Elle ne chanta plus, elle parla, d’une voix précise, mais lointaine, comme atténuée. […] Il enlumine les missels d’un vieil évangile, d’un commentaire vivant, où prient des recluses, de scolies, où chante un contemplateur. […] Il chante aussi avec luxe, variété et précision tout ce qui se mange et tout ce qui se boit. […] Les poètes voulaient de la vie, rapide et fruste, et ils chantaient le vin des aïeux, le vin de l’ouvrier, presque le vin du trimardeur. […] Coppée, parti des vers de Sainte-Beuve, non sans rapport avec Brizeux, chantait les Humbles et tentait l’épopée familière, que M.
Il chante comme il respire, sans que sa volonté intervienne. […] Béranger chantait la patrie et maudissait l’invasion ; Lamartine chantait l’amour, tel que l’avaient compris toutes les femmes en lisant les lettres ardentes de Julie d’Étange. […] Respirer, pour moi c’est chanter ; vivre, c’est inventer. […] Lorsqu’elle chantait des couplets mal rimés, elle n’était qu’une femme ; inspirée de M. […] Chantons en chœur : Gloria in excelsis.
Des villes d’Italie où j’osai, jeune et svelte, Parmi ces hommes bruns montrer l’œil bleu d’un Celte, J'arrivais, plein des feux de leur volcan sacré, Mûri par leur soleil, de leurs arts enivré ; Mais, dès que je sentis, ô ma terre natale, L'odeur qui des genêts et des landes s’exhale, Lorsque je vis le flux, le reflux de la mer, Et les tristes sapins se balancer dans l’air, Adieu les orangers, les marbres de Carrare, Mon instinct l’emporta, je redevins barbare, Et j’oubliai les noms des antiques héros, Pour chanter les combats des loups et des taureaux !
Dans le midi, on vit au jour le jour ; la présence du soleil, des travaux peu pénible et jamais interrompus, des sensations toujours en éveil, ne permettent pas les longues espérances ni les longues inquiétudes : on y jouit précisément de cette liberté d’esprit si propice à l’essor de l’imagination ; c’est là que devaient et que seulement pouvaient naître ces poètes aimables, qui chantaient les douceurs du rien faire, la jouissance du présent et l’oubli du lendemain.
. — Si Alphonse Daudet n’est pas resté attaché à la forme du vers, du moins il n’a pas à désavouer sa tentative, il a mis la subtile empreinte de ses premières années sur ces chansons inconsciemment chantées.
Les vers chantés dans ses opéras-comiques sont très travaillés.
Abraham, Isaac, Jacob, Rebecca, et vous tous, enfants de l’Orient, rois, patriarches, aïeux de Jésus-Christ, chantez l’antique alliance de Dieu et des hommes !
Il ne parlait plus alors, il chantait et il parlait à la fois ; lyrique comme l’ode, dramatique comme la scène, législateur comme la loi, pathétique surtout comme le cœur humain à nu sur la tribune. […] Pendant que les femmes et les enfants jouaient dans le verger, nous goûtâmes Hugo, Nodier et moi, l’ombre des bois, le frisson du vent, la fraîcheur des sources, les silences de la vallée, le balbutiement des vers futurs qui dormaient et qui chantaient en rêvant en nous comme les enfants des deux jeunes mères sur leurs genoux. […] XXXI Il y eut en ce temps-là un autre grand poète, Alfred de Vigny, qui chanta sur des modes nouveaux des poèmes non priùs audita en France. […] Un poète qui chante, un pontife qui prie ? […] » « Celui-là chanta Dieu, les idoles le tuent !
C’est-à-dire que vous voulez qu’on chante à la maniere française quand on est vexé ? […] Toujours invité, toujours pressé, & toujours des occasions de chanter. […] Un repas se passe à disserter, & il n’y a pas un pauvre petit quart-d’heure pour celui qui voudroit chanter. […] On dit qu’on ne chante plus, parce qu’on n’est plus heureux…. […] C’est précisément selon le conseil d’Horace, le moment de chanter, lorsqu’on est dans la peine.
Il apprit par une dure expérience à chanter l’une des plus grandes douleurs de son siècle, l’une de celles qui furent le plus profondément senties par l’élite de ses contemporains. […] À moitié baigné par l’ombre, à demi éclairé par les rayons de lune, le rossignol chante et son chant s’élance avec le ruissellement des flots ou l’ardeur de la flamme. […] Ce malheureux Sacre chanté par les trois plus grands poètes du siècle, Hugo, Soumet et Lamartine, n’a vraiment inspiré que les muses à demi railleuses de Béranger, Pierre Lebrun, Mme Tastu. […] Toutes les voix chantent ou soupirent dans ces odes tout s’anime, tout se passionne dans l’univers à l’appel du maître lyrique : l’étoile dialogue avec la source, la vague consulte le rivage, la foudre interroge l’aquilon. […] Un oiseau de tendresse et de mélancolie S’y pose pour chanter sur le rameau qui plie.
Une âme se chante avec fidélité. […] Et la lumière dont il est pénétré, supprimant toute ombre et toute hésitation, lui donne cette dureté limpide, semblable à celle des pierreries qu’il chante. […] Et soudain l’immense vague ravissante par quoi tous sont emportés, la mélodie comme une pluie violente et fragile, la mélodie qui chante avec une rapide voix. […] Elle me délivre comme les larmes. — Le rideau levé, c’est toute la sainte Russie qui chante avec ses cloches et ses prières. […] Elle chante, solitaire, un amour infini.
C’est le même morceau qu’ils chantent ensemble, et dans tel passage le choriste est l’égal du chef ; mais ce n’est que dans un passage. […] Un instant après, le nain, l’eunuque et l’androgyne de la maison entonnent une sorte d’intermède païen et fantastique ; ils chantent en vers bizarres les métamorphoses de l’androgyne qui d’abord fut l’âme de Pythagore. […] Blessé d’un désir soudain, Volpone se déguise en charlatan, et va chanter sous les fenêtres avec une verve d’opérateur ; car il est comédien par nature, en véritable Italien, parent de Scaramouche, aussi bien sur la place publique que dans sa maison. […] Dans son transport, il chante une chanson d’amour ; la volupté aboutit chez lui à la poésie ; car la poésie est alors en Italie la fleur du vice. […] Nous boirons dans l’or et l’ambre travaillés, Jusqu’à ce que mon toit tourne autour de nos têtes Emporté par le vertige ; et mon nain dansera, Mon eunuque chantera, mon bouffon fera des mines, Pendant que, sous des formes empruntées, nous jouerons les contes d’Ovide, Toi comme Europe d’abord, et moi comme Jupiter, Puis moi comme Mars, et toi comme Érycine, Le reste ensuite jusqu’à ce que nous ayons parcouru Et fatigué toutes les fables des dieux149.
Tu dis la vérité, me répondit-il ; et comme il était fort gai, il se mit à rire et à chanter ; et en riant et en chantant, nous arrivâmes à Rome. […] Pendant qu’il chantait, deux d’entre elles, voisines de mon beau jeune homme, ne cessaient de babiller : l’une lui demandait depuis quand elle allait dans le monde ? […] J’y trouvais un si grand plaisir, que j’oubliais entièrement tout ce que j’avais souffert ; et, tout le jour, je chantais des psaumes ou des cantiques à sa gloire. […] Tantôt je chantais ou je priais, tantôt j’écrivais avec ma brique et l’encre dont j’ai parlé ; et je commençai, sur ma captivité, des vers que l’on verra plus bas. […] Dès que je fus seul, je chantai un Miserere, un De profundis, et le cantique In te, Domine, speravi.
Les Océanides étaient parentes de Prométhée, qui avait épousé leur sœur Hésione ; elles avaient chanté, comme elles le rappelleront gracieusement plus tard, l’hymne d’hyménée, le soir de ses noces. […] Jamais leur volonté ne prévaudra contre l’ordre établi par Zeus. » — Les Muses de l’Hymne Homérique ne regardent pas notre espèce, du haut de l’Olympe, avec un mépris plus superbe, lorsque « se répondant avec leurs belles voix elles chantent le bonheur éternel des Dieux et les misères infinies des hommes, lesquels, ainsi qu’il plaît aux Immortels, vivent insensés et impuissants, et ne peuvent trouver un remède à la mort, ni une défense contre la vieillesse. » — Mais aux reproches des Océanides, Prométhée répond par un mot qui le met au-dessus des dieux : — « J’ai eu pitié des hommes ; c’est pourquoi on n’a pas eu pitié de moi. » — Mot sublime qui rattache son cœur d’Immortel aux entrailles humaines, qui rassemble en lui pathétiquement deux natures, et qui fait du Titan souffrant l’image prophétique du Rédempteur à venir. […] On retrouve déjà chez les Aryens, ses ancêtres, la croyance que le Ciel change comme la terre, qu’il a ses avènements et ses décadences, et que des dynasties divines s’y succèdent dans le cours des temps. — « Chantons », — dit un Hymne du Rig-Veda — « les naissances des dieux qui, célébrés par nos voix, verront le jour dans l’âge à venir. […] Ces dieux, qu’il chantait et qu’il adorait, le Grec sentait vaguement qu’il les avait faits, qu’il les avait tirés de sa conscience plus ou moins lucide des lois de la vie, qu’ils n’étaient en somme que les figures idéales des rêves de sa pensée et des éblouissements de ses sens. […] Parentes plus proches encore de Prométhée, païennes comme lui par la race, chrétiennes par l’esprit, les Sibylles surgissent entre les Prophètes. — La Delphica, belle comme une Muse, prédit le Sauveur par la voix de l’Apollon lyrique qui chante encore dans son sein, l’Erythrea au repos attend qu’un Génie ait rallumé sa lampe, pour voir plus clair dans ses feuillets sibyllins.
