à mes yeux l’un des plus frappants exemples du courage et de l’effort qu’il a fallu à un homme entraîné dans sa jeunesse par la fureur de la dissipation et la fièvre du plaisir, pour se ravoir à temps et ressaisir possession de lui, pour devenir un esprit sérieux, conséquent, philosophique, un citoyen convaincu, ferme et inflexible, ayant réfléchi à toutes les grandes questions sociales et s’étant formé sur toutes une opinion radicale sans doute et absolue, mais qui, j’en suis certain, se rapproche fort de ce qui prévaudra dans l’avenir.
Excepté trois ou quatre pages du commencement, qui, par leur prétention philosophique, forment une entrée en matière assez pénible, cette nouvelle est d’un bout à l’autre un profond et passionné tableau, comparable, sans y ressembler, à ce que M.
Et cette cause n’est-elle pas un certain esprit général formé vers le commencement du siècle, qui trouve des expressions différentes, mais également fidèles dans certaines doctrines philosophiques et dans certaines règles littéraires ?
Ainsi des trois courants, scepticisme mondain, rationalisme scientifique, et critique érudite, se forma un courant unique, qui fut irrésistible.
La légende de Daniel était déjà formée au VIIe siècle avant J.
Jamais, on le voit, cette Église primitive n’eût formé une société durable, sans la grande variété des germes déposés par Jésus dans son enseignement.
Ce portique se composait de deux galeries, formées par trois rangs de colonnes, et recouvertes d’un plafond en bois sculpté 1000.
Les îles de la mer Egée formaient une sorte de constellation de la Lyre qui brillait en dehors de l’Hellade encore à l’état d’astre en formation.
C’est le bruit formé par le choc des nuages inégalement chargés d’un fluide électrique.
Déjà dans la préface de son Dictionnaire il nous avait dit — et c’était à nous faire venir l’eau à la bouche, à la bouche trompée, — « qu’il avait d’abord conçu son Dictionnaire de manière à suivre la langue proverbiale des troubadours jusqu’à nos jours et à former trois gros volumes in-8o », mais que prudemment il l’a diminué de deux volumes « parce qu’il aurait été trop difficile de rencontrer un éditeur », et c’est devant cette fuite d’éditeur que son épicurisme de savant s’est déconcerté et qu’il a sacrifié deux chers volumes à cette panique.
Le talent garde le mystère des impressions dont il est formé dans nos esprits ou dans nos âmes.
Quatre livraisons de son ouvrage, qui formera un magnifique volume grand in-4º, ont déjà paru, et par le cintre de ce portique commencé, on peut déjà juger de la grandeur et de l’entente de l’édifice.
Ils forment un attelage littéraire où l’esprit de trait va du même pas que l’esprit de brancard, et qui verse avec beaucoup d’ensemble et d’harmonie dans l’exagération de tout, — un envasement prodigieux !
C’est moi qui vous ai formés à la haute vie morale.
Lorsqu’il n’y avait plus de peuple héroïque, il se forma encore par la réflexion et la science des âmes invincibles à la douleur et au plaisir.
Treize hommes, doués de cette force presque surhumaine que le roman moderne aime tant à prêter à ses héros, forment une espèce de conjuration mystérieuse, de carbonarisme mondain, qui leur assure un pouvoir sans bornes et leur permet de jouer à volonté le rôle de la Providence et du gouvernement. […] Voici, j’imagine, de quelle façon s’est formé, dans l’esprit de M. de Balzac, ce type de la grande dame, qu’il a tant de fois reproduit sous les mêmes noms ou sous des noms différents. […] Ses amours avec le général Armand de Montriveau forment le second épisode de cette Histoire des Treize. […] Proposez l’un pour exemple aux jeunes gens, l’autre pour modèle aux jeunes mères, et demandez-vous ce que pourrait être, dans un temps donné, une société où la génération active serait formée par les disciples de Vautrin et préparée par les émules de madame de Mortsauf ! […] Trois siècles s’écoulent ; et voilà ce grand corps disloqué et brisé, membre à membre ; voilà, s’en allant en poussière, tout ce qui formait sa vie extérieure, tout ce qui le rattachait par des chaînes de fer à l’antiquité, sa mère et sa nourrice.
L’affabilité, la douceur, la constance en amitié formaient le principal du caractère de Desportes. […] Quand pour quelque autre amour nouvelle Jamais ne vous seray cruelle, Sans aucune plainte former. […] C’est ainsi que Baïf eut l’idée de former son Académie. […] Cependant, à la fin, les Muses revinrent tout à coup former des chœurs dans les jardins du petit Trianon. […] Serait-ce point le jasmin oriental, transporté des rivages du Bosphore d’abord en Languedoc, source de la race paternelle du poète, puis dans quelque jardin de la vallée de Versailles, où il acheva de former son génie.
Ses deux principaux ouvrages sont l’Histoire de Port-Royal et les vingt-six ou vingt-sept volumes qui forment les Causeries du Lundi. […] Elles forment un cadre préalable, et c’est entre leurs vastes lignes que se distribue le reste. […] Une telle enquête donne le budget de la nation et l’histoire du bien-être, et ses conclusions sont les fondements de toutes les mesures que nous devons prendre, comme de toutes les espérances que nous pouvons former. […] Un pareil cours aura égard à ses auditeurs ; il a pour but, non de former des officiers, mais de fournir à des citoyens les moyens d’avoir une opinion dans les questions militaires. […] Ils ont eu beau former et instruire leurs jeunes gens ; dans ces corps déjà si beaux, il reste des imperfections ; du moins il en reste pour un œil plus perçant.
