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939. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Cela a existé, par un concours de circonstances étonnantes qui ne se sont produites qu’une fois. […] Le rentier ne produit rien parce que ses ancêtres ont produit. Le soldat ne produit rien parce qu’il protège le producteur, qui sans cela ne pourrait pas travailler trois jours. […] D’abord c’est elle qui produit l’effort. […] Il n’a pas ouvert les yeux davantage sur le mouvement démocratique qui s’est produit.

940. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Au moment où les fruits sont le plus parfaits et le plus savoureux, il ne faut pas que l’arbre se dégoûte d’en produire.

941. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.

942. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Si elle écrit au courant de la plume une page qui est un chef-d’œuvre, c’est qu’elle avait au cours de toute sa vie lu, pensé, causé ; c’est que dans son intelligence toujours active les sentiments, les idées circulaient incessamment comme le sang dans son corps et entretenaient la vie ; que toute son âme était toujours debout, prête au service, et que chaque mot, chaque phrase était le produit et l’expression de toute son existence intellectuelle et morale.

943. (1890) L’avenir de la science « A. M. Eugène Burnouf. Membre de l’Institut, professeur au Collège de France. »

C’est à cette preuve vivante que je voudrais convier tous ceux que je n’aurais pu convaincre de ma thèse favorite : la science de l’esprit humain doit surtout être l’histoire de l’esprit humain, et cette histoire n’est possible que par l’étude patiente et philologique des œuvres qu’il a produites à ses différents âges.

944. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Quoique la critique de Renée ne se produise que sous la forme de notes, concentrées et rapides, elle n’en fait pas moins tomber, un à un, tous les préjugés que Cantu exprime sur le glorieux Empereur, et en cela on peut dire qu’il a bien mérité de son pays et de l’Histoire.

945. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

La détermination produite par le génitif peut être fondée sur une infinité de rapports différens. […] Il détermine quelquetois en vertu du rapport d’une action au sujet qui la produit, quelquefois aussi en vertu du rapport de cette action à l’objet ; c’est une source d’obscurités dans les auteurs latins. […] Cet usage est le produit du concours fortuit de tant de circonstances quelquefois très-discordantes. […] Ainsi quand les hommes songerent à communiquer leurs pensées aux absens, ou à les transmettre à la postérité, ils ne s’aviserent pas d’abord des signes les plus propres à produire cet effet. […] Ces accroissemens d’action instantanés comme la cause qui les produit, c’est ce qu’on appelle explosion.

946. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Mme Guizot l’a dit en je ne sais plus quel endroit : « Quand il se produit dans un ordre de choses un inconvénient qui se renouvelle et dure, toujours il survient, et bientôt, des gens d’esprit pour y remédier. » Mme Guizot a été plus connue et classée jusqu’ici comme auteur de remarquables traités sur l’éducation que comme moraliste à proprement parler. […] Mais les divisions ne tardèrent pas de se produire, et les secousses croissantes déjouèrent presque aussitôt ce premier entrain de son âme. […] Une certaine passion, comme chez Helvétius, du bonheur universel, une croyance animée au vrai et un zèle de le produire (qui n’était pas encore venu à Mlle de Meulan), émeuvent cette lente analyse, circulent en ces pages abstraites, y mêlent en maint endroit la sensibilité et une sorte d’éloquence qui touche d’autant mieux qu’elle est plus contenue. […] Il n’y a depuis longtemps que la musique qui ait produit sur moi, dans l’Agnese, l’effet attaché en général aux œuvres de l’art.

947. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ils ont prononcé la parole unique, héroïque ou tendre, enthousiaste ou assoupissante, la seule qu’autour d’eux et après eux le cœur et l’esprit voulussent entendre, la seule qui fût adaptée à des besoins profonds, à des aspirations accumulées, à des facultés héréditaires, à toute une structure mentale et morale, là-bas à celle de l’Indou ou du Mongol, ici à celle du Sémite ou de l’Européen, dans notre Europe à celle du Germain, du Latin ou du Slave ; en sorte que ses contradictions, au lieu de la condamner, la justifient, puisque sa diversité produit son adaptation, et que son adaptation produit ses bienfaits  Cette parole n’est pas une formule nue. […] Dans les âmes incultes qui ne sont point arrivées jusqu’à la réflexion, la croyance ne s’attache qu’au symbole corporel et l’obéissance ne se produit que par la contrainte physique ; il n’y a de religion que par le curé et d’État que par le gendarme  Un seul écrivain, Montesquieu, le mieux instruit, le plus sagace et le plus équilibré de tous les esprits du siècle, démêlait ces vérités, parce qu’il était à la fois érudit, observateur, historien et jurisconsulte. […] Ainsi, ce n’est pas une intelligence qui arrange la matière, c’est la matière qui en s’arrangeant produit les intelligences.

948. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

N’oublions pas cependant que sur un point si délicat des opinions bien diverses se sont produites, et peut-être suffira-t-il de mettre ces opinions en présence pour concilier les devoirs de l’historien avec les justes égards dus à une femme célèbre, dont les dernières années ont laissé un souvenir honorable. […] “J’ai connu Mme d’Albany à Florence, écrit M. de Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe ; l’âge avait apparemment produit chez elle un effet opposé à celui qu’il produit ordinairement : le temps ennoblit le visage, et, quand il est de race antique, il imprime quelque chose de sa race sur le front qu’il a marqué. […] Il s’apprêtait donc à en parler en poète, comme il l’a fait trois mois après, sous l’impression toute récente de ce douloureux épisode, quand se produisit un incident assez singulier, un incident qui aurait pu le mettre en défiance, s’il y eût arrêté sa pensée.

949. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Si la tragédie est la représentation d’une action importante où figurent des personnages illustres, animés de passions dont la lutte doit produire un événement funeste ; si la comédie est une action où le contraste des caractères et des mœurs, chez des gens de condition privée, produit le ridicule, ou seulement des images frappantes de la vie commune ; s’il n’y a ni tragédie ni comédie sans la convenance suprême d’une langue durable, on ne peut contester à Corneille l’invention du poème dramatique. […] Il y a plus dans Corneille de ce que l’on admire et de ce que l’on doit imiter33… » Ce jugement est complet : il indique à la fois et le genre de vérité propre au théâtre de Corneille, et l’effet qu’elle produit. […] Des situations inattendues, qui piquent plus la curiosité qu’elles ne contentent la raison, et une prodigieuse abondance de complications pour les produire.

950. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Les livres, les livres de valeur, ne se font que du contrecoup de toutes les émotions produites par les beautés belles ou laides de la terre, chez une nature exaltée. […] Mardi 15 août Je crois qu’un curieux d’art ne naît pas comme un champignon, et que le raffinement de son goût est produit par l’ascension de deux ou trois générations, vers la distinction des choses usuelles. […] Et le produit de ces neuf cents heures de travail, est une nouvelle de trente pages. […] Ici transporter toutes les douleurs morales que j’ai perçues chez mon frère, quand il a senti son cerveau incapable de ne plus produire.

951. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Et pourtant ce livre, attendu comme tout ce que fait encore son auteur, n’a pas produit l’effet que devaient certainement espérer son orgueil et le fanatisme de ses amis. […] Ce n’était pas, ce ne pouvait pas être le rire, et si, par une hypothèse que je n’accorde pas, cette douloureuse et cruelle hideur avait pu produire l’irrésistible rire, ce n’est pas du rire que peut naître jamais l’amour ni même le désir, et Josiane, sérieuse comme la passion et comme le vice, n’aurait jamais aimé Gwynplaine. […] Elle produisait de grands effets, dont les imaginations plus naïves que la sienne ont été dupes longtemps. […] Mais l’engoulevent n’est qu’une grive en comparaison du poète dramatique qui avale, lui, des choses bien plus difficiles à avaler que le vent, quand ces choses peuvent se réduire en drame, en effets à produire, en applaudissements… Or, la Lucrèce Borgia d’Hugo est une de ces choses-là… Lucrèce Borgia avait été, comme son père Alexandre VI, arrangée de longue main, pour le scandale et pour l’horreur, par des drôles, ennemis de la Papauté, qui trouvaient joli de faire la Renaissance des crimes de l’Antiquité en même temps que la Renaissance littéraire ; et l’engoulevent dramatique avala cette Lucrèce comme Gargantua avala ses six pèlerins en salade, et nous la rendit, cette Lucrèce, en cette chose qu’on joue pour apprendre au peuple la véritable histoire.

952. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Odilon Barrot, écrite en octobre 1853, Tocqueville paraisse étonné que ces mêmes systèmes aient osé se produire ? […] Les libres jugements que j’v porte et sur mes contemporains et sur moi-même rendraient cette publication impraticable, quand même il serait dans mon goût de produire ma personne sur un théâtre littéraire quelconque, ce qui assurément n’est, pas. » Ainsi il y a de lui un livre commencé sur la Révolution de 1848 ; les Œuvres dites complètes aujourd’hui ne le sont que provisoirement : il restera encore beaucoup à y ajouter, et pour la Correspondance et pour les fragments d’histoire. […] Ici il n’y a pas de quoi s’offenser : c’est l’auteur même qui parle, qui se démontre, et la dissection ne porte que sur les procédés de l’intelligence ; ce que l’auteur ajoute sur sa disposition morale est digne de ce qui précède, et résume nettement sa profession de foi politique : « J’ai l’orgueil de croire que je suis plus propre que personne à apporter dans un pareil sujet une grande liberté d’esprit, et à y parler sans passion et sans réticence des hommes et des choses : car, quant aux hommes, quoiqu’ils aient vécu de notre temps, je suis sûr de n’avoir à leur égard ni amour ni haine ; et quant aux formes des choses qu’on nomme des constitutions, des lois, des dynasties, des classes, elles n’ont point, pour ainsi dire, je ne dirai pas de valeur, mais d’existence à mes yeux, indépendamment des effets qu’elles produisent.

953. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Ils ont vérifié en un certain sens ce qui est dit de l’éloquence dans le Dialogue des orateurs ; « Nostra civitas donec erravit, donec se partibus et dissensionibus et discordiis confe-cit, etc. » — « Il en fut de même de notre république : tant qu’elle s’égara, tant qu’elle se laissa consumer par des factions, par des dissensions, par la discorde ; tant qu’il n’y eut ni paix dans le forum, ni concorde dans le sénat, ni règle dans les jugements, ni respect pour les supérieurs, ni retenue dans les magistrats, elle produisit une éloquence sans contredit plus forte et vigoureuse, comme une terre non domptée qui produit des herbes plus gaillardes… » Cela ne s’applique guère à l’éloquence de ces modernes qui, si l’on excepte Retz, n’avaient pas eu proprement à exercer leur talent d’orateur ; mais cela est vrai de leur élocution, de leur langue ; ils l’avaient étendue, élargie, assouplie, fortifiée en toutes sortes de relations et de rencontres bien autrement qu’en restant dans un salon comme à l’hôtel Rambouillet, ou dans un cabinet d’étude, comme un Conrart et un Vaugelas. […] Je ne prétends pas dire, assurément, qu’il n’y ait plus lieu aux convenances des esprits et des âmes, ni à ce noble sentiment de l’amitié ; mais la forme où nous le voyons se produire chez Saint-Évremond a notablement changé avec les conditions de la société elle-même.

954. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Eugène Sue n’a cessé de produire ; ses nombreux romans se pourraient distinguer en trois séries : romans maritimes, par lesquels il a débuté (Atar-Gull, la Salamandre, etc., etc.), romans et nouvelles de mœurs et de société (Arthur, Cécile, etc., etc.), romans historiques enfin (Latréaumont, Jean Cavalier). […] Sue pour les futurs romans de mœurs qu’il produira. […] Enfin cette révolte désespérée produisit son homme, son héros, héros assez équivoque sans doute, figure peu achevée et très-mêlée d’ombre, mais par cela même un commode personnage de roman, Jean Cavalier.

955. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Si M ignet se produisait déjà si nettement dans son premier ouvrage par l’expression formelle de la pensée philosophique qu’il apportait dans l’histoire, il ne s’y donnait pas moins à connaître par le sentiment moral qui respire d’une manière bien vive et tout à fait éloquente dans les éloges donnés à saint Louis, à ce plus parfait des rois, du si petit nombre des politiques habiles qui surent unir le respect et l’amour des hommes à l’art de les conduire. […] Bolingbroke, parlant d’un écrit de Pope (son Essai sur l’Homme, je crois) et du bien qui pouvait en résulter pour le genre humain, écrivait à Swift (6 mai 1730) : « J’ai pensé quelquefois que si les prédicateurs, les bourreaux et les auteurs qui écrivent sur la morale, arrêtent ou même retardent un peu les progrès du vice, ils font tout ce dont la nature humaine est capable ; une réformation réelle ne saurait être produite par des moyens ordinaires : elle en exige qui puissent servir à la fois de châtiments et de leçons ; c’est par des calamités nationales qu’une corruption nationale doit se guérir. » Voilà encore une de ces paroles qui serviraient bien d’épigraphe et de devise à une histoire de la Révolution française. […] Ce rare bon sens de détail, cette habileté persévérante d’application, qui ressortent si visiblement des pièces produites par M.Mignet, diminuent bien de prix, lorsque, embrassant l’ensemble du règne, on les voit mener en définitive à de si déplorables résultats et à de si cuisants retours.

956. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Rouland soit présent pour dire devant lui que, malgré les bonnes intentions qu’il a manifestées l’année dernière, à l’occasion d’une pétition relative aux protestants, malgré toutes ses bonnes dispositions, il restera toujours dans sa conscience le remords d’avoir fait une certaine nomination qui a produit un grand scandale ! […] «  Sainte-Beuve. »   Je ne me crois pas en droit de produire la réponse textuelle de M. le Président du Sénat : qu’il me suffise de dire qu’elle était non-seulement extrêmement polie, mais bienveillante, et que M. le Président Troplong m’assurait que, lorsque ces questions de doctrine se représenteraient par leur côté légal et politique, je serais autorisé à faire entendre ma voix à mon tour et à mon rang de parole. […] Mais le Rapport n’a point fait cela : le Rapport a pris fait et cause pour une pétition ; il a pris feu ; il a accepté une liste dénoncée, telle quelle, il l’a produite, il l'a mise à son compte, — au compte du Sénat ; il l’a jugée et condamnée en masse ; il n’a apporté aucune réserve, aucun adoucissement, que dis-je ?

957. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

J’étudierai d’abord les pays, qui dans tous les temps ont été gouvernés despotiquement, et motivant leurs différences apparentes, je montrerai que leur histoire, sous le rapport des causes et des effets, a toujours été parfaitement semblable ; et j’expliquerai quel effet doit constamment produire sur les hommes, la compression de leurs mouvements naturels par une force au-dehors d’eux, et à laquelle leur raison n’a pu donner aucun genre de consentement. […] parce qu’une conspiration, un homme, peuvent s’emparer tout à coup de la citadelle d’un petit État, et par cela seul changer la forme de son gouvernement, tandis qu’il n’y a qu’une opinion qui remue à la fois trente millions d’hommes, que tout ce qui n’est produit que par des individus, ou par une faction qui n’est point ralliée au mouvement public, est étouffé par la masse qui se porte sur chaque point. […] En mécanique, on avait d’abord trouvé la machine de Marly, qui, avec des frais énormes, élevait l’eau sur le sommet d’une montagne ; après cette machine on a découvert des pompes qui produisent le même effet avec infiniment moins de moyens : sans vouloir faire d’une comparaison une preuve, peut-être que lorsqu’il y a cent ans en Angleterre, l’idée de la liberté reparut sur la terre ; l’organisation combinée du gouvernement Anglais était le plus haut point de perfection où l’on put atteindre alors ; mais aujourd’hui des bases plus simples peuvent donner en France, après la révolution, des résultats pareils à quelques égards, et supérieurs à d’autres.

958. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Les laïcs étaient demeurés d’abord étrangers à ce puissant mouvement d’idées, qui du xie au xive  siècle se produit dans les écoles et les couvents, et dont les résultats principaux s’enregistrent dans les grandes œuvres latines et scolastiques du xiiie  siècle, le Spéculum majus de Vincent de Beauvais, la Summa theologica de saint Thomas d’Aquin, l’Opus majus de Roger Bacon. […] Des infiltrations, en quelque sorte, se produisirent de la littérature savante dans la littérature populaire, et l’on commença de mettre en français dès le xiie  siècle toute sorte d’ouvrages didactiques, ouvrages d’histoire naturelle, de physique, de médecine, de philosophie, de morale, livres de cuisine ou de simple civilité. […] C’est le tour d’esprit, ce sont les procédés intellectuels et les habitudes de raisonnement qui produisent aussi la Divine Comédie : il n’y manque que l’âme et l’art de Dante.

959. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Les critiques littéraires peuvent être nombreux et divers : le public les écoute toujours, il est agréable d’être guidé dans ses choix et de trouver, sur les œuvres qu’il n’a ni le temps, ni le goût de lire, une opinion bien motivée et digne d’être produite en société. […] René Gillouin Qu’il y ait depuis un certain nombre d’années un renouveau de la critique française, dans le sens large et plein du mot critique cela me paraît évident : les noms d’un Péguy, d’un Maurras, d’un Sorel suffiraient à indiquer les principales directions dans lesquelles s’est produit ce renouveau. Mais ces noms soulignent également la transformation qui s’est produite dans le rôle de la critique : et qui rejetterait un Sainte-Beuve, s’il renaissait aujourd’hui, tout à fait hors de l’actualité.

960. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Bien qu’il connût toutes les ressources, toute l’étonnante richesse de sa langue, sa pensée se produit toujours sous une forme si simple, qu’on ne croirait pas possible de l’exprimer autrement. […] À la vérité, l’obscurité même qui entoure ces conceptions monstrueuses pourrait devenir un élément poétique si elles se produisaient avec l’art dont Hoffmann et Gogol ont fait preuve dans leurs contes fantastiques. […] II L’influence de lord Byron sur Pouchkine fut de longue durée ; elle a produit plusieurs ouvrages remarquables que j’hésite à nommer des imitations.

961. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Il m’est impossible d’exprimer l’effet physiologique et psychologique que produit sur moi ce genre de parodie niaise devenu si fort à la mode en province depuis quelques années. […] Le jour n’est pas loin où tous ces prétendus délicats se trouveront si nuls devant l’immensité des événements, si incapables de produire qu’ils tomberont comme une bourse vide. […] Que de fois, laissant tomber ma plume et abandonnant mon âme à ces mille sentiments qui, en se croisant, produisent un soulèvement instantané de tout notre être, j’ai dit au ciel : Donne-moi seulement la vie, je me charge du reste !

962. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Elles peuvent coexister dans la même époque ; elles peuvent se combiner de façon à produire des variétés nouvelles. […] § 3. — Je ne rechercherai point les changements analogues qui ont pu se produire dans les relations des frères et des sœurs ou des autres membres qui composent la famille. […] En somme, comme nous allons le voir, ses effets sont sur plus d’un point l’inverse de ceux que produit la vie mondaine.

963. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Ce n’est pas un sentiment passager qui produit la bienfaisance du Chrétien, ce n’est pas la vue seule de l’objet qui excite sa compassion ; c’est la prévoyance, c’est le désir du bonheur général, c’est un amour profond de l’Humanité entiere. […] Quels fruits d’utilité la Religion ne produit-elle pas en effet ? […] Elles n'ont produit que l'égoïsme, & l'égoïsme est le poison des vertus sociales ; il étouffe même les sentimens paternels.

964. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

J’ai noté au passage un certain nez d’argent légué par un oncle, qui serait peut-être drôle au Palais-Royal, mais qui produit, à la Comédie-Française, l’effet d’un faux nez de carton fourvoyé dans un salon de bonne compagnie. […] Leur collaboration a produit, dans la comédie de genre, ce chef-d’œuvre qui s’appelle le Gendre de Monsieur Poirier. […] Les Fourchambault Il faut applaudir deux fois à l’éclatant succès que les Fourchambault viennent de remporter au Théâtre-Français : d’abord et surtout pour la pièce elle-même : ensuite pour la façon parfaitement digne dont ce succès s’est produit.

965. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il y mêle des considérations politiques qui sont toutes dans le sens de l’ordre et de la défense sociale : mais, même quand il serait plus sobre de ce genre de discussions, le seul tableau des faits, la suite même des textes, les pièces à l’appui qu’il produit avec étendue, fournissent une base de jugement irréfragable, et tout lecteur, en se laissant conduire par le biographe, peut statuer à son tour en connaissance de cause et en sûreté de conscience. […] Ces désordres de tempérament n’empêchaient pas Saint-Just de s’occuper ardemment des choses publiques, et de travailler à s’instruire et à se produire. […] Je n’ai jamais considéré, d’ailleurs, la Révolution française au point de vue de cet auteur, adversaire à outrance, qui a pu compulser et produire bien des documents et les interpréter dans le sens de ses systèmes, mais qui n’a pas la tradition des choses dont il parle : la tradition, cette voix divine, comme disaient les anciens, et qui maintient et remet le chanteur dans le ton juste.

966. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Mais dans tous les cas envisagés par Flaubert, cette convergence ne se produit jamais, et il arrive toujours qu’à quelque moment l’impulsion venue du dehors, et qui se trouve la plus forte, agit dans un sens différent de celui que commandait l’impulsion héréditaire. […] Mais Emma Bovary entend que l’amour absolu, tel qu’elle imagine l’éprouver, tel qu’elle imagine l’inspirer, produise ses derniers effets ; elle veut s’enfuir avec son amant dont la passion vulgaire ne comporte pas de telles conséquences. […] Aussi, plutôt que de penser que Mme Bovary soit le produit des circonstances, nous faut-il juger que la nécessité ; interné qui la régit choisit, parmi les circonstances qui l’environnent, celles qui sont propres à, satisfaire sa tendance.

967. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

L’inégalité des propriétés dut produire de grands mouvements, des révoltes fréquentes de la part du petit peuple. […] Enfin, en ouvrant les asiles, ils donnèrent lieu aux clientèles, qui, par suite de la première loi agraire dont nous avons parlé, devaient produire les cités. […] Cet héroïsme ne peut désormais se représenter, pour des causes toutes contraires à celles que nous avons énumérées, et qui ont produit deux sortes de gouvernements humains, les républiques populaires et les monarchies.

968. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

L’ouvrier littéraire ne s’est pas fait lui-même : il est le produit de l’éducation, et s’il s’est égaré en prenant sa voie qui n’est pas une voie, la faute en est d’abord à cette direction singulière qu’on nous donne et à la culture première que nous recevons. […] Quoi qu’il en soit, en fait l’ouvrier littéraire, dans son imprévoyance, se multiplie et pullule chaque jour ; son existence est devenue une nécessité, un produit naturel et croissant de cette vie échauffée qui se porte à la tête et qui constitue la civilisation parisienne.

969. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Les places éminentes se perdent aussi par le changement qu’elles produisent sur ceux qui les possèdent. […] Le public a gagné contre lui, car les avantages qu’il possédait sont rendus à l’espoir de tous, et le triomphe de ses rivaux est la seule sensation vive que produise sa retraite.

970. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Cette intense restitution de pensée était le résultat d’une active absorption ; sa puissante machine toujours sous pression et qui produisait un travail incessant devait être largement alimentée. […] Mais le plus curieux, c’est d’aller chercher ce jet de lyrisme où il s’est produit, dans Jacques le Fataliste.

971. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Nos textes français sont devenus objets d’étude, d’abord, quand ils ont été élevés à la dignité de modèles : ce qui s’est produit pour la littérature du XVIIe siècle dès le début du XVIIIe. […] L’histoire de chaque chef-d’œuvre contient en raccourci une histoire du goût et de la sensibilité de la nation qui l’a produit et des nations qui l’ont adopté.

972. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Dans cet espace, la pensée de Jésus ne paraît s’être enrichie d’aucun élément nouveau ; mais tout ce qui était en lui se développa et se produisit avec un degré toujours croissant de puissance et d’audace. […] Peut-être était-ce là une opinion tardive, produite vers la fin du premier siècle par l’âge avancé où Jean semble être parvenu, cet âge ayant donné occasion de croire que Dieu voulait le garder indéfiniment jusqu’au grand jour, afin de réaliser la parole de Jésus.

973. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Je n’avais aucune peine à l’être… Mon âme, qui ne respirait que la bonté, ne pouvait pas produire autre chose. […] Il faut pourtant qu’indépendamment de l’éducation il ait manqué quelque chose encore à cette nature et à cet esprit d’ailleurs si doué ; car, lorsqu’une qualité un peu forte existe en nous, elle sait très bien se produire tôt ou tard, et se passer après tout de l’éducation.

974. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Un petit inconvénient à cela, au temps actuel, c’est que jusqu’à présent tous les historiens littéraires, sans exception, je crois, ont prétendu être en même temps critiques, critiques dans leurs livres d’histoire eux-mêmes, et que, par conséquent, si on les lit, comme on le doit, avant de lire l’auteur, le mauvais effet que produit le critique lu avant l’auteur, ils le produisent.

975. (1761) Apologie de l’étude

Mais cette vérité trop simple n’eût pas produit des livres. […] Il ne me reste plus qu’à être, pour ainsi dire, spectateur de mon existence sans y prendre part, à voir, si je puis m’exprimer de la sorte, mes tristes jours s’écouler devant moi, comme si c’était les jours d’un autre ; ayant reconnu avec le sage, et malheureusement trop tard ou trop tôt pour moi, que tout est vanité ; les sens usés sans en avoir joui, l’esprit affaibli sans avoir produit rien de bon, et blasé sans avoir rien goûté.

976. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

C’est, enfin, toujours le produit du xviiie  siècle, l’athée à tout, excepté à la force humaine, qui voulait être à lui-même son Machiavel et son Borgia, qui n’écrivit pas, mais qui caressa pendant des années l’idée d’un Traité de la Logique (son traité du Prince, à lui), lequel devait faire, pour toutes les conduites de la vie, ce que le livre de Machiavel a fait pour toutes les conduites des souverains. […] Si un homme de la hauteur de Goethe, en se faisant païen comme il le devint sur ses derniers jours, a, pour tous ceux qui ne mesurent pas la grandeur du génie à son ombre, diminué la portée comme la chaleur de ses rayons, on peut s’interroger sur ce que peut produire un système d’idées comme le matérialisme de Stendhal sur des facultés moins nombreuses, moins enflammées et moins opulentes !

977. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

C’est, enfin, toujours le produit du xviiie  siècle, l’athée à tout, excepté à la force humaine, qui voulait être à lui-même son Machiavel et son Borgia ; qui n’écrivit pas, mais qui caressa pendant des années l’idée d’un Traité de logique (son traité du Prince, à lui), lequel devait faire, pour toutes les conduites de la vie, ce que le livre de Machiavel a fait pour toutes les conduites des souverains ; voilà ce que nous retrouvons sans adjonction, sans accroissement, sans modification d’aucune sorte en ces deux volumes de Correspondance, où Stendhal se montre complètement, mais ne s’augmente pas ! […] Si un homme de la hauteur de Gœthe, en se faisant païen, comme il le devint sur ses derniers jours, a, pour tous ceux qui ne mesurent pas la grandeur du génie à son ombre, diminué la portée comme la chaleur de ses rayons, on peut s’interroger sur ce que doit produire un système d’idées, comme le matérialisme de Stendhal, sur des facultés moins nombreuses, moins enflammées et moins opulentes !

978. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Qui ne se souvient de l’effet qu’il y a quelques années produisirent, dans la Vie Parisienne, — un journal hardi, trop hardi peut-être, non pour moi, mais pour les bégueules que j’adore ! […] ce rêve de Satin qui est une création, comme l’Hermaphrodite antique ; Satin, ce type doué d’un épicurisme et d’un platonisme qui ne savent pas plus où ils commencent et où ils finissent que ne le savent les teintes de l’arc-en-ciel ; Satin, le sigisbée incomparable, le sigisbée sans amour, mais non sans plaisanterie, et comme l’Italie, dans sa vie séculaire, n’en a jamais produit un.

979. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Florence, séjour et berceau de tous les arts, cultiva, dans les orages de sa liberté, l’éloquence et les lettres avec succès ; mais depuis que la Toscane n’est plus gouvernée par ses lois, Florence a plutôt conservé le goût des arts que leur génie ; elle honore la mémoire de ses grands hommes, et n’en produit pas de nouveaux. […] Ce goût, si nécessaire, mais quelquefois si incertain, est la faux qui retranche, mais n’est pas la sève qui fait produire.

980. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

La cité d’Alexandre unit la subtilité africaine à l’esprit délicat des Grecs, et produisit des philosophes profonds dans les choses divines. […] Mais lorsque la terre desséchée put de nouveau produire le tonnerre par ses exhalaisons, les géants épouvantés rapportèrent ce terrible phénomène à un Dieu irrité.

981. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

« Ce fut la terre94 qui d’abord produisit l’homme, portant ainsi sa plus noble parure et voulant être la mère d’une race paisible et amie des dieux. […] Aujourd’hui même, en Égypte, le Nil, engraissant de sa chaleur humide la matière qu’il rend charnue, produit des êtres animés. » Empédocle, malgré quelques traditions fabuleuses attachées à sa mémoire, donne une date certaine à ses écrits.

982. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVII » pp. 70-73

Insistez, vous, croyant et historien d’un pays moral, sur cet épicuréisme pratique d’ici qui n’a produit qu’un bon moment de jeunesse, mais passé lequel, tous plus ou moins, nous sommes sur les dents, sur le flanc : chacun a été bourreau de son esprit.

983. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

Sa douleur, son inquiétude seulement se demandait s’il parviendrait à rendre et à produire tout cela.

984. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

Théophile Gautier Après les journées de Juillet, Auguste Barbier fit siffler le fouet de ses Ïambes et produisit une vive impression par le lyrisme de la satire, la violence du ton et l’emportement du rythme.

985. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Le livre, le prospectus, l’album, la quatrième, mieux la première page des journaux doivent instruire le public du produit clamé ; et nulle forme n’est trop originale ni trop piquante pour cet office.

986. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Non seulement des fragments détachés ne permettent pas de saisir les relations étroites qui existent entre les choses, ni les mille actions et réactions qu’elles exercent les unes sur les autres ; mais quel chaos ne peuvent-ils pas aussi produire dans l’esprit !

987. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

D’autre part, il doit rechercher leurs relations de toute nature avec les milieux divers et changeants dans lesquels ces faits se produisent.

988. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Le funeste effet qu’ils produisent sur les Lecteurs, est d’en faire, dans la jeunesse, de mauvais citoyens, des criminels scandaleux, & des malheureux dans l’âge avancé ; car il y en a peu qui aient alors le triste avantage d’être assez pervertis pour être tranquilles.

989. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

L’illusion du récit est telle, qu’on ne s’apperçoit pas qu’on lit une Histoire : on ne voit qu’une suite non interrompue de tableaux, qui frappent, intéressent, & qu’on ne quitte qu’en conservant les impressions profondes qu’ils devoient produire.

990. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 192-197

La terre, en tous endroits, produira toutes choses ; Tous métaux seront or, toutes fleurs seront roses.

991. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Ce sont là des faits marquants ; ils se produisent et se sont produits non à des époques de décadence, quand la production nationale eut faibli, mais en pleine prospérité artistique.

992. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Quoique la Grèce n’eût point encore produit d’aussi grand écrivain, elle ne laissoit pas d’abonder en auteurs médiocres, ou moins que médiocres.

993. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Ainsi, selon l’antiquité, une passion volage produisit l’art des plus parfaites illusions.

994. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Hume, Robertson et Gibbon ont plus ou moins suivi ou Salluste ou Tacite ; mais ce dernier historien a produit deux hommes aussi grands que lui-même, Machiavel et Montesquieu.

995. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Jamais, avec des moyens aussi simples, on n’a produit un effet plus dramatique. […] Après lui, rien dans ce genre n’était plus possible, et marcher sur ses traces n’eût produit qu’une parodie. […] Il eût été, en ce cas, le premier que la nature eût produit, et le dernier probablement de son espèce. […] Comprenez-vous, me disait-il un jour qu’il ne riait pas trop, le supplice d’un homme qui éprouve toujours le besoin de produire, et qui ne produit plus rien qui le satisfasse ? […] Brisez la statue, vous ne détruirez pas l’impression qu’elle a produite.

996. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

J’ai montré la niaiserie d’une formule littéraire empruntée à une phrase de Claude Bernard, et qui, étendue aux beaux-arts, produirait des… ignominies. […] C’est toujours une manifestation collective qui produit les bons poètes ; ce sont elles, ce sont ces écoles (pourquoi pas !) […] Qu’on produise ! qu’on produise donc ! […] — On a dit aussi que le symbolisme était un produit du wagnérisme ?

997. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Aussi cette liberté produisit-elle peu de résultats. […] Ce qui nous importe surtout, c’est ce qui exprime les idées morales de Rabelais, et ce qui explique l’effet qu’il a produit. […] La sensation produite fut grande, mais très diverse. […] Aux yeux de beaucoup de gens il se produisait plutôt comme une nuance, une réforme à côté de la religion anciennement établie. […] De lui, plus que de beaucoup d’autres, on peut dire que sa vie a produit ses ouvrages.

998. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il en a mérité le soupçon, lui qui écrivait à un ami à propos d’une de ses pièces : « Ces vers sont au goût de la cour ; ils seront au mien s’ils produisent quelque chose de bon pour moi. […] Imaginez une sorte de défi général entre tous les poètes de l’Espagne et de l’Italie, à qui mettra en vers le plus de choses disparates et les choses les moins poétiques, à qui produira l’antithèse la plus inattendue, la métaphore la plus extravagante, la pointe la plus énigmatique. […] N’est-ce point, par exemple, une preuve assez frappante du crédit personnel de Chapelain, qu’à une époque où Descartes et Pascal avaient écrit, où Bossuet se faisait entendre dans la chaire, où Molière, Racine, La Fontaine, Boileau avaient produit quelques-uns de leurs chefs-d’œuvre, le choix de Colbert ait désigné Chapelain pour régler la distribution des libéralités du roi, et tenir la feuille des bénéfices littéraires ? […] L’antiquité latine ni la grecque n’a point produit d’homme plus né qu’il était pour la poésie. » Et ailleurs : « Il produisait des images sans nombre sur toutes sortes de sujets… Vous trouvez en lui Pindare, Horace, Callimaque, Anacréon, Théocrite, Virgile, et Homère. » Et ailleurs : « Tandis que notre langue durera, il sera en vénération aux personnes de capacité, et qui ne sont point touchées d’envie. » Ce Carel qualifiait de blasphèmes les critiques que Boileau fait de Ronsard103. […] Qu’un caractère, un talent s’y produise, voilà l’un des partis qui devient le maître, et l’État est assuré.

999. (1925) Dissociations

Le miracle se produira-t-il avant que la foule se lasse ? […] C’est-à-dire qu’il faisait acheter des objets très cher et qu’il faisait fonder des orphelinats et des hôpitaux, mais pendant cela il continuait de calculer, car chaque mouvement des fibres nerveuses de son cerveau produisait un peu d’or qui s’ajoutait à la masse. […] Comment croire que la nature, après avoir produit toute la série des mammifères, a tout d’un coup retrouvé la main qu’elle avait oubliée depuis les primates ? […] La France ne produit plus assez de jeunes gens. […] Un glissement s’est encore produit le long du canal et il est probable qu’il s’en produira toujours en attendant le tremblement de terre qui ravagera tout, qui défera l’actuel canal et peut-être en creusera un autre un peu plus loin.

