Ce dernier venoit de donner sa tragédie d’Alexandre, lorsqu’il se lia d’amitié avec l’auteur de l’art poëtique. […] Comme des matelots qui viennent de mettre pied à terre, après avoir vû, pour me servir de l’expression d’un ancien, la mort dans chaque flot qui s’approchoit d’