Ces idées ont été formées par l’intelligence au fur et à mesure de ses besoins. […] Pour les former, la société a découpé le réel selon ses besoins. […] À le former et à le perfectionner tendaient jadis les méthodes d’enseignement. […] Former une idée générale est abstraire des choses diverses et changeantes un aspect commun qui ne change pas ou du moins qui offre à notre action une prise invariable. […] Comment, à quel moment, sous quelles influences s’est formée dans l’esprit de M.
Quel que soit l’objet, arbre, animal, sentiment, événement, il en est toujours de même ; il a toujours des parties, et ces parties forment toujours un tout : ce groupe plus ou moins vaste en comprend d’autres et se trouve compris en d’autres, en sorte que la plus petite portion de l’univers, comme l’univers entier, est un groupe. […] C’est d’abord en séparer toutes les parties, puis les ranger en files selon leurs ressemblances, ensuite former ces files en familles, enfin réunir le tout sous quelque caractère général et dominateur ; bref, imiter les classifications hiérarchiques des sciences. […] Vos Instituts, vos Académies des sciences luttent bravement, et, parmi les myriades d’hiéroglyphes inextricablement entassés et entrelacés, recueillent par des combinaisons adroites quelques lettres en écriture vulgaire qu’ils mettent ensemble pour en former une ou deux recettes économiques fort utiles dans la pratique1435. » Croient-ils par hasard « que la nature n’est qu’un monceau de ces sortes de recettes, quelque énorme livre de cuisine ? […] Car chaque âge a son théorème ou représentation spirituelle de l’univers. » Ses grandes œuvres poétiques ou pratiques ne font que publier ou appliquer cette idée maîtresse ; l’historien se sert d’elle pour retrouver le sentiment primitif qui les engendre et pour former la conception d’ensemble qui les unit. […] Something monastic there appears to be in their constitution ; we find them bound by the two monastic vows of poverty and obedience : which vows, especially the former, it is said, they observe with great strictness ; nay, as I have understood it, they are pledged, and be it by any solemn Nazarene ordination or not, irrevocably enough consecrated thereto, even before birth.
Il en a plein des coffres, plein des caves, plein des souterrains, et incessamment une file d’esclaves lui en apporte d’opulentes corbeilles qu’il vide, dédaigneux, sur les marches éblouies de ses escaliers de marbre, cascades versicolores qui s’en vont bouillonnantes, puis paisibles, former des étangs et des lacs irradiés. […] Cela dura une heure à peine : il en demeure des vers qui forment un poème difficilement oubliable. […] Le plus beau vers reste bien, il me semble, le vers formé d’un nombre régulier de syllabes pleines ou accentuées et dans lequel la place des accents est évidente et non laissée au choix du lecteur ou du déclamateur ; il n’y a pas que les poètes qui lisent les poètes et il est imprudent de se confier au hasard des interprétations. […] Mais ce rien ne laisse pas d’avoir quelque importance pour les atomes humains qui le forment et qui le déterminent ; il est le délicieux nouveau que nous respirons et dont nous vivons. […] Unique ce livre le demeurera, et dès maintenant il reste acquis à la liste des œuvres qui, à l’exclusion de tout classicisme, forment la brève bibliothèque et la seule littérature admissibles pour ceux dont l’esprit, mal fait, se refuse aux joies, moins rares, du lieu commun et de la morale conventionnelle.
Je remarquerai que, toutes les fois qu’on cède ce qu’on aime, ce sacrifice ne peut faire aucun effet, à moins qu’il ne coûte beaucoup : ce sont les combats du cœur qui forment les grands intérêts. […] Cornélie, dans la Mort de Pompée, pleurant la mort de son époux vaincu par César, vient lui apprendre une conspiration formée contre lui. […] Quels vœux, en l’immolant, formerai-je sur elle ? […] Les premières tragédies formèrent des spectacles plus horribles qu’intéressants : l’apparition des furies qui poursuivaient un coupable, Prométhée attaché à un rocher, tandis qu’un vautour lui déchire le foie ; voilà ce qu’Eschyle exposa sur la scène dans l’enfance de l’art dramatique. […] Voilà Armide sur le théâtre lyrique ; et voilà l’idée qu’on peut se former d’un spectacle qui réunit le prestige de tous les arts ; Où les beaux vers, la danse, la musique, L’art de tromper les yeux par les couleurs, L’art plus heureux de séduire les cœurs, De cent plaisirs font un plaisir unique.
Prenons un exemple : examinons comment nous formons l’idée abstraite et générale de couleur. […] À peine échappé des mains de Simon Vouët, il s’est formé lui-même sur le modèle qu’il avait dans l’âme. […] Puis viennent mille détails charmants et d’innombrables épisodes qui forment eux-mêmes des compositions considérables. […] Concevez-vous que le mot et l’idée de liberté aient jamais pu se former, si la chose même n’existait pas ? […] Jamais une seule famille, jamais la moindre société ne pourra se former ni se maintenir.
Le seul moyen que nous ayons désormais de connaître la vérité, c’est de la chercher dans les choses elles-mêmes, de soumettre les choses à l’analyse pour découvrir les éléments dont elles sont formées. […] Bien des éléments divers contribuent à former cette opinion, notre tempérament d’abord, les passions de notre chair et de notre sang, mais surtout les accidents de la vie, les épreuves ou les triomphes prématurés. […] Les sentiments les plus forts et les plus divers, affections de la famille, candeur catholique, fermeté protestante, mélancolie du scepticisme, magie de la nature, sont comme conviés par l’auteur à se réunir pour former un spectacle poétique. […] Alors son âme serait véritablement formée de la même substance que celle de Sybille, et leurs différences d’opinions n’auraient pas plus d’importance que n’en ont les nuances inévitablement diverses des caractères dans les ménages les plus unis. […] Cette énigme a un double caractère ; elle est douloureuse, elle est souriante, et de ce contraste il se dégage une expression bizarrement pathétique, formée également de joie et de souffrance, de bonheur et de tristesse.
