Mais le goût lui en reviendra : c’est pour se reposer qu’il s’écarte ; il reprend haleine, il court après une nouveauté, et j’en redeviendrai une pour lui plus piquante que jamais : il me reverra, pour ainsi dire, sous une figure qu’il ne connaît pas encore… Ce ne sera plus la même Marianne. […] Ce paysan est né observateur et moraliste : il lit à livre ouvert les physionomies et les visages : « Ce talent, dit-il, de lire dans l’esprit des gens et de débrouiller leurs sentiments secrets est un don que j’ai toujours eu, et qui m’a quelquefois bien servi. » L’auteur, en faisant faire à son personnage un chemin si rapide à la faveur de sa jolie figure, a échappé à un écueil sur lequel tout autre romancier aurait donné ; il lui a laissé de l’honnêteté et s’est arrêté à temps avant la licence.
Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté. […] Ce bonhomme et ce prud’homme, comme on l’appelait, était mis à tout, était consulté sur tout ; il figure au premier rang par ses discours et ses travaux ou exposés dans la tenue des États généraux de 1614.
M. de Bausset se l’est demandé et y a répondu autant qu’il l’a pu, en des termes bien généraux : La nature, dit-il, l’avait doué de la figure la plus noble ; le feu de son esprit brillait dans ses regards ; les traits de son génie perçaient dans tous ses discours. […] Allez plutôt voir au Louvre son buste par Coysevox : noble tête, beau port, fierté sans jactance, front haut et plein, siège de pensée et de majesté ; la bouche singulièrement agréable en effet, fine, parlante même lorsqu’elle est au repos ; le profil droit et des plus distingués : en tout une expression de feu, d’intelligence et de bonté, la figure la plus digne de l’homme, selon qu’il est fait pour parler à son semblable et pour regarder les cieux.
Doué des dons naturels de la personne, de la physionomie et de la figure, de la séduction de l’organe et de l’agrément de la parole, il brilla au premier rang comme professeur et comme orateur académique ; à ce dernier titre, il a sa place encore aujourd’hui parmi ceux qui, tout en les louant, ont su peindre les hommes. […] Elle l’avait doué d’une taille avantageuse, d’une figure agréable, intéressante et modeste.
Cependant ç’a été un défaut de beaucoup d’auteurs : Buchanan a décrit une vieille avec toutes les figures de sa rhétorique ; Saint-Amant a fait une Chambre de débauché avec toute la naïveté de son style. […] On peut dire qu’il mourut à temps, au moment où la noble figure de Louis XIV allait mettre en déroute tous ces grotesques de l’art, et avant d’avoir essuyé les traits satiriques de Boileau.
À cela près73, l’âge n’avait rien changé en elle ; sa figure resta noble et agréable jusqu’à la fin de sa vie, et son caractère ne subit pas plus de modification. […] Elle portait dans sa vieillesse un petit bonnet à bec, et était montée sur des mules avec des talons très hauts. — C’est sous cette figure, qui ne manque pas du moins de caractère, qu’on peut se représenter de loin la personne respectable, aujourd’hui remise dans son vrai jour, au moment où elle disparaît l’une des dernières au bout d’une des allées du xviiie siècle.
Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l’Empire, rencontre un grand nombre de figures de généraux, de ministres, de diplomates : il les dessine avec justesse, mais en quelques traits sobres, peu marqués en général, et en évitant les saillies et ce qui ferait disparate ; en définitive, il les adoucit et les ennoblit, non pas avec la teinte d’éclat et ce lustre qu’y met Tite-Live, mais dans la même intention. […] Tite-Live, de même, en évitant ces reliefs en tous sens qu’un Plutarque peut indiquer dans le détail et qu’on recherche si fort aujourd’hui, obéit à une pensée de peintre plus que d’orateur, à un sentiment d’accord, de composition et de nuance, qui lui fait assortir ses principales figures avec le noble monument qu’il élève.
Marolles là-dessus, se mettant en frais d’invention et de mythologie, imagina une Junon entre deux Jupiters, dont l’un céleste sous la figure du roi Wladislas le mari défunt, l’autre terrestre sous la figure de Jean-Casimir l’époux régnant.
Mais s’il devait s’affranchir par l’intelligence, il appartenait bien radicalement à ce monde de La Chênaie par la sensibilité, par les impressions profondes, par les premiers et sincères témoignages du talent : tellement que, dans la perspective littéraire du passé, il s’y vient placer comme une figure dans son cadre, en s’en détachant ; il en est et en demeurera dans l’avenir le paysagiste, le peintre, le véritable poète. […] Que l’on se figure, à La Chênaie, qui s’appelait encore une maison sainte, le jour de Pâques de cette année 1833, le 7 avril, une matinée radieuse, et ce qui s’y passait une dernière fois de touchant.
Veyrat, tel qu’on me le dépeint et que ses portraits me le montrent, était grand, mince, très bien de figure et de taille, brun, légèrement frisé, la moustache plate, la lèvre arquée, le front large et proéminent : les souffrances creusèrent de bonne heure sa physionomie, qui était très accentuée. […] Veyrat n’est pas seulement une des figures poétiques, c’est une des âmes, un des témoins de ce temps-ci : un Donoso Cortès de la Savoie.
Oui, j’avais cru sentir dans des songes confus S’évanouir mon âme et défaillir ma vie ; La cruelle douleur, par degrés assoupie, Paraissait s’éloigner de mes sens suspendus, Et de ma pénible agonie Les tourments jusqu’à moi déjà n’arrivaient plus Que comme dans la nuit parvient à notre oreille Le murmure mourant de quelques sons lointains Ou comme ces fantômes vains Qu’un mélange indécis de sommeil et de veille Figure vaguement à nos yeux incertains. […] Je me figure que c’est cette idée qui a inspiré les pages de M.
Une compagnie d’honnêtes gens, aimant les lettres, y arrivant, y revenant de bien des côtés, se plaisant à en causer dans leur âge mûr, ou sur leurs vieux jours, s’y réconciliant, s’il le faut, et croisant sur un même point, sur un mot de vocabulaire, des pensées d’origine bien diverse, ainsi je me figure la réunion de famille et le tous-les-jours de l’Académie. […] Je me figure que c’était là l’autre fois un de ces jours doux et ornés qui comptent dans une vie.
Mais si, écartant ces pâles figures, on se croit en face de Mme de Staël, si on ne demande qu’à « causer » avec elle, on reprend du plaisir, surtout dans Corinne. […] Germaine Necker, née en 1766, figure dès l’âge de onze ans aux réceptions de sa mère.
Jamais un Baudelaire ni un Flaubert n’eussent fait trois années de pénitence dans telle ou telle feuille bien-pensante pour montrer au guichet de l’Institut une bonne, honnête et bourgeoise figure. […] Peut-être un grammairien académique y fera-t-il admirer à nos petits-fils une hardie figure pour laquelle il obtiendra les honneurs d’un vocable en méta.
En voyant une rose, j’ai la sensation de couleur ; mais j’ai de plus celle de sa distance, de sa figure ou forme. […] Mon idée de rose est donc formée par la fusion de plusieurs idées, entre lesquelles une ou deux sont prédominantes (la couleur et la figure). — Maintenant mes sensations je les considère comme un effet et je crois à quelque chose qui en est la cause ; et c’est à cette cause, non à l’effet, qu’est approprié le nom d’objet.
Il est un point de vue pourtant, si un tel mot est permis en présence d’une figure si simple et si vraie, et la plus étrangère à toute attitude solennelle, il est un point de vue qui sera particulièrement le nôtre. […] Les historiens de la Restauration ont très bien raconté ces scènes où figure Mme d’Angoulême, et tous s’accordent à louer son courage actif et son attitude.
Malgré ces coins d’humeur et ces instants irrités, Ducis était assez habituellement calme pour que sa figure de vieillard, en ces années, ait bien de l’expression antique, et que nous la trouvions de plus en plus noble et belle. […] » Puis, s’appuyant sur mon épaule pour descendre, et m’ayant consulté sur l’effet de son bouquet, le seul sans doute que la saison eût pu lui offrir : « Mon ami, ajouta-t-il avec une figure dont l’expression m’est encore présente, les anciens couronnaient de fleurs les sources où ils avaient puisé.
On arrive par cette méthode, et c’est un petit excès, à voir, à travers le couplet d’un acteur, surtout la figure de celui qui ne parle pas et à qui le couplet est adressé, et c’est surtout Suréna qu’on suit des yeux pendant que Pompée a la parole, et la figure d’Orgon que l’on compose et que l’on contemple en la composant quand Dorine le raille ou quand Cléonte le chapitre.
Sans doute, l’écrivain aura le choix de son milieu, de ses personnages, de l’intrigue et du dénouement de son drame, mais toujours son récit devra donner quelque figure de la réalité, en produire l’illusion. […] Ce n’est là qu’une figure.
S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout.
Shakspeare n’a pas fait un seul discours concluant et éloquent, et toutes ses figures ont le relief, la vérité, l’animation, l’originalité, l’expression des physionomies réelles. […] Et, pour cela, l’on n’a pas besoin d’une longue explication ; souvent une phrase suffit ; un seul mot, comme un éclair, déchire le voile obscur du temps, ramène en pleine lumière les figures cachées, rallume dans leurs yeux ternes la divine flamme de la vie.
Le coing est pour le cœur un remède merveilleux, à cause de sa figure. […] Le gland, pour l’image que figure sa capsule, est un remède assuré pour diverses maladies du pénis. […] Un jour, il distingue dans une députation une figure qu’il croit reconnaître. […] Les ballons dirigeables font déjà bonne figure, malgré leur récence, dans la nomenclature. […] Mais cette figure que vous aimez, pouvez-vous du moins espérer de la revoir encore la même ?
Sur les paravents ou sur les potiches, ces figures peuvent être drôles : en chair et en os, elles font mal à voir, horriblement mal.
tous les grands éclaireurs, tous les grands inspirés : Ô figures dont la prunelle Est la vitre de l’idéal.
Lorsqu’on inventa les bateaux à vapeur, il se trouva aussitôt un professeur de grec pour murmurer pyroscaphe ; le mot n’a pas été conservé, mais il figure encore dans les dictionnaires.
On se prête à des interviews pour rétablir devant le public sa figure exacte.
