Et pour empêcher qu’elle ne se détruise, j’ai été réduit à vous apporter ceci de sa part… (Il lui remet une lettre.
« Souvenez-vous, dit-il, de ces cabinets qu’on regarde encore avec tant de vénération, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice, où se rendaient tant de personnes de qualité et de mérite, qui composaient une cour choisie, nombreuse, sans confusion, modeste sans contrainte, savante sans orgueil, polie sans affectation. » La causticité du duc de Saint-Simon ne l’a pas empêché de rendre justice à la maison de Rambouillet.
Elle voulut se trouver à l’arrivée du roi, par la même raison qui décidait madame de Montespan à empêcher qu’elle s’y trouvât.
Ce défaut n’empêche pas néanmoins qu’elles ne soient supérieures, à bien des égards, à celles de Corneille, comme l’Enéide est supérieure à l’Iliade, sans que Virgile puisse être regardé comme un aussi grand Génie qu’Homere.
Mais cette défense n’empêcha pas qu’il n’y en passât tous les mois un grand nombre d’exemplaires qui étoient lus avec une avidité inconcevable.
S’il est ictérique et qu’il voie tout jaune, comment s’empêchera-t-il de jeter sur sa composition le même voile jaune que son organe vicié jette sur les objets de la nature, et qui le chagrine, lorsqu’il vient à comparer l’arbre vert qu’il a dans son imagination, avec l’arbre jaune qu’il a sous ses yeux ?
Si le malade meurt, il sera tenu, sans qu’aucune raison ou prétexte puisse l’en empêcher, d’en faire ouvrir le cadavre en présence des étudiants.
Ils sont, si l’on veut, la plûpart des connoisseurs médiocres, mais du moins ils ont un goût de comparaison qui empêche les gens du métier de leur en imposer aussi facilement qu’ils peuvent en imposer ailleurs.
Fut-ce la peur qui empêcha Cesar et Caton de se voir sur le pré après que Cesar eut sacrifié en plein sénat le billet galant de la soeur de Caton.
Il souscrit au mot ivre de Valady : « Barbaroux, cet étourdi sublime, qui dans dix ans sera un grand homme. » Sa mort l’empêcha de tromper cette espérance : les dix ans ne seraient jamais venus !
La question de la bâtardise, la possession d’état de l’enfant naturel, la position que doit faire la législation à la fille-mère, toutes ces questions sont touchées dans L’Affaire Clémenceau avec une curiosité enfantino-frémissante ; et, quoiqu’elles n’y soient pas résolues, quoiqu’elles n’y soient agitées que comme l’enfant agite la boîte où il a mis des scarabées et qu’il colle contre son oreille pour les entendre qui remuent, on sent que la partie de son livre que Dumas fils estime davantage, c’est le remuement de ces questions… Du reste, ce côté inattendu et révélé dans le nouveau roman d’Alexandre Dumas fils ne l’a pas empêché cependant de rester parfaitement le fils de son père, même à propos de cette question du bâtard qui s’étend sous les pieds de tout dans son livre, et qui en est comme le sous-sol.
Je n’ai pas vu de pommes d’or dans le livre de Taine, mais j’ai vu le dragon qui les garde, s’il y en a, et qui empêchera d’y toucher.
Malheureusement, les circonstances dans lesquelles il parut empêchèrent l’impression qu’il aurait pu faire.
L’intérêt de ce détraquement serait médiocre si cette mécanique n’en souffrait pas, si cette singulière horloge, qui ne s’est pas faite toute seule et qui essaie de se remonter et de se régler, n’avait pas en elle quelque chose de plus fort qu’elle qui l’en empêche et qui la torture… Et même sans cette torture le roman n’existerait pas.
Ingres est un grand dessinateur maladroit qui ignore la perspective aérienne, et que sa peinture est plate comme une mosaïque chinoise ; à quoi nous n’avons rien à dire, si ce n’est de comparer la Stratonice, où une complication énorme de tons et d’effets lumineux n’empêche pas l’harmonie, avec la Thamar, où M.
Nous ne pouvons nous empêcher de rappeler ici que ce même Sénèque prêta sa plume à Néron pour justifier dans le sénat le meurtre d’Agrippine : ainsi un orateur philosophe fit l’apologie d’un parricide.
« En détruisant les délateurs, votre sage sévérité a empêché qu’une ville fondée sur les lois, ne fût renversée par les lois32.
J’ai relu la comédie de Shakespeare, et je ne puis m’empêcher de trouver excellentes les modifications que M. […] Jack empêche la saisie, dote la fille et la marie avec son amoureux. […] Je serais fort empêché de vous la raconter dans le détail. […] Pouvait-elle empêcher le prince d’être infidèle à sa femme ? […] La foule elle-même, par les exigences de sa naïveté, de sa pitié et de sa générosité naturelle, empêchera le théâtre municipal de lui devenir malfaisant.
Nous ne saurions nous empêcher de les aimer encore, tant ils sont aimables, subtils, souriants, tant ils se haussent parfois jusqu’à des apparences de grandeur. […] Qui eût empêché nos ancêtres d’allonger une syllabe et accourcir l’autre, et en faire des pieds et des mains ? […] Mon admiration pour l’auteur de Moïse, d’Éloa et de la Colère de Samson ne m’empêchera pas de dire quelques vérités nécessaires. […] L’affirmation semble vraiment quelque peu hasardeuse ; on ne saurait s’empêcher de songer à un propos de M. […] Un peu de justice, lui vivant, l’eût empêché de mourir, peut-être.
Il l’empêche d’être « coulant », et les vers français sont facilement trop coulants, et ce n’est pas beau. […] Mais empêchez donc un artiste de porter partout le culte de la beauté et de le faire entrer dans sa morale quand, par hasard, il s’avise d’en avoir une. […] Elle les empêche d’inventer, de créer et comme de produire. […] Riquet, mon ami, soyez béni, parce que vous empêchez le dernier livre de M. […] Non seulement il empêchait de trouver bon le roman romanesque, mais encore il le forçait à changer un peu de caractère.
De beaux cygnes qui nagent sur ces eaux sauvages, des bouquets de framboisiers qui croissent à l’abri d’un roc, sont là comme pour consoler le voyageur et l’empêcher d’oublier cette Providence, qui sait répandre des grâces et des parfums jusque sur ces affreuses contrées. […] « Je ne pus alors m’empêcher d’éprouver beaucoup d’anxiété en voyant combien mon entreprise était hasardeuse. […] Il vit une femme presque aveugle, et accablée de vieillesse, que ses parents portaient tour à tour, parce que l’âge l’empêchait de marcher. […] Ces autorités sont de quelque poids, sans doute, mais l’auteur des Essais répondrait avec raison que nous avons aujourd’hui de nouvelles lumières qui nous empêchent de penser comme Aristote, Cicéron, Tacite et Montesquieu. […] Cela n’empêche pas qu’à ses funérailles le peuple ne chantât des Te Deum, et n’insultât au cercueil : numquid cognoscentur mirabilia tua, et justitia tua in terrâ oblivionis ?
« Ce qui peut empêcher d’avoir du plaisir », et non ce qui en donne. […] Rodogune le déconcerte, le gêne, l’empêche de respirer librement. […] Mais je ne puis pas m’empêcher de le dire, pourquoi toujours Les Fourberies de Scapin, que nous connaissons à en être accablés ? […] Cela n’empêche pas tout l’épisode d’être merveilleusement écrit, et M. […] Certainement ce jeune homme comprenait tout ce qu’il nous lisait ; mais il avait fait la gageure de nous empêcher de le comprendre.