On sçait seulement que c’étoit un misérable aveugle qui alloit chanter les fruits de sa muse dans les villages & les hameaux. […] Dans le premier, Homere chante les fureurs d’Achille qui se fâche pour une femme, & abandonne les Grecs armés pour ravoit cette femme. […] Nous ne pouvons juger que très-difficilement de la beauté des Odes de Pindare ; elles étoient faites pour être chantées sur la Lyre, & toute Poésie qui est faite pour le chant, & qui ne s’y peut plus mettre, a déjà perdu la moitié de son prix. […] Il chante, à l’exemple de Pindare, les Dieux, les Héros & les Combats ; il badine avec Anacréon, ou emprunte de la lyre de Sapho, des sons tendres & touchans pour célébrer les charmes de Glycere & les douceurs de la vie champêtre. […] C’est à ce Poëte que nous sommes redevables de ces belles Hymnes qui se chantent dans plusieurs Diocèses du Royaume.
En voici une, par exemple, qui s’appelle la Nature et l’Amour, et qui chante, non sans charme parfois, la nature vue par des yeux heureux. Mais on nous fait remarquer, dès les premiers vers, qu’il y a là une nouveauté intéressante et que les poètes antérieurs ont tous chanté la nature consolatrice des douleurs. […] Elle réitère : « Ce n’est pas la nature », et chante un hymne à la nature. […] Au Fil de soie l’étudiera sous le second Empire, et Au Balcon fleuri chantera le commerce actuel. […] La première partie du roman chante une enfance de petite fille.
D’autres fois, l’élégant admirateur de l’antiquité classique consacrait ses loisirs à chanter, dans un grand poême, la Grèce, cette patrie de tous les esprits cultivés, et il préludait ainsi à un mouvement à la fois littéraire et politique qui devait se dessiner avec éclat sous la restauration. […] Casimir Delavigne, qui chantait le roi de Rome dès 1813, vient d’atteindre sa vingt et unième année. […] Il a de sublimes transports et d’ineffables mélancolies, non pas de ces mélancolies d’Horace qui, spiritualisant le matérialisme, pour ainsi dire, rappelait au milieu des joies des banquets la pensée de la mort, et chantait à Leucothoé les roses éphémères, afin de faire du néant des choses humaines une nouvelle volupté, et du terme de tous les plaisirs un plaisir de plus. […] L’immense succès littéraire des Méditations a ouvert à M. de Lamartine les avenues de la carrière diplomatique ; il est attaché à la légation de Toscane, et va revoir ce beau ciel d’Italie qu’il a déjà chanté. […] M. de Lamartine ne chante pas la mort de Socrate, il la récite.
On recueillait ses mots ; les « philosophes » chantaient ses louanges, et l’académicien Thomas écrivit en son honneur un poème épique, la Pétréide. […] On chantait des chœurs et des chansons, on récitait des fables et des poésies, on représentait des drames. […] J’ai feuilleté ce matin, ma cousine, les Nouvelles chansons à dire et à chanter du bon Nadaud. […] Et c’est pourquoi Amiati chantait des chants patriotiques et des couplets sur les réformes de l’enseignement. […] Elle a chanté ces choses-là pendant dix-huit années, la bonne Amiati.
Chateaubriand a chanté la gloire douloureuse de la mélancolie et de l’ennui. […] Non, c’est la voix de l’eau qui chante. […] Cette voix mystérieuse chante d’une manière permanente le remède universel dans l’œuvre de Dupont. […] Ainsi que beaucoup de personnes, j’ai souvent entendu Pierre Dupont chanter lui-même ses œuvres, et comme elles, je pense que nul ne les a mieux chantées. […] Voulez-vous affirmer que celui qui a chanté la gloire était, par cela même, inapte à célébrer l’amour ?
« Il tourna la tête, et vit venir par le sentier un petit Savoyard d’une dizaine d’années qui chantait, sa vielle au flanc et sa boîte à marmotte sur le dos. […] Cela vole, chante et plane, et lui, il râle. […] Madeleine désire la racheter d’eux : faire chanter la nature, c’est le chef-d’œuvre des avares et des scélérats, c’est la question donnée aux cœurs d’une mère et d’un père. […] Un effluve de l’ouragan divin se détache et vient passer à travers les hommes, et ils tressaillent, et l’un chante le chant suprême, et l’autre pousse le cri terrible.
Un court cantique chanté par la paroisse et un autre chœur de la cathédrale terminèrent la cérémonie officielle. […] La chaleur brûlante des tropiques et la couleur noire du teint semblèrent inséparables. « Les Éthiopiens », chantait l’ancien poète tragique Théodecte de Phasélis, “doivent au dieu du soleil, qui s’approche d’eux dans sa course, le sombre éclat de la suie dont il colore leurs corps”. […] Puis vient Lucrèce qui chante la nature, son dieu. […] Les oiseaux du ciel chantent sous le feuillage.
J’entendis, quand j’étais jeune, les chansons des voyages polaires ; je fus bercé au souvenir des glaces flottantes, des mers brumeuses semblables à du lait, des îles peuplées d’oiseaux qui chantent à leurs heures et qui, prenant leur volée tous ensemble, obscurcissent le ciel. […] On y chantait des cantiques dont je me souviens encore : « Salut, étoile de la mer, … reine de ceux qui gémissent en cette vallée de larmes i » ; ou bien : « Rose mystique, Tour d’ivoire, Maison d’or, Étoile du matin… » Tiens, déesse, quand je me rappelle ces chants, mon cœur se fond, je deviens presque apostat. […] Maintenant encore, je ne peux pas entendre chanter. […] Il était partisan de l’ancien genre, de la complainte narrative, et il se mit à me chanter celle qu’il tenait pour la plus belle.
On aime à rejoindre ces détails sur le Bossuet de la fin et sur son bel organe, éclatant une dernière fois, avec ce que le même biographe nous a dit de lui dans sa jeunesse, quand il nous le montre affectionné à chanter l’office de l’Église et les psaumes : « Il avait la voix douce, sonore, flexible, mais aussi ferme et mâle. […] Bossuet, durant toute sa vie, avait lu et aimé les psaumes ; mais ce premier temps où, chanoine, âgé de treize ans à peine, il les chantait de sa voix pure et peut-être avec larmes aux offices du chœur à Metz, lui revenait plus tendrement dans ses derniers jours.
Halévy, chantée par M. […] Auber, chantée par Mme Marie Cabel.
Frappé dans ses joies de famille, dans ses affections profondes, il a gémi ; il n’a pas seulement prié, il a chanté : écoutez ce chant imprévu qui révèle dans cette âme de lutte et de combat des sources vives de tendresse : Je ne suis plus celui qui, charmé d’être au monde, En ses âpres chemins avançait sans les voir ; Mon cœur n’est plus ce cœur surabondant d’espoir, D’où la vie en chansons jaillissait comme une onde. […] qui sous un ciel de fête, Quand l’orgue chantait moins que mon cœur triomphant, Du pied de vos autels emmenai cette enfant, Le bouquet d’oranger au sein et sur la tête ?
Il chante Arpajon et les bords de l’Orge, témoins des serments, et les bosquets de Romainville où les lilas lui disaient d’espérer. […] Ces contrées qu’il venait presque de maudire, où la haine l’a poursuivi, où le rossignol ne chante pas, il veut tout d’un coup les revoir.
Arrivé en présence de Sa Majesté, il jetait son manteau par terre, et il chantait une chanson bien propre à mettre ses partenaires en émoi. […] À la page 6 de l’imprimé, on lit : « Flore sera représentée par la gentille et jolie Louise-Gabrielle Locatelli, dite Lucile, qui, avec sa vivacité, fera connaître qu’elle est une vraie lumière de l’harmonie. » À la page 7 : « Cette scène sera chantée, et Thétis sera représentée par la signora Giulia Gabrielli, nommée Diane, laquelle à merveille fera connaître sa colère et son amour. » Même page : « Le prologue de cette pièce sera exécuté par la très excellente Marguerite Bertolazzi, dont la voix est si ravissante, que je ne puis la louer assez dignement. » Une scène est suivie de cette note : « Cette scène sera toute sans musique, mais si bien dite qu’elle fera presque oublier l’harmonie passée. » 34.
la vie sauvage trouvent aussitôt mille poètes et prosateurs pour la décrire et la chanter. […] Les Parnassiens, nous le rappelions tout à l’heure, prennent le contre-pied des grands poètes qui les ont précédés ; avec Banville, ils s’amusent à parodier le lyrisme ou ramènent d’exil les dieux et les déesses de l’Olympe ; avec Leconte de Lisle, au risque de n’atteindre qu’une petite élite d’initiés, ils refusent de troubler la sérénité de leurs vers par des plaintes oratoires et des élans de sensibilité ; avec Baudelaire, ils recherchent le paradoxe, l’étrange, l’artificiel ; avec Coppée, ils décrivent un coin de banlieue ou content les malheurs d’un petit épicier ; avec Maxime Ducamp ou Sully Prudhomme, ils chantent les miracles de l’industrie ou de la science.
Il faut qu’éternellement nous chantions « le chant dont le nom est : Encore une fois, dont le sens est : Dans toute éternité ! […] « Toute joie veut l’éternité, — veut la profonde éternité. » Et Nietzsche, « ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux, — l’anneau du devenir et du retour », chante son amour en une danse vertigineuse.
Les titres des ouvrages de piété portèrent la même marque que les hymnes chantées au lutrin et les traités de théologie élaborés au fond des cloîtres. […] C’est un recueil de pieuses réflexions sur les hymnes commençant par la lettre O et qui se chantent au temps de l’Avent.
