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247. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Cela est curieux, mais cela doit être certainement la théocratie à son usage, cette théocratie philosophique qui n’est pas rétrograde, celle-là, et qu’il a rêvée pour lui et pour ses amis ? […] Ce n’est ni plus ni moins qu’un petit catéchisme cartésien à l’usage des faibles qui ne veulent pas devenir forts, car la force, c’est une témérité pour les prudents, et la force serait sur cette question de Dieu de s’élever plus haut qu’une philosophie qui la pose, l’agite, mais n’a jamais pu la résoudre.

248. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Henri Mürger a cela de particulier que le succès littéraire qui lui fut facile ne lui amena pas, comme c’est son usage le plus souvent, sa sœur, cette vilaine petite sœur, dont on ne peut se passer et qui s’appelle la Fortune. […] Mürger a donné le modèle sont maintenant des formules à l’usage des sots qui les répètent, et qui peut-être se tairaient sans cela !

249. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Il n’est pas étonnant que chez un pareil peuple, l’usage des éloges ait été établi. […] L’orateur, après avoir loué les morts, s’adresse aux vivants, comme c’était l’usage, et surtout aux enfants de ceux qu’il vient de célébrer.

250. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Les géographes anciens s’accordent à reconnaître une vérité dont ils n’ont point su faire usage : c’est que les anciennes nations, émigrant dans des contrées étrangères et lointaines, donnèrent des noms tirés de leur ancienne patrie, aux cités, aux montagnes et aux fleuves, aux isthmes et aux détroits, aux îles et aux promontoires. […] C’est aussi de ce mot Ara, prononcé et entendu d’une manière si uniforme par tant de nations séparées par les temps, les lieux et les usages, que les Latins durent tirer le mot aratrum, charrue, dont la courbure se disait urbs (le sens le plus ordinaire de ce mot est celui de ville) ; du même mot vinrent enfin arx, forteresse, arceo, repousser (ager arcifinius, chez les auteurs qui ont écrit sur les limites des champs), et arma, arcus, armes, arc ; c’était une idée bien sage de faire ainsi consister le courage à arrêter et repousser l’injustice.

251. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 502

On peut y puiser des connoissances curieuses sur les mœurs, les usages, les cérémonies de plusieurs Peuples, sur lesquels on avoit peu de notions avant lui.

252. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 184

Cette figure devient ennuyeuse quand elle n’est pas dispensée à propos, & son fréquent usage en affoiblit la force, qui ne consiste que dans la vivacité & la rareté.

253. (1894) Propos de littérature « Dédicace » p. 7

Il n’est pas d’usage, je crois, d’ajouter à une critique littéraire l’ornement d’une dédicace, car elle se dédie d’elle-même au prosateur ou au poète dont les œuvres en forment l’objet.

254. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 450

Les Notes & les Dissertations qui accompagnent cette derniere, jettent un grand jour sur plusieurs objets concernant les usages & les révolutions arrivées chez les Romains.

255. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Tel d’entre eux qui, avec ses égaux, ne fait usage que du patois du pays, est très-mortifié et se montre parfois très-piqué, si quelqu’un d’une classe plus élevée vient à lui adresser la parole en ce même patois ; c’est en effet lui dire tacitement : Je juge à votre air et à vos manières que vous ne devez pas comprendre le langage des gens bien élevés. […] Sidoine Apollinaire, étant évêque, composa un discours en latin, très-travaillé et maniéré selon son usage, pour être récité devant la population réunie de Bourges où il avait été appelé comme médiateur entre les factions opposées qui se disputaient pour le choix d’un évêque. […] Il y avait également des chants ou chansons en latin, très-profanes, appliqués aux divers usages de la vie domestique (le pendant des scholies des Grecs) ; appropriés à la danse ou aux chœurs, aux noces, aux banquets. […] Un passage du ix e livre de l’Ane d’Or d’Apulée nous rend bien sensibles ces infractions habituelles aux règles de la grammaire, qui devaient être d’usage dans le peuple. […] « Dans l’Armorique de César, alors nommée Bretagne, on continuait à faire usage du celtique, dès lors, ou bientôt après, désigné par le nom de breton.

256. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — D’ailleurs, quand les époux sont haut placés, l’usage et les bienséances les séparent. […] Ayant fait le code des usages, il est tout naturel que ce soit à leur profit, et elles tiennent la main à ce que toutes les prescriptions en soient suivies. […] Sur un mot, sur un manque d’usage, sur la moindre apparence de prétention ou de fatuité, on encourt sa désapprobation qui est sans appel, et l’on est perdu à tout jamais dans le beau monde. […] Avec de l’usage et le tour convenable, même en face du roi, on concilie la résistance et le respect. […] Des réformateurs, des moralistes font entrer l’art théâtral dans l’éducation des enfants ; Mme de Genlis compose des comédies à leur usage et juge que cet exercice est excellent pour donner une bonne prononciation, l’assurance convenable et les grâces du maintien.

257. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Elle croit que toutes les compositions des grands maîtres sont traduisibles, que telle combinaison de sons correspond naturellement à telle image ou à telle idée, et, chose curieuse, en application de cette théorie, Liszt dans ses concerts inaugure l’usage de distribuer aux auditeurs des programmes où les différentes parties d’une symphonie ou d’un concerto sont, comme il disait, « expliquées en langue vulgaire ». […] C’est alors que dans un souper, où les convives couronnés de roses avaient bu du vin de Chypre et mangé couchés suivant l’usage des anciens, l’enthousiasme des convives dota le poète Lebrun du surnom qui lui est resté de Lebrun-Pindare. […] Il n’y aurait presque point d’exagération à dire qu’un sens nouveau semble ainsi s’être éveillé dans les âmes : le sens de l’harmonie entre l’homme et la coquille, qui, façonnée d’abord par lui à son usage, le façonne ensuite en l’enveloppant de toutes parts. […] Quelques-uns d’entre eux, plus hardis, osèrent déjà, en dépit d’un usage vieux d’un siècle et demi, hérisser leur menton d’une large barbe, à l’imitation des figures qu’ils avaient vues sur des vases étrusques ; les deux chefs de cette secte barbue, que l’on appelait la secte des penseurs ou des primitifs, se promenèrent même dans Paris travestis en héros de la guerre de Troie. […] Nous disons tous les jours dessiller les yeux, sans songer que nous faisons ainsi allusion à l’usage où l’on était de coudre les cils ou les paupières de l’oiseau de proie, afin de le dresser plus facilement.

258. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Enrichir la palette de quelques tons agréables à l’œil, ajouter quelques notes aux accents connus, quelques nombres et couplets aux rythmes en usage, justifier surtout par des exemples retrouvés à propos ce qu’osaient d’instinct les poètes novateurs de notre temps, renouer la tradition sur un point où l’on n’avait jusque-là signalé que des débris, c’était mon ambition la plus haute. […] La singularité est dangereuse en tout : elle ne peut être excusée dans les choses qui ne dépendent que de l’usage. […] Ronsard, selon l’usage du temps, avait reçu pour récompense de ses vers des bénéfices ; les réformés et prédicants le traitèrent comme ils auraient fait un gras prieur ou un abbé repu.

259. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Laissons ces mots mystiques de conversion et de croyant qui ne sont pas à l’usage des esprits vraiment politiques, ni même tout uniment des esprits sensés. […] Même au plus fort de sa puissance, de l’usage exorbitant qu’il en faisait et qu’il proclamait nécessaire, il avait toujours dit que dans cinquante, ou soixante ans on pourrait gouverner autrement, mais que le temps n’était pas venu : jugea-t-il que ce temps, beaucoup plus rapproché qu’il ne l’avait pensé d’abord, était venu en 1815 ? […] Or, dans les Cent-Jours, et pendant tout le temps qu’on discuta la Constitution, Napoléon eut du moins ce genre de sincérité qui consistait à empêcher ses nouveaux collaborateurs de pécher par excès et de compromettre leur œuvre en la rendant impraticable à l’usage ; il ne leur tendit aucun piège, et quand on voulait trop, il se montrait prêt aussitôt à se cabrer.

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