Un peu de cette ironie teinte encore les plus belles pièces du recueil des Fleurs du mal, et chez beaucoup de lecteurs, même des plus fins, la peur d’être dupes d’un fanfaron de satanisme empêche la pleine admiration. […] On est bien tenté, quand on raisonne ainsi, de dire aux prisonniers du train en marche : « Passez donc le temps comme vous voudrez. » Voilà l’indulgence du sage, qui ne peut s’empêcher de sourire devant l’inutile agitation des hommes. […] Enfin, pour que rien ne fût épargné à ce pessimiste des éléments inconciliables et qui empêchent une âme d’être en harmonie avec le monde et avec elle-même, l’éducation de Flaubert avait été double. […] La robe de cette femme flotte devant les yeux de Frédéric et l’empêche d’aimer vraiment ses maîtresses. […] L’absorption profonde l’en empêche.
C’est alors ou peu après, dans la préface de la Littérature considérée dans ses Rapports avec les Institutions sociales, qu’elle exprimait cette mâle pensée : « Quelques vies de Plutarque, une lettre de Brutus à Cicéron, des paroles de Caton d’Utique dans la langue d’Addison, des réflexions que la haine de la tyrannie inspirait à Tacite,… relèvent l’âme que flétrissaient les événements contemporains. » Et cela ne l’empêche pas au même moment de se rouvrir et de se complaire à toutes les amitiés de l’ancien monde, à mesure qu’elles reparaissent de l’exil. […] Mais, dans un morceau très-distingué et très-spirituel sur Benjamin Constant, que la Revue des Deux-Mondes a publié41, il a été donné, de Mme de Staël et de ses relations d’alors, une idée inexacte, assez conforme du reste à un préjugé répandu, et que pour ces motifs nous ne pouvons nous empêcher de rectifier. […] Vers le même temps, le Mercure en publiait un, signé F., mais tellement acrimonieux et personnel, que le Journal de Paris, qui, par la plume de M. de Villeterque, avait jugé le roman avec assez de sévérité, surtout au point de vue moral, ne put s’empêcher de s’étonner qu’un article écrit de ce style se trouvât dans le Mercure, à côté d’un morceau signé de La Harpe, et sous la lettre initiale d’un nom cher aux amis du goût et de la décence. […] Du moment qu’elle se sent saisie par la passion, par cette griffe de vautour sous laquelle le bonheur et l’indépendance succombent, j’aime son impuissance à se consoler, j’aime son sentiment plus fort que son génie, son invocation fréquente à la sainteté et à la durée des liens qui seuls empêchent les brusques déchirements, et l’entendre, à l’heure de mourir, avouer en son chant du cygne : « De toutes les facultés de l’âme que je tiens de la nature, celle de souffrir est la seule que j’aie exercée tout entière. » Ce côté prolongé de Delphine à travers Corinne me séduit principalement et m’attache dans la lecture ; l’admirable cadre qui environne de toutes parts les situations d’une âme ardente et mobile y ajoute par sa sévérité. […] Mme de Staël ne pouvait s’empêcher d’être plus que personne de cette nation-là.
Cela n’empêche pas que la direction suivie par ce génie et la physionomie des œuvres réalisées par lui nous soient rendues dans une large mesure plus intelligibles par la méthode de Taine. […] L’incinération empêcherait Hamlet de s’attarder avec les fossoyeurs. […] Peut-être cela prouve-t-il simplement que sa foi ne l’empêche pas de se bien porter et d’y voir clair. […] Sa tristesse romantique et sa septentriomanie ne l’empêchent pas d’être sensible à la beauté des formes. […] N’attache pas ton cœur à ce qui est passager… Si tu en as le pouvoir, sois généreux comme le palmier, et si tu en es empêché, sois libre comme le cyprès !
Il y avait en lui quelque chose de fébrile et de hâtif qui l’empêchait de se concentrer. […] Ce qui ne les empêchait pas, plus tard, de repasser devant ces mêmes lions l’épée au côté, le bicorne en tête et l’habit vert au dos. […] A ce propos, je ne peux m’empêcher de songer à une anecdote que j’ai entendu conter et à laquelle Faguet fait allusion. […] Rien ne nous empêche donc de goûter entièrement les Mémoires de Mistral. […] Cependant, ni leurs intrigues, ni leur accoutrement ne les empêche d’être fort majestueux en leurs fonctions.
Les préoccupations les plus graves ne l’empêchent pas de noter un geste de Lucien ou de Léon. […] L’histoire et la légende ont triomphé des réminiscences cornéliennes ou romantiques, ont empêché l’effort de se bander jusqu’à l’inhumain. […] Et pourtant ce malheur « gentil » l’empêcha longtemps d’épouser, elle aussi, le bien-aimé cousin. […] Son anti-sémitisme l’empêche de signer à la Fronde, mais elle doit y écrire sous quelque pseudonyme. […] Mais une fidélité respectable l’a empêchée de dire les choses intéressantes.
Son humilité ne l’empêche pas d’opposer les résistances les plus obstinées aux entreprises injustes des pouvoirs publics, des « grandeurs de chair ». […] L’abondance des grâces dont il plaisait à Dieu de me combler, écrit-il, et la paix dont il me remplissait étaient si grandes, que je ne pouvais presque m’empêcher de rire en toutes rencontres. […] Une fois qu’il est blessé : On m’appelle, dit-il, fils de Jupiter : mais cela n’empêche pas ma jambe de me faire diablement mal. […] Ce qui nous surprend, c’est de voir que vous voulez empêcher les hommes de les honorer. […] Racine, jeune, s’était révolté contre Port-Royal, parce que Port-Royal prétendait l’empêcher de chercher la gloire.
Toutefois, en accordant nos éloges absolus à cette partie de l’œuvre, nous ne pouvons nous empêcher de faire une observation. […] Ses vaillants patrons eux-mêmes, Amadis de Gaule, ou don Bélianis, ne pourraient s’empêcher de rire en le voyant ainsi tiraillé entre Merlin et Maritorne. […] Toutes les fois qu’il m’arrive de relire Poésie et vérité, je ne puis m’empêcher de songer que les réputations, comme les livres, ont leurs destinées. […] Nous ne les voyons pas, mais notre aveuglement n’empêche en rien leur existence, et ils continuent leurs promenades dans nos rues ou leurs visites dans nos maisons sans se soucier de savoir s’ils sont remarqués. […] On eût dit la production de quelque artiste de génie qui est tellement habitué à créer la beauté, que dans ses fantaisies les plus bouffonnes il ne peut s’empêcher de songer encore à elle.
Il est là pour empêcher que l’on n’aille à confondre avec la littérature les séductions d’une autre sorte qui valent à MM. Bernard et Grangé la faveur publique et pour empêcher que l’on n’appelle poésie les vers de M. […] On ne résiste pas à révolution : tel est notre temps ; et nous n’empêcherons pas la terre de tourner. […] Ce sont de pauvres gens, et qui seraient bien empêchés de n’être pas doctrinaires. […] Pour animer le récit d’une longue vie et pour empêcher le lecteur de s’y endormir, les romanciers sont obligés de combiner une intrigue et d’inventer de grands événements.
Cet amour du monde, des arts et de la spirituelle causerie, n’empêchait pas madame Sophie Gay d’avoir le goût de la nature. […] Balzac nous en donna un qu’eût approuvé Stendhal, mais que la pruderie moderne empêche de rapporter. […] Un domestique l’accompagne, pour empêcher que les molosses qui lui flairent les talons ne le dévorent. […] Il n’a que dix-huit mois, ayant été lancé à Rochefort lors de l’expédition d’Alger, ce qui ne m’a pas empêché d’avoir le mal de mer. […] Une houppelande doublée de peau d’ours dans laquelle nous nous étions enveloppé ne nous empêchait pas de claquer des dents sur le quai de Marseille, et nous ne sommes pas encore réchauffé !