La légende, formée promptement autour du nom de Molière, s’est donc obscurcie promptement autour de l’histoire de sa vie. […] En quittant le collège, Molière étudia le droit — quelques-uns sont allés jusqu’à dire la théologie, et qu’ayant tant fait que de lui donner une instruction libérale, son père aurait formé le projet de le mettre dans les ordres. […] La Grange, à ce propos, donne à croire que la troupe de l’Illustre Théâtre aurait formé d’abord une société « d’enfants de famille » jouant la comédie pour leur plaisir et gratis. […] » Corneille s’était formé à l’école du génie latin, Racine se forma à l’école du génie grec. […] Mais nous aurons du moins ainsi formé comme une espèce de dossier de la question, et le public décidera, puisqu’aussi bien, tout érudit qu’il soit de profession, c’est au public que M.
Voici le petit amas d’images et d’idées dont nous avons formé ce pot-pourri : L’humour est un Socrate en démence.
Il n’y a plus que des individus juxtaposés ; chaque homme retombe dans sa faiblesse originelle, et ses biens, sa vie sont à la merci de la première bande qui saura se former.
Souvent aussi la division exacte entre les preuves de fait et les raisons théoriques ne saurait se faire, et une dissertation n’est qu’un enchaînement continu d’inductions et de déductions, de spéculations et d’observations, qui, par une progression régulière, par une clarté croissante, forment la conviction du lecteur.
La langue qu’il mit à nu, dans sa beauté nerveuse, c’était celle même que le xvie siècle avait formée : il ne lui enlevait que ce qu’elle se refusait à assimiler, ce qui la chargeait sans la nourrir.
Ne point se former le goût sur l’exemple de mes devanciers, mais à coups d’analyse, en recherchant comment la poésie plaît aux hommes et comment elle peut parvenir à leur plaire autant que possible. » Et alors il s’impose d’énormes lectures.
Elle tend à former un Prince guerrier, législateur, équitable, vertueux, & par lui, des Peuples dociles, laborieux, vaillans, fideles, & heureux.
La vrai-semblance s’y trouve certainement, quand elles font un effet approchant de l’effet que les bruits qu’elles imitent auroient pû faire, et quand elles nous paroissent conformes à ces bruits inoüis, mais dont nous ne laissons pas de nous être formé une idée confuse par rapport à d’autres bruits que nous avons entendus.
C’est le prédécesseur, sinon le maître, de Chateaubriand, qui le lisait sans cesse. « Chateaubriand, avons-nous dit, s’est formé par l’assimilation de Bernardin de Saint-Pierre, en étendant, en repétrissant, en poussant la description de Paul et Virginie des Etudes et des Voyages.
Vous avez raison ; c’est encore une chose singulière, mais cependant très vraie, que chez toutes les nations il y a eu de bons poètes avant de bons prosateurs, et que ce sont toujours les poètes qui ont formé les langues.
Un des avantages de la philosophie appliquée aux matières de goût, est de nous guérir ou de nous garantir de la superstition littéraire ; elle justifie notre estime pour les anciens en la rendant raisonnable ; elle nous empêche d’encenser leurs fautes ; elle nous fait voir nos égaux dans plusieurs de nos bons écrivains modernes, qui pour s’être formés sur eux, se croyaient par une inconséquence modeste fort inférieurs à leurs maîtres.
Hennequin a voulu fonder la critique scientifique et donner le plan d’une étude complète d’esthopsychologie : il proposait ce nom pour désigner un ensemble de recherches qui formeraient une science véritable, ayant « un objet, une méthode des résultats, des problèmes » (p. 218).
que l’âme de Mathilde avait été formée de toute l’aveugle superstition de son sexe.
Forment-ils une Lacédémone ?
Nous avons bien des histoires de France, dues à des plumes de notre temps plus ou moins habiles, et dans lesquelles le xviiie siècle est traversé et jugé, en passant, comme les autres siècles qui forment la longue vie de la monarchie et de la société françaises.
Ce volume-ci a beau brusquer les faits pour les faire aller plus vite ; il a beau les pousser, les presser et les entasser ; ou ils résistent par leur masse même à cette rapidité que l’auteur est tenu de leur imprimer, s’il veut remplir les conditions de son programme ; ou ils ne résistent pas, et alors ils passent trop vite sous les yeux pour former cette chose de discernement et de renseignement qu’on appelle une histoire.
Ainsi formées, secrètes et profondes, impénétrables et invulnérables, elles apportent dans la galanterie, dans la vengeance, dans le plaisir, dans la haine, un cœur de sang-froid, un esprit toujours présent, un ton de liberté, un cynisme de grande dame, mêlé d’une hautaine élégance, une sorte de légèreté implacable.
Les nombreuses citations arrachées par M. de Vallée aux journaux du temps forment, dans son livre, un ensemble sur lequel il a écrit le plus brillant des commentaires.
Seulement, ce cerveau et ce cœur étaient également grands et formaient la plus opulente harmonie.
Ils ne sont pas nombreux, heureusement, mais ces sept morceaux, d’assez courte haleine, et que l’on croirait composés pour des revues à deux sous, s’il y en avait en Allemagne, ont tous les défauts et toutes les débilités de ce talent qui n’a pas de corps et peu d’âme, et dont les œuvres, sans statique et sans équilibre, forment un Alhambra, ou, pour mieux parler, une Babel de vapeur, que le premier coup de vent un peu franc va dissiper.
Mais l’abbé Monnin, qui écrit pour les lettrés et ne leur marchande pas les longueurs de son histoire, n’a pas manqué de donner des exemples foudroyants de cette expression surnaturelle, et il les a donnés avec une profusion qui étonne, quand on songe que ces inspirations, qui forment des pages si nombreuses dans son livre (de la page 413 à la page 485 du second volume), ont été saisies à la volée, et quand on se demande quelle dut être leur beauté première pour avoir résisté si bien à la pâle dictée du souvenir !
