On éclaire l’esprit par l’usage des sens le plus étendu, et par les connaissances acquises, entre lesquelles il faut donner la préférence à celles de l’état auquel on est destiné. […] Mais les connaissances de son état, il faut les avoir toutes et les avoir bien. […] Je prise infiniment moins les connaissances acquises, que les vertus ; et infiniment plus l’étendue de l’esprit, que les connaissances acquises. […] On a de la vertu, de la probité, des connaissances, du génie, même du goût, et l’on ne plaît pas.
Ses connaissances étaient beaucoup plus étendues que celles d’un homme de lettres ordinaire. […] Que Boileau reste à jamais dans la liste des grands écrivains et des grands poètes ; mais qu’on estime dans l’autre, de la philosophie, des connaissances et des vertus. […] Il faut avouer que Godeau, évêque de Vence, et Benserade, et Voiture, et Sarrazin, et Coëffeteau et Santeuil, ne sont pas tout à fait des grands hommes de la même espèce ; mais il y en a d’autres, tels que Du Cange, si justement fameux par son glossaire ; Sirmond par son travail sur les conciles de France et sur les capitulaires de Charles-le-Chauve ; Pétau par sa chronologie ; Joseph Scaliger par l’érudition la plus profonde sur l’antiquité ; les deux frères Pithou, et Pierre Dupuy, garde de la bibliothèque du roi, par la vaste étendue de leurs connaissances sur notre histoire ; tous hommes célèbres dans leur siècle, et qui ne sont peut-être pas assez estimés dans le nôtre. […] Aujourd’hui, d’ailleurs, que les connaissances s’effacent et se perdent ; aujourd’hui que la science de l’histoire se réduit presque à des anecdotes ; qu’on abrège tout pour paraître tout savoir, et que la vanité, empressée à jouir, n’estime plus, dans aucun genre, que ce qu’elle peut étaler dans un cercle ; ces recherches pénibles, ces discussions profondes, ces monuments, fruit de quarante ans de travail et d’étude, qui n’ont que le mérite d’instruire sans amuser, et dont le matin, on ne peut rien détacher pour citer le soir, doivent nécessairement, parmi nous, perdre de leur estime. […] Le style a trop peu de saillie ; le mérite est le fond, c’est-à-dire la multitude et la justesse des connaissances.
Prise dans ce sens général, l’expérience est l’unique source des connaissances humaines. […] Toute la connaissance humaine se borne à remonter des effets observés à leur cause. […] Souvent même les hommes médiocres sont ceux qui possèdent le plus de connaissances acquises. […] Mais cette connaissance nous suffit pour étendre notre puissance sur la nature. […] C’est là une erreur ; la connaissance clinique ne suffit pas plus au médecin que la connaissance des minéraux ne suffirait au chimiste ou au physicien.
Si la chimie est peu dans la totalité des connaissances humaines, elle est immense comparée à une simple étude de l’azote et de ses composés. […] Il y aura encore là une source éternelle de discussions et de recherches : et comme elles s’étendront à tout l’ensemble des connaissances humaines, à toutes les sciences nées ou à naître, la philosophie restera universelle. […] Elle n’arrive à la connaissance précise, exacte, vérifiée, qu’en descendant toujours vers l’infiniment petit ; elle distingue, sépare, divise, cherche les exceptions et les différences. […] L’ensemble des connaissances humaines ressemble ainsi à un grand fleuve coulant à pleins bords, sous un ciel resplendissant de lumière, mais dont on ignore la source et l’embouchure, qui naît et meurt dans les nuages. […] Mais quand même cette psychologie inférieure ne devrait éclairer en rien notre connaissance de l’homme, elle n’en resterait pas moins indispensable, puisqu’il est clair que la psychologie doit embrasser tous les phénomènes psychologiques.
Marche à la toute connaissance, à la toute vérité ! […] Du moins, expliquons-nous, la connaissance de la réalité. […] Science n’est pas autre chose que connaissance et la connaissance ne se suffit pas à elle-même. […] Celle de la diffusion des connaissances. […] Elle sera l’intégration de la connaissance.
Avertis par leur expérience, nous savons maintenant que, comme les sciences n’ont pris leur essor qu’une fois détachées de la métaphysique, il nous faut, avec une pareille indépendance même à l’égard des sciences, organiser notre recherche, construire notre connaissance, ne tenant compte que de la nature de l’objet spécial qui est le nôtre, et des données réelles qui sont à notre disposition pour l’atteindre. […] Si nous songeons aux méthodes des sciences, de la nature, que ce soit aux plus générales, aux procédés communs de toutes les recherches qui portent sur des faits, et que ce soit moins pour construire notre connaissance que pour éclairer notre conscience. […] Tandis que les savants, les historiens même essaient d’éliminer de la connaissance leurs modifications individuelles, nous sommes forcés, nous, d’admettre les nôtres. […] Notre métier consiste à séparer partout les éléments subjectifs de la connaissance objective, l’impression esthétique des passions et des croyances partiales, à éliminer tout ce qui ne peut être productif que d’erreur ou d’arbitraire, à retenir, filtrer, évaluer tout ce qui peut concourir à former une représentation exacte du génie d’un écrivain ou de l’âme d’une époque. […] Notre but est de réduire au minimum indispensable et légitime la part du sentiment personnel dans notre connaissance, en lui donnant toute sa valeur.
Comte revendique pour les physiologistes seuls la connaissance scientifique des phénomènes intellectuels et moraux. […] Il pense qu’il nous faut acquérir notre connaissance de l’esprit humain, en observant les autres. […] Tout ce dont nous avons connaissance directement, nous pouvons l’observer directement70. » « Les successions des phénomènes mentaux ne peuvent être déduites des lois physiologiques de notre organisation nerveuse ; et nous devons continuer à chercher longtemps encore, sinon toujours, toute la connaissance réelle que nous pouvons en acquérir dans l’étude directe des successions mentales elles-mêmes. » « Il existe donc une science de l’Esprit, distincte et séparée. […] Naturellement nous n’avons aucune connaissance expérimentale de l’infini : toutes nos idées dérivées de l’expérience sont des idées de choses finies. […] Mill ; si nous pouvions reconstituer par synthèse une situation psychologique, comme nous pouvons calculer une position astronomique ; si nous étions capables de prévoir ; qui ne comprend que ce serait là un secret important pour la connaissance des hommes, pour l’éducation, pour la politique, pour toutes les sciences morales et sociales, et que la psychologie serait leur base, comme la physique est celle des sciences de la matière ?
Ce serait dans ces traités (de Computo, de Cyclo paschali) et dans ce qu’on pourrait retrouver d’inédit de Bède, d’Alcuin, d’Abbon, abbé de Fleury, de Gerbert, qu’il y aurait à rechercher quelques vestiges des connaissances mathématiques en cette première période. […] D’autres textes semblables peuvent, en se rencontrant, éclaircir l’origine de certaines inventions ou la date de certaines connaissances (verres à lunettes, poudre à canon, feu grégeois, etc.). […] Les questions se multiplient en avançant vers le xvie siècle, et je n’énumère pas tout ce qu’on pourrait demander d’utile et de nouveau à cette époque véritablement savante, où la connaissance directe de l’Antiquité et l’essor du génie moderne redoublent d’émulation. […] En général, la recherche des écrits latins du moyen âge se lie de près, non seulement à la connaissance du fonds littéraire commun de ces temps, mais aussi à l’étude philologique de notre langue, beaucoup de mots français, d’expressions françaises, plus ou moins altérés de l’ancien latin, ayant contracté cette altération dans leur forme de basse latinité. […] Les ouvrages en langue trouvère qui ont été composés dans un dialecte provincial particulier, méritent attention ; on pourrait en éclairer l’étude par la connaissance du patois moderne correspondant.
Difficulté de distinguer parmi les notions, celles qui doivent demeurer de simples objets de connaissance de celles qui peuvent fixer des buts à une activité individuelle. […] En tant qu’elle s’adresse à la connaissance, la notion a une valeur quasi universelle, mais en tant qu’elle vise à reconstituer en un cerveau étranger l’image précise qui se forma en un premier cerveau, elle ne réussit que si elle est secondée par la rencontre de sensibilités et d’aptitudes sinon identiques, du moins voisines et parentes. […] Mais il résulte de ce privilège que sa faculté de connaissance excède de beaucoup sa faculté de réalisation. […] Une telle richesse comporte divers périls, à mesure que s’accroît le trésor accumulé par les générations successives, et dont la faculté d’éducation saisit les dernière venus, la disproportion s’accroît aussi entre le pouvoir d’invention dont chaque individu est doué et la somme des connaissances qui lui sont livrées, entre sa valeur ’propre et la richesse multiple qui lui vient de l’éducation. […] Son pouvoir de connaissance, a-t-on dit, dépasse son pouvoir de réalisation.
. — Éléments de la connaissance humaine. — Principaux composés que forment leurs combinaisons. — La naissance et la rectification d’une illusion sont les deux procédés par lesquels se forment en nous nos diverses sortes de connaissances. […] Voilà les principaux groupes d’actions qui sont des connaissances. — Comment un être composé comme on l’a dit peut-il les accomplir ? […] Or les éléments de toute connaissance sont les événements que nous avons étudiés, signes, images, sensations. […] Deux procédés principaux sont employés par la nature pour produire les opérations que nous appelons connaissances : l’un, qui consiste à créer en nous des illusions ; l’autre, qui consiste à les rectifier. […] Elle est le ressort moteur de tout le mécanisme, et elle l’est si bien que, pour renouveler et perpétuer nos connaissances, la nature lui a donné un substitut.
L’esthopsychologie est la science qui, se servant de la première de ces définitions, en développe la seconde, la troisième et la quatrième, qui, partant ainsi de notions esthétiques, aboutit à l’analyse puis à la synthèse, à la connaissance complète de l’un des deux ordres des grands hommes, les grands artistes, et à la connaissance plus vague des vastes groupes sociaux agrégés à ceux-ci par admiration, par similarité. […] Comparée de même à l’histoire des héros, la critique scientifique des œuvres d’art procure également des connaissances plus importantes et plus sûres. […] Nous avons montré que dans l’état actuel de nos connaissances, et dans la forme absolue de ces théories, l’hérédité individuelle et l’ascendant du milieu ne s’exercent pas avec une telle régularité que l’on puisse ni en constater invariablement ni en prévoir les effets. […] Enfin, un troisième ordre de connaissances, extraites de la notion de la relation entre l’œuvre et son admirateur, nous permet de fonder cette science qui jusqu’ici n’existait que de nom : la psychologie des peuples. […] Le problème de la connaissance, le problème cosmologique, le problème anthropologique, l’origine de la morale et de la religion dû au pasteur, théologien et homme politique Edmond de Pressensé (1824-1892), publié chez Fischbacher en 1883 (p. 335-340).
La sagesse doit développer en lui ces deux puissances à la fois, la seconde par la première, de sorte que l’intelligence étant éclairée par la connaissance des choses les plus sublimes, la volonté fasse choix des choses les meilleures. Les choses les plus sublimes en ce monde, sont les connaissances que l’entendement et le raisonnement peuvent nous donner relativement à Dieu ; les choses les meilleures sont celles qui concernent le bien de tout le genre humain ; les premières s’appellent divines, les secondes humaines ; la véritable sagesse doit donc donner la connaissance des choses divines pour conduire les choses humaines au plus grand bien possible. […] Nous essaierons dans ce livre de traiter le même sujet, autant que nous le permet la faiblesse de nos lumières et le peu d’étendue de nos connaissances.
Si la lecture des textes originaux n’est pas l’illustration perpétuelle et le but dernier de l’histoire littéraire, celle-ci ne procure plus qu’une connaissance stérile et sans valeur. […] L’étude de la littérature ne saurait se passer aujourd’hui d’érudition : un certain nombre de connaissances exactes, positives, sont nécessaires pour asseoir et guider nos jugements. […] Ni l’objet, ni les moyens de la connaissance littéraire ne sont, dans la rigueur du mot, scientifiques. […] C’est cette sélection que je me suis appliqué à faire ici, selon ma connaissance et mon jugement. […] La troisième édition que j’offre actuellement au public, a reçu de plus nombreuses corrections ; j’y ai inscrit quelques travaux récents qui n’avaient pas paru ou n’étaient pas venus à ma connaissance à l’époque de la première impression.
Cette connaissance est la sensation. […] Tout phénomène est une connaissance. […] Tout état de conscience est une connaissance, et toute connaissance veut un sujet et un objet. […] Mais notre connaissance une fois constituée a elle-même ses lois, nos connaissances ayant entre elles certaines relations. […] La connaissance est avant tout relative.
Causes du Bovarysme : un principe de suggestion, — la connaissance anticipée des réalités, — le milieu social […] Il semble que les procédés de la connaissance soient les mêmes, qu’ils s’appliquent aux choses de l’esprit ou au monde physiologique. […] On voit résumé en son délire tout l’effort de l’Humanité pour connaître au-delà des limites possibles de la connaissance humaine. […] Et c’est sous son premier aspect le Bovarysme de la connaissance. […] La disproportion est manifeste entre la pauvre énergie mentale dont ils sont doués et la somme de notions et d’idées qu’étaient devant leurs yeux l’instruction prodiguée à tous, la diffusion, par la presse et par les manuels de vulgarisation, des connaissances de tout ordre.
Cet état que l’on convoitait et qui seul semblait digne de susciter et d’orienter l’aspiration humaine devait être procuré par la connaissance et la possession de la vérité. Dans la seconde partie de cette étude, poussant plus loin les premières analyses que l’on avait instituées, on en vint à découvrir que cette conception de la vérité dont on se réclamait pour décréter l’imperfection de la connaissance humaine, était elle-même un produit de cette aptitude de l’esprit à concevoir les choses autres qu’elles ne sont. […] Cette remarque qui réduisait à néant l’idée d’une vérité régulatrice de l’effort universel, arbitre suprême de la conduite et but de la connaissance, l’idée, en un mot, d’une vérité objective, cette remarque releva la faculté bovaryque de la mésestime où elle était tenue du point de vue de la croyance à cette vérité.
Toujours est-il que ce reproche que la critique est en droit d’adresser à Feugère, et qu’elle ne lui ménagera pas, implique la condamnation d’un livre qui pouvait, avec les connaissances multipliées de l’auteur, être une œuvre historique, importante et forte, et qui, dédoublée des doctrines qui sont l’âme orageuse de la littérature au xvie siècle, tombe à n’être plus qu’une critique de lexicographe et un maigre travail de grammairien ! […] Assurément il n’y aurait qu’à louer dans ce patient et consciencieux travail, si l’on ne regardait qu’à l’étendue des connaissances et au fond des choses. […] Il y a de plus l’intérêt de la pensée qu’on met en lumière ou des connaissances qu’on possède et qu’on a pour devoir de propager ; or, c’est là précisément ce que Didot a perdu de vue. La forme de son livre, — et c’est la seule critique que nous nous permettrons, — la forme de son livre ne popularisera pas beaucoup les rares connaissances qu’il révèle.