Tissot, je n’y pus faire que deux leçons, ayant été empêché par une sorte d’émeute, née des passions et préventions politiques. […] En déchiffrant aujourd’hui cette écriture effacée du père, jetée à la hâte sur le premier chiffon venu, sur la garde d’une brochure dépareillée où se lit ce nom en guise d’envoi : « Au citoyen Sainte-Beuve, administrateur25 du département du Pas-de-Calais », je ne puis m’empêcher de me rappeler l’illustre écrivain le matin à sa toilette, griffonnant avec un crayon sur le coin d’un journal quelconque un fait, une idée, une phrase qui lui venait toute faite, et dont son esprit avait intérieurement désigné la place où il fallait l’introduire dans l’article en cours de composition. […] Il en est le couronnement et la fin. — Je rappellerai ici un autre article de lui (n° du 20 septembre 1830), de ce nouveau Globe, que je ne puis m’empêcher de citer.
Un point sans plus tenait le galant empêché : Il nageait quelque peu, mais il fallait de l’aide. […] Et qui m’empêchera de mettre en notre étable, Vu le prix dont il est, une vache et son veau, Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? […] Et tout cela a un but, qui est de prouver la morale, et d’empêcher les amants de se quitter.
Un de leurs rares orateurs politiques, le plus éloquent et le plus honnête, que l’envie nationale a toujours empêché de s’élever à la présidence de la république pour crime de supériorité, me disait un jour : « Notre liberté consiste à faire tout ce qui peut être le plus désagréable à nos voisins. » L’art d’être désagréable est leur seconde nature. […] À l’aspect de ces côtes blanchissantes, en face de cette ville opulente dont le patronage pouvait me payer de tant de peines, dont l’indifférence pouvait aussi me laisser languir dans l’indigence et l’oubli, je ne pus m’empêcher de ressentir une terreur et une anxiété profondes. […] Mais il saisit l’instant où la vieille femme nous tourne le dos, s’approche, s’abaisse, fixe sur moi un regard si ardent, si sombre, si profond, que je ne puis m’empêcher de tressaillir.
Libres l’un et l’autre, rien ne nous empêchait de songer à nous unir, si nos deux familles consentaient à notre union. […] Au premier regard, il paraissait évident que l’intérêt de la France serait de se poser en médiatrice entre les rois et les peuples, et d’empêcher les puissances étrangères d’intervenir, comme une haute police armée, à Naples, et bientôt à Turin, pour faire reculer le régime des institutions libres. […] On ne pouvait s’empêcher de chercher encore sur sa figure douce, fine, intelligente et passionnée, les traces de la beauté qui l’avait fait adorer dans un autre âge.
Néanmoins, comme on savait qu’il était de mes amis intimes, je ne pus m’empêcher de craindre ce qu’il pourrait m’en arriver. […] Les femmes surtout, qui sont destinées à soutenir et à récompenser l’enthousiasme, tâcheront d’étouffer en elles les sentiments généreux, s’il doit en résulter, ou qu’elles soient enlevées aux objets de leur tendresse, ou qu’ils leur sacrifient leur existence en les suivant dans l’exil. » XXXVI On ne peut s’empêcher de s’étonner et cependant de s’émouvoir des angoisses de cette femme, à qui le monde est ouvert, que sa maison, son père, ses enfants, sa patrie attendent, et qui se cramponne aux portes de Paris, comme si la terre et la vie allaient lui échapper avec l’horizon brumeux de cette ville ! […] Si le gémissement est disproportionné au malheur chez une exilée au sein de sa famille, de son opulence et de ses jardins dans l’Oasis enchantée du lac de Genève, on ne peut s’empêcher de reconnaître que madame de Staël, qui pouvait se relever de la proscription par une phrase d’éloge au despotisme, montra un véritable courage en la refusant.
Ce sont de pures hypothèses explicatives, comme celles de la physique, lesquelles n’empêchent pas qu’il n’y ait lieu ultérieurement d’en essayer d’autre. […] Les critiques ont raison ; qu’ils soient ou non les plus forts, cela ne les empêche pas d’avoir raison, et, s’ils succombent, cela prouve simplement que l’état actuel de l’humanité est loin d’être celui où la justice et la raison seront les seules forces réelles comme elles sont les seules légitimes. […] Elle le fait sortir de ses gonds, et, s’il n’est très intimement philosophe, il ne peut s’empêcher de concevoir quelque sentiment d’humeur contre ceux qui abusent ainsi de leur privilège contre sa délicate et faible voix.
Est-ce qu’empêché de sortir de sa condition par le poids, le nombre, et l’astreignante continuité des obligations qui l’y retiennent, « l’individu », serf ou seigneur, clerc ou laïque, moine ou baron, ne s’appartient pas à lui-même ? […] Et quand enfin, dans les dernières années du règne de Charles VII, ou sous Louis XI, la paix et la tranquillité renaissent, une ou deux exceptions n’empêchent pas je ne sais quelle lourdeur flamande ou bourguignonne de tout envahir, dans la littérature comme dans l’art, — voyez plutôt à Dijon le tombeau des ducs de Bourgogne, — et de tout écraser de son poids, que n’allège pas, qu’alourdirait plutôt l’étalage de la richesse. […] Et la poésie lyrique, empêchée dans son essor par les circonstances, n’a pas eu plus tôt ouvert ses ailes qu’elle a dû les replier, et en emprisonnant dans des poèmes d’une impersonnalité convenue la liberté de son inspiration, se rabattre aux lieux communs de la poésie « courtoise ».
L’étroite faculté de variation de l’Âne ou du Dindon, l’impossibilité où est le Renne d’endurer la chaleur, ou l’incapacité du Chameau à supporter le froid, ont-elles empêché leur domestication ? […] Durant la période barbare de l’histoire d’Angleterre, des animaux de choix ont été souvent importés, et des lois furent établies pour en empêcher l’exportation : on ordonna la destruction des Chevaux au-dessous d’une certaine taille, et l’on peut rapprocher une telle mesure du sarclage des plantes vogues par les horticulteurs. […] Quand les individus sont en petit nombre, tous, quelles que soient leurs qualités, réussissent à se reproduire, ce qui empêche l’action sélective de se manifester.
Un jour, Baron vint lui annoncer qu’un comédien de campagne, que la pauvreté empêchait de se présenter, lui demandait quelques légers secours pour aller joindre sa troupe. […] Cependant ces comparaisons de Plaute avec Molière, toutes à l’avantage du dernier, n’empêchent pas qu’on ne doive estimer ce comique latin, qui n’ayant pas la pureté de Térence, avait d’ailleurs tant d’autres talents, et qui, quoiqu’inférieur à Molière, a été, pour la variété de ses caractères et de ses intrigues, ce que Rome a eu de meilleur. […] Un homme supérieur, quand il badine, ne peut s’empêcher de badiner avec esprit.
Dans le journal rouge 56 faites une analyse si vous m’en trouvez digne ; mais, s’il se peut, le lendemain du jour où vous recevrez cette lettre, louez-moi tout bonnement dans le journal qui a une véritable dictature sur l’opinion publique57 ; louez le livre de manière à empêcher de persécuter l’auteur. […] Cela ne m’empêche pas de paraître fort serein devant les personnes qui m’entourent.
Je dirai presque qu’après avoir lu ces pages sur la mort de son vieil instituteur, on, ne peut s’empêcher de penser que Tocqueville avait la sensibilité trop vive et trop tendre, le cœur trop gros pour un philosophe. […] Le vice de l’ouvrage n’est pas dans tel chapitre en particulier, il est dans la monotonie du sujet et le peu d’art qui m’a empêché de combattre cette monotonie naturelle : on ne peut juger un semblable défaut qu’en lisant le livre d’une haleine.