Les pèlerins chantaient : O Roma nobilis, orbis et domina, Cunctarum urbium excellentissima, Roseo martyrum sanguine rubea, Albis et virginum liliis candida, Salutem dicimus tibi per omnia, Te benedicimus, salve ! […] Quand ils s’adressent à l’humanité et qu’ils chantent un thème universel, comme Leopardi, ou quand ils se confinent dans la satire, comme Giusti, ou même dans le dialecte d’une province, comme Porta, Belli et Brofferio, c’est toujours l’Italie nouvelle qui palpite en eux ; et ce cri de douleur et d’espérance retentira longtemps encore, avec Rossetti, Mameli, Poerio, Mercantini, Zanella, jusqu’au jour où le roi Victor-Emmanuel y répondra.
Ce seront quelques mots de la prière des frères Arvales, de cette courte antienne qu’à certains jours, au sortir du temple, après avoir prié les dieux du foyer et frotté d’huile leurs images, les laboureurs romains chantaient en dansant, répétant trois fois chaque verset : « Ô Dieux lares, soyez-nous en aide ! […] Cicéron, studieux amateur de l’ancienne poésie de Rome, parle des hymnes, des éloges en vers chantés aux repas funèbres et conservés dans le pieux souvenir des familles, à la suite des obsèques de quelques grands citoyens.
Hier soir, je chantais chez moi et tous accoururent du Casino. […] Je chante et ma voix produit son effet habituel. […] Au lieu de le supplier qu’il chante et de m’extasier, je déclarai que je ne demandais jamais rien et que si l’envie lui prenait de chanter, il chanterait bien tout seul. Il a chanté comme un ange. […] À côté de cette perfection on voyait ce que je ne verrai sans doute plus jamais : une Marguerite qui ne chantait pas.
L’Église chante : « Dic nobis, Maria… Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu sur le chemin ? […] Les crapauds chantent. […] La Garonne marque la frontière de ces bouviers antiques qui chantaient la mort de Daphnis et qu’entendirent Théocrite et Moschus. […] Nous sommes un peuple médiocrement musical et qui ne chante pas volontiers. […] Nous entendrons toujours, sur ces perfides eaux bleues, chanter les Sirènes.
Depuis lors, il est vrai, il a vu Rome, il s’est bercé au golfe de Baïa ; mais il vient un peu tard pour redire ce que les Méditations ont chanté.
Il chanta le grenier dans érotisme ; il aiguisa, polit, compassa et lima, avec un bonheur et une recherche dignes d’Horace, son épicuréisme bourgeois et de commande.
Art et philosophie : les vers, savants et froids, ne chantent pas ; les pensées, niant, ne créent pas.
S’ils font vibrer en nous plusieurs des fibres les plus essentielles de l’âme, c’est parce que, pénétrant loin sous les sentiments émoussés dont nous revêtons d’habitude les plus humains de nos désirs, ils chantent l’hymne de la Nature raillant l’inconnaissable.
Un Orphée jouant de sa lyre entra sur le théâtre, suivi d’un chien, d’un chat, d’un chameau, d’un ours, d’un mouton, et de plusieurs animaux sauvages, lesquels avaient délaissé leur nature farouche et cruelle en l’oyant chanter de sa lyre.
Si au contraire vous chantez l’âge moderne, vous serez obligé de bannir la vérité de votre ouvrage et de vous jeter à la fois dans le beau idéal moral et dans le beau idéal physique.
Il prit l’enfant et chanta cette chanson : « Ô mon neveu amuse-toi !
Quand un chuchotement court ainsi dans le peuple, toutes les voix officielles crient inutilement ; la nation a rencontré son poëme, elle bouche ses oreilles aux importuns qui tâchent de l’en distraire, et bientôt elle le chantera de toute sa voix et de tout son cœur. […] Lorsqu’on le mit au pilori, quelques-uns de ses disciples se mirent à chanter, à pleurer, à frapper leur poitrine ; d’autres baisaient ses mains, se couchaient sur son sein et baisaient ses blessures398. […] Et plusieurs vinrent à leur rencontre avec des harpes et des couronnes, et leur donnèrent les harpes pour chanter les louanges et les couronnes en signe d’honneur. […] Les rues aussi étaient pavées d’or, et beaucoup d’hommes y marchaient avec des couronnes sur leurs têtes, des palmes dans les mains, des harpes d’or pour chanter des louanges. […] « Le nommé John Denis est fouetté en public pour avoir chanté une chanson profane.
Et la musique des cheveux blancs fut, paraît-il, plus belle encore que celle des cheveux blonds. « … Depuis ce jour, nous importunions souvent notre tante pour qu’elle laissât dépouiller par nos mains son beau front… » Et il ajoute que la destinée idéale pour un poète, ce serait de faire, dans sa jeunesse, des vers qui rendraient le même son que les cheveux de sa sœur et, dans ses dernières années, des vers qui chanteraient comme les cheveux de sa tante… Ah ! […] La chanter, à la bonne heure. […] Il le chantait à pleine poitrine. […] Lamartine, lui, l’exprime sans effort, ou plutôt il le « chante », il l’exhale, il l’épanche en paroles splendides, et qui semblent involontaires. […] Chanter comme on respire, cela est exquis ; mais soutenir cet exercice comme il le fit, cela est fort.
Penser davantage et chanter moins, that is the question. […] Les héros du romantisme oubliaient d’être passionnés à force de chanter leur passion sur tous les modes lyriques : les personnages de M. […] On lutte contre le déluge, on s’y abandonne, mais on ne le chante pas, — à moins d’y avoir survécu. […] Mais, on doit une mention particulière à l’Eau qui chante, de M. […] Il chante moins volontiers qu’il ne peint ; et l’impression est d’autant plus durable.
On a goûté, le matin, ce qui fait l’objet d’un souvenir, et avant le soir on le raconte, on le chante. […] Il y a surtout, avant cette gloire publique, avant ce rôle d’apologiste religieux, de publiciste bourbonnien, de poète qui a chanté sa tristesse et qui s’est revêtu devant tous de sa rêverie, il y a, avant cela, trente longues années d’études, de travaux, de secrètes douleurs, de voyages et de misères ; trente années essentielles et formatrices, dont les trente suivantes ne sont que le développement ostensible et la conséquence, j’oserai dire facile. […] Le jour baisse, les petites bougies sont allumées tout contre les Heures où chacun suit l’office ; on chante le Tantum ergo : « Je voyais, dit-il, les cieux ouverts, les anges offrant notre encens et nos vœux à l’Éternel ; je courbais mon front : il n’était point encore chargé de ces ennuis qui pèsent si horriblement qu’on est tenté de ne plus relever la tête, lorsqu’on l’a inclinée au pied des autels. » Nous avons entendu dire quelquefois à certaines gens, de bonne volonté d’ailleurs, à propos de cette tristesse de plusieurs grands poètes, et de M. de Chateaubriand en particulier : « Qu’a-t-il ?
, me revient en mémoire et se met à chanter en moi153. […] La Bruyère, né pour la perfection dans un siècle qui la favorisait, n’a pas été obligé de semer ainsi ses pensées dans des ouvrages de toutes les sortes et de tous les instants ; mais plutôt il les a mises chacune à part, en saillie, sous la face apparente, et comme on piquerait sur une belle feuille blanche de riches papillons étendus. « L’homme du meilleur esprit, dit-il, est inégal… ; il entre en verve, mais il en sort : alors, s’il est sage, il parle peu, il n’écrit point… Chante-t-on avec un rhume ? […] » C’est de cette habitude, de cette nécessité de chanter avec toute espèce de voix, d’avoir de la verve à toute heure, que sont nés la plupart des défauts littéraires de notre temps.
Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) I Quoi qu’il en soit de ce vœu, comme de tant d’autres, le livre de M. de Marcellus est un des livres de jeunesse qui sont les plus doux à emporter dans son bagage de voyageur ou à feuilleter dans son âge avancé, quand on veut se donner une odeur du printemps de la vie ; on y vogue, on y change d’horizon à tous les levers de l’aurore ; on y chante à demi-voix les vers mémoratifs de ses études, on y parle la plus riche et la plus sonore des langues ; et, par-dessus tout, on y cause avec un compagnon de route toujours instruit, toujours spirituel, toujours tempéré et souriant, qui semble avoir en lui la précoce et froide sagesse du vieillard à côté des belles illusions de la vie. […] Qu’importait au monde actuel un poème épique de plus sur les exploits de Bacchus, chanté après coup par un Grec chrétien, comme un écho mort que chanterait une croyance finie ?
Il lui suffisait de les chanter et on les croyait. […] À la molle clarté de la voûte sereine Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin, Jusqu’à l’heure où la lune, en glissant vers Misène, Se perd en pâlissant dans les feux du matin… « C’est divin de mélodie, mais c’est plus vague de contour et plus amolli de ton que Chateaubriand dans la même peinture. […] Le mystère qui donne à l’écrivain le droit de dire : Je chante, lui manqua ; il ne fit jamais que parler et écrire, le chant inspiré faillit sur ses lèvres.
Madame Materna chante seulement Kundry, M. […] Une seconde Brangaene, Madame Sthamer-Andriessen, de l’Opéra de Leipzig ; Mesdames Sthamer-Andriessen et Staudigl chantent encore (dans la coulisse) les quelques mesures de l’alto solo, à la fin du premier acte de Parsifal. […] Titurel est chanté par MM.
