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197. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Ici, l’esclavage du suicide en remplaçait l’usage ; ailleurs, le manœuvre typographe donnait à un lien une voix qui appartenait à un lion ; plus loin il ôtait à la montagne du Dofre-Field ses pics, pour lui attribuer des pieds, ou, lorsque les pêcheurs norvégiens s’attendaient à amarrer dans des criques, il poussait leur barque sur des briques. […] Au reste, il lui serait impossible de se livrer ici au plus léger badinage, ayant eu le malheur de perdre le calepin sur lequel il était dans l’usage de noter ses saillies et bons mots futurs, aux environs de la fontaine des Innocents.

198. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Cet homme s’élève, avec chaleur, contre l’histoire imaginaire des amours d’une femme très-aimable avec celui qu’il appelle un sçavant, dans toute l’étendue du mot, un sçavant triste, pesant, sans graces & sans usage du monde. […] Si le stile de Bayle est souvent libre, indécent ; si cet écrivain s’arréte à des contes, à des historiettes scandaleuses, c’est qu’il ignoroit l’usage du monde & l’emploi de bien des mots dont il se sert.

199. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Quintilien dit, après avoir parlé contre les orateurs qui déclamoient au barreau comme on déclamoit sur le théatre : si cet usage doit avoir lieu, il faudra donc aussi que nous autres orateurs nous nous fassions soutenir en déclamant par des lyres et par des flutes. […] Il faut que d’autres orateurs eussent suivi l’exemple de Gracchus, puisque la flute qui servoit à l’usage dont nous parlons, avoit un nom particulier.

200. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ce sont là des éléments communs à toutes les langues ; elles s’en servent de mille façons différentes ; chacune a ses lois et ses usages particuliers, son alphabet, son vocabulaire et sa syntaxe. […] Parmi les objets matériels que je possède, la plupart me sont simplement, utiles : j’en fais usage sans songer à leur origine ; quelques-uns sont « des souvenirs » ; chaque fois qu’ils frappent mes yeux, je les reconnais. […] Ce fait vaguement connu confirme et justifie l’image qui, sans lui, serait peut-être usuelle, mais ne paraîtrait pas aussi exacte, et dont, par suite, l’usage serait plus restreint. […] [Quant à la forme littéraire, cette réflexion sur la présence éventuelle de « formules de paix » à usage personnel dans la parole intérieure peut se prolonger par exemple, dans le leitmotiv shakespearien qui traverse le roman de V. […] C’est de cet usage du mot tête que dérivent entêter, entêté, entêtement.

201. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

On se remit à l’instant à vivre, à vivre avec délices, à jouir éperdument des dons naturels, de l’usage de ses sens, des plaisirs libres et faciles, du charme des réunions surtout et de la cordialité des festins. […] Dans un dîner du 2 fructidor an iv (1796), dix-sept gens d’esprit dont on a les noms, et parmi lesquels on distingue les deux Ségur, Deschamps, père des poëtes Deschamps d’aujourd’hui, Piis, Radet, Barré, Després, etc., posèrent entre eux les bases d’un projet de réunion mensuelle qu’ils rédigèrent le mois suivant en couplets ; c’était l’ère des constitutions nouvelles et des décrets de toutes sortes ; on ne manqua pas ici d’en parodier la formule : En joyeuse société, Quelques amis du Vaudeville, Considérant que la gaieté Sommeille un peu dans cette ville, Sous les auspices de Panard, Vadé, Piron, Collé, Favart, Ont regretté du bon vieux âge Le badinage Qui s’enfuit ; Et, pour en rétablir l’usage, Sont convenus de ce qui suit : et, après la rédaction rimée-de divers articles du règlement, la commission signait en bonne forme : Au nom de l’Assemblée entière, Paraphé, ne varietur. […] Ce ne sont pas celles qui ont pour titre et pour sujet un de ces noms tirés au sort, comme c’était d’usage dans les réunions du Caveau, la neige, la plume, le noir, le long ; il s’agissait de broder là-dessus quelques couplets, vraie gageure de société et pur jeu d’esprit. […] Désaugiers devait voir la Restauration avec faveur ; s’il avait chanté l’Empire, comme c’était d’usage et de rigueur alors, il était prédisposé par nature à devenir bourbonien ; il aimait les jouissances sociales, les bienfaits de la paix, et la race de Henri IV prêtait de tout point à ses refrains favoris. […] Le nom de Désaugiers m’en rappelle un autre qu’on n’est guère tenté de lui associer, et que je tiens absolument à y rattacher par quelque bout, — un personnage célèbre à tout autre titre, et qui pourtant, né en d’autres régions sociales, eût tenu largement sa place parmi les coryphées de la gaieté pure : je veux parler de Lally-Tollendal, auteur de pots-pourris délicieux, d’une folie à l’usage de la bonne compagnie, et qu’il chantait à ravir ; il n’était pas seulement le plus gras, mais encore le plus gai des hommes sensibles.

202. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Vincent contribua plus que personne à mettre le discours chrétien dans la voie de la sérieuse et utile simplicité : il ne put sans doute proscrire, comme il le voulait, l’éloquence ; il enseigna du moins à en faire bon usage, à la subordonner aux fins essentielles de la parole chrétienne. […] Bossuet ne se révoltera pas contre le bel usage et contre l’Académie : il en suivra de son mieux les décisions, il se retranchera dans son âge mûr certaines familiarités, certaines trivialités ; il éclaircira et francisera quelque peu sa construction. […] Les sermons, selon l’usage des prédicateurs catholiques, sont divisés en deux ou trois points. […] Une ferme et souple logique mène le sermon à son but ; Bossuet raisonne loyalement, solidement ; il excelle à résoudre les plus rudes objections, à mettre en lumière la vérité qu’elles recèlent, pour s’emparer de cette vérité et en faire un argument à son usage. […] L’originalité du livre est dans l’usage qu’il a fait de l’histoire437 : pour faire avouer aux protestants qu’ils avaient varié, il a très bien compris qu’il fallait non de l’éloquence, mais des faits : et voilà comment notre controversiste s’est fait historien.

203. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ce beau sermon est orné, suivant l’usage de ce tems, d’une histoire, ou plûtôt d’une fable qui dut faire une très-grande impression sur l’auditoire. […] J’espére qu’on ne désappro vera point des comparaisons où j’ai considéré les talens en eux-mêmes, & indépendamment de l’usage qu’on en fait ; usage d’autant plus blâmable, lorsqu’il est mauvais, que les talens sont plus grands.” […] L’usage qu’il fait de l’Ecriture sainte, prouve qu’elle lui est plus familiere, qu’à beaucoup d’autres Orateurs du même ordre, & qu’il entend l’art des applications. […] Le plan de Richard a été perfectionné par l’auteur du Dictionnaire apostolique, à l’usage de ceux qui se destinent à la chaire. […] L’usage est insensiblement établi que tout Académicien répéteroit ces éloges à sa réception : Ç’a été une espêce de loi d’ennuyer le public.

204. (1890) L’avenir de la science « XI »

Mais l’arabe, trop savant à son tour pour l’usage vulgaire d’étrangers, qui ne peuvent observer ses flexions délicates et variées, voit le solécisme devenir de droit commun, et ainsi, à côté de la langue littérale, qui devient le partage exclusif des écoles, l’arabe vulgaire vient d’un système plus simple et moins riche en formes grammaticales. […] Mais que devient la langue ancienne ainsi expulsée de l’usage vulgaire par le nouvel idiome ?

205. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

L’anarchie se mit dans le bel esprit et dans les usages de bienséance ; les mauvaises copies de l’hôtel de Rambouillet eurent la prétention de devenir modèles. […] C’était un homme avec qui il fallait compter, pour qui le roi n’eut toujours des égards infinis et beaucoup de confiance, et monseigneur une déférence totale tant qu’il vécut, et qui bien que peu affligé de sa mort, a conservé toujours pour tout ce qui lui a appartenu, et jusques à ses domestiques, toutes sortes d’égards et d’attentions. » Saint-Simon ajoute à ces graves notions, celle-ci, qui n’est pas sans mérite : « La propreté de M. de Montausier, qui vivait avec une grande splendeur, était redoutable à sa table, où il avait été l’inventeur des grandes cuillers et des grandes fourchettes qu’il mit en usage et à la mode. »

206. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Je crois que la solution doit varier selon les contrées, les mœurs, les usages, le régime, le climat. […] Il indiquera les différentes préparations, manipulations qu’on lui fait subir avant de l’employer aux usages médicinaux ; les effets sensibles qu’elle a coutume de produire ; les cas particuliers où elle produit les effets les plus salutaires ; enfin les différentes préparations pharmaceutiques, officinales dans lesquelles on la fait entrer.

207. (1762) Réflexions sur l’ode

C’est qu’en matière de langue, il est une infinité de nuances imperceptibles et fugitives, qui pour être démêlées ont besoin, si on peut parler de la sorte, du frottement continuel de l’usage ; c’est un effet qui doit être dans le commerce pour que la vraie valeur en soit connue. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait autant et peut-être plus de mérite dans ces dernières, plus de feu, plus de variété, plus d’harmonie, plus de difficulté vaincue ; mais le mérite des épîtres est plus à notre portée, et plus à notre usage ; il est moins attaché à la langue, il passe plus aisément dans la nôtre.

208. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Après César, cet usage se perpétua. […] » Cependant l’usage de louer les empereurs après leur mort subsistait toujours ; jamais cette institution ne dut paraître plus noble, que lorsque l’éloge funèbre d’Antonin fut prononcé dans la tribune par Marc-Aurèle : c’était la vertu qui louait la vertu ; c’était le maître du monde qui faisait à l’univers le serment d’être humain et juste, en célébrant la justice et l’humanité sur la tombe d’un grand homme.

209. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

On s’attend sans doute sur cet usage, à trouver ici le panégyrique d’Homere : mais outre que je le traduis moins que je ne l’imite, et qu’ainsi l’usage des traducteurs ne fait point de loi pour moi, j’ai crû encore que rien ne pouvoit autoriser les exagérations ; que le vrai mérite étoit de reconnoître les défauts par tout où ils sont ; que d’ailleurs les fautes des grands hommes sont les plus dangereuses, et qu’il est d’autant plus important de les faire sentir, que bien des gens font gloire de les renouveller. […] Sur les opinions établies en matiere d’ouvrages d’esprit, les hommes forment d’ordinaire deux sortes de jugemens ; l’un public, l’autre secret ; l’un de parade et de cérémonie, l’autre de réserve et à leur usage particulier. […] Pour moi je juge plus favorablement d’Homere ; son expression ne signifioit apparemment qu’une chose, surtout dans la place où elle est, quoique dans la suite, on ait pû la mettre à d’autres usages. […] Il y a au contraire des lecteurs dégoûtés, qui trop pleins de nos usages, et de nos goûts, ne sçauroient se transporter à des tems si différens des nôtres. […] Elle est, dit-on, trop sage et trop timide, elle ne prend nulle hardiesse, et toûjours prisonniere dans ses usages, elle n’a aucune liberté.

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