« Ces vérités sont un attribut et supposent un sujet nécessaire46 » : dans ce second membre vous entendez par vérité connaissance d’un rapport nécessaire et vous voulez dire qu’une connaissance nécessaire suppose un être connaissant, lequel existe nécessairement. […] Mais remarquez que pour la tirer vous avez confondu sous le mot vérité deux choses fort distinctes, une connaissance et un rapport. Le rapport du tout et de la partie existe dans le tout et dans la partie ; la connaissance de ce rapport n’existe ni dans le tout ni dans la partie, mais dans l’être intelligent qui connaît l’un et l’autre. Le rapport est une différence ou une ressemblance entre deux objets qui souvent ne pensent point ; la connaissance est l’action d’un être qui pense. Vous imposez au rapport une propriété qui ne convient qu’à la connaissance, et vous profitez ainsi d’une équivoque pour faire une pétition de principe.
J’ai vanté la polymathie et la variété des connaissances comme méthode philosophique ; mais je crois qu’en fait de travaux spéciaux on ne peut se tenir trop sévèrement dans sa sphère. […] On ne peut, en effet, exiger de celui qui entreprend ces vastes histoires une égale connaissance spéciale de toutes les parties de son sujet. […] Au moyen de ses connaissances person-nelles et des travaux déjà faits, il pourra peut-être traiter d’une manière définitive la partie ancienne. […] Car ils font pour la connaissance des langues anciennes, et la connaissance des langues anciennes fait pour la philosophie de l’esprit humain. […] Il faut en dire autant de la connaissance que les Arabes du Moyen Âge eurent de la littérature grecque.
Quel fait immense dans l’histoire de l’esprit humain que l’initiation du monde latin à la connaissance de la littérature grecque ! […] La plupart des Grecs émigrés qui ont joué un rôle si important dans le développement de l’esprit européen étaient des hommes plus que médiocres, de vrais manœuvres, qui tiraient parti, per alcuni denari, de la connaissance qu’ils possédaient de la langue grecque. […] Bien qu’il ne soit pas nécessaire que l’ouvrier ait la connaissance parfaite de l’œuvre qu’il exécute, il serait pourtant bien à souhaiter que ceux qui se livrent aux travaux spéciaux eussent l’idée de l’ensemble qui, seul, donne du prix à leurs recherches. […] Qu’importe la connaissance des choses dont l’ignorance ne nous fera point condamner ?
Un scepticisme qui le discuterait (s’il y en a) ne serait point recevable ; parce qu’en niant toute connaissance, il n’en nierait plus aucune. Mais il ne faut pas confondre les connaissances intuitives, et par conséquent sans appel, de la conscience, avec les raisonnements, inductions et interprétations des faits de conscience, qui sont faillibles et demandent vérification. […] 2° Certains états anormaux, comme la folie, le délire, le somnambulisme, nous révèlent des connaissances ou des habitudes d’action que nous n’avions aucune conscience de posséder dans notre état normal. […] Aussi la connaissance des éléments constitutifs d’on fait complexe, en chimie psychologique, ne dispense pas plus d’étudier le fait lui-même, que la connaissance des propriétés de l’oxygène et du soufre ne nous dispense d’étudier celles de l’acide sulfurique. […] Si nous pouvions déterminer exactement à quelles causes sont attribuables tels effets, ou à quels effets, telles causes, nous posséderions virtuellement la connaissance de tout le cours de la nature.
Dans ces diverses branches de la littérature, il faut distinguer ce qui appartient à l’imagination, de ce qui appartient à la pensée : il est donc nécessaire d’examiner jusqu’à quel point l’une et l’autre de ces facultés sont perfectibles ; nous saurons alors quelle est la principale cause de la supériorité des Grecs dans les beaux-arts, et nous verrons ensuite si leurs connaissances en philosophie ont été au-delà de leur siècle, de leur gouvernement et de leur civilisation. […] Par exemple, la théorie d’une langue, celle du grec, suppose une foule de combinaisons abstraites fort au-dessus des connaissances métaphysiques que possédaient les écrivains, qui parlaient cependant cette langue avec tant de charme et de pureté ; mais le langage est l’instrument nécessaire pour acquérir tous les autres développements ; et, par une sorte de prodige, cet instrument existe, sans qu’à la même époque, aucun homme puisse atteindre, dans quelque autre sujet que ce soit, à la puissance d’abstraction qu’exige la composition d’une grammaire ; les auteurs grecs ne doivent point être considérés comme des penseurs aussi profonds que le ferait supposer la métaphysique de leur langue. […] Le plus rare génie est toujours en rapport avec les lumières de ses contemporains, et l’on doit calculer, à peu près, de combien la pensée d’un homme peut dépasser les connaissances de son temps. […] La philosophie, c’est-à-dire, la connaissance des causes et de leurs effets, porte l’admiration des penseurs sur l’ensemble du grand ouvrage de la création ; mais chaque fait particulier reçoit une explication simple. […] On croit que la poésie des Hébreux a précédé celle d’Homère ; mais il ne paraît pas que les Grecs en aient eu aucune connaissance.
C’est celui qu’on pourrait appeler sentimental, à condition de prendre le mot « sentiment » dans l’acception que lui donnait le XVIIe siècle, et d’y comprendre toute connaissance immédiate et intuitive. […] On trouverait, en rétablissant les anneaux intermédiaires de la chaîne, qu’à Pascal se rattachent les doctrines modernes qui font passer en première ligne la connaissance immédiate, l’intuition, la vie intérieure, comme à Descartes (malgré les velléités d’intuition qu’on rencontre dans le cartésianisme lui-même) se rattachent, plus particulièrement les philosophies de la raison pure. […] Réformateur à la manière de Socrate, il eût été tout disposé, comme on l’a fait remarquer, a adopter la maxime socratique « connais-toi toi-même » ; mais il l’eût appliquée aux sociétés et non plus aux individus, la connaissance de l’homme social étant à ses yeux le point culminant de la science et l’objet par excellence de la philosophie. […] Il a montré que la connaissance que nous avons de nous-même, en particulier dans le sentiment de l’effort, est une connaissance privilégiée, qui dépasse le pur « phénomène » et qui atteint la réalité « en soi », — cette réalité que Kant déclarait inaccessible à nos spéculations. […] Conduit à la philosophie, lui aussi, par l’étude des sciences, et en particulier par les mathématiques, Cournot 37 institua une critique d’un genre nouveau, qui, à la différence de la critique kantienne, porte à la fois sur la forme et sur la matière de notre connaissance, sur les méthodes et sur les résultats.
Ces derniers doivent précéder les Égyptiens, puisque, selon la tradition, ils leur ont transmis les connaissances astronomiques qu’ils avaient tirées de la Chaldée, et qu’ils leur ont donné en outre les caractères alphabétiques, comme nous devons le démontrer. […] Ce fut de Xénophon qu’ils reçurent les premières connaissances exactes qu’ils aient eues de la Perse ; la nécessité de la guerre fit pour la Perse ce qu’avait fait pour l’Égypte l’utilité du commerce. […] Guerre de Tarente, où les Latins et les Grecs commencent à prendre connaissance les uns des autres. […] Est-il vrai que, dans cette période, Hermès ait porté d’Égypte en Grèce la connaissance des lettres et les premières lois ? […] La Providence a voulu que les sociétés qui n’ont point encore la connaissance des lettres se fondent d’abord sur les usages et les coutumes, pour se gouverner ensuite par des lois, quand elles sont plus civilisées.
Sainte-Beuve, nous dit-il, fut surtout biographe ; il s’efforça d’arriver à la connaissance de l’individu, mais il ne vit point que la connaissance d’un auteur « n’affecte en rien le plaisir esthétique que peuvent donner ses livres » (p. 41). […] La connaissance des premières têtes suffira dès lors pour connaître le troupeau, la connaissance de la tête pour connaître l’individu. […] Une psychologie des peuples, est-il besoin de le faire remarquer, exigerait, outre la connaissance des événements artistiques, matière de l’esthopsychologie, celle des événements économiques, juridiques (moraux, religieux) et intellectuels (développement des sciences, etc.).
C’est à ce moment qu’il eut connaissance des chants patriotiques de Théodore Koerner, qui était le héros du jour. […] En entrant, il m’apporta deux gros volumes et me dit : « Il ne faut pas que vous partiez si vite ; il faut que nous fassions plus ample connaissance. […] Le fils de Goethe et madame de Goethe entrèrent aussi ; je fis connaissance avec eux pour la première fois. […] » Nous lui apprîmes que nous venions à l’instant même de faire connaissance. […] En arrivant, on fait connaissance et amitié avec des personnes qui étaient déjà là depuis longtemps et qui sont près de partir.
La relativité de la connaissance ne serait donc pas définitive. […] L’artifice de cette méthode consiste simplement, en somme, à distinguer le point de vue de la connaissance usuelle ou utile et celui de la connaissance vraie. […] Reprochera-t-on à cette méthode d’attribuer arbitrairement à la connaissance immédiate une valeur privilégiée ? […] Par là on prolonge le mouvement vital ; on tourne le dos à la connaissance vraie. […] Elle représente, en effet, une forme ordinaire de l’action utile, mal à propos transportée dans le domaine de la connaissance pure.
Toutefois si la poésie d’images et de description reste toujours à peu près la même, le développement nouveau de la sensibilité et la connaissance plus approfondie des caractères ajoutent à l’éloquence des passions, et donnent à nos chefs-d’œuvre en littérature un charme qu’on ne peut attribuer seulement à l’imagination poétique, et qui en augmente singulièrement l’effet. […] De là vient que les moralistes modernes ont en général beaucoup plus de finesse et de sagacité dans la connaissance des hommes, que les moralistes de l’antiquité. […] Le seul avantage des écrivains des derniers siècles sur les anciens, dans les ouvrages d’imagination, c’est le talent d’exprimer une sensibilité plus délicate, et de varier les situations et les caractères par la connaissance du cœur humain. […] La connaissance de la morale a dû se perfectionner avec les progrès de la raison humaine.
Je ne connais guère sur la connaissance de l’homme qu’elle suppose que le petit traité d’Hobbes intitulé : De la Nature humaine, que j’ai déjà recommandé. […] Quelques-uns penseront peut-être que la connaissance de l’histoire devrait précéder celle de la morale. Je ne puis être de leur avis : il me semble qu’il est utile et convenable de posséder la notion du juste et de l’injuste, avant la connaissance des actions, des personnages et de l’historien même, auxquels on doit l’appliquer. […] Celle du jésuite Petau, Rationarium Temporum90 , est peut-être le meilleur livre sur la connaissance des temps.
Les spéculations dominantes y ont conservé le même caractère essentiel de tendance habituelle aux connaissances absolues : seulement la solution y a subi une transformation notable, propre à mieux faciliter l’essor des conceptions positives. […] Ainsi rapportées, non à l’univers, mais à l’homme, ou plutôt à l’Humanité, nos connaissances réelles tendent, au contraire, avec une évidente spontanéité, vers une entière systématisation, aussi bien scientifique que logique. […] C’est uniquement ainsi que nos connaissances positives peuvent former un véritable système de manière à offrir un caractère pleinement satisfaisant. […] Car une semblable prévision et la conduite qui en résulte exigent évidemment une profonde connaissance réelle de l’être au sein duquel les volontés se produisent. […] C’est là que tous doivent d’abord puiser les vraies notions élémentaires de sa positivité générale, en acquérant les connaissances qui servent de base à toutes les autres spéculations réelles.
Mill, que l’idée même de quelque chose hors de nous ne dérive que de la connaissance que l’expérience nous donne de possibilités permanentes : nous entraînons nos sensations avec nous partout où nous allons ; mais quand nous changeons de place nous n’entraînons pas avec nous les possibilités permanentes de sensations. […] Il est évident d’abord que la connaissance que nous en avons comme celle que nous avons de la matière est entièrement relative. […] Que toute la réalité du monde extérieur est dans l’esprit qui le connaît, que nous ne savons de la matière. que ce qu’en disent nos sensations et nos idées, la sensation nous révélant les attributs, et l’idée, l’ordre entre les attributs : la première étant plutôt la connaissance vulgaire, la seconde plutôt la connaissance scientifique ; mais que le tout se réduisant en dernière analyse à des états de conscience, on peut soutenir par suite que toute la réalité de la matière est en nous ; que ce n’est aucunement nier l’existence de la matière, que c’est simplement dire que nous en avons une connaissance relative, et qu’elle n’est que la cause possible de nos sensations et de nos idées.
C’est seulement dans ce lieu psychologique, où éclot le phénomène de la connaissance, qu’il est possible d’observer les formes diverses de la réalité, car c’est là seulement que la réalité prend forme objective, c’est là seulement que se rencontrent des objets. […] C’est parmi cet écoulement du temps que toutes les choses, objets et sujets tour à tour les unes pour les autres, se rencontrent et se considèrent, ardentes à assouvir le désir de connaissance intégrale dont on a fait le principe de la vie phénoménale. […] Il apparaît suffisamment qu’il n’est pas de connaissance possible de l’indivisible et du continu que, d’autre part, une matière qui irait se divisant à l’infini, renient à tout moment ses états antérieurs, et répudiant toute détermination, serait de même insaisissable.
II Voilà un fait d’importance capitale, car ses variétés et ses arrangements font l’étoffe de toutes nos connaissances. […] Depuis longtemps, selon la méthode ordinaire, on a distribué les sensations en classes et sous-classes, plus ou moins heureusement, d’abord d’après le genre de service qu’elles nous rendent, ensuite d’après les circonstances particulières où elles naissent et d’après l’endroit où les images associées les situent, enfin, d’après les ressemblances assez grossières que l’observation intérieure trouve en elles67. — On a fait une première famille avec celles qui dénotent les divers états du corps sain ou malade, et qui sont moins des éléments de connaissance que des stimulants d’action ; on les a nommées sensations de la vie organique, et, d’après l’appareil ou la fonction qui les provoque, on les a divisées en genres et en espèces : ici l’effort, la fatigue, et diverses douleurs déterminées par l’état des muscles, des os et des tendons ; un peu plus loin, l’épuisement nerveux et les souffrances nerveuses déterminées par l’état propre des nerfs ; ailleurs les angoisses de la soif et de la faim déterminées par l’état de la circulation et de la nutrition ; là-bas, la suffocation et un certain état tout opposé de bien-être déterminés par l’état de la respiration ; ailleurs encore, les sensations de froid et de chaud, déterminées par un état général de tous les organes ; ailleurs enfin, d’autres, comme les sensations digestives, déterminées par l’état du canal alimentaire. — À côté de cette famille, on en a formé une seconde dont les premiers genres touchent aux derniers de la précédente ; elle comprend les sensations qui ne nous renseignent point sur la santé ou sur la maladie de notre corps, et qui sont moins des stimulants d’action que des éléments de connaissance. […] Mais, tout en la distinguant des autres, on ne peut dire en quoi elle en diffère ; on voit vaguement qu’elle est plus forte que celle de violette, moins forte que celle de lis ; à cela se réduit notre connaissance. […] Nous sommes au point central de la connaissance, sorte de nœud placé entre la tige infiniment ramifiée et la racine infiniment ramifiée, enfermant dans son étroite enceinte l’origine des fibres qui, en haut, en bas, par leur multiplication et leur arrangement, constituent la plante entière. — Mais, justement parce que nos sensations sont les éléments dont se compose le reste, nous ne pouvons les décomposer comme le reste ; nous ne trouvons pas d’éléments à ces éléments. […] Si l’on s’est instruit, c’est ailleurs, en physiologie et en anatomie, par la connaissance des appareils, organes et mouvements desquels elles dépendent.