Siegmund sera chanté par M. […] Deux amants qui perdent leurs moments à maudire le jour, à chanter la nuit et à invoquer la mort, deux amants, surtout, qui se sentent séparés par des vétilles de morale conventionnelle, lorsque leur impérieux devoir serait de propager l’espèce, c’est pour ce philosophe un spectacle absurde et essentiellement immoral. […] Georg Unger (1837-1887) avait chanté les rôles de Froh dans l’Or du Rhin, ainsi que des deux Siegfried de la création de la Tétralogie en 1876 à Bayreuth.
Mirès chanté en vers ! […] qui rit, qui chante comme un tournebroche — au fait, il n’y a plus de tournebroche aujourd’hui et l’on cuit au four — la sonnette qui vous dit de sa chanson fêlée, retour, amour, un vieil ami, une maîtresse neuve. […] » 5 juillet À Croissy. — Un oiseau qui chante par intermittences et de petites notes d’harmonie claire tombant, comme goutte à goutte, de son bec ; l’herbe pleine de fleurs et de bourdons au dos doré, et de papillons blancs et de papillons bruns ; — les hautes tiges hochant la tête sous la brise qui les courbe ; — des rayons de soleil allongés et couchés en travers du dessous de bois ; — un lierre qui enserre un chêne, pareil aux ficelles de Lilliput autour de Gulliver, et entre ses feuilles du ciel blanc, que l’on voit comme à travers des piqûres d’épingles ; — cinq coups de cloche, apportant au-dessus du fourré, l’heure des hommes et la laissant tomber sur la terre verte de mousse ; — dans la feuillée bavarde, des cris d’oiseaux, des moucherons volant et sifflant tout autour de moi ; — le bois plein d’une âme murmurante et bourdonnante ; — le ciel mollement éclairé d’un soleil dormant… Et tout cela m’ennuie comme une description.
Dans la première partie de son recueil des Héros et Pierrots, il s’enferme dans la tour d’ivoire de ses pensées, et nous donne des poésies grandes, belles, d’une ligne impeccable, dans lesquelles il chante les passions les plus hautes, mais aussi les plus personnelles.
Maurice Maeterlinck Il semble qu’avant Laforgue on n’ait jamais osé danser ni chanter sur la route de la vérité.
Au talent de rendre en vers l’amour & ses fureurs avec toute la vérité possible, elle joignoit celui de chanter admirablement & de jouer du luth.
Je fais ici comme Pindare qui chantait les dieux de la patrie, quand il n’avait rien à dire de son héros.
C’est avec la guitare sur le dos que les païsans d’une partie de l’Italie gardent leurs troupeaux et qu’ils vont travailler à la terre : ils sçavent encore chanter leurs amours dans des vers qu’ils composent sur le champ, et qu’ils accompagnent du son de leurs instrumens.
Les chansons faites il y a dix ans, et que nous avons retenuës seront chantées par la posterité.
Au moyen âge, dont l’Homère toscan (Dante) n’a chanté que des faits réels, nous voyons que Rienzi, exposant aux Romains l’oppression dans laquelle ils étaient tenus par les nobles, fut interrompu par ses sanglots et par ceux de tous les assistants.
Cependant, afin de n’omettre aucun expédient, il emploie un magicien qui fait des conjurations (sur le théâtre), évoque les esprits infernaux, et amène une ronde de petits Amours : ceux-ci dansent et chantent des chansons voluptueuses autour du lit de sainte Catherine. […] « Comme une belle tulipe opprimée par l’orage, — frissonnante, se ferme, et plie ses bras de soie pour s’endormir, — se courbe sous l’ouragan, toute pâle, et presque morte, — pendant que le vent sonore chante autour de sa tête courbée, — ainsi disparaît votre beauté voilée720. » — Quelle singulière entrée que ces concetti de Cortez qui débarque ! […] Allons, Nacki, Nacki, il faut jouer au cheval fondu, Nacki. » Et il gamine ; elle le chasse, elle l’appelle idiot, brute, elle lui dit qu’il n’y a rien de bon en lui que son argent ; il en rit, il chante : « Ah, vous ne voulez pas vous asseoir ? […] Son Mariage à la mode s’ouvre par ces vers que chante une dame mariée : « Pourquoi un sot vœu de mariage, fait il y a longtemps, nous lierait-il maintenant que notre passion est éteinte754 ? […] Et Timothée chante : il chante Bacchus, « Bacchus toujours beau, Bacchus toujours jeune ; le joyeux dieu vient en triomphe : sonnez les trompettes !
Leurs Poëtes, après un long séjour en Egypte, où ils s’étoient fait initier dans les Mystères des Dieux du pays, de retour dans leur patrie, chantèrent les premiers ces Divinités étrangères. […] Quelque ignorant ou malheureux que soit un peuple, il chante même ses malheurs ; & c’est à l’aide de la Poësie qu’il charme ses ennuis, calme ses inquiétudes, oublie sa misère, célèbre ses plaisirs, & rend hommage à la Divinité. […] Ils ont la gloire d’avoir inspiré les Muses d’Italie : ils apprirent à Pétrarque à chanter la belle Laure, & nous leur sommes redevables de la régularité de la rime inconnue avant eux. […] Les uns continuèrent à chanter leurs vers & à les accompagner de la harpe ou de la vielle ; les autres se mirent à composer des espèces de scènes en Dialogues, qu’ils jouoient eux-mêmes. […] Ce n’est plus Homère, Pindare, Virgile, Horace qu’il vient de lire, c’est l’esprit de tous qui l’inspire à la fois ; c’est une Divinité qui s’empare de lui : il chante, les vents se taisent, & la terre est attentive à ses accens.
« Maintenant, chante-t-il, que je suis devenu un animal qui ne hante que les forêts, maintenant que d’un pas indécis, solitaire et lassé, je promène un cœur lourd et des regards humides, inclinés vers le sol, dans un monde devenu pour moi aussi vide qu’une cime dépouillée des Alpes, etc. » « Je vais explorant chaque contrée, chaque place où je la vis autrefois, et toi seule, ô passion qui me tortures ! […] Il choisit l’italien, pour que le nom de son idole retentisse plus loin dans la foule et donne à ce nom l’immortalité des multitudes, la popularité ; il crée une langue pour la chanter ! […] il n’y a rien, excepté une âme, une âme puissante, sonore, mélodieuse et profondément touchée ; une âme qui vit dans chacun de ces souvenirs, qui chante dans chacun de ces vers, qui pleure, espère ou prie dans chacune des notes du clavier des âmes ; et ce rien c’est assez pour que le monde, à perpétuité, soit aussi plein des noms de Pétrarque et de Laure que des noms de ceux qui ont conquis ou révolutionné le monde sous le pas de leurs armées. […] Et si ces sensibilités profondes et délicates, comme celle de Pétrarque, ont été douées par la nature et par l’art du don d’exprimer avec force, grâce, naturel et harmonie leurs enthousiasmes, de chanter leurs soupirs, de moduler leurs larmes, de confondre leur passion profane pour une créature divinisée avec cette passion sainte pour l’éternelle beauté qui devient la sainteté de la passion, alors ces âmes s’emparent du monde par droit de consonance avec tout ce qui sent, souffre ou aime comme elles ont aimé ; car le cœur de l’homme a été fait, comme le bronze ou comme le cristal, sonore ; il vibre à l’unisson de tous les autres cœurs créés de la même argile et susceptibles des mêmes accords, dans le concert universel des sensations.
Cicéron, dont nous venons de vous entretenir, avait vu naître Horace ; Horace avait vu naître et avait entendu chanter Virgile ; Virgile, Horace, Cicéron ne forment qu’un seul groupe qui semble se tenir par la main. […] Horace, qui y trempait ses pieds enfant, devait la chanter un jour comme une des plus riantes images de sa mémoire. […] Quant au vin, il le chantait, mais il ne le buvait pas depuis longtemps ; l’eau limpide de la source, rafraîchie par la neige du mont Lucrétile, était sa seule boisson. […] ……………………………………………………… ……………………………………………………… Profitons bien du temps, ce sont là tes maximes : Cher Horace, plains-moi de les tracer en rimes ; La rime est nécessaire à nos jargons nouveaux, Enfants demi-polis des Normands et des Goths ; Elle flatte l’oreille, et souvent la césure Plaît je ne sais comment en rompant la mesure ; Des beaux vers pleins de sens le lecteur est charmé ; Corneille, Despréaux et Racine ont rimé ; Mais j’apprends qu’aujourd’hui Melpomène propose D’abaisser son cothurne et de chanter en prose !
Trois femmes en peignoir de soie, filant du dos au talons, flanquées d’un négrillon habillé de nankin et chaussé de babouches : un monde qu’il entrevoyait dans un patio tout plein de fleurs des tropiques, et où chantait au milieu un jet d’eau, — pour un jeune Normand qui n’avait encore voyagé que de Normandie en Champagne et de Champagne en Normandie, c’était d’un exotisme bien tentant. […] Trois jeunes filles en costume tyrolien, l’aigrette au chapeau, les bretelles à la gorge, chantent sur une estrade et font sonner l’écho de leurs montagnes. […] Les hommes chantent, quand ils sont entre eux. La femme chante, quand elle est seule, pour parler.
