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1257. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Ces vives, ces générales, ces sincères acclamations firent taire pour longtemps ses ennemis, ses jaloux et ces atrabilaires qui, souvent sans savoir pourquoi, ou croyant se faire valoir, crient sans cesse contre les gens en place et trouvent plus ou moins à mordre en tout ce qui excelle. » Cette page, que j’ai tenu à donner dans toute son étendue, est le revers de la Pyramide de tout à l’heure. […] Dans un grand nombre d’affaires qu’on traita dans cette Assemblée, quoiqu’il parlât et dît son sentiment après tous les autres, il trouvait toujours de si fortes et nouvelles raisons, qu’il était bien difficile de ne pas se rendre à ses décisions. » Tel était, dans l’entière vérité du portrait, l’homme dont on n’a pas à dissimuler les faibles, mais dont il faut reconnaître, avec tous les contemporains éclairés, la supériorité et l’espèce de génie53. […] Ce fut au point qu’on ne trouva pas sur le moment un prédicateur pour prononcer purement et simplement l’oraison funèbre. […] L’on ne parle point encore du successeur… Il s’agit maintenant de trouver quelqu’un qui se charge de l’oraison funèbre du mort ; on prétend qu’il n’y a que deux petites bagatelles qui rendent cet ouvrage difficile, c’est la vie et la mort. » Et un mois après (15 septembre) « Encore faut-il bien vous apprendre, mon amie, que c’est le Père Gaillard qui ne doit point faire l’oraison funèbre de feu M. l’archevêque. […] leur dit-il, vous ne vous étudiez dans vos discours qu’à trouver des moyens d’accuser les autres, et vous vous jetez sur un homme accablé… Contentez-vous de voir l’état où je suis réduit, et mettez le doigt sur votre bouche.

1258. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Un pur homme de lettres, Duclos, n’eût point entendu de cette oreille et eût trouvé ce genre de grâce au-dessous de son caractère. […] Lorsque ma fortune a été un peu arrangée, et que les passions ont commencé à se ralentir chez moi, ce qui est arrivé de bonne heure, n’étant pas né très fort, c’est dans ce temps-là que j’ai cherché dans mon cabinet des ressources contre l’ennui. » A un moment, un peu tard comme Béranger, à trente-huit ans seulement, il trouva sa veine ; il fit sa première comédie, La Vérité dans le vin, la meilleure qu’il ait jamais faite (1747), et il devint le divertisseur en vogue du comte de Clermont, et surtout du duc de Chartres, bientôt duc d’Orléans. […] Les curieux sauront bien d’eux-mêmes trouver les plus jolies ; quelques-unes des plus gaies, comme celle de Marotte, sont inséparables de l’à-propos et de la circonstance. […] Il chansonnait les Encyclopédistes et les trouvait mortels à la gaîté ; à la bonne heure ! […] Maté et rangé d’assez bonne heure, il avait trouvé dans sa femme une maîtresse, une amie, une épouse ; il la consultait sur tous ses écrits, et on sourit de se représenter Mme Collé donnant jusqu’au bout des avis à son mari sur certains détails dans les sujets habituels de sa muse libertine.

1259. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

La princesse Pauline Borghèse, quand elle le vit à Pise en 1823, trouva qu’il ressemblait d’une manière frappante au général Leclerc, son premier mari. […] Coulmann, je désire que votre absence ne se prolonge pas trop et que vous me trouviez encore sous ces ombrages où je touche de nouveau la lyre. » J’étais attiré, j’allais vers la femme, et voilà la pose de muse, le geste théâtral qui m’arrête et me fait fuir. […] Je me suis trouvée avec une douzaine de femmes ou maîtresses de voleurs qui venaient aussi chercher leur permission. […] Je n’ai jamais rien trouvé de si vide que la gloire, et à plus forte raison ma gloriette à moi. […] Il est si usé que c’est aux autres qu’il emprunte les sentiments qu’il ne trouve plus en lui-même.