Nous ne durons pas seuls ; mais dans l’ordre de la connaissance, toute durée émane de celle dont nous sommes les fragiles dépositaires. […] À son avis, la connaissance du monde extérieur se fait ainsi : quand nos nerfs sont ébranlés par un contact extérieur quelconque, nous éprouvons des sensations. […] Impérieuse et spontanée comme les connaissances de la raison et de la conscience, elle est digne de foi comme les connaissances de la raison et de la conscience. […] L’étude de la perception extérieure n’a qu’un but : la connaissance de la perception extérieure. […] Grâce à ces connaissances, quand je touche ce mur, je prononce qu’il est une substance, une cause, et qu’il dure comme moi.
La discussion qui s’éleva entre Napoléon et Volney, lorsque l’empereur résolut de rétablir en France le culte catholique, offre un exemple parfait d’une attitude de connaissance opposée à une attitude de fanatisme vital. […] Ce qui dure est seul perceptible, il n’y a pas de connaissance de ce qui serait absolument installé et éphémère. […] D’un point de vue de connaissance on né de* mande donc pas si une réalité est conforme à une vérité objective, ni si une vérité est vraie. […] Ces diverses connaissances sont propres à déterminer quelles transformations peut subir encore cette réalité donnée, quelles transformations la briseraient.
Les connaissances relatives à la médecine sont très-étendues. […] Quelque profonde connaissance qu’on ait de la théorie et de la pratique de l’art, suffit-il de lâter le pouls, d’examiner la langue, de s’assurer de l’état du ventre et de la peau, d’observer les urines, de questionner lestement le malade ou sa garde et d’écrire une formule ? […] Cette petite provision, suffisante pour l’homme bien élevé, serait trop légère pour le médecin, dont la profession suppose une connaissance approfondie des substances de la nature et de leurs analyses, ses deux arsenaux. […] Ici, ces enfants sont élevés ; il ne s’agit plus de connaissances primitives, mais d’études de convenance.
Dans l’ordre naturel, chaque individu est parfait et le plus convenablement approprié à sa destination, en sorte que la connaissance qu’on en a est parfaite et profitable comme celle de toute vérité. […] L’art devient un fruit du sol, fécondé, en quelque façon par la connaissance du passé. […] Je m’imagine qu’il ferait mieux nos affaires par cette profonde connaissance de nos traditions, que le plus habile empirique par la plus grande richesse d’expédients. […] Mais n’y a-t-il que l’écrivain pour qui cette connaissance soit capitale ? […] En France, tout ce qui n’est pas une connaissance intéressant le plus grand nombre, ou, une règle de conduite pour quiconque a la bonne volonté, risque fort de n’être qu’une superfluité et un défaut.
Daburon, qui s’occupait avec succès de botanique, lui en inspirait le goût, et le guidait pour les premières connaissances. […] Ainsi son jeune esprit préludait à cette universalité de connaissances qu’il embrassa jusqu’à la fin. […] Mais il finit par découvrir que les connaissances du bon M. […] Ampère, qu’il n’avait pas voulu se donner la peine de suivre mes calculs, qui exigent, en effet, de profondes connaissances en mathématiques. […] Ainsi, dans tous les cas, vous serez justifié : les indifférents, comme vos connaissances et vos amis, trouveront cela très-naturel.
Une certaine connaissance des hommes peut produire un tel effet ; une connaissance plus approfondie conduit au résultat contraire. […] La dissémination d’idées et de connaissances qu’ont produite chez les Européens la destruction de l’esclavage et la découverte de l’imprimerie, cette dissémination doit amener ou des progrès sans terme, ou l’avilissement complet des sociétés. […] Il faut d’ailleurs une étude constante de l’histoire et de la philosophie, pour approfondir et pour répandre la connaissance des droits et des devoirs des peuples et de leurs magistrats. […] Les philosophes de tous les pays nous exhortent et nous encouragent ; et le langage pénétrant de la morale et de la connaissance intime du cœur humain, semble s’adresser personnellement à tous ceux qu’il console. […] Nous, que le hasard de la vie a jetés dans l’époque d’une révolution, nous devons aux générations futures la connaissance intime de ces secrets de l’âme, de ces consolations inattendues, dont la nature conservatrice s’est servie pour nous aider à traverser l’existence.
La géométrie l’avait fort occupé dès le collège, et, au zèle dont il s’y appliquait, elle semblait presque sa vocation ; ou plutôt, dans sa curiosité élevée et étendue, il menait, dès sa jeunesse, toutes les connaissances de front : « Il ne voulait pas qu’un autre pût entendre ce qu’il n’aurait pas entendu lui-même » ; il s’en serait senti humilié comme homme, et ce noble sentiment d’orgueil, soutenu d’une opiniâtre volonté et servi d’une admirable intelligence, le porta au sommet des sciences sublimes. […] Les recueils d’expériences et d’observations sont donc les seuls livres qui puissent augmenter nos connaissances. […] Buffon savait peu la botanique : « J’ai la vue courte, disait-il ; j’ai appris trois fois la botanique, et je l’ai oubliée de même : si j’avais eu de bons yeux, tous les pas que j’aurais faits m’auraient retracé mes connaissances en ce genre. » Il semblait que, taillé en grand par la nature, il lui coûtât de se baisser pour étudier les petites choses : le cèdre du Liban, il le contemplait volontiers, mais l’hysope lui paraissait trop petite. […] Un esprit riche de tant de connaissances et de tant d’idées ne pouvait être commun que par oubli50. […] « Je me trouvai heureux, dit Gibbon en ses Mémoires, de faire la connaissance de M. de Buffon, qui unissait à un sublime génie la plus aimable simplicité d’esprit et de manières. » — « Ce grand et aimable homme », dit-il encore de lui dans la dernière page de ces mêmes Mémoires.
Les corrélatifs « sujet » et « objet » sont les deux termes les moins inexacts, pour exprimer l’antithèse fondamentale de la connaissance et de l’existence. […] Elle oublie que dans l’acte de la connaissance, l’esprit met du sien au moins autant qu’il en reçoit. […] Elle dit aux rationalistes : Vous avez bien vu qu’il y a dans l’acte de la connaissance quelque chose qui vient du dedans ; mais votre hypothèse d’idées innées ou à l’état virtuel est insoutenable. […] Il est vrai que ces formes se trouvent au fond de nos connaissances puisqu’on peut les en tirer ; mais comment s’y trouvent-elles ? […] Ils combattent les cérébralistes (Bain), qui s’appuient sur la corrélation des forces, en disant que les théories cérébrales n’expliquent pas du tout le fait de conscience ; qu’expliquer la conscience par le mécanisme, c’est expliquer ce qu’on connaît peu par ce qu’on ne connaît pas. — Ils combattent l’Associationisme en disant « que son πρώτον φενβδος c’est de ne pas reconnaître l’activité de l’esprit dans la connaissance » ; que la théorie de l’Association n’explique bien que les processus inférieurs de l’esprit ; que dans sa théorie du raisonnement Stuart Mill est obligé d’ajouter à l’Association et « the exspectation concerning the uniformity of nature » et que Bain resorts to emotional nature to explain belief , etc., etc.
Or l’idée moderne, la méthode moderne revient essentiellement à ceci : étant donnée une œuvre, étant donné un texte, comment le connaissons-nous ; commençons par ne point saisir le texte ; surtout gardons-nous bien de porter la main sur le texte ; et d’y jeter les yeux ; cela, c’est la fin ; si jamais on y arrive ; commençons par le commencement, ou plutôt, car il faut être complet, commençons par le commencement du commencement ; le commencement du commencement, c’est, dans l’immense, dans la mouvante, dans l’universelle, dans la totale réalité très exactement le point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte ; que si même on peut commencer par un point de connaissance totalement étranger au texte, absolument incommunicable, pour de là passer par le chemin le plus long possible au point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte, alors nous obtenons le couronnement même de la méthode scientifique, nous fabriquons un chef-d’œuvre de l’esprit moderne ; et tant plus le point de départ du commencement du commencement du travail sera éloigné, si possible étranger, tant plus l’acheminement sera venu de loin, et bizarre ; — de tant plus nous serons des scientifiques, des historiens, et des savants modernes. […] Pendant que les démagogues scientistes modernes se congratulent, se décorent, boivent et triomphent dans des banquets, le monde moderne est intérieurement rongé, l’esprit moderne est intérieurement travaillé des contrariétés les plus profondes ; et l’humanité aurait aussi tort de se river à ce que nous nommons aujourd’hui le monde moderne et l’esprit et la science modernes qu’elle a eu raison de ne pas se river aux formes de vie antérieures, aujourd’hui prétendûment dépassées ; dans l’ordre de la connaissance, de l’histoire, de la biographie et du texte, nous sommes en particulier conduits à la singulière contrariété suivante. […] Épuiser l’immensité, l’indéfinité, l’infinité du détail pour obtenir la connaissance de tout le réel, telle est la surhumaine ambition de la méthode discursive ; partir du plus loin possible, cheminer par la plus longue série possible ; parvenir le plus tard possible ; à peine arrivés repartir pour un voyage intérieur le plus long possible ; mais si du départ le plus éloigné possible à l’arrivée la plus retardée possible et dans cette arrivée même une série indéfinie, infinie de détail s’interpose immense, comment épuiser ce détail ; un Dieu seul y suffirait ; et dans le même temps que les professeurs d’histoire et que les historiens renonçaient à devenir des rois et des empereurs, et qu’ils s’en félicitaient, ils ne s’apercevaient point que dans le même temps cette même nouvelle méthode, cette méthode scientifique, cette méthode historique moderne exigeait qu’ils devinssent des Dieux. […] Telle est bien la pensée de derrière la tête de tous ceux qui ont fondé la science historique moderne, introduit les méthodes historiques modernes, c’est-à-dire de tous ceux qui ont transporté en bloc dans le domaine de l’histoire les méthodes scientifiques empruntées aux sciences qui ne sont pas des sciences de l’histoire : une humanité toute maîtresse de toute son histoire ; une humanité ayant épuisé tout le détail de toute son histoire, ayant donc parcouru toute une indéfinité, toute une infinité de chemins indéfinis, infinis, ayant donc littéralement épuisé tout un univers indéfini, infini, de détail ; une humanité Dieu, ayant acquis, englobé toute connaissance dans l’univers de sa totale, mémoire. […] Deuxièmement, et cette deuxième raison, étant une raison de réalité, recouvre et commande la première, qui était une raison de connaissance ; comment l’histoire s’arrêterait-elle, si l’humanité ne s’arrête pas ; à moins de supposer que l’histoire ne serait pas l’histoire de l’humanité ; et c’est en effet bien là que l’on en était arrivé, c’est bien ce que l’on a supposé, au moins implicitement ; on a tant parlé de l’histoire, de l’histoire seule, de l’histoire en général, de l’histoire en elle-même, de l’histoire tout court, on a tant surélevé l’histoire que l’on a quelque peu oublié que ce mot tout seul ne veut rien dire, qu’il y faut un complément de détermination, que l’histoire n’est rien si elle n’est pas l’histoire de quelque événement, que l’histoire en général n’est rien si elle n’est pas l’histoire du monde et de l’humanité.
Enfin le dernier voyageur qui, à ma connaissance, ait écrit sur le curare, M. […] Il vaut mieux reconnaître que nous ne savons pas, et que c’est là que se place la limite de notre connaissance. […] Cela se conçoit d’ailleurs : la connaissance de la nature intime des choses ou la connaissance de l’absolu exigerait pour le phénomène le plus simple la connaissance de l’univers entier, car il est évident qu’un phénomène de l’univers est un rayonnement quelconque de cet univers, dans l’harmonie duquel il entre nécessairement pour sa part. La connaissance de l’absolu est donc la connaissance qui ne laisserait rien en dehors d’elle. […] Un des plus grands obstacles qui se rencontrent dans cette marche générale et libre des connaissances humaines est donc la tendance qui porte les diverses connaissances à s’individualiser dans des systèmes.
Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces. […] La physique, l’histoire naturelle, les langues, les médailles, les monuments, l’histoire, les arts, il avait tout embrassé, et avait des connaissances sur tout. […] Ses revenus étaient employés à encourager des talents pauvres, à faire des expériences utiles, à acheter des monuments rares, à récompenser des découvertes, ou à des voyages entrepris pour perfectionner des connaissances. […] L’emploi qu’il en fit, le rendit aussi célèbre que ses connaissances.
Ce penseur n’est pas seulement un philosophe et un écrivain du plus grand mérite, mais il a acquis une connaissance approfondie des sciences exactes et des sciences physiques, et même il a fait preuve de précieuses facultés d’invention mathématique. […] Le Roy n’est pas un sceptique ; s’il regarde l’intelligence comme irrémédiablement impuissante, ce n’est que pour faire la part plus large à d’autres sources de connaissance, au cœur par exemple, au sentiment, à l’instinct ou à la foi. […] À mes yeux au contraire, c’est la connaissance qui est le but, et l’action qui est le moyen. […] Je cherche dans la Connaissance des Temps, je vois que l’éclipse était annoncée pour neuf heures et je comprends que la question voulait dire : l’éclipsé a-t-elle eu lieu à neuf heures ? […] Il est clair que si les lois se réduisaient à cela, elles ne pourraient servir à prédire ; elles ne pourraient donc servir à rien, ni comme moyen de connaissance, ni comme principe d’action.
Dès le milieu du règne de Louis XIV, tout était tourné à la règle étroite, à la dévotion, et le profit moral, la dose de connaissance morale dont on parle, et qui d’ailleurs n’était propre qu’à un petit nombre d’individus d’élite dans une génération à peu près parue, étaient dès longtemps épuisés ; la révocation de l’Édit de Nantes, et l’approbation presque entière qu’elle reçut dans les régions élevées et de la part de quelques-uns de ceux même qui auraient dû être des juges, l’inintelligence profonde où l’on fut à la Cour de la révolution anglaise de 1688 et de l’avènement de Guillaume, montrent assez que les lumières étaient loin et que les plus gens d’esprit en manquaient. […] En fait de connaissance purement curieuse et ironique de la nature humaine, je ne sais ce que l’auteur des Lettres persanes laisse à désirer aux plus malins ; et dans l’Esprit des Lois, Montesquieu cherche à réparer, à rétablir les rapports exacts, à faire comprendre les résultats pratiques sérieux, à faire respecter les religions civilisatrices, et son explication historique des lois et des institutions, si elle ne conclut pas, inspire du moins tout lecteur dans le sens du bien, dans le désir du perfectionnement social graduel et modéré. […] Après cela, il est bien vrai que ce n’est pas sous forme et figure.de moraliste que se produit le plus essentiellement l’étude et la connaissance de l’homme au xviiie siècle, avant et après 89. […] Mais il en sortit et il surnagea, au milieu de ce flot de passions, j’allais dire de ce fleuve de sang, une plus grande connaissance des garanties, des forces et puissances sociales, et une idée, malgré tout persistante, d’espérance et de progrès pour l’espèce. […] Les meilleurs moralistes sortis de ces temps révolutionnaires ont été des serviteurs de la France, profitant de leur expérience pour l’appliquer avec une modération constante et un bon sens varié aux diverses situations, tels que nous avons vu par exemple feu le chancelier Pasquier ; la connaissance des hommes les a menés au maniement des hommes avec mesure et indulgence.