Buonaparte opprimait la pensée par des mesures de police arbitraires, mais une sorte de pudeur l’empêcha toujours de transformer en ordre légal le système de tyrannie qu’il avait adopté. […] Entre les disciples les plus chers de M. de La Mennais, il en est deux surtout dont la destinée se lie à la sienne, et qu’on ne peut s’empêcher de nommer à côté de lui.
J’ai noté les inexpériences inévitables au début, même de la part d’une pensée si ferme et si nourrie : ce qui n’empêche pas ce petit écrit d’être supérieur et de rester à beaucoup d’égards excellent. […] Ces nombreux travaux ne l’ont pas empêché de poursuivre comme son œuvre essentielle l’Histoire de la Réformation, qui s’est encore plus enrichie que ralentie, nous assure-t-on, de tant de stations préliminaires, et qui, tout permet de l’espérer, couronnera dignement une carrière déjà si remplie.
Il faut encore que vous empêchiez une chose, qui est que cent contes que quelques méchants railleurs de votre cour font de moi ne soient sus par la personne qui y a intérêt, car cela feroit le même effet que le reste. […] Cela ne m’empêchera pas de vous conjurer d’avoir de l’amitié pour une personne de qui vous êtes chèrement aimé. — Brûlez ma lettre : il est important pour moi. » Malgré les quelques obscurités qu’on y roudrait éclaircir, une telle, de la part d’une jeune femme de dix-neuf ans, ne laisse pas d’être significative.
Quoi qu’il en soit, le but moral de Phèdre est hors de doute ; le grand Arnauld ne put s’empêcher lui-même de le reconnaître, et ainsi fut presque vérifié le mot de l’auteur « qui espéroit, au moyen de cette pièce, réconcilier la tragédie avec quantité de personnes célèbres par leur piété et par leur doctrine. » Toutefois, en s’enfonçant davantage dans ses réflexions de réforme, Racine jugea qu’il était plus prudent et plus conséquent de renoncer au théâtre, et il en sortit avec courage, mais sans trop d’efforts. […] Je compte les miennes pour rien ; mais votre mère et vos petites sœurs prioient tous les jours Dieu qu’il vous préservât de tout accident, et on faisoit la même chose à Port-Royal. » Et plus bas : « M. de Torcy m’a appris que vous étiez dans la Gazette de Hollande : si je l’avois su, je l’aurois fait acheter pour la lire à vos petites sœurs, qui vous croiroient devenu un homme de conséquence. » On voit que madame Racine songeait toujours à son fils absent, et que, chaque fois qu’on servait quelque chose d’un peu bon sur la table, elle ne pouvait s’empêcher de dire : « Racine en auroit volontiers mangé. » Un ami qui revenait de Hollande, M. de Bonnac, apporta à la famille des nouvelles du fils chéri ; on l’accabla de questions, et ses réponses furent toutes satisfaisantes : « Mais je n’ai osé, écrit l’excellent père, lui demander si vous pensiez un peu au bon Dieu, et j’ai eu peur que la réponse ne fût pas telle que je l’aurois souhaitée. » L’événement domestique le plus important des dernières années de Racine est la profession que fit à Melun sa fille cadette, âgée de dix-huit ans ; il parle à son fils de la cérémonie, et en raconte les détails à sa vieille tante, qui vivait toujours à Port-Royal dont elle était abbesse25 ; il n’avait cessé de sangloter pendant tout l’office : ainsi, de ce cœur brisé, des trésors d’amour, des effusions inexprimables s’échappaient par ces sanglots ; c’était comme l’huile versée du vase de Marie.
En effet, la seconde nuit à la première, et l’obligation de toujours bien dire l’empêche de dire tout ce qu’il faudrait. […] Avant 1750, on en trouve quelque chose dans Gil Blas et dans Marianne (Mme Dufour la lingère et sa boutique). — Par malheur le travestissement espagnol empêche les romans de Lesage d’être aussi instructifs qu’il le faudrait.
Scoroncocolo l’empêcha de franchir le seuil et lui porta un coup de son poignard au visage. […] Maintenant que nous n’avons plus celui qui fut le premier auteur d’un travail d’érudit, mon ardeur à écrire s’éteint, et je n’ai presque plus ce grand bonheur que me donnait l’étude des anciens ; cependant, si vous avez un si vif désir de connaître mon malheur, et comment s’est montré ce grand homme dans les derniers actes de sa vie, bien que je sois empêché par mes larmes, et que mon esprit recule même devant un souvenir qui doit renouveler ma douleur, je cède cependant à vos si vives et si honnêtes instances ; et je ne veux pas manquer à l’amitié qui nous unit.
Montaigne, en somme, fait de sa langue le même emploi que tous ses contemporains : il suit son besoin, et ne sent encore aucune règle qui l’empêche d’y satisfaire. […] Son scepticisme, c’est le secret de vivre à l’aise au milieu des guerres civiles, et le secret d’éteindre les guerres civiles, qui empêchent de vivre à l’aise.
Amour-propre, esprit de domination, intolérance, idées réactionnaires en politique, ultramontaines en religion, théories larges et incohérentes, pratique souvent étroite et dure, raison flottante, logique douteuse, fureur d’avoir le dessus plutôt que d’avoir raison : tout cela est dans Fénelon ; et cela n’empêche pas de l’aimer ; tout cela n’empêche pas même de lui trouver un certain air libre et libéral, qui le rapproche de nous.
Les romantiques n’ont pas réussi peut-être à faire vivre leur drame : ils ont réussi du moins à empêcher la tragédie de vivre. […] On ne peut s’empêcher d’être dégoûté de voir tout acte de probité, de bonté, de dévouement, inévitablement payé en argent, d’une grosse dot ou d’un bel héritage.
Rien n’empêche d’ailleurs qu’un drame parfait soit par surcroît une œuvre de belle littérature : on en a vu des exemples aux deux derniers siècles et de nos jours. […] Et il serait fort empêché de se placer au point de vue des habiles, car ils en ont plusieurs.
Car ici les rancunes personnelles, les préjugés révolutionnaires, même les dédains de dilettante empêcheraient d’être clairvoyant et juste. […] L’Église souffre ce qu’elle ne peut empêcher : elle consent que les fidèles, qui ne sont que le troupeau, se composent un mélange de morale humaine et de morale chrétienne ; elle ne leur demande que d’accepter ses dogmes en bloc et d’observer certaines pratiques.
Le poète nous explique en cinq ou six cents vers que la Révolution ne pouvait se faire que par l’échafaud, mais que, maintenant qu’elle est faite, il ne faut plus verser de sang Il croit au progrès, à la future fraternité des hommes Il maudit les rois et les empereurs Cela ne l’empêche pas de dire ensuite à Dieu : « Seigneur, expliquons-nous tous deux », et de lui demander pourquoi « il laisse mourir Rome », c’est-à-dire la civilisation latine, et grandir « l’Amérique sans âme, ouvrière glacée ». […] Ils m’empêchent de sentir sa poésie »… La demi-douzaine d’idées et de sentiments que j’énumérais tout à, l’heure, songez qu’il les a développés en cinquante ou soixante mille vers.
Anatole France ; au lecteur du Mercure, Remy de Gourmont… Et, pourtant, je crois que si les « équivalents » de Sainte-Beuve ou de Gourmont existent aujourd’hui dans la critique littéraire, rien ne les empêche de prendre la même place et d’obtenir du public la même faveur que leurs devanciers. […] Tout créateur possède, avec le don d’imaginer, c’est-à-dire de voir, le don de critiquer, c’est-à-dire de situer à son plan ce qu’il a vu. — Pour quoi le succulent gnômique de l’Art poétique et délicieux chanteur du Lutrin ; pour quoi l’immense Baudelaire réalise des critiques de premier ordre ; pour quoi tant d’extravagances dans Shakespeare de ce dadais épique de Hugo, n’empêchent qu’on ne le déguste avec plus de plaisir et de fruit que l’œuvre entier du petit bonhomme envieux, Sainte-Beuve, consacré tout à rapetisser les Lettres.