Bossuet et Fénelon adossés, appuyés l’un à l’autre, formeraient, ajoute-t-on, le génie complet, l’idéal du génie chrétien dans sa douceur et dans sa puissance.
Il ne discute pas une minute l’existence de ses deux Églises parallèles qui doivent, dit-il dans sa préface, former jusqu’à la fin du monde une asymptote, et il passe immédiatement à ses biographies parallèles.
Ce nom, comme un feu, mûrira vos pensées, Semblable au soleil qui mûrit les blés d’or, Vous en formerez des gerbes enlacées Pour les mettre un jour sous vos têtes lassées Comme un faible oiseau qui chante et qui s’endort !
Mais, ô Lycas, heureux celui qui de jeunesse A placé dignement les feux de sa tendresse, Et trouvé par le monde un cœur égal au sien Pour avec lui former un éternel lien !
Écoutez cette plainte fatiguée : « Toutes les personnes, écrit Gogol à un de ses amis, toutes les personnes qui lisent, en Russie, sont persuadées que l’emploi que je fais de ma vie est de me moquer de tout homme que je regarde et d’en faire la caricature… » Bientôt cette société qu’il avait blessée par cette suite de caricatures qui forment les divers Chants de son poème des Ames mortes, les fonctionnaires de cette Chine de fonctionnaires, dont il avait dit les bassesses les petitesses, le néant, l’aristocratie puérile, les femmes, les prêtres, tout se souleva contre lui.
Quand l’unité factice, qui s’est formée à nos côtés il y a quarante-quatre ans, sera dissoute… la France, à la tête du progrès et de la liberté, comme toujours, travaillera efficacement pour la paix du monde… De cette guerre résulteront de grandes choses pour notre patrie, pour l’œuvre qui doit s’accomplir en elle et par elle.
En quittant cet éloge funèbre des officiers, fait par un homme célèbre, il est impossible de ne pas former un souhait avec l’orateur ; c’est que la coutume qui était autrefois établie à Athènes, le fût aussi parmi nous.
Candie, cette terre admirable par le commerce et les arts, cette compensation dans un partage inévitable, ne peut rester barbare ; et ces changements qui s’apprêtent, ces révolutions suspendues sur l’orient de l’Europe, conduiront à la plus grande œuvre que puisse se proposer l’esprit moderne, à la renaissance de ces belles contrées, de ces riches cultures, qui, du golfe de Clazomène au mont Olympe d’Asie, et des sept villes de l’Apôtre aux murs d’Antioche et de Nicomédie, formaient, sous le nom de province d’Asie, un si fertile empire.
J’y ai montré un parti-pris constant c’est-à-dire que je ne me suis jamais écarté des convictions de vie et d’art qui forment ma philosophie. […] Se croire si supérieur, c’est former une Académie : la corporation du verbe — et c’est passablement absurde. […] … — Nous la formerons plus puissante devant la beauté du devoir. […] Puis les Doumic disparaissent, se diluent dans le Nul originel qui forma leur Moi clapotant. […] Ils forment une corporation puissante mais qu’il n’est pas sain de fréquenter, étant donnée la puanteur qu’elle dégage.
D’une part, elle serait naturellement impuissante à former les beaux sentiments, parce qu’on les a ou on ne les a pas : en sorte qu’elle ne réussirait pas à préparer la réalisation de son objet principal. […] Il n’a pas vu Dieu se former dans la conscience humaine. […] Dumas a détruit la pyramide que forment, avec les croyances morales, les croyances religieuses et l’obéissance au collège chargé d’en maintenir la lettre et d’en modifier l’esprit selon les besoins des temps. […] Mais si, comme nous venons de le voir, la race n’est pas une abstraction, elle est du moins un composé : elle est formée par l’ensemble des individus qu’unissent ensemble les liens de l’origine, du sol, de la langue, etc. […] Quoiqu’il en soit, à côté du groupe négatif, dans lequel venaient se confondre tant de talents divers et d’écoles contradictoires, il s’est formé peu à peu un groupe positif, moins nombreux d’abord, mais qui a fait son chemin, et qui est aujourd’hui tout aussi complexe.
Des professeurs d’université ont inscrit la théorie du super-homme au programme de leurs cours ; il s’est formé une littérature, une musique, une politique nietzschéennes. […] Et aussitôt je formai le projet de composer quelque chose de semblable. […] Peu à peu se forma en lui une philosophie qu’il crut bien ne jamais quitter, un cyrénaïsme nouveau, donnant pour but à sa vie, non point, le plaisir ni l’ataraxie, mais la vie elle-même. […] Ainsi se forma, entre Froude et lui, une liaison qui depuis lors ne devait plus finir. […] Le récit de cette longue lutte de Freeman et de Froude formerait, à lui seul, un curieux chapitre d’histoire et de psychologie littéraires.
Pline lui est témoin qu’on arrosait de silphium les grenadiers de la campagne de Tunis, et garant de telle croyance aux « escarboucles formées de l’urine des lynx ». […] En second lieu, s’efforcer à saisir l’insaisissable, et, dans une impression fugitive réussir à démêler, une par une, les impressions élémentaires qui concourent à former et produire l’impression totale. […] de quelle intrigue pourrait-il bien former le nœud ? […] Il faut chercher alors et découvrir quelque vice intérieur dans la manière de l’artiste, ou dans la conception de l’homme et de la vie que s’était formée l’écrivain. […] Formé à l’école du mauvais xviiie siècle, pompadouresque et crébillonnesque, si M. de Goncourt était un naturaliste, l’auteur de la Nuit et le Moment en serait un.