C’est pour cela peut-être que dans les poètes grecs et latins les images des dieux et des héros apparaissent toujours plus grandes que celles des hommes, et qu’aux siècles barbares du moyen âge, nous voyons dans les tableaux les figures du Père, de Jésus-Christ et de la Vierge, d’une grandeur colossale. — 7.
Et les figures du ballet expriment d’une façon très gracieuse et très claire les relations habituelles des papillons avec les fleurs. […] Il me semble qu’ici c’est par la couleur des habillements, non par leur coupe et leur figure, qu’on pouvait donner aux spectateurs une impression quelque peu lunaire. […] Sous la poussière de brique dont elle s’était enduit la figure, la vieille servante Françoise était souverainement hideuse, et ses dents luisaient sinistrement. […] Et lui se figure que, si elle le reçoit de cette façon, c’est qu’elle est timide et qu’il lui fait de l’effet. […] Puis, quelle figure ferait-il devant sa fille Béatrice ?
« Je me le figure presque illettré. […] Sarpan, la seule figure antipathique de l’ouvrage. […] C’est un procédé bien connu des artistes : la sensation de grandeur obtenue par l’extrême simplification des figures. […] Or il ne fut point colonel, il n’eut aucun grade dans l’armée, il ne figure pas aux contrôles de la guerre. […] Cette figure, plus que toute autre, porte l’empreinte de notre temps.
Seules pour les séduire étaient les variations, c’est-à-dire les figures diverses des musiques. […] Je ne connais pas de plus fâcheuse figure de parvenu, rampant devant les puissants et sans pitié pour les faibles. […] C’est, d’ailleurs, une figure bien singulière, et quasi fantastique, que M. […] Son « double », apparemment, ne lui suffisait pas comme reproduction de sa figure mortelle ! […] La figure du saint y paraît plus sainte.
Les choses politiques ont leurs révolutions et leur cours ; les guerres se succèdent, les règnes glorieux font place aux désastres ; mais, de temps à autre, là où l’on s’y attend le moins, il arrive que sur ce fond orageux, du sein du tourbillon, une blanche figure se détache et plane : c’est Françoise de Rimini qui console de l’enfer. […] Dans les temps modernes, si la poésie proprement dite a fait défaut à ce genre de tradition, le roman n’a pas cessé ; sous une forme ou sous une autre, certaines douces figures ont gardé le privilège de servir d’entretien aux générations et aux jeunesses successives. […] Je sais quelqu’un qui a écrit : « Ce qu’était l’abîme qu’on disait que Pascal voyait toujours près de lui, l’ennui l’était à Mme du Deffand ; la crainte de l’ennui était son abîme à elle, que son imagination voyait constamment et contre lequel elle cherchait des préservatifs et, comme elle disait, des parapets dans la présence des personnes qui la pouvaient désennuyer. » Jamais on n’a mieux compris cet effrayant empire de l’ennui sur un esprit bien fait, que le jour où, malgré les plus belles résolutions du monde, l’ennui que lui cause son mari se peint si en plein sur sa figure, — où, sans le brusquer, sans lui faire querelle, elle a un air si naturellement triste et désespéré, que l’ennuyeux lui-même n’y tient pas et prend le parti de déguerpir. […] Une réponse, un bon mot, qui doit souvent toute sa grâce à celui qui l’interprète, n’est point ce qu’il me faut : je veux le portrait de tout le caractère, de toute la personne ensemble, de la figure, de l’esprit et surtout du cœur. […] Son esprit n’emploie ni tours, ni figures, ni rien de tout ce qui s’appelle invention.
C’était un monolithe où sont, sur deux des côtés, sculptées en haut-relief, quatre figures de cynocéphale, d’une simplicité et d’une hardiesse admirables. […] C’est dommage, car d’après la gravure assez imparfaite que je connais, les originales figures délaissées auraient pu, exposées à la vue de tous, avoir une certaine influence sur la mauvaise sculpture romantique. […] La pensée ravage toujours la figure : il est vrai que la vie y suffit très bien. […] On voit même parmi eux des sortes d’illettrés qui font fort bonne figure dans la corporation. […] La Fontaine ne les partage point, mais il les connaît : « N’allez pas, dit-il, vous figurer que le reste du diocèse soit malheureux et disgracié du ciel comme on se le figure dans nos provinces.
. — Savez-vous, la nuit, quand je marche sur le boulevard, je vois des arbres comme des fourches, je vois des maisons toutes noires grosses comme les tours de Notre-Dame, je me figure que les murs blancs sont la rivière, je me dis : Tiens, il y a de l’eau là ! […] Toute la journée dans un baquet jusqu’à mi-corps, à la pluie, à la neige avec le vent qui vous coupe la figure : quand il gèle, c’est tout de même, il faut laver ; il y a des personnes qui n’ont pas beaucoup de linge et qui attendent après ; si on ne lavait pas, on perdrait des pratiques. […] Voyez la figure du baron Hulot dans la Cousine Bette, de Balzac. […] Etant données telles lignes et tels points d’intersection, il en résultera telle figure, — abstraction faite de toutes les autres circonstances. […] toute la poésie de la vieillesse, du passé se souvenant, est là : la fleur et la solitude, mais c’est presque de la mise en scène pour cette figure de vieille femme.
» je lui aurais sauté à la figure comme un chat outragé. […] Des figures étranges, debout et adossées au mur, nous entouraient de toutes parts. […] Qu’était-ce que ces figures ? […] La figure était ridée, jaune et vieillie. […] Il n’avait qu’à regarder la noble figure de son père pour se rappeler la France envahie, le moulin de Valmy, la plaine de Jemmapes, l’ennemi arrêté.
Le rehaut des figures campées au premier plan n’en est pas affaibli. […] La pâle figure aux grands yeux tristes lui apparaît, derrière les meurtrières des remparts. […] Olier flotte autour de ce monument, et la figure morale de M. […] J’aime à réunir dans un pareil hommage ces deux belles figures d’officiers généraux. […] Michelet disait de Kléber qu’il avait une figure si militaire que l’on devenait brave en le regardant.
Le suppléant, tête blanche, bonne figure, se leva et requit contre Pierre ivre et Jacques ivre et batailleur toutes les sévérités de ma mère Loi — Jean et Barthélemy étaient hors de cause. […] Maintenant que j’y pense sérieusement, et après avoir évoqué cette tant énigmatique figure, je me souviens qu’un jour, j’étais très malheureux, absolument et dans tous les sens. […] Socrate aimait à s’entourer de figures idéales et se plaisait à les regarder. […] Blond, un peu replet, avec une bonne figure pleine de santé, il me plut tout soudain ; il accueillit l’expression de ma très sincère gratitude par une poignée de mains dont l’étreinte devait durer jusqu’à sa mort. […] Il en est de même du morceau final, p. 556 : « J’ai beaucoup insisté sur mon séjour, etc… » qui figure dans la même publication, le 29 mai 1924.
À l’état de vie latente ils sont immobiles et ramassés en boules comme on le voit dans la figure 4. […] FIG. 6. — Système musculaire et nerveux d’un Milnesium tardigradum (figure empruntée à Doyère, Thèse de la Faculté des sciences de Paris, 1842). […] FIG. 8. — Figure d’après M. le docteur Davaine (Mémoires de la Société de biologie, 1856). […] La vie réside, en effet, non pas seulement dans les tissus, mais dans les éléments figurés de ces tissus, et même plus profondément dans le substratum sans figure de ces éléments eux-mêmes, dans le protoplasma. […] Le protoplasma seul vit ou végète, travaille, fabrique des produits, se désorganise et se régénère incessamment : il est actif en tant que substance et non en tant que forme ou figure.
Ainsi je lis : « Il faut mettre au chapitre des Fondements ce qui est en celui des Figuratifs, touchant la cause des figures ». […] Je le sais, il y aurait un motif ici, pour cet exemple tout exprès choisi : c’est que des trois versions la seconde ne figure que dans une copie, et encore y est-elle barrée ; mais alors je demande quelle est cette plaisanterie que de la reproduire ? […] On trouve au chapitre des Figuratifs — ou plutôt on y met, puisque dans l’autographe on ne trouve que fragments épars — le passage que voici : « Raisons pourquoi figures. […] En découronnant toutes ces nobles et charmantes figures de leur auréole de poésie, j’ai comme la conscience de commettre une sorte de crime. […] L’homme de lettres, émancipé de la protection du grand seigneur ou du traitant, de l’homme de cour ou de l’homme d’argent, prétend faire figure à son tour, comme eux, et comme eux tenir un personnage dans le monde.
On ne se figure pas l’orage d’une telle séance et la violence qui s’y est déchaînée ; M.
Séailles marque par la répétition invariée de cette étiquette qu’il entend faire figure originale d’historien.
On a peur de trahir nos soldats, de leur faire du tort et de dénaturer leur figure en insistant sur la part d’angoisse qui peut se trouver dans les cœurs les plus braves.
Jouffroy111 ; c’est l’homme seulement que nous voulons de lui, l’écrivain, le penseur, une des figures intéressantes et assez mystérieuses qui nous reviennent inévitablement dans le cercle de notre époque, un personnage qui a beaucoup occupé notre jeune inquiétude contemplative, une parole qui pénètre, et un front qui fait rêver. […] Aussi cette promenade sur la Dôle est-elle une merveilleuse figure de la destinée de M. […] La figure, la personne même de M.
Son père nous l’avait amené un jour à Paris : bien que nous fussions resté plusieurs années sans le revoir, sa figure nous était demeurée gravée dans la mémoire de l’œil, comme un de ces songes qui passent devant notre esprit dans la nuit, et qu’on ne peut chasser de ses yeux après de longs jours écoulés. […] Ceux-là ont la légèreté de l’oiseau ; ils ne se posent pas, ils ne ruminent rien, ils effleurent tout avec les ailes, figures sans contrepoids, qui manquent de balancier pour se tenir en équilibre sur le vide de leurs facultés. […] Qu’on oublie donc que ces vers parlent de moi ; qu’au lieu de moi, retiré depuis longtemps de la lice, et qui n’ai fait que toucher superficiellement et avec distraction la lyre jalouse qui veut tout l’homme, on suppose un nom véritablement et légitimement immortel ; qu’on se figure, par exemple, que Solon, poète d’abord, et poète élégiaque dans sa jeunesse, puis restaurateur, législateur et orateur de la république athénienne, puis banni de la république renversée par l’inconstance mobile des Athéniens, puis rentré obscurément dans sa patrie, par l’insouciance du maître, y végète pauvre et négligé du peuple sur une des montagnes de l’Attique ; qu’on se représente en même temps un jeune poète d’Athènes, moins oublieux que ses compatriotes, bouclant sa ceinture de voyage, chaussant ses sandales, et partant seul du Parthénon pour venir visiter bien loin son maître en poésie, relique vivante de la liberté civique ; que Solon reçoive bien ce jeune homme, partage avec lui son miel d’Hymette, ses raisins de Corinthe, ses olives de l’Attique ; que le disciple, revenu à Athènes après une si bonne réception, raconte en vers familiers à ses amis son voyage pédestre, ses entretiens intimes avec le vétéran évanoui de la scène et se survivant, mutilé, à lui-même et à tous dans un coin des montagnes natales.