Il fallait empêcher que ces saints ne faillissent, premièrement pour ne pas laisser voir de contradiction entre leur croyance et leur vie, et secondement, pour ne pas diminuer le troupeau en rejetant parmi les réprouvés ceux dont la conduite aurait démenti la doctrine. […] Tout vient de sa raison souvent émue par la grandeur des vérités religieuses, souvent trompée par l’intérêt de ce moi qu’il croyait avoir dépouillé, parce qu’il avait réduit son corps aux seuls soins qui pussent empêcher la mort immédiate.
* * * Jean de Tinan nous a donné pour raisons de la passivité indolente de ses contemporains : l’excès de fatigue qui ne leur permet plus d’appareiller pour les aventures du large13 et l’excès de lucidité qui les empêche de s’y leurrer. […] Il juge la morale, simple affaire de convention, de mode, et de préjugé, nuisible surtout à l’œuvre d’art, ce qui ne l’empêche pas de condamner, en son nom, les « mauvaises mœurs » à travers les écrits de son temps.
Il est agréable de faire passer aux yeux des hommes ce manque d’intelligence qui nous empêche de saisir la vérité pour une pénétration merveilleuse d’esprit, qui nous révèle des motifs de doute inconnus et inaccessibles au reste des hommes 193 » En se posant au-delà de tout dogme, on peut à bon marché jouer l’homme avancé, qui a dépassé son siècle, et les sots, qui ne craignent rien tant que de paraître dupes, renchérissent sur ce ton facile. […] Mais je ne puis m’empêcher de dire que, pour une grande partie de la jeunesse aristocratique, le catholicisme n’est qu’une forme du scepticisme et de la frivolité.
Tous ceux qui vous entendroient parler ainsi ne pourroient s’empêcher de dire : Voilà un Médecin habile & charitable ; & moi, malade, quand je serois guéri, je rougirois de ma frénésie, & vous remercierois de vos soins. […] Mais les sarcasmes, les invectives, les déclamations de la Philosophie moderne contre la puissance & la grandeur, n’empêchent pas que les Philosophes ne trouvent des Grands & des Gens en place qui les protegent, qui les honorent, qui les caressent, & qui emploient quelquefois leur crédit pour imposer silence à leurs Adversaires.
Il débute par lui confier, pour la remettre à un tribunal, s’il est tué dans le combat, la lettre qui empêchera l’ingénieur d’épouser sa veuve. […] C’est ici que se place, à mon sens, la véritable énormité de la pièce, celle qui a empêché d’apprécier la belle scène qui la termine, parce que cette scène en sortait.
On ne peut contenter tout le monde et son père ; il l’éprouva dans son administration et dut se le redire bien souvent ; ce qui n’empêcha point que, le lendemain de sa démission, il ne fût universellement regretté de tous les gens de lettres. […] Notez bien que l’irascibilité de d’Alembert ne l’empêche pas de demander à M. de Malesherbes, quelques mois après, une permission tacite pour imprimer à Lyon (sons la rubrique de Genève) ses Mélanges de littérature.
Je ne puis m’empêcher de le donner ici presque en entier, après celui de Condé, qu’on vient de lire : Henri de La Tour, vicomte de Turenne, était d’une taille médiocre, large d’épaules, lesquelles il haussait de temps en temps en parlant ; ce sont de ces mauvaises habitudes que l’on prend d’ordinaire, faute de contenance assurée. […] Bussy, par un reste de mauvaise habitude, ne pouvait s’empêcher, même dans l’exil, dans la solitude, d’afficher ses amours et ses vengeances.
Yvan, aïeul de Paul, fait mettre une femme à la torture avant de la faire coucher dans son lit, fait pendre une nouvelle mariée et met le mari en sentinelle à côté pour empêcher qu’on ne coupe la corde, fait tuer le père par le fils, invente de scier les hommes en deux avec un cordeau, brûle lui-même Bariatinsky à petit feu, et, pendant que le patient hurle, rapproche les tisons avec le bout de son bâton. […] Procope est préfet, et, qui plus est, et par décret, Illustre (cela ne l’empêche pas de trahir) ; Bossuet est évêque, Fleury est prieur prélat d’Argenteuil, Karamsin est sénateur, Cantemir est prince.
Cependant il ne pouvait pas s’empêcher de songer à Marot quand il faisait des contes ou quand il parlait des contes qu’il avait écrits, et dans la préface de son second recueil de Contes, Marot est encore nommé avec révérence. […] Je ne puis pas m’empêcher de vous dire en terminant une petite anecdote qui ne m’est pas tout à fait personnelle, mais qui est de mon domestique et dont je suis sûr, puisque j’en ai été témoin.
Thucydide en explique la raison en nous apprenant que la crainte des pirates empêcha longtemps les peuples grecs d’habiter sur les rivages . […] Mais quand on accorderait ce privilège aux Romains, il faudrait convenir que leurs traditions ne présentent que des souvenirs obscurs, que des tableaux confus, et qu’avec tout cela la raison ne peut s’empêcher d’admettre ce que nous avons établi sur les antiquités romaines.
Cela ne l’empêcha pas de demander en partant d’autres grâces : On me presse de partir, écrit-il à la dernière page de son journal (octobre 1733), et j’ai donné au garde des sceaux un mémoire, par lequel je demande, avant que de partir, des grâces distinguées qu’il est aisé de deviner : et le 19, M.
Ce sentiment contradictoire entre lui et nous, qui affecte le ton général de l’ouvrage et perce en mille détails, n’est pas fondamental pourtant, puisqu’il n’empêche pas sa raison de rencontrer aux endroits capitaux la nôtre ; mais nous en avertissons expressément, parce que des lecteurs peu attentifs pourraient prendre le change et repousser à première vue, sur quelques mots blessants, un livre où il y a beaucoup à gagner pour toutes les classes d’esprits sérieux et sincères.
Elle vous empêche d’être politique, homme d’État, homme du monde, homme de famille, joyeux compagnon.
On ne peut s’empêcher de penser, à bien regarder la situation de la France au sortir du ministère du cardinal de Fleury, que si le duc de Choiseul et Mme de Pompadour elle-même n’étaient venus pour s’entendre, et redonner quelque consistance et quelque suite à la politique de la France, la révolution, ou plutôt la dissolution sociale, serait arrivée trente ans plus tôt ; tant les ressorts de l’État étaient relâchés !
Les secours furent insuffisants et intempestifs ; des ordres contradictoires arrivèrent à la fois des deux petites cours rivales, et déconcertèrent les opérations commencées ; en deux conjonctures tristement mémorables, à Quiberon et à l’Ile-Dieu, de misérables scrupules de vanité empêchèrent d’adopter le genre de guerre qui convenait le mieux à la nature de la contrée et aux habitudes des paysans.
Le Directoire, en prévenant ce moment, et en la réprimant à propos, empêcha la guerre civile ; et s’il se remit sous l’égide de la puissance militaire, il subit une triste mais inévitable nécessité.
Quant à leur propre doctrine à eux, la voici : Laissons-nous aller, disent-ils avec Molière, laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d’avoir du plaisir.
C’est ce désir qui m’a empêché de me tuer… J’étais un autre, et je haïssais, je méprisais cet autre ; il m’était absolument odieux ; il est certain que c’était un autre qui avait revêtu ma forme et pris mes fonctions. » Ici, il faut distinguer.
Un vigoureux sens des réalités soustrait l’œuvre aux dangers de la thèse, et l’empêche de s’évanouir dans l’abstraction comme de se dessécher dans le symbole.
Je trouvai que ce n’était pas mal : la méfiance que m’inspirait l’admiration débordante du vieux Flaubert m’empêcha de voir que c’était même très bien.