Théophile Gautier — le premier peut-être après deux mille ans de disgrâce — comprit la signification subtile que fermait le marbre indéterminé ; il dégagea la pensée cachée sous cette difformité physiologique, et déclara ne rien connaître et ne rien concevoir qui fût « plus ravissant au monde que ces deux beautés si égales et si différentes qui n’en forment plus qu’une supérieure à toutes deux 76 ». […] C’est ainsi que, tout en provoquant de véritables idolâtries, ni Lamartine, ni Musset n’ont jamais laissé d’école, jamais formé d’élèves. […] Par sa valeur personnelle, Ferdinand de Lanoye était donc hors d’état d’exercer une action quelconque sur un grand esprit, encore hésitant, déjà formé néanmoins. […] Des combats sans pitié, des tortures atroces, un siège aux assauts farouches, les amours sensuellement effrénées d’un chef de bandes, les dévastations et les massacres forment les péripéties successives du drame. […] Enfin — on l’a déjà remarqué — il s’était dès son enfance nourri de lectures romantiques, et les poètes de 1830 furent ses premiers et ses plus sérieux instructeurs littéraires, ceux qui ont dirigé et formé son esprit à l’âge où il est le plus malléable.
Le chœur reprit son refrain, qui retentissait sur la route, tandis que la commune, s’avançant en silence, formait un grand cercle autour de la maison. […] On va bien certainement réunir tous ces contes épars, ces tableaux réalistes, ces scènes de tous les mondes qui forment l’œuvre de Henry Monnier. […] Paul et Virginie, l’un âgé de sept ans, l’autre de quatre à peine, lui semblaient formés d’une matière précieuse ; elle les portait sur son dos comme un cheval, et Mme Aubain lui défendit de les baiser à chaque minute, ce qui la mortifia. […] Le soleil éclairait ces pauvres objets, en faisait voir les taches, et des plis formés par les mouvements du corps. […] Se trouvant, par ses relations, aux sources mêmes des renseignements les plus authentiques, l’auteur de Paris n’a négligé aucun fait, aucun épisode et en a formé un ensemble d’un saisissant intérêt.
Les Heures noires forment un second grand poème dont l’intérêt se double de celui qu’apporte un interlocuteur innomé qui n’est autre que Victor Hugo. […] La vérité, c’est que l’auteur a formé ses héros de multiples personnalités, et que chacun d’eux peut ressembler à dix autres à la fois. […] C’est à cette conscience d’écrivain que nous devons le bloc énorme de détails curieux et effroyables qui forment le volume que nous venons de lire. […] « Dans un coin de sa case en argile battue, sur un lit de parade formé de nattes raidies par quatre gros piquets fichés en terre, au milieu de bibelots nègres et d’ustensiles de ménage, le bonhomme, revêtu de ses plus beaux boubous, entouré de ses femmes, de ses enfants, de ses captives, assiste impassible et rigide à toutes ces grimaces. […] Les autres groupes, successivement formés autour de lui, l’écoutèrent avec une curiosité observatrice, une attitude morne, parfois embarrassée, et dans un silence manifestement désapprobateur.
Mais ce n’est point ainsi que s’est formé le drame au xviiie siècle. […] Le bon Socrate croit sa femme morte ; il se lamente : après tout, elle avait des qualités : elle était fidèle, économe ; elle formait son mari à la patience et le rappelait sans cesse à la modestie. […] La fraîcheur, la rondeur, la mine appétissante de cette rieuse et délicieuse boulotte forment un contraste impayable avec le caractère du rôle dont elle est chargée, et c’est bien plus amusant ainsi. […] Chose intéressante au plus haut point que ce dévouement de chefs de clan puritains et de paysans à demi sauvages à ce beau fils élégant et poudré, formé aux belles manières de France, de ces ours austères à cet oiseau sans cervelle ! […] Sa diction et son jeu forment un mélange impayable de convention, de vérité, d’espièglerie, de candeur, d’imperceptible canaillerie et de noblesse naturelle, d’Athènes et de Montmartre.
Le Boileau entier, c’est un homme qui peut former notre goût, ce qu’on ne pourra jamais attendre d’un Tasse. […] Mais elle a servi à former un certain état d’esprit, auquel tendent certaines intelligences d’élite, et qu’on peut bien appeler le goethéisme. […] Et quand il reparut sur la scène littéraire, paré de ses nouveaux titres, auréolé de la légende qui s’était formée autour de lui, mûri par une gloire plus éclatante et plus universelle, il était entièrement transformé. […] À eux deux, ces deux hommes possèdent une âme commune capable de réfléchir l’univers, et le contraste qu’ils forment embrasse toute la vie. […] Il en négligeait les aspects vrais, pour leur substituer les images arbitraires qu’il s’en formait dans son esprit.
Il se mariera ; mais il n’épousera qu’une jeune fille qu’il pourra former, une jeune fille du voisinage, élevée tout près de chez lui. […] Mais Mahomet avait aperçu des plages où déferlait un océan de flammes et où des milliers de cercueils incandescents formaient une ville ardente. […] Dante voit dans le ciel de Jupiter un aigle formé par des myriades d’âmes saintes resplendissantes de lumière. […] Écrivains latins, poètes latins, les Pères s’efforçaient de former des latinistes. […] Millerand l’avait mis à la tête de l’École d’application où se forment les ingénieurs des Postes et des Télégraphes et les membres du haut personnel.
Il est des esprits formés de telle sorte que Corneille leur donnera plus d’émotions que Voltaire, et une mère se sentira plus troublée, plus agitée à Mérope qu’à Zaïre. […] Macduff, prévenu du danger, forma le projet de passer en Angleterre pour engager Malcolm, qui s’y était réfugié, à venir réclamer ses droits. […] La méchanceté de la reine et la crédulité conjugale du roi prêtent aussi à l’analyse et forment un contraste piquant. […] La pièce offre deux intrigues distinctes, mais liées et fondues ensemble avec beaucoup d’art, de manière à former un tout. […] Il composait ses pièces selon que telle ou telle circonstance lui en fournissait l’idée, lui en inspirait la fantaisie, ou lui en imposait la nécessité, ne se souciant guère de la chronologie des sujets ni de l’ensemble que tels ou tels ouvrages pouvaient former.
