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838. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Santeul avait son public de collège et de quartier qui lui suffisait, et, à défaut de public, il se serait par moments suffi à lui-même.

839. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Il a eu la seconde et la troisième vue trop promptes, mais il a anticipé bien des choses qui s’opéreront ; il les a vues à l’état de catastrophe, tandis que ce ne sera peut-être que par voie de transformation qu’elles s’introduiront insensiblement ; mais si le résultat est au bout, cela peut suffire pour l’indulgence des futurs neveux. […] Il peut suffire à sa justification auprès des races futures que quelques-uns de ses essors et de ses coups d’œil aient une longue portée.

840. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Il jugea, nous dit M. de Viel-Castel, « qu’il ne suffisait pas d’accabler des plus cruels outrages la mémoire des généraux Faucher avec qui on assure qu’il avait eu jadis des relations assez intimes, de les présenter comme des scélérats vieillis dans le crime, dont La Réole garderait longtemps l’effrayant souvenir ; il se laissa emporter contre MM.  […] M. d’Argenson s’avisa de demander qu’on procédât, comme en Angleterre, lorsqu’on veut suspendre l’habeas corpus, et qu’on fît préalablement une enquête pour prouver que les lois en vigueur ne suffisaient pas ; autrement, on est réduit, disait-il, à se décider d’après des faits isolés, sur des rapports partiels et contradictoires qui ne permettent pas d’asseoir une opinion : « Et c’est ainsi, continuait-il, que tandis que les uns parlent de clameurs séditieuses, de provocations insensées à la révolte, les autres ont déchiré mon âme en annonçant que des protestants avaient été massacrés dans le Midi. » A ces mots une violente agitation s’empara de l’Assemblée ; les cris : A l’ordre !

841. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il suffit de ce mot pour que Pamphile n’hésite plus : « Quoi ! […] de quoi y suffire, et jusqu’ici ça ne me ruine pas… » Le père adoptif, dans son entraînement, est devenu, on le voit, le frère et le compère de son fils ; il n’y a plus de distinction entre eux.

842. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Et je prendrai tout d’abord pour exemple cette Anthologie même qui paraît aujourd’hui traduite au complet : il y a certes du mélange dans ce nombre si considérable d’épigrammes ; mais, en général, et à n’en prendre que la meilleure partie, tous les érudits gens de goût en ont fait leur régal ; Grotius les a traduites, d’après le recueil de Planude, en vers latins élégants ; les poètes de tout pays s’en sont inspirés, et souvent une seule goutte de cette liqueur exquise, tombée dans leur coupe, a suffi pour aiguiser le breuvage. […] Mais cela ne suffit pas ; et je réclame la prééminence pour l’art des arts, la poésie.

843. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

comment les finances y pourront-elles suffire ?  […] Un mot heureux a souvent suffi pour arrêter un armée qui fuyait, changer la défaite en victoire et sauver un empire… « Il y a des mots souverains : tel mot fut plus puissant que tel monarque, plus formidable qu’une armée.

844. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Chez l’un il y a eu revirement brusque et violent : chez l’autre le simple développement a suffi. […] Tel mot, en effet, suffit pour tout gâter, comme un mauvais son, ou plutôt comme une mauvaise odeur dans un concert.

845. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Entre les innombrables brochures publiées alors, quatre pièces principales suffisent pour éclairer l’opinion et fixer le jugement : 1° la préface explicative que M. […] Il n’a pas suffi pour cela de faire force de rames, on a dû employer les machines et les systèmes.

846. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Le gouvernement aristocratique offrant une carrière plus lente et plus mesurée, fixe davantage l’intérêt sur tous les genres d’avenir : les lumières philosophiques sont nécessaires à la considération dans un corps d’hommes choisis, tandis qu’il suffit des ressources de l’imagination pour émouvoir la multitude rassemblée. […] Les opinions stoïciennes étaient le point d’honneur des Romains : une vertu dominante soutient toutes les associations politiques, indépendamment du principe de leur gouvernement ; c’est-à-dire qu’entre toutes les qualités, on en préfère une, sans laquelle toutes les autres ne sont rien, et qui suffit seule à faire pardonner l’absence de toutes.

847. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Cette statistique suffirait seule à établir combien l’influence de Boileau a été considérable ; car il s’agit ici d’un écrivain que manifestement on ne lit pas seulement par passe-temps et pour le plaisir. […] Mais cela suffit à mettre un large fossé entre Despréaux et lui, aussi longtemps du moins que Boileau ne le franchit pas, pour donner satisfaction à son instinct secret et au goût de son siècle.

848. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Si quelque trouble survenait, il suffirait de nous montrer les conséquences de nos actes, de donner quelques conseils pratiques analogues aux conseils d’hygiène que provoque ce qui reste de volontaire dans l’exercice de la respiration ou de la digestion. […] Il suffit, pour reconnaître la fragilité de l’« humanité » dans l’homme, de se rappeler les excès où le pouvoir absolu conduisit jadis ceux qui l’ont exercé, ou les faits qui se passent de nos jours encore en temps de guerre, surtout quand les adversaires ne sont pas de même race et de même couleur, les massacres désintéressés, les pillages, les viols, ou bien les exactions, les violences exercées dans de lointaines colonies où la pression sociale n’arrive que bien atténuée.

849. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Sa réputation mondiale comme physicien chimiste suffit pour écarter toute idée de mystification ; Il ne s’agit plus ici de hâbleries. […] Ils ne se souciaient « d’arriver », ni par la flatterie, comme les poètes de l’ancien régime, à qui souvent une dédicace opportune suffisait pour ouvrir la considération et la fortune, ni par la ruse comme Julien Sorel, ni par les femmes comme Lucien de Rubempré.

850. (1886) De la littérature comparée

Marc Monnier le savait : la littérature n’est pas une chose morte, un cadavre qu’on puisse disséquer et dont il suffise de classer et de définir les parties. […] IV Le programme que je viens de vous esquisser, Messieurs, suffira largement à nous occuper pendant longtemps.

851. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Ce que j’ai entendu a suffi toutefois pour m’édifier sur l’état présent des choses. […] L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes, et comme marginales, qui se glissent dans la lecture, et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt, suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale et de se former une impression.

852. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Pour y rendre attentifs les hommes de notre temps, si occupés à bon droit de leurs affaires, de leurs craintes, et qui, dans leurs courtes distractions, ne veulent pas du moins d’effort, je ne sais si tout l’art même suffirait. […] Ce que je tiens à marquer, c’est que des pensées comme celles que j’indique, et rendues avec une si forte expression, suffisent à classer un esprit, quoi qu’il puisse dire ensuite et avoir l’air d’accueillir ou de croire.

853. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Ouvrages de main, ouvrages d’esprit, récitation par cœur de vers et de prose, enregistrement de chaque anecdote, de chaque aventure de société, dont elle fera bientôt quelque comédie ou quelque nouvelle, et avec cela sept ou huit heures de harpe par jour, elle suffit à tout, et encore à plaire, à charmer les sociétés qui l’admirent. […] La Harpe, à qui la prose ne suffisait plus pour exhaler son enthousiasme, s’écriait en vers : Ton art, belle Genlis, l’emportant sur le nôtre, Ne fait parler qu’un sexe et charme l’un et l’autre.

854. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il suffit que le soldat se trouve en présence d’armées royalistes à combattre, pour qu’il perde toute velléité d’être royaliste lui-même. […] Son honneur à lui, c’est de n’avoir jamais, même aux moments les plus désespérés et les plus amers, cédé d’un point sur les conditions qu’il jugeait essentielles au rétablissement de la monarchie en France : « Il est aussi impossible de refaire l’Ancien Régime, pensait-il, que de bâtir Saint-Pierre de Rome avec la poussière des chemins. » Consulté de Vérone par Louis XVIII, et d’Édimbourg par le comte d’Artois, dans leurs projets excentriques de restauration, il ne cesse de leur redire : « Il faut écouter l’intérieur si l’on veut entreprendre quelque chose de solide… Ce n’est pas à nous à diriger l’intérieur, c’est lui qui doit nous diriger. » Dans une note écrite pour Louis XVIII en juillet 1795, Mallet du Pan lui pose les vrais termes de la question, que ce roi ne paraissait pas comprendre entièrement alors, et qu’il fallut une plus longue adversité pour lui expliquer et lui démontrer : La grande pluralité des Français ayant participé à la Révolution par des erreurs de conduite ou par des erreurs d’opinion, écrivait Mallet, il n’est que trop vrai qu’elle ne se rendra jamais à discrétion à l’ancienne autorité et à ses dépositaires ; il suffit de descendre dans le cœur humain pour se convaincre de cette vérité.

855. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Si la discussion était interrompue par l’arrivée d’un message du Conseil des Cinq-Cents ou du Directoire, il suffisait que je lui en fisse tout bas la lecture une seule fois pour qu’il répétât tout haut, en s’adressant à l’Assemblée, la résolution tout entière, quelque nombreux qu’en fussent les articles, sans en déranger la série, sans changer aucune expression. […] Mais il est loin de penser qu’il suffise de présenter un roi et de laisser faire : Le choix d’un roi ne me paraît pas devoir être un objet de délibération, à moins qu’on n’en veuille faire un sujet de guerre civile.

856. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Lu, ce n’est pas un moment admissible ; bien joué, il suffit que cela amuse. […] Étienne y fut nommé de préférence à Alexandre Duval, et il prit séance, le 7 novembre 1811, par un discours de réception qui fut très remarqué, et où il soutenait cette thèse piquante que, quand tout serait détruit des deux derniers siècles, il suffirait que les comédies seules survécussent, pour qu’on pût deviner par elles « toutes les révolutions politiques et morales » de ces deux siècles.

857. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Si la nature humaine a paru souvent traitée avec sévérité par La Fontaine, s’il ne flatte en rien l’espèce, s’il a dit que l’enfance est sans pitié et que la vieillesse est impitoyable (l’âge mûr s’en tirant chez lui comme il peut), il suffit, pour qu’il n’ait point calomnié l’homme et qu’il reste un de nos grands consolateurs, que l’amitié ait trouvé en lui un interprète si habituel et si touchant. […] Car la vie de La Fontaine est devenue comme une légende, et il suffit de commencer à raconter de lui une anecdote pour que tout lecteur l’achève aussitôt.

858. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Torturer ne suffisait point ; par-dessus le marché on taquinait. […] Il suffit de changer de zone.

859. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Cela posé, il faudrait convenir que Rousseau avait le goût et l’instinct de quelque chose de meilleur que ce qui suffisait à son siècle : ni le plaisir seul ni les convenances, ne satisfaisaient cette âme gâtée mais généreuse. […] Maintenant, l’expérience et la réflexion nous apprennent que ce siècle ne se suffit pas à lui-même, qu’il n’a pas en lui un principe d’ordre et de durée, que parmi les pensées du siècle précédent, s’il y en a qui ont pu disparaître avec le temps, il en est d’autres qui sont éternelles, et sans lesquelles aucun ordre de société ne peut durer.

860. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

L’effroyable quantité de temps que les hommes, surtout en France, dépensent à ne rien dire, et c’est à savoir aux délices de la conversation, suffirait à lire un volume par jour, mais empêche qu’on en lise un par an. […] Et quand on songe qu’une seule suffit pour interdire qu’on soit liseur, on comprend que La Bruyère, ou tout autre auteur, soit effrayé des obstacles qu’il a à vaincre et du petit nombre de personnes qui restent, non pas pour lire son livre, mais pour n’être pas dans l’impossibilité de l’ouvrir.

861. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Cette grande permanence dans le fond de nos mœurs a toujours été couverte par une non moins grande mobilité d’imagination, d’imagination, qui a suffi dans tous les temps à l’observateur peu attentif pour motiver l’accusation de légèreté qui nous a été faite si souvent. […] Mais ce n’est point l’objet de notre examen : qu’il nous suffise de remarquer, que chez nous les familles pouvant s’élever dans la société, la noblesse n’avait rien à faire pour la masse de la nation.

862. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Il s’agit cette fois de savoir définitivement si la France de 1898 se considère, toujours comme la fille aînée de l’Église, ou au contraire si elle se suffit à elle-même pour se créer sa foi et son idéal ; il s’agit de savoir si le vote qui prosterne aux pieds du Saint-Père la France repentante et gémissante de ses péchés, doit faire plus longtemps obstacle à l’effort spontané des meilleurs vers l’indépendance et la conscience. […] Mais la question n’était pas serrée d’assez près ; il ne suffisait pas de démontrer l’opposition radicale et inéluctable du monde moderne et de l’Église : il aurait fallu en analysant à fond le projet de loi et la formule du « Vœu national », démontrer avec la même éloquence et la même justesse ce que nous allons tâcher d’exposer.

863. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Mais en nous l’accomplissement n’appartient pas à la sensibilité ; il est entre les mains de la volonté64. » Fallait-il ce ton magistral et cet appareil psychologique pour nous apprendre cette chose si simple, que pour agir il ne suffit pas de désirer, il faut encore vouloir ? […] Il a inventé, et cela suffit.

864. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il suffit peut-être de dire que la légende, étant de l’histoire simplifiée et achevée par le rêve, est généralement plus belle que l’histoire, et que par là elle mérite notre respect. […] Il suffit, pour s’en persuader, de consulter la propre correspondance de Lamartine, comme ont fait MM.  […] Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. […] Les lacunes, les négligences de style, les incorrections de langue y abondent, car les forces de l’artiste ne suffisent pas toujours à sa tâche ; mais les parties admirables qui s’y rencontrent sont de premier ordre. » VII.Le Fragment du livre primitif et les Recueillements. […] Même, les chevaux de fiacre suffiraient à ruiner les raisonnements de l’optimisme  Et enfin, que dirons-nous de l’énorme portion du mal moral que l’épreuve du mal physique ne suffit pas à transmuer en bien ?

865. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il suffit de voyager en Allemagne pour s’en convaincre. […] Il suffit de s’ériger en juge, & de prononcer magistralement, soit à tort, soit à travers, pour avoir des approbateurs. […] Il suffit qu’on sache phraser, pour qu’on soit éloquent. […] … Cela n’est pas nécessaire ; puisqu’il ne voit que des femmes qui se portent bien, ne lui suffit-il pas d’être aimable ? […] Il suffit de réfléchir un moment pour s’en convaincre.

866. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Il n’entrait pas dans mon plan de le rechercher ; il me suffisait de constater le fait et d’en noter les conséquences. […] L’énergie du vouloir, si infâme et si criminel que soit le but, suffira à le consacrer ! […] La réalité même ne lui a pas suffi, et aux monstruosités réelles il a ajouté des monstruosités imaginaires. […] Il suffit d’avoir eu, comme Antony, à subir les sots dédains ou les injustes préjugés du monde. […] Vous êtes pauvres, il suffit ; passez à la droite du Père : pauvreté vaut vertu.