Aujourd’hui, une hypothèse ne nous paraîtra plus absurde, parce qu’elle nous oblige à imaginer des objets beaucoup plus grands ou beaucoup plus petits que ceux que nos sens sont capables de nous montrer, et nous ne comprenons plus ces scrupules qui arrêtaient nos devanciers et les empêchaient de découvrir certaines vérités simplement parce qu’ils en avaient peur.
N’empêche que le gros du public en demeura impressionné et que nombre de lecteurs qui commençaient à se résigner à leur formule, en prirent prétexte pour s’en écarter définitivement.
Ainsi, il est évident que quand une philosophie aussi savante et aussi éloquente que celle de Job nous apparaît tout à coup avec le livre qui porte ce nom dans la Bible, cette sagesse, cette expérience, cette éloquence, ne sont pas nées sans ancêtres du sable du désert, sous la tente d’un Arabe nomade et illettré ; il est également évident que quand un poète comme Homère apparaît tout à coup avec une perfection divine de langue, de rythme, de goût, de sagesse, aux confins d’une prétendue barbarie, il est évident, disons-nous, qu’Homère n’est pas sorti de rien, qu’il n’a pas inventé à lui seul tout un ciel et toute une terre, qu’il n’a pas créé à lui seul sa langue poétique et le chant merveilleusement cadencé de ses vers, mais que derrière Job et derrière Homère il y avait des sagesses et des poésies dont ces grands poètes sont les bords ; littératures hors de vue, dont la distance nous empêche d’apprécier l’étendue et la profondeur.
Le pauvre philosophe s’en est rapporté à l’innocence de ses démarches, et a méprisé des propos qui auraient empêché un autre que lui de faire le bien.
Le génie, loin d’empêcher qu’on ne voïe ces fautes, les fait même appercevoir.
Quant aux avis des personnes intelligentes, il est vrai qu’ils peuvent empêcher les peintres et les poëtes de faire des fautes ; mais comme ils ne suggerent pas les expressions ni la poësie du stile, ils ne sçauroient suppléer au génie.
Brunetière, que cela ne les empêchait point d’être de bons écrivains, parce que tout cela n’a qu’une importance secondaire dans l’art d’écrire.
Mais, sous le masque enflé du déclamateur et du menteur, il y a le froid qui nous empêche d’être dupe, il y a tous les défauts des mauvais lyriques.
— je ne sais quelle grâce méprisante qui l’empêchera de tomber jamais dans les hautes niaiseries du pédantisme contemporain : « Cela est assez ignoble pour être historique », est un mot qui le révèle.
Mais c’est précisément l’ennui qui s’exhale de cette publication incompréhensible, qui pourrait empêcher d’achever le meurtre qu’une spéculation assassine est en train d’accomplir sur Madame Sand et sur sa mémoire.
La meilleure preuve de cette impuissance critique, c’est cette comparaison qu’il fait, et dont nous avons déjà parlé, du livre de Tourgueneff et du célèbre roman de madame Beecher-Stowe, dont les lauriers d’or empêchent, peut-être, bien des éditeurs de dormir.
Léon de Wailly, sous la rubrique où vous reconnaissez ce que, plus haut, nous appelions le cant de la plaisanterie : « Modeste proposition — nous dit Swift — pour empêcher les enfants des pauvres d’Irlande d’être à charge à leurs parents ou à leur pays et pour les rendre utiles au public.
Saint Thomas d’Aquin ne serait donc qu’un tome second d’Aristote, si le théologien, l’homme de la science surnaturelle, ne le frappait pas tout à coup d’une différence sublime, — empreinte éternelle qui empêchera désormais les siècles de confondre cette tête rase de moine avec la tête aux cheveux courts de la médaille du Stagyrite.
IV L’idéal entrevu, auquel je n’ai pas renoncé tant que Beauvoir vivra, m’a empêché d’appuyer sur tous les détails d’un talent que j’aime trop peut-être, et avec lequel, pour cette raison, je crains de manquer de force et de justice.
Preuve, cette pièce de L’Enfant dans les blés que sa longueur nous empêche de pouvoir citer toute : Vois briller sa grosse joue !
Je ne puis m’empêcher de les citer, ces vers qui nous vengent et qui refont, en quelques traits puissants, l’éternelle hiérarchie bouleversée ; — Eh bien, non !
Cette rigueur des formules d’actions eût empêché les duumvirs, nommés pour juger Horace, d’absoudre le vainqueur des Albains quand même il se serait trouvé innocent.
Mais comme tout devait s’y ramener à l’urne du sort ou à la balance, la Providence empêcha que le hasard ou la fatalité n’y régnât en ordonnant que le cens y serait la règle des honneurs, et qu’ainsi les hommes industrieux, économes et prévoyants plutôt que les prodigues ou les indolents, que les hommes généreux et magnanimes plutôt que ceux dont l’âme est rétrécie par le besoin, qu’en un mot les riches doués de quelque vertu, ou de quelque image de vertu, plutôt que les pauvres remplis de vices dont ils ne savent point rougir, fussent regardés comme les plus dignes de gouverner, comme les meilleurs120.
Et l’art n’empêche pas l’émotion ; je ne dis pas qu’il la seconde : il lui est docile. […] Pour les réduire à l’impuissance, pour les empêcher de retarder les destinées humaines, il n’y a qu’un moyen : la guerre. […] La monarchie agonisante fit, pendant les premiers mois de 1792, les plus grands efforts pour empêcher que cette faute fût commise. […] Il écarte l’herbe et les broussailles qui empêcheraient de lire sur la pierre « Jenny Potterat ». […] La raison vaut qu’on se fie à elle, pour empêcher les égarements de l’esprit et les égarements du cœur.
Envers leur journal, et pour servir la vérité, — cette vérité que l’hypnotisme de ce journal les a sans cesse empêchés de voir ! […] Certes, cette improvisation n’empêche pas son génie, mais l’aide-t-elle ? […] La véritable humanité consiste à frapper sévèrement les coupables avérés, pour empêcher leurs nouveaux forfaits. […] La largeur d’esprit d’un Goethe a-t-elle empêché qu’il ne se trompât sur la qualité respective des poèmes de Béranger et de Hugo ? […] Aucune force au monde n’abolira la Famille, et aucun despotisme n’empêchera le père et la mère d’épargner pour leurs enfants.
Seule, elle pouvait l’empêcher de se défaire. […] L’esprit de système l’en a empêché. […] A cette minute même et devant ce monument, je ne peux m’empêcher de me demander s’il nous eût permis de l’honorer ainsi publiquement. […] Elles étaient déjà toutes composées dans son esprit, et puis la précoce disparition du grand psychiatre, qui était aussi un grand lettré, a empêché ce projet d’aboutir. […] L’empêcher, maintenir en Europe l’équilibre rétabli, la France s’y est toujours efforcée, à quel prix hier encore.
De même que le second principe empêche que deux contradictoires soient posées ensemble, ainsi le troisième empêche qu’elles soient abolies ensemble. […] Mais, dans la mécanique concrète, laquelle est déjà de la physique, puisque tout travail engendre de la chaleur, le frottement empêche la réversibilité. […] Déjà la forme négative du principe de Clausius empêche que ce principe n’engendre une détermination complète. […] Considérons le capital et le travail : la différence qui les sépare ne les empêche pas de se combattre. […] La philosophie antique, dans ses manifestations classiques, repose sur un dualisme qui empêche le déterminisme d’être absolu.