1000. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Celle des anciens a produit de beaux écrits, des phrases sublimes, des disputes infinies, des rêveries creuses, des systèmes renversés par des systèmes, et a laissé le monde aussi ignorant, aussi malheureux et aussi méchant qu’elle l’a trouvé. […] Les avocats de Charles, comme les avocats d’autres malfaiteurs, contre lesquels on produit des preuves accablantes, évitent ordinairement toute discussion sur les faits, et se contentent d’en appeler aux témoignages portés sur son caractère. […] Par elles les événements épars se rassemblent en un événement unique ; elles les unissent parce qu’elles les produisent, et l’historien qui les recherche toutes ne peut manquer d’apercevoir ou de sentir l’unité qui est leur effet. […] Non, car, puisqu’elle a pour cause toute une situation et tout un caractère, il faut que j’aperçoive d’un seul coup et en abrégé tout le caractère et toute la situation qui l’ont produite. […] Par cette ampleur de science, par cette puissance de raisonnement et de passion, il a produit un des plus beaux livres du siècle, en manifestant le génie de sa nation.

1001. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Juger la production des autres ne rend pas capable de produire. […] Avez-vous des loisirs, employez-les à lire avant de produire. […] Fruit naturel de la lecture, le pastiche est ordinairement le produit d’une facilité inconsciente, involontaire et souvent irrésistible. […] Détruire et produire, mort et génération, on ne démêlait que cela à travers l’argot sauvage dont les oreilles étaient assourdies. […] Sous Auguste, la liberté ne perdit que les maux qu’elle peut causer, rien du bonheur qu’elle peut produire.

1002. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Ce nom produisait sur M.  […] D’autres fois, c’est la légende orale qui le produit, non moins nécessairement. […] Son premier roman, l’Appel des armes, avait produit, on se rappelle, une sensation très vive. […] Les faits que nous qualifions d’inférieurs produisent les faits que nous qualifions de supérieurs. […] La guerre Russo-Turque se produit, le général Langlois l’étudie ; celle du Transvaal, il l’étudie encore.

1003. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Gidel se contente de produire les témoins, mais tant de dépositions accablantes, l’illusion ne sera plus possible. […] Afin de produire l’illusion ? […] Et cet effet, où s’est-il produit ? […] Il semble qu’il ait besoin de loisirs et de longs efforts pour produire. […] Pourquoi n’a-t-il pas produit ?

1004. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

Le bruit qu’a fait ce contre-ordre a pourtant produit quelque effet, et le ministère s’est ravisé !

1005. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

On n’arrive d’ordinaire à produire ce sentiment de la réalité dans l’esprit des lecteurs qu’avec un art infini et des lenteurs, des préparations extrêmes, par des analyses rapprochées, des témoignages rapportés, des narrations sincères, lucides, fidèles.

1006. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Il produisit de l’émotion dans le cercle charmant et distingué de l’Abbaye-aux-Bois, et Mme Récamier, qui avait été fort rigoureuse à Benjamin Constant vivant, crut devoir à sa mémoire de le justifier contre des vérités sévères.

1007. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

Ils agirent comme un puissant réactif, ajoutant sans doute aux éléments celtique et latin, mais surtout les forçant à se combiner, à s’organiser en une forme nouvelle : en leur présence, et à leur contact, se forma, se fixa ce composé qui sera la nation française, composé merveilleux, où l’on ne distingue plus rien de gaulois, de romain ni de tudesque, et dont on affirmerait l’absolue simplicité, si l’histoire ne nous faisait assister à l’opération qui l’a produit.

1008. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Édouard Thierry Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie.

1009. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

On ne peut la louer que de ses bonnes intentions ; car pour ses Vers, ils sont prosaïques, boursouflés, le plus souvent d’une expression assez pauvre, & peu propres à produire un grand effet.

1010. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Il est d’autant plus répréhensible de ne l’avoir pas fait, qu’il a produit, de son propre fond, des Réflexions dignes du P.

1011. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Elle produisit l’effet qu’en attendoit l’auteur.

1012. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Enfin le christianisme a produit l’honneur ou la bravoure des héros modernes, si supérieure à celle des héros antiques.

1013. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Des personnes impartiales pourront nous dire : « On vous accorde que le christianisme a fourni, quant aux hommes, une partie dramatique qui manquait à la mythologie ; que de plus il a produit la véritable poésie descriptive.

1014. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

Il est si difficile de produire une chose même médiocre ; il est si facile de sentir la médiocrité.

1015. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 26, que les sujets ne sont pas épuisez pour les peintres. Exemples tirez des tableaux du crucifiment » pp. 221-226

Comment, dirions-nous, a-t-on pû faire un seul tableau du crucifiment, sans y emploïer ces accidens terribles, et capables de produire un si grand effet ?

1016. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

L’idée de la belle nature que les anciens s’étoient formée sur certains arbres et sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres et les animaux de la Gréce et de l’Italie, cette idée, dis-je, n’approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d’autres contrées.

1017. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion Des personnes d’esprit ont crû que l’illusion fut la premiere cause du plaisir que nous donnent les spectacles et les tableaux.

1018. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

L’âge et plusieurs autres causes, produisent en nous ces sortes de changemens.

1019. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

Law est le produit très normal et très spontané d’un temps qui valait moins que lui, puisqu’il l’a gouverné, mais qu’il n’aurait pas gouverné s’il n’y avait pas eu entre lui et ce temps des choses communes et profondes.

1020. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Deux idées avaient soulevé le moyen âge hors de l’informe barbarie : l’une religieuse, qui avait dressé les gigantesques cathédrales et arraché du sol les populations pour les pousser sur la Terre sainte ; l’autre séculière, qui avait bâti les forteresses féodales et planté l’homme de cœur debout et armé sur son domaine ; l’une qui avait produit le héros aventureux, l’autre qui avait produit le moine mystique ; l’une qui est la croyance en Dieu, l’autre qui est la croyance en soi. […] Ce n’est plus le trop-plein d’un sentiment vrai, c’est le besoin d’excitation qui les produit. […] Au fond de chaque œuvre d’art est une idée de la nature et de la vie ; c’est cette idée qui mène le poëte ; soit qu’il le sache, soit qu’il l’ignore, il écrit pour la rendre sensible, et les personnages qu’il façonne comme les événements qu’il arrange ne servent qu’à produire à la lumière la sourde conception créatrice qui les suscite et les unit. […] Quelles œuvres le monde peut-il encore produire ? Comme plus tard l’Espagne, renouvelant le moyen âge, après avoir éclaté splendidement et follement par la chevalerie et la dévotion, par Lope et Calderon, par saint Ignace et sainte Thérèse, s’énerva elle-même par l’inquisition et la casuistique, et finit par tomber dans le silence de l’abêtissement ; ainsi le moyen âge, devançant l’Espagne, après avoir étalé l’héroïsme insensé des croisades et les extases poétiques du cloître, après avoir produit la chevalerie et la sainteté, saint François d’Assise, saint Louis et Dante, s’alanguit sous l’inquisition et la scolastique, pour s’éteindre dans les radotages et le néant.

1021. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Le sublime sur le sublime produit malaisément un contraste, et l’on a besoin de se reposer de tout, même du beau. […] Ces deux tiges de l’art, si l’on empêche leurs rameaux de se mêler, si on les sépare systématiquement, produiront pour tous fruits, d’une part des abstractions de vices, de ridicules ; de l’autre, des abstractions de crime, d’héroïsme et de vertu. […] C’est la même sève, répandue dans le sol, qui produit tous les arbres de la forêt, si divers de port, de fruits, de feuillage. […] Le chêne, tout colosse qu’il est, ne peut produire et nourrir que le gui. […] Était-ce révolution produite en lui par le silence ou les murmures, de ce peuple, déconcerté de voir son régicide aboutir au trône ?

1022. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Presque rien, le produit d’un jugement, l’idée que certains hommes ont de la beauté littéraire. […] Huysmans décrit l’effet produit sur un être doux et nerveux par la découverte d’un amant chez sa femme. […] Le mot est un produit analytique. […] Ainsi il donne à son produit une marque supérieure et qui en augmente le prix. […] Il est vrai que le procédé de culture comme le sol influe sur la qualité du produit.

1023. (1864) Le roman contemporain

Entre nous, qui l’avons annoncée avant qu’elle se produisît, et M.  […] des sentinelles en faction l’obligeait à s’avancer à l’ordre et à produire son permis de circulation. […] Il se produisit alors un mouvement imprévu dans les régions littéraires. […] Il est facile de deviner l’effet que produit cette calomnie sur l’esprit de la jeune fille romanesque, défiante et déjà prévenue. […] Il s’agit de produire sur la scène Fantine, qui donne son nom à la première partie de l’ouvrage.

1024. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il se produit plus ou moins tard, suivant que les écrivains d’une génération ont le plus ou moins participé à l’effort durable de leur siècle. […] La goûter à ce degré, cette beauté, c’est éprouver, pour les artistes capables de la produire, une invincible et secrète reconnaissance. […] Elles sont démodées, leur reprochent leurs détracteurs, quand est close la période qui les produisit. […] Elle eût produit une impression de paradoxe et n’eût même pas été discutée. […] C’est contre cette douleur et cette impuissance que s’est produite la réaction de 1850.

