Rousseau, une peinture véridique et naïve de cette société à cette époque ; la voici : Voilà presque l’unique fois qu’en n’écoutant que mes penchants je n’ai pas vu tromper mon attente. […] C’était une bonne pâte d’homme, le vrai père de sa fille, et que sa femme ne trompait pas, parce qu’il n’en était pas besoin. […] Je vous tromperais en vous laissant croire que je suis toujours résigné à mon sort ; je n’ai point atteint cette abnégation de soi-même où quelques anachorètes sont parvenus. […] Mais non, je me trompe ; elle ne pense pas, elle sent seulement, et elle dit ce qu’elle sent, comme l’enfant dit ce qu’il voit ; elle n’a pas d’autre rhétorique que la vérité !
Non, Montesquieu n’a pas été un profond législateur ; il a été ou il a voulu être un simple érudit en législation, et il s’est trompé neuf fois sur dix dans ses prémisses et dans ses conclusions. — Et n’étant échauffé, comme un érudit, par aucune flamme idéale, illusionné par aucun rêve, il a écrit froidement ; il a remplacé par quelques traits d’esprit les généreuses erreurs que le rêve ajoute en ce genre à la vérité ; il a laissé à Platon son idéal, quelquefois brillant, souvent absurde, de sa République ; à J. […] « Ne pourrait-il pas se faire que les missionnaires auraient été trompés par une apparence d’ordre ; qu’ils auraient été frappés de cet exercice continuel de la volonté d’un seul par lequel ils sont gouvernés eux-mêmes, et qu’ils aiment tant à trouver dans les cours des rois des Indes, parce que, n’y allant que pour y faire de grands changements, il leur est plus aisé de convaincre les princes qu’ils peuvent tout faire, que de persuader aux peuples qu’ils peuvent tout souffrir ? […] Il n’a voulu tromper personne ; il s’est lui-même trompé.
Ce serait triste, mais on ne serait du moins ni fou, ni trompé devant la nature. […] XVIII En effet, l’homme, ce misérable trompé par la vie, effaré par la mort, demande à ses religions au moins un Dieu, un seul Dieu, un Dieu évident, juste, bon, sauveur, paternel, pour réfugier ses pensées et ses douleurs dans une miséricorde sans fond ; et voilà que ses religions elles-mêmes au lieu d’un lui en ont fabriqué mille, et qu’elles lui multiplient les angoisses du doute jusque dans le remède même du doute, la foi ! […] L’œil, trompé par l’aspect au faux jour des étoiles, Croit que, si le navire, ouvrant ici ses voiles, Cinglait sur l’élément où la gazelle a fui, Ces flots pétrifiés s’amolliraient sous lui, Et donneraient aux mâts courbés sur leurs sillages Des lames du désert les sublimes tangages ! […] pour arpenter ta face, Lent comme un jour qui vient après un jour qui passe, Patient comme un but qui ne s’approche pas, Long comme un infini traversé pas à pas, Prudent comme la soif quarante jours trompée, Qui mesure la goutte à sa langue trempée ; Nu comme l’indigent, sobre comme la faim, Ensanglantant sa bouche aux ronces du chemin ; Sûr comme un serviteur, humble comme un esclave, Déposant son fardeau pour chausser son entrave, Trouvant le poids léger, l’homme bon, le frein doux, Et pour grandir l’enfant pliant ses deux genoux !
A vrai dire, la psychologie n’a jamais été l’étude de prédilection de notre pays, dont le génie, si nous ne nous trompons, se prête bien mieux à la déduction logique et même à la spéculation métaphysique. […] La physiologie constate seulement des rapports entre les phénomènes organiques et les phénomènes psychiques ; mais elle se trompe quand elle les confond : des coïncidences ne sont pas des identités. Elle se trompe également quand elle tranche la grande et délicate question de savoir si le cerveau est le sujet ou simplement l’organe de la vie psychique : des conditions ne sont pas des causes. […] Mais le point où les physiologistes psychologues se trompent le plus gravement, c’est la question du libre arbitre.
Cela fut cause que je demeurai, à sa très instante prière, près de lui ; car, encore qu’il sût bien mon inclination à la paix et que j’étais obligé à servir le roi, il ne laissa pourtant de prendre cette assurance de ma franchise que je ne servirais pas d’un espion près de lui pour le tromper. […] [NdA] L’orateur qui parla pour le tiers état et qui trompa ainsi son vœu, était Versoris, avocat fameux de Paris.
Bossuet, combattant en évêque Richard Simon et les principes de socinianisme qu’il voit poindre de toutes parts dans ses écrits, s’aperçoit bien qu’un ennemi formidable approche ; il appelle et convoque tant qu’il peut les défenseurs sur toute la ligne, mais il se trompe sur le point menacé. […] Il y a bien des années, et avant qu’une critique investigatrice eût rassemblé autour de cette figure de Bossuet tous les éclaircissements et toutes les lumières, un écrivain de beaucoup d’esprit, s’essayant à définir le grand évêque gallican, disait : « Bossuet, après tout, était un conseiller d’État. » Si par là on ne voulait dire autre chose, sinon qu’il y avait en Bossuet un homme politique, un homme capable d’entrer dans le ménagement des personnes et la considération des circonstances, on avait raison ; mais si l’on prétendait aller plus loin, toucher au fond de sa nature et infirmer l’idée fondamentale du prêtre, on se tromperait : car au fond de cette nature, telle qu’elle ressort aujourd’hui de tous les témoignages et qu’elle nous apparaît dans une continuité manifeste, il y a avant tout et après tout un croyant.
Veuillot, non pas seulement le journaliste de verve et d’assaut, l’observateur et le portraitiste à bâtons rompus, mais l’homme des longues tactiques, le stratégiste qui a pu se tromper à son point de vue, et qui, je crois, s’est trompé en effet, mais qui avait un plan suivi, étendu et plus raisonné qu’on ne serait tenté de le lui reconnaître.
Chateaubriand s’est défini un jour à mes yeux « un épicurien, qui avait l’imagination catholique », et je ne crois pas m’être trompé. […] Il y a des jours, quand le disciple est chaud et sincère, où l’on s’y tromperait vraiment, et l’on serait tenté de s’écrier, en parodiant l’épigramme antique : « Ô Chateaubriand !
Cependant le page Brunamont s’accommode peu de voir son maître jeter son oiseau au vent et détacher de son cou sa trompe ; il rattrape l’oiseau, ramasse la trompe, et s’en va offrir ses services à Madeleine, l’autre sœur de Lazare, bien différente de Marthe, et qui mène joyeuse et galante vie en son château de Magdalon.
98» Et voilà pourtant comme se trompent ceux qui se croient fins et qui s’en tiennent au dehors. […] L’apparence de sa guérison ne laissait pas de tromper les amis ; ils espéraient ce qu’ils désiraient : « Sa convalescence, après une assez longue maladie qui nous a fort alarmés, se confirme de jour en jour (18 décembre), et elle doit augmenter notablement par la grande joie que lui donne l’heureux retour de son fils avec M. de Bonrepaux, qui l’avait mené à La Haye et qui l’a ramené, pour le remener en Hollande après un peu de séjour qu’il est venu faire à la.
On reviendra, si je ne me trompe, à ces femmes du xvie siècle, à ces contemporaines des trois Marguerite, et qui savaient si bien mener de front les affaires, la conversation et les plaisirs : « J’ai souvent entendu des femmes du premier rang parler, disserter avec aisance, avec élégance, des matières les plus graves, de morale, de politique, de physique. » C’est là le témoignage que déjà rendait aux femmes françaises un Allemand tout émerveillé, qui a écrit son itinéraire en latin, et à une date (1616) où l’hôtel Rambouillet ne pouvait avoir encore produit ses résultats253. […] Trublet avait raison, et Fontenelle se trompait ; il était trop voisin de ces choses qu’il trouvait petites, pour en bien juger.
L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est une épisode dans celle des hommes ; réputation, honneur, estime, tout dépend de la conduite qu’à cet égard les femmes ont tenue, tandis que les lois de la moralité même, selon l’opinion d’un monde injuste, semblent suspendues dans les rapports des hommes avec les femmes ; ils peuvent passer pour bons, et leur avoir causé la plus affreuse douleur, que la puissance humaine puisse produire dans une autre âme ; ils peuvent passer pour vrais, et les avoir trompées : enfin, ils peuvent avoir reçu d’une femme les services, les marques de dévouement qui lieraient ensemble deux amis, deux compagnons d’armes, qui déshonoreraient l’un des deux s’il se montrait capable de les oublier ; ils peuvent les avoir reçus d’une femme, et se dégager de tout, en attribuant tout à l’amour, comme si un sentiment, un don de plus, diminuait le prix des autres. […] Qui pourrait comparer le calme qui suit le sacrifice, et le regret des espérances trompées ?
Mais il ne les trompe pas, il ne leur promet rien. […] Ce qui trompe, ce qui fait qu’on lui prête des complications de pensée et de caractère, c’est la bizarrerie de sa silhouette et le pittoresque de sa destinée.