1260. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Ne trouvez-vous pas que toutes ces Correspondances princières divulguées font, en définitive, les affaires de l’opinion populaire et de la démocratie ? […] Marie-Thérèse, ayant à guider de loin, à conseiller dans toutes ses démarches une si jeune dauphine, puis une si jeune reine, qui trouve si peu d’aide auprès de soi, mêle sans cesse dans ses lettres les recommandations d’une bonne mère à celles d’une impératrice. […] On peut être vertueux, gai et en même temps répandu ; mais quand on est retiré au point de n’être qu’avec peu de monde, il en résulte (je dois vous le dire à mon grand regret, comme vous l’avez vu dans les derniers temps chez nous), nombre de mécontents, de jaloux, d’envieux, et des tracasseries ; mais si on est répandu dans le grand monde, comme cela était ici il y quinze ou vingt ans, alors on évite tous ces inconvénients, et on s’en trouve bien pour l’âme et le corps. […] D’autres pourront trouver, en lisant ces lettres, que Marie-Thérèse est bien minutieuse pour une si grande reine dont les actions appartiennent à l’histoire ; qu’elle entre ici dans de bien minces détails ; qu’elle traite la dauphine, et bientôt la jeune reine de France, comme elle ferait une petite fille à peine sortie de pension : pour moi, je suis frappé du caractère sensé, à la fois maternel et royal, de ses conseils, de la perspicacité qui, de loin, lui fait deviner le point faible et mettre le doigt sur ce qui a perdu en effet Marie-Antoinette dans l’opinion : l’esprit de dissipation et de frivolité, le favoritisme et le goût des coteries. […] (15 mars 1775.) » Marie-Antoinette se justifie de son mieux, et par un mot qui coupe court à tout : C’est la mode, c’est l’usage : « J’enverrai à ma chère maman, par le prochain courrier, le dessin de mes différentes coiffures ; elle pourra les trouver ridicules, mais ici les yeux y sont tellement accoutumés qu’on n’y pense plus, tout le monde étant coiffé de même. » Marie-Thérèse est plus dans le vif, lorsqu’elle se plaint de ces courses continuelles au bois de Boulogne et ailleurs avec le comte d’Artois, sans que le roi s’y trouve : « Vous devez savoir mieux que moi que ce prince n’est nullement estimé et que vous partagez ainsi ses torts.

1261. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Si, au contraire, on veut nous jouer, on nous trouvera sur la brèche. » Malouet promet la conférence pour le lendemain. […] Necker, chez M. de Montmorin ; il les trouve froids à son récit. […] Après avoir parlé pendant trois heures sans lasser personne95, il me dit qu’il était à jeun depuis vingt-quatre heures, qu’il ne vivait que de lait et qu’il n’avait pu en trouver sur la route. […] Si vous en trouvez à ce que je propose, faites mieux, mais faites vite ; car nous ne pouvons vivre longtemps. […] Je secouai toutes mes préventions, tous mes doutes, et me voilà partageant son émotion, louant ses projets, son courage, exaltant ses moyens ; mais ma péroraison le mit en colère : « Vous réparerez mieux que personne, lui dis-je, le mal que vous avez fait. » — « Non », me répondit-il en relevant la tête, « je n’ai pas fait le mal volontairement : j’ai subi le joug des circonstances où je me suis trouvé malgré moi.

1262. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

J’en suis bien aise parce qu’elle me dira exactement comment elle a trouvé Mme de Dino ; j’irai plus tard. Vous connaissez la passion de la princesse pour les chevaux gris ; elle en a trouvé deux ici qu’elle a bien vite arrêtés pour le temps qu’elle passerait à Bourbon. […] Je cherche en moi s’il y a quelque chose que j’aie oublié de vous dire, je ne trouve rien. » C’est bien, mais c’est court36. […] Voici une strophe que j’ai placée dans ma mémoire. — Je la trouve très belle : vous direz si j’ai tort ou raison ; je vous croirai. […] Il voulut, comme on dit, mettre ordre à ses affaires ; avec l’art et le calme qui le distinguaient, il disposa le dernier acte de sa vie en deux scènes qu’on ne trouvera pas mauvais que je présente comme il convient et que je développe.

1263. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Il faut qu’ayant l’idée d’un objet et d’un événement il trouve d’abord, non pas le mot exact, mais le mot naturel, c’est-à-dire l’expression qui jaillirait par elle-même en leur présence et par leur contact. […] Je me trouve fort bien, ma mère, d’être bête, Et j’aime mieux n’avoir que de communs propos Que de me tourmenter à dire de beaux mots. […] Mais trouver six beaux vers ! […] Les sons nous pénètrent et retentissent en passions au plus profond de notre coeur ; le monde extérieur trouve encore son écho en nous-mêmes, et notre vieille âme entourée et façonnée par la grande âme naturelle palpite comme autrefois sous son contact et sous son effort. […] L’un trouvait que la brièveté est le principal ornement du conte, et que les vers le gâtent en l’allongeant.

1264. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Tout les étonnera, les choquera : je dis tout, sans distinction, pêle-mêle ; et la confusion innée à l’esprit de l’auteur y trouvera son compte. […] Aussi trouvera-t-on dans ce léger pamphlet des réflexions qui contiennent en puissance l’Esprit des Lois. […] Il se persuade alors que les institutions artificielles sont aussi efficaces que les combinaisons naturelles, et qu’une loi bien trouvée peut suspendre ou détruire les fatalités historiques. […] Il y a sophisme à dire que ce qui est devait être, quand on prétend expliquer ce qui est : car c’est dire que l’on a trouvé la somme des causes égale à la somme des effets. […] Mais il a voulu à toute force trouver des lois et des types. « Montesquieu, dit M. 