Chez le nouveau-né qui tète, la bouche s’allonge en avant. » Il se formerait ainsi une association entre les premiers mouvements de la bouche et l’activité de l’attention. […] Ainsi, elle est causée premièrement par l’impression qu’on a dans le cerveau qui représente l’objet comme rare et par conséquent digne d’être fort considéré ; puis, ensuite, par le mouvement des esprits qui sont disposés par cette impression à tendre avec une grande force vers l’endroit du cerveau où elle est pour l’y fortifier et conserver : comme aussi ils sont disposés par elle à passer de là dans les muscles qui servent à retenir les organes des sens en la même situation qu’ils sont, afin qu’elle soit encore entretenue par eux, si c’est par eux qu’elle a été formée. » Ce passage vaut la peine d’être médité. […] L’opération de l’esprit se borne à saisir des ressemblances très saillantes et à former ainsi des images génériques, terme qui serait plus exact que celui d’idées générales. […] Ils forment un premier groupe morbide que j’appellerai l’hypertrophie de l’attention. […] Qu’on se représente cette partie comme une région localisée ou, ce qui est plus probable, comme formée d’éléments divers, répandus dans la masse de l’encéphale et travaillant de concert à l’exclusion des autres, il n’importe.
Si bien posé qu’il se trouvât au Constitutionnel, en effet, ce cadre déjà formé ne suffisait point à l’activité de M. […] Thiers pour les deux premiers volumes, qui formèrent la première livraison : il ne disparut qu’au troisième. […] La première livraison, qui comprend jusqu’au Consulat à vie, va former trois volumes ; nous achevons la lecture du premier.
Il s’était même appliqué à la former au monde, car c’était évidemment la vocation de ce galant homme et son goût dominant d’avoir toujours, comme dit Mlle de Launay, à instruire et à documenter quelqu’un sur les grâces. […] Ce que j’entends par là, ce n’est pas être dégoûté comme un malade, mais juger bien de tout ce qui se présente, par je ne sais quel sentiment qui va plus vite, et quelquefois plus droit que les réflexions. » « Il faut, si l’on m’en croit, aller partout où mène le génie, sans autre division ni distinction que celle du bon sens. » « Celui qui croit que le personnage qu’il joue lui sied mal ne le saurait bien jouer, et qui se défie d’avoir de la grâce ne l’a jamais bonne. » « Pour bien faire une chose, il ne suffit pas de la savoir, il faut s’y plaire, et ne s’en pas ennuyer. » « Ce qui languit ne réjouit pas, et quand on n’est touché de rien, quoiqu’on ne soit pas mort, on fait toujours semblant de l’être. » « La plupart des gens avancés en âge aiment bien à dire qu’ils ne sont plus bons à rien, pour insinuer que leur jeunesse étoit quelque chose de rare. » Cet honnête homme que le chevalier veut former, et qui est comme un idéal qui le fuit (car l’ordre de société que ce soin suppose se dérobait dès lors à chaque instant), lui fournit pourtant une inépuisable matière à des observations nobles, délices, neuves, parfois singulières et philosophiques aussi. […] Ainsi coupé, l’aimable récit est plus délicat ; un peu de malice s’y mêle ; le conteur n’a voulu que faire valoir les avantages du bien lire ; c’est un conseil et un encouragement qu’il donne aux jeunes gens pour s’y former : que lui demandez-vous davantage ?
Mais elles s’acharnent à Oreste, parce que la femme dont il a osé devenir le meurtrier l’avait formé et nourri dans ses entrailles. […] Dans la conscience d’un homme véritable, il y a place pour plusieurs Dieux ; il renferme dans son sein toutes les puissances qui forment le cercle des Divinités. […] Les monarques de nos jours ne forment plus, comme les héros des âges mythologiques, la tête vivante d’une société qu’ils dirigent, mais un centre plus ou moins abstrait, environné d’institutions façonnées et fixées par des lois et par une constitution.
Comment ces notes en si petit nombre forment-elles, au gré des musiciens, des phrases musicales qui renferment des millions de mélodies ? Comment ces mélodies ou ces combinaisons de notes, heureusement ou malheureusement posées les unes à côté des autres, selon le génie ou selon la stérilité du musicien, forment-elles des concerts divins ou des discordances stupides ? […] Le mâle se mit à chanter et fit entendre six sons ; la femelle, lui répondant, en articula six autres, et il se trouva que les douze sons réunis ensemble formaient les douze degrés de l’échelle chromatique.
Elle a chargé une commission, formée dans son sein, de faire dans le pays même les recherches les plus exactes sur l’authenticité des poésies d’Ossian, et sur tout ce qui peut éclairer la discussion élevée à leur sujet. […] Le timon est d’if poli ; le siège est formé d’os éclatants de blancheur ; ses flancs sont remplis de lances entassées, et le fond est foulé par les pieds des héros. […] Carril, élève ta voix, et redis les exploits des temps passés ; charme la longueur de la nuit par tes chants, et remplis nos âmes d’une douce tristesse ; car la terre d’Inisfail a enfanté nombre de héros et de jeunes filles formés pour l’amour.
De là un embarras comme celui qu’on éprouve quand on veut construire l’espace avec des points indivisibles : le temps ne saurait davantage se construire avec des instants indivisibles ; c’est là vouloir former le concret avec l’abstrait, les choses réelles avec des limites idéales, les contenus avec les enveloppes qui les contiennent. […] L’espace même, surtout l’espace visuel, nous offre de vrais tableaux en apparence immobiles qui forment contraste avec la succession de nos changements internes. […] Il n’accomplit pas l’opération scientifique qui consiste à comparer ces séries, a reconnaître qu’elles forment une série unique et que de même, objectivement, le cours du temps est continu, uniforme, identique pour tous les êtres.
