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833. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIII. L’Enfer chrétien. »

Dans les champs Cimmériens de l’Odyssée, le vague des lieux, les ténèbres, l’incohérence des objets, la fosse où les ombres viennent boire le sang, donnent au tableau quelque chose de formidable, et qui peut-être ressemble plus à l’enfer chrétien que le Ténare de Virgile.

834. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Bref, un si rare objet m’est si doux et si cher Que ta main seulement me nuit de te toucher. […] Enfin, dans Rodogune comme dans Ruy Blas, on peut dire que quatre actes et demi n’ont d’autre objet que de préparer ou d’amener la dernière scène du cinquième. […] La représentation du caractère n’est pas ici l’objet principal, mais plutôt accessoire de la pièce. […] Toujours l’heureux objet de la haine publique, Fidèle au grand dépôt du pouvoir tyrannique ! […] En effet, l’objet principal est bien ici, comme dans les comédies de Dancourt, la peinture des mœurs du temps, celle du monde interlope, celle surtout du pouvoir nouveau de l’argent.

835. (1908) Après le naturalisme

Un si grand nombre donne de l’importance à leur unique objet, d’autant plus que chacune d’elles recruta bien des adhérents parmi les jeunes. […] Avec cette foi religieuse nouvelle — accordée par force, mais accordée tout de même — la vie présente devient pour les croyants aussi, l’objet de leurs plus immédiats soucis. […] Il n’enregistre que des rapports d’objet à objet. […] Par lui qui ne connaît que des termes de rapports, la nature est pénétrée dans ses relations d’objet à objet, de cause à effet, et, ayant dégagé la connaissance intégrale de l’empirisme des faits, il n’a plus qu’à l’appliquer, selon le finalisme expérimental, à la collectivité humaine. […] Tandis que les arts plastiques se contentent de la représentation du monde extérieur par leurs moyens techniques, la littérature n’y trouve qu’un objet insuffisant.

836. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 102-104

L’Elégie commençoit ainsi : Maison, qui renfermez l’objet de mon amour.

837. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 362-361

Ses Discours satiriques sur toutes sortes de sujets, ne sont effectivement qu’un Recueil de platitudes rimées, dont la pensée & l’expression offrent un objet de dégoût continuel au Lecteur.

838. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

La finesse de ce mot consistoit à faire entendre au Ministre qu’elle conservoit les jours de son Eminence en l’égayant, genre de flatterie plus fait pour plaire à celui qui en étoit l’objet, qu’au Lecteur, qui n’en jugera pas de même.

839. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 541-542

Et ne seroit-ce que par l’obscurité qu’on pourroit prétendre à la gloire de bien écrire dans une Langue dont les plus célebres Ecrivains ont fait de la clarté leur objet principal ?

840. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 174-175

Ses Madrigaux sont si délicats, si naïfs, l'expression en est si aisée, si naturelle, qu'ils ont garanti son nom de l'oubli, & nous l'ont transmis avec éloge : tant il est vrai qu'il vaut beaucoup mieux ne s'attacher qu'à un seul genre, fût-il d'une classe inférieure, & y exceller, que de traiter un objet au dessus de ses forces, ou d'en traiter plusieurs avec des talens & des succès médiocres.

841. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 427-429

Son Histoire de Malthe, quoiqu'abondante en rapports avec ses objets favoris, n'a plus la même vigueur ni le même intérêt, dès qu'il est question d'entrer dans les détails ordinaires.

842. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Est-il dans les objets ou dans notre esprit ? […] L’objet de leur pensée et le résultat même sont ici secondaires. […] Ils semblent pourtant avoir nettement eu conscience de l’objet à atteindre. […] Leur foi a le luisant fruste d’un objet ancien dont l’éclat se conservait sous la poussière : leur foi est retrouvée. […] — Ce grand effort et l’objet désolant de sa constante vision lui ont donné une amertume inguérissable.

843. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

Mais ces recherches n’ont encore fait l’objet d’aucune publication de la part de leur auteur, et seules les méthodes données au Mercure de France par M. 

844. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 222-224

La connoissance des médailles, & toute l’érudition qu’elle suppose, ont fait de tout temps l’objet de ses études.

845. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 334-336

Les noms des Spinosa, des Collins, des Tindal, des Bayle, &c. ne seront plus qu’un objet d’indignation, tandis que celui de l’Evêque de Geneve, indépendamment des hommages de la Religion, sera consacré par l’estime & les éloges de la Postérité.

846. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 89-91

Que cette anecdote soit vraie ou fausse, il est certain que la maturité de l’âge dirigea les talens de ce Jésuite vers leur véritable objet.

847. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 200-202

On le traduisit en François du temps de Balzac & de Voiture, & l’on en trouva la pensée si jolie, que, depuis ce temps, le Soleil est devenu l’objet éternel des comparaisons galantes.

848. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

M. de Valois répandit un jour lumineux sur tous ces objets, en quoi il s'est rendu plus utile qu'une foule d'autres Compilateurs qui ont augmenté le nombre des Livres, sans augmenté celui des connoissances.

849. (1761) Salon de 1761 « Gravure —  Casanove  » pp. 163-164

Les cuirasses rouges, vertes ou bleues, selon les objets qui s’y peignent, sont toujours d’acier.

850. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

C’est que la n’est point son objet. […]  » Mais cette sensibilité n’a jamais pour objet que lui-même. […] L’affection vraie trouve son objet avant de le chercher. […] À cause justement de son égoïste délicatesse, s’accommodant très volontiers d’un objet vague auquel ne se substituerait point sans déception pour elle un objet précis, elle ouvre elle-même la barrière au rêve indéfini, à l’effusion de l’âme sur tous les espaces de la nature. […] Et, à tout prendre, c’est la vérité même, le sentiment étant objet d’art quand il a perdu sa violence, mais non pas tout son aiguillon.

851. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Qu’il ne soit pas objet de connaissance, nous le voulons bien, et nous l’appellerons, si l’on veut, l’inconnaissable ; mais qu’il ne soit pas objet d’étude, c’est ce que veut le principe de l’évidence, et c’est ce que nous ne pouvons pas vouloir. […] De ce qu’il entre de l’hypothèse dans un raisonnement, cela prouve qu’on n’a pas fait le tour de son objet ; cela ne prouve pas qu’il ne fallût pas même essayer de raisonner sur cet objet. […] La légèreté française est faite d’intelligence vive et vite fatiguée par la contemplation du même objet ; de sensibilité vive et vite fatiguée de la possession du même objet. […] Or l’association est toujours pour les républicains un objet de défiance invincible, depuis Rousseau jusqu’à M.  […] Et le seul objet de cette antipathie et de cette peur, c’est le socialisme.

852. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

L’Asie est principalement l’objet du zèle de ces messieurs. […] Ces deux ouvrages furent à la fois l’objet de l’attention du parlement. […] Mais, de tous les objets qui piquèrent sa curiosité, aucun ne l’excita plus que les catacombes de Rome. […] La vache est chez eux un objet d’adoration. […] Dix propositions, extraites fidèlement de cette singulière thèse, furent l’objet de la censure.

853. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

À ce moment, et après cent ans de culture, il n’y a aucun mouvement, aucun objet, aucune action qu’on ne sache décrire. […] En vain on la voit reparaître ; on ne s’en lasse pas, parce que chaque fois elle ajoute quelque chose à notre idée, et nous montre l’objet sous un nouveau jour. Cet objet lui-même a beau être abstrait, obscur, déplaisant, contraire à la poésie ; le style répand sur lui sa lumière ; de nobles images, empruntées aux spectacles simples et grands de la nature, viennent l’illuminer et le décorer. […] Il est amateur du réel ; il a l’imagination précise, il n’aperçoit pas les objets en gros par des vues générales, mais un à un, chacun avec tous ses contours et tous ses alentours, quel qu’il soit, beau ou laid, sale ou propre. […] Un homme passionné, triste, naturellement replié sur lui-même, fait la conversation avec les objets ; un grand ciel grisâtre où dorment des vapeurs d’automne, un jet soudain de soleil qui vient illuminer une prairie humide l’abattent ou le raniment ; les choses inanimées lui semblent vivantes ; et la clarté faible, qui le matin vient rougir le bord du ciel, le remue autant que le sourire d’une jeune fille à son premier bal.

854. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Quoique le langage de ses bergers ait pour objet ou des amours champêtres ou des choses communes & rustiques, ce langage est toujours élégant, figuré & poétique. […] Exempt dans ses satyres du fiel amer de Juvenal, jamais il ne pince sans rire, & sa critique est accompagnée d’un badinage si ingénieux, qu’elle plaît même à ceux qui en sont l’objet. […] Son objet a été 1°. de rendre le Poëte latin avec la fidélité la plus scrupuleuse, sans couvrir ni déguiser ses défauts, & sans lui faire rien perdre, autant que pourroit le permettre le caractère de notre langue, de sa force & de ses agrémens. 2°. […] Ce double objet a paru très-bien rempli. […] Celles qu’il a mises au bas des pages ont pour objet d’éclaircir quelques détails, & le plus souvent de concilier le Poëte avec les Historiens dont les textes sont rapportés.

855. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Quand on prend diverses photographies d’un objet en tournant autour de lui, la variabilité des détails ne fait que traduire l’invariabilité des relations que les détails ont entre eux, c’est-à-dire la permanence de l’objet. […] Pour l’objet restreint que nous poursuivons en ce moment, il sera utile de couper l’expérience en deux et de n’en retenir, si l’on peut s’exprimer ainsi, qu’une moitié. […] Le physicien placé dans le train va donc se donner une vision mathématique de l’univers où tout sera converti de réalité perçue en représentation scientifiquement utilisable, à l’exception de ce qui concerne le train et les objets liés au train. Le physicien placé sur la voie se donnera une vision mathématique de l’univers où tout sera transposé de même, à l’exception de ce qui intéresse la voie et les objets solidaires de la voie. […] Mais il prend l’aspect d’un intervalle par un phénomène d’optique mentale, analogue à celui qui écarte l’objet de lui-même, en quelque sorte, quand une pression sur le globe oculaire nous le fait voir double.

856. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Dégager les phénomènes réguliers des accidentels, et déterminer les lois générales qui régissent les premiers ; tracer l’histoire universelle, éternelle, qui se produit dans le temps sous la forme des histoires particulières, décrire le cercle idéal dans lequel tourne le monde réel, voilà l’objet de la nouvelle science. […] Les autres sciences s’occupent de diriger l’homme et de le perfectionner ; mais aucune n’a encore pour objet la connaissance des principes de la civilisation d’où elles sont toutes sorties. […] Les signes par lesquels les hommes commencèrent à exprimer leurs pensées, furent les objets mêmes qu’ils avaient divinisés. […] On peut l’observer dans le latin, langue plus héroïque, moins raffinée que le grec ; tous les mots y sont tirés par figures d’objets agrestes et sauvages. […] Voyant qu’on négligeait surtout la langue latine, il se détermina à en faire un des principaux objets de ses études ; pour mieux s’y livrer, il abandonna le grec, et ne voulut jamais apprendre le français.

857. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

L’esprit de M. de Talleyrand, de Mirabeau, de l’Assemblée constituante, l’esprit qui a pour objet la conquête des idées, au lieu de la conquête des territoires, était resté dans le cabinet des Tuileries. […] XVIII On a inventé plus tard le principe de l’ambition toujours légitime des cabinets, pourvu que cette ambition per fas aut nefas eût pour objet et pour résultat l’agrandissement de la puissance, ou dynastique ou nationale, des États ; le principe de l’accroissement illimité et toujours légitime des peuples ou des rois, faux principe qui ne se résume que dans ce qu’on a appelé la monarchie universelle, principe qui a été porté à son apogée par les Grecs sous Alexandre le Grand, par les Romains sous les consuls et les Césars, par les Barbares sous Charlemagne, par les Arabes sous Mahomet, par les Espagnols et les Germains sous Charles-Quint et sous Napoléon, principe qui a été chaque fois démenti par le soulèvement du genre humain contre ces ambitions du monde, qui, non contentes d’aspirer à le fondre dans l’unité de la servitude, aspiraient encore à assujettir d’autres planètes pour que l’infini de leur orgueil remplît l’infini de l’espace ! […] La Révolution n’avait pas pour objet et pour but un accroissement de limites pour la France. […] Vaincue et victorieuse tour à tour, puis expulsée enfin de la Lombardie par Bonaparte, elle eut un tort de caractère ineffaçable, c’est d’accepter Venise des mains de Bonaparte comme prix de la paix, complice ainsi et recéleuse d’un État indépendant qu’elle n’avait pas conquis, qu’elle n’avait pas droit de conquérir et dont elle ne pouvait accuser l’usurpation, puisqu’elle consentait à en faire l’objet d’un trafic avec Bonaparte.

858. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Mais ma vie ne se compose pas seulement de pensées comme celle d’un pur esprit qui n’a d’autre objet que la contemplation. […] Le premier objet de cette pensée, partout, chez tous les peuples plus ou moins policés, c’est l’auteur du monde. L’objet de cette pensée est infini ; aussi occupe-t-il infiniment cette pensée, infinie elle-même dans son objet.

859. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Parvenu au but de ses désirs, qui était de renverser les libéraux modérés du ministère, pour créer et protéger un ministère de royalistes auxquels il prêterait son talent, puis, de le renverser ensuite et de se substituer seul à M. de Villèle, il semble d’abord ressentir ou affecter pour madame Récamier une passion de jeunesse sans mesure, qui n’a pour objet que de revenir de ses ambassades à Paris pour s’enivrer de sa passion équivoque auprès d’elle, dans la solitude et dans le désintéressement de son amour ; puis, après le congrès de Vérone et sa nomination au ministère des affaires étrangères, d’autres passions moins platoniques paraissent le refroidir et l’éloigner de madame Récamier. […] Madame Récamier s’aperçoit sans doute de cette éclipse, en devine les objets nouveaux, et, ne pouvant les éloigner de lui, se résout à s’éloigner elle-même. […] Nous en connaissons les objets sans avoir le droit de les nommer. […] Cela était d’autant plus nécessaire, que des affaires d’argent perdu dans des affaires de bourses étrangères avaient, disait-on, compliqué et aggravé des affaires de cœur entre M. de Chateaubriand et une des personnes, objet de ses nombreux attachements.

860. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Introduction Un missionnaire du siècle dernier, montant en chaire pour la première fois devant l’élite de la société parisienne, s’exprimait ainsi : « À la vue d’un auditoire si nouveau pour moi, il semble que je ne devrais ouvrir la bouche que pour vous demander grâce en faveur d’un pauvre missionnaire dépourvu de tous les talents que vous exigez, quand on vient vous parler de votre salut. » Ne devrais-je pas, à l’exemple du père Bridaine, vous demander grâce en faveur d’un obscur missionnaire de la religion des lettres qui vient vous entretenir des objets sacrés de son culte ? […] Ces beautés de second ordre nous font un devoir d’étudier les objets auxquels elles se rapportent, si nous voulons qu’elles ne nous échappent pas. […] C’est d’ailleurs la première fois que de nos jours on en fait l’objet d’un enseignement spécial. […] Il nous a semblé que cet art, si utile et si négligé de nos jours était un complément d’autant plus nécessaire à nos études, qu’il n’est nulle part l’objet d’un enseignement spécial.

861. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Toute chose lui est comme un de ces portraits de maître qui, dans les musées, semblent suivre de l’œil les visiteurs, il n’y a pas dans la nature, telle qu’il la sent, d’objets inanimés ; tout a vie, et le sait ; il n’y a pas d’aspects, mais des visages. […] La troisième sorte de critique choisit, parmi tous les objets d’étude qu’offrent les lettres, une question qu’elle traite à fond, en prenant grand soin de n’en avoir pas l’air. […] C’est là son objet : tirer des lettres un enseignement pratique, songer moins à conduire l’esprit que le cœur, prendre plus de souci de la morale que de l’esthétique. […] Si son objet est élevé, si elle ne fait tort ni à l’esprit humain, qu’elle étudie dans son imposante unité, ni au génie de la France, qu’elle veut montrer toujours semblable à lui-même, ni à notre langue, qu’elle défend contre les caprices de la mode, il faut avouer qu’elle se prive des grâces que donnent aux trois premières sortes de critique la diversité, la liberté, l’histoire mêlée aux lettres, la beauté des tableaux, la vie des portraits, les rapprochements de la littérature comparée.

862. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Acheter un objet dans l’ignorance de tout le monde, à une vente complètement inconnue, et emporter cet objet, chez soi, où personne ne venait le voir : c’est ce que moi et les amateurs de mon temps faisaient. À ces conditions, aucun des amateurs du moment présent, ne dépenserait 50 francs pour un objet d’art, fût-il le plus parfait des objets d’art.

863. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Parce qu’il possède la raison et l’imagination, la raison qui lui fait concevoir l’invisible et l’intelligible au-delà des choses visibles et sensibles, l’imagination qui confond les deux objets de sa pensée dans une représentation symbolique. […] Quant aux sentiments moraux qui résultent d’une culture particulière de l’esprit, il les cite comme un des nombreux exemples servant à démontrer qu’un sentiment peut être, en vertu de la loi de l’association, attaché à des objets qui ne contiennent pas en eux-mêmes ce qui originairement pouvait l’exciter. […] Ils se trouvent ainsi placés vis-à-vis leur objet à peu près comme les physiciens vis-à-vis la nature. […] Or, c’est encore là un objet très-intéressant pour la science, et que, par parenthèse, le genre d’observation usité dans l’école spiritualiste de Maine de Biran et de Jouffroy n’est pas propre à nous révéler.

864. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 157-158

Bertin sur la Musique des Chinois :« Cet Ouvrage, l’un des meilleurs & des plus solides, à mon avis, qu’on puisse faire en ce genre, m’a éclairé sur une foule d’objets, même Chinois, que je ne faisois qu’entrevoir à travers les plus épais nuages.

865. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 430-432

Ses différens Mémoires sur les objets les plus intéressans de l'Anatomie, de la Physiologie, de la Thérapeutique ; sur l'établissement de la Société Royale de Médecine que le Roi vient de former ; sur les inconvéniens des cimetieres dans les Villes, &c. n'offriront sans doute rien de piquant à la curiosité des Esprits légers & frivoles ; mais la reconnoissance éclairée du vrai Citoyen, dédommagera M. de Vicq. de la privation de ces sortes de suffrages que le Savant utile doit compter pour rien.

866. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — W. — article » pp. 524-526

Les Articles qui ont pour objet la Peinture, le Dessin & la Gravure, sont de M.

867. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Après une première lecture rapide, qui ne lui avait laissé sentir que l’intérêt d’une narration toujours animée malgré son étendue, toujours claire et limpide malgré la variété des objets et, pour ainsi dire, la quantité des affluents, M.  […] En un mot, s’il nous a très bien démontré et expliqué le genre de tolérance d’un Cicéron, d’un Trajan, d’un Pline, cette disposition humaine sans doute, née toutefois ou accompagnée d’une indifférence profonde et d’un secret mépris pour les objets d’un culte qui, chez les anciens, était une affaire de coutume et de forme extérieure, non d’opinion ni de croyance, il n’a pas également compris le sentiment nouveau qui combattait et affrontait cette tolérance, et qui devait, vers la fin, la lasser. […] Faut-il croire que, durant ces années, Gibbon ne se contentait pas d’être amoureux de Fanny Lausanne, et qu’il ait songé encore à adresser ses hommages à quelque objet plus réel ?

868. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Je sens par moi-même, qui, ayant plus d’imagination que de jugement, embrasse toute sorte d’objets, que les plus dignes de moi sont dans un avenir presque impossible. […] avez-vous oublié qu’il est un pays où vous trouveriez les mêmes plaisirs avec plus de variété, sans quitter le soin de votre fortune, ni celui de cultiver votre esprit, et sans séparer, comme vous faites, les objets de vos passions ? […] Si l’ambition vous occupe, car enfin il faut avoir un objet, Paris et la Cour ne doivent-ils pas être votre séjour ?

869. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

La céleste Roxandre, en ce temps-là, était l’objet de son admiration vraiment romanesque ; elle la voyait comme assise sur un trône idéal, et, dans la suite de lettres qu’elle lui adresse, on croirait par moments qu’elle parle à quelque impératrice de Constantinople ou de Trébizonde. […] Ce fut une grâce… » Elle disait encore, en parlant de cet entier abandon de son être au sein de Dieu : « Ces sentiments, chère amie, sont de très ancienne date : le premier germe en a été conçu dans un temps où l’air était encore embaumé, les objets à l’entour resplendissants de beauté et de fraîcheur, et où mon cœur, quoique troublé par des peines, sentait encore parfois son existence avec enivrement. » Pour le philosophe et l’observateur, qui ne donne dans le surnaturel qu’à son corps défendant, il n’y a pas tant à s’étonner de cette subtilisation, de cette sublimation (pour parler comme en chimie) de tous les sentiments. […] Mme Swetchine, une schismatique convertie, se vit donc, en retour, l’objet de cette faveur ecclésiastique singulière.

870. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Mme de Boufflers s’était liée avec Jean-Jacques dès le commencement de son séjour à Montmorency (1759) et en même temps que la maréchale de Luxembourg : il devint aussitôt l’objet de tous leurs égards et de tous leurs soins ; le prince de Conti, à la suggestion de ces dames, alla même faire deux fois visite à Rousseau, et il choisit un moment où M. et Mme de Luxembourg n’étaient pas à Montmorency, afin de bien marquer que ce n’était pas une visite de ricochet et qu’elle était toute à l’intention de l’illustre solitaire. […] L’amitié qu’ils se portent les engage à ne rien laisser voir de leur passion à celle qui en est l’objet : elle aime l’un des deux ; elle lui déclare son amour ; il n’a pas la force de lui cacher ses sentiments, mais il court en avertir son rival. […] Concevez tous les motifs que j’avais de croire l’histoire fabuleuse ; combien ma surprise et mon ignorance que j’exprimais naïvement dans mes lettres (elle était à Pougues) contribuaient à la faire regarder comme telle par les personnes qui concluaient, ainsi que moi, que le baron d’Holbach n’eût pas dû être votre premier confident ; enfin, le déplaisir que vous m’avez causé par une conduite qui déroge un peu, ce me semble, à l’amitié que vous m’avez promise. » Puis, en venant au fond, elle estime que son ami le philosophe s’est laissé bien vivement emporter au sujet d’une injustice cruelle dont il a été l’objet, et dont une pauvre tête égarée a pu seule se rendre coupable : « Mais vous, au lieu de vous irriter contre un malheureux qui ne peut vous nuire, et qui se ruine entièrement lui-même, que n’avez-vous laissé agir cette pitié généreuse, dont vous êtes si susceptible ?

871. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

La vallée du Chéliff, ou plutôt la plaine inégale et caillouteuse ravinée par le Chéliff, s’offre à nous avec son caractère d’aridité surprenante ; le peintre ici se montre tout à nu et nous rend le terrain dans sa crudité géologique, comme le ferait un Saussure qui saurait colorer aussi bien que dessiner : « Imagine (il s’adresse toujours à son ami) un pays tout de terre et de pierres vives, battu par des vents arides et brûlé jusqu’aux entrailles ; une terre marneuse, polie comme de la terre à poterie, presque luisante à l’œil, tant elle est nue ; et qui semble, tant elle est sèche, avoir subi l’action du feu ; sans la moindre trace de culture, sans une herbe, sans un chardon ; — des collines horizontales qu’on dirait aplaties avec la main ou découpées par une fantaisie étrange en dentelures aiguës, formant crochet, comme des cornes tranchantes ou des fers de faux ; au centre, d’étroites vallées, aussi propres, aussi nues qu’une aire à battre le grain ; quelquefois, un morne bizarre, encore plus désolé, si c’est possible, avec un bloc informe posé sans adhérence au sommet, comme un aérolithe tombé là sur un amas de silex en fusion ; — et tout cela, d’un bout à l’autre ; aussi loin que la vue peut s’étendre, ni rouge, ni tout à fait jaune, ni bistré, mais exactement couleur de peau de lion. » Après de telles pages, on n’a plus rien à demander au peintre pour le technique de son art : il s’est traduit en prose avec un ton égal à son objet. […] La nuit qui tombait n’augmenta ni la solitude, ni l’abandon, ni l’inexprimable désolation de ce lieu. » Je note en passant ce « ciel balayé, brouillé, soucieux », cette transposition et comme ce reflet de l’âme au ciel et aux objets environnants. […] Il semble que le plus petit objet saillant y devrait apparaître ; pourtant on n’y découvre rien ; même, on ne saurait plus dire où il y a du sable, de la terre ou des parties pierreuses ; et l’immobilité de cette mer solide devient alors plus frappante que jamais.

872. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

La noblesse, le sénat, les femmes, tout déloge depuis que l’armée du roi a repassé l’Oglio… Je n’ai jamais cru, conçu ni compris que, la défense du Milanais étant l’objet principal, ce fût le défendre que de repasser l’Oglio. […] Je suis frappé de cet objet au milieu de ma disgrâce, et de la mauvaise satisfaction que le roi a de mes services pendant cette campagne ; j’y vois reluire quelques égards de sa bonté pour ne me pas abattre ; je ressens cela comme je dois. […] Il fit demander au roi que, tout en restant à l’armée pour la fin de cette campagne, il lui fût permis de se retirer après, et il en donna les raisons suivantes, ne craignant point de fournir lui-même des motifs d’excuses et presque des armes à la sévérité dont il était l’objet : « Je ne suis.plus jeune, écrivait-il à Chamillart (28 août), je suis près d’entrer dans ma soixante-quatrième année.

873. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Après quoi nous nous empressons de l’oublier, car elle nous conduirait à être sévère, c’est-à-dire injuste envers un homme et un ouvrage dont le mobile et l’objet sont faits pour intéresser. […] Quelques mots épars, quelques indices recueillis par M. de Cayrol, semblent indiquer que les jouissances de cœur ne manquèrent pas à Gresset dans ces années mondaines ; mais la discrétion du poëte n’a rien laissé percer sur l’objet aimé, et, dans un monde où tout s’affichait, il sut couvrir d’un voile mystérieux le nom de sa Glycére. […] L’observation fine de Gresset venait de prendre sur le fait un travers, un vice particulier à ce moment de société auquel il assistait ; son talent redevenu net, vif, élégant, et à la fois enhardi, avait mis l’odieux objet dans une entière lumière ; sa conscience d’honnête homme l’avait flétri.

874. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

D’autres fois, enfin, c’est un témoin, un dépositaire de la confidence qui la révèle, quand les objets sont morts et tièdes à peine ou déjà glacés. […] Oui, ma vocation, l’objet de ma vie, était sans doute de t’aimer, et ce qui me le fait croire, c’est que rien de ce que j’ai fait pour t’en donner des preuves n’excite en mon âme le moindre remords. » Nous avons entendu quelques personnes, d’un esprit judicieux, reprocher à Mlle de Liron de la seconde moitié de n’être plus Mlle de Liron de la première, et de s’être modifiée, platonisée, vaporisée en quelque sorte, grâce à son anévrisme, de façon à ne plus nous offrir la même personne que nous connaissions pour pétrir si complaisamment la pâtisserie et pour avoir eu un amant. […] Il approcha de Mlle Aïssé, et s’enflamma pour elle d’une passion qui désormais fut son unique objet et l’occupation du reste de sa vie.

875. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Mais, avant d’être coulé près d’elle, il avait su s’en faire aimer, et rien ne prouverait mieux au besoin qu’il n’y a dans l’amour que ce qu’on y met, et que l’objet de la flamme n’y est presque en réalité pour rien. […] Il est certainement mieux qu’elle n’ait jamais vu Rousseau, l’incomparable objet de son culte ; c’est ainsi que les religions de l’esprit se conservent mieux. […] Dans ces pages que les yeux contemporains, atteints du même mal et épris de la même couleur jaunissante, admirent comme également belles, et qu’une sorte d’unanimité complaisante proclame, le temps, d’une aile humide, flétrit vite ce qui doit passer, et laisse, au plein milieu des objets décrits, de grandes plaques injurieuses qui font mieux ressortir l’inaltérable du petit nombre des couleurs légitimes et respectées.

876. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

La critique varie à l’infini selon l’objet étudié, selon l’esprit qui l’étudié, selon le point de vue où cet esprit se place. […] Le moraliste, dit-il, est très voisin du psychologue par l’objet de son étude, car l’un et l’autre est curieux d’atteindre les arrière-fonds de l’âme et veut connaître les mobiles des actions des hommes. […] L’appareil extérieur de la recherche psychologique n’est peut-être pas toujours, chez l’auteur de Cruelle énigme, en proportion avec son objet.

877. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Barnave, rentré en janvier 1792 dans ses foyers, après la clôture de l’Assemblée constituante, mis en état d’arrestation en septembre de cette même année, détenu pendant plus d’un an avant de périr sur l’échafaud, profita de cet intervalle pour écrire des réflexions de tout genre sur les objets habituels qui l’occupaient. […] Mais, pendant le reste de la promenade, nous ne pûmes plus parler, et l’objet qui avait fait son mal nous occupait tous. […] Ce qui arriva tout naturellement et inévitablement, c’est que la reine, en femme qu’elle était, reconnut à l’instant dans Barnave l’attitude, l’accent, les égards de ce qu’on appellera toujours en France un homme comme il faut ; elle se sentit, de sa part, l’objet d’une pitié respectueuse et discrète ; elle comprit que, dans une certaine mesure, elle pouvait compter sur lui.

878. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Il semble souvent, en effet, qu’il ne manque chez lui qu’un rayon pour tout éclairer, et l’on dirait volontiers de l’athéisme de Diderot comme il disait de ces deux vues de Vernet, où le moment choisi de la chute du jour avait rembruni et obscurci tous les objets : « À demain, lorsque le soleil sera levé. » Avec tout cela, cependant, on ne fera jamais de Diderot un croyant sans le savoir, ni une manière de déiste selon le sens et l’esprit du mot ; une telle discussion serait ici, d’ailleurs, trop délicate et trop épineuse pour que je l’aborde de près ou de loin. […] J’ai été forcé toute ma vie de suivre des occupations auxquelles je n’étais pas propre, et de laisser de côté celles où j’étais appelé par mon goût… Je ne sais s’il ne s’abusait point en parlant ainsi, et si cette diversité d’objets sans cesse renaissants n’était point selon ses goûts mêmes. […] Cet homme excellent, cordial, élevé, chaleureux, ce critique si animé, si ingénieux, si fin, et qui a par-dessus tout la manie de prêcher les mœurs, ne sait pas, en présence d’un objet d’art, se contenter d’élever et de fixer notre idée du beau, ou de satisfaire même notre impression de sensibilité : il fait plus, il trouble un peu nos sens.

879. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Charles Labitte, qui, le premier, lui a consacré une notice littéraire développée ; quoique ses travaux et son système philologiques aient été l’objet de plusieurs leçons de M.  […] L’auteur, oubliant que le véritable objet d’une tragédie était d’émouvoir et de toucher, s’est trop occupé d’avoir une opinion sur un fait qui sera toujours enveloppé de ténèbres parce qu’il est impossible d’y apporter aucune lumière. […] Toutes les faiblesses, toutes les contradictions sont malheureusement dans le cœur des hommes et peuvent offrir des couleurs éminemment tragiques… Puis il critique le jeune Marigni, amoureux sans qu’on connaisse l’objet de son amour et qu’on puisse s’y intéresser, voulant toujours mourir, et un hors-d’œuvre tout à fait inutile à l’action.

880. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

C’est pour se distraire, pour chercher à soulager et à remplir son âme, qu’il conçut son travail estimable contre les athées, les incrédules du temps et les railleurs, et qu’il intitula : De l’importance des opinions religieuses (1788) : Mes pensées, dit-il, ne pouvant plus s’attacher à l’étude et à la recherche des vérités qui ont l’avantage politique de l’État pour objet ; mon attention ne devant plus se fixer sur les dispositions particulières de bien public qui sont nécessairement unies à l’action du gouvernement, je me suis trouvé comme délaissé par tous les grands intérêts de la vie. […] Necker en eut un d’un autre genre, et plus digne de son objet. […] Les ouvrages qu’il composa depuis à titre de spectateur, et qui ont pour objet la Révolution française observée dans les diverses phases de son développement, contiennent quantité de vues justes, élevées, ingénieuses, et les plus honorables désirs.

881. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Quand il lui faut décrire un objet ou un ensemble, noter un dialogue, exprimer une idée, il ne tente pas de choisir, entre les termes exacts possibles, ceux doués de qualités communes indépendantes de leur sens, la sonorité et la splendeur comme chez Flaubert, le mouvement et la grâce comme chez les de Goncourt, la rudesse cladélienne ou la noblesse et le mystère de M.  […] On peut imaginer un esprit enregistreur, éminemment apte à percevoir par les sens, à retenir et à se figurer les mille manifestations de la vie décrivant les objets, les physionomies et les caractères de la façon dont ils apparaissent par le détaillement de leurs parties et l’énumération %94de leurs actes ; parvenant, grâce à une accumulation de notes internes, à avoir d’une nation à une certaine époque une connaissance aussi complète que celle dont nous avons marqué les limites. […] Il est permis d’admettre qu’un esprit parvenu à ces sympathies, comparant leur objet — de pures idées — aux misérables éléments dont il est extrait — la réalité — se prenne de tristesse et de mépris pour l’imperfection et l’hostilité des choses, se sente irrité contre les vices mesquins et les vertus compromises des créatures vivantes, parvienne au pessimisme colère qui caractérise toute l’œuvre de M. 

882. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Le comique, la puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l’objet du rire. […] C’est le rire de l’homme, mais rire vrai, rire violent, à l’aspect d’objets qui ne sont pas un signe de faiblesse ou de malheur chez ses semblables. […] Une idole chinoise, quoiqu’elle soit un objet de vénération, ne diffère guère d’un poussah ou d’un magot de cheminée.

883. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Cette contraction, naturellement, atteint aussi bien la règle avec laquelle on mesure l’objet que l’objet lui-même. […] Nous voulions seulement, en retrouvant ces formules terme par terme, en définissant les perceptions d’observateurs placés dans l’un ou l’autre système, préparer l’analyse et la démonstration qui font l’objet du présent travail.

884. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Celle qui en était l’objet en a loué seulement avec orgueil la douceur passionnée et le charme musical ; c’étaient pour elle des odes, comme Horace en adressait à Lydie. […] Il fut un temps où, selon leur récit, elles étaient adorées ; mais aujourd’hui elles sont pour tous objet de haine ou d’indifférence. » Ces trois femmes mystérieuses, que l’amour interroge sur leurs noms, c’étaient la Justice, la Générosité et la Tempérance, persécutées désormais par les hommes et réduites à une vie errante et pauvre. […] C’est un hymne à Dieu ; c’est une paraphrase populaire du chant sublime où le Psalmiste appelait tous les objets de la nature à célébrer le Créateur.

885. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Feydeau l’idée, la situation et le talent, j’avais fait des réserves suffisantes ; mais, me souvenant de nos propres débuts, déjà si lointains, et des accusations, au moins exagérées, dont nous-même fûmes autrefois l’objet de la part d’adversaires prévenus, je ne saurais admettre que le meilleur moyen d’encourager ou de redresser un talent qui se produit soit de lui lancer d’abord un écritoire à la tête ou de le lapider. […] Turgan, directeur du Moniteur, avait pour objet bien moins de louer tel ou tel roman d’un de nos amis que de replacer la question littéraire et d’art sur son véritable terrain.

886. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Ce fut seulement au xviiie  siècle que les fabliaux et les romans-manuscrits devinrent l’objet d’investigations et d’études sérieuses. […] Que La Fontaine ait travaillé et soigné ses ouvrages, ce ne peut être aujourd’hui l’objet d’un doute.

887. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

C’est que la liberté et la vertu, ces deux grands résultats de la raison humaine, exigent de la méditation : et la méditation conduit nécessairement à des objets sérieux. […] chacun des deux n’embrasse-t-il pas, dans l’objet qu’il aime, tout ce que l’imagination peut se créer, tout ce qu’un cœur abandonne à l’espérance pourrait souhaiter ?

888. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Mais lorsque l’exercice de la pensée tend à des résultats moraux et politiques, il doit avoir nécessairement pour objet d’agir sur le sort des hommes. […] Ce sera l’objet du chapitre suivant.

889. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Boileau a exprimé cette attraction que les mots exercent les uns sur les autres par l’habitude qu’ils ont d’être réunis, dans les vers si connus de sa seconde satire : Si je louais Philis en miracle féconde, Je trouverais bientôt à nulle autre seconde ; Si je voulais vanter un objet non pareil, Je mettrais à l’instant plus beau que le soleil. […] La cause est précisément que les mots, bornés à leur objet propre, ne sollicitent pas l’esprit à penser au-delà de leur sens, ne lui ouvrent point de vue sur des choses inexprimées ; la phrase n’a ni dessous ni profondeurs ; mettant toute sa richesse en dehors et comme en étalage, ne tenant rien en réserve, elle est toisée, prisée d’un coup d’œil : il y manque ces groupes d’images et d’idées, qui, surgissant derrière les mots, saisissent l’esprit et transforment la lecture distraite des yeux en une avide curiosité de toute l’âme.

890. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Eh bien, pour poursuivre la comparaison, les écrivains qui embellissent une langue, qui la traitent comme un objet d’art, en font en même temps un instrument plus souple, plus apte à rendre les nuances de la pensée. […] Le seul objet naturel de la pensée mathématique, c’est le nombre entier.

891. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Les pays grecs et romains n’entendirent pas parler de lui ; son nom ne figure dans les auteurs profanes que cent ans plus tard, et encore d’une façon indirecte, à propos des mouvements séditieux provoqués par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples étaient l’objet 1233. […] L’amour ne va pas sans un objet digne de l’allumer, et nous ne saurions rien de Jésus si ce n’est la passion qu’il inspira à son entourage, que nous devrions affirmer encore qu’il fut grand et pur.

892. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

La première a fourni plusieurs objets de discussion ; mais je ne m’arrêterai qu’aux principaux, à celui du partage réel ou prétendu de la récitation & du geste, & à celui de la déclamation notée. […] Les uns & les autres ont pour objet, de jouer avec la plus grande vérité ; mais ils se gardent bien de réciter comme on parle.

893. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Son objet, c’est l’idéal de la vie humaine dans tous les pays et dans tous les temps. […] Il ne faut point oublier que la littérature est un art, que ce qui distingue l’art de la science, ce n’est pas seulement la nature des vérités qu’il exprime, c’est encore la manière dont il les exprime, que son principal objet est de rendre le vrai ou l’intelligible par des formes sensibles, en un mot de parler au cœur, aux sens, à l’imagination en même temps qu’à l’esprit.

894. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

« En général, dit-il, on estime trop les mathématiques… La géométrie a des vérités hautes, des objets peu développés, des points de vue qui ne sont que comme échappés. […] Donnez-lui d’abord des notions claires de ses devoirs moraux et religieux ; enseignez-lui les lettres humaines et divines : ensuite, quand vous aurez donné les soins nécessaires à l’éducation du cœur de votre élève, quand son cerveau sera suffisamment rempli d’objets de comparaison et de principes certains, mettez-y de l’ordre, si vous le voulez, avec la géométrie.

895. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

voyez, examinez si mon muguet, cette fleur d’albâtre, n’est pas une bouture de Platon ; si ce Joubert, au nom bourgeois, n’est pas Platon, mais dans ce milieu plat et non platonique du monde moderne que nous touchons avec la main, car l’éloignement, cette perspective qui crée la poésie, rapetisse les objets comme il les grandit. […] Au nom seul, à l’idée seule de Platon, les miettes de ce beau génie grec qu’il avait dans l’esprit s’agitent, se rejoignent, deviennent sonores et se mettent à vibrer comme des disques d’or sur la peau frémissante d’un tambour qu’on aurait frappé, et l’on entend comme une répercussion de cette harmonie que Platon répand de lui-même comme d’une lyre qui a le son en elle… Comme Platon, Joubert n’a jamais cherché que des formes et des idées, et on peut dire de lui ce qu’il disait de Platon : « Platon a en lui plus de lumière que d’objets, plus de forme que de matière.

896. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

la tragédie, qu’il confond, non sans raison, avec l’homme qui se l’est appropriée par la perfection dont il a joué de cette chose difficile, force le théoricien de l’admiration effrénée que nous venons de voir à se tenir devant, le poing fermé, au lieu de se tenir derrière, à comparer malhonnêtement la vieille tragédie au jeune drame, et à ramasser non plus la plume du poète, qu’il ferait bien de garder s’il la ramassait, mais des injures inouïes et des raisons exhilarantes contre les objets de sa double détestation. […] le talent qui, en définitive, n’est quelque chose que par les nobles objets auxquels on l’applique et les bons emplois qu’on en fait !

897. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

… II Les Âmes mortes, en effet, sont le déshonneur universel de la Russie, et jusque de sa nature extérieure, que le réaliste Gogol insulte par les descriptions qu’il en fait et les indignes objets auxquels il la compare. […] Insupportable, nous l’avons dit déjà, par le sujet et la manière ; insupportable par la monotonie de son trait, qui est toujours le même ; insupportable par la vulgarité de son observation, qui ne s’élève jamais, quoiqu’il ait essayé, dans la seconde partie des Âmes mortes, de peindre des gens qui ne sont pas simplement des radoteurs ou des imbécilles ; insupportable enfin par sa description de la nature, qui nous reposerait du moins de cette indigne société de crétins nuancés dans laquelle il nous fait vivre, et qu’il nous peint toujours à l’aide du même procédé : la comparaison de l’objet naturel avec le premier engin de civilisation venu.

898. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Évidemment il les domina par la faculté la plus élevée d’entre les facultés humaines, quel que soit l’objet auquel on l’applique, — par cette faculté de l’ordre que Voltaire n’eut jamais qu’avec ses domestiques et ses libraires, et que Montesquieu aurait pu avoir, sans cet amour mesquin de l’épigramme qui l’a tant rapetissé ! […] « Quand il met sa grande robe sur les petits objets, elle fait mille plis », disait gracieusement pour la première fois de sa vie, en parlant de lui, ce goitre de Suisse, Mme Necker.

899. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghéon, Henri (1875-1944) »

Le Dépotoir, l’un des plus beaux poèmes du livre, trop long pour être cité en entier, et trop homogène pour qu’on en détache un fragment) ; mais il note aussi, comme le doit faire tout bon poète, les apparences fugaces des objets et des hommes, et les similitudes qui ne sont pas perçues dès l’abord.

900. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 198-200

Dans les Ouvrages de prose, le style étoit l’objet dont on s’embarrassoit le moins : pourvu que l’expression ne fût point barbare, qu’elle rendît la pensée de l’Auteur, on croyoit avoir le talent d’écrire.

901. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

Ceux qui l’ont entendu ont donc raison de le regarder comme un Orateur dont la maniere n’appartient qu’à lui seul, qui, laissant aux autres le soin de prouver les dogmes de la Religion, se borne à un objet non moins estimable, & plus utile peut-être, celui d’en développer la morale, d’en faire aimer les devoirs & respecter l’autorité.

902. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277

M. l’Abbé Bergier à composé aussi quelques Ouvrages de pure Littérature, qu’on peut regarder comme les préludes de sa plume, qui devoit dans la suite s’exercer sur les plus grands objets.

903. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 418-420

Pourvu qu’on choisisse bien son sujet, qu’on en regle ingénieusement l’economie, qu’on distribue ses personnages avec choix, que les situations forment des tableaux, pourvu que la fable soit susceptible d’incidens extraordinaires, de divertissemens délicatement variés & tirés du fond même de l’intrigue, de décorations pompeuses ou agréables, on sera toujours sûr de remplir l’objet de cette partie de nos spectacles, & de la sauver des dégoûts d’une ennuyeuse monotonie.

904. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 397-399

Au mérite d’une compilation beaucoup mieux digérée, l’Auteur joint celui d’un style assorti à son objet.

905. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 531-533

Pour les détails, on ne sauroit trop y applaudit : l’élégance, le naturel, l’aménité, y répandant un air de vie qui égaye l’imagination, la fixe sur tous les objets, & les lui rend sensibles.

906. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

La plupart sont peu connus, parce qu’ils ont pour objet, des matieres au dessus du goût de la multitude, qui ne s’amuse guere que de frivolités.

907. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 328-330

Pour bien décider sur ces sortes de matieres, il faudroit non seulement remonter aux sources, suivre les traces, saisir les rapports, ne jamais perdre de vue son objet, mais avoir encore une sûreté de tact pour saisir les caracteres, un esprit de sagacité pour découvrir & recueillir les débris dispersés, & une adresse pour les concilier & en former un Tout, capable de remplir le but qu’on s’est proposé.

908. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » pp. 430-432

Si l’Historien semble quelquefois s’écarter de son sujet, ce n’est que pour y répandre un jour plus lumineux, en rappelant des objets qui tendent à l’éclaircissement du sujet principal.

909. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 219-221

Ils ont contribué à étendre les lumieres politiques, à éclairer sur les objets qui peuvent augmenter le bien général & diriger la Morale vers la pratique.

910. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

Ce n'est pas que le génie de M. de Thou ne s'abaisse quelquefois à certains objets fort accrédités de son temps, tels que les prédictions, les présages, &c. qu'il ne s'engage quelquefois dans des digressions un peu longues, & ne s'écarte de son sujet principal ; mais il fait y revenir ensuite, & se faire pardonner ses écarts.

911. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — III »

À notre vue l’univers se meut : ou le mouvement est, de toute éternité, la loi et le propre de la vie — ou le geste métaphysique qui brise le sceau de l’unité et pose l’objet devant le sujet, déclenche aussi le ressort qui engendre dans le temps et dans l’espace le mouvement du multiple sons l’influence de la cause.

912. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

Il se bornera seulement à faire remarquer que la partie pittoresque de son roman a été l’objet d’un soin particulier ; qu’on y rencontre fréquemment des K, des Y, des H et des W, quoiqu’il n’ait jamais employé ces caractères romantiques qu’avec une extrême sobriété, témoin le nom historique de Guldenlew, que plusieurs chroniqueurs écrivent Guldenloëwe, ce qu’il n’a pas osé se permettre ; qu’on y trouve également de nombreuses diphtongues variées avec beaucoup de goût et d’élégance ; et qu’enfin tous les chapitres sont précédés d’épigraphes étranges et mystérieuses, qui ajoutent singulièrement à l’intérêt et donnent plus de physionomie à chaque partie de la composition.

913. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

L’auteur, selon son habitude, s’abstiendra de répondre ici aux critiques dont son livre a été l’objet.

914. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Introduction »

Spencer n’a guère d’autre objet que de montrer comment la loi de l’évolution universelle s’applique aux sociétés.

915. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Lui seul reçoit tous les respects, lui seul est l’objet de toutes les espérances. […] Le nom de son curé, messire Jean Chouart, a déjà été appliqué par Rabelais80 à un objet médiocrement ecclésiastique. […] Au fond, l’artiste est un philosophe, et le génie, dans le poëte comme dans le savant, n’a qu’un objet et qu’un emploi. […] Il est d’autant plus grand qu’il a manié des objets plus grands. […] Voyez-vous cet objet ?

916. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

L’Angleterre avait son livre. « Quiconque pouvait acheter le livre, dit Strype, ou le lisait assidûment, ou se le faisait lire par d’autres, et plusieurs personnes d’âge apprirent à lire pour cet objet. » Des pauvres, le dimanche, se rassemblaient au bas de l’église pour le lire. […] Avec Latimer et ses contemporains, la prédication comme la religion change d’objet et de caractère ; comme la religion, elle devient populaire et morale, et s’approprie à ceux qui l’écoutent pour les rappeler à leurs devoirs. […] Elle produit d’un bloc vingt ou trente idées et autant d’images, épuisant l’objet que l’autre ne fait que désigner et effleurer. […] D’eux-mêmes les objets imaginaires surgissent devant lui. […] Ensuite il a été soumis à ses parents ; il leur a souvent porté du pain, de la boisson et autres objets.

917. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

Leygues ne s’est, semble-t-il, proposé pour objet que de plaire à la petite tribu des délicats.

918. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 115-117

Daquin à tâcher de les faire meilleures, afin de trouver des Auditeurs sensés qui s’en amusent, & de piquer davantage ceux qui en sont l’objet.

919. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 328-331

Un esprit éclairé, une raison droite, une littérature étendue, une théologie lumineuse, un style pur, facile, & souvent élégant, sont les principaux traits qui dominent dans ses Ouvrages, dont la plupart ont pour objet la défense de la Religion contre les attaques des Incrédules.

920. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 377-379

Ces différens objets avoient répandu un nouveau degré d’intérêt sur les travaux de ses Prédécesseurs, qui s’étoient écartés, en ce point, du plan suivi par tous ceux qui ont écrit l’Histoire de France.

921. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Son style est, en général, pur, naturel, simple, sans exclure l’élégance, & a le mérite d’être toujours proportionné aux divers objets qui se présentent à traiter.

922. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Bachelier  » pp. 147-148

Aussi les objets sont-ils ici tous détachés les uns des autres ; ce sont des groupes isolés, des masses de couleurs tranchantes, sur un fond très éclairé.

923. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

Pour la perspective, il en est rigoureux observateur, les objets font bien l’effet qu’on en doit attendre.

924. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

« Au point de vue de l’exactitude bibliographique et du complet, je ne sais aucune notice qui puisse remplir votre objet. […] L’injustice dont il croit avoir été un moment l’objet a été trop amplement réparée et compensée depuis par des témoignages publics de sympathie et d’indulgence. […] Après des mois d’ennuis et de fatigue ingrate, Lui, d’étude amoureux et que la Muse flatte, S’il a vu le moment qu’il peut enfin ravir, Sans oublier jamais son Virgile-elzévir, Il sortait ; il doublait la prochaine colline, Côtoyant le sureau, respirant l’aubépine, Rêvant aux jeux du sort, au toit qu’il a laissé, Au doux nid si nombreux et si tôt dispersé, Et tout lui déroulait, de plus en plus écloses, L’âme dans les objets, les larmes dans les choses. […] La Table générale analytique qui se trouvait à la fin du xie volume a été supprimée comme ne remplissant plus son objet par suite des éditions nouvelles de l’ouvrage, à chacune desquelles M.  […] — Boulogne, le.. venddr, l’an 3me de la République française, une et indivisible. — Citoyen, en exécution de l’article dix du titre sept de la loi du 21 pluviôse, relative aux secours, je te préviens que tu as été cotisé à une somme de 50 fr pour être employée au payement d’avance du trimestre de venddr au pre nivôse des secours dus aux familles des défenseurs de la République. — Je te requiers en conséquence, sous les peines portées en l’article 13 du titre 7 de la loi ci-dessus, de payer sous huit jours, entre les mains du citoyen Marsan, nommé à cet effet par les commissaires distributeurs, le montant de ta cotisation ; cette somme te sera remboursée aussitôt l’arrivée des fonds destinés à cet objet. — Salut et Fraternité.

925. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Si un rayon simple n’éveillait en nous qu’une seule sensation de couleur, elle aurait un maximum, un minimum et des degrés intermédiaires, rien de plus ; et, faute de pouvoir l’opposer à une autre, nous ne la remarquerions pas79 ; nous n’aurions pas l’idée de couleur ; les ondes lumineuses ne feraient, en croissant ou en décroissant de vitesse et de longueur, que rendre la sensation plus intense ou plus faible ; les objets ne différeraient que par leur teinte plus ou moins foncée ; ils ressembleraient aux diverses parties d’un dessin où toutes les différences sont celles du blanc, du gris et du noir. — D’autre part, si chaque rayon simple éveillait seulement deux sensations de couleur, nous aurions encore l’idée de couleur ; nous distinguerions encore deux couleurs principales, leurs maxima, leurs minima, leurs intermédiaires et leurs composés ; mais quantité de sensations de couleur nous manqueraient, et toute l’économie de nos sensations de couleur serait renversée. — C’est ce que l’on observe en étudiant divers cas de maladie ou d’infirmité congénitale, et la théorie qui réduit nos sensations élémentaires de couleur aux trois sensations du rouge, du violet et du vert, reçoit ici de l’expérience la plus frappante confirmation80. — Certaines personnes n’ont pas la sensation du rouge81 ; d’autres n’ont pas celle du vert82 ; en prenant de la santonine, on perd pour plusieurs heures la sensation du violet. […] Si ce second régulateur manque comme la premier, « ils ne peuvent se tenir debout sans chanceler ou risquer de tomber ; leurs mouvements ont trop ou trop peu d’ampleur ; ils laissent facilement échapper les objets qu’ils ont entre les doigts, ou d’autres fois les brisent par une contraction trop énergique ». […] Si, après lui avoir fermé les yeux, on lui plaçait un objet assez volumineux dans la main, il s’étonnait de ne pouvoir la fermer ; il avait la sensation d’une résistance, mais rien de plus ; il ne pouvait rien dire de l’objet, quelles étaient sa forme, sa grandeur, son espèce, s’il était froid ou chaud, piquant ou émoussé, ni même s’il y en avait un. […] « Les personnes affectées d’achromatopsie ne distinguent que les degrés du clair et du sombre, ne voient les objets que tels qu’ils sont rendus par la photographie. » (Wecker, Maladies des yeux, II, 432.)

926. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Une retraite à dix lieues de Paris était l’unique objet de mon ambition, et je sentais avec désespoir que, si j’étais une fois exilée, ce serait pour longtemps, peut-être pour toujours. […] Les femmes surtout, qui sont destinées à soutenir et à récompenser l’enthousiasme, tâcheront d’étouffer en elles les sentiments généreux, s’il doit en résulter, ou qu’elles soient enlevées aux objets de leur tendresse, ou qu’ils leur sacrifient leur existence en les suivant dans l’exil. » XXXVI On ne peut s’empêcher de s’étonner et cependant de s’émouvoir des angoisses de cette femme, à qui le monde est ouvert, que sa maison, son père, ses enfants, sa patrie attendent, et qui se cramponne aux portes de Paris, comme si la terre et la vie allaient lui échapper avec l’horizon brumeux de cette ville ! […] Il est facile de dire ce qui n’est pas de la poésie ; mais si l’on veut comprendre ce qu’elle est, il faut appeler à son secours les impressions qu’excitent une belle contrée, une musique harmonieuse, le regard d’un objet chéri, et par-dessus tout un sentiment religieux qui nous fait éprouver en nous-mêmes la présence de la divinité. […] « Il faut cependant une grande connaissance de la langue poétique pour décrire ainsi noblement les objets qui prêtent le moins à l’imagination, et l’on a raison d’admirer quelques morceaux détachés de ces galeries de tableaux ; mais les transitions qui les lient entre eux sont nécessairement prosaïques, comme ce qui se passe dans la tête de l’écrivain. […] On se lasse promptement de la poésie descriptive, quand elle s’applique à des objets qui n’ont rien de grand en eux-mêmes ; mais les sentiments descendent du ciel, et dans quelque humble séjour que pénètrent leurs rayons, ils ne perdent rien de leur beauté. » Lamartine.

927. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Chez quelques-uns de ces grands hommes, cela s’expliquait par une vue bornée de la science et de son objet ; chez d’autres, comme chez Descartes 31, qui prétendait bien tirer de la raison les vérités essentielles à l’homme, il y avait superfétation manifeste, emploi de deux rouages pour la même fin  Je n’ai pas besoin, remarquez bien, de me poser ici en controversiste, de prouver qu’il y a contradiction entre la science et la révélation : il me suffit qu’il y ait double emploi pour trouver ma thèse actuelle. […] Quand l’esprit ne trouve pas un objet proportionné à son activité, il s’en crée un par mille tours de force. […] Il est impossible que deux esprits bien faits envisageant le même objet en jugent différemment. […] L’antiquité n’ayant jamais compris le grand objet de la culture lettrée et l’ayant toujours envisagée comme un exercice pour apprendre à bien dire, il n’est pas étonnant que les âmes fortes de ce temps se soient montrées sévères pour la petite manière des rhéteurs et l’éducation factice et sophistique qu’ils donnaient à la jeunesse. […] Car comment un esprit droit, appliqué sérieusement à son objet, verrait-il faux ?

928. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Nous tenons d’un de ses anciens élèves de philosophie que le jeune professeur était là ce que nous l’avons vu depuis, timide, un peu embarrassé dans sa chaire, assez défiant des dispositions de son auditoire : il avait besoin que l’attention respectueuse dont il était l’objet le rassurât. […] Judicieux esprit qui n’avait nul besoin d’exagérer l’instrument prétendu infaillible, Daunou n’a jamais cru pouvoir s’en passer ; il en a dissimulé du moins plus d’une fois les inconvénients, varié l’emploi et dirigé les applications aux plus justes objets. « Il est maître en fait de méthodes, » a dit M. […] Après avoir nettement exposé les diverses conjectures probables sur cette origine si voisine et déjà obscure, le sage examinateur conclut en toute humilité : « Il est assurément des objets sur lesquels le doute n’est qu’ignorance et obstination ; mais le doute éclairé est aussi une science, et c’est la plus pacifique. […] L’esprit de l’homme y tourne dans un cercle fort étroit ; il peut bien varier les aspects, mais ce sont toujours les mêmes objets qu’il contemple, et par conséquent les mêmes notions qu’il exprime par différents signes. […] Et il dut passer bien des heures assez douces en effet, des heures désabusées, monotones, mais tranquilles, dans lesquelles il goûtait le plaisir philosophique et sévère d’appliquer indifféremment son esprit, de sentir son instrument exact et sûr fonctionner sur des objets bien déterminés.

929. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Si la Fontaine avait vécu davantage dans la bonne compagnie, elle lui aurait conseillé d’exercer son talent sur des objets plus dignes d’elle que des pies margots et des hérons au long cou328. […] Les uns et les autres, avec une égale ardeur, refaisaient à l’image de l’esprit français les objets de leur culte ou de leur hospitalité passionnée. […] Ici il ne faut point rire ou se récrier, et dire qu’il nous importe peu, à nous humains et humains civilisés, que pour les crapauds les plus beaux objets du monde soient leurs crapaudes. […] Quelle élégance modeste dans la parure des femmes, et sur tous les objets quelle propreté ! […] Ici l’expression de l’âme sur le visage, la pensée du front, est tout ; le corps n’est plus qu’un objet honteux que les artistes les plus intelligents voilent modestement d’une draperie410.

930. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Dans une imagination qui se repaît de pareils objets, les hautes parties manquent. […] Un troisième cours a pour objet le travail et la richesse. […] Quel est le prix des objets de première nécessité, le pain, la viande, la boisson, le logement, le feu, la lumière ? […] Leur principal objet sera toujours l’approbation du public, puisqu’ils ne travaillent que pour lui. […] Les vues d’ensemble sont l’objet naturel des esprits élevés ; elles sont aussi la récompense véritable de l’historien.

931. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

En second lieu, la nature ou l’objet des œuvres a entretenu depuis deux siècles, et même, dans notre temps, renouvelé leur popularité. […] Si l’objet propre du roman est reconnu, qui est la représentation de la vie commune, les procédés sont toujours ceux de la comédie, qui en est la satire ou la dérision. […] Donnez-leur l’histoire du genre humain dans les grandes conditions, ce devient là pour eux un objet important ; mais ne leur parlez pas des objets médiocres, ils ne veulent voir agir que des seigneurs, des princes, des rois, ou du moins des personnes qui aient fait une grande figure. […] Reconnaître les individualités morales, tel est l’objet de Marivaux, et les reconnaître à travers leur visage, telle est sa prétention. […] Par là se serait trouvée dès lors conciliée la diversité des appréciations dont l’œuvre de Marivaux a été, est encore, et, comme nous l’avons dit, sera longtemps l’objet.

932. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 459-462

Il est impossible de renfermer en moins de mots plus de raison, plus de cette éloquence qui nait du sentiment vif des objets.

933. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 419-421

Il a su, malgré ces obstacles, la traiter de la maniere la plus intéressante, en la rapprochant, en quelque sorte, de nous ; en y développant les révolutions de nos mœurs ; en opposant, avec autant de justesse que de précision, les usages actuels à ceux de l'ancien temps ; en donnant aux matieres qu'il présente, une netteté, un ordre, un souffle de chaleur & de vie qui subjuguent l'attention & gravent profondément les objets dans la mémoire.

934. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Convaincu que tout écrivain, dans quelque sphère que s’exerce son esprit, doit avoir pour objet principal d’être utile, et espérant qu’une intention honorable lui ferait pardonner la témérité de ses essais, il a tenté de solenniser quelques-uns de ceux des principaux souvenirs de notre époque qui peuvent être des leçons pour les sociétés futures.

935. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

Dans ce livre, bien petit cependant en présence d’objets si grands, il y a tous les contraires, le doute et le dogme, le jour et la nuit, le coin sombre et le point lumineux, comme dans tout ce que nous voyons, comme dans tout ce que nous pensons en ce siècle ; comme dans nos théories politiques, comme dans nos opinions religieuses, comme dans notre existence domestique ; comme dans l’histoire qu’on nous fait, comme dans la vie que nous nous faisons.

936. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Greuze  » pp. 157-158

J’aurais vu les ravages du feu ; des murs renversés ; des poutres à demi consumées ; et une foule d’autres objets touchants et pittoresques.

937. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Chardin » pp. 128-129

Je préfère celui où l’on voit des tymbales, soit que ces objets y forment de plus grandes masses, soit que la disposition en soit plus piquante.

938. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

On passerait de là au sexe, à l’âge, à la couleur de la peau, à l’état, à des convenances plus fines, d’où l’on parviendrait à démontrer qu’un dessin de robe est de mauvais goût, et cela aussi sûrement que le dessin de quelque autre objet que ce fût, car enfin les mots de tact, d’instinct, ne sont pas moins vides de sens dans ce cas qu’en tout autre, si l’on fait abstraction de la raison, de l’usage des sens, des convenances et de l’expérience.

939. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre II. Trois espèces de langues et de caractères » pp. 296-298

C’étaient encore des universaux poétiques qui servaient à désigner les diverses espèces d’objets qui occupaient l’esprit des héros ; ils attribuaient à Achille tous les exploits des guerriers vaillants, à Ulysse tous les conseils des sages96.

940. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

J’ai voulu citer cette expression fidèle d’un regret d’amateur, parce qu’elle se rattache à un sentiment plus général, à celui que porte tout antiquaire et tout ami des souvenirs dans l’objet favori de son culte, dans ce coin réservé du passé où l’on a mis son étude, son investigation sympathique et pieuse, une part de son imagination et de son cœur, et où l’on ne voudrait appeler que ceux qui sont dignes d’en tout apprécier et comprendre. […] M. le docteur Payen, qui au milieu des devoirs et de la pratique assidue de sa profession, a, depuis des années, concentré sa pensée la plus chère sur Montaigne, en l’étendant à tout ce qui intéresse cet objet principal de son admiration, est un de ces investigateurs ardents, sagaces, infatigables, qui ne connaissent ni l’ennui ni le dégoût de la plus ingrate recherche quand il s’agit d’arriver à un détail vrai, à un éclaircissement nouveau, à un fait de plus. […] Que d’autres craignent cet homme d’un seul livre : pour moi, quand c’est M. le docteur Payen, bien au contraire, je le cherche, j’aime à le voir d’abord et à le consulter ; et ce respect affectueux qu’il ressent pour l’objet de son étude, aisément lui-même il l’inspire. — M. 

941. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il est sans doute, à quelque degré, de la famille des Brossette et des Boswell, de ceux qui se font volontiers les greffiers et les rapporteurs des hommes célèbres ; mais il choisit bien son objet, il l’a adopté par choix et par goût, non par banalité ni par badauderie aucune ; il n’a rien du gobe-mouche, et ses procès-verbaux portent en général sur les matières les plus élevées et les plus intéressantes, dont il se pénètre tout le premier et qu’il nous transmet en auditeur intelligent. […] Le bonheur de le voir, d’être près de lui, me troublait à tel point que je ne trouvais que peu ou rien à dire. » C’est l’émotion dont est saisi tout jeune poëte ou artiste qui se trouve pour la première fois face à face en présence de l’objet vivant de son culte, l’émotion de tel d’entre nous et de nos générations devant Chateaubriand ou devant Lamartine, l’émotion de Wagner abordant dévotement Beethoven. […] Ne déracinez pas les pensées sous prétexte de les montrer plus nettes et plus dégagées ; elles y perdent de leur sève et de leur fraîcheur. — Je reviens à la poésie d’après Gœthe, et à ce qui la fait naître et l’alimente : « Que l’on ne dise pas, ajoutait-il, que l’intérêt poétique manque à la vie réelle, car justement on prouve que l’on est poëte lorsque l’on a l’esprit de découvrir un aspect intéressant dans un objet vulgaire.

942. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Cependant le manuscrit d’Heidelberg trouvé par Saumaise, la source et l’objet de tout ce travail nouveau, avait passé dans la bibliothèque du Vatican, et du Vatican, par un revers étrange des vicissitudes humaines, avait été apporté à Paris comme une des dépouilles de la conquête, à la suite du Traité de Tolentino (1797). […] Il s’adresse avec un regard de satisfaction à l’objet insensible de ses feux, mais dont il se voit vengé, car il a suffi d’une ou de deux saisons pour lui ôter sa grâce première : « Tu te souviens sans doute, tu te souviens que je t’ai dit cette parole sacrée : La jeunesse est la plus belle chose, et la jeunesse est aussi la plus fugitive ; le plus rapide des oiseaux dans l’air ne vole pas plus vite que la jeunesse. […] Léonidas le nie spirituellement et s’inscrit en faux dans ce petit dialogue : « Un jour l’Eurotas dit à Cypris : « Ou prends des armes, ou sors de Sparte : la ville a la fureur des armes. » Et elle, souriant mollement : « Et je serai toujours sans armes, dit-elle, et j’habiterai Lacédémone. » Et Cypris est restée sans armes, et après cela il y a encore d’effrontés témoins qui viendront nous conter que chez eux la déesse est armée. » Comme variété de ton, je noterai une piquante épigramme dans un sens ironique et de parodie : il s’agit d’un philosophe rébarbatif, d’un laid cynique, Posocharès, qui s’est laissé prendre aux filets d’un jeune objet charmant ; et celui-ci, comme on fait d’un trophée après une victoire, se complaît à suspendre dans le temple de Vénus toute la défroque du cynique, son bâton, ses sandales, « et cette burette crasseuse, et ce reste d’une besace aux mille trous, toute pleine de l’antique sagesse. » Ceux qui savent leur Moyen-Age peuvent rapprocher cette épigramme du fabliau connu sous le titre du Lai d’Aristote.

943. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Ce personnage, alors inconnu et bien oublié de nos jours, qui s’appelait lui-même à travers le désert bruyant de son époque le Robinson de la spiritualité, que M. de Maistre a nommé le plus aimable et le plus élégant des théosophes, créature de prédilection véritablement faite pour aimer, pour croire et pour prier, Saint-Martin s’écriait, en s’adressant de bien loin aux hommes de son temps, dans ce langage fluide et comme imprégné d’ambroisie, qui est le sien : « Non, homme, objet cher et sacré pour mon cœur, je ne craindrai point de t’avoir abusé en te peignant ta destinée sous des couleurs si consolantes. Regarde-toi au milieu de ces secrètes et intérieures insinuations qui stimulent si souvent ton âme, au milieu de toutes les pensées pures et lumineuses qui dardent si souvent sur ton esprit, au milieu de tous les faits et de tous les tableaux des êtres pensants, visibles et invisibles, au milieu de tous les merveilleux phénomènes de la nature physique, au milieu de tes propres œuvres et de tes propres productions ; regarde-toi comme au milieu d’autant de religions ou au milieu d’autant d’objets qui tendent à se rallier à l’immuable vérité. […] Après les Cent-Jours, Lamartine ne reprit point de service : une passion partagée, dont il a éternisé le céleste objet sous le nom d’Elvire, semble l’avoir occupé tout entier à cette époque.

944. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Que s’ils manquent le premier objet de leur ambition, s’ils sont mal venus en ce premier amour, et si d’ailleurs, avec un esprit bien fait, ils chérissent sincèrement l’étude, il y a de la ressource et de la consolation. […] Cela est difficile à trouver178. » Il ajoute encore : « Les artistes sont les juges compétents de l’art, il est vrai ; mais ces juges compétents sont presque tous corrompus… Il y a environ trois mille ans qu’Hésiode a dit : Le potier porte envie au potier, le forgeron au forgeron, le musicien au musicien. » Sans doute un artiste, sur l’objet qui l’occupe et qu’il possède, aura des vues, perçantes, des remarques précises et décisives, et avec une autorité égale à son talent ; mais cette envie, qui est un bien vilain mot à prononcer, et que chacun à l’instant repousse du geste loin de soi comme le plus bas des vices, il l’évitera difficilement s’il juge ses rivaux ; sa noble jalousie (appelons ainsi la chose) le tiendra éveillé aux moindres défauts, et il sera prompt à voir et à noter ce qu’involontairement il désire ; ou bien, si la générosité du cœur s’en mêle, il ira au-devant du défaut, il passera outre et tombera alors dans des indulgences extrêmes, dans des libéralités qui ne sont plus d’un juge. […] cette attention à tenir la balance et à peser vingt fois le même objet (c’est la probité du genre), une bienveillance ferme et qui sait les limites, l’absence de toute envie, une sorte de simplicité qui a pourtant beaucoup vu, et qui est plus portée à regarder qu’à s’étonner.

945. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Puis vient un moment où, en s’éloignant des objets, on sent le besoin de se décider dans le point de vue et d’en finir. […] L’ensemble de l’ouvrage est conçu et construit dans une pensée d’art ; il se compose de dix livres, dont chacun embrasse un objet déterminé, et roule autour d’un sujet habilement choisi, contrasté, balancé, dans lequel l’auteur tente et rencontre souvent des nouveautés très-piquantes et bien des insinuations lumineuses. […] La passion n’y est pas toujours délicate dans son langage, ni naturelle dans son objet.

946. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Il a le cœur bon : mais sa bonté ne passe pas dans son imagination ; elle se réalise en jugements, puis en actes, jamais en émotions, en représentations capables d’exciter le sentiment seul en dehors d’un objet présent qui sollicite aux actes. […] Et de plus, un jardin bien dessiné, un potager bien planté, des melons et des fleurs, un jardinier qui porte ses arrosoirs, tous ces objets nettement découpés, tous ces détails sans ensemble, qui ne demandaient point d’adoration mystique, étaient bien plus dans ses moyens que les vastes campagnes pleines d’air où les contours se noient et les couleurs se fondent dans des harmonies d’une infinie délicatesse. […] D’autres fois, le poète ne peut se tenir d’ajouter un trait plaisant à l’image qu’il évoque : c’est comme une intention littéraire en peinture, et cette voix qui veut nous amuser, nous distrait de la contemplation de l’objet qui d’abord avait été seul mis devant nos yeux.

947. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

C’était, en ce temps-là, l’objet pressant. Ce ne sera jamais un objet secondaire, et l’Art poétique ne cessera pas d’avoir son à-propos, soit contre les mauvais écrivains en vers, soit pour apprendre à goûter les vrais poètes. […] André Chénier aime ses amis : Où sont donc mes amis, objets chéris et doux ?

948. (1890) L’avenir de la science « II »

L’objet est là devant eux, aiguisant leur appétit ; ils se prennent à lui comme l’enfant qui s’impatiente autour d’une machine compliquée, la tente par tous les côtés pour en avoir le secret et ne s’arrête que quand il a trouvé un mot qu’il croit suffisamment explicatif. […] J’avoue que, tout bien pesé, la tentative des réformateurs politiques de 89 me semble plus hardie, quant à son objet, et surtout plus inouïe que celle des réformateurs sociaux de nos jours. […] Il y aurait peu d’absurdités comparables à celle-ci : chaque objet est Dieu.

949. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Caylus n’était qu’un peintre vrai, et qui ne pouvait s’empêcher, même en courant, de saisir les objets au vif, que l’objet fût Mlle de Jarnac avec sa laideur dans un si beau jour, ou que ce fût cette ravissante Mme de Lowœnstein, avec sa « taille de nymphe qu’un ruban couleur de feu relevait encore ». […] Mme de Maintenonlui adresse sur sa conduite des conseils sensés, mais si stricts et si secs, qu’ils donneraient vraiment envie d’y manquer si on en était l’objet.

950. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Je saute par bienséance bien des plaisanteries qui avaient trait à un tout autre objet, — comment dirai-je ?  […] Les curieux peuvent chercher dans le Recueil dit de Maurepas (Bibliothèque nationale) les couplets et noëls sanglants dont le duc et la duchesse du Maine furent l’objet à l’occasion de ces faveurs odieuses ; ces couplets ne sont pas assez spirituels et sont, en général, trop scabreux pour être cités ici. […] Frappé vivement des objets, il les rend comme la glace d’un miroir les réfléchit, sans ajouter, sans omettre, sans rien changer.

951. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Mme de Lambert, toute sa vie, se fit une loi de respecter d’autant plus la bienséance, qu’elle l’avait vue offensée davantage autour d’elle dans son enfance ; elle se proposa pour objet principal et pour but de toute sa conduite la considération et l’honneur. […] Il faut par de grands objets donner un grand ébranlement à l’âme, sans quoi elle ne se mettrait point en mouvement… Rien ne convient moins à un jeune homme qu’une certaine modestie, qui lui fait croire qu’il n’est pas capable de grandes choses. […] Mais tout est relatif, et, quand on suffoque de chaleur, quelques degrés de moins d’une chambre à l’autre font aussitôt l’effet du plus frais printemps. — Ajoutons que M. de Sainte-Aulaire était chez lui dans le salon de Mme de Lambert : car si, comme on l’a dit, « elle ne connut d’autre passion qu’une tendresse constante et presque platonicienne », il en fut l’objet.

952. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il ne lançait pas seulement l’épigramme, il répandait les idées et les aperçus ; il faisait diverger sur une multitude d’objets à la fois les faisceaux étincelants de son éloquence. […] L’honneur est tendre et se blesse de peu : tel est le goût ; et, tandis que le jugement se mesure avec son objet, ou le pèse dans la balance, il ne faut au goût qu’un coup d’œil pour décider son suffrage ou sa répugnance, je dirais presque son amour ou sa haine, son enthousiasme ou son indignation, tant il est sensible, exquis et prompt ! […] Il n’est ni de mon objet ni de ma compétence d’entrer avec Rivarol dans l’analyse à la Condillac qu’il tente de l’esprit humain.

953. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Il y a un moment, un point où le souvenir encore fidèle s’idéalise et s’enflammed, et donne aux objets leur poésie. […] Je n’ai pu toutefois parvenir à fixer le moment précis de la grande crise nerveuse de Bernardin, quand il se montre à nous (préambule de L’Arcadie) frappé d’un mal étrange, sujet à des éclairs qui lui sillonnent la vue, voyant les objets doubles et mouvants, et, dès qu’il rencontrait du monde dans les jardins publics et dans les rues, se croyant entouré d’ennemis et de malveillants. […] Dites-moi, je vous prie, pourquoi vous voulez, dans une chose établie, intervertir l’ordre reçu, pourquoi vous ne regardez pas une note de gratification arrêtée par le roi dans la forme ministérielle comme un titre suffisant, pourquoi vous voulez surcharger le ministre de Paris de lettres de notifications pour des objets minimes, enfin pourquoi vous vous choquez de ce qui oblige les autres ?

954. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Au fond, l’œuvre de l’artiste sera la même que celle du savant ou encore de l’historien : « découvrir les faits significatifs, expressifs d’une loi ; ceux qui, dans la masse confuse des phénomènes, constituent des points de repère et peuvent être reliés par une ligne, former un dessin, une figure, un système. » Le grand artiste est évocateur de la vie sous toutes ses formes, évocateur « des objets d’affection, des sujets vivants avec lesquels nous pouvons entrer en société6. » Le génie et son milieu social, dont les rapports ont tant préoccupé les esthéticiens contemporains et surtout M.  […] L’émotion esthétique se ramenant en grande partie à la contagion nerveuse, on comprend que les puissants génies littéraires ou dramatiques préfèrent ordinairement représenter le vice, plutôt que la vertu. « Le vice est la domination de la passion chez un individu ; or, la passion est éminemment contagieuse de sa nature, et elle l’est d’autant plus qu’elle est plus forte et même déréglée. » Dans le domaine physique, la maladie est plus contagieuse que la santé ; dans le domaine de l’art, la reproduction puissante de la vie avec toutes ses injustices, ses misères, ses souffrances, ses folies, ses hontes mêmes, offre un certain danger moral et social qu’il ne faut pas méconnaître : « tout ce qui est sympathique est contagieux dans une certaine mesure, car la sympathie même n’est qu’une forme raffinée de la contagion. » La misère morale peut donc se communiquer à une société entière par la littérature même ; les déséquilibrés sont, dans le domaine esthétique des amis dangereux par la force même de la sympathie qu’éveille en nous leur cri de souffrance. « En tout cas, conclut Guyau, la littérature des déséquilibrés ne doit pas être pour nous un objet de prédilection exclusive, et une époque qui s’y complaît comme la nôtre ne peut, par cette préférence, qu’exagérer ses défauts. […] L’art, figuration du réel, représentation de la vie, n’en deviendra l’expression véritable et n’acquerra toute sa valeur sociale que s’il a pour objet de rendre frappants, en les condensant, les idées ou sentiments qui « animent et dominent toute vie » et « valent seuls en elle ».

955. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Le poète transmet l’impression sans peindre l’objet par des effets puisés dans les moyens techniques de l’art. […] Ceux qui se croient poètes, et qui ne le sont pas, au lieu de transmettre l’impression reçue, ont imaginé de peindre imparfaitement l’objet lui-même. […] L’autre imitation, qui est celle que nous faisons des anciens, devrait consister non point à les copier, non point à imiter leur manière la forme de leur style, la tournure de leurs phrases, leur système de composition, mais à imiter la nature, comme ils l’ont imitée, c’est-à-dire à peindre les objets par l’impression reçue.

956. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité Si l’on veut méthodiquement construire une science, il faut, suivant la règle souvent rappelée par Comte, la fonder sur l’étude des propriétés les plus simples et les plus générales de son objet. […] Comment donc les aspirations et les croyances égalitaires, qui ont pour objet les rapports mêmes des individus, ne seraient-elles pas soumises à une action, plus ou moins directe, de leur nombre ? […] On mesure d’ordinaire la densité d’une société par le rapport qui unit la surface qu’elle recouvre aux éléments qu’elle contient : mesure singulièrement imparfaite pour notre objet.

957. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il est devenu sentiment, en ce sens qu’il n’est plus perçu qu’associé à un sentiment ; il peut contenir un monde de désirs, être un objet d’amour. […] C’est pourquoi le témoignage des sens est supérieur au témoignage intellectuel, toujours vicié par une émotion née à propos de l’objet et non sortie de l’objet même. […] Non seulement l’image complémentaire est intimement intriquée dans l’image fondamentale, mais les deux images, réagissant l’une sur l’autre ; se sont fondues en une troisième absolument inattendue ; cette fusion, art suprême, est obtenue en passant sous silence l’objet même qui sert de point de comparaison ; mais cet objet qui n’est pas nommé, il était inutile de le nommer. […] Décrire un objet, c’est le comparer ; exposer [une idée, c’est la comparer ; et comparer, c’est mesurer. […] Donc : Qu’est ceci = qu’est-ce que c’est que ceci, que cet objet ?

958. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

La Science qui ramène la psychologie à la biologie détruit son propre objet, de même que celle qui ramène la biologie à la chimie. […] Non, la Science n’a pas fait faillite en tant qu’elle s’est conformée à son principe fondamental : la soumission devant l’objet. […] Avec lui la littérature n’est plus un simple objet de curiosité, c’est à la fois un laboratoire et un oratoire. […] De prodigieuses découvertes ont démontré la supériorité de leurs méthodes, qui se résument toutes dans ce principe : la soumission à l’objet. […] Elle devient le constant, l’unique objet de ses méditations.

959. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

Alors, ami blessé, ton cœur serait guéri ; Chaque vivant objet, que la trame déploie, Te rendrait un écho d’harmonie et de joie ; Et soumis, adorant, tu sentirais partout Dieu présent et visible, et tout entier dans tout !

960. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

Ce sont-là les vrais Philosophes dignes de l’estime des Citoyens ; & non ces esprits audacieux & inquiets, qui se font un jeu de détruire ce qu’il y a de plus respectable, & dont l’objet principal est de se faire remarquer par la singularité de leurs idées.

961. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

L’Abbé d’Aubignac, plus rempli de sagacité & de justesse, a fait des observations nouvelles sur les objets les moins connus & les plus difficiles.

962. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 66-69

Ce n'est que par une application constante, par une continuité non interrompue de travaux sur le même objet, qu'on peut développer les dons qu'on a reçus de la Nature pour y réussir.

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