Boileau n’était pas le dernier à couper de saillies imprévues les discussions qui tournaient au grave, et évoquait du fond de ses souvenirs d’étranges figures de plaideurs, entrevues jadis au Palais ou dans l’étude de son beau-frère, pour fournir quelques plaisantes scènes aux Plaideurs de Racine. […] Toutes ces figures étoient de cire en petit, et chacun de ceux qu’elles représentoient avoit donné la sienne. […] Molière n’y figure pas : est-ce parce qu’il était mort ?
Au reste, je m’attachais moins à discuter la vérité de l’inhumaine et surhumaine figure tracée par l’historien qu’à démêler comment et pourquoi il l’avait vue ainsi. […] Taine, les traits principaux de la figure qu’il a tracée demeurent. […] Voyons comment le poète se le figure : Elle lui prend la main.
Ses lettres, le plus aimable et peut-être le plus original de ses ouvrages, ont révélé dans ce penseur absolu, dans ce logicien inexorable, un père presque plus père que les plus tendres ; car tout ce que ceux-ci ont d’entrailles pour l’enfant qui vit sous leur toit, tout près de leur cœur, de Maistre l’avait pour une fille née le jour même où il quittait son pays, et dont il cherchait « à se représenter la figure », entrevue et devinée par le cœur dans les tristesses de l’exil, et embellie par l’orgueil paternel. […] Comme Léonard de Vinci, qui regardait tout pour tout dessiner, jusqu’aux rides des vieilles murailles, où il trouvait des airs de tête, des figures étranges, des confusions de bataille, des habillements capricieux, le poète coloriste a tout regardé pour tout peindre. […] D’accord avec son progrès intérieur, une critique amie lui conseillait de faire plus de place aux figures dans ses paysages, de mettre l’homme au premier plan et l’arbre au second, de dégager de ses mystiques aspirations sa pensée et ses sentiments.
Il y avait de ce côté de grandes portes cochères, toujours fermées, sur lesquelles nous tracions nos figures et nos calculs avec de la craie ; les traces s’en voient peut-être encore, car ces portes appartenaient à de grands couvents, et, dans ces sortes de maisons, l’on ne change jamais rien. […] Celui de Trédarzec, dont je te parle, était un beau vieillard, grand et vigoureux comme un jeune homme, à la figure franche et loyale. […] Le broyeur de lin entra, droit et ferme, la figure résignée.
Créer une idée nouvelle, une figure nouvelle, c’est déformer une idée ou une figure connue des hommes sous un aspect général, fixe et indécis. […] Ce forum est le même qui figure dans forfait, prix fait, marché fait, forum factum.
où donc ai-je vu cette figure-là ? […] Même, la possession, — que Carmosine je le répète, ne souhaite ni peut-être ne se figure, — aurait pour effet d’abolir ou tout au moins de modifier ce sentiment si étrangement désintéressé. […] Sur quoi, fou de colère, il essaye de lui jeter une lampe à la figure. […] Charmante figure, que M. […] Ce sera, tout bellement, une coquine d’aujourd’hui, névrosée, morphinomane, etc. — et que je coifferai en esthète des couloirs de l’Œuvre, ou en figure de vitrail de brasserie.
Vous interpréterez les figures. Chaque mot de l’Ancien Testament est, en effet, une figure. […] Joubert la comparait à ces figures d’Herculanum « qui coulent sans bruit dans les airs ». […] A bien des signes, il est loisible de reconnaître que l’époque de la mise au point de ces glorieuses figures n’est pas très éloignée. […] L’auteur dramatique se figure donc ce public de neuf heures du soir.
Désormais elles ne sont plus que des figures ; on ne les garde qu’à titre d’aide-mémoire et d’auxiliaires de l’esprit ; elles ne sont bonnes que provisoirement et pour aller plus loin. […] Tour à tour ils prêchent et tonnent, surtout le révérend Moodie, qui se démène et qui écume pour éclaircir les points de la foi : figure terrible ! […] Ses gestes grotesques seraient déplacés de toute façon, mais encore davantage s’ils arrachaient un éclat de rire aux figures mornes des assistants. […] Représentez-vous cette figure pensive, qui, silencieusement, au bord de l’Ouse, erre et regarde. […] On y vogue entre ciel et terre, dans l’abstraction, le rêve et le symbole ; les êtres y flottent comme ces figures fantastiques qu’on aperçoit dans les nuages, et qui tour à tour ondoient et se déforment, capricieusement, dans leur robe de neige et d’or.
Enfin, pour rejoindre aujourd’hui à hier, nous avons intercalé, parmi les figures nouvelles, des faces connues : et alors, au lieu de récrire une physionomie familière à beaucoup, on a cherché à mettre en lumière, plutôt que l’ensemble, tel point obscur. […] En fixant ses yeux monstrueux, mon corps tremble… Il y a comme une auréole de lumière éblouissante autour de lui… Qu’il est beau… Tu dois être puissant, car tu as une figure plus qu’humaine, triste comme l’univers, belle comme le suicide… Comment ! […] Remarque ma figure, calme comme un miroir… je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai, mais grâce à ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y a de beau en toi, ma raison s’est agrandie et je puis te parler… Moi je préférerais avoir les paupières collées, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassiné un homme, que ne pas être toi ! […] Une qui n’a ni manchon ni fourrure Fait tout en gris une bien pauvre figure ; Et la voilà qui s’échappe des rangs Et court : ô mon Dieu, qu’est-ce qui lui prend ? […] Il réussit l’arabesque mieux que la figure et la sensation mieux que la pensée.
Le récit qu’on en ferait serait un résidu insipide ; est-ce que le libretto d’un opéra donne l’idée de cet opéra Si vous voulez retrouver ce monde évanoui, cherchez-le dans les œuvres qui en ont conservé les dehors ou l’accent, d’abord dans les tableaux et dans les estampes, chez Watteau, Fragonard et les Saint-Aubin, puis dans les romans et dans les comédies, chez Voltaire et Marivaux, même chez Collé et chez Crébillon fils270 ; alors seulement on revoit les figures, on entend les voix. […] Remplissez votre imagination de ces alentours et de ces figures, et vous trouverez alors à leurs amusements l’intérêt qu’ils y prenaient eux-mêmes. […] Mais ce lambeau, si brillant qu’il soit, ne lui suffit point, et, dans tous les châteaux, dans tous les hôtels, à Paris, en province, il installe les travestissements de société et la comédie à domicile Pour accueillir un grand personnage, pour célébrer la fête du maître ou de la maîtresse de la maison, ses hôtes ou ses invités lui jouent une opérette improvisée, quelque pastorale ingénieuse et louangeuse, tantôt habillés en Dieux, en Vertus, en abstractions mythologiques, en Turcs, en Lapons, en Polonais d’opéra, et pareils aux figures qui ornent alors le frontispice des livres ; tantôt en costumes de paysans, de magisters, de marchands forains, de laitières, de rosières, et semblables aux villageois bien appris dont le goût du temps peuple alors le théâtre. […] Sous sa pression, comme sous le doigt d’un sculpteur, le masque du siècle se transforme par degrés et perd insensiblement son sérieux : la figure compassée du courtisan devient d’abord la physionomie enjouée du mondain ; puis, sur cette bouche souriante dont les contours s’altèrent, on voit éclater le rire effronté et débridé du gamin296.
« J’aime à vous voir évoquer sous nos yeux la grande figure du poète créateur qui enchanta ma jeunesse, et me guida dans l’Orient au vif éclat de sa lumière ; j’aime également à retrouver dans son dernier historien la voix du chantre de ces Méditations qui, dès leur berceau, m’apparurent sous le même ciel, et m’apportèrent, aux rives de Scio et de Smyrne, de douces et mélancoliques jouissances. […] Quant à moi, comme au milieu de ces divers travestissements de sa pensée, je ne rencontrais que peu de traits de son propre génie, je m’en étais fait une image idéale plus près du ciel que de la terre, et cette image s’est mêlée à toutes les jouissances ou aux illusions de mes pérégrinations orientales ; enfin, quand je m’asseyais sur les décombres d’Éleusis et sous les colonnes du Parthénon, où vous avez médité vous-même, il me semblait toujours voir planer, au-dessus des monuments écroulés ou debout encore du culte ou des arts, la grande figure d’Orphée, le premier en date des bienfaiteurs de l’humanité. » XI Une traduction des poésies d’Eschyle, cette élégie nationale des vaincus de Salamine, écrite et chantée sur le théâtre d’Athènes pour grandir les vainqueurs, termine cette belle étude sur la poésie des Grecs. […] Mais se figure-t-on le rire sur la perte du misérable dont un huissier vend le grabat par autorité de justice, ou qui vient de se suicider par peur du ridicule ? […] La pleine clarté d’un beau jour entrait dans sa chambre par la fenêtre ouverte avec les bouffées de vent du printemps, qui jouait avec les rideaux, se concentrant sur sa mâle et athlétique figure !
Elle fait bon accueil au jeune huguenot, que sa charmante figure recommande ; elle l’envoie à l’hospice de Turin, où il se laisse facilement convertir. […] Mais dès son précédent séjour il s’est fait des amis, des amies : il a trente ans, l’œil ardent, la figure intéressante ; il aura beau dire plus tard, les sympathies vont à lui. […] « Un jeune homme d’une figure ordinaire, rien de distingué ; seulement une physionomie sensible et intéressante », une jeune fille « blonde ; une physionomie douce, tendre, modeste, enchanteresse », voilà les figures, et voilà les caractères.