L’intelligence exacte du vocabulaire et de la syntaxe de l’auteur, dans la page qu’on a choisie, n’est pas nécessaire seulement pour fixer le sens littéral, mais elle prépare la connaissance fine des nuances de l’idée ou de la forme. […] Tout ce travail se fait en faisant concourir sans cesse l’impression personnelle dont on ne peut se passer, et la connaissance érudite qui sert à préciser, interpréter, contrôler, élargir, rectifier l’impression personnelle. […] Du point de vue spécialement pédagogique, j’ajouterai que l’explication est l’exercice le plus profitable aussi pour développer les connaissances. […] Certains professeurs, depuis longtemps, maintenaient que toute connaissance littéraire doit venir du commerce direct et familier des textes, que plutôt que de disserter sur les œuvres, il fallait les faire lire, et que la seule lecture profitable en classe était l’explication précise et détaillée6. […] Un esprit gagné à la fine psychologie de Marcel Proust, et à la métaphysique qui s’y implique, soutiendrait sans doute que le moi et le non-moi sont inséparablement mêlés dans nos perceptions et notre connaissance, que s’il y a une réalité extérieure, elle ne se révèle à nous que par des réactions qui ne sont jamais les mêmes au même instant chez deux hommes, ni chez le même homme à deux moments différents, que nous sommes dans l’impossibilité de choisir entre les vingt images d’une personne que la vie a mises en nous, qu’il n’y en a pas une qui soit la seule vraie ni la plus vraie, ou que toutes sont vraies également, sans que nous puissions y distinguer ce qui est de l’objet perçu et ce qui est du sujet sentant.
Se connaître L’égotisme national et la connaissance de l’étranger La France est, par nature, une personne contente d’elle-même. […] Une aussi énergique assurance ne peut provenir que de deux causes ; soit de la connaissance approfondie de sa valeur et de sa force, soit de l’ignorance complète de son état réel. […] Il s’agit donc pour la France d’acquérir une exacte connaissance de l’étranger. […] Et, si intelligente que soit la nation qu’on veut enrichir, elle s’indigne… » La connaissance des langues étrangères est d’une nécessité vitale, puisqu’elle seule nous permet de pénétrer les écrivains et les peuples. […] Tant que nous n’aurons pas acquis cette connaissance des peuples étrangers, nous ne nous connaîtrons pas nous-mêmes.
Il y a un point par lequel se ressemblent toutes nos connaissances. […] Il n’a reconnu dans toutes les formes et à tous les degrés de la connaissance que la connaissance des faits et de leurs rapports. […] Elle ramène notre connaissance à ses origines. […] Comprenons donc exactement la nature de notre connaissance : elle s’applique ou aux mots, ou aux êtres, ou à tous les deux à la fois. […] Ma conclusion ne m’apprend rien ; elle n’ajoute rien à ma connaissance positive ; elle ne fait que mettre sous une autre forme une connaissance que j’avais déjà.
Il y a un point par lequel se ressemblent toutes nos connaissances. […] Il n’a reconnu dans toutes les formes et à tous les degrés de la connaissance que la connaissance des faits et de leurs rapports. […] Elle ramène notre connaissance à ses origines. […] Ma conclusion ne m’apprend rien ; elle n’ajoute rien à ma connaissance positive ; elle ne fait que mettre sous une autre forme une connaissance que j’avais déjà. […] Nous ne sommes plus simplement capables de connaissances relatives et bornées : nous sommes capables aussi de connaissances absolues et infinies ; nous possédons dans les axiomes des données qui non-seulement s’accompagnent l’une l’autre, mais encore dont l’une enferme l’autre.
Tout au plus est-ce la connaissance, dans sa trame et dans ses mille fils, de l’étoffe dans laquelle la littérature doit un jour dessiner et broder ses chefs-d’œuvre… Mais la parémiographie (quel mot !) […] Je doute seulement qu’elle convienne à un chercheur comme lui, qui n’a mission que de prendre à larges et pleines mains tout ce qu’il rencontre, dans un but de renseignement et de connaissances, et non pas mission de choisir et de rejeter, au nom d’un goût qui n’a que faire ici. […] En lisant son Étude historique, littéraire et morale, sur les proverbes, qui est un véritable traité ex professo sur la matière, et cet amusant Dictionnaire, que le duc de Richelieu n’aurait pas fait lire à son fils comme celui de l’Académie quand il le mettait en pénitence, on regrette vivement que le tempérament — sinon les connaissances — ait manqué. Les connaissances, les notions, les rapprochements, un millier de faits et d’origines, les anecdotes, voilà les mérites excellents des deux publications de Quitard ; mais tout cela est, dans son Dictionnaire, de l’encyclopédie incomplète, — ce qui est une contradiction dans les termes, — et, dans son Étude, de la monographie, et rien de plus.
De très bonne heure, la connaissance incomplète a tendu à se compléter. […] Évidemment, il bouchait des trous dans sa connaissance. […] Nous voyons donc, non par conjecture et théorie, mais par des faits et des preuves historiques, que le concept de rapidité existait, avait été complètement élaboré au préalable, et que par lui la connaissance conceptuelle du cheval, distincte de la connaissance intuitive du cheval, s’effectua. […] « Remontons encore une fois aux premiers commencements de la connaissance conceptuelle ; car c’est là que la clef doit se trouver, si elle est quelque part. […] Le philosophe va au-delà et, dans la ligne qui sépare le langage émotionnel du langage rationnel, la connaissance intuitive de la connaissance conceptuelle, c’est-à-dire dans les racines de chaque langue, il découvre la véritable barrière qui sépare l’homme de la bête. » D’après ce qui précède, et de l’aveu de M.
Indépendamment des connaissances spéciales dont il fait preuve et des améliorations positives qu’il proposait à sa dateb, j’y vois ce qui fait l’âme de ce noble métier de soldat, l’alliance de l’abnégation et d’une émulation glorieuse : « on y rend des services, dit-il ; l’on y endure des peines ; l’on y reçoit des éloges ». […] Mme Du Deffand, juge des plus sévères, mais aussi des plus clairvoyants, parle de lui comme venant de faire sa connaissance, dans l’été de 1767 ; il avait alors trente-deux ans : Le prince de Ligne, dit-elle dans une lettre à Horace Walpole (3 août), n’est point le beau-fils de la princesse de Ligne du Luxembourg, c’est son cousin ; il est de ma connaissance, je le vois quelquefois ; il est doux, poli, bon enfant, un peu fou ; il voudrait, je crois, ressembler au chevalier de Boufflers, mais il n’a pas, à beaucoup près, autant d’esprit ; il est son Gilles. […] Mais voici le second degré et la seconde saison qui fait la maturité durable, et sans quoi l’homme aimable, même défini de la façon qu’on vient de voir, court risque de mourir en nous ou de se figer avec la jeunesse : Si, ajouté encore à cela, on a des connaissances agréables de la littérature et de la langue de plusieurs pays, si l’on a de la philosophie, si l’on a beaucoup vu, bien comparé, parfaitement jugé, eu des aventures, joué un rôle dans le monde ; si l’on a aimé, ou si on l’a été ; on est encore plus aimable. […] Le prince a le style le plus contraire à celui de certaines personnes de notre connaissance ; il a le style gai et qui laisse passer des rayons. […] Indépendamment des connaissances spéciales et des améliorations positives qu’il proposait à sa date
La connaissance nous fait peur et nous ne l’abordons pas avec probité. […] « Cherche la connaissance ! […] Et cela veut peut-être dire : impossibilité de la connaissance. […] L’homme est le « Don Juan de la connaissance ». […] Si la science n’était pas liée à la joie de la connaissance, à l’utilité de la connaissance, que nous importerait la science ?
. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ? […] Biot, il n’a pu que gagner à cette étendue, à cette variété et à cette combinaison de connaissances, qui suppléait parfois très heureusement à ce qu’il avait en moins comme originalité. […] Biot donna cours, dans l’examen qu’il en fit au Journal des Savants (mai 1833), à un sentiment qui, sous sa forme discrète et son expression modérée, ne peut être qualifié au fond que de dénigrant et de malveillant : « Les éditeurs de semblables recueils, disait-il en commençant, lorsqu’ils n’ont que des intentions honorables, ce qui est certainement le cas actuel, doivent bien examiner, avant de les émettre, si la gloire des hommes célèbres qu’ils ramènent ainsi sur la scène s’accroîtra par ces publications qu’eux-mêmes n’avaient point prévues ; ou si l’expression, pour ainsi dire surprise, des idées qu’ils n’avaient pas exposées au grand jour, aura une utilité générale, soit en ajoutant de nouvelles et réelles richesses à la masse des connaissances déjà acquises, soit en détruisant des erreurs que des hommes célèbres auraient accréditées ; soit, enfin, en redressant des injustices qui se seraient propagées sous l’influence de leur nom : car, si aucun de ces résultats ne doit être obtenu, la gloire de ce nom risque d’en être affaiblie plutôt qu’augmentée, ne fût-ce que par l’évanouissement du prestige de perfection qui s’y attachait. » C’est donc au nom d’un prestige que M. Biot s’opposait à ce qu’on pût acquérir une connaissance plus exacte et plus entière de ces grands hommes de la science. […] Que de connaissances il faudrait réunir, en effet, pour le suivre utilement et pour réussir à se former un avis sur un sujet si ardu et si complexe !
Ce fut par d’informes traductions qu’Anquetil-Duperron aborda la littérature zende, comme, au Moyen Âge, ce fut par des versions arabes très imparfaites que la plupart des auteurs scientifiques de la Grèce arrivèrent d’abord à la connaissance de l’Occident. […] De pareilles recherches, si elles avaient leur but en elles-mêmes, ne seraient sans doute que des fantaisies d’amateurs plus ou moins intéressantes ; mais elles deviennent scientifiques, et en un sens sacrées, si on les rapporte à la connaissance de l’antiquité, qui n’est possible que par la connaissance des monuments. […] Non certes, car, sans elle, la connaissance approfondie de la langue grecque est impossible. […] Mais nous aurons travaillé à avancer la manière d’envisager les choses, nous aurons conduit l’avenir à n’avoir pas besoin de nous lire, nous aurons avancé le jour où la connaissance égalera le monde et où, le sujet et l’objet étant identifiés, le Dieu sera complet.
Les Phéniciens apprirent des Chaldéens, et communiquèrent aux Égyptiens, l’usage du cadran, et la connaissance de l’élévation du pôle. […] Les Phéniciens, instruits par les mêmes Chaldéens, portèrent aux Grecs la connaissance des divinités qu’ils plaçaient dans les étoiles. — Avec ces trois vérités philologiques s’accordent deux principes philosophiques : le premier est tiré de la nature sociale des peuples ; ils admettent difficilement les dieux étrangers, à moins qu’ils ne soient parvenus au dernier degré de liberté religieuse, ce qui n’arrive que dans une extrême décadence.
Maintenant, en creusant au-dessous de ces trois hypothèses, je leur découvre un fond commun : elles tiennent les opérations élémentaires de l’esprit, perception et mémoire, pour des opérations de connaissance pure. […] Ma connaissance de la matière n’est plus alors ni subjective, comme elle l’est pour l’idéalisme anglais, ni relative, comme le veut l’idéalisme kantien. […] Inversement, le réalisme échoue à tirer de la réalité la connaissance immédiate que nous avons d’elle. […] Entre la chose en soi, c’est-à-dire le réel, et la diversité sensible avec laquelle nous construisons notre connaissance, on ne trouve aucun rapport concevable, aucune commune mesure. […] Nous n’y gagnons pas seulement, en métaphysique, de résoudre ou d’atténuer les contradictions que soulève la divisibilité dans l’espace, contradictions qui naissent toujours, comme nous l’avons montré, de ce qu’on ne dissocie pas les deux points de vue de l’action et de la connaissance.
Rameau a une rare connaissance du rythme et, par-dessus tout, un souffle de grand poète panthéiste qui donne son âme aux choses de la Nature, les rend vivantes comme l’homme et chante passionnément l’éternelle vigueur de l’existence universelle. […] Doué d’une réelle originalité, il a, comme l’a fort bien dit un critique, une rare connaissance du rythme et, par-dessus tout, un souffle de grand poète panthéiste qui donne son âme aux choses de la Nature, les rend vivantes comme l’homme et chante passionnément l’éternelle vigueur de l’existence universelle.
Il nous faut aller jusqu’à conclure qu’il y a identité entre connaître les choses et les connaître autres qu’elfes ne sontet que cette seconde définition de la connaissance implique la connaissance tout entière, selon son mode unique.
Quant au président de Montesquieu, c’est, à tous égards, une connaissance précieuse. […] Sans l’observation directe et l’expérience, ils seraient inutiles et même induiraient en erreur autant qu’une carte géographique pourrait le faire, si l’on voulait y chercher une connaissance complète des villes et des provinces. Mieux vaut lire un homme que dix livres : « Le monde est un pays que jamais personne n’a connu au moyen des descriptions ; chacun de nous doit le parcourir en personne, pour y être initié. » Voici quelques préceptes ou remarques, qui sont dignes de ces maîtres de la morale humaine : La connaissance la plus essentielle de toutes, je veux dire la connaissance du monde, ne s’acquiert jamais sans une grande attention, et je connais bon nombre de personnes âgées qui, après avoir été fort répandues, ne sont encore que des enfants dans la connaissance du monde. La nature humaine est la même dans le monde entier ; mais ses opérations sont tellement variées par l’éducation et par l’habitude, que nous devons la voir sous tous ses costumes pour lier connaissance avec elle jusqu’à l’intimité.
… Toute prédication catholique — à quelque âge du monde qu’elle ait eu ou doive avoir lieu — a donc été ou sera marquée de ces deux imposants caractères : une connaissance plus intime de Dieu ; une connaissance plus intime de l’homme. […] Aussi, par cela seul que l’enseignement des prêtres implique une connaissance plus intime de l’homme, j’ai toujours pensé qu’un travail d’ensemble sur la prédication catholique ferait jaillir d’admirables lueurs sur les diverses époques de l’Histoire, et en éclairerait jusqu’aux entrailles. […] Il en a eu un autre, qui passera comme les idées politiques par lesquelles on pourrait l’expliquer, mais l’empire qu’il tient de sa connaissance du cœur de l’homme ne passera point ; il restera son vrai mérite et sa vraie gloire.