1025. (1813) Réflexions sur le suicide

Les sauvages sont heureux seulement de vivre, les prisonniers se représentent l’air libre comme le bien suprême, les aveugles seraient prêts à donner tout ce qu’ils possèdent pour revoir encore les objets extérieurs ; les climats du midi, qui animent les couleurs et développent les parfums, produisent une impression indéfinissable ; les consolations philosophiques ont moins d’empire que les jouissances causées par le spectacle de la terre et du ciel. […] Le génie et le talent peuvent produire de grands effets sur cette terre, mais dès que leur action a pour but l’ambition personnelle de celui qui les possède, ils ne constituent plus la nature divine dans l’homme. […] Leur respect pour toutes les lois, c’est-à-dire pour la loi morale, la loi politique et la loi des convenances réprime au-dehors leur ardeur naturelle : mais elle n’en existe pas moins, et quand les circonstances ne leur donnent pas d’aliment ; quand l’ennui s’empare de ces imaginations si vives ; il y produit des ravages incalculables. […] Cet homme, dis-je, n’a-t-il pas l’air d’un auteur sans génie qui veut produire avec une catastrophe véritable les effets auxquels il ne peut atteindre en poésie ? […] L’esprit, le courage même ne sont dignes de louange que quand ils servent à ce dévouement qui peut produire plus de merveilles que le génie.

1026. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

La personne humaine est si complexe que le logicien qui aperçoit successivement ses diverses parties ne peut guère les parcourir toutes, ni surtout les rassembler en un éclair, pour produire la réponse ou l’action dramatique dans laquelle elles se concentrent et qui doit les manifester. […] Le poëte a pris une qualité abstraite, et, construisant toutes les actions qu’elle peut produire, il la promène sur le théâtre en habits d’homme. […] On ne découvre plus l’homme sous l’habit ; il a l’air d’un mannequin accablé sous un manteau trop lourd. —  Quelquefois, sans doute, ces habitudes de construction géométrique produisent des personnages à peu près vivants. […] Prenez mille débauchés, vous trouverez mille manières d’être débauché ; car il y a mille routes, mille circonstances et mille degrés dans la débauche ; pour que sir Épicure Mammon fût un être réel, il fallait lui donner l’espèce de tempérament, le genre d’éducation, la nature d’imagination qui produisent la sensualité. […] Mais que Jonson rencontre des passions âpres, visiblement méchantes et viles, il trouvera dans son énergie et dans sa colère le talent de les rendre odieuses et visibles, et produira le Volpone, œuvre sublime, la plus vive peinture des mœurs du siècle, où s’étale la pleine beauté des convoitises méchantes, où la luxure, la cruauté, l’amour de l’or, l’impudeur du vice, déploient une poésie sinistre et splendide, digne d’une bacchanale du Titien138.

1027. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Ils ne comprennent qu’une seule espèce de beauté ; ils n’établissent de préceptes que ceux qui peuvent la produire ; ils récrivent, traduisent et défigurent sur son patron les grandes œuvres des autres siècles ; ils l’importent dans tous les genres littéraires, et y réussissent ou y échouent selon qu’elle s’y adapte ou qu’elle ne peut s’y accommoder. […] C’est lui qui détruit l’ancien drame, abaisse le nouveau, appauvrit et détourne la poésie, produit l’histoire correcte, agréable, sensée, décolorée et à courtes vues. […] Rarement on a dépensé plus de talent pour produire plus d’ennui. […] Elle suscite le roman, elle dépossède la philosophie, elle produit l’essai, elle entre dans les gazettes, elle remplit la littérature courante, comme ces plantes nationales qui pullulent sur tous les terrains. […] Elles sont un produit du pays, comme la viande et la bière ; tâchons, pour en jouir, d’oublier nos vins, nos fruits délicats, de nous faire des sens obtus, de devenir par l’imagination compatriotes de ces gens-là.

1028. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Sans doute vous pourrez étudier l’œuvre à loisir et vos yeux et votre esprit scruteront successivement tous les détails de la composition et de l’exécution, mais vous ne les entendrez bien qu’à la condition de revenir sans cesse au point qui les relie, où s’accumulent les détails et qui leur permet de produire une immédiate impression d’ensemble. […] L’œuvre d’art doit produire une impression d’ensemble : il faut donc que ses dimensions matérielles ne dépassent point les possibilités de la compréhension humaine. […] Ou bien au contraire elle envahit le domaine plastique, hérisse le style écrit de termes arides et qui ne font pas image, encombre la peinture et la musique de théories réputées infaillibles, de procédés qui suppriment l’émotion et l’instinct et prétendent mettre l’artiste à même de produire à coup sûr des œuvres irréprochables. […] Proposer aux vivants un idéal de la vie c’est produire, si c’est le génie qui parle, dans toute la psychologie générale une grande commotion qui sert d’impulsion à l’évolution du monde. […] J’ajoute que votre compatriote, en mettant la notion de beauté au sommet de l’échelle spirituelle, en disposant logiquement les âmes à recevoir l’enseignement qui leur permettra de comprendre d’une façon générale cette notion, concourt mieux que tout autre à créer l’atmosphère désirable où l’art se produira librement et trouvera naturellement un large public.

1029. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

La langue de cet avenir vers lequel nous dérivons, je l’ignore et ne m’en soucie, mais je sais très bien que le mouvement d’idées et de critique de 1830 nous fit retrouver la langue perdue du xvie  siècle, la seule dans laquelle on pût bien traduire le plus grand poète que le xvie  siècle ait produit ! […] L’amour, la jeunesse, les premières ivresses de la vie, tout cela est si beau quand tout cela n’est plus, tout cela s’empourpre tant en nous quand le noir de la nuit nous tombe sur la tête, qu’il n’est pas dit que cette Juliette et ce Roméo, ce groupe exquis et très certainement le plus pur que le Génie humain ait produit pour exprimer l’Amour partagé, n’aient pas une beauté plus grande que la simple beauté de la vie : — la beauté divine des fantômes ! […] … Malgré ces somptueuses acquisitions que la Biographie devra à François Hugo, je ne crois pas cependant qu’aux yeux des Exigeants historiques soit justifiée cette affirmation : que l’âme de Shakespeare était son génie ; car, si ce génie a créé des Antonio, des Hermia, des Emilia, des Béatrice, des Silvia, des Célia et des Valentin, il a produit bien d’autres choses. Il a produit des amoureux, des tyrans, des jaloux, des âmes méchantes et basses et même monstrueuses comme Iago, Edmond dans le Roi Lear, Régane, Goneril et Richard III ; Richard III, par parenthèse, que, dans la pièce de ce nom, Coleridge croyait le seul personnage inventé par Shakespeare. […] Tel, de bloc et d’ensemble, ce Roi Lear, dont l’organisation me semble plus forte que celle de tous les autres drames de Shakespeare, et qui produit, je ne dis pas un pathétique plus foudroyant, mais, parce qu’il s’agit de la famille, un pathétique plus auguste.

1030. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il est peu probable qu’une habitude se transmette jamais : si le fait se produit, il tient à la rencontre accidentelle d’un si grand nombre de conditions favorables qu’il ne se répétera sûrement pas assez pour implanter l’habitude dans l’espèce. […] Si elle était énergique, il a pu suffire d’une déviation légère au début pour produire un écart de plus en plus considérable entre le but visé et l’objet atteint. […] A vrai dire, il y a des causes psychologiques et sociales dont on pourrait annoncer a priori qu’elles produiront des effets de ce genre. […] Si la terre produisait beaucoup plus, il y aurait beaucoup moins de chances pour qu’on ne mangeât pas à sa faim 26, pour qu’on mourût de faim. […] Pour ce qui est de l’uniformité du produit, l’inconvénient en serait négligeable si l’économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l’ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités.

1031. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce distingue très nettement deux formes de la connaissance : 1º la connaissance intuitive qui, par l’imagination, connaît des choses individuelles, prises isolément, et qui produit des images ; cette intuition est à la base de l’art […] — 2º la connaissance logique qui, par l’intellect, connaît de l’universel et des choses dans leurs rapports entre elles, et qui produit des notions ; cette logique est à la base de la science et de la philosophie. […] Je crois donc que chaque individualité est une combinaison particulière, unique en son genre et passagère, de certains éléments généraux et durables ; les deux éléments principaux sont l’esprit de l’époque (principe directeur) et le tempérament personnel, tel qu’il est produit par l’hérédité, par les expériences, par le milieu spécial, par la culture intellectuelle, etc. […] Pour produire une avalanche, il faut certaines conditions de neige, de température et de déclivité ; ces conditions réalisées, le moindre ébranlement amène la catastrophe. […] Il comporterait des conditions dont je n’ai pas à parler ici. — Quel que soit l’avenir, quand une littérature a produit Bérénice et Phèdre, elle ne saurait se complaire longtemps ni à Chantecler ni à Saint Sébastien.