Chaque semaine, tous les personnages de l’histoire et du roman, depuis la famille des Atrides jusqu’au monde de Rétif de La Bretonne, sont les têtes de Turc, par-dessus lesquelles il tape sur ses contemporains, et il se figure, avec une candeur qui étonne, que tout Paris, toute la France, toute l’Europe le comprend et saisit les masques. […] Elle va, elle marche, elle volte sur ses larges pieds, élastique et lourdement rebondissante, et, vous frottant l’épaule, à chaque assiette qu’elle donne, de ces orbes à la Jules Romain, sur lesquels on se figure couché un Jupiter métamorphosé en taureau. […] Nous étions Saint-Victor, le marquis de Belloy, un gros gaillard sanguin, à la tournure d’un gentilhomme de cheval et de chasse ; Paul d’Yvoy, un Belge, chargé de raconter tous les jours Paris à Paris, les cheveux blancs, la figure aimable, l’air d’un hussard de cinquante ans ; Augier, un académicien qui fume la pipe, gras et nourri comme la prose de Rabelais, et bon vivant et beau rieur, et portant tout autour de son crâne, un peu dénudé, une couronne de petites mèches frisées, autour desquelles se sont enroulées nombre d’amours de femmes de théâtre, et Murger en habit noir. […] Nous avons tenté, mon frère, et moi, un croquis, bien incomplet de cette originale figure dans nos Créatures de ce temps, sous le titre de Victor Chevassier.
Pendant le repos des actes, Thierry, qui se tient, tout le temps, la figure masquée avec la main, et qui écoute cela, comme un supplicié, échange à voix basse quelques mots avec les acteurs. […] Sa figure se contracte du dégoût de nos idées et d’une espèce de répugnance peureuse d’enfant. Dans ce moment elle ne se connaît plus, ne raisonne plus ; elle vous jetterait les meubles à la figure, et est prise d’un véritable désespoir, presque comique par sa bonne foi. […] Notre impression toute première fut de voir en lui un normalien, à l’encolure de Sarcey, dans le moment, légèrement crevard, mais en le regardant bien, le râblé jeune homme nous apparut avec des délicatesses, des modelages de fine porcelaine dans les traits de la figure, la sculpture des paupières, les curieux méplats du nez ; en un mot un peu taillé en toute sa personne à la façon des vivants de ses livres, de ces êtres complexes, un peu femmes parfois en leur masculinité.
Vraiment curieuse, la mobilité du masque de l’acteur, et la succession des figures d’expression douloureuses, qu’il fait passer sur sa pétrissable chair, et les admirables et pantelants dessins qu’il donne d’une bouche terrorisée. […] Potain, une curieuse physionomie, avec l’humaine tristesse de sa figure, son crâne comme concassé, son œil rond de gnome, sa réalité un peu fantastique. […] Je n’ai pas voulu sculpter en sucre, la figure historique que vous êtes, que vous serez. […] Il entre, s’assoit dans un fauteuil, son chapeau sur la tête, tenant sa canne avec un geste automatique de figure de cire.
VIII Dante ne trouvait donc rien d’épique autour de lui dans l’histoire d’Italie qui pût servir de texte à son imagination ; mais le monde théologique était plein de dogmes nouveaux, de foi savante ou de foi populaire, de croyances surnaturelles, de vérités morales ou de fantômes imaginaires, flottant pêle-mêle dans le vide de l’esprit humain, comme les figures tronquées des rêves au moment d’un réveil. […] La figure même de M. […] C’est ainsi que l’auteur procède dans les trois parties du poème, marchant toujours, à travers les figures dont il s’environne, vers la fin qu’il s’est proposée. » XXVIII D’après cet indice fourni par le fils du Dante sur les intentions philosophiques et poétiques de son père, M. […] Toujours attaché à la grande figure symbolique du Dante, Ozanam méditait, dans ses derniers jours, une histoire complète de la littérature, depuis le cinquième siècle jusqu’au treizième.
Aigues-Mortes et ses remparts d’un autre temps, métonymie de l’attitude barrésienne, est une coquille qu’on essaie vainement de sauver de la ruine au nom du style et de la langue française, le rempart dérisoire et fragileh qui figure l’enfermement égotiste de l’auteur dans son « culte du moi ». […] Cette métaphore un peu lyrique du grand soir de la Révolution, de même que le geyser, qui figure dans la phrase suivante « l’esprit jaillissant » après avoir été longtemps emprisonné, s’oppose à la « Walkyrie domestiquée ». […] La citation de Descartes fait, par le jeu de la métaphore filée, figure d’étape préhistorique de la pensée figée dans ses certitudes, source d’un positivisme au ras du sol que tout oppose à la lumière incertaine de l’inconnu. […] Figure aussi dans l’article des Cahiers du mois de juin 1926, éd. cit. p. 37.
Cependant « Le Malade imaginaire n’est pas celle des comédies de Molière que j’aime le mieux, disait-elle ; Tartuffe me plaît davantage. » Et dans une autre lettre : « Je ne puis vous écrire plus long, car on m’appelle pour aller à la Comédie ; je vais voir Le Misanthrope, celle des pièces de Molière qui me fait le plus de plaisir. » Elle admirait Corneille, elle cite La Mort de Pompée ; je ne sais si elle goûta Esther : elle aurait aimé Shakespeare : « J’ai souvent entendu Son Altesse notre père, écrivait-elle à sa demi-sœur, dire qu’il n’y avait pas au monde de plus belles comédies que celles des Anglais. » Après la mort de Monsieur et durant les dernières années de Louis XIV, elle avait adopté un genre de vie tout à fait exact et retiré : « Je suis ici fort délaissée (5 mai 1709), car tous, jeunes et vieux, courent après la faveur ; la Maintenon ne peut me souffrir ; la duchesse de Bourgogne n’aime que ce que cette dame aime. » Elle s’était donc faite absolument ermite au milieu de la Cour : Je ne fraye avec personne si ce n’est avec mes gens ; je suis aussi polie que je peux avec tout le monde, mais je ne contracte avec personne des liaisons particulières, et je vis seule ; je me promène, je vais en voiture ; mais depuis deux heures jusqu’à neuf et demie, je ne vois plus figure humaine ; je lis, j’écris, ou je m’amuse à faire des paniers comme celui que j’ai envoyé à ma tante. […] Elle a du cœur ; ne lui demandez pas l’agrément, mais dites : Il manquerait à cette cour une figure et une parole des plus originales si elle n’y était pas.
Ces jeunes princes, objets de tant de vœux et d’espérances et qui n’ont pas vécu, tous ceux à qui la voix du peuple comme celle du poète a pu dire : « … S’il t’est donné de vaincre les destins ennemis, tu seras Marcellus » ; ces figures inachevées que souvent l’imagination couronne, posent en passant un problème que les esprits les plus sérieux et les moins chimériques peuvent méditer au moins un instant. C’est ce qui a lieu pour le duc de Bourgogne, et l’on ne saurait, en traversant les dernières années de Louis XIV, rencontrer cette figure originale, singulière et assez difficile de l’élève de Fénelon, sans se demander : « Que serait-il arrivé de tout différent dans l’histoire, et quel tour auraient pris les choses de la France s’il avait vécu ?
C’est ainsi qu’en se dirigeant vers le Marboré, après avoir traversé d’affreuses solitudes, et en arrivant à Gavarnie, d’où se découvre presque en entier le grand cirque du fond, au mur demi-circulaire, avec ses rochers à figure de tours, avec ses neiges aux flancs et ses cascades, il dira de cette belle masse, qui est la partie la plus connue du Marboré : Son volume et sa hauteur la feraient croire très voisine de Gavarnie ; mais sa couleur, qui tient de l’azur des hautes régions de l’atmosphère et de l’or de la lumière répandue sur les objets distants, avertit qu’on aura plus d’un vallon à parcourir avant de l’atteindre. […] ce ne fut qu’une sorte d’apparition gigantesque et formidable : le soleil ne brillait pas, une brume dérobait le sommet principal, et l’autre cime moindre, qu’on nomme le Cylindre, cette figure de tour tronquée, plus sombre que le nuage, plus menaçante que le Mont-Perdu lui-même, en usurpait l’apparence et devenait l’objet le plus extraordinaire du tableau.
On ne se le figure pas, en effet, dans ce conflit où tous ceux qu’il louait le plus se combattirent et, qui pis est, se vilipendèrent. […] Nos passions et nos désirs taillent en nous, selon le temps et l’occurrence, plus d’une figure et d’un personnage.
Il y a des jours où il se figure qu’il est guéri de ce mal du pays, et qu’il vit en philosophe au milieu de ses champs, sur les bords de cette belle Saône. […] Ce voyage figure en abrégé l’histoire des lettres depuis la Renaissance.
Ce marquis de Champcenetz, frère aîné de l’aimable mauvais sujet, fait dans tout ce récit, on en conviendra, une assez triste figure. […] Au milieu de ce cercle presque entièrement aristocratique, un pauvre homme et sa femme qui avaient un petit théâtre de marionnettes aux Champs-Élysées furent amenés un matin, pour avoir exposé une figure en cire de Charlotte Corday. « Ces pauvres gens étaient bons et honnêtes, et quoique nous ne pussions leur être utiles en rien, ils nous rendaient tous les services qui étaient en leur pouvoir.
Tantôt enfin (et c’est ici le cas qui n’est pas le moins original en son genre), nous avons vu la Théologie elle-même tout armée, la dialectique serrée et savante, sachant les points, les textes décisifs, les comment et les pourquoi de l’orthodoxie, sachant aussi les raisons du cœur et les plus fins arguments de la spiritualité ; nous l’avons vue venir du Nord sous la figure de Mme Swetchine, s’installer, prendre pied chez nous et y devenir conquérante à sa manière. […] Telle est la thèse qu’elle soutient avec toutes les subtilités de son cœur et de son esprit, et qu’elle orne des figures et des mille emblèmes d’une imagination tournée en dedans.
Il y aurait pourtant moyen, tout noué et empêché qu’il est par nature et par éducation, de s’intéresser au fils du grand Racine, poète lui-même, versificateur élégant, modeste et pieux, ayant le culte d’un père illustre ; et si l’on en savait un peu moins sur son compte, si on le repoussait un peu dans le vague, on pourrait composer de cette figure secondaire une esquisse assez attrayante. […] me dira-t-on, et ce portrait, donc, d’une de ses filles, de son aînée, qui se termine par ces mots : « Je finis tout son portrait que je n’ai point flatté, en vous disant que pour la figure et la raison, c’est un petit diamant, mais encore brut ; il faudra du temps et des soins pour le polir.