Ainsi chaque regard que nous jetons sur la carrière épique nous fait voir qu’elle nous était fermée : une barrière trop forte nous empêchait d’y suivre les muses grecques et latines. […] Cela n’empêche pas qu’il n’y ait dans les secrets de Raphaël bien des choses qui ne s’apprennent pas, et qui ne soient au-dessus de l’art. […] Les lumières d’un docte littérateur qui nous y a devancés nous éclaireront très bien : il nous met dans la main le fil, ou plutôt les trois fils qui nous empêcheront de nous perdre. […] La réponse même du Dieu témoigne l’absurde qui gâte la fiction, et qui empêche d’y croire. […] Son talent ne fût pas tombé dans mille écarts qui le forcèrent à revenir en sens contraire sur tous ses pas, s’il eût appuyé sa marche d’un système exact et régulier, qui seul empêche de s’égarer dans les études littéraires.
Ce souffle imperceptible avait suffi pour empêcher Kondrate d’entendre nos cris. […] Ephrem se mit à sa poursuite, et pendant toute une verste lui caressa le dos avec son bâton. « C’est dommage, dit-il après, que je ne l’aie pas empêché de manger gras », car l’affaire se passait à la fin du carême de saint Philippe. […] Je m’approchai : il était assis sous un sapin ; il avait fait un petit feu de bois vert ; une épaisse fumée blanche était entrée dans les branches de sapin, et empêchait la pluie d’y tomber. […] Le grave Yégor ne put s’empêcher de sourire aussi. […] Elle professait un culte pour Marpha Timoféevna, qui, de son côté, l’aimait infiniment, ce qui ne l’empêchait pas de la taquiner de temps en temps sur la sensibilité de son cœur ; car elle avait un faible pour les jeunes gens, et la plaisanterie la plus innocente la faisait rougir comme une petite fille.
Il fallut l’intervention d’un officier pour l’empêcher d’aller jusqu’en Bohême. […] M. de Bonald aperçut un exemplaire de la Théorie du pouvoir qui surnageait au milieu de ce cataclysme, à côté d’un ouvrage obscène ; il ne put s’empêcher de s’écrier : — « Pardieu ! […] Le canon des Invalides, annonçant de nouvelles victoires, affermissait la première en constatant la seconde, et empêchait de remarquer le silence auquel étaient condamnées à l’intérieur toutes les voix, hors celle de l’empereur. […] » quelqu’un ne put s’empêcher d’ajouter : « Pas du temps des empereurs ! […] Ces divisions devaient lui être utiles tant qu’il réussirait à les empêcher d’aller trop loin, et qu’il laisserait à chacune des deux écoles la pensée qu’il était son rempart contre l’hostilité de l’autre.
Kobus choisit une belle nappe damassée, et l’étendit sur la table soigneusement, passant une main dessus pour en effacer les plis, et faisant aux coins de gros nœuds pour les empêcher de balayer le plancher. […] » Un jour, Sûzel ayant eu l’idée de chercher en ville une poitrine de veau bien grasse, et de la farcir de petits oignons hachés et de jaunes d’œufs, et d’ajouter à ce dîner des beignets d’une sorte particulière, saupoudrés de cannelle et de sucre, Fritz trouva cela de si bon goût, qu’ayant appris que Sûzel avait seule préparé ces friandises, il ne put s’empêcher de dire à l’anabaptiste, après le repas : « Écoutez, Christel, vous avez une enfant extraordinaire pour le bon sens et l’esprit. […] » Et Fritz, la voyant ainsi, fraîche et souriante, ses grands yeux bleus écarquillés d’un air naïf, et sa petite bouche entr’ouverte laissant apercevoir de jolies dents blanches, Fritz ne put s’empêcher de faire la réflexion qu’elle était appétissante comme une assiette de fraises à la crème. […] Au même instant, Schoûltz amenait une petite femme rondelette, du plus beau roux qu’il soit possible de voir, mais gaie, souriante, et qui lui sauta brusquement au coude, comme pour l’empêcher de s’échapper.
La vaine déclamation qu’il y mêle, par fausse chaleur on par flatterie, n’empêche pas de sentir ce que ce portrait a, pour l’époque, de vrai et de vivant. […] L’esprit de faction empêchait le développement de l’esprit de société, lequel est l’âme de la comédie. […] Pour les Femmes savantes, s’il ne dit pas tout d’abord à Molière que sa pièce était très bonne, « c’est qu’il avait dans l’esprit autre chose qui l’avait empêché de l’observer à la première représentation. » Une approbation qui se faisait ainsi attendre n’en était que plus précieuse ; outre l’autorité d’un jugement porté avec réflexion, elle vengeait le poète du plaisir que s’étaient fait à l’avance les Trissotins et les Bélises de le voir désapprouvé. […] La liaison de Mme de Sévigné avec Fouquet, peut-être la défiance du bel esprit, qu’il n’aimait pas plus que l’esprit de faction, l’empêchèrent de goûter le plus aimable génie de son époque.
Les analogies de l’hypnotisme avec le sommeil n’empêchent pas les différences. […] Leur principal argument était tiré de l’oubli au réveil ; mais cet oubli, — qui d’ailleurs n’est pas constant et peut être artificiellement empêché, — ne prouve nullement qu’il n’y ait eu aucun état mental pendant le sommeil hypnotique, pas plus qu’il ne prouve la complète absence de rêves pendant le sommeil ordinaire. […] On dit à un sujet hypnotisé qu’il ne peut pas se lever de la chaise où il est assis, et il lutte en vain pour le faire ; on fléchit le bras d’un jeune garçon et on lui offre une pièce d’or pour l’étendre : il fait effort jusqu’à en devenir rouge à la face, mais l’idée de la toute-puissance de l’hypnotiseur et de l’impossibilité d’une résistance subsiste, avec ses effets de contraction tétanique, sous l’effort accompli pour résister, et elle empêche le succès de cet effort. […] De même qu’on produit, par la suggestion de l’idée, les effets d’un vésicatoire, de même on peut, par suggestion, empêcher les effets d’un vésicatoire réel et le développement des phlyctènes.
Je ne puis toutefois m’empêcher de lui dire : « Sauf pour votre mort, plus de remise, ou je renonce au banquet ! […] Sur quoi, l’autre lui rappelant sa conversation d’une heure avant, Tolstoï lui disait « qu’il n’avait pas de mission pour empêcher le mal ». […] La traduction de la lettre m’apprenait que cette poudre, vendue très cher là-bas par les prêtres, était de la poudre qui, prise avant de mourir, empêchait la rigidité du cadavre après la mort. […] En sortant de cette exposition, comme je ne pouvais m’empêcher de répéter tout haut dans la rue : « Le délire… le délire de la laideur !
Bien que la nature vivante ne nous offre actuellement dans la famille des Lémuridés aucune forme qui soit adaptée seulement pour se soutenir dans l’air, et qui présente des caractères intermédiaires rattachant le Galéopithèque aux autres espèces du groupe, cependant rien n’empêche d’admettre que ces espèces de transition n’aient existé à des époques antérieures à la nôtre, et que chacune d’elles ne se soit formée successivement en passant par les mêmes degrés d’organisation que les Écureuils volants actuels, chacun de ces progrès de structure accomplis dans leur organe du vol ayant dû être utile aux individus chez lesquels il s’est d’abord manifesté. […] Les Cirripèdes pédonculés ont déjà subi beaucoup plus d’extinctions d’espèces que les Cirripèdes sessiles ; si les premiers étaient tous éteints, qui jamais se fût imaginé que les branchies des seconds eussent existé originairement chez les premiers sous la forme d’organes destinés à empêcher leurs œufs d’être emportés du sac par l’action des eaux ? […] En ce cas, toute déviation ou déformation nuisible, qui aurait pu ou pourrait actuellement provenir dans leur structure, serait empêchée ou arrêtée par la sélection naturelle. […] L’un de ces ordres éteints et inconnus a pu être l’origine de l’ordre fossile des reptiles volants, dont un représentant tardif, le Ptérodactyle, se serait conservé jusque dans les dépôts de l’époque secondaire ; bien que rien n’empêche de croire que l’origine de ce genre ne soit relativement plus récente et qu’il procède directement de quelque reptile terrestre modifié, comme l’est encore aujourd’hui le Dragon volant, ou plutôt comme les Chauves-Souris par rapport aux Mammifères.