Comme il n’est pas vraisemblable que l’homme ait réussi à former tant de races et de sous-races ayant chacune une constitution spécialement adaptée à son propre district, il faut bien qu’une part de ce résultat soit due à l’influence de l’habituation. […] Tout organe qui atteint une grandeur extraordinaire ou un développement en quelque chose anormal, par rapport à sa taille ou à ses caractères réguliers chez des espèces alliées, doit avoir passé par une série considérable de modifications depuis que s’est formé le genre. […] Mais comme la sélection naturelle, dans toute contrée, n’est autre encore, à chaque moment donné, que la résultante de l’action toujours actuelle du milieu ambiant sur tous les êtres organisés d’un même lieu, c’est-à-dire des circonstances locales, ce sont donc bien ces circonstances, ou autrement les conditions complexes de la vie, qui, ainsi que l’a avancé hardiment Lamarck, déterminent et règlent toute variation, en premier comme en dernier ressort, médiatement ou immédiatement, par leur action directe sur les générations présentes ou par leur action transmise sur les générations passées, et qui forment ainsi l’Alpha et l’Oméga de la série des causes qui contribuent à la transformation des espèces.
Le clair ruisseau des monts coule auprès ; n’ayez peur D’approcher comme lui : quand l’âme est bien formée, On est humble ; on se sait, pauvre race, semée Aux rocs, aux durs sentiers, partout où vit un cœur ! […] Et, ne pouvant pousser sa route plus avant, Les chênes l’abritaient du soleil et du vent ; Les tentes, aux rameaux enlaçant leurs cordages, Formaient autour des troncs des cités, des villages, Et les hommes épars sur des gazons épais Mangeaient leur pain à l’ombre et conversaient en paix : Tout à coup, comme atteints d’une rage insensée, Ces hommes se levant à la même pensée Portent la hache aux troncs, font crouler à leurs piés Ces dômes où les nids s’étaient multipliés ; Et les brutes des bois sortant de leurs repaires, Et les oiseaux fuyant les cimes séculaires.
Cette célébrité même et le caractère passionné de ses poésies furent cause qu’après sa mort il se forma insensiblement sur elle une légende qui, accueillie et propagée sans beaucoup d’examen par des critiques d’ordinaire plus circonspects, par Antoine Du Verdier et Bayle, recouvrit bientôt le vrai et finit par rendre l’intéressante figure tout à fait méconnaissable. […] Quelquefois, en attachant mes yeux sur toi, j’allais jusqu’à former des désirs aussi insensés que coupables : tantôt j’aurais voulu être avec toi la seule créature vivante sur la terre ; tantôt, sentant une divinité qui m’arrêtait dans mes horribles transports, j’aurais désiré que cette divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme avec les débris de Dieu et du monde !
D’autres troubles secrets s’y joignaient, et formaient un autre dernier orage. […] On rapporte (et c’était déjà dans ces années de conversion) qu’un homme distingué qui venait souvent chez elle, épris des charmes de sa fille qui lui ressemblait avec jeunesse, s’ouvrit et parla à la mère, un jour, de l’émotion qu’il découvrait en lui depuis quelque temps, des espérances qu’il n’osait former ; et Mme de Krüdner, à ce discours assez long et assez embarrassé, avait tantôt répondu oui et tantôt gardé le silence ; mais tout d’un coup, à la fin, quand le nom de sa fille fut prononcé, elle s’évanouit : elle avait cru qu’il s’était agi d’elle-même. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.
Vous voulez que le capital, qui appartient à tous, et qui n’est que le réservoir du nécessaire et du superflu de tout le monde, soit libre comme le travail, car, s’il n’est pas libre, il se cachera, il ne se montrera plus, il ne consommera plus, et par là même il fera mourir de faim le travailleur, en cessant de se répandre en salaires, et de s’accumuler en économies nouvelles, qui forment à leur tour des capitaux, et qui, en se dépensant, reforment des salaires, de manière que tout le monde jouisse et travaille à la fois pour jouir à son tour. » « — Oui ! […] et, se pressant en tumulte autour de moi et du groupe formé à l’instant par Cellarius et ses amis pour me protéger contre l’enthousiasme populaire, firent retourner peu à peu de la place encombrée la foule du côté opposé à la grande revue, et la précipitèrent sur mes pas avec une pression et des clameurs d’amour que m’avaient values en ce moment ma résistance toute fraîche aux sommations armées et réitérées que m’avait adressées la démagogie à l’Hôtel-de-Ville.
« Il me regarda fixement, ne fit aucune réponse, et, se détachant de moi, il commença un long monologue, allant de droite et de gauche, dans le demi-cercle que nous formions, énumérant une infinité de griefs sur la conduite du Pape et de Rome pour n’avoir pas adhéré à ses volontés et s’être refusé d’entrer dans son système, griefs qui ne sont pas à rapporter ici. […] Cette troisième catégorie, dépendante et volontaire du Saint-Siège, a l’immense avantage de se former de bonne heure aux affaires sans que ses fautes puissent nuire au gouvernement, et de s’en retirer sans apostasie.
Elle songea en même temps à former des élèves. […] On a fait bien des vers et des vers de grands poëtes à des enfants, mais aucuns, pas même ceux de Reboul, à Nîmes, malgré leurs belles et touchantes images, n’égalent cette naïveté de jeune mère, encore jeune fille, n’adorant dans son fils que le visage et l’amour de son jeune mari absent, et lui tendant ces bras qu’elle a formés de lui pour le rendre deux fois inséparable à son cœur.