En creusant maintenant au-dessous des deux doctrines, vous leur découvririez un postulat commun, que nous formulerons ainsi — la perception a un intérêt tout spéculatif ; elle est connaissance pure. Toute la discussion porte sur le rang qu’il faut attribuer à cette connaissance vis-à-vis de la connaissance scientifique. […] On pourrait s’imaginer que l’impression reçue, au lieu de s’épanouir en mouvements encore, se spiritualise en connaissance. […] Dans la seconde, une connaissance de plus en plus approfondie de la matière est possible. […] Mais cette illusion en recouvre encore une autre, qui s’étend à la théorie de la connaissance en général.
Au premier examen d’un de ses livres, un lecteur un peu exercé reconnaîtra sans peine qu’il a devant lui un auteur pour lequel le monde extérieur n’existe guère en soi, qui ne tâche d’en reproduire ni les événements usuels, ni l’aspect pittoresque, ni les agrégats sociaux, ni les êtres vivants, tels que ces ensembles et ces individus se présentent à la connaissance normale. […] Aussi un être affectif ne peut-il avoir du monde extérieur qu’une connaissance toute personnelle, subjective, et qui lui indique simplement si certaine partie lui en plaît ou non ; s’il est amené à décrire quelque spectacle, il pourra seulement non pas l’analyser et susciter dans d’autres esprits l’image qu’il en aura conçu, mais s’étendre sur l’agrément ou le déplaisir qu’il en aura ressenti. […] De même qu’un auteur de cette espèce ne peut avoir du monde qu’une connaissance incomplète et partiale, il ne verra des hommes que certains gros côtés extérieurs et les verra déformés, enlaidis ou embellis, selon qu’à première vue ils lui plaisent ou déplaisent, dans l’immédiat retour que l’homme sentimental exécute après chaque regard jeté au dehors. […] Sur le tard, une modification paraît s’être produite chez le romancier anglais dans le mode de sa connaissance des hommes. […] Que l’on considère en outre qu’en dehors de l’influence qu’une tendance trop vive aux émotions exerce sur les perceptions et sur la connaissance, les sentiments ont eux-mêmes des propriétés précises qui modifient toute l’organisation mentale de celui chez lequel ils prédominent et qui altèrent par conséquent directement cette expression de son individualité qui est l’œuvre d’art.
Vous pouviez intituler votre livre Histoire du ciel, à bien plus juste titre que l’abbé Pluche, qui, à mon avis, n’a fait qu’un mauvais roman… Je vois dans votre livre, monsieur, une profonde connaissance de tous les faits avérés et de tous les faits probables. […] Je suis déjà entièrement de votre avis sur ce que vous dites qu’il n’est pas possible que différents peuples se soient accordés dans les mêmes méthodes, les mêmes connaissances, les mêmes fables et les mêmes superstitions, si tout cela n’a pas été puisé chez une nation primitive qui a enseigné et égaré le reste de la terre. […] Il commence par bien insister sur ce que les anciens peuples indiens, chaldéens, chinois, conservent certaines connaissances astronomiques communes qui semblent plutôt les débris que les éléments ou les commencements d’une science. […] Quand je trouverai chez un peuple une connaissance qui n’aura été précédée d’aucun germe, ni suivie d’aucuns fruits, je dirai que cette connaissance a été transplantée et quelle appartient à une nation plus avancée et plus mûre.
Les nations du Nord, en faisant disparaître pendant quelque temps les lettres et les arts qui régnaient dans le Midi, acquirent néanmoins quelques-unes des connaissances que possédaient les vaincus ; et les habitants de plus de la moitié de l’Europe, étrangers jusqu’alors à la société civilisée, participèrent à ses avantages. […] Comment se fait-il, dira-t-on, qu’approfondir l’erreur puisse jamais servir à la connaissance de la vérité ? […] Les connaissances politiques avaient fait de grands progrès dans les premières années de la révolution française, parce qu’elles servaient l’ambition de plusieurs, et agitaient la vie de tous. […] La connaissance des langues anciennes, qui a ramené le véritable goût de la littérature, inspira pendant quelque temps une ridicule fureur d’érudition. […] S’il existe une distance infinie entre les derniers hommes célèbres de l’antiquité et les premiers, qui, parmi les modernes, se sont illustrés dans la carrière des sciences et des lettres ; si Bacon, Machiavel et Montaigne ont des idées et des connaissances infiniment supérieures à celles de Pline, de Marc-Aurèle, etc., n’est-il pas évident que la raison humaine a fait des progrès pendant l’intervalle qui sépare la vie de ces grands hommes ?
Il n’a point de respect pour elles, n’y voyant que le reflet mental des impressions physiques ; et sans s’arrêter à en mesurer la qualité, la délicatesse, à noter la grâce de leurs frissons ou la majesté de leurs ondes, il les traite comme de brutales impulsions de l’instinct, qui se classent selon leur conformité à la raison et aux « jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal » que la raison fournit. Ainsi, dans l’amour : « lorsque cette connaissance est vraie, c’est-à-dire que les choses qu’elle nous porte à aimer sont véritablement bonnes, l’amour ne saurait être trop grande, et elle ne manque jamais de produire la joie. […] Mais il y a pourtant grande différence entre les résolutions qui procèdent de quelque fausse opinion et celles qui ne sont appuyées que sur la connaissance de la vérité : d’autant que, si on suit ces dernières, on est assuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir, au lieu qu’on en a toujours d’avoir suivi les premières lorsqu’on en découvre l’erreur295. » En un mot, « la volonté est tellement libre qu’elle ne peut jamais être contrainte… ; et ceux même qui ont les plus faibles âmes pourraient acquérir un empire très absolu sur leurs passions, si l’on employait assez d’industrie à les dresser et à les conduire ». […] Le « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » est la biographie d’une pensée ; et du seul caractère narratif et descriptif de l’ouvrage sortent visiblement deux traits de la physionomie intellectuelle de Descartes : au lieu d’une exposition théorique de sa méthode, il nous en décrit la formation dans son esprit, et présente ses idées comme autant d’actes successifs de son intelligence, de façon à nous donner en même temps qu’une connaissance abstraite la sensation d’une énergie qui se déploie ; le tempérament actif des hommes de ce temps est devenu chez Descartes une puissance créatrice d’idées et de « chaînes » d’idées. […] Il nous expose donc dans son Discours comment l’éducation de ses précepteurs, les jésuites, n’ayant donné aucune satisfaction au besoin essentiel de son esprit, il s’est efforcé de se donner lui-même le bien sans lequel il ne pourrait vivre : ce bien, c’est la connaissance, et ce besoin, le désir de la vérité.
Un écrivain qui se décidera d’instinct à user d’un style coloré, c’est-à-dire d’une série de formes verbales tendant à rendre et à suggérer minutieusement l’aspect sensible des choses et des gens, sera un homme qui percevra parfaitement cet aspect à l’aide de sens aiguisés, à l’aide de résidus de sensations extrêmement aptes à revivre, de souvenirs de sensations tout prêts à renaître en images, et doué de plus d’un catalogue bien complet de mots propres à rendre ses perceptions et ses souvenirs ; par contre, l’activité même de ces formes sensuelles de l’intelligence se sera ordinairement développée aux dépens de son idéation, en sorte qu’il possédera des objets une connaissance plutôt individuelle que générique, qu’il aura une aptitude médiocre aux notions et aux sciences abstraites. […] Des indications importantes résulteront de même de la connaissance de ce que nous avons appelé les moyens internes de l’artiste, c’est-à-dire du contenu de son œuvre, de son sujet, du genre de personnages et de paysages qu’il affectionne, de la manière dont il perçoit et rend la réalité. […] De ceux que nous avons mentionnés, il ressort que l’on peut tirer de l’examen des particularités esthétiques d’une œuvre la connaissance des particularités, c’est-à-dire des propriétés caractéristiques, de la constitution psychologique de son auteur. Cette connaissance sera d’autant plus précise que l’analyse de l’œuvre aura été plus minutieuse et plus productive. […] Grâce à ces progrès des sciences morales, notre travail d’interprétation et d’explication doit aboutir à la connaissance complète de l’esprit dont on aura analysé les manifestations et pénétré les parties.
Elle préside à l’acquisition de presque toutes nos connaissances. […] Le moi entre inévitablement dans toute connaissance, puisqu’il en est le sujet. […] C’est se donner librement et en toute connaissance. […] Sans l’unité absolue, comme objet direct de la connaissance, à quoi bon l’extase dans le sujet de la connaissance ? […] La connaissance de la vérité n’est pas une résolution de la volonté.
La bonté est la vertu primitive, elle existe par un mouvement spontané ; et comme elle seule est véritablement nécessaire au bonheur général, elle seule est gravée dans le cœur ; tandis que les devoirs qu’elle n’inspire pas, sont consignés dans des codes, que la diversité des pays et des circonstances peut modifier ou présenter trop tard à la connaissance des peuples. […] La triste connaissance du cœur humain fait, dans le monde, de l’exercice de la bonté un plaisir plus vif ; on se sent plus nécessaire, en se voyant si peu de rivaux ; et cette pensée anime à l’accomplissement d’une vertu à laquelle le malheur et le crime offrent tant de maux à réparer. […] Toute cette connaissance du cœur humain, dont est née la flatterie des courtisans envers leurs souverains, Almont l’emploie pour soulager les peines de l’infortuné ; plus on est fier, plus on respecte l’homme malheureux, plus on se plie devant lui.
Or, nous n’avons aucune expérience directe ni aucune connaissance de l’esprit isolé du corps : il ne nous a jamais été donné de voir un esprit agir indépendamment de son compagnon matériel, 2° Nous avons lieu de croire que nos actions mentales sont accompagnées d’une suite non interrompue d’actes matériels. […] L’opinion commune veut que la possibilité d’acquérir des connaissances nouvelles soit pour nous sans bornes. […] De là il déduit le nombre probable des éléments nerveux — cellules et fibres — nécessaires pour acquérir et conserver tel ou tel ordre de connaissance (mathématiques, musique, langues, etc.), et il montre comment ces diverses acquisitions se limitent réciproquement.
L’esprit plierait sous le poids des connaissances infinies que suppose un monde infiniment divers si, par des simplifications méthodiques, il ne laissait de côté le détail pour s’en tenir aux aspects les plus généraux. […] La première n’est pas le germe de la seconde ; ce n’est pas un premier stade de la connaissance qui prépare les autres ; c’est le stade de l’erreur qu’il ne faut traverser que pour s’en affranchir. […] Mais ils n’agrandissent ainsi le champ de la connaissance scientifique qu’en la rabaissant au niveau de la sensation ; car la science, telle qu’ils la conçoivent, est aveugle.
La physique ne peut être que la connaissance de ce qui est. […] La révision des connaissances ou la vérification des leçons reçues ne se fait plus dans les générations éduquées, si leur malheur a permis que ces signes postiches s’opposassent à cette opération, la montrassent comme périlleuse, ou même comme impossible. […] Sieyès nous apparaît sous sa première forme, tel qu’il sera plus tard et jusqu’à la fin, tout d’une pièce quant à la pensée, voulant la liaison exacte, rigoureuse, le parfait enchaînement et l’ordre un dans tous les objets de chaque science, et même dans la somme totale de nos connaissances : « Sans cela, dit-il, on n’a que des cerveaux décousus dont les connaissances ne tiennent à rien : ils ne savent rien, quoiqu’il y ait beaucoup dans leur mémoire, et ne sont d’aucun usage. » Rien n’égale son mépris pour ces cerveaux décousus qui constituent malheureusement l’immense majorité des hommes, et même des hommes distingués. […] Cet esprit altier, puissant, profond, ingénieux et fin, un peu bizarre, mais toujours original, en tombant du haut de cette idée de réforme première et radicale qu’il méditait dans toutes les branches de la connaissance, de la condition et, comme il disait, de la socialité humaine, en était venu (étrange extrémité !) […] Dès cet instant la perfectibilité de l’homme est arrêtée ; et ses efforts détournés, au lieu d’accroître ses connaissances et ses jouissances sur la terre, sont transportés et égarés dans les cieux.
Cette connaissance m’a procuré celle de tout le parti français et autrichien. […] Le résident de France, homme rempli de toutes sortes de connaissances, est parti d’ici avec bien du regret de ne vous pas connaître. […] Tous les habitants ont la… Ainsi voilà une misère de moins que leur vaudra la connaissance des Européens. […] Faites mes compliments à mes anciennes connaissances et à M. […] Je n’ai pas cru pouvoir lui rendre un plus grand service que de lui procurer votre connaissance.
C’était de Marivaux, et non pas de lui-même, qu’il voulait donner la connaissance au public et à ses juges. […] Là, la tâche de l’ouvrier est de fournir tous les faits, tous les matériaux, toutes les discussions, toutes les solutions utiles à la connaissance complète et précise du sujet. […] Mais, en lui, la prudence critique s’affermit par le sens aigu de la vie, par la connaissance désabusée et sans amertume de l’humanité, par la disposition avisée à ne voir la nature ni en noir ni en bleu. […] Pour nous autres, gens du Nord et du Centre, le Gascon est, nous aimons à nous figurer qu’il est, un personnage souple, spirituel, superficiel, causeur amusant sur toute chose, sans travail et sans connaissance exacte.
La culture intensive, augmentant sans cesse le capital des connaissances de l’esprit humain, n’est pas la même chose que la culture extensive, répandant de plus en plus ces connaissances, pour le bien des innombrables individus humains qui existent. […] L’objet de la connaissance est un immense développement dont les sciences cosmologiques nous donnent les premiers anneaux perceptibles, dont l’histoire proprement dite nous montre les derniers aboutissants. […] En résumé, si, par l’incessant travail du XIXe siècle, la connaissance des faits s’est singulièrement augmentée, la destinée humaine est devenue plus obscure que jamais.
Pour croire à notre évidence, c’est donc à Dieu-omniscient et à Dieu-providence qu’il faut croire, et notre condition de connaissance, c’est donc Dieu-vérité et Dieu-providence. Et cette connaissance dépendant de Dieu-providence, ce n’est pas très différent de la vision en Dieu de Malebranche. […] Nous avons pensé, en nous souvenant, à travers les Méditations du Discours de la Méthode et en contrôlant le Discours de la Méthode par les Méditations ; et nous avons fait comme le tour du problème de la connaissance, nous apercevant que notre moyen essentiel de connaître est subordonné à quelque chose que nous ne pouvons pas connaître ; nous apercevant que notre connaissance se résout en foi, soit à elle-même, soit à quelque chose d’inconnaissable.
« Les connaissances spéciales, par l’enchaînement même des choses, s’assimilent et se fécondent mutuellement. […] Ce petit livre, écrit originairement en allemand, et traduit en français, avec une rare connaissance des deux idiomes, par mon vieil ami M. […] Ce tableau est précédé de considérations sur les différents degrés de jouissance qu’offrent l’étude de la nature et la connaissance de ses lois. […] Il y a plus encore : dans l’état actuel de nos connaissances, des parties très importantes de la physique du monde sont assises sur des fondements solides. […] La permanence de certains types, en dépit des influences les plus contraires des causes extérieures, surtout du climat, semblait favoriser cette manière de voir, quelque courtes que soient les périodes de temps dont la connaissance historique nous est parvenue.