867. (1895) Hommes et livres

Il suffit d’avoir une généalogie, pour respecter la paléographie. […] Pour débrouiller le personnage, il suffit encore une fois de le replacer dans son milieu. […] Un vers suffit à la transformation d’une âme. […] Et bientôt l’arbre ne lui suffit plus. […] De brèves indications suffiront pour Corneille.

868. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Je ne me flattais pas de l’avoir éveillé ; il me suffisait de m’y sentir adéquat. […] Ne croyez pas que Voltaire et Rousseau suffisent, même en y joignant Alfred de Musset. […] Puisse mon zèle vous suffire ! […] Je n’allais point aux stalles ; une fortune de collégien n’y eût point suffi. […] Il suffit ; elle ira à ce que tout le monde distingue.

869. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

pour le coup, Duclos, vous nous croyez par trop honnêtes femmes. » Que si l’on appliquait cela à la manière d’écrire, et si quelque docteur relâché venait à poser en principe que plus on a d’esprit et moins on est tenu à ces misères de l’orthographe, que ce sont choses à laisser à des plumes bourgeoises et que la marque de la supériorité consiste à ne pas se priver de ces licences d’autrefois, un exemple comme celui de Mme de Bregy suffirait, certes, à dégoûter les moins susceptibles, à effrayer les moins timides, et il n’est personne qui ne s’écriât : « Dieu nous garde d’être jamais beaux esprits à ce point ! 

870. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Un inconvénient des longs régimes tout à fait déplorables et scandaleux comme l’était celui de Louis XV, c’est de faire croire que le remède est trop facile et qu’il suffit de supprimer la cause du mal pour entrer et marcher dans le bien.

871. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Si l’enfant vient au monde, le mari ne saura jamais si c’est son enfant ou celui de « l’autre », puisque la femme l’ignore la première (conséquence effroyable du « partage », et qui suffirait à le condamner).

872. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Je suis dans la persuasion que la bonne compagnie aurait suffi pour purger la société des affectations ridicules, et que sans elle la France aurait conservé longtemps encore une grossièreté de langage que Molière protégeait comme naïveté et franchise.

873. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Diderot n’a pas jugé à propos de faire : il s’est contenté de se rendre sensible dans les notes ; mais une douzaine de notes suffisent-elles pour former un bon Livre ?

874. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Copper Coppe Sou Copy Copie Exemplaire Tea-Board Thébord Cabaret Cook Couque Cuisinier Voter Voteur Électeur Grocer Groceur Épicier Grocery Grocerie Épicerie Rail Rèle Rail109 Sample Simple Échantillon YokeNeck-Yoke IouqueNéquiouque Joug Peppermint Papermane Menthe Pudding Poutine Poudingue Ces listes suffiront ; on n’a voulu donner que des indications.

875. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

L’auteur en convient, un rudiment imperceptible, perdu dans la chronique ou dans la tradition, à peine visible à l’œil nu, lui a souvent suffi.

876. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Il sait bien que l’art seul, l’art pur, l’art proprement dit, n’exige pas tout cela du poète, mais il pense qu’au théâtre surtout il ne suffit pas de remplir seulement les conditions de l’art.

877. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Ainsi ce lexique peut suffire, mais il faut avoir attention d’acheter l’édition de Paris, 1771., augmentée d’un très grand nombre d’articles nouveaux, & revue avec beaucoup de soin.

878. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Je ne puis y donner que les conclusions générales auxquelles je suis arrivé, avec quelques exemples qui suffiront pourtant, je l’espère, dans la plupart des cas.

879. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Ainsi deux ou trois années suffisent bien au public pour connoître si le poëme nouveau est bon ou s’il est médiocre, mais il lui faut peut-être un siecle pour en connoître tout le mérite, supposé qu’il soit un ouvrage du premier ordre dans son espece.

880. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Il lui suffit que la profession qu’il embrasse soit déja réduite en art, et que la pratique de cet art ait une méthode.

881. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Mais tout cela n’a pas suffi au jeune ambitieux.

882. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

Mais il suffit qu’on les ait aperçus dans leur généralité pour saisir ce qui constitue à nos yeux l’essence même des idées égalitaires.

883. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« — Il suffit, disait-il, qu’il ait l’ouïe un peu fine, qu’il sache monter et descendre une corde. […] elle ne te suffit donc pas ? […] Ça me suffit. […] Mais il suffisait de causer un instant avec lui pour que cette impression s’effaçât. […] Le volume qu’il a écrit et deux autres qui doivent suivre suffiront à lui procurer le bien-être souhaité.

884. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

malheureusement la durée de la vie y suffit à peine ; et c’est un fait bien connu des vieillards, qui aiment mieux rester seuls, que de s’occuper à retrouver un ami. […] Il ne suffit pas de faire une jolie phrase, il faut encore y mettre de la vérité. […] La loi que nous prescrivons à la vertu, il l’impose à la volupté ; il veut qu’elle soit subordonnée à la nature : et ce qui suffit à la nature, est bien mince pour la débauche. […] N’est-il pas également honteux de ne pas connaître vos esclaves, si vous en avez peu, ou d’en avoir un si grand nombre, que votre mémoire n’y suffise pas ? […] Peu de chose suffit à la nature, rien ne suffit à la cupidité.

885. (1924) Critiques et romanciers

L’histoire suffisait. […] La réalité ne leur suffit pas. […] La réalité suffirait, s’ils l’aimaient : ils ne l’aiment point. […] Bien que gobes, les mains suffisent d’abord à la conduire par les sentiers blancs. […] Vous suffisez à vous-mêmes.

886. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Ainsi nous en serons frustrés à Saint-Étienne où il avait promis, et ce grand bien sera différé pour nous. » — … Massillon suffira à remplir les quinze années suivantes et couronnera cette brillante carrière par son Petit Carême, son dernier chef-d’œuvre, déjà un peu amolli.

887. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

C’était en général à la diction que se bornait cette surveillance de l’aimable et fin aristarque ; on n’abordait pas dans ce temps les questions plus élevées et plus fondamentales de l’art, comme on dit ; quelques maximes générales, quelques préceptes de tradition suffisaient ; mais on savait alors en diction, en fait de vrai et légitime langage, mille particularités et nuances qui vont se perdant et s’oubliant chaque jour dans une confusion, inévitable peut-être, mais certainement fâcheuse.

888. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

de Montaigne et le peut-être de Rabelais, ne valent pas ce doute sublime qui suffisait presque pour mériter le fauteuil et en justifier la possession à l’abbé gentilhomme.

889. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

À ceux qui insistent, aujourd’hui, sur l’infériorité des femmes, sur leur incapacité foncière et pour ainsi dire organique, il suffit de répondre par ce nom-là, une femme tout uniquement de génie, mieux que George Sand, trop consacrée, et qui, vraiment, ne fut, elle, qu’un homme de lettres.

890. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Quant à la géographie, les Anglais estiment que, pour l’apprendre, il suffit de courir le monde. […] elle n’y suffirait pas ! […] Les rigueurs du règlement suffisaient. […] Mais cela ne suffit pas. […] Il a compris que la bonne volonté ne suffit pas.

891. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

il suffirait qu’elle fît partie d’un Conseil secret ; la conclusion de tout ceci est qu’« il est impossible de ne pas reconnaître que la présence de l’épouse d’un souverain dans le Conseil des ministres est dangereuse pour l’État ». […] Il eût suffi au général de se promener incognito dans Paris, d’écouter les parleurs des boulevards, pour savoir que les partis ne désarment jamais. […] Et, voyant que leur proposition me souriait fort peu, ils se hâtèrent d’ajouter qu’il suffirait que je permisse au canonnier de s’appuyer sur mon dos pendant l’opération, que je ne verrais pas. […] Et cela ne suffit pas encore, car, pour porter au plus haut point la difficulté de cette étude, chaque mot a encore des sens multiples et contradictoires. […] Masson écrit : « Pour une guerre à faire mathématiquement et comme sur le papier, un vieillard peut suffire.

892. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Ces deux portraits suffiraient pour me le prouver, si ma mémoire ne me rappelait beaucoup d’autres morceaux également beaux. […] Bien qu’il soit évidemment un homme d’esprit, — le choix de ses sujets suffit pour le prouver, — on sent que le souffle hoffmannesque n’a point passé par là. […] Il suffit d’un rayon de soleil pour en développer toute la puanteur. […] Ary Scheffer ; il retrouvait devant ces tableaux poétiques les plus chers souvenirs des grands poëtes, et cela lui suffisait. […] En outre, il ne suffit pas de bien peindre.

893. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Il ne faut ni machine, ni creuset, ni compas pour vérifier ses expériences ; il suffit de regarder autour de soi. […] Il lui suffisait d’apprendre à sa patrie que ses opinions ne changeaient point avec les circonstances, et qu’il était resté immuable au milieu des bouleversements du siècle. […] Dès qu’il a déposé sur le papier ce qu’il a vu dans l’intérieur de sa conception, cela suffit, il s’arrête, son œuvre est accomplie, il ne se croit pas capable d’embellir la nature ; il se regarde comme un traducteur qui ajouterait à son texte et qui mentirait en l’exagérant. […] Une cabane que j’ai bâtie dans la forêt, au pied d’un arbre, un petit champ défriché de mes mains, une rivière qui coule devant ma porte, suffisent à mes besoins et à mes plaisirs. […] Souvent il me suffit de moi pour me servir de leçon à moi-même.

894. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

L’étude de cette théogonie, l’examen des faits historiques et des institutions, l’analyse sérieuse des mœurs, suffisent à la démonstration d’une vérité admise par tout esprit libre d’idées reçues sans contrôle et de préventions aveugles. […] Les lacunes, les négligences de style, les incorrections de langue y abondent, car les forces de l’artiste ne suffisent pas toujours à la tâche ; mais les parties admirables qui s’y rencontrent sont de premier ordre. […] Ne suffit-il pas, pour s’en convaincre, de remarquer que ces deux cents années n’ont produit aucun poète lyrique digne de ce nom ? […] Ce sont là des vertus d’art souvent refusées au poète ; mais celles qui lui sont propres et qui ne lui font jamais défaut, l’élévation, la candeur généreuse, la dignité de soi-même et le dévouement religieux à l’art, suffisent à l’immortalité de son nom. […] La seconde raison de l’hostilité qu’il a soulevée autour de lui est non moins facile à donner : c’est un artiste fort original et fort habile, et ceci, au besoin, eût suffi, car nous n’aimons pas les habiles.

895. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Leur souvenir obsède sa pensée, et pourtant il sent que ces souvenirs ne suffisent pas à combler son vide intérieur. […] Je ne crois pas, pour trois raisons, que cette formule puisse suffire à la poésie française de l’avenir, et ce sont ces trois raisons que je voudrais exposer ici : elles sont d’ordre psychologique, social et métaphysique. […] La loi du moindre effort et les lois de l’association des idées suffisent à peu près à expliquer pourquoi les hommes arrivent à se persuader que certains rythmes sont plus harmonieux que d’autres. […] Sully Prudhomme, on sent déjà que la forme ancienne ne suffit plus, que sera-ce demain si, dépassant les notions aujourd’hui acquises, quelques esprits aventureux, quelques poètes vraiment visionnaires du Réel, synthétisant les données de la science et les dépassant par l’intuition, se risquent dans ce domaine affolant du Mystère ? […] Pour ma part, je crois que cette « activité de l’esprit » est bien une réalité, et la principale, et qu’il suffit d’avoir le courage de formuler sa pensée à ce sujet pour aboutir à des notions satisfaisantes.

896. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

La Bible de Luther et ses puissants effets en Allemagne sont connus, mais débordent notre sujet ; il suffit de se rappeler le Plutarque d’Amyot en France. […] Ce n’est point cette fois par ses flèches, ce n’est pas même par son flambeau qu’Amour lui a mis la flamme au cœur : il a suffi d’une toute petite étincelle. […] Rien aussi de plus sévèrement douloureux ; ces douze vers, qui suffisent à tant de meurtres, et qui en regorgent pour ainsi dire, étaient dignes d’être inscrits sur la statue antique, au socle du marbre.

897. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Fior d’Aliza (suite) Chapitre VII (suite) CCXVI — Oui, j’ai pensé en moi-même : ne disons rien ; qu’il nous suffise de soupçonner qu’elle est là ; que son cousin n’y est probablement pas loin d’elle ; que le bon Dieu, en permettant ce rapprochement, a peut-être un dessein de bonté sur le pauvre prisonnier comme sur vous-mêmes, et attendons que le mystère s’explique avant d’y mêler nos indiscrètes curiosités et nos mains moins adroites que celles de l’amour innocent ! […] La fenêtre était si étroite, qu’une grosse barre de fer scellée en bas et en haut dans la pierre de taille, derrière le vitrail, suffisait pour empêcher un regard même d’y passer. […] Un jour n’y suffirait pas.

898. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Vie de Michel-Ange (Buonarroti) I Cet homme, trop grand pour être contenu dans un seul nom d’homme, devrait porter quatre noms ; car son génie et ses œuvres suffiraient à quatre éternelles mémoires. […] Ce fut alors que Michel-Ange sculpta pour les sépulcres de Julien et de Cosme de Médicis les quatre statues du Jour et de la Nuit, du Crépuscule et de l’Aurore. « Statues, dit Vasari, qui, par la beauté accomplie des formes, par la majesté des attitudes, par la nature surhumaine des physionomies et par la perfection du travail du marbre devenu chair et muscles sous ses mains, suffiraient pour reporter l’art à son apogée, si les vestiges de l’antiquité n’existaient pas. » On reste frappé de stupeur en admirant, à côté de ces statues symboliques, les deux célèbres figures de Laurent et de Julien de Médicis ; l’une, appelée le Penseur, parce que jamais la mélancolie muette de la méditation ne fut gravée en ombres plus transparentes et plus mouvantes sur une physionomie humaine ; l’autre appelée le Guerrier parce que jamais la mâle beauté du soldat ne revêtit une expression à la fois plus calme et plus fière. […] Ces grands et continuels travaux, consacrés à Saint-Pierre de Rome, ne suffisaient pas à l’activité de son âme et de sa main.

899. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Un instant, il nous montre la victoire d’un devoir incontestable (Horace), puis d’un devoir plus douteux (Polyeucte) sur la passion ; mais bientôt cela ne lui suffit plus : ce qu’il exalte, c’est le triomphe de la volonté toute seule, ou tout au plus de la volonté appliquée à quelque devoir extraordinaire, inquiétant, atroce, et dans la conception duquel se retrouvent, avec la naïve et excessive estime des « grandeurs de chair » (Pascal), les idées de l’Astrée et de la Clélie sur la femme et les doctrines du XVIe siècle sur la séparation de la morale politique et de l’autre morale. […] Ce n’est point chez eux une loi absolue que le principal repos soit après la sixième syllabe : il leur suffit souvent que cette syllabe soit nettement accentuée. […] Il suffit qu’ils aient, dans leur ordre, de la vérité, de la grandeur, de la beauté.

900. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Enfin, leur ignorance même et la date de leur venue au monde (qui fait d’eux des esprits très jeunes lâchés dans une littérature très vieille ; des sortes de barbares sensuels et précieux), leur vie de noctambules, l’abus des veilles et des boissons excitantes, leur désir d’être singuliers, la mystérieuse névrose (soit qu’ils l’aient, qu’ils croient l’avoir ou qu’ils se la donnent), il me semble que tout cela suffirait presque à expliquer leur cas et qu’il n’est point nécessaire de suspecter leur bonne foi. […] Bref, une poésie sans pensée, à la fois primitive et subtile, qui n’exprime point des suites d’idées liées entre elles (comme fait la poésie classique), ni le monde physique dans la rigueur de ses contours (comme fait la poésie parnassienne), mais des états d’esprit où nous ne nous distinguons pas bien des choses, où les sensations sont si étroitement unies aux sentiments, où ceux-ci naissent si rapidement et si naturellement de celles-là qu’il nous suffît de noter nos sensations au hasard et comme elles se présentent pour exprimer par là même les émotions qu’elles éveillent successivement dans notre âme… Comprenez-vous Moi non plus. […] On dirait d’abord que ce poète est, peu s’en faut, un ignorant  Vous me répondrez que vous en connaissez d’autres, et que cela ne suffit pas pour être original  Mais je suppose ce point admis que, malgré tout et en dépit de ce qui lui manque, M. 

901. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Mes appointements sont ici de 100 louis, et je vous jure que cette somme suffit à peine à vivre. […] Une petite terre et une petite maison aux environs de Paris suffiraient à mon ambition. […] Il me suffira de n’être pas persécuté dans le mien, et de cultiver, loin des vaines rumeurs des hommes, le souvenir du petit nombre de ceux dont la Providence m’a ménagé l’amitié lorsque j’étais errant loin de ma patrie.

902. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Ne dites point que vous avez du goût pour notre état : embrassez-en un autre, si cette expression froide vous suffit. […] Quant au grand Frédéric, le prince de Ligne nous fait bien sentir aussi l’esprit de sa tactique durant cette guerre pénible où il lui suffit le plus souvent de n’être point écrasé, « ni vainqueur, ni vaincu, et content même de cet état d’indécision ».

903. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru lorsque sa charge fut complète et après que l’Empereur eut pris en lui toute confiance, il suffit de remarquer qu’il cumulait une triple administration : 1º l’intendance générale de la maison de l’Empereur et des domaines privés de la Couronne ; 2º l’intendance générale de ses armées qui prirent à dater de 1805 un développement de plus en plus considérable, croissant comme les projets mêmes et les plans du maître, tellement que partant de l’effectif d’Austerlitz, qui était de cent à cent vingt mille hommes, les armées en vinrent à s’élever en 1812 au chiffre de six cent mille ; 3º à cette double administration M.  […] Daru était de ceux qui conseillaient à Picard les vers, estimant que cette forme était la seule qui consacrât tout à fait une renommée au théâtre et qui pût lui imprimer un cachet littéraire durable : mais il ne suffisait pas de mettre en rimes après coup ce qu’on avait d’abord écrit et conçu en prose.

904. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Le poème, dans sa nouveauté, eut beaucoup de succès ; il ne faudrait point croire cependant que presque toutes les objections que nous faisons aujourd’hui en essayant de le relire, ne furent point faites alors : il est rare que dans chaque temps la vérité ne se dise pas ; elle est souvent étouffée par le bruit du monde et de la vogue, mais il suffit pour l’entendre de s’approcher de ceux qui la savent, et qui la disent en causant ou en s’écrivant. […] Et comment aurait-il parlé, en même temps que de la nature, de ce qui donne à la vie privée son embellissement et tout son charme, des femmes qu’il aimait, mais qu’au fond il estimait assez peu, dont il décomposait et niait les plus naturelles vertus par la bouche de Ninon, et en faveur de qui, sous le nom de Bernier, et pour tout réparer, il se contentait de dire : « Maintenons dans les deux sexes autant que nous le pourrons ce qui nous reste de l’esprit de chevalerie… » Mais ce reste d’esprit de chevalerie qui, dès lors bien factice et tout à l’écorce, était bon pour entretenir la politesse dans la société, est loin de suffire pour renouveler et pour réjouir sincèrement le fond de l’âme, pour inspirer le respect et l’inviolable tendresse envers une compagne choisie, et pour former au sein de la retraite une image de ce bonheur dont le grand poète Milton a montré l’idéal dans ces divines et pudiques amours d’Adam et Ève aux jours d’Éden.

905. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Il nous suffit de dire que, dans le nouveau recueil, ce côté n’est pas celui qui domine. […] Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la Maison du roi, et surtout à la vérité, me force de vous écrire ainsi… Voltaire, absent de Paris depuis des années, et qui depuis sa première jeunesse n’y avait jamais, à l’en croire, demeuré deux ans de suite, avait contre ce monde parisien dont il était l’idole une prévention invétérée : « L’Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment ; je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun. » Il croyait sincèrement à la décadence des lettres, et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : « La littérature n’est à présent (mars 1760) qu’une espèce de brigandage.

906. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Il suffisait qu’on le lui dît et qu’il le crût. […] Quelques cas singuliers, quelques anecdotes citées et répétées sur la foi des premiers auteurs, suffisent-elles pour permettre de tirer une conclusion aussi générale et aussi défavorable à la faculté judicieuse du grand roi, faculté si véritablement judicieuse en effet, qu’elle l’a conduit à discerner les hommes les plus capables, en chaque genre, et à les employer à propos ?

907. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Aristote tout seul n’y pouvait suffire. Il ne suffisait pas non plus d’être un homme instruit, ornatus, comme on disait alors, pour échapper à bien des crédulités ; cela n’en garantit pas même aujourd’hui69.

908. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Mais ses amis firent remettre à Mme Sand quelques-uns de ses fragments inédits, quelques-unes de ses lettres et un morceau achevé, le Centaure, lequel, inséré dans la Revue des Deux Mondes en mai 1840, suffit à poser, à fonder la réputation de Maurice auprès des curieux d’entre les jeunes générations. […] Moi, je vivrais d’aimer : soit père, frères, sœur, il me faut quelque chose. » Ce Journal même où elle s’écoule, et qui ne laisse pas de lui donner, de temps en temps, de petits scrupules à cause du plaisir qu’elle y prend, ne lui suffit pas.

909. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

L’un des ces roseaux pensants et gémissants dont Pascal est le roi, dont Rousseau n’est que le premier révolté et le rebelle ; pauvre Deleyre, qui avait besoin de soutien et de support, de confiance et de foi, et peut-être d’autel, la croyance au progrès humain et l’indéfinie perfectibilité, la religion de Diderot et de Condorcet put-elle jamais toute seule lui suffire ? […] Le cœur jouit, la tête se repose ; on ne définit plus, on goûte. » Ce mot nous rappelle involontairement celui de La Bruyère sur l’amitié : « Être avec les gens qu’on aime, cela suffit : rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. » L’un et l’autre mot sont aussi beaux que du La Fontaine.

910. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Deux ou trois heures de méditation à peine lui suffirent ; il prêcha au lieu et place de l’évêque, toute une heure durant, à l’applaudissement du grand nombre, à la courte honte et au silence des jaloux. […] L’exemple de M. de Harlay nous est la preuve, au contraire, que, dans l’ordre régulier des choses, il suffit d’un défaut, d’un vice mal placé, pour tuer un homme.

911. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Cousin, à cet égard, a assumé une grande responsabilité à laquelle il est homme, pour sa part, à largement suffire. […] Cousin avait pris d’emblée le meilleur, a publié récemment un livre sur la comtesse de Maure, l’amie de Mme de Sablé, sans assez se dire que le maître lui-même, en donnant tout un volume sur cette illustre marquise, avait excédé les proportions : une couple de chapitres eussent suffi.

912. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Mais la Cour, selon Vaugelas, ne suffit pas ; il faut encore compter les bons auteurs. […] Il suffisait trop souvent d’un mot, dans le beau temps, pour rendre un personnage ridicule à Paris, à Athènes, à Rome, chez les nations bien disantes, parleuses et railleuses.

913. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

» Pour être un bon et parfait critique, Pope le savait bien, il ne suffit pas de cultiver et d’étendre son intelligence, il faut encore purger à tout instant son esprit de toute passion mauvaise, de tout sentiment équivoque ; il faut tenir son âme en bon et loyal état. […] » — « Je ne saurais réellement le dire au juste, répondit-il : tous deux ont extrêmement de charme. » Il est certain, toutefois, qu’il était loin de remplir le programme détaillé que Bowles propose au poète et les conditions pittoresques qu’il exige ; Wordsworth seul, depuis, a pu y suffire.

914. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

La reine croit, et cela paraît certain, que Mme de Mailly l’examine sans cesse pour lui trouver de nouveaux ridicules et égayer le roi à ses dépens dès qu’elle l’a quittée : c’est une indignité. » Lors même que cela n’était pas (car Mme de Mailly n’avait point ce caractère de méchanceté), il suffisait que la reine se figurât qu’il en était ainsi pour qu’elle éprouvât un lent et continuel supplice. […] « Elle joint à une pureté de mœurs admirable une sensibilité extrême ; à la plus grande modestie, un désir de plaire qui suffirait seul pour y réussir.

915. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

ne ménagez pas vos conseils à vos malheureux enfants. » Jamais deux souverains jeunes, honnêtes et bons, ne furent animés d’un plus ardent désir de suffire à leurs immenses devoirs, et il fallait qu’il y eût dans la force inhérente des choses et dans les difficultés accumulées dont ils héritaient une bien grande résistance pour qu’avec cette bonne volonté si sincère, un esprit juste, chacun, et des idées qui n’étaient pas tant en désaccord avec celles de l’époque, ils n’y aient pas réussi. […] Quand, dès les premières années du règne, d’infâmes chansons (comme c’était alors l’usage) cherchaient à diffamer les gaietés et les étourderies innocentes, elle n’en tenait compte, s’en consolait aisément, et il lui suffisait de répondre à qui lui en parlait, que le roi en était plus indigné qu’elle.

916. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

J’entreprends simplement de le montrer tel qu’il est, non de l’effacer, et encore moins de le repeindre. » Cette belle page d’un bon et excellent esprit, qui trouve à son service une image et un emblème dignes de Bacon, suffit à montrer combien M.  […] A quoi bon un plan, une ordonnance générale, une telle longueur de vue, là où il suffit à un auditoire mobile d’épisodes variés et découpés, de rhapsodies touchantes qui ne se commandent pas entre elles ?

917. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Saint-Simon qui l’avait pris un jour la main dans le sac et en flagrant délit de machination, pour perdre au début d’un règne quelqu’un dont il pouvait redouter la rivalité ou la contradiction, savait à quoi s’en tenir sur sa qualité morale, sur sa fibre de cœur : il suffit d’une seule occasion pareille pour avoir son jugement fixé sur la valeur morale foncière d’un homme qui peut, d’ailleurs, éblouir son monde et jeter de la poudre aux yeux des autres70. […] Je n’ai jamais été dans la politique, ni témoin de ces sortes d’intrigues ; mais la littérature a aussi ses compétitions, ses jalousies et ses roueries, et il est telle rencontre particulière, telle circonstance intime et avérée qui m’a suffi pour me former une idée exacte sur la moralité et le degré de délicatesse de certains hommes de talent que chacun vante et que je connais.

918. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

. — Trop suffit quelquefois à la femme. » Ils sont de ces critiques délicats et raffinés qui ont cette, vertu féminine : ils veulent du trop ; ils s’en contentent quelquefois. […] A un endroit ils nous montrent une entrée de bal, un défilé de femmes au moment où elles arrivent dans le salon : il y en a six, six profils de suite décrits par eux avec un art, un soin, une ciselure, une miniature des plus achevées ; mais les peintres écrivains ont beau faire, ils ont beau dire, ils ont beau multiplier et différencier les comparaisons de médaillons et de camées, je ne me fais pas une idée distincte de ces six têtes, je les confonds malgré moi : six, c’est trop pour mon imagination un peu faible ; la prose n’y suffit pas : j’aurais besoin d’avoir les objets mêmes sous les yeux, ici la confusion des moyens d’expression entre un art et l’autre est sensible.

919. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

La Bruyère, né proche de Dourdan, n’en était pas moins très-propre à devenir un parfait Parisien ; il suffisait qu’il fût venu à Paris de bonne heure et qu’il y eût été élevé. […] Fournier part de là pour faire le procès à Valincour et pour dire : « Il faut se souvenir que l’académicien qui va parler était d’un genre d’esprit assez semblable à celui de Boileau, son ami, et, par conséquent, très-différent de celui de La Bruyère ; haut guindé sur le savoir-vivre, volontiers pédant, grand liseur des auteurs anciens, se plaisant à le faire voir… ; grand citateur, ainsi que sa lettre va du reste nous le prouver… » Raisonner ainsi, c’est tordre beaucoup trop un témoignage curieux et qu’il suffit de prendre pour ce qu’il est.

920. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Il suffit de jeter les yeux sur le magnifique volume, sur le luxe typographique et l’étendue des pages, sur les dessins qu’il renferme, pour voir que l’intention de l’auteur a été complète, qu’il n’a rien ménagé à son offrande, et qu’il a voulu que le beau, en cette image, ne fût pas séparable du saint. […] Mais cet ulcère que la Charité a quelquefois au sein et que Raphaël n’indique pas il suffit d’avertir qu’il existe sans qu’il faille pourtant le faire toucher.

921. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

(car je ne nierai pas qu’il n’y eût quelque confusion en plus d’une demande), enfin des conditions un peu différentes de celles qui, la veille encore, suffisaient. […] bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style, qu’il se fût moins permises auparavant, et dont la trace se retrouve évidente chez lui à dater de son Louis XI.

922. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

A l’époque dont nous parlons, loin d’être un obstacle à suivre le mouvement littéraire, religieux ou politique, ce genre de vie était le plus propre à l’observer ; il suffisait de regarder quelquefois du coin de l’œil et sans bouger de sa chaise, et puis l’on pouvait, le reste du temps, vaquer à ses goûts et à ses amis. […] Une seule observation générale nous suffira : c’est qu’on peut rattacher les grands et beaux styles du siècle de Louis XIV à deux procédés différents, à deux manières opposées.

923. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Mais, si nous en jugeons par les monuments écrasants de masse et imposants de solidité, par les montagnes des Troglodytes trouées comme des alvéoles de ruches humaines, par les temples de granit d’un seul bloc, par les pyramides, ces Alpes du désert élancées au ciel d’un seul jet, par les canaux creusés à main d’homme comme des lits au plus débordant des fleuves, par ces bassins intérieurs que tout le sable de l’Éthiopie ne suffirait pas à boire et que le percement de l’isthme de Suez s’efforce aujourd’hui de surpasser pour déverser trois mers en une et pour placer trois continents sous la main de l’Europe ; si nous en jugeons, dis-je, par ces gigantesques alphabets de pierre qui couvrent le sol de l’Égypte, sa littérature dut être aussi puissante que son architecture, car tous les arts prennent en général leur niveau dans une civilisation. […] Pour répondre à cette question, il suffit de lire.

924. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Le drame était partout dans ces récits : il suffisait de distinguer les personnages et de distribuer les rôles. […] Toujours est-il que ce Jeu de la Feuillée est autrement curieux, intéressant, que la gentille pastorale dont je viens de parler : c’est une œuvre unique, complexe, satirique et bouffonne, réaliste et féerique, une œuvre qui, malgré les sécheresses et les gaucheries de l’exécution, oblige d’évoquer les noms d’Aristophane et de Shakespeare : cela suffit à la classer.

925. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Il suffit de lire la Pratique du théâtre pour s’apercevoir que D’Aubignac bataille contre une forme de drame qui est celle des mystères, et pour comprendre que, dans les règles aristotéliciennes, le rationalisme classique a trouvé un moyen d’éliminer de la scène les derniers vestiges de la fantaisie jadis naïve du moyen âge. […] Il suffit donc de les donner par hypothèse sans les donner en spectacle, c’est-à-dire de les annoncer par récit.

926. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il lui suffit que d’autres aient une vie exquise et brillante, et, tandis qu’il se la figure grossièrement, il en jouit à sa façon, par l’émerveillement et par le respect. […] De se donner ou de se garder   Plus probablement ceci que cela, car une charmante figure mâle, ornée de fines moustaches et de grands yeux noirs à cils ombreux, couronnée de cheveux bruns coupés ras et poussant dru, passait dans la glace à chaque instant, montrant, dans un sourire très doux, des dents juvéniles, toutes blanches et au grand complet… Un dîner, une visite, cela suffit.

927. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

. — Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie… » Nous pourrions multiplier les citations à l’infini ; car pour trouver des exemples de cette forme de style, il suffit presque de jeter au hasard les yeux sur quelques-uns des écrits qui ont fait bruit dans notre siècle, tandis qu’on se fatigue à en chercher dans la littérature classique. […] Hugo dans cette pièce et celle de ses devanciers, il suffit de mettre en regard le Mazeppa et le beau début de l’ode au comte du Luc.

928. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Voici une de ses meilleures phrases, une des vingt qui paraîtront belles à la lecture sommeillante d’un voyageur de sleeping-car : « Comme les conquérants qui agrandissent leurs conquêtes par l’imagination, il faisait du présent victorieux le piédestal d’un avenir de gloire. » Il n’est pas besoin d’un psychologue profond (Paul Bourget lui-même suffirait à la tâche) pour remarquer qu’aux yeux d’un jeune ambitieux l’avenir n’est pas une statue précise, mais une succession de degrés qu’une lumière de féerie soulève l’un après l’autre et où monte un vertige joyeux. […] » Il ne suffit pas au Christ de constater : « Mon effort a été vain. » Il continue gravement : « Et je n’ai pu réussir. » S’il gémit sur sa responsabilité, après avoir soupiré : « Combien j’en éprouve le poids ! 

929. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Pour la vie matérielle, il suffirait de se rappeler « la loi de fraternité que, seule, pourra réaliser la mise en commun » des indifférentes richesses d’en bas. […] L’expression claire suffit au classique.

930. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Comme il ne s’agit point ici d’un mariage d’amour, mais d’un arrangement entre personnes mûres et sérieuses, une entrevue, selon le père Maurice, suffira pour tout éclaircir : « C’est demain samedi, dit-il à Germain ; tu feras ta journée de labour un peu courte, tu partiras vers les deux heures après-dîner, tu seras là-bas à la nuit ; la lune est grande dans ce moment-ci, les chemins sont bons, et il n’y a pas plus de trois lieues de pays. » Tout l’intérêt et toute l’action du roman se passent dans ce voyage. […] Dans sa vie de pauvre bergère aux champs, n’a-t-elle pas appris à se suffire avec rien, à tirer parti de tout ?

931. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Il me suffit, à moi, de raconter et d’exposer fidèlement, de manière que chacun puisse profiter des choses de l’esprit et du bon langage, et soit à même de faire justice des autres parties toutes morales que je n’ai garde de dissimuler. […] En écrivant ces pages, elle se flattait encore qu’elle tiendrait bon dans ce qu’elle appelait l’immutabilité de son cœur, et que le sentiment paisible de l’amitié, joint à la passion de l’étude, suffirait à la rendre heureuse.

932. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Je ne sais si Frédéric ne se fût pas dédit, au cas qu’un malin génie l’eût pris au mot et qu’il lui eût fallu opter tout de bon entre la guerre de Sept Ans et Athalie, ou plutôt je suis bien sûr que le roi, en définitive, l’eût emporté : mais le cœur du poète aurait saigné au-dedans de lui, et il nous suffit, pour le qualifier comme nous faisons, qu’il eût pu hésiter un seul instant. […] Il suffit, pour être informé des vrais goûts intellectuels de Frédéric, de l’entendre lui-même au naturel dans ses diverses correspondances.

933. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Ce croulement donc m’anima certes plus qu’il ne m’atterra… » Notez que sa santé, d’ordinaire plus faible, s’est trouvée ici remontée au niveau de son moral, et elle a eu de quoi suffire à ces diverses secousses, qui semblaient devoir l’abattre. […] Pour juger de sa manière, il suffit de l’ouvrir à toute page indifféremment et de l’écouter discourant sur n’importe quel sujet ; il n’en est aucun qu’il n’égaie et qu’il ne féconde.

934. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Quelques-uns de ces tableaux, tels que La Foire aux bœufs et la scène des Lutteurs, suffiraient pour assigner à cette production un rang des plus distingués, bien que l’absence d’action et aussi le manque d’un certain charme empêchent, selon moi, le poème d’atteindre tout son objet ; et l’objet de tout poème de ce genre est de faire aimer ce qu’on chante. […] Les sentiments qui, dans leur ténuité, pourraient à la rigueur suffire s’ils étaient analysés et déduits, y sont présentés d’une manière brusque, elliptique ; les chansons qui sont destinées à les traduire et à charmer les intervalles de l’absence, ne chantent pas assez : elles sont courtes et sèches ; elles sont déjà finies lorsqu’on croit que le poète n’a que commencé à préluder.

935. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Dans la Conversation chez la comtesse d’Albany, à Naples (2 mars 1812), il agite cette question de savoir s’il y a un art de la guerre, s’il y a besoin de l’apprendre pour y réussir, s’il ne suffit pas qu’il y ait une bataille pour qu’il y ait toujours un grand général, puisqu’il faut bien qu’il y ait un vainqueur ; et il met dans la bouche du peintre Fabre sa propre opinion toute défavorable aux guerriers, tout à l’avantage des artistes, gens de lettres et poètes. […] Athènes par-delà l’appelle ; il y aspire comme le dévot musulman au pèlerinage de La Mecque ; mais, en attendant, Rome et Naples, avec leurs monuments, leur ciel et leur petite société d’élite, lui suffisent, le possèdent et lui tiennent lieu de tout ; grands souvenirs, beautés naturelles, c’est pour lui tout ensemble « ce qu’il y a de mieux dans le rêve et dans la réalité ».

936. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

On est forcé, quand on cite du saint François de Sales, de retrancher bien des nuances et des finesses qui sont le plus délicat de la pensée : « Ce sont des choses si minces, si simples et délicates, disait-il lui-même en en supprimant plus d’une, que l’on ne les peut dire quand elles sont passées. » Il suffit ici que nous nous attachions au gros de l’arbre et à la principale branche. […] Pour donner à saint François de Sales tout son beau sens, il suffit souvent de dégager la pensée morale des emblèmes trop nombreux et des comparaisons trop jolies auxquelles il la mêle.

937. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Il ne suffit pas d’ajouter à l’estimation l’inconscience pour la changer en une conscience de plaisir ou de douleur. […] Des changements, des mouvements, des relations mécaniques ou intellectuelles ne suffiront jamais à expliquer le réel et le concret de la douleur, l’aiguillon poignant de la souffrance.

938. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Ce vers, qui suffit soixante ou soixante-dix ans, ne nous suffit plus.

939. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

S’il suffit de connaître les œuvres d’Augier pour l’admirer, il suffit de l’avoir connu lui-même pour le pleurer.

940. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Pour comprendre comment des jugements de valeur sont possibles, il ne suffit pas de postuler un certain nombre d’idéaux ; il faut en rendre compte, il faut faire voir d’où ils viennent, comment ils se relient à l’expérience tout en la dépassant et en quoi consiste leur objectivité. […] La preuve en est qu’une même chose peut ou perdre la valeur qu’elle a, ou en acquérir une différente sans changer de nature : il suffit que l’idéal change.

941. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Six mois ont suffi pour consommer ce grand ouvrage. […] Quoi que vous écriviez, enfin, respectez cette langue qui a suffi à l’expression de toutes les pensées et de tous les sentiments, et qu’on ne viole jamais que par l’impuissance de la bien employer.

942. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Il suffisait à tout, Mérimée ! […] Et les hoquets de celui de Mérimée suffisent bien pour nous dégoûter.

943. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Je n’ai pas voué assez de respect à Renan pour que sa parole me suffise. […] À la page 92 de son ouvrage, on trouve ces mots, qui auraient dû soulever la Critique d’indignation : « Concevoir le bien ne suffit pas, il faut le faire réussir parmi les hommes.

944. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Mais cela ne suffisait pas. Est-ce que rien suffît jamais à cette ambitieuse de Raison ?

945. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Les velléités suffisent-elles à ordonner une vie morale ? […] Le plaisir des jours est un bonheur sans arrogance, auquel suffit l’heure après l’heure. […] Mais nous pouvons le supposer : il suffit. […] C’est tout ; cela suffit. […] Il a suffi de peu de temps pour que l’expérience le déçût.

946. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

S’il a mis le doigt au milieu sur une idée juste et jaillissante, cela lui suffit.

947. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Grâce à ce merveilleux vocabulaire, une dizaine de mots suffisent à tout.

948. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

Mais il ne suffit plus ici de lire des yeux, ni même de repasser des mots aux choses, des signes aux objets, il faut étudier les mots dans leurs rapports entre eux, dans leurs sens, voir ce qu’ils pourraient exprimer autant que ce qu’ils expriment, rechercher leurs origines et leurs variations, sonder leur profondeur, mesurer leur étendue, profiter en un mot de la rencontre qu’on en fait une fois, pour les connaître intimement, à fond, pour jamais.

949. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

Ni la prière, ni la lecture des Livres saints, ni la joie austère d’instruire les enfants et d’évangéliser les humbles, ni les rencontres et les agapes cordiales avec les confrères, ni la nature qui est belle partout, même en pays plat, ni les plaisirs du jardinage, ni les promenades dans les champs, le bréviaire à la main, ni la fraîcheur des matins, ni la douceur des soleils couchants sur la lande, ne suffisaient à remplir cette âme inquiète.

950. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

En sorte qu’on pourrait recommander la charité aux gens exceptionnellement millionnaires comme un « sport » avantageux, au cas où il ne suffirait point de la leur recommander comme un devoir.

951. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Saint-Pol-Roux joue d’une cythare dont les cordes sont parfois trop tendues : il suffirait d’un tour de clef pour que nos oreilles soient toujours profondément réjouies.

952. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Ne croyons jamais être nécessaires à la partie ; il suffit qu’à un jour donné nous puissions lui être utiles.

953. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Un mot suffit à La Fontaine pour réveiller son imagination mobile et sensible.

954. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

La Henriade Si un plan sage, une narration vive et pressée, de beaux vers, une diction élégante, un goût pur, un style correct, sont les seules qualités nécessaires à l’Épopée, la Henriade est un poème achevé ; mais cela ne suffit pas : il faut encore une action héroïque et surnaturelle.

955. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

Il suffit aux poëtes tragiques de faire de belles têtes, et ils peuvent pour les rendre plus admirables s’écarter à un certain point des proportions que la nature observe ordinairement.

956. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Ce qui suffit pour agiter un italien, n’est pas suffisant pour remuer un anglois.

957. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Elles suffisent à la consommation du païs et même à celle de plusieurs provinces voisines.

958. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Pour qu’elle ne restât pas lettre morte, il ne suffisait pas de la promulguer ; il fallait en faire la base de toute une discipline qui prît le savant au moment même où il aborde l’objet de ses recherches et qui l’accompagnât pas à pas dans toutes ses démarches.

959. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Lebesgue exige des conditions compliquées :‌ « Cela, d’ailleurs, ne suffit pas absolument à former l’écrivain ; il faut également savoir écouter, car c’est par l’harmonie, qualité rare, que les images s’évoquent, intégrales, dans le trame des phrases.

960. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Qu’il me suffise de constater que dans le temps tous les éléments de la résurrection de la Grèce existaient à fleur de terre.

961. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

que cela suffisait pour un livre.

962. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Et cependant une idée, ni même plusieurs, ne suffisent pas pour faire un bon livre !

963. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

Les Récits de la Luçotte — tout simplement — suffisaient comme titre, et on évitait de faire l’homme sur la première page de son livre.

964. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

Il suffit de regarder autour de soi pour reconnaître qu’élaborée depuis des siècles et virtuellement victorieuse, elle ne commence qu’à peine en ce siècle, à s’incarner dans la réalité, à passer de la spéculation de l’élite dans la pratique de la foule.

965. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Émilie est sublime : son amour lui suffit. […] Il aime tant la vie qu’une existence unique ne lui suffit pas et qu’il croit à la métempsycose. […] Cet instant de surhumaine beauté suffirait à la gloire de son nom. […] Mais le style, l’ordonnance, la forme, rien de tout cela ne compte : la vie seule importe et suffit à tout. […] Elle ne suffit à rien.

966. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Cette raison suffirait ; de Maistre en a d’autres. […] Les hommes ont toujours cru qu’il ne suffisait pas de tuer par besoin ou par passion. […] Dieu a créé la matière et l’a douée des forces qui la meuvent ; et ensuite ces forces ont indéfiniment suffi à l’évolution de l’univers. […] Il suffit. […] Ils sont très fortement pensés, ce qui dans un drame ne suffit pas.

967. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Et cela suffit à montrer combien est efficace l’action des écrivains, lorsqu’ils comprennent ainsi leur office. […] Je n’ignore pas que le massacre d’un champ de roses ne suffit pas toujours à produire une goutte de quintessence. […] Quelques indices ont suffi pour allumer dans son cœur une petite flamme de lucidité qui s’est développée en un incendie soudain de passion et de jalousie. […] Il lui suffit de s’adresser à l’antique congrégation de dom Bouquet et de dom Lobineau. […] Jules Verne n’a point l’envie de « se lancer dans la carrière », et il lui suffit d’être conseiller municipal de la ville d’Amiens.

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