Il fallut bien, malgré son dégoût, qu’il entrât chez son beau-frère Dongois, pour se former à la procédure, et qu’il se fît recevoir avocat (1656). […] Il remplaçait à l’occasion le père absent, corrigeait les versions de Jean-Baptiste, et lui formait le jugement en le faisant causer.
Parfois elle s’enfonce dans le passé, et elle nous conte avec bonheur, un peu verbeusement, son rêve d’un xviie siècle précieux, galant, et généreux, un rêve formé d’après l’Astrée : ce sont les Beaux Messieurs de Bois-Doré (1858). […] Mérimée est un homme d’une intelligence très distinguée, doué d’une réelle aptitude à former des idées : cela suffit.
La Légende des Nornes déploie leur théogonie bizarre et grandiose : la naissance d’Ymer et des géants, qui sont les puissances mauvaises ; la naissance des dieux bienfaisants, des Ases, qui domptent Ymer et de son corps forment l’univers ; le rouge déluge que fait son sang ; l’apparition du premier couple humain ; Loki, le dernier-né d’Ymer, et le Serpent, et le Loup Fenris et tous les dieux du Mal vaincus par les Ases bienheureux ; la venue du jeune dieu Balder ; puis la suprême révolte de Loki, du Serpent, de Fenris et des Nains, et la fin misérable du monde La pensée de l’au-delà hantait ces hommes du Nord dans l’intervalle des tueries : ils étaient tout prêts pour le christianisme et devaient le prendre terriblement au sérieux. […] XI La forme des Poèmes antiques et des Poèmes barbares, on a pu le remarquer déjà, répond exactement au dessein que l’artiste a formé de ne voir et de ne peindre les choses que par le côté plastique.
Mais si nous nous formons en comité, dans le but non plus de secourir un écrivain particulier que nous connaissons et qui a besoin d’aide, mais d’attribuer périodiquement une récompense « au plus méritant » d’entre les jeunes écrivains, sachons bien que nous aurons, du même geste et si décidés que nous soyons à bien faire, institué une prime nouvelle en faveur de la médiocrité. […] Ce n’est pas à pareille école que se forment les bons écrivains.
Lewes la représente « comme la masse des ondes stationnaires formées par les ondes individuelles des vibrations nerveuses. » « Les ondes stationnaires, dit-il, jouent un grand rôle dans les spéculations des physiciens modernes. […] On dit : le corps est un, toutes ses parties sont subordonnées, rassemblées pour former une unité supérieure ; notre conscience nous assure que notre vie est une unité. — Cet argument se fonde sur un fait important, mais qui est mal interprété.
Justement elle a une lettre à écrire ; Raymond, penché sur son épaule, dévore des yeux les lettres à peine formées, puis il déchire le paquet maudit… Ô bonheur ! […] Mais la dame revient de voyage, avec un projet bien formé ; elle lui demande s’il veut l’épouser.
Ils ne forment donc pas avec le train, ils ne constituent même pas entre eux, un système unique : ce sont autant de systèmes S″, S‴, … qui se révèlent, dans la « secousse », comme animés de mouvements propres. […] La loi d’inertie de Galilée nous enseigne que ce point est en mouvement rectiligne et uniforme : à cet état de mouvement correspond, dans l’Espace-Temps, une ligne d’Univers formée par l’ensemble des événements qui représentent les diverses positions successives de ce mobile dans son état de mouvement uniforme, positions qu’on peut repérer dans un système quelconque.
Ayant quitté Rome avec ses parents en 1831, elle passa le reste de son enfance et sa première jeunesse à Florence ; elle acheva de s’y nourrir et de s’y former dans la vue du beau ; elle copiait dans la galerie les chefs-d’œuvre des maîtres.
Ses volumes, je l’ai remarqué ailleurs, faisaient partie des corbeilles de noces, et j’ai vu de jeunes maris élégants le donner à lire à leurs femmes, dès le premier mois, pour leur former l’esprit à la poésie.
Ayant à écrire de la littérature française et à la suivre dans son développement à travers les siècles, il s’est demandé tout d’abord au début ce que c’est que l’esprit français ; il s’en est fait préalablement une idée, il s’en est formé comme un exemplaire d’après les maîtres les plus admirés, d’après les classiques le plus en honneur et en crédit ; il a présenté aux lecteurs français un portrait tout à fait satisfaisant de l’esprit français vu par ses beaux côtés et en ses meilleurs jours.
Nous vivons dans le climat et dans le siècle de la philosophie et de la raison ; les lumières de toutes les sciences semblent se réunir à la fois pour éclairer nos yeux et nous guider dans cet obscur labyrinthe de la vie humaine ; les plus beaux génies de tous les âges réunissent leurs leçons pour nous instruire ; d’immenses bibliothèques sont ouvertes au public ; des multitudes de collèges et d’universités nous offrent dès l’enfance l’expérience et la méditation de quatre mille ans ; l’immortalité, la gloire, la richesse et souvent les honneurs sont le prix des plus dignes dans l’art d’instruire et d’éclairer les hommes : tout concourt à perfectionner notre entendement et à prodiguer à chacun de nous tout ce qui peut former et cultiver la raison : en sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ?
J’ai une méthode pourtant, et quoiqu’elle n’ait point préexisté et ne se soit point produite d’abord l’état de théorie, elle s’est formée chez moi de la pratique même, et une longue suite d’applications n’a fait que la confirmer à mes yeux.
Laissant à d’autres l’honneur d’une culture méthodique et raisonnée, il ne se donnait que comme un ouvrier helléniste qui s’ôtait formé à force de pratique et d’usage.
« Ce bruit, formé de tant de bruits qu’on ne les pourrait compter, est la voix d’un nombre innombrable de pauvres petites créatures imperceptibles.