Salammbô, en comparaison, n’est que bizarre, et si masquée, si affublée, si fardée, qu’on ne se la figure pas bien, même au physique ; et, au moral, si peu entraînée ou entraînante que, malgré la complicité naturelle au lecteur en pareil cas, on ne prend nul plaisir à lui voir faire ce qu’elle fait. […] La Bible dont je sais que vous vous autorisez, vous et d’illustres Sémitiques avec vous, pour conclure de là à la Phénicie et ensuite à Carthage (ce qui ne laisse pas d’être un peu loin), la Bible est remplie de scènes et de figures qui, au milieu des duretés et des épouvantements, reposent et consolent.
Je ne sais si je fais injure à mes semblables, mais il me semble que les premiers progrès des hommes en société se sont opérés et accomplis de la sorte : je me figure des peuplades, des réunions d’hommes arrêtés à un degré de civilisation dont ils s’accommodaient par paresse, par ignorance, et dont ils ne voulaient pas sortir, et il fallait que l’esprit supérieur et clairvoyant, le civilisateur, les secouât, les tirât à lui, les élevât d’un degré malgré eux, absolument comme dans le Déluge de Poussin, celui qui est sur une terrasse supérieure tire à lui le submergé de la terrasse inférieure : seulement dans le tableau de Poussin, le submergé se prête à être sauvé et tend la main, et, souvent, au contraire, il a fallu, en ces âges d’origine et d’enfance, que le génie, le grand homme, le héros élevât les autres d’un degré de société malgré eux et à leur corps défendant, en les tirant presque par les cheveux : tel et non pas moindre je me figure qu’a dû être son effort.
Le Cabinet, qui était le second depuis la rentrée de Louis XVIII, et qui succédait à celui qu’avait présidé M. de Talleyrand, était présidé lui-même par le duc de Richelieu, noble figure, cœur loyal et resté français dans l’émigration et jusque sous le drapeau russe, et l’un des hommes qui firent le plus pour rendre la Restauration viable, si elle avait pu ou voulu l’être. […] J’ai assez dit les crimes et les excès : qu’on me laisse revenir à mon aise et reposer un peu mon regard sur ces nobles et graves figures qui apparaissent dans leur lointain, avec quelques autres également respectables, comme les bons génies si peu écoutés de la Restauration.
La figure qu’on fera devant ces autres générations survivantes et toujours assez peu bien disposées, l’idée générale qu’on laissera de soi et la considération définitive qu’on ménagera à ses vieux jours littéraires, dépendent beaucoup de la façon dont on va se comporter et se poser en ces années où tant de féconds emplois sont possibles encore. […] Qui n’a vu dans une de ces soirées encombrées, dans un de ces raouts où se figure si bien notre époque, tous les talents, tous les noms divers dont une littérature de loin s’honore, et qui, si on les lorgne de Vienne ou de Saint-Pétersbourg, ont l’air d’être groupés, grâce à la distance, et qui ne le sont pas ?
Ainsi l’Italie est morte ; mais Rome, frappée au cœur, ne devait pas lui survivre longtemps. » Parmi les figures qu’il rencontrait au premier plan, il en est deux que M. […] Mérimée a retrouvé, dans le personnage principal, une de ces figures qu’il excelle à dessiner.
. — En géologie, les suites et la vérification de la théorie de Newton, la figure exacte de la terre, l’aplatissement des pôles, le renflement de l’équateur328, la cause et la loi des marées, la fluidité primitive de la planète, la persistance de la chaleur centrale ; puis, avec Buffon, Desmarets, Hutton, Werner, l’origine aqueuse ou ignée des roches, la stratification des terrains, la structure fossile des couches, le séjour prolongé et répété de la mer sur les continents, le lent dépôt des débris animaux et végétaux, la prodigieuse antiquité de la vie, les dénudations, les cassures, les transformations graduelles du relief terrestre329, et à la fin le tableau grandiose où Buffon trace en traits approximatifs l’histoire entière de notre globe, depuis le moment où il n’était qu’une masse de lave ardente jusqu’à l’époque où notre espèce, après tant d’autres espèces détruites ou survivantes, a pu l’habiter Sur cette science de la matière brute, on voit en même temps s’élever la science de la matière organisée. […] Il y a de ces lois pour les nombres, les figures et les mouvements, pour la révolution des planètes et la chute des corps, pour la propagation de la lumière et le rayonnement de la chaleur, pour les attractions et les répulsions de l’électricité, pour les combinaisons chimiques, pour la naissance, l’équilibre et la dissolution du corps organisé.
Mais ce qui lui est particulier, c’est que sensations et sentiments se résolvent d’ordinaire en je ne sais quelle langueur de volupté et de désir, comme si le trouble qu’éveille en lui la figure de la Terre était un peu semblable à un autre trouble, à celui qui nous vient de la femme, et y disposait l’âme et le corps… Tout cela est bien difficile à dire clairement. […] C’est, dans Pêcheur d’Islande, la pêche et les mers polaires ; dans Mon frère Yves, la vie de bord, les mers d’Orient et des tropiques et « la grande monotonie » de l’Océan ; dans les deux livres, la Bretagne, sa figure et son âme.
Suivant moi, à part les cours tout à fait supérieurs et savants, tels que je me figure ceux du Collège de France ou des Facultés, les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix, et plus ou moins commentés. […] Il y avait donc parmi les auditeurs bien des figures qui pouvaient être celles des combattants de la veille.
Cuvier a fait également ces deux éloges, et il y a joint celui de Hallé, réunissant ainsi dans un même cadre les trois figures. […] On a fort apprécié surtout, dans ce dernier éloge, le talent consciencieux avec lequel le biographe a su rendre le caractère, non seulement du maître et du praticien, mais de l’homme, et ce soin curieux de recomposer par une foule de traits une figure originale.
Il s’était marié dès novembre 1794, à l’âge de vingt et un ans, à une jeune personne « dont les qualités aimables se peignaient sur sa figure charmante ». […] Droz a donc conduit l’histoire de la Révolution jusqu’au lendemain de la mort de Mirabeau ; cette grande figure domine tout ce troisième volume, le plus remarquable, le plus curieux et le plus neuf par la nature et le cachet des révélations précises.
Lainé, il est sujet, sans s’en apercevoir, à projeter un peu de sa propre figure dans la leur, à se profiler légèrement en eux pour ainsi dire. […] Le portrait de la duchesse d’Angoulême m’a surtout choqué par une fausse expression de charmes et par une prodigalité de coloris qui fait contresens avec le caractère élevé, sévère et presque austère d’une figure si propre à inspirer uniquement le respect.
Masque qui reprenait sa figure parce qu’il avait le désespoir de l’illusion… Non, je n’ai jamais vu d’opposition plus vive qu’entre ces deux critiques et ces deux professeurs du xixe siècle, contrastant en tout, — excepté en convictions fortes et en autorité morale qu’ils n’avaient pas plus l’un que l’autre, ce qui les frappe également tous deux de néant et leur enlève, du coup et pour jamais, toute grande influence sur les hommes ! […] Il est vrai que dans l’Angleterre Whig l’un a écrit une histoire whig de ce whig couronné, Guillaume III, auquel il sacrifie Marlborough et toutes les grandes figures de l’époque ; tandis que le pauvre Philarète Chasles a continué de faire de la critique et de la littérature inutiles en ce beau pays de France où Chateaubriand se plaignait de ne pouvoir rester ministre, où le grand Balzac n’aurait jamais pu l’être, quand Disraëli, un mauvais romancier que nous mépriserions en France, l’est en Angleterre à plus de soixante-dix ans !
Le feuilleton a ses figures épiques devant lesquelles il faut s’incliner et se recueillir. […] Toute religion a ses saints, comme elle a ses damnés ; et je veux, pour rasséréner vos yeux et parfumer votre esprit, faire passer devant eux une calme, une sereine figure, celle du véritable journaliste. […] et lorsque son style, flairant l’impiété, semble montrer les dents aux grandes figures de Rabelais, de Montaigne, de La Fontaine, de Molière, de Voltaire et de Rousseau, — ne prenons pas le change ! […] Après avoir salué du bout de ma plume la senora Mariquita et ses deux compagnes, les danseuses Danoises, permettez-moi de finir par un rapide crayon de la figure d’une véritable artiste. […] La foule, rassasiée d’effets surnaturels et fantastiques, lui criera alors : « Fais place à un véritable comédien dont le talent et la figure soient de ce monde !
Rodin, cet artiste presque inconnu, qui créa les belles figures décoratives du théâtre du Palais-Royal et qui a fait pour le livre de M. […] L’Académie peut-être, où il ferait très bonne figure et où il entrera très certainement. […] Par quels chants, par quelles musiques évoquer cette figure souverainement terrible et souverainement bonne, qui se voile aujourd’hui de clartés et s’endort aujourd’hui dans la lumière ? […] Quoi qu’on dise et fasse, les Brunetière de l’avenir seront obligés de s’en référer à cet état d’âme très inopiné et d’en déduire les conclusions morales qu’il comporte, quand ils voudront évoquer la figure du professeur galant qui charma les belles femmes en mal de philosophie amoureuse, figure qui n’apparaissait jadis que sur des fonds d’opulentes peluches et de spiritualistes épaules, dans les salons les plus notoires de Paris. […] Mieux que cela, j’en fis une sorte de dieu rustique, à la figure barbouillée de terreau au dos voûté, aux mains calleuses, le symbole anthropomorphe et vivant de la Terre.
Les figures d’hommes qu’a tracées M. […] Ses figures de femmes, au contraire, se ressemblent ou ne diffèrent que par de faibles nuances Il en devait être ainsi. […] Ces petits bourgeois reparaîtront dans son œuvre, figures disgracieuses, âmes rétrécies par les préoccupations d’une vie mesquine et difficile. […] Il s’applique à mettre chaque œuvre à son plan et à faire ressembler les figures. […] A mesure que ces figures s’animent, tout s’explique et tout s’éclaircit.
quelle admirable figure que celle de cette vieille reine ! […] » A ce moment, Léontine tire son mouchoir et se cache la figure en sanglotant : « Des larmes ! […] … voilà donc une figure humaine.. […] Nous avons vu, l’autre soir, qu’il y faisait encore bonne et solide figure. […] Les tableaux sont composés de la même manière que les figures.