Nous ne pensons pas plus creux que Job ; nous ne rêvons pas plus grand que Platon ; nous ne chantons pas plus divinement qu’Homère ; nous ne parlons pas plus éloquemment que Cicéron ; nous ne moralisons pas plus raisonnablement que Confucius ; nous ne résumons pas notre sagesse en proverbes plus substantiels que Salomon. […] Et ces hymnes sacrés des Védas se chantaient dans l’Inde on ne sait combien de siècles avant la religion des Brahmanes, et la religion des Brahmanes avait été remplacée par celle de Bouddha, et celle de Bouddha était déjà vieillie du temps de la conquête d’Alexandre, c’est-à-dire trois cent vingt-six ans avant Jésus-Christ. […] XXXIII Aussi, avant d’entrer dans l’appréciation des œuvres purement poétiques de l’Inde, laissez-moi vous donner brièvement un avant-goût de sa philosophie et de ses notions morales sur Dieu, sur l’âme, sur l’homme, sur les rapports de l’homme avec Dieu et de l’homme avec l’homme ; vous verrez si de telles notions, chantées en vers ou rédigées en dogmes et en codes, sont un indice de cette prétendue barbarie primitive que les philosophes de la perfectibilité indéfinie et continue attribuent à cette enfance du monde. […] Je serai ferme maintenant dans la foi, et je vais agir conformément à ce que je crois. » « Et c’est ainsi », chante alors le poète, « que je fus témoin et auditeur du miraculeux entretien entre le fils de Vaaseda et le magnanime fils de Pandoa, et que j’ai obtenu la faveur d’entendre cette suprême et divine doctrine, telle qu’elle a été révélée par Krisna lui-même, le dieu de la foi.
Lulli, qui n’avait point encore le privilège de l’opéra, fit la musique du ballet de Pourceaugnac ; il y dansa, il y chanta, il y joua du violon. […] On ne croyait pas alors que les Français pussent jamais soutenir trois heures de musique, et qu’une tragédie toute chantée pût réussir. […] Ce ne fut que quelques années après, que Lulli et Quinault nous apprirent qu’on pouvait chanter toute une tragédie, comme on faisait en Italie, et qu’on la pouvait même rendre intéressante : perfection que l’Italie ne connaissait pas. […] Toutes les paroles qui se chantent sont de Quinault ; Lulli composa les airs.
Un paysagiste est « non pas un copiste, mais un interprète ; non pas un habile diseur qui décrit de point en point et qui raconte tout au long, mais un véritable poète qui sent, qui concentre, qui résume et qui chante ». […] Aussi, à défaut du coulant d’un Voltaire, de l’harmonie d’un Bernardin ou d’un Fénelon, et s’il n’a presque jamais ce qui chante, il a ce qui accentue et ce qui saisit.
On y découvrirait pourtant quelques notes avant-courrières d’un lointain printemps, par exemple : Je suis seul, mécontent, au sein de la nature ; Quand tout chante l’amour, à mes sens moins émus Tout est muet, et l’onde, et l’ombre, et la verdure ; Avec le monde, hélas ! […] quand le jeune Ramond chante ainsi, il semble préluder, quarante ans auparavant, à ces beaux vers qui ouvrent les Méditations : Que ne puis-je porté sur le char de l’Aurore , etc.
Il semble toujours que cette étrange et magnifique épopée, qui résume toutes les conceptions du Moyen Âge, où tout est mêlé, la fable et la théologie, les guerres civiles et la philosophie, le vieil Olympe et le ciel chrétien, n’a pas encore trouvé d’interprète d’un esprit assez patient ou assez flexible pour se prêter aux formes si variées d’un drame qui touche tout, d’une poésie qui chante sur tous les tons. […] Ayant chanté ses premières amours d’enfant dans des poésies délicates et subtiles, il se dit que ce n’était point assez et qu’il fallait élever à la beauté et à la reine de son cœur un monument dont il fût à jamais parlé : La Divine Comédie naquit dans sa pensée, et il mit des années à la construire, à la creuser, à l’exhausser dans tous les sens, à y faire entrer tout ce qui pouvait la vivifier ou l’orner aux yeux de ses contemporains, afin de faire plus visible et plus brillant le trône d’où il voulait présenter Béatrix au monde.
Il en fit d’autres où il imitait, pour le rythme et le sentiment, la romance que chante Lautrec dans Le Dernier des Abencérages : « Combien j’ai douce souvenance ! […] Puis des violettes dans un tertre, et une alouette qui chantait en montant et en s’envolant comme le musicien de la troupe.
L’exposition pourtant a de la beauté et de l’étendue : ……………………………………………………………………… Ces bois, ces lacs, ces monts, ces grands horizons bleus, La grotte aux verts tapis sous les rocs anguleux, Le flot qui dit sa plainte aux saules des rivages, Et les torrents grondant sur des pentes sauvages ; Tout ce qui, dans l’espace, a son bruit ou sa voix, Ce qu’on entend gémir et chanter à la fois, Ce qui verse un parfum, ce qui boit la rosée, Ce qui flotte ou se pose en la nuit embrasée, Fleurs, insectes, oiseaux, ensemble gracieux, La luciole en flamme et l’astre errant aux cieux, J’ai dans mon vaste amour compris toutes ces choses, Ô nature ! […] Et ces bons serviteurs, dociles animaux Que la main d’un enfant, sans rigueur, sans sévices, Incline, en se jouant, aux plus rudes services, Je les aime et le dis sans phrase, — et le premier, Nommant tout par son nom, je chante le fumier, Le fer comme les bras qui font la moisson drue, Et le labour profond et la grande charrue !
Pour les purs, pour les lettrés enthousiastes et ardents, pour ceux qu’un danger de plus stimule à l’étude, et qui aiment à montrer qu’ils sont capables d’être hommes en même temps qu’érudits, aller en Grèce un jour et le plus tôt possible, arriver au pied de ses monuments, en face de ses marbres, avant que la flamme, la fumée des dernières explosions fût dissipée et éteinte, avant que les dernières balles eussent cessé de siffler, c’était, — comme l’a dit Quinet et comme il l’a prouvé, — c’était « le long désir de la jeunesse. » Et tous ceux qui n’allaient pas en Grèce la chantaient, la racontaient, la pleuraient sur tous les tons. […] Un poète le premier, Alfred de Musset, s’avisa qu’on avait trop chanté sur cette corde, et le cruel enfant, dès les premiers couplets de Mardoche, ne manqua pas de nous montrée son héros prenant, comme de juste, le rebours de l’opinion, et aimant mieux la Porte et le sultan Mahmoud Que la chrétienne Smyrne, et ce bon peuple hellène, Dont les flots ont rougi la mer Hellespontienne, Et taché de leur sang tes marbres, ô Paros !
Luzel, et à en juger par ses traductions, on entrevoit qu’il a dû faire d’assez jolis chants que peuvent chanter, à la rigueur, les jours de Pardon, les paysans que nous a peints et repeints si souvent M. […] Il déteste peut-être un peu trop l’Anglais (le Saxon) comme au temps du combat des Trente ; il paraît trop persuadé que son pays est, à tous égards, le premier du monde, sa langue, la plus belle de toutes : en prose, cela s’appellerait des préjugés et des entêtements ; c’est bon à chanter, non à dire.
Des deux grands poëtes qui ont jusqu’ici chanté Napoléon, à savoir Béranger et Victor Hugo, si M. […] C’est pourtant singulier et piquant que nous qui, en 1836, étions si peu chaud pour les souvenirs du premier Empire, nous ayons si franchement accepté le second, non point par enthousiasme sans doute, mais par bon sens, et comme la solution pratique la meilleure aux difficultés où était alors engagée la France, et que nous nous trouvions aujourd’hui si à distance des poëtes qui n’avaient cessé, durant toute leur jeunesse, de préconiser et de chanter, que dis-je ?
Mais si le temps m’épargne et si la mort m’oublie, Mes mains, mes froides mains, par de nouveaux concerts, Sauront la rajeunir, cette lyre vieillie ; Dans mon cœur épuisé je trouverai des vers, Des sons dans ma voix affaiblie ; Et cette liberté, que je chantai toujours, Redemandant un hymne à ma veine glacée, Aura ma dernière pensée, Comme elle eut mes premiers amours. […] Mise en musique, chantée dans les salons, on ne se lasse point de l’entendre, ce qui prouve à l’auteur que la naïveté a bien aussi son prix.
Ce sont surtout les jours où on lit des chants inédits de Jeanne, de la trop fameuse Jeanne (et on les lit dans la chambre mystérieuse des bains), ce sont ces jours de demi-licence qui font les belles heures de Mme de Graffigny ; nous verrons dans un instant qu’elle les paiera cher : On a fait du punch, écrit-elle à son ami Devaux après une de ces lectures ; Mme du Châtelet a chanté de sa voix divine : on a beaucoup ri sans savoir pourquoi, on a chanté des canons ; enfin le souper a été à peu près comme ceux que nous avons tant faits ensemble, où la gaieté ne sait ce qu’elle dit ni ce qu’elle fait, et rit sur la pointe d’une aiguille.
Les plus antiques des sages et des poètes, ceux qui ont mis la morale humaine en maximes et qui l’ont chantée sur un mode simple converseraient entre eux avec des paroles rares et suaves, et ne seraient pas étonnés, dès le premier mot, de s’entendre. […] Non loin de lui, et avec le regret d’être séparé d’un ami si cher, Horace présiderait à son tour (autant qu’un poète et qu’un sage si fin peut présider) le groupe des poètes de la vie civile et de ceux qui ont su causer quoiqu’ils aient chanté, — Pope, Despréaux, l’un devenu moins irritable, l’autre moins grondeur : Montaigne, ce vrai poète, en serait, et il achèverait d’ôter à ce coin charmant tout air d’école littéraire.
Eugène, est aussi le plus dangereux pour la belle Louison, qu’il ne regarde au passage qu’en rougissant, et qu’il écoute chaque soir quand elle chante. […] Combien j’en retrouve en idée de ces chapitres piquants, de ces petits chefs-d’œuvre sur tous les auteurs du jour, sur tous les romanciers en vogue, sur tout ce qui a passé, chanté, jasé, voltigé au théâtre !