Ce qui, du reste, ne l’empêchait pas de s’introduire dans les établissements d’éducation religieuse ou laïque. […] Ce qui ne les empêche pas de continuer leur état. […] En somme, deux motifs empêchent les naturalistes de faire des ouvrages moraux l’hérédité fatale et l’élimination de l’idéal. […] Il est certain que lorsque le théâtre nous représente une action héroïque, une action sublime, que nous qualifierions volontiers de surhumaine, peut-être n’y a-t-il pas dans la salle, fût-elle comble, une seule personne susceptible d’en être l’auteur, ce qui n’empêche pas que tous, unanimement, s’enthousiasment et admirent ce que très probablement ils ne seraient capables de faire.
Rien pourtant ne saurait m’empêcher de dire que ses notices sont spirituelles, étudiées, exprimant des jugements ou des impressions qui sont bien à lui, et qui se revêtent d’un tour piquant.
Il n’empêche aucun malheur ni aucune faute.
Pour mieux m’expliquer là-dessus, je n’ai qu’à transcrire les lignes suivantes que je trouve dans un volume inédit de Pensées : « Quand on critique aujourd’hui un auteur, un poëte, un romancier, il semble qu’on lui retire le pain, qu’on l’empêche de vivre de son industrie honnête, et l’on est près de s’attendrir alors, de ménager un écrivain qui ne produit que pour le vivre et non pour la gloire.
L’Académie française a mis au concours cette question : « De la nécessité de concilier dans l’histoire critique des lettres le sentiment perfectionné du goût et les principes de la tradition avec les recherches érudites dites et l’intelligence historique du génie divers des peuples » ; et, bien que les concurrents aient évidemment peu de foi dans cette nécessité, puis que, d’année en année, le prix ne se décerne point, nous ne pouvons-nous empêcher d’admirer avec joie la foi de l’Académie elle-même dans cette nécessité non douteuse ; car, voyez !
Si la Comédie-Française nous donnait une bonne pièce, je me connais, je ne pourrais pas m’empêcher de le dire.
Cela n’eût pas suffi toutefois pour empêcher la confusion de s’introduire dans la comédie, si les péripéties n’en avaient été réglées d’avance.
Il n’importe, cela ne doit pas nous empêcher de le conduire en prison.
Une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusques dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe, le huitième décembre 1694. » Arlequin enterré derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge ; Scaramouche inhumé dans l’église Saint-Eustache en grande pompe ; on ne peut s’empêcher, en lisant ces mots, de songer au convoi de Molière, qui n’avait pas eu le temps de renoncer au théâtre, et qui fut conduit silencieusement, à neuf heures du soir, tout droit au petit cimetière de Saint-Joseph : contraste pénible et sujet d’immortel regret.
Tout cela n’empêchait pas Renan de demeurer indifférent et de déclarer : « Les Décadents et les Symbolistes sont des enfants qui se sucent le pouce.
Dans nos civilisations affairées, le souvenir de la vie libre de Galilée a été comme le parfum d’un autre monde, comme une « rosée de l’Hermon 504 », qui a empêché la sécheresse et la vulgarité d’envahir entièrement le champ de Dieu.
Si les Ecrivains dont nous relevons les défauts, nous faisoient cette question, nous pourrions leur répondre : La crainte d’en faire qui ne valussent pas mieux que les vôtres, nous a empêchés d’en donner au Public : la connoissance que nous avons des qualités indispensables pour un bon Ouvrage, nous détermine à censurer les vôtres.
Abailard, jaloux de conserver une bonne réputation, d’empêcher que sa croyance ne devint suspecte, mit alors le public au sait de ses véritables sentimens.
Son exercice de la Comédie ne l’empêchait pas de servir le Roi dans sa Charge de Valet de Chambre où il se rendait très assidu.
Quelques philosophes du nôtre ont trouvé que le piétisme l’avoit empêché d’élever son génie aux sublimes vérités de la morale.
Rousseau n’en est pas exempt, sera fort utile à son livre ; il empêchera vraisemblablement les dévots de cries contre lui autant qu’ils l’auraient fait.
M. de Bonald n’est donc pas venu pour faire entrer dans la société une vérité nouvelle ; mais il est venu pour empêcher une vérité ancienne de sortir de la société.
C’est ce style faux, guindé, prétentieux, plein de cailletage, mortel à la gaieté, qu’il veut inspirer, et dont la sécheresse n’empêche pas la prolixité.
… Et quelle notion prise dans ce Christianisme, repoussé par la Chine, empêcherait d’admettre aujourd’hui l’impossibilité d’une conversion à laquelle on a résisté pendant des siècles, et cette vue d’un châtiment, pour les peuples qui n’ont pas, comme les individus, d’autre monde pour expier leurs fautes, sans laquelle l’ordre croule et l’Histoire ne se comprend plus !
… Dans ce livre, où il n’est pas question une seule fois du moindre traité conclu ou à conclure, et où les deux diplomates qui s’y trouvent ne sont que des capitonneurs de situation, mis entre deux gouvernements pour les empêcher de se heurter, il n’y a guères, au fond, que deux correspondants, au fait, comme tout le monde, des choses de leur époque, et qui tâtonnent dans les événements pour y trouver des solutions dont ils n’ont jamais la certitude.
III J’ai signalé déjà le plus important de ces Portraits après décès, qui ne vont pas jusqu’à la douzaine et qui sont plutôt des têtes de médaillon que des portraits en buste, mais je ne peux m’empêcher d’y revenir.
… Mais il y a plusieurs raisons qui m’empêchent… et vous n’aurez pas oublié ce que je vous en disais si souvent en nos longues promenades de Roumens, où il n’y avait que des arbres et des fontaines qui nous écoutassent. » Après cet aveu dépouillé d’artifice, on comprend quelle doit être l’histoire, écrite pour le public et pour la postérité, de ce courageux historien à l’usage des arbres et des fontaines.
Voilà ce qui empêche de regarder aux erreurs menues et fait applaudir à la large justice d’un écrivain qui, en jugeant la littérature d’avant Corneille, ne s’est pas rappelé assez qu’il écrit, lui, après Corneille !
À part des jugements sur la légitimité de la Révolution anglaise que toutes les croyances de mon âme m’empêchent d’accepter, même de la main respectée de Guizot, nul, je dois en convenir, ne fera mieux connaître jusque dans ses détails cette Révolution d’Angleterre, de tous les événements humains celui peut-être qui a le plus influé sur l’ensemble de sa pensée, à lui, et la direction de sa vie.
Redevenus naturels de pitié, de respect et d’irrésistible enthousiasme pour cette victime royale qui seule, peut-être, empêchera Dieu de pardonner à la Révolution, ces mignards enfants d’un siècle faux, qui n’avaient jusque-là compris que les jouissances arrangées et savantes de la vie, ont, du premier coup et sous l’empire des impressions que Marie-Antoinette causera toujours à toute âme passablement faite, peint la douleur et peint la mort comme jamais ils n’avaient peint les joies de l’existence et ses ivresses.
Redevenus naturels de pitié, de respect et d’irrésistible enthousiasme pour cette victime royale qui seule, peut-être, empêchera Dieu de pardonner à la Révolution, ces mignards enfants d’un siècle faux, qui n’avaient jusque-là compris que les jouissances arrangées et savantes de la vie, ont, du premier coup et sous l’empire des impressions que Marie-Antoinette causera toujours à toute âme passablement faite, peint la douleur et peint la mort, comme jamais ils n’avaient peint les joies de l’existence et ses ivresses.