Petites phrases jolies d’ailleurs, point de figures brillantes ; point de mouvements oratoires. […] C’est une figure mélancolique et gracieuse. […] Figure tuée par l’âme. […] Une femme qui a le visage découvert, ou voilé à peine, on la regarde à la figure. […] les vrais nobles faisaient généralement très bonne figure aux Fourchu et aux Branchu.
L’idée donc me paraît excellente ; et je me figure très bien une personne, une femme élégante, qui fait son courrier dans son boudoir devant témoins, pendant qu’on jase autour d’elle, et qui ne serait pas fâchée de pouvoir se fixer sur l’exacte orthographe d’un mot, sans se lever toutefois et se déranger, sans déceler son doute, sans avoir recours même au plus portatif et au plus maniable des dictionnaires : elle n’a, maintenant, qu’à tourner d’une main négligente et comme par distraction son papier ; elle a l’air, tout au plus, de chercher le quantième du mois, et son œil est tombé précisément sur le mot qui faisait doute et qu’elle avait mal mis.
Une jeune Espagnole aux grands yeux pénétrants ; Et sa voix se mêlait à la voix des rafales Qu’on entendait mugir au-dessus des torrents… Si j’osais conjecturer, je dirais que par toutes ces figures diverses qu’a évoquées autour d’elle l’imagination de l’ouvrière-poète, elle s’est plu à multiplier, comme dans un miroir légèrement enchanté, des images d’elle-même, et elle n’a changé que juste ce qu’il fallait pour pouvoir dire : Ce n’est pas moi !
L’auteur de Madame de Montmorency, qui vient si heureusement de rappeler l’attention sur cette figure de noble et sainte veuve, et de nous la montrer à genoux en prière devant un tombeau, M.
En nous donnant, au lieu de Mémoires historiques un mémoire de barreau en bonne forme, l’auteur assoit en quelque sorte le vainqueur de l’Argonne sur la sellette ; et dès lors cette figure, si pleine de mouvement et de vie, prend un air d’apparat, comme devant les juges.
XIV L’ancien journaliste, généralement expulsé par les écrivains fameux et les anonymes reporters, n’était pas une figure sans intérêt.
Il figure avec un autre sens dans le dictionnaire de Pernot, ainsi que gueule-de loup et riflard, autres outils de menuisier.
Platon a l’imagination vive, abondante, fertile en inventions, en idées, en expressions, en figures ; donnant mille tours différens, mille couleurs nouvelles, & toutes agréables, à chaque chose : mais, après tout, ce n’est souvent que de l’imagination.
On tourne autour de ces deux figures ; elles sont debout, d’aplomb et non raides. à droite, c’est une colonade ; à gauche, un grand arbre ; au pied de cet arbre, deux amours tapis sous un bouclier d’or.
On ne trouve pas dans ses vers d’idée sublime ni même des tours d’expression heureux ni de figures nobles, qu’on ne retrouve dans les auteurs grecs et latins.
En effet, Monsieur Racine ne paroît plus grand poëte dans Athalie que dans ses autres tragédies, que parce que son sujet tiré de l’ancien testament l’a autorisé à orner ses vers des figures les plus hardies et des images les plus pompeuses de l’écriture sainte, au lieu qu’il n’en avoit pû faire usage que très-sobrement dans ses pieces profanes.
Narcisse sent que son âme est adorable, mais voudrait en connaître la figure sensible et cherche un miroir. […] Il ne chercha même pas dans ces spectacles de simples thèmes littéraires, des sujets à traiter, des figures à saisir sur le vif, mais il y apporta un beau zèle humanitaire et social ; il en retira des opinions sur les réformes possibles de nos institutions judiciaires. […] C’est là le divertissement supérieur de la libre intelligence, et le réalisme vulgaire ou la grosse machinerie du récit prennent par comparaison figure de corvées. […] Dans des « considérations sur la mythologie grecque », Gide trouve étrange qu’« un grand poète tel que Hugo l’ait si peu comprise ; qu’il se soit plu comme tant d’autres à décontenancer de tout sens ces figures divines pour ne plus admirer que le triomphe sur elles de certaines forces élémentaires et de Pan sur les Olympiens ». […] Nous ne serions pas fâchés de voir leur figure, ou tout au moins de savoir comment il la voit, ce qui laisserait encore le champ libre à notre imagination.
La duchesse de Langeais fut une des plus chatoyantes figures de cette galerie où M. de Balzac a prétendu mettre les derniers portraits de nos dernières grandes dames. […] S’il eût eu le goût et le génie de la variété, il eût compris le fond de monotonie qu’il infligeait à ses romans par le retour continuel de noms cent fois redits et de figures cent fois exhibées. […] L’art, la poésie, le roman, ne peuvent émouvoir et plaire qu’à la condition d’exprimer d’une façon exquise un moment, une attitude, une phase rapide de la figure ou de l’âme, du sentiment ou de la pensée. […] Grâce à ces éditions multipliées des mêmes figures, celles qui nous avaient plu d’abord nous paraissent fastidieuses, et celles qui nous avaient déplu nous deviennent intolérables. […] N’est-ce pas lui encore qu’il retrouve et qu’il aime à retrouver dans ces tableaux qu’il nous montre comme cicerone et où il figure comme personnage ?
Véritablement je me figure Molière, poussé à bout par sa troupe avide, et se mettant à l’œuvre tout exprès pour faire une pièce où l’intérêt l’emporte sur tout le reste. […] Sganarelle est tout aussi bien le pendant inévitable de Don Juan, que Sancho Pança est l’indispensable compagnon du chevalier de la triste figure. […] Dans l’une et dans l’autre comédie, un poète immense vous montre la même figure blafarde qui passe et qui repasse incessamment, comme un grain de sable qui tomberait dans l’œil de l’âme, pour troubler la vision. […] Il y a dans ce Plutus un chœur… L’ami Proudhon, ce terrible et inintelligent fantôme qui a fait tant de mal, cet innovateur abominable d’un paradoxe plein d’embûches, ce destructeur de nos plus chères libertés, ce mal venu qui a fait reculer trente-deux millions d’hommes, le mauvais citoyen que l’exécration publique ne saurait châtier, d’un châtiment trop honteux, cet énergumène imbécile qui se figure que le bonheur du genre humain peut sortir d’une déclamation, comme sort la tempête de l’outre d’Éole, ne sera pas fâché de lire ce chœur d’Aristophane où la venue du communisme était prédite, il y a tantôt trois mille ans. […] Au premier abord, et quand on se souvient de ce mot : politesse, et de cet autre mot : urbanité, qui ont été le fond de cette langue française, « dont les moindres syllabes nous sont chères, disait un académicien, parce qu’elles nous servent à glorifier le Roi », on se figure que, plus tard, après Richelieu et Mazarin, les ballets dansés par Louis XIV ont perdu quelque peu de leur entrain et de leur gaieté, pour ne pas dire pis.
Je me figure les grands artistes enfermés dans un kiosque qui est séparé du monde environnant par des vitres de toute couleur et de toute nuance. […] Depuis lors aussi, il a publié deux volumes d’impressions de théâtre et plusieurs séries de portraits contemporains, parmi lesquels manque malheureusement une figure, la sienne. […] Vous connaissez ces dessins, amusettes à badauds, où une figure quelconque est cachée dans l’enchevêtrement des lignes. […] Ainsi nous allons faire : chercher dans l’œuvre du critique la figure même du critique. […] Depuis un an à peu près, son nom ne figure plus au bas du feuilleton dramatique de la Revue des Deux Mondes.
Par ces traits tout spirituels, elle n’est pas moins une petite Palestine pour nous et une figure du ciel que par ses figues, ses muscats, ses olives, ses oranges, etc. » — On voit que cet ami de Racine n’était pas sans avoir l’imagination quelque peu riante. — Il est moins question dans les toutes dernières lettres que nous avons de lui des deux prédicateurs émules ; la Cour les enlève à la ville ; Versailles et le monde, ce sera peu à peu l’écueil de l’illustre Massillon : « (23 mars 1700).
L’auteur, en retraçant dans la figure de René son propre portrait de jeunesse, son portrait idéalisé, a par là même présenté comme un type de la maladie morale des imaginations à cette époque et pour les générations qui ont suivi.
Que Denys d’Halicarnasse, grammairien subtil, signale dans un discours de Démosthène toutes les figures de la rhétorique ; ce qui loue vraiment l’orateur, c’est que l’auditeur ne les aperçoit pas, et n’y fait pas réflexion, et que ce qui est figuré lui paraît propre : il n’imagine point d’autre moyen de dire ce que l’orateur voulait dire.
Delavigne n’a pas l’audace qu’il faut pour enfourcher l’indocile Hippogriffe ; mais, s’il court moins de risques, il ne voit pas non plus se déployer sous lui, comme une carte immense, la figure du monde et l’infini des horizons ; il ne peut pas, au détour d’un nuage, entrer en conversation avec un ange qui monte, ni passer sa main dans les cheveux d’or des étoiles ; le moindre mur, la plus petite colline bleue suffisent à masquer sa perspective… M.
On tournoit en ridicule la personne du docteur, son air, sa figure, ses manières, ses discours.
A ces phénomènes, il a donné une figure allemande, en prenant le contre-pied de la doctrine allemande de Metternich (réaction autrichienne) et du suisse Haller (réaction prussienne).
La grande figure de Molière reparaîtra plus brillante. […] Je ne parle pas de sa prestance et de sa figure ; ce sont là assurément des qualités nécessaires au rôle. […] Pour elle, elle a de l’esprit, aime les beaux ajustements et fait figure parmi tout ce monde. […] Plus j’examine le vers de Molière, moins je me figure qu’il lui ait donné le sens qu’on lui prête. […] Le comique de la situation, c’est que les deux frères étant semblables de figure et de voix, sont très différents, au contraire, par tout le reste.
Jamais, à Venise, les couleurs si fraîches des figures anglaises ne paraîtront naturelles… Ce n’est qu’après que la lente habitude aura ôté l’étonnement que la sympathie pourra naître. […] A la dernière exposition universelle de Londres, il n’y avait, dans la galerie des peintres hollandais, pas une seule figure nue. […] Notez que ces figures de vingt et trente pieds n’étaient qu’un détail, perdu dans l’ensemble des monuments asiatiques. […] Ce sont les figures de Rhamsès le Grand, assis dans une attitude d’impassible majesté qui indique bien un être supérieur et insensible aux choses du monde que nous habitons. […] Ces deux figures, enlacées et assises, sont d’un mouvement, d’une grandeur et d’un charme de lignes incomparables.