Ducis, dans ses dernières années, a fait beaucoup de poésies diverses où il exprime ses prédilections, ses goûts ; il chante le ménage des deux Corneille, il célèbre et paraphrase La Fontaine en des vers qui se sentent de la lecture habituelle et de l’esprit du grand fabuliste. […] Et quand il a voulu peindre les champs dans ses rimes, qu’a-t-il trouvé qui approche, pour la grâce et la fraîcheur, de ce qu’il écrivait un jour à Lemercier du milieu des landes de la Sologne : « J’ai fait une lieue ce matin dans des plaines de bruyères, et quelquefois entre des buissons qui sont couverts de fleurs, et qui chantent.
Quand l’Assemblée constituante eut terminé ses séances et que le Te Deum final eut été chanté, Rabaut jugea tout achevé parce qu’il l’espérait ; il crut au repos parce qu’il était las : dans la joie de ses vœux accomplis, comme tant d’autres de ses vénérables collègues, il eût volontiers adressé au ciel le cantique de Siméon.
Étant descendu de voiture à quelques lieues de Brest, pour gravir une montagne assez longue, je le vois tout à coup sauter, danser, chanter, et rire aux éclats. « Quelle est donc, Aza, lui dis-je, la cause de ces folies ?
Cet homme c’est le « Héros », c’est celui qui entend chanter l’âme intérieure des choses, qui nous mène au bord de l’infini et nous y laisse, quelques moments, plonger le regard.
Il arrive parfois, dans l’exécution d’une cantate par une société musicale, que les chanteurs, basses, barytons, ténors, se groupent au fond du théâtre et forment en sourdine un chœur puissant, tandis que, sur le devant de la scène, en pleine lumière, se détache une prima donna ; elle chante et sa voix domine toutes les autres, sans cesser cependant d’être en harmonie avec elles.
Au milieu des spectacles, nous dit Pline, on jouait, on chantait, on dansait des panégyriques des princes, et l’empereur était loué en même temps dans le sénat et sur la scène, par un histrion et par un consul20.
Les prétentions des plébéiens sont marquées par les fables d’Ixion, amoureux de Junon ; de Tantale toujours altéré au milieu des eaux ; de Marsyas et de Linus qui défient Apollon au combat du chant, c’est-à-dire qui lui disputent le privilège des auspices (cancre, chanter et prédire.)
Le roi, les princes, les princesses les chantaient à l’envi, chacun sur un air de son choix. Les protestants les chantaient aussi. Ils les chantaient trop. […] Il a décrit et chanté des curiosités parisiennes de son temps. […] Chantons Noël, tant en soit qu’au déjusc.
Le jour qu’il a quinze ans, le jour qu’il en a dix-sept, il chante, il jette au vent son gai refrain à travers les grilles du lycée, dans les courts intervalles du tambour. […] Peu à peu il s’anime davantage ; une image plus précise se retrace à lui, et il veut la saisir et la chanter. […] Peut-être l’imagination seule opére-t-elle ce prestige, l’imagination qui sait tout embellir, la douleur qu’elle adoucit, comme le plaisir qu’elle relève…. » Doué de la sorte et sentant comme il sentait, il était impossible qu’il contînt sa chanson aux simples sujets d’amour ou de table et à la camaraderie de collége ; les intérêts de gloire, de patrie, les événements publics, devaient y retentir aussi, et, en un mot, lui qui chantait depuis 1812, devait naturellement, inévitablement, entrevoir et pressentir dans ses refrains les mêmes horizons que découvrait vers le même temps Béranger. […] Et tandis que l’écolier libertin chante tout plein d’ivresse et de folie, le maître se lève, jeune aussi et beau, mais au front pâle : « Folâtre jeune homme, est-ce que tu ne sais pas que tout est sérieux ? […] Nos chants seraient indignes d’elles : Français, je ne chanterai plus !
Sur une des pipes antiques trouvées à Valence, on a gravé une plante où l’on reconnaît la lavande, et précisément un poète de Valence a chanté au XIIIe siècle l’art de fumer la lavande, « laquelle chasse le sommeil et procure de l’énergie et de la vigueur, en purgeant l’humidité du cerveau ». […] C’est au point qu’on a pu nous faire entendre, sans nous lasser, des opéras russes chantés en russe. […] Comme elle était fort jolie, on lui trouva l’air inspiré dès qu’elle chanta et sa poésie passa d’abord pour aussi belle que ses beaux cheveux blonds. […] Chacune chante de son côté. […] Il y a déjà quelques années qu’on nous chante cette antienne, si bien que l’on vit, durant quelque temps, régner la mode du pain complet.
Même à l’heure des suprêmes douleurs qui précèdent l’agonie, François moribond, et joyeux comme au temps où, troubadour sans souci, il chantait les chansons de France dans les rues de la cité, se fit chanter son cantique à la nature, à son frère le soleil, à ses sœurs les étoiles, à sa sœur la douleur, à sa sœur la mort. […] On y devine un texte entr’aperçu : inscription en ufite, bleu qui prie, banderole qui chante, comme ces phylactères, dans les triptyques, aux lèvres des saints et des saintes. […] — Tout à coup, dans la nuit, un violon lointain Chanta. […] tristes, chantait-il, sont les roses fanées ! […] La joie des matins purs chantait sur le pays de Plœuc.
Une preuve incontestable de ce fait, c’est que la poésie que nous appelons descriptive a été inconnue de l’antiquité56 ; les poètes mêmes qui ont chanté la nature, comme Hésiode, Théocrite et Virgile, n’en ont point fait de description, dans le sens que nous attachons à ce mot.
Il est vrai que toutes les nations de l’Europe lisent encore l’éneïde de Virgile avec un plaisir infini, quoique les objets que ce poëme décrit ne soïent plus sous leurs yeux, et quoiqu’elles ne prennent pas le même interêt à la fondation de l’empire romain que les contemporains de Virgile, dont les plus considerables se disoient encore descendus des heros qu’il chante.
A la nuit, tandis qu’on échangeait des adresses de famille par petits groupes, que des poilus, sous la tente, chantaient la Marseillaise, que d’autres reposaient, j’allai un peu rêver au clair de lune.
C’est évidemment cette chaleur d’âme, d’autant plus ardente qu’elle est plus contenue, qui a inspiré à ce contemplateur recueilli dans sa chambre haute, sur sa montagne, ces poésies étranges, nocturnes, à demi-voix, mais à plein vol, qu’il s’est chantées à lui-même, il y a quelques années. […] C’est la lueur de cette lampe nocturne, aperçue des villageois et des bergers de la montagne, qui faisait dire à ces pauvres gens, dans leurs veillées, ce que disent les paysans d’Allemagne allant à l’église pendant la nuit de Noël, en passant sous la tour de Faust : « Que fait donc notre jeune maître à cette heure dans sa chambre haute, seul ainsi toute la nuit avec les esprits, pendant que la cloche sonne et que le peuple chante en chœur à l’église : le Christ est ressuscité ? […] L’aspect de ces lignes harmonieuses dans le ciel d’Athènes, dont les profils et les contours forment ce qu’on appelle le beau dans l’architecture, — l’architecture, m’écriai-je, n’est qu’une géométrie animée : cette géométrie chante comme un poème ; ces lignes sont leur poésie ; la symétrie est l’équilibre des lignes.
Si la France de 1815 avait eu un Homère, il aurait hésité à chanter les bleus ou les blancs. […] Le Tasse ou Cervantes pouvaient également les chanter. […] Clotilde ainsi chantait en sa saison première, Quand Jouvette, en soucis, n’a que jeux enfantins.
Dans le recueil des chansons de Béranger, nos enfants ne liront pas celles que nous avons le plus chantées, parce que nous les chantions sous l’influence des mêmes préventions qui les lui avaient inspirées. En revanche, ils liront et goûteront plus d’une pièce que nous n’avons point chantée, où la poésie politique fait place à la poésie personnelle, où de belles strophes parlent à l’homme de tous les temps de la vie de tous les jours, à la France de sa gloire militaire et du grand homme qui lui en a le plus donné.
Ô vous de qui les voix jusqu’aux astres montèrent, Lorsque par vos chansons tout l’univers charmé Vous ouït célébrer ce couple bien-aimé, Grands et nobles esprits, chantres incomparables, Mêlez parmi ces sons vos accords admirables… C’est une invocation aux poètes qui ont déjà chanté les amours de Vénus et d’Adonis. […] Bien souvent ils chantaient les douceurs de leurs peines : Et quelquefois assis sur le bord des fontaines, Tandis que cent cailloux, luttant à chaque bond, Suivaient les longs replis du cristal vagabond : Voyez, disait Vénus… Et elle va dire des vers de Lamartine, je vous préviens. […] Je n’ai jamais chanté que l’ombrage des bois, Flore, Echo, les Zéphyrs, et leurs molles haleines, Le vert tapis des prés et l’argent des fontaines.
, blasé, raffiné, corrompu comme nous le sommes tous plus ou moins, qui chante la campagne à travers les idées de Paris, et l’amour comme on le fait à Paris. […] Il y a, dans cet incroyable recueil de quatre mille vers, de la même mesure à l’exception d’un très petit nombre de morceaux, beaucoup de pièces où le virtuose n’a eu besoin que de poser légèrement son archet sur les cordes de son violon pour que les cordes, impalpablement touchées, aient chanté. […] Fait pour chanter la guerre, l’héroïsme, la foi, toutes les forces, que ne nous donna-t-il cette joie de le voir rentrer dans la vérité de son génie !