1032. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Il ne s’agit que de leur mettre le sang en mouvement, opération que produisent les phrases emphatiques et les lieux communs sublimes. […] L’imagination inspirée, qui a produit ici tant de beautés, cause aussi les imperfections de l’ouvrage et inquiète les lecteurs qu’elle a charmés. […] Car personne ici, je pense, ne pourrait montrer à Athènes deux autres maisons dont l’alliance puisse produire quelqu’un de plus beau et de meilleur que celles dont tu es issu. […] Ces étrangetés et ces abandons sont naturels, presque nécessaires ; seuls ils peignent l’état d’esprit qui les produit. […] Ce siècle, qui n’est pas achevé, a produit plus que ses aînés.

1033. (1899) Arabesques pp. 1-223

Plus souvent, il s’est formé des syndicats d’admiration mutuelle où l’on considérait comme non avenues les tentatives qui se produisaient en dehors des dogmes promulgués par le groupe. […] Henri III voulait faire la débauche en paix, et, par conséquent, garder par devers lui le produit des impôts. […] Huysmans est obligé de reconnaître que l’art religieux ne produit plus que des idoles, des ornements et des simulacres dignes des Papous et des Andamans. […] Au bout d’un laps de temps, plus ou moins long, si le milieu leur est favorable, elles forment de nouvelles espèces très différentes de celle qui les produisit. […] Ce Surhomme ne sera d’ailleurs pas définitif, il doit se détruire et se reconstruire sans cesse selon l’évolution perpétuelle des forces qui le produisirent, le produisent et le produiront à l’infini.

1034. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

* * * — Est-ce que chez les lettrés, la publication d’un livre apporterait la déperdition des forces physiques et morales, qui se produit chez les criminels, après la consommation d’un crime ? […] » * * * — Un beau mot produit par la crise financière du jour d’aujourd’hui. […] Dimanche 1er octobre L’amour du mari chez l’Américaine diffère de celui de la femme française : « L’Américaine préfère toujours son mari à son enfant, la Française, toujours son enfant à son mari. » Jeudi 12 octobre Je revois Daudet, dans une espèce d’allégresse, de bonheur exalté produit par le travail, et qui ressemble à de la griserie : un état très particulier et que je n’ai constaté que chez lui. […] Puis voilà ce Legros, dévoilant un fin comédien, dans la charge d’une soirée d’esthètes, avec toutes les pantomimes dans le bleu, et les pâmoisons célestes, que produit chez eux, l’audition d’un morceau de musique préraphaélique.

1035. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

C’était en langue latine que se produisait tout l’esprit du pays. […] D’une autre part, le génie espagnol, qui produisit des choses si grandes dans l’art dramatique, ne s’était pas débrouillé avant le seizième siècle. […] Ce ne fut pas seulement le meurtre accidentel-du légat qui produisit cette guerre désastreuse. […] Nous chercherons pourquoi cette littérature si féconde n’a pas produit quelque œuvre de génie. […] Le treizième siècle avait produit beaucoup de grands poëmes ou romans de chevalerie, beaucoup de contes et de fabliaux ; avait-il fait aussi des romans historiques ?

1036. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Faisons chez le panégyriste la part des ressouvenirs de Tacite et de Cicéron : on ne saurait rendre plus dignement toutefois l’impression que produit encore sur nous le portrait du président Jeannin, recueilli parmi ceux des grands hommes de Perrault. […] Ainsi, peu avant la bataille d’Ivry (mars 1590), le président, qui est à l’affût d’un changement dans les dispositions du duc, s’empresse d’écrire à Villeroi, également jaloux d’attacher une négociation pour la paix publique, qu’il croit le moment propice, et le duc plus enclin à y prêter l’oreille que jamais : « Cette lettre me réjouit, dit Villeroi, étant dudit président qui était à la suite dudit duc, auquel il se confiait grandement, et qui était homme de bien et clairvoyant. » Mais la défaite d’Ivry, survenue dans l’intervalle, produit sur Mayenne un effet tout opposé à celui qu’on aurait pu croire : elle fait évanouir ses dispositions pacifiques ; il n’est plus question que de prendre une revanche.

1037. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Quand on a lu cette partie des mémoires de Montluc et qu’on a surmonté l’impression d’horreur que causent et ses propres cruautés et celles qu’il prétend punir, on reconnaît mieux comment, en de pareils temps, les édits de L’Hôpital durent manquer leur effet ou en produire un qui, bientôt traduit et dénaturé au gré des passions, ne serait pas resté profitable et conforme à la pure idée de tolérancee. […] [1re éd.] les édits de L’Hôpital durent manquer leur effet ou en produire un qui, bientôt, au gré des passions, n'eût été profitable et conforme à la pure idée de tolérance.

1038. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

J’avouerai que cette lecture un peu prolongée, quand on s’y applique, produit une fatigue et un cassement de tête par cette succession de faits sans rapport et sans suite qui font l’effet d’une mascarade. […] Les anecdotes, les portraits et croquis qu’on pourrait extraire de ces derniers volumes seraient sans fin, et Saint-Simon se greffant sur Dangeau produit des fruits qui ont une saveur tout à fait neuve.

1039. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Quant à ce qui est dit, en un autre endroit du journal, de plus fort et de plus dur encore contre Fénelon, que Bossuet « tranche avoir été toute sa vie un parfait hypocrite », ce sont de ces paroles regrettables qui peuvent échapper dans le laisser-aller d’un tête-à-tête familier, et que celui même qui les a prononcées ne reconnaîtrait pas s’il les voyait produites au grand jour : faiblesses et traces de l’humanité, qu’il est fâcheux que Le Dieu ait recueillies et qu’il ait comme trahies en les révélant. […] Voilà l’effet que produisait à première vue Fénelon sur celui qui admirait le plus Bossuet, et qui sortait de passer vingt années auprès de lui.

1040. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Du moment, d’ailleurs, qu’il y a production d’une richesse dans la société, il y a un possesseur, et il est juste que la richesse produite ne se trompe point, qu’elle n’aille point presque entière à qui l’a moins méritée. […] Tel est, messieurs, le produit assurément très varié et assez animé du concours.

1041. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Est-il possible, en insistant avec vigueur, amertumeet satire (si surtout on en a le goût et le talent, si laverve vous pousse, si les doigts vous démangent sanscesse, si l’on porte jusque dans l’Univers beaucoup de son tempérament de Chignac), — est-il possible, dis-je, en arrangeant, ainsi son monde, de ne pas produire uneffet tout contraire à celui qu’on prétend chercher, dene pas instituer un combat à outrance, de ne pas rendre bientôt odieuses et la personne même de l’attaquant etjusqu’aux doctrines ? […] Je sais qu’autrement, et en observant toutes les convenances sociales, un défenseur catholique, un journaliste ami de la Religion, peut être infiniment respecté et honoré, sans produire un grand effet.

1042. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

En un mot ; il y a dans la masse de la société des résultats généraux qui viennent de très-loin, qui sont le produit de plusieurs siècles de raisonnement, d’analyse et de bon sens émancipé, de morale religieuse sécularisée, le produit des découvertes positives en astronomie, en physique, etc.

1043. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Le Perrault que j’annonce est capable de produire sur quelques-uns cet effet-là. […] — Sont-ce, au contraire, les résidus combinés des religions, des superstitions diverses, celtiques, païennes, germaniques, qui, rejetées et refoulées au sein des campagnes, y ont fermenté et ont produit, à une certaine heure de printemps sacré, cette flore populaire universelle, comme, au fond des mers où tout s’accumule et se précipite, fermente déjà peut-être ce qui éclora un jour ?

1044. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

L’effet que produit ce travail de M.  […] Biot que l’Académie lui avait donné pour commissaire, et sous les yeux duquel il avait à répéter l’expérience décisive d’un de ses beaux mémoires, au moment où le résultat annoncé se produisit, M. 

1045. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Pour lui donner raison, il faudrait, en effet, admettre avec lui que l’intelligence de cette histoire juive et des Écritures sur lesquelles elle repose est du ressort à peu près exclusif de la théologie, de la tradition, telle que les Pères l’ont autrefois comprise et accommodée, et que la connaissance directe de la langue, la discussion des textes en eux-mêmes n’est plus aujourd’hui que très-secondaire, à tel point que tout ce que cet examen produirait de contraire à la tradition devrait être de prime abord rejeté. […] « Qui peut mettre dans l’esprit des peuples la gloire, la patience dans les travaux, la grandeur de la nation et l’amour de la patrie, peut se vanter d’avoir trouvé la constitution d’État la plus propre à produire de grands hommes.

1046. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

On dit qu’il a eu un grand succès de lecture : moi qui sais avec quel feu il parle en improvisant, je regrettais d’abord qu’il ne se fût point livré à la parole vive ; mais on m’assure qu’il a lu de façon à produire plus d’effet encore. […] Lui, il s’en est tenu à une conclusion morale ; il se contente de produire l’idée affectueuse, fraternelle, apostolique.

1047. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Cette vérité dans les expressions de l’amour et les tableaux de la nature, à travers toutes les inventions les plus bizarres, produit un effet remarquable. […] Werther a produit plus de mauvais imitateurs qu’aucun autre chef-d’œuvre de littérature : et le manque de naturel est plus révoltant dans les écrits où l’auteur veut mettre de l’exaltation, que dans tous les autres.