Tant mieux si ce reste de santé permet que le patient continue d’aller et de venir, et de faire figure d’homme. […] L’impression est comparable à celle que l’on ressent en présence des figures peintes par Léonard, avec ce modelé dans la dégradation des teintes qui veloute de mystère le contour du sourire. […] C’est peut-être le trait le plus inquiétant de cette inquiétante figure. […] Le livre consacré à Marc-Aurèle a clos cette série d’études religieuses ouverte sur la sublime figure du Juste crucifié. […] Il y avait, semble-t-il, deux façons de poser en pied cette sombre figure du prêtre assassin.
Il a assommé toute une famille, piétiné les cadavres, écrasé les figures à coups de chenet ou de soulier, et n’en éprouve aucune émotion. […] On aurait dit des ouvriers, mais des ouvriers qui ne travaillaient pas, et deux d’entre eux, rien que par leur figure, pouvaient justifier l’impression qu’ils produisaient. […] On se figure mal Marat sous Louis XIV. […] Aucune émotion sur sa figure bronzée par la poudre, aucun geste, sous les yeux des réguliers qui le regardaient de loin, plus troublés qu’ils n’auraient voulu. […] On se figure les rêves d’an enfant bercé de la sorte.
Celle-ci, purement statique, opérait sur les figures une fois décrites ; celle-là étudie la variation d’une fonction, c’est-à-dire la continuité du mouvement qui décrit la figure. On peut sans doute, pour plus de rigueur, éliminer de nos procédés mathématiques toute considération de mouvement ; il n’en est pas moins vrai que l’introduction du mouvement dans la genèse des figures est à l’origine de la mathématique moderne. […] Qu’on se figure la nature comme une immense machine régie par des lois mathématiques ou qu’on y voie la réalisation d’un plan, on ne fait, dans les deux cas, que suivre jusqu’au bout deux tendances de l’esprit qui sont complémentaires l’une de l’autre et qui ont leur origine dans les mêmes nécessités vitales. […] Un artiste de génie a peint une figure sur la toile. […] Ou supposons notre intelligence ainsi faite qu’elle ne puisse s’expliquer l’apparition de la figure sur la toile autrement que par un travail de mosaïque.
Jeudi 7 février Willette, amené aujourd’hui par Geffroy, pour faire le menu du banquet du 22 février, pendant qu’il fait un croquis de ma personne, me dit « qu’il y a sur ma figure » de singuliers passages de douceur et de dureté. […] » On monte en haut, prendre le café et les liqueurs, et ce sont des embrassades, des rappels à mon souvenir, de gens dont j’ai oublié le nom et la figure, des présentations d’Italiens, de Russes, de Japonais, des remerciements de Gungl, le fils de Lagier, pour les quelques lignes de mon Journal sur sa mère, des lamentations de Rodin, se plaignant de sa fatigue et de son besoin de repos, la demande par Albert Carré d’un rendez-vous, pour causer de Manette Salomon, enfin l’accolade de ce grand toqué de Darzens, qui m’a dédié un volume, dont il ne m’a jamais donné un exemplaire. Moi, au milieu de cela, il me semble m’apercevoir dans une glace, avec sur la figure un doux hébétement, quelque chose d’un bonheur bouddhique. […] Petit paysan, il était pris en affection par un vieux médecin du pays, sur l’intelligence de sa figure, et ce médecin faisait les frais de ses études de médecine à Paris. […] L’effet de cet homme au scaphandre, avec cet appareil sur la figure, ressemblant à un masque antique : ç’a été comme une apparition dans une vision, dans le rêve d’un buveur d’opium… et cet homme vous parlant la tête au-dessus de l’eau, de ce bateau au fond de l’eau, grand comme un navire de ligne, avec un revêtement entier d’émail à l’extérieur, et à l’intérieur de plaques de marbre vert, de marbre rouge… J’ai vu, une fois, le plongeur rapporter une tête de lion avec un anneau dans la gueule — l’attache des barques qui s’accotaient au navire… mais la merveille, jusqu’à ce jour retrouvée, est une tête de Méduse. » Jeudi 14 novembre Ce soir, chez Daudet, Larroumet cause curieusement du Maroc, qui est comme le dernier asile du vieil islamisme, et où les supplices auraient une qualité de férocité, dégotant ceux de la Chine.
C’était une excellente arme aux mains de M. le commissaire du roi que Mlle Rachel ; son talent tout antique, plein de froide majesté, de sobre passion et de sourde ironie, remarquable par une diction irréprochable bien plutôt que par des accents du cœur, devait reproduire d’une manière satisfaisante les types grecs et romains de la littérature du xviie siècle, poétiques figures qui semblent moins empruntées à la nature vivante qu’à l’atelier du statuaire ; mais aussi ce talent monocorde devait échouer lorsqu’elle essayerait de représenter les créations pittoresques, excentriques ou passionnées du xixe siècle. […] Je conçois bien que le vent agite les feuilles, enfle les voiles d’un navire ; mais je ne comprends pas, je ne crois pas que personne comprenne comment le vent agiterait les corps célestes : la figure employée par M. Hugo pour peindre les malheurs de la maison de Bourbon est donc de tout point une figure absurde. » — Suivent trois pages d’injures. […] Sa figure employée pour peindre les malheurs de la maison de Bourbon est une figure de tout point absurde.
Ce rapport, juste et délicat, se trouvera plus vrai encore pour Kitty Bell, pour Mlle de Coigny et Mme de Saint-Aignan, ces sœurs humaines d’Éloa, à mesure que nous avancerons dans les dédales d’ivoire que le père de Stello aime à construire et où il dispose ses blanches figures. […] Quelques petites exagérations de couleur vont jusqu’à affecter la simple et probe figure de Collingwood. […] Mme Dorval, à qui il en eut tant de reconnaissance et qu’il s’obstina à voir longtemps sous cette figure idéale.
Mon oncle n’avait-il pas en effet une figure tout espagnole ? […] Mme Valmore ne peut s’empêcher d’y applaudir ; elle ne se raisonne pas, elle suit son élan ; elle a l’âme populaire ; elle était pour les souffrants, pour les opprimés et les mitraillés à Lyon, en 1834 ; elle était de tout temps pour les condamnés politiques, sans distinction de parti, que ce fût M. de Peyronnet ou Raspail, pour tous ceux dont elle entendait la plainte à travers les barreaux ; elle est pour eux encore le jour où elle se figure que le peuple triomphe et se délivre ; elle a son hymne du lendemain : « (1er mars 1848)… L’orage était trop sublime pour avoir peur ; nous ne pensions plus à nous, haletants devant ce peuple qui se faisait tuer pour nous. […] … Espérons… » C’est cette sœur aînée Cécile, qui avait appris à lire à la jeune Marceline, tout enfant, et l’on trouve en maint passage des poésies un souvenir esquissé de cette douce figure.
Sa figure régulière s’animait surtout par l’expression de très-beaux yeux noirs ; le reste, sans frapper d’abord, gagnait plutôt à être remarqué, et toute la personne paraissait mieux à mesure qu’on la regardait davantage. […] M. de Chateaubriand porte de la grandeur, même dans la grâce ; je me figure qu’Homère eût été Homère encore jusque dans les proportions de l’Anthologie. […] Cette figure impassible, trop habile pour trahir même son triomphe, ce ton demi-railleur, demi-bienveillant, qui lui est assez habituel, cette douceur qui est peut-être une ruse de plus, voilà bien des traits de signalement qui ne se rapportent qu’à lui.
Pendant qu’une civilisation factice taillait en cônes et en figures géométriques les ifs et les charmilles de Versailles, il voulait leur garder la liberté de leurs bourgeons et de leur verdure. […] Ce n’est pas ici une figure poétique, ni une tristesse d’emprunt amenée par fiction. […] Il a la figure imposante, le regard assuré, la démarche fière, la voix terrible. »116 On a de nos jours contesté cette bonté du lion, et on a prouvé qu’il est aussi peu généreux que le tigre.
» On chercherait en vain dans toute la poésie antique ou moderne de telles prostrations de l’âme exprimées par de telles figures de style et de tels redressements de l’espérance rendus par de tels enthousiasmes de la piété. […] » Et comme la figure de l’enthousiasme, la répétition, mise par lui en refrain dans la bouche du chœur ou du peuple, ajoute le retentissement d’une foule à l’accent jailli d’une seule âme ! […] Ce n’est point ce que la pensée se figure : un lac pétrifié dans un horizon terne et sans couleur ; c’est d’ici un des plus beaux lacs de Suisse ou d’Italie, laissant dormir ses eaux tranquilles entre l’ombre des hautes montagnes d’Arabie, qui se dentellent à perte de vue comme des Alpes sans neige derrière ses flots, au pied des monticules coniques ou pyramidaux, mais toujours transparents, de la Judée, royaume stérile du poète-roi.
Je dois beaucoup aussi au spirituel Georges Duval, témoin des événements et peintre des figures. Mon jugement définitif sur cette héroïque et cependant sinistre figure peut-il être taxé de complicité avec le poignard ? […] Comme ce peintre qui, désespérant de rendre l’expression complexe d’un sentiment mixte, jeta un voile sur la figure de son modèle et laissa un problème au spectateur, il faut jeter ce mystère à débattre éternellement dans l’abîme de la conscience humaine.
Sa figure, éminemment prussienne, m’avait frappé, sans m’inspirer ni attrait ni prestige. […] Aucun trait de sa figure ne rappelait son frère : la dignité sans orgueil, la franchise grave, la science des pensées, contrastaient chez Guillaume avec cette fausse bonhomie caressante, mais peu sûre, d’Alexandre. […] Marchant d’un pas sûr et prudent, la tête un peu penchée en avant, et d’un air pensif, d’une figure bienveillante et d’une grande expression de dignité et de noble douceur, ou bien il baisse les yeux, ou bien il répond avec une politesse, avec une amabilité dépouillées de tout orgueil, aux témoignages d’affection et de respect des passants.
Tous et toutes levèrent les yeux sur ma figure pour s’assurer d’un coup d’œil si le nouveau porte-clefs (car ils savaient le mariage de l’ancien avec la jolie fille du bargello) adoucirait ou aggraverait leur peine par sa physionomie et par le son de sa voix brusque ou douce ; ils me remercièrent poliment de mon service, hommes, femmes ou enfants, et je vis clairement sur leurs figures l’étonnement et la consolation que leur causait un visage si jeune qui, au lieu de reproche à la bouche, roulait des larmes dans ses yeux, et qui semblait avoir plus de pitié pour eux qu’ils n’avaient eux-mêmes peur de lui. […] Alors je lui racontai précipitamment comment j’avais pris les habits et la zampogne de mon oncle dans le coffre, afin de ne pas être exposée, comme une pauvre fille, aux poursuites, aux insolences et aux libertinages des hommes dans les rues ; comment mon oncle et ma tante avaient voulu s’opposer par force à mon passage, comment le père Hilario leur avait dit, au nom du bon Dieu : Laissez-la faire son idée ; comment il avait promis d’avoir soin d’eux, à défaut de leurs deux enfants, dans la cabane ; comment une noce, qui avait besoin d’un musicien, m’avait ramassée sur le pont du Cerchio ; comment cette noce s’était trouvée être la noce de la fille du bargello ; comment leur gendre, en s’en allant de la maison avec sa sposa, avait laissé vacante la place de serviteur et de porte-clefs de la prison ; comment la femme et le mari, trompés par mes vêtements et contents de ma figure, m’avaient offert de les servir à la place du partant ; comment j’avais pressenti que la prison était la vraie place où j’avais le plus de chance de trouver et de servir mon frère prisonnier ; comment j’avais joué de ma zampogne, dans ma chambre haute au sommet de la tour, pendant la nuit, afin de lui faire connaître, par notre air de la grotte, que je n’étais pas loin et qu’il n’était pas abandonné de tout le monde, au fond de son cachot, où il avait été jeté par les sbires ; comment le bargello m’avait appris mon service le matin et comment j’avais compris que le meurtrier c’était lui ; comment j’étais parvenue, petit à petit, à l’empêcher de pousser aucun cri en me revoyant ; comment je le verrais à présent à mon aise, et sans qu’on se doutât de rien, tous les jours !
J’avais parcouru la galerie des Batailles, la salle des Maréchaux, celles des diverses campagnes ; j’avais vu des sacres de rois ou d’empereurs, des cérémonies royales, des prises de villes, des généraux, des princes, des grands seigneurs, des figures sottes ou insolentes, quand tout à coup je me pris à me demander : Où est donc la place de l’esprit ? […] L’enfant peut avoir peur de la figure qu’il a barbouillée ; mais, une fois qu’il en a ri, ne se rappellera-t-il pas toujours qu’il a barbouillé ce visage pour se faire peur à lui-même ! […] On se la figure comme un corps de religion, que nous faisons entrer de force dans nos conceptions.
L’imagination peut le restituer d’après les ruines de celui de Cyrus, qu’on voit encore à Pasargadès : — autour du sarcophage écroulé, cinq piliers énormes sur lesquels est sculptée la figure du Roi, divinisée par les quatre grandes ailes des Amschaspands célestes. […] Ce Roi qui leur manque, les vieillards l’exaltent pour raffermir leur espoir, ils se le retracent sous la figure surhumaine des colosses postés aux avenues du palais : — Il est semblable à un dieu, « Fils de la Pluie d’or » : il a « l’œil sanglant du Dragon » ; des chefs inexpugnables lui servent d’appui. […] De vers en vers, trait par trait, une figure se forme et s’élance, révélant à la reine barbare la fière beauté d’une race libre.
L’amitié que nous avons portée depuis tant d’années à Mme de Girardin a été toujours d’un caractère si fraternel et si littéraire, que les charmes de sa figure n’ont été pour rien dans notre attrait pour sa personne, et que, en la pleurant avec amertume comme amie, nous sommes sûrs de notre impartialité comme écrivain. […] Les joues pâlies par l’émotion du spectacle, et un peu déprimées par la précocité de la pensée, avaient la jeunesse mais non la plénitude du printemps : c’est le caractère de cette figure, qui attachait le plus le regard en attendrissant l’intérêt pour elle. […] Depuis quelques semaines j’y voyais souvent debout, derrière le fauteuil de Delphine, un jeune homme de petite taille et de charmante figure, qui semblait à peine sortir de l’adolescence.
De loin, les portraits de Lesdiguières ressemblent à ceux de Louis XIII ; mais, en approchant, la figure belle et vide du faible fils de Henri IV fait place à la physionomie astucieuse et souriante du grand général dauphinois qui fut d’ailleurs un des plus beaux hommes de son temps. […] Beyle, qui vivait dans des salons charmants, littéraires et autres78, a donc parlé de ceux du faubourg Saint-Germain comme on parle d’un pays inconnu où l’on se figure des monstres ; les personnes particulières qu’il a eues en vue (dans le portrait de Mme de Bonnivet, par exemple) ne sont nullement ressemblantes ; et ce roman, énigmatique par le fond et sans vérité dans le détail, n’annonçait nulle invention et nul génie.
Né en 1644 d’une noble famille du Vivarais, fils d’un père homme de mérite et qui avait laissé de bons souvenirs, il entra dans le monde à dix-huit ans (1662), l’année même où Louis XIV, affranchi de la tutelle de Mazarin, préludait à sa royauté sérieuse : « Ma figure, dit-il, qui n’était pas déplaisante, quoique je ne fusse pas du premier ordre des gens bien faits, mes manières, mon humeur et mon esprit qui étaient doux, faisaient un tout qui plaisait à tout le monde, et peu de gens en y entrant ont été mieux reçus. » Mme de Montausier, cette personne de considération, lui témoignait de l’amitié en souvenir de son père, et l’appuyait de son crédit. […] Sur Vardes si mêlé aux intrigues de la cour de Madame, et qui n’était plus de la première jeunesse, « mais plus aimable encore par son esprit, par ses manières insinuantes, et même par sa figure, que tous les jeunes gens » ; — sur Lauzun, « le plus insolent petit homme qu’on eût vu depuis un siècle », excellent comédien, non reconnu tout d’abord ; — sur Bellefonds qui était creux et faux en tout, « faux sur le courage, sur l’honneur et sur la dévotion » ; — sur La Feuillade « fou de beaucoup d’esprit, continuellement occupé à faire sa cour, et l’homme le plus pénétrant qui y fût, mais qui souvent passait le but » ; — sur Marcillac, fils de La Rochefoucauld, c’est-à-dire de l’homme de son temps le plus délié et le plus poli, et qui lui-même réussit dans la faveur, « étant homme de mérite, poli, et sage de bonne heure, caractère que le roi a toujours aimé » ; — sur le chevalier de Rohan, au contraire, qui fut décapité pour crime de lèse-majesté, « l’homme de son temps le mieux fait, de la plus grande mine, et qui avait les plus belles jambes » (car il ne faut pas mépriser les dons de la nature, pour petits qu’ils soient, quand on les a dans leur perfection)75 ; — sur tous ces originaux et bien d’autres le témoignage de La Fare est précieux, de même que son expression est parfaite.
C’était véritablement la fleur des pois que Mme de Prie alors, la plus jolie figure, et parée encore plus de grâces que de beauté, un esprit délié et qui allait à tout, du génie et de l’ambition, étourdie avec de la présence d’esprit. […] D’Argenson se plaît donc à relever les éloges qu’il a entendu faire de son père au cardinal de Fleury et à d’autres qui autrefois étaient peu de ses amis, et cela le remettant en veine filiale, il trace à diverses reprises des esquisses vigoureuses et franches de cette figure où le sourcil redoutable recouvrait tant de qualités diverses, et une riche ou même une aimable nature.
De crainte que le passage subit de l’air doux et tempéré de la vie religieuse et solitaire à la zone torride du monde n’éprouvât trop mon âme, elle m’a amené, au sortir du saint asile, dans une maison élevée sur les confins des deux régions, où, sans être de la solitude, on n’appartient pas encore au monde ; une maison dont les croisées s’ouvrent d’un côté sur la plaine où s’agite le tumulte des hommes, et de l’autre sur le désert où chantent les serviteurs de Dieu ; d’un côté sur l’océan, et de l’autre sur les bois ; et cette figure est une réalité, car elle est bâtie sur le bord de la mer. […] Guérin donc avait cherché jusqu’alors sa forme et ne l’avait pas trouvée : elle se révéla tout d’un coup à lui et se personnifia sous la figure du centaure.
Toute la branche des lettres de Ducis qui s’adresse à lui est d’un charme douloureux et délicat, et je ne sais pas, dans les figures de second plan qui passent et repassent devant nous sans qu’on les remarque d’abord, de physionomie plus attrayante à la longue que celle de ce futur membre de la Convention et de l’Institut naissant, et à qui l’on dut même l’idée des fameuses Écoles normales. Car le nom de Deleyre figure, à côté de celui de Lakanal, au bas de l’Arrêté qui institue ces Écoles, un moment si utiles.
La femme de Carle, la mère d’Horace, était fille de Moreau, le dessinateur habile, fécond, universel ; l’illustrateur littéraire de toute son époque : pendant près de cinquante ans, l’annonce d’un livre avec figures de Moreau était la meilleure recommandation en librairie et un gage de succès. […] Il était le premier, en d’autres moments, à en convenir : « On me loue de ma facilité, disait-il, mais on ne sait pas que j’ai été douze et quinze nuits sans dormir et en ne pensant à autre chose qu’à ce que je vais faire ; quand je me mets en face de ma toile blanche, mon tableau est achevé ; je le vois. » Et Charlet disait également d’Horace, avec ce tour narquois qui était le sien : « On se figure qu’il est toujours à faire de l’escrime d’une main, de la peinture de l’autre ; on donne du cor par ici, on joue de la savate par là.
La figure de l’archevêque, M. de Harlay, est de celles qui peuvent tenter une plume amie des nuances ou des contrastes ; même après les beaux portraits qu’ont laissés de lui des maîtres de la fin du xviie siècle (Saint-Simon d’Aguesseau), il reste bien à dire. […] Il nous présente avec bien de la ressemblance ou de la vraisemblance ces figures de prédicateurs secondaires, l’abbé Anselme, l’abbé Boileau et autres, et il y mêle à l’occasion un grain de raillerie et de causticité, comme peut le faire un rival en parlant de ses rivaux.