Par une matinée de juin, avec trois compagnons, je circulais dans Ablain, pire qu’un désert, longue rue dépecée par la mitraille, où venait encore à de longs intervalles un obus, et soudain voici que d’une cave s’élève un air charmant et savant de Bach, chanté par un violoncelle que soutient un piano. […] Mais ce qui s’adresse à nous, c’est la phrase qu’il avait écrite sur la mort de son cousin, le lieutenant de Cissey : A la mort des saints, il convient de chanter le Magnificat. […] L’alouette gauloise se lève du sillon et chante aussitôt que le soleil commence à luire.
Déjà même, dans les vers qui chantent non plus l’amour, ni le doute, ni le rêve, mais l’action, le son est plus plein et plus vibrant. […] C’est ce qui me dispense de vous dire en détail tout ce qu’il chante, ce fifre. […] Bourget chante sur lui la célèbre complainte du jeune homme empoisonné. […] Et alors, pour la punir d’avoir chanté cette Nini, il la force à chanter Bossuet, La Rochefoucauld, Pascal, Vauvenargues et autres personnages non moins graves. Musette chante par obéissance, mais le cœur n’y est pas.
Au soleil de Florence il chanta. […] Elle chantait pendant de longues heures et allait dessiner dans son atelier. […] Leur orgueil s’exaspère dans la solitude, et, quand on ne les écoute pas, ils chantent faux. […] Les lyriques de 1820 à 1830 chantent tous le cantique d’un christianisme éthéré et pittoresque. […] Le bleu qui chantait dans ce tableau délicieux ajoutait une harmonie à la poésie de Shakespeare.
Ce ne sont pas ses pensées, ce sont les nôtres que le poète fait chanter en nous. […] Et il espère bien que ce jour du jugement ne sera pas de beaucoup aussi épouvantable qu’on se le figure d’après la belle prose chantée par l’Église à l’office des morts. […] » La fougue du tempérament lui inspirera bien d’autres fantaisies ; et quand le discours lui semblera trop froid pour exprimer ce qu’il sent, il chantera une chanson. […] On songe à cette broderie féerique devant ce poème composé de poèmes, qui, sur ce motif rapide de la chauve-souris, chante tant de choses de la nature et de la vie. […] Et comme les écoles, après le triomphe de la religion galiléenne, étaient restées, peu s’en faut, païennes, Jésus fut chanté sur un mode classique par un Ausone, et par ce Prudence, qui était si bon Romain qu’il loua Julien l’Apostat de n’avoir pas du moins trahi la patrie.
Il tolérait les prêtresses de Tanit qui, tatouées de vermillon, drapées de voiles bleus, jaunes et blancs chantaient d’une voix aiguë des paroles inintelligibles. […] Un peu plus, on nous ferait expier par de sévères macérations l’allégresse avec laquelle nos prédécesseurs ont chanté l’impitoyable et éclatant poème de la science dominatrice et triomphante. […] Quelle âme avait chanté sur des lèvres plus belles Et brûlé plus limpide en des yeux inspirés ? […] mais, vivante en lui, chante au cœur du poète L’hymne mélodieux de la sainte Beauté. […] Amolli, alangui, il a chanté et célébré ce que son adolescence fougueuse avait d’abord détesté.
Chanter les lyres éternelles. […] Dans un siècle tiède en ses croyances, le poète chante la religion, car il est libre. […] Nous chantons tous, nous avons chanté ou nous chanterons les chansons de Béranger. […] Il chante Napoléon, il chante la place Vendôme, dans des vers pleins de beautés. […] Victor Hugo les chante, et fait une hymne froide et vide pour la cérémonie funèbre du Panthéon.
Il ne paraît pas pourtant que l’enfance du poète ait été assiégée de trop pénibles images, et quand il eut à chanter plus tard ses premiers souvenirs, il n’en trouvait que de riants : Ô champs de la Limagne, Ô fortuné séjour ! […] Les serins chantent dans les cages, a dit l’autre Chénier de Delille ; du moins ce serin charmant, qu’on trouva dans le palais fumant du sang des maîtres, et qu’on aurait voulu faire chanter, le serin, disons-le à son honneur, fut triste et ne chanta pas36.
Plus fausse que tout ce que le rêve peut sonder, plus fausse que tout ce que les chansons ont chanté, — poupée sous la menace d’un père, esclave d’une langue de mégère. […] Il ne chante pas, il parle ; ce sont les mots risqués, négligés, de la conversation ordinaire ; ce sont les détails de la vie domestique ; c’est la description d’une toilette, d’un dîner politique, d’un sermon, d’une messe de village. […] Et çà et là aussi on aperçoit la profonde expression de leurs grands yeux rêveurs. « Des larmes, chante l’une d’elles, de vaines larmes, je ne sais pas ce qu’elles veulent dire. — Des larmes sorties de la profondeur de quelque divin désespoir — s’élèvent dans le cœur et se rassemblent dans les yeux — lorsqu’on regarde les heureux champs de l’automne — et qu’on pense aux jours qui ne sont plus1530. » — Voilà la volupté exquise et étrange, la rêverie pleine de délices et aussi d’angoisses, le frémissement de passion délicate et mélancolique que vous avez déjà trouvés dans Winter’s Tale ou dans la Nuit des Rois. […] V Il y a une autre chevalerie qui ouvre le moyen âge comme celle-ci le ferme, chantée par des enfants comme celle-ci par des jeunes gens, et retrouvée dans les Idylles du roi comme celle-ci dans la Princesse.
et tout cela déjà conçu, écrit, noté, compris, chanté au moment où un peuple en apparence neuf, ou sorti des marais du déluge, se répand pour la première fois sur la terre ? […] Il accorda son kin, et le pinçant de manière à en tirer des sons mieux nourris et plus vigoureux que de coutume, il modula indifféremment sur tous les tons ; il chanta même à pleine voix, et accompagna ses chants de son instrument ; dès lors sa porte ne fut plus fermée à personne, mais on le sollicita en vain de reprendre ses fonctions publiques. […] Il accorda son instrument et chanta en improvisant les vers suivants : « Quand les chaleurs de l’été finissent, le froid de l’hiver les remplace promptement. […] » XXXV Cette tristesse qu’il chantait en vers était, à son insu, un pressentiment de sa fin.
Depuis ce jour jusqu’à la fin du mois de septembre, on chanta beaucoup de Te Deum à l’église, et l’on tirait chaque fois vingt et un coups de canon pour quelque nouvelle victoire. […] Catherine, après le dîner, chanta l’air : Der lieber Gott ! […] Moi je chantais tous bas, seulement pour la soutenir. […] Vous ne serez pas plus menteur ; mais vous serez plus logique, et après avoir trompé le peuple qui vous lit et qui ne vous contrôle pas, vous tromperez peut-être la dernière postérité, et vous lui ferez dire : il y a eu un homme qui est allé avec nos pères provoquer l’univers entier depuis Saint-Jean-d’Acre, le Caire, Aboukir, Trafalgar, Lisbonne, Madrid, Rome, Moscou, Eylau, Wagram, Dresde, Leipzig, Mayence, Paris, Waterloo, et qui n’a jamais été vaincu, et alors chantez des Te Deum posthumes !
Le spectre de la mort se dresse devant eux, même lorsqu’ils chantent la volupté de l’heure, en buvant du vin de Chiraz, sous le rosier d’où leur Bulbul lance ses mélodies à la lune. […] Héphestos (Vulcain), l’orfèvre divin, avait, dit-on, modelé, pour le plafond de cuivre d’un des trois grands temples, trois Vierges d’or qui chantaient avec des voix de Sirènes. […] Le Pœan du Dieu, chanté par le grand chœur des trirèmes, entonna l’action. […] Imaginez les Chevaliers du Temple s’enfermant dans une chapelle de Jérusalem, pour chanter l’office d’un Saint subalterne, tandis que leurs Turcs auraient escaladé les remparts.
Le voleur d’un coffre-fort, Clément, ayant versifié le récit de son vol, ses couplets furent chantés dans les cabarets, attirèrent l’attention de la police, et le voleur poète fut arrêté. […] Lacenaire a chanté le « plaisir divin de voir expirer l’homme qu’on hait ». […] Le vice porte atteinte au juste et au vrai, révolte l’intellect et la conscience ; mais, comme outrage à l’harmonie, comme dissonance, il blessera plus particulièrement certains esprits poétiques, et je ne crois pas qu’il soit scandalisant de considérer toute infraction à la morale, au beau moral, comme une espèce de faute contre le rythme et la prosodie universels. » — Alors pourquoi écrire soi-même les Fleurs du mal et chanter le vice ? […] C’est donc plus encore le vertige de l’horreur que celui de l’abîme qui s’est emparé de Baudelaire ; par suite, il est amené à chanter l’horreur et l’horrible sous toutes leurs formes.
Le monde naît, Homère chante. […] Dans Shakespeare, les oiseaux chantent, les buissons verdissent, les cœurs aiment, les âmes souffrent, le nuage erre, il fait chaud, il fait froid, la nuit tombe, le temps passe, les forêts et les foules parlent, le vaste songe éternel flotte. […] Le peuple allemand, si comprimé comme peuple, si émancipé comme penseur, chante avec un sombre amour. Chanter, cela ressemble à se délivrer.
La philosophie n’a pas dit son dernier axiome, la poésie n’a pas chanté son dernier hymne. […] Il ne chante pas encore, il agit, mais son action est plus poétique que nos poèmes. […] Les sensations n’y parlent pas en vous, elles y chantent ; elles y parcourent en une heure la gamme entière de toute une vie ! […] Ce qu’on ne peut pas dire, on le chante ; la musique, peut-on dire aussi, est la poésie des sensations.