1048. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Gloire, ambition, fanatisme, votre enthousiasme a des intervalles, le sentiment seul enivre chaque instant, rien ne lasse de s’aimer ; rien ne fatigue dans cette inépuisable source d’idées et d’émotions heureuses ; et tant qu’on ne voit, qu’on n’éprouve rien que par un autre, l’univers entier est lui sous des formes différentes, le printemps, la nature, le ciel, ce sont les lieux qu’il a parcourus ; les plaisirs du monde, c’est ce qu’il a dit, ce qui lui a plu, les amusements qu’il a partagés, ses propres succès à soi-même, c’est la louange qu’il a entendue, et l’impression que le suffrage de tous, a pu produire sur le jugement d’un seul. […] L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est une épisode dans celle des hommes ; réputation, honneur, estime, tout dépend de la conduite qu’à cet égard les femmes ont tenue, tandis que les lois de la moralité même, selon l’opinion d’un monde injuste, semblent suspendues dans les rapports des hommes avec les femmes ; ils peuvent passer pour bons, et leur avoir causé la plus affreuse douleur, que la puissance humaine puisse produire dans une autre âme ; ils peuvent passer pour vrais, et les avoir trompées : enfin, ils peuvent avoir reçu d’une femme les services, les marques de dévouement qui lieraient ensemble deux amis, deux compagnons d’armes, qui déshonoreraient l’un des deux s’il se montrait capable de les oublier ; ils peuvent les avoir reçus d’une femme, et se dégager de tout, en attribuant tout à l’amour, comme si un sentiment, un don de plus, diminuait le prix des autres.

1049. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

» Qu’un artiste pourvu d’outils variés, comme dit Coppée, produise des travaux subtils, voilà qui est dans l’ordre. […] J’ignore si le phénomène se produira pour nos descendants.

1050. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Montmaur fit ce distique* : La pucelle, à la fin, au grand jour est produite ! […] C’est à ces tracasseries que nous devons Alceste, Thésée, Atys, Phaeton, Armide ; ouvrages bien supérieurs à tout ce que l’Italie avoit produit dans le même genre.

1051. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Presque tous les autres sont restés au-dessous de ce qu’ils peuvent être : celui-là seul a produit de dignes rivaux de Démosthène, de Cicéron & de saint Jean Chrysostome. […] C’est lui qui produisit la conversion de la célèbre Fanchon Moreau, actrice de l’opéra, qui épousa depuis un capitaine aux gardes ; cette même Fanchon, admise à la société du grand-prieur de Vendôme, & pour laquelle il fit à table cet in-promptu.

1052. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Il faudrait encore bien rechercher si la sonorité de l’espagnol ne produit pas un cliquetis de mots parfois vide et vain, si la douceur italienne ne dégénère pas aisément en mollesse banale et ne fait point penser à ce « latin bâtard » dont parle Byron, si ces deux idiomes arrêtent et retiennent suffisamment l’idée, si dans ces deux langues la facilité toute spontanée de la musique ne se dérobe pas aux nuances psychologiques du sentiment, aux profondes analyses de la pensée, à la dialectique soutenue, à cette harmonieuse alliance de la philosophie morale et de l’art, qui recommandent la prose et la poésie française depuis leurs origines jusqu’aux chefs-d’œuvre contemporains. […] On les connaît enfin, mais qui sait, sans parler du dix-neuvième siècle où la France a vu naître les trois plus grands lyriques qui aient jamais existé et toute une pléiade à leur suite, qui sait qu’au seizième et au dix-septième siècle notre poésie a suscité la plus riche floraison et qu’il s’est alors produit des chefs-d’œuvre d’émotion, de grâce, d’esprit, de style, à défrayer des anthologies aussi étendues que celles de Céphalas et de Planude5 ?

1053. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui. […] Le gouvernement de Louis XIV produisit cet effet.

1054. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Que s’il en était ainsi sur ces vastes théâtres élevés par la rivalité magnifique de Pompée et de César, combien les premiers essais de drames avaient-ils du se produire à Rome avec moins de pompe encore, et plus dénués d’éclat lyrique et d’harmonie ! […] On les aimait mieux en parodie, dans ces représentations burlesques des Trois Hercules faméliques, ou de Diane fouettée, dont parle plus tard Tertullien : et quant aux grands hommes de l’histoire, leurs images étaient bannies de la scène et ne pouvaient pas plus y paraître qu’elles n’osaient se produire même aux funérailles de leurs descendants.

1055. (1925) Portraits et souvenirs

Pour mieux établir son attitude d’observateur philosophe, il feint que son livre soit le produit involontaire et fortuit de certaines mœurs du temps. […] Pourquoi le chicaner sur les moyens par lesquels il a produit le miracle qui nous a charmés ? […] Elles sont admirables devant le malheur et la catastrophe, tandis que le simple désappointement produit en elles des revirements soudains et de dangereuses amertumes. […] Ce fut à ce moment que se produisit le phénomène demeuré pour lui inexplicable et mystérieux. […] Ce ne fut que plus tard que je me rendis compte du scandale que mon exploit avait dû produire aux oreilles légitimistes d’un vieil Emigré !

1056. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

C’est ce que l’on vient de voir commencer, et c’est ce qui achève de se produire dans les premières années du règne de Louis XV. […] Il se pourrait que ce fut Diderot, en un jour de franchise [Cf. son Paradoxe sur le comédien ; et de fait, en tout temps, comme en tout genre, il semble bien que la sensibilité, livrée à l’impétueuse irrégularité de son cours, n’ait rien produit que d’inférieur ou secondaire. […] Il eût donc bien fait en ce cas de nous expliquer comment aucun de ses ouvrages, à lui, Diderot, n’a produit la même impression « d’admiration et de terreur universelles » que les deux premiers Discours de Rousseau. […] C’est pour être intervenu dans la question du « produit net » et du « despotisme légal » qu’il est Voltaire ; et il ne le serait pas s’il n’était devenu le défenseur des Calas et du chevalier de la Barre. […] À la faveur de cet apaisement il se produit un mouvement curieux, et on dirait qu’avant d’abandonner ses positions démantelées, l’esprit classique se ramasse et se concentre pour livrer un dernier combat.

1057. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Ces opinions sévères étaient au fond celles des quelques hommes sensés et modérés de ce parti ; mais ils se contentaient de les dire à l’oreille ; c’est pour la première fois qu’elles se produisent aussi nettement.

1058. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Quel effet produisirent sur M. de La Mennais ces articles d’abord tout favorables, puis terminés par un temps d’arrêt et une sorte de holà ?

1059. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire.

1060. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Théophile Gautier était trop jeune, avant 1830, pour se produire dans le premier mouvement de la poésie romantique ; mais il entra et persévéra en cette ligne, lorsque plusieurs l’abandonnaient ou songeaient du moins à en modifier le développement.

1061. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Et d’ailleurs, si le poète avait rappelé au roi qu’en l’état actuel des esprits, une pièce de théâtre, composée avec conscience et venue d’un certain côté littéraire, ne devait produire, par sa chute ou son succès, qu’un résultat bien étranger assurément à toute passion politique, le roi aurait bien pu, sans doute, à demi-voix et avec un sourire, prononcer ce terrible mot de romantisme ; mais il eût été facile de démontrer à sa bienveillante attention, que ces débats sont au fond bien moins frivoles, même sous le rapport politique, qu’on ne pourrait le penser.

1062. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Mais loin que ces défauts prêtent au talent aucun éclat, souvent ils affaiblissent l’impression qu’il doit produire.

1063. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Replacer les tragédies et les comédies grecques dans le milieu qui les a produites, éclaircir et élargir leur étude en l’étendant sur monde antique, par les aperçus qui s’y rattachent et les rapprochements qu’elle suggère, soulever le masque de chaque dieu et de chaque personnage entrant sur la scène pour décrire sa physionomie religieuse ou son caractère légendaire ; commenter les quatre grands poètes d’Athènes, non point seulement par la lettre, mais par l’esprit de leurs œuvres et par le génie de leur temps ; tel est le plan que je me suis tracé et que j’ai tâché de remplir.

1064. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Étant donné que toute œuvre d’art ne vaut que par l’émotion qu’elle produit, ce peintre désire exciter la sympathie de ses spectateurs par l’exactitude minutieuse et il faut le dire, magistrale, avec laquelle il reproduit ses types ; par leur choix généralement excellent et notable ; par leurs occupations et manières d’être parfaitement appropriées à leur extérieur ; en d’autres termes, par sa pénétration dans une série de caractères, d’âmes, de natures humaines ; et par sa faculté de nous les faire pénétrer, de nous les révéler.

1065. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

La barbarie et le polythéisme ont produit les héros d’Homère ; la barbarie et le christianisme ont enfanté les chevaliers du Tasse.

1066. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre II. Amour passionné. — Didon. »

Les sentiments se pressent tellement dans son cœur, qu’elle les produit en désordre, incohérents et séparés, tels qu’ils s’accumulent sur ses lèvres.

1067. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Dans un tableau l’Amour menace de sa flèche, mais il ne la peut jamais lancer sans produire un mauvais effet.

1068. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Quoi qu’il en soit, le tableau de Mr Doyen produit un grand effet.

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