« Si je pouvais faire en sorte que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur ce qu’ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir, je me croirais le plus heureux des mortels. […] La connaissance et la reconnaissance d’un Dieu, source et principe de toutes les lois et portant en soi-même la raison et la sanction de toutes les lois. […] L’homme dans l’état de nature aurait plutôt la faculté de connaître, qu’il n’aurait des connaissances. […] Le manque de connaissances, de travail et de réflexion, y choque à chaque instant le lecteur. […] Les éléments de cette connaissance n’existent pas.
la logique le pousse ; il a bon vent, bon courage… Il s’arrête net, parce qu’une connaissance a posteriori lui barre le chemin. […] la connaissance a posteriori du théâtre tragique, qui, en faisant à chacune d’elles sa part, ruinera leurs prétentions à l’universalité. […] Dans le récit où Agnès explique à son tuteur comment elle a fait la connaissance d’Horace, n’y a-t-il pas autant d’action, plus même que nous n’en pourrions voir, si la chose se passait sur le théâtre ? […] Il ne prétendait pas que les fameuses règles pussent être fausses : il soutenait seulement que la connaissance n’en était point utile, si ce n’est pour fermer la bouche aux pédants. […] La propédeutique de tous les beaux-arts ne semble pas consister dans des préceptes, mais dans la culture des facultés de l’esprit par ces connaissances préparatoires qu’on appelle humaniora.
Et, comme il est, tout entier, et conscient et inconscient, en communion avec le Tout, davantage du Tout sera donc en même temps porté à notre connaissance. […] Désormais la Matière évolue à prendre connaissance d’elle-même, à travers la sensation, l’instinct, la pensée. […] Comme toute connaissance individuelle dépend aussi des connaissances ataviques, l’homme doit gratitude et amour au Passé qui le domine, le pénètre, le hante. […] Et, il se doit à l’Avenir Donc, il doit tendre, si sa valeur morale est plus grande, à entraîner les autres hommes au partage de sa Connaissance. […] « Il est l’aède de la science, l’esthète de la connaissance, l’évocateur sybilin de la haute construction Moniste, ouverte à tous les souffles de l’infini.
La Providence ne nous a donné aucune faculté morale dont il nous soit interdit de faire usage ; et plus notre esprit a de lumières, plus il pénètre dans l’essence des choses, du moins si nous avons soumis ces lumières à la méthode qui les réunit et les dirige : cette méthode n’est elle-même que le résultat de l’ensemble des connaissances et des réflexions humaines : c’est à l’étude des sciences physiques que l’on doit cette rectitude de discussion et d’analyse qui donne la certitude d’arriver à la vérité lorsqu’on le désire sincèrement ; c’est donc en appliquant, autant qu’il est possible, la philosophie des sciences positives à la philosophie des idées intellectuelles, que l’on pourra faire d’utiles progrès dans cette carrière morale et politique dont les passions ne cessent d’obstruer la route. […] Les erreurs de tout genre, en politique et en morale, ne peuvent à la longue subsister à côté de cette masse imposante de connaissances et de découvertes qui, dans l’ordre physique, porte partout la lumière. […] Dans la période où nous nous trouvons, nous n’avons pas encore conquis la connaissance des vérités politiques et morales ; mais presque tous les partis, même les plus opposés, reconnaissent le raisonnement pour base de leurs discussions, et l’utilité publique comme le seul droit et le seul but des institutions sociales. […] En joignant à ce calcul la connaissance éprouvée des effets de telle ou telle institution, l’on pourrait fonder les pouvoirs politiques sur des bases à peu près certaines, mesurer la résistance qu’ils doivent rencontrer, et les balancer entre eux, d’après leur action réelle, et l’influence des obstacles sur cette action. Pourquoi ne parviendrait-on pas un jour à dresser des tables qui contiendraient la solution de toutes les questions politiques, d’après les connaissances de statistique, d’après les faits positifs que l’on recueillerait sur chaque pays ?
On ignore comment Diderot fît la connaissance de mademoiselle Voland ; il la vit probablement dans quelque voyage qu’il fit aux environs de Langres, où elle demeurait avec sa mère. […] Il le surpasse de beaucoup par le ton et la couleur, lorsque, parlant d’une femme de sa connaissance que mademoiselle Voland jugeait coquette, il dit : « Vous vous trompez ; elle n’est point coquette ; mais elle s’est aperçue que cet intérêt vrai ou simulé que les hommes portent aux femmes, les rend plus vifs, plus ingénieux, plus affectionnés, plus gais ; que les heures se passent ainsi plus rapides et plus amusées ; elle se prête seulement : c’est un essaim de papillons qu’elle assemble autour de sa tête, le soir elle secoue la poussière qui s’est détachée de leurs ailes, et il n’y paraît plus. » C’est avec madame Legendre surtout que notre philosophe aime à marivauder, comme il dit, à l’égal de la fée Taupe de Crébillon. […] Ce qu’Horace disait à un ami qui était devenu amoureux de son esclave : “Il est beau, il est adroit, il a des mœurs, de l’esprit, des connaissances, c’est un enfant parfait de tous points ; mais je vous en préviens, il est un peu fuyard…” ».
Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux. […] On a besoin d’une plus profonde connaissance de l’homme pour être un grand moraliste que pour devenir un bon historien. […] C’est à ces diverses considérations qu’il faut attribuer la supériorité des anciens dans le genre de l’histoire : cette supériorité tient principalement à cet art de peindre et de raconter qui suppose le mouvement, l’intérêt, l’imagination, mais non la connaissance intime des secrets du cœur humain, ou des causes philosophiques des événements30.
L’expérience prouve combien est imparfaite la connaissance des langues modernes chez ceux qui n’y donnent point pour base la connaissance de la langue antique dont chaque idiome moderne est sorti. […] La routine est alors le seul procédé possible, comme toutes les fois que la connaissance pratique est recherchée à l’exclusion de la raison théorique.
II, lett. 16) des envahissements de la physiologie ; il prétend même que la connaissance des faits physiologiques n’éclaircit pas celle des faits psychologiques, que quand même nous connaîtrions les conditions matérielles de la mémoire, de la perception, etc., nous n’en saurions pas mieux ce que c’est. […] Bailey est avec Reid ou n’en diffère que par des nuances : « Je diffère, dit-il274, de l’École Écossaise, en ce qu’elle admet une croyance irrésistible en un monde extérieur, et que moi j’admets une connaissance. » La critique qu’il fait de Berkeley ne me paraît pas entrer dans le vif de la question : celle de Kant est inexacte. […] Les variations en probabilité sont entièrement dues aux variations dans l’état de notre propre connaissance ; et cela est également vrai pour les phénomènes physiques et pour les phénomènes moraux.
La connaissance de ces modes peut être scientifique dans le même sens que la connaissance des phénomènes sensibles. Cette connaissance se rapporte à la physiologie, laquelle n’est qu’une complication de la physique. […] Et ces démonstrations devraient reposer sur la connaissance du cerveau, non sur des hypothèses métaphysiques. […] Nulle connaissance empirique ne pouvait, comme telle, pour Aristote, prétendre à l’universalité et à la nécessité. […] Car, dans l’état actuel de nos connaissances, la science n’est pas une, mais multiple.
Prosper Mérimée Si l’on se rappelle à quel degré Nodier possédait la connaissance grammaticale, ses origines et ses transformations, on déplore amèrement qu’il n’ait pas laissé après lui quelqu’un de ces grands ouvrages dans lesquels la science du passé devient la règle du présent et le guide de l’avenir. […] Fort jeune, il savait diriger le quadrige de l’ode, déployer dans l’air libre les ailes brûlantes du dithyrambe ; les strophes du Poète malheureux sont animées d’un large souffle et la Napoléone vaudrait qu’on s’en souvînt, quand bien même Napoléon n’aurait pas voulu faire connaissance à Sainte-Hélène avec toutes les œuvres de son jeune ennemi.
Tel est le fruit de l’expérience, c’est-à-dire de la connaissance. […] La transmission héréditaire d’une connaissance. […] Quant à la connaissance directe des idées, elle se produit sous une forme sensiblement analogue à la connaissance de la matière par absorption. […] Quelle est la vraie valeur de cette connaissance ? […] Savoir, savoir encore plus : l’instinct de connaissance est inassouvissable, parce que la matière de la connaissance est illimitée.
Or, si l’on se reporte aux origines de la vie phénoménale, telles qu’elles ont été montrées ici, si l’on est bien convaincu de l’évidence de cette proposition, qu’aucun état de connaissance n’est possible que d’un objet pour ira. sujet, en sorte que toute entité vivante ne prend conscience d’elle-même qu’au moyen d’une falsification de soi, il apparaît que la vérité n’a pas de place dans la vie phénoménale, qu’on ne peut imaginer et situer l’idée de vérité qu’en un état d’identité absolue entre toutes les choses où toutes les choses se confondraient et s’évanouiraient et où cesserait, avec toute différence et tout reflet, toute conscience. […] Dès lors, l’idée perd tout crédit au regard de la connaissance analytique : il nous faut réformer tous les jugements que nous avons portés lorsque nous subissions son influencé et nous en laissions imposer par son prestige.
Quand un livre qui a la prétention de raconter et d’expliquer les cent dernières années qui viennent de s’empreindre si profondément sur l’Europe ne renferme que les connaissances les plus superficielles, et les moins sûres encore dans leur superficialité, et, de plus, quand c’est l’inconséquence, non pas seulement d’une tête faible, mais d’un distrait, qui se sert de ces connaissances pour en tirer de ces jugements sans cesse contredits et abolis les uns par les autres, la Critique peut passer outre avec moins de dédain que de pitié.
Leur principe, excellent et fécond, était que toutes les connaissances où consiste la matière de l’instruction ne sont pas à elles-mêmes leur but, mais sont seulement des moyens d’élever, de fortifier l’intelligence. […] Par leur science et leur culte de l’antiquité latine, ils servirent efficacement la cause de l’art classique ; par leur connaissance du grec, qui nulle part ne fut enseigné comme à Port-Royal, ils travaillèrent à mettre l’art classique en contact avec les plus parfaits modèles, à le rapprocher de la plus simple beauté ; ils lui offrirent un moyen de s’élever encore au-dessus de lui-même. […] La foi est un moyen supérieur de connaissance : elle s’exerce au-delà des limites où la raison s’arrête (distinction de la raison et du sentiment ou du cœur). […] La connaissance scientifique est essentiellement incomplète et relative ; c’est ce qu’aperçoit nettement Pascal, au début d’un âge scientifique, et cela désespère ce grand esprit, avide d’une certitude absolue et infinie. […] C’était cette raison, en effet, qui renonçait à lui, et non pas lui à elle, lorsqu’elle lui disait qu’elle ne lui donnerait pas la connaissance complète dont il avait soif.
Quant au secret de leur union, l’ignorance où nous sommes et serons toujours à cet égard détruit-elle la connaissance que nous avons de leur existence distincte ? […] Vous voyez d’avance où va le conduire ce nouveau degré, si hardiment franchi, de l’échelle mystérieuse par laquelle il s’élève de la notion de son existence à la connaissance de Dieu. […] Au seizième siècle on y arrivait par la multitude des connaissances et par la difficulté d’y faire un choix. […] Aussi toute cette connaissance aboutit-elle à se nier elle-même : Que sçais-je ? […] Elle se soutient, tant que cette connaissance s’y conserve.
Laissons tous ces côtés fugitifs et évanouis, et ne prenons Lassay que par l’endroit où nous pouvons l’atteindre, le seul aujourd’hui qui nous intéresse : prenons-le comme l’un des hommes qui ont eu le plus de connaissance de la société et des caractères. […] Récapitulant tous les talents et toutes les facultés qu’il reconnaît ne posséder que d’une manière secondaire et inférieure à ce qu’il avait vu chez d’autres, il ajoute que pour l’esprit de connaissance et de discernement, il croit que peu de personnes l’ont plus que lui : Et cela, conclut-il, m’a fait penser bien des fois fort extravagamment que, de toutes les charges qui sont dans un royaume, celle de roi serait celle dont je serais le plus capable ; car l’esprit de connaissance et de discernement est juste celui qui convient aux rois : ils n’ont qu’à savoir bien choisir ; et, donnant à un chacun l’emploi qui lui convient, ils se servent de toutes ces sortes d’esprits que Dieu a distribués aux hommes, sans qu’il soit nécessaire qu’ils les aient. […] Lassay était de ces esprits tempérés, bien faits et polis, que l’usage du monde a perfectionnés en les usant, qui ont peu d’imagination, qui n’ajoutent rien aux choses, et qui prisent avant tout une observation juste, une pensée nette dans un tour vif et concis : « Un grand sens, disait-il, et quelque chose de bien vrai renfermé en peu de paroles qui l’expriment parfaitement, est ce qui touche le plus mon goût dans les ouvrages d’esprit, soit en vers, soit en prose. » Il n’allait pas pourtant jusqu’à la sécheresse, et il tenait à rester dans le naturel ; il croyait que les choses qu’on dit ont quasi toujours chance de plaire quand elles sont plutôt senties que pensées : « Il y a des gens qui ne pensent qu’à proportion de ce qu’ils sentent, observait-il ; et il semble que leur esprit ne sert qu’à démêler ce qui se passe dans leur cœur : ces gens-là, qui sont toujours vrais, ont quelque chose de naturel qui plaît à tout le monde. » Chamfort, qui prête quelquefois de son âcreté aux autres et qui est homme à la glisser sous leur nom, a écrit dans ses notes : « M. de Lassay, homme très doux, mais qui avait une grande connaissance de la société, disait qu’il faudrait avaler un crapaud tous les matins pour ne trouver plus rien de dégoûtant le reste de la journée quand on devait la passer dans le monde. » On ne voit rien ou presque rien dans ce que dit et dans ce qu’écrit Lassay qui soit en rapport avec une si amère parole54. […] À d’autres jours il voyait plutôt les avantages de la vieillesse, et il se consolait en regrettant : « La délicatesse dans les plaisirs, le badinage dans la conversation, le goût et la connaissance des hommes, se trouvent rarement dans l’âge où l’on a une figure aimable : cependant cet assortiment serait bien souhaitable. » C’était aussi le vœu de Pétrarque : « le fruit de l’âge dans une fleur de jeunesse », Frutto senile in sul giovenil flore. […] [NdA] Voici quelques-unes des maximes de Lassay qui approchent le plus du mot que rapporte Chamfort ; mais encore sont-elles d’un homme du monde désabusé et sans illusion, plutôt que d’une âme ulcérée et d’un cœur aigri : Il n’y a rien de si beau que l’esprit de l’homme, et rien de si effroyable que son cœur. — L’usage du monde corrompt le cœur et perfectionne l’esprit. — La plupart des connaissances qu’on a sont nos véritables ennemis ; car, pour l’ordinaire, ce ne sont pas les hommes avec qui nous ne vivons point qui nous font du mal.