Madame était restée protestante ; on se mit pour la distraire à jouer du luth et à chanter un psaume, selon la mode des calvinistes. Le roi, sans y songer, commençait à faire sa partie dans le concert et à psalmodier avec les autres ; mais Gabrielle, qui était près de lui et qui songeait à ce que pouvait devenir une telle imprudence défigurée par la malignité, lui mit aussitôt la main sur la bouche en le suppliant de ne plus chanter ; ce qu’elle obtint.
Il avait joui en son temps et dans sa saison d‘une certaine célébrité poétique ; on le citait pour ses madrigaux, pour ses épigrammes ; il y eut un couplet de lui qui se chantait partout en 1663. […] Maucroix jeune, et encore avocat, a fait ce qu’on appelait des airs, des chansons ou stances qui devaient charmer sous la régence d’Anne d’Autriche, et qui se chantaient sur le luth ; par exemple : Amants, connaissez les belles, Si vous voulez être heureux : Elles ne font les cruelles Que pour allumer vos feux.
… C’était tout simplement Mme la Duchesse qui, à table et la conversation s’échauffant sur ce que Santeul avait toujours oublié de la chanter au milieu des merveilles de Chantilly, lui avait donné un soufflet en plein visage. […] Je voudrais que vous eussiez assisté à la description d’un chapitre que tinrent ses confrères, pour délibérer s’ils chanteraient ses hymnes dans leur congrégation.
Alors il y aura de nouveau des Orphées et des Trismégiste, non plus pour chanter à des peuples enfants leurs rêves ingénieux, mais pour enseigner à l’humanité devenue sage les merveilles de la réalité. […] Fichte, qu’en France, bien entendu, on eût appelé un impie, faisait tous les soirs la prière en famille ; puis on chantait quelques versets avec accompagnement de piano ; puis le philosophe faisait à la famille une petite homélie sur quelques pages de l’Évangile de saint Jean, et, selon l’occasion, y ajoutait des paroles de consolation ou de pieuses exhortations.
Poètes et romanciers ont alors rivalisé d’ardeur pour le chanter, pour le décrire ; et les romans de Loti, par exemple, ont su nous faire voir les moussons de la mer des Indes aussi bien que les brumes mystérieuses dont l’Islande s’enveloppe au début de l’automne, comme un pays de féerie qui veut se dérober sous un voile aux regards indiscrets des hommes. […] On n’a jamais tant décrit et chanté les Alpes que depuis le moment où l’art des ingénieurs y a tracé des routes praticables, facilité l’accès des sommets et des gorges, où aussi les habitants des plaines, fatigués du spectacle uniforme de la campagne fertile et bien soignée, ont éprouvé le besoin d’un contraste violent et de nouveaux aspects.
.) ; de l’effet, mais moins que je ne l’aurais cru : le refrain, heureux quand on chante, gêne quand on lit. […] Mais voilà que, dans un banquet, quelqu’un des convives s’avise de chanter un des plus beaux chœurs d’Euripide, et aussitôt tous ces vainqueurs farouches se sentent le cœur brisé, et il leur parut que ce serait un crime d’exterminer une cité qui avait produit de tels hommes. » Voilà ce qu’on trouverait à chaque page dans Plutarque, et il fournirait, à lui seul, de quoi rendre vivante et sensible par des exemples toute l’Antiquité dont on aurait besoin.
mille souvenirs s’emparaient de lui et le poursuivaient incessamment, comme ces fragments de mélodie dont on ne peut se débarrasser à la suite d’une soirée musicale ; mais, dès qu’il la voyait, il retrouvait le calme… Dans ces moments, chez M. de Musset, on sent le poète ; il a des ailes ; il chante et fait chanter ses personnages ; il leur prêté de ses propres mélodies.
Sans doute de tout temps il y a eu des regrets sur la fuite des années légères : Voltaire en cela ne faisait que suivre Horace et il l’égalait même le jour où il chantait à demi-voix : Si vous voulez que j’aime encore… Fontanes a fait aussi sur ce ton une pièce mélancolique et presque morose intitulée La Cinquantaine.
« Dans la quatrième dilochie de la douzième syntagme, trois phalangites se tuèrent à coups de couteau. » Ou bien : « La chola chante une zamacueca en s’accompagnant sur sa diguhela 16. » Le lecteur reste rêveur : ce sont pourtant les noms mêmes des choses.
Moréas que de se chanter lui-même et à ses Stances que de se moduler selon des tons graves et mélancoliques.
Il laissera quelquefois le carnaval débraillé chanter à tue-tête sur l’avant-scène ; mais il lui criera du fond du théâtre : Memento quia pulvis es.
« C’est le hussard de l’orthodoxie ; il chante le Dies iræ sur l’air du mirliton. » Ce Giboyer est au-dessous du dernier buveur de bière de la brasserie des Martyrs !
Son état d’âme à sa sortie de Saint-Sulpice, quand il chantait à la science un hymne qui semblait-contredire son Pater de Breton, c’est exactement l’état d’âme de la génération dont il allait être le directeur.
Il aurait siégé à l’Assemblée nationale auprès de l’abbé Fauchet, , le Diderot des évêques constitutionnels, et il se serait fait couper le cou avec Fauchet et les Girondins, ces oies qui chantaient comme des cygnes, ce qui n’empêcha pas le grand cuisinier révolutionnaire de leur couper la gorge à tous et de les mettre dans son pot. […] La Révolution, il est vrai, qui raccourcissait tout, a raccourci ces vers pour les chanter sur un mode plus vif et plus pratique que Diderot ; elle a dit, elle, avec une décision charmante : Et du boyau du dernier prêtre Serrons le cou du dernier roi ! […] Aussi toutes les lettres de la Correspondance de Diderot, n’importe à qui elles sont adressées, ne sont-elles que le refrain moins bien chanté de chansons déjà entendues. […] ; Tous les refrains à sa gloire ont été chantés sur Diderot. […] Littré retrouve dans l’homme un singe, et Victor Hugo a chanté le crapaud.
Ils dirent encore : « Celui-ci chantera son rêve, et celui-là sa vie ; celui-ci sa chimère, celui-là sa simple douleur ; cet autre la nature, et cet autre les hommes. […] que n’a-t-il chanté davantage en secret, entre les feuillets blancs, doucement bruissants du « livre » ! […] et, autre part, elle chante : Oh ! […] Une rose s’effeuille Et puis une autre rose Il modèle, je chante, on cause. […] Puissent les jeunes gens, d’ici là, produire beaucoup de poèmes, soumis à l’une ou l’autre de ces disciplines — et dignes de chanter en vous, lorsque vous vous promènerez.
En notre propre siècle, elle a chanté pour nous, et ce pays-ci l’a fait naître pour la seconde fois. […] Il chante une chanson et la charpente est jointe. Il en chante une seconde, et les flancs sont assemblés. […] Ils sont faits pour être chantés, non pour être lus. […] Ils chantent l’hymne national dans la version de Shelley.
La jeune génération le connaît plus pour l’avoir entendu chanter à ses pères que pour l’avoir chanté elle-même. […] La Dette chantait d’abord un solo que soutenait bientôt un chœur immense. […] Il lisait d’un œil négligent les blanches strophes de marbre où l’art grec chanta la perfection de la forme humaine. […] Encore moins ce lied que des Allemands chantaient dans le bois de Meudon et que nous avons répété ensemble ! […] Pendant le dîner sur l’herbe, c’est lui qui dira le plus de folies, et qui au dessert chantera la chanson la plus gaillarde.
Il faut exprimer et chanter, sous la loi du rhythme, des lois célestes que la prose, dans sa liberté, n’embrasse déjà qu’avec peine. […] Car le haut dignitaire de l’Empire ne cessa jamais d’être poëte, et comme ce berger à la cour, que la fable a chanté, et à qui il se compare, il eut toujours sa musette cachée pour confidente. […] Aux graves modes de ma lyre Mêle des tons moins sérieux ; Phébus chante, et le Ciel admire ; Mais, si tu daignes lui sourire, Il s’attendrit et chante mieux. […] Les filles d’un ministre, chez qui il logeait, lui chantaient d’anciens airs écossais : « Il est très-vrai, écrit-il dans une lettre de Londres à son ami Jouhert, que plusieurs hymnes d’Ossian ont encore gardé leurs premiers airs. […] M. de Fontanes, qui s’en tenait aux anciens, s’irritait surtout qu’on en vînt à causer comme de la prose le beau vers racinien un peu chanté. — Souvent, dans ces conversations du soir, l’Empereur indiquait à Fontanes et développait à plaisir d’étonnants canevas de tragédies historiques ; le poëte en sortait tout rempli.
Quand le roi se lève démasqué et troublé, Hamlet chante et dit : « N’est-ce pas, Horatio ! […] Le besoin de chanter devient si pressant, qu’un instant après les chansons naissent d’elles-mêmes. […] Pendant que les jeunes gens chantent, les vieillards causent. […] Un des seigneurs chante : Souffle, souffle, vent d’hiver, — tu n’es point si méchant — que l’ingratitude de l’homme ; — ta dent n’est pas si aiguë, — car on ne te voit pas, — quoique ton souffle soit rude. — Hé ! […] chante, hé !
qu’un matin de Pâques, quand sur les villes chrétiennes les cloches chanteront, vaines poupées de métal, la forêt enfin se ranime ! […] Que le bouc et la biche resplendissent au soleil, et que, plus haut que les cloches d’argent sur la ville, tout le feuillage chante : Pan est ressuscité ! […] La mer au bord des prés vient chanter son bruit clair, Et la falaise aussi déferle dans la mer, De tout le terrain jaune et mou qui s’en éboule. […] Chante, chante-moi tes rythmes violents ! […] Qu’elle chante son Carpe diem en le modernisant, tous les poètes l’ont fait qui s’absorbèrent dans la sensation.