1265. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Si nous passons à l’humanité considérée dans son organisme social, nous trouvons de nombreux faits à l’appui de notre loi. […] On trouvera peut-être que dans son Essai sur l’organisation sociale, l’auteur force un peu les comparaisons. […] Avec quelque succès que nous puissions réduire l’équation à ses derniers termes, nous ne serons pas pour cela en état de déterminer l’inconnue : au contraire, il n’en devient que plus évident que cette inconnue ne pourra jamais être trouvée. […] Si, remontant l’évolution des choses, il se permet de supposer que toute matière exista jadis sous forme diffuse, il trouve impossible de concevoir comment cela a pu être ainsi. […] Quoiqu’il puisse réussir à résoudre toutes les propriétés des objets en manifestations de la force, il n’est pas apte à dire pour cela en réalité ce qu’est la force ; mais il trouve au contraire que plus il y pense, plus il est confondu.

1266. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Elle trouve moyen d’échapper à cet odieux espionnage. […] J’ai beau chercher, je ne trouve pas la moralité de ce moraliste. […] Le désespoir l’a pris ; il y aurait succombé, si madame Aubray ne s’était trouvée sur sa route. […] Peut-être, un jour, s’y trouverait-il, face à face, avec sa femme au bras, devant l’homme qui l’a possédée. […] A ces conditions, il aura trouvé le bonheur.

1267. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Si l’austérité de celui-ci le tenait un peu à distance, il trouvait auprès de sa mère, de son jeune frère et de ses sœurs, de quoi s’épancher et se détendre avec enjouement. […] Pendant le reste du jour, elle ne sentit plus de mal, mais nous lui trouvâmes une certaine mélancolie. […] Dans cette intelligente et patriotique province du Dauphiné, la jeunesse sérieuse de Barnave trouvait des sujets d’inspiration et d’exercice ; sa vie politique commença avant l’âge. […] Mais tout en s’y refusant par respect pour son caractère moral, on ne sait quelle autre explication trouver. […] Nous avons remué la terre bien profond, nous avons trouvé un sol fécond et nouveau ; mais combien en est-il sorti d’exhalaisons corrompues !

1268. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Retz appartient à cette grande et forte génération d’avant Louis XIV, dont étaient plus ou moins, à quelques années près, La Rochefoucauld, Molière, Pascal lui-même, génération que le régime de Richelieu avait trouvée trop jeune pour la réduire, qui se releva ou se leva le lendemain de la mort du ministre, et se signala dans la pensée et dans le langage (quand l’action lui fit défaut) par un jet libre et hardi, dont se déshabituèrent trop les hommes distingués sortis du long régime de Louis XIV. […] « Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ». […] Mon admiration pour ce grand maître s’est accrue en recopiant les tableaux tracés de sa main… Si ce jugement favorable trouve sa justification, c’est surtout à l’origine des Mémoires, et dans la partie qui nous occupe. […] L’on chercha, en s’éveillant, comme à tâtons, les lois : on ne les trouva plus, l’on s’effara, l’on cria ; on se les demanda ; et, dans cette agitation, les questions que leurs explications firent naître, d’obscures qu’elles étoient et vénérables par leur obscurité, devinrent problématiques ; et de là, à l’égard de la moitié du monde, odieuses. […] C’est à ce moment aussi qu’en artiste qu’il est la plume à la main, se considérant comme sorti du préambule et du vestibule de son sujet, il se donne carrière, et, tandis qu’il n’avait dessiné jusque-là les personnages que de profil, il les montre en face et en pied, comme dans une galerie ; il ne fait pas moins de dix-sept portraits de suite, tous admirables de vie, d’éclat, de finesse, de ressemblance, car l’impartialité s’y trouve même quand il peint des ennemis.

1269. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il écrivait plaisamment à sa femme, de Tours où il était en janvier 1816, à propos d’un bal de la haute société : « Si tu t’étais trouvée ici, aurais-tu été assez pure ? […] Relue aujourd’hui, cette lettre paraîtra beaucoup moins piquante qu’on ne la trouva au moment même. […] les cagots te feront assassiner. » — Quelle dut être l’impression première, lorsqu’on apprit tout à coup à Paris que Courier avait été trouvé assassiné, en Touraine, dans son bois de Larçay ! […] Une bergère du lieu, la fille Grivault, revenant avec un jeune homme d’une assemblée de dimanche, s’était trouvée dans le bois sous la feuillée au moment du coup ; elle avait tout vu et n’avait rien dit. […] Et si quelqu’un s’avisait que je n’ai pas donné à Courier assez d’éloges, je m’autoriserais de ce que lui-même, parlant de Béranger, n’a trouvé à dire que ceci : « J’ai encore dîné hier avec le chansonnier, écrivait-il de Sainte-Pélagie (octobre 1821) : il imprime le Recueil de ses chansons qui paraît aujourd’hui… Il y a de ces chansons qui sont vraiment bien faites : il me les donne. » C’est ainsi, j’imagine, qu’en Grèce, avant l’âge des éloges et des panégyriques, et quand on était de l’école de Xénophon, on louait ses amis par un mot juste et léger, dit en passant.

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