Si on lui parle des sociétés, il ne s’agit pas des sociétés politiques, ni de lui en faire porter des jugements inutiles au grand objet de la connaissance de soi-même ; il s’agit des sociétés purement civiles et des devoirs que chacun est tenu d’y remplir pour être heureux en contribuant au bonheur public. […] Il sent à la fois s’accroître ses connaissances et ses droits sans que ses devoirs s’en augmentent. […] S’il pouvait faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois ; que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur ce qu’ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir ; s’il pouvait faire que les hommes pussent se guérir de ce qui fait qu’on s’ignore soi-même, il serait le plus heureux des mortels. » Cette déclaration, par laquelle s’ouvre l’Esprit des lois, parut au grand nombre une précaution contre les gouvernants et la Sorbonne. […] Cette cause, c’est qu’il n’a pas eu une connaissance complète de l’homme. […] Il y a une source d’informations où il pouvait compléter sa connaissance, l’antiquité chrétienne : il l’a volontairement négligée.
Comme beaucoup d’autres qu’eux ont au moins une teinture du grec, et une connaissance assez raisonnable du latin, il est aisé de les embarrasser sur ce qui fait le sujet de leurs exclamations. […] Je doute beaucoup que nos connaissances puissent s’élever jusqu’à nous faire saisir les nuances d’harmonie dont je parle. […] Ce que nous venons de dire sur l’harmonie des langues mortes et sur le peu de connaissances que nous en avons, conduit naturellement à quelques réflexions sur la prétendue belle latinité qu’on admire dans certains modernes. […] Je m’en tiens ici à la connaissance de la valeur des mots, de leur signification précise, de la nature des tours et des phrases, des circonstances et des genres de style dans lesquels les mots, les tours, les phrases peuvent être employées ; et je dis que pour arriver à cette connaissance, il faut avoir vu ces mots, ces tours et ces phrases, maniés et ressassés, si je puis m’exprimer ainsi, dans mille occasions différentes ; qu’un petit nombre de livres, quand même on les aurait lus vingt fois, est absolument insuffisant pour cet objet ; qu’on ne saurait y parvenir que par des conversations fréquentes dans la langue même, par un usage assidu, et par des réflexions sans nombre, que cet usage seul peut suggérer. […] Mais connaîtrons-nous la valeur et la nature des mots et des tours, connaissance absolument essentielle pour bien parler et bien écrire la langue ?
Partagé jusqu’à la fin entre des fonctions graves et le goût des lettres, dispersé avec originalité dans des études diverses, il n’a jamais donné à aucun de ses ouvrages ce feu continu, cette fusion égale, ce poli qui fait l’éclat ; avec des idées de tout genre, des vues vastes, des saillies pénétrantes, et une masse de connaissances précises, il n’a jamais eu la mise en œuvre et la mise en valeur, ce soin de la forme et de l’achèvement par où le talent s’accommode avec bonheur au goût de la société présente, et la ravit ou la domine en s’en rapprochant. […] Il conçut l’idée d’un ouvrage qui pût sourire à ce grand homme (comme on disait alors) par l’assemblage de connaissances nécessaires à l’exécution. […] À la vérité, nous n’en avons plus aujourd’hui le même besoin ; mais, en négligeant autant qu’on le fait les connaissances littéraires, n’est-il pas à craindre que nous ne retournions peu à peu vers la barbarie, dont elles seules nous ont retirés ? […] L’intérêt qui se porte à tel ou tel ordre de la connaissance humaine, voyage et se déplace, en quelque sorte, avec la société même et avec les besoins nouveaux ; mais on n’est point, pour cela, barbare. […] Dans un voyage à Paris, en 1754, il fit la connaissance de Diderot, et Buffon, son introducteur, était en tiers ce jour-là.
Il fit voir à tout le monde que nous avons connaissance de nos sensations, de nos idées, de nos plaisirs, de nos peines, de nos désirs, de nos résolutions ; que cette connaissance est perpétuelle ; qu’elle est commune à tous les hommes ; que ni les yeux, ni les oreilles, ni les mains, ni aucun sens n’y a part ; que néanmoins elle est indubitable, et que lorsque nous mangeons une pêche, nous ne sommes pas plus assurés de la présence de la pêche que de la présence de notre plaisir. […] C’est la connaissance qui, appliquée d’abord à la sensation, se porte ensuite vers la pêche, et la connaissance est une action de l’intelligence. […] Leurs actes sont nécessairement immatériels. » — La matière et ses qualités ne « sont que des truchements qui leur servent à faire mutuellement connaissance.
Je n’oserais conseiller Pindare : sans la connaissance de la langue ils pourraient l’admirer, mais le comprendre, non. […] Si l’on visait à donner une connaissance pratique de l’ancienne langue, si l’on avait aussi de bons textes appropriés aux nécessités scolaires, ce ne serait pas une grande affaire, et ce serait un plaisir de lire couramment quelques vieux auteurs. […] Il a sa source dans les sentiments les plus respectables : humilité candide, conscience de sa propre ignorance, respect du maître, confiance aux lumières de ceux qui sont établis pour savoir et pour instruire, soif de savoir, qui saisit avidement toutes les connaissances qu’on lui présente et n’en veut rien laisser tomber. […] Quand on lira comme il faut, c’est-à-dire sans tenir les yeux collés au livre, mais en cherchant sans cesse en soi et autour de soi la vérité de ce qu’il contient, on amassera un riche fonds de connaissances morales, et l’on aura acquis pour le reste de ses jours le don si rare de voir les faits moraux.
On voit d’ordinaire, dans notre activité traduite par nos mouvements et nos désirs, le résultat de quelque sensation ou connaissance antérieure ; mais avant celle-là il y a une activité spontanée, venant de nous-même, du dedans et non du dehors, qui agit d’elle-même et non par une réaction contre le monde extérieur. […] Considérées sous leur aspect intellectuel, les sensations musculaires « sont très importantes au point de vue de la connaissance ; d si à un poids de quatre livres que nous tenons dans la main, on en ajoute un autre, l’état de conscience change : ce changement d’état, c’est la discrimination (faculté de discerner), et c’est le fondement de notre intelligence. […] La continuation de l’action musculaire donne des idées de durée et d’étendue. « La différence entre six pouces et dix-huit pouces est représentée par les différents degrés de contraction de quelque groupe de muscles ; ceux, par exemple, qui fléchissent le bras, ou ceux qui en marchant fléchissent ou étendent le membre inférieur. » Enfin la connaissance que nous avons du degré de rapidité de nos mouvements, nous permet d’estimer la vitesse des autres corps en mouvement ; la mesure étant d’abord empruntée à nos propres mouvements. […] C’est une loi psychologique que dans un phénomène complexe comme une sensation, la connaissance est d’autant plus claire et complète.
., mais sans leur donner une connaissance précise et exacte. […] « La conscience n’étant strictement applicable qu’à mon seul individu et pour un seul instant, contient le minimum d’information. » C’est l’atome de la connaissance. […] C’est, à ma connaissance, le répertoire le plus complet qui existe de psychologie exacte, positive, mise au courant des récentes découvertes : il n’y a rien chez nous qui en approche. […] Il ne constitue pas en lui-même un système de philosophie mentale proprement dite ; mais c’est une collection de faits classés pour un tel système, et présentés avec cette méthode, cette connaissance approfondie, que donne la discipline des sciences, et accompagnée de passages d’un caractère analytique.
Il ne le peut que s’il a connaissance de ces nocivités et des forces naturelles à utiliser, et il le peut d’autant mieux et plus sûrement, que cette connaissance est plus complète. […] C’est elle qui nous donne la connaissance exacte du monde extérieur. […] Fiers de leur penser rigoureusement logique, mathématique, ils ne voyaient pas que c’était là une méthode de connaissance, mais non la connaissance elle-même. […] L’effort vers la connaissance est donc la source principale de la religiosité anglaise. […] Il ne peut y avoir d’idéal plus haut que l’accroissement de la connaissance.
Agriffé aux sinuosités de l’existence, le symboliste ne fait qu’un avec la Vie, avec la Conscience universelle, par connaissance immédiate. […] Le symboliste a rompu les chaînes qui le rivaient au pied de la connaissance sensible ; il s’est retourné et contemple le Soleil. […] Ainsi j’appréhende dans ces deux mots : nature et vérité, les données de la connaissance et l’opération de l’esprit qui connaît ; la matière et la forme. […] Je ne prêche nullement la relativité de la connaissance, comme on pourrait le penser. […] Récéjac dans un excellent livre : Essai sur les fondements de la connaissance mystique, a fort bien mis ce point en valeur.
Historien du progrès des connaissances à cette époque, il les rédige, il les place dans l’ordre dans lequel il les conçoit. […] Si le régime républicain n’avait pas cessé d’exister depuis Aristote, les modernes lui seraient aussi supérieurs dans la connaissance de l’art social que dans toute autre étude intellectuelle. […] Les mœurs, les habitudes, les connaissances philosophiques, les succès militaires, tout semble, chez les Grecs, ne devoir être que passager ; c’est la semence que le vent emportera dans tous les lieux de la terre, et qui ne restera point où elle est née.
Comme ce siècle corrompu est en même temps éclairé, ces philosophes en concluent que la corruption est l’effet et la suite du progrès des connaissances. […] Les connaissances même qu’elle n’avait point produites, et les esprits les moins faits pour elle, n’ont pas laissé d’en profiter. […] D’ailleurs, quand l’illusion des autres devrait durer, plus elle serait grossière, plus celle de l’amour-propre s’affaiblirait ; le plaisir que nous éprouvons à en imposer aux hommes, consiste en partie dans la satisfaction que nous ressentons de voir combien nous leur sommes supérieurs dans la connaissance de nous-mêmes et de nos talents. […] Ils n’ont pas même le triste honneur d’être injustes avec connaissance. […] Votre commerce utile et agréable par une infinité de connaissances, qui vous assurent le suffrage de la partie de la plus éclairée de notre nation, est encore pour tous-ceux qui vous environnent une leçon continuelle de modestie, de candeur, d’amour du bien public, et de toutes les vertus que notre siècle se contente d’estimer.
Il connut Malouet et s’attacha naturellement à lui comme à l’un des meilleurs guides qu’on pût désirer pour la connaissance des colonies. […] Cette barrière, que je n’ai jamais franchie, m’a toujours fait repousser les opinions licencieuses, les déclamations indécentes contre la religion et le gouvernement… Je m’attachai cependant à l’abbé Raynal, quelques années après notre connaissance, mais surtout lorsqu’il m’eut confié ses regrets d’avoir abandonné à Diderot la refonte de son grand ouvrage, où celui-ci a inséré toutes les déclamations qui le déparent. […] On s’en fait une assez triste opinion, et malgré son savoir, son vaste magasin de connaissances, traversées par un mouvement d’idées incontestable, on se demande s’il était autre chose, dans son siècle, qu’un infatigable moulin à conversation, — infatigable à coup sûr, mais aussi parfois très fatigant. […] Il est plein de connaissances qu’il doit aux recherches curieuses qu’il a faites ; j’ai cru m’entretenir avec la Providence. […] Il y a témoin et témoin, mais quand Malouet affirme un fait à sa connaissance, il faut le croire : M.
Rousseau, quoique en relation de confiance avec Margency, avait tardé le plus qu’il avait pu à faire la connaissance de Mme de Verdelin ; celle-ci ne se découragea point et ne prit nullement ses ourseries en mauvaise part. […] Oui, madame, je le sais bien ; c’est moi qui suis une bête, un bon homme, et pis encore s’il est possible ; c’est moi qui choisis mal mes termes au gré d’une belle dame française qui fait autant attention aux paroles et qui parle aussi bien que vous… « J’avais besoin sans doute d’être averti que je ne suis près de vous qu’une simple connaissance ; si vous me l’eussiez dit plus tôt, madame, je vous aurais épargné l’ennui de mes visites ; car, pour moi, je n’ai point de temps à donner à des connaissances, je n’en ai que pour mes amis. » À ces brusqueries et à ces boutades peu congrues, elle n’opposa que la douceur et le ton peiné de l’affection la plus sincère : « Mon voisin, vous me jugez mal, si vous croyez que je prétends à mieux qu’à être une bonne femme ; je fais cas de cette qualité, je borne toute mon ambition à la mériter et à trouver quelqu’un assez vrai pour me dire les choses qui m’en écartent. « Je crois vous avoir écrit, monsieur, que je désirais perdre avec vous le titre de connaissance ; vous m’avez fait l’honneur de me dire que vous vouliez des années pour éprouver vos amis : il y en a si peu que j’ai celui d’être connue de vous, et je suis si peu habituée à obtenir les choses que je désire, que je n’ai pas osé me nommer autrement que votre connaissance. […] En un mot, Mme de Verdelin, qui n’est pas un esprit supérieur ni une âme brûlante, est et reste pour nous une très aimable femme, une agréable connaissance, et il nous semble à nous-mêmes que nous l’ayons eue pour voisine autrefois80. […] Elles ajoutent peu à la connaissance de Mme de Verdelin ; mais, en ce qui est de Rousseau, elles m’ont prouvé qu’en certains endroits j’aurais pu accentuer davantage et marquer plus vivement sa reconnaissance bien sincère envers son ancienne voisine ; il s’y découvre chez lui un côté plus ouvert et plus habituellement attendri qu’on n’oserait le supposer d’après le résultat final.
Il quitta les Nibelungen pour se jeter dans Tristan et Yseult (Schuré II, 143). » Il est important, et pour la connaissance de l’œuvre, et pour la connaissance de son auteur, de savoir que les choses ne se passèrent point ainsi. […] Du reste, il appuie si peu sur les nombreux détails dus à sa connaissance des vieilles littératures, que le grand public ne s’aperçoit de rien. […] Une fois arrivé à la connaissance du monde, que fait l’homme ? […] La femme, qui lui a donné la connaissance de la douleur, souffre aussi du désir, elle attend la délivrance de la malédiction qui pèse sur elle. […] qui signifient que le sauveur des autres s’est délivré lui-même de l’illusion du monde par la connaissance et la pitié.
Car ma connaissance de Wagner me donne la certitude que la création d’une partition était, chez lui, toujours une œuvre « d’après coup », un travail en un certain sens mécanique. […] Ceux-là sont les plus méritants : à une connaissance des motifs musicaux et de la marche du drame ils ajoutent une certaine admiration pour l’homme. […] Laissons ce soin à d’autres, et sachons bien que les Wagnériens n’ont que deux choses à faire : répandre la connaissance des idées de Wagner sur l’art, et soutenir Bayreuth. […] Quant aux livres propres à donner une connaissance générale et en même temps précise de Wagner, il n’en existe pas un seul. […] La revue a répandu les théories de Wagner développées dans ses écrits théoriques, elle a permis la connaissance de sa vie, de ses œuvres.
Les principes directeurs de la connaissance sont des idées-forces, en ce sens qu’ils entrent comme facteurs essentiels dans toute connaissance et dans toute action. […] La connaissance est, ou purement logique, quand elle se ramène à un travail abstrait de la pensée sur elle-même ; ou scientifique, quand elle est un travail de la pensée sur les phénomènes réels ; ou philosophique et métaphysique, quand elle est une spéculation de la pensée sur le fond dernier des réalités. […] Les principes de la connaissance sont inhérents à notre structure intellectuelle et cérébrale. […] La connaissance est un moyen de vouloir et de jouir dont nous avons fait ensuite une fin, par une sorte d’artifice supérieur, en le détachant, comme un tout capable de se suffire, de ce cercle sensitif et moteur dont il n’était qu’une partie, de ce déploiement de la volonté dont il n’était qu’un moment. […] Lachelier, après avoir annoncé qu’il cherchait la démonstration des causes finales dans la constitution même de la conscience et dans les conditions a priori de toute connaissance, finit-il par avouer que l’affirmation des causes finales est un acte « non de connaissance, mais de volonté. » Or, on peut appliquer à cette nouvelle démonstration des causes finales par la volonté le reproche de pétition de principe que M.
Arnauld contredise. » Sur la religion, les solitaires de Port-Royal ne s’en rapportaient qu’à eux-mêmes ; mais au regard de ce qu’ils appelaient la philosophie humaine, c’est-à-dire la connaissance du vrai et du faux par la science, ils étaient cartésiens. […] L’intérêt de cette recherche est tout métaphysique : ou, s’il est pratique, c’est seulement pour un petit nombre d’esprits, trop attachés à la terre pour pouvoir s’élever à ces connaissances sans le secours ou plutôt sans la violence de la logique. […] Sans doute ; mais pour les deux théologiens, la philosophie n’a été qu’une connaissance accessoire, et pour Leibniz, est-il certain qu’il n’ait pas été chrétien à la façon de Descartes, plus par le respect que par la foi ? […] Une profonde connaissance de l’homme se révèle dons la diversité des tours qu’emploie Pascal, pour se décharger sur le père jésuite de ce qu’il y a de plus dur, dans l’accusation qu’il dresse contre la société. […] Pour quelques-uns d’entre nous, ce père pourrait bien être une ancienne connaissance.
Son économie lui permet de se conduire avec ses amis selon sa manière de voir en cela, quand les circonstances le demandent ; et ses simples connaissances le trouvent prompt à rendre… » (Ici une lacune.) […] « Dès le commencement j’ai désiré être fixé, non pas pour ne plus voir Paris où j’avais alors mes parents, mais pour avoir un point fixe, des habitudes constantes, des connaissances ou peut-être des amis pour toujours. […] « Préférerai-je la proximité de Paris, les facilités de tout genre qui en résultent, et l’avantage d’avoir ses premières connaissances auprès de soi ? […] Il y a dans ce village un château, une grande manufacture et un pasteur estimable ; nous pourrons donc avoir des connaissances un jour, quand le bonheur ne nous suffira plus.
J’ai pris Fénelon dans le Traité de l’existence de Dieu, et Bossuet dans le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même ; et, sans chercher à approfondir la différence (s’il en est) de la doctrine, j’ai senti avant tout celle des caractères et des génies. Fénelon, on le sait, commence par demander ses preuves de l’existence de Dieu à l’aspect général de l’univers, au spectacle des merveilles qui éclatent dans tous les ordres ; les astres, les éléments divers, la structure du corps humain, tout lui est un chemin pour s’élever de la contemplation de l’œuvre et de l’admiration de l’art à la connaissance de l’ouvrier. […] Quand même, dans son Traité de la connaissance de Dieu, le grand prélat ne s’adresserait pas au jeune Dauphin, son élève, et quand il parlerait à un lecteur quelconque, il ne ferait pas autrement. […] « Il est bon, s’écrie-t-il, d’être lassé et fatigué par l’inutile recherche du vrai bien, afin de tendre les bras au Libérateur. » On n’a jamais mieux fait sentir que lui ce que c’est que la foi ; la foi parfaite, c’est « Dieu sensible au cœur, non à la raison. — Qu’il y a loin, dit-il, de la connaissance de Dieu à l’aimer !
Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société. Mais ces connaissances ne sont encore que générales, il vous en faut de plus particulières. […] Cette connaissance, cette méditation profonde, vous donnera le plan et le dessein de votre ouvrage ; alors il en est temps, prenez la plume. Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires.
Il nous semble qu’on a vanté trop exclusivement son Petit Carême : l’auteur y montre, sans doute, une grande connaissance du cœur humain, des vues fines sur les vices des cours, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité ; mais il y a certainement une éloquence plus pleine, un style plus hardi, des mouvements plus pathétiques et des pensées plus profondes dans quelques-uns de ses autres sermons, tels que ceux sur la mort, sur l’impénitence finale, sur le petit nombre des élus, sur la mort du pécheur, sur la nécessité d’un avenir, sur la passion de Jésus-Christ. […] Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.
Il n’a jamais parlé d’une connaissance superficielle de la vertu. […] Ce sont ceux-ci seulement qui sont dignes, non seulement de la connaissance, mais de la recherche de la connaissance. […] La psychologie, c’est la connaissance de l’âme. […] Mais qu’est-ce que c’est que la connaissance des affaires publiques ? C’est la connaissance de ce qui peut mener à bien les destinées d’un peuple.
Si les écrivains que nous venons de nommer n’ont à aucun degré le pédantisme de la réalité, ils n’en possèdent pas moins la connaissance la plus sûre. […] À ma connaissance le chef-d’œuvre de la rétrospection, — de la rétrospection en acte : point de fiction d’une confidence adressée à qui que ce soit — et combien le livre y gagne en pressante âpreté ! […] Simultanéité stricte, constante, de l’amour et de la connaissance de soi, — voilà, du point de vue historique pourrait-on dire, la suprême originalité de ce livre. […] Plus émouvant même que chez Proust, cet instinct de connaissance chez Rivière parce que chez lui le désintéressement ne se doublait jamais de détachement ; chez lui l’instinct de connaissance était toujours une passion (II l’est souvent chez Proust, mais parfois aussi il se ramène à un magistral exercice). « C’est la passion de la connaissance qui m’anime, la seule qui soit vraiment impieip ». […] Doué à un tel degré de l’instinct de connaissance, et sachant à travers lui — dans l’absolu de la connaissance, et d’une connaissance qui différencie — rejoindre l’acmé de « sa perfection abstraite », il n’y a rien de surprenant à ce que Rivière nous paraisse parfois admettre la possibilité d’une connaissance exhaustive de soi-même.
Une autre ambiguïté du mot conscience, c’est qu’il désigne tantôt une série de faits et d’événements, un contenu, tantôt une certaine manière de connaître, un acte de connaissance. Or, comme acte de connaissance, la conscience peut fort bien dépasser son contenu actuel pour concevoir un autre contenu possible ; elle peut même concevoir négativement quelque chose d’autre que la totalité de son contenu. […] Un coup qu’un autre nous donne, un objet qu’il nous enlève, nous fait faire tout de suite connaissance avec un ordre de phénomènes qui dépend si peu de nos désirs qu’il les contrarie : c’est le non-moi ; et ce non-moi ne reste pas à l’état d’entité métaphysique, abstraite, car il a la forme, par exemple, d’un homme qui nous frappe ou qui nous prend notre morceau de pain, d’un animal qui nous mord, etc.
En un mot, M. de Saint-Martin mérite une étude ou du moins une première connaissance, même de la part des profanes comme nous qui n’aspirent point à pénétrer dans ce qu’il a d’obscur, d’occulte et de réservé, dit-on, aux seuls initiés. […] Il me fit quelques questions auxquelles je répondis de mon mieux selon les faibles connaissances que j’avais ; il fut content néanmoins, et dans peu de jours on m’ouvrit toutes les portes que je pouvais désirer. […] » Il reconnaît d’ailleurs avoir eu des obligations inexprimables à Martinez de Pasqualis, qu’il appelle un homme extraordinaire pour les lumières, « le seul homme vivant de sa connaissance dont il n’ait pas fait le tour ». […] L’âge mur, celui des vastes et profondes connaissances ? […] Je ne prétends point flatter ici Saint-Martin et je tiens à le montrer tel que je le conçois et qu’il m’apparaît après une longue connaissance plutôt qu’après une étude bien régulière.
Un des dignes amis, témoins de ses derniers instants, écrivait à un autre ami peu de jours après sa mort : « Je ne sais si vous avez connaissance d’un fait bien remarquable qui a empreint d’un sceau de douleur l’un des derniers jours que Manuel a passés en ce monde. […] L’ancien professeur de littérature grecque a trouvé, à tout moment, l’occasion d’utiliser et de monnayer la connaissance exacte qu’il a de l’Antiquité. […] En. un mot, le goût seul ne suffit plus désormais, et il est bon qu’il y ait la connaissance et l’intelligence des choses. […] Est-ce que vous croyez que la connaissance de la vie, des voyages, des romans en Pologne, des chimères et des rêves de Bernardin de Saint-Pierre, est inutile à l’intelligence complète de son pur chef-d’œuvre, et à son explication satisfaisante sur tous les points ? […] Il y a mis tout son fonds varié de connaissances et y a tourné tout son talent.
En transformant dans ses romans les personnages de sa connaissance en héros et en princes, Mlle de Scudéry croyait ne pas sortir de sa maison. […] Ce qui nous frappe chez elle à première vue, c’est qu’elle prend tous les personnages de sa connaissance et de sa société, les travestit en Romains, en Grecs, en Persans, en Carthaginois, et leur fait jouer quant aux principaux événements le même rôle à peu près qui leur est assigné dans l’histoire, tout en les faisant causer et penser comme elle les voyait au Marais. […] Si elle rencontre un personnage historique, elle le met à l’unisson des gens de sa connaissance ; elle nous dira de Brutus, de celui qui condamna ses fils et qui chassa les Tarquins, qu’il était né « avec le plus galant, le plus doux et le plus agréable esprit du monde » ; et du poète Alcée, elle dira que c’était « un garçon adroit, plein d’esprit et grand intrigueur ». […] Et puis, décrire de la sorte ses amis et connaissances tout au long, et leur maison de ville et leur maison de campagne, cela servait, tout en les flattant, à faire des pages et à grossir le volume. […] Ce costume de mascarade était d’emprunt : ce qui lui était essentiel et propre, c’était la façon d’observer et de peindre le monde d’alentour, de saisir au passage les gens de sa connaissance, et de les introduire tout vifs dans ses romans, en les faisant converser avec esprit et finesse.
et de l’argent »67 ; je ne saurais calculer ce que vaut — valeur marchande — la parfaite connaissance de l’anglais, de l’allemand ou de l’espagnol ; ma vocation est de défendre, par des œuvres ou par des traités, la beauté et l’intégrité de la langue française, et de signaler les écueils vers lesquels des mains maladroites dirigent la nef glorieuse. […] La connaissance d’une langue étrangère est en général un danger grave pour la pureté de l’élocution et peut-être aussi pour la pureté de la pensée.
En 1772, il entra en licence à la faculté de Paris, et, tout en amassant des connaissances, non moins avide de les répandre et de les voir se réfléchir en autrui, il ouvrit des cours qui eurent beaucoup de succès. […] Avec quelle perfection il expose l’enchaînement des connaissances acquises ! […] Ainsi dans l’éloge du médecin portugais Sanchez, il le montre ne puisant à l’université de Coïmbre ou même à celle de Salamanque que des connaissances incomplètes : Il n’y avait point trouvé, dit-il, cet enseignement dont la précision peut seule satisfaire un esprit juste. […] À les lire aujourd’hui, on a besoin, pour en comprendre tout le succès, de se replacer en scène, au vrai point de vue, et de se représenter cet auditoire mobile, sensible aux moindres allusions, avide de connaissances faciles, riche d’espérances en tout genre, des plus complaisants à l’admiration, et qui savait très bien s’éprendre d’une correction ornée à défaut d’une plus haute éloquence.
. : cette conspiration, c’est la future philosophie de l’histoire, qui ne doit plus être, comme celle de l’âge héroïque, antérieure, mais postérieure à la connaissance scientifique des faits sociaux. […] Il semble qu’on ne puisse actuellement constituer de science sociale qu’à la condition de décomposer l’histoire, c’est-à-dire d’isoler ses « facteurs » pour pousser aussi loin qu’il est possible la connaissance de leurs formes propres, de leurs conséquences et de leurs causes. […] Si nous réussissions à y répondre, en même temps que nous aurions contribué à la connaissance scientifique d’une des idées sociales les plus actives, nous aurions prouvé, par un exemple et non plus seulement par des considérations de méthode, la spécificité de la sociologie.
Chez les Grecs, le temps de Photius et de Léon le philosophe, ou le neuvième siècle, fut le temps le plus célèbre pour les connaissances ; mais les crimes du palais, la superstition du schisme, la petitesse du gouvernement et les fureurs scolastiques étouffèrent tout. […] Il y eut pourtant, à travers ces ravages, quelques éclairs de connaissances. […] Ce n’est que par degrés que le goût vient les polir ; et quand ce goût est arrivé, ils ont déjà assez de connaissances et assez d’art pour substituer des beautés grandes et correctes, à ces premières beautés inexactes, mais fières.
Le monde de la connaissance, dit Schopenhauer, n’existerait plus si cette sorte d’objets qu’on appelle cerveaux « ne pullulaient sans cesse, pareils à des champignons, pour recevoir le monde prêt à sombrer dans le néant et se renvoyer entre eux, comme un ballon, cette grande image identique en tous, dont ils expriment l’identité par le mot d’objet ». Le monde, conclut Schopenhauer, l’objet de la connaissance, c’est « ma représentation » ; l’étendue, le temps, la causalité, ma pensée les met dans le monde, organise le chaos des phénomènes selon sa propre loi et prononce le fiat lux.
Il est aussi déraisonnable d’exiger de tous la connaissance de l’orthographe que la connaissance du contre-point ou de l’anatomie comparée.
Et qu’il y a dans ce pathétique infiniment plus et autrement que dans cette critique une connaissance, un approfondissement de la nature, de la réalité de l’homme et de la fatalité. […] Il y faut aussi la connaissance du passé, et des sociétés, et de l’homme. […] En ce point intermédiaire entre l’homme et le monde, en ce point intermédiaire entre l’esprit et la réalité, en ce point intermédiaire où s’établit la liaison entre l’armée de secours et littéralement le secours propre de la place, en ce point s’opère pour Descartes la connaissance de la vérité. Et il ne faut point douter que pour lui elle ne s’opère absolument et que cette connaissance de la vérité ne soit absolue. […] Peut-être que s’il n’eût point eu une certaine expérience des cieux il n’eût point eu aussi aisément une telle connaissance de l’événement des cieux.
Une connaissance du passé aussi précise, aussi complète que possible. […] Cela serait triste ; heureusement, il est certain que la connaissance du passé peut servir au présent et à l’avenir, et même qu’il doit s’en dégager des leçons de haute valeur.
Bien que sans autres titres que ma connaissance familière des œuvres de ces jeunes écrivains, je me sens poussé par l’indignation en face des injures ineptes où sont en but de sympathiques et consciencieux artistes à écrire quelques lignes de vérité. […] Les poètes Je ne veux pas parler dans cette mince brochure que des Auteurs de volumes ou de plaquettes, auxquels le lecteur, désireux comme je l’espère de faire plus ample connaissance avec des écrivains si diversement appréciés, pourra être renvoyé ; il me semble, en effet, difficile et souverainement inutile de porter un jugement quelconque sur des personnalités dont les prétentions littéraires ne s’étayent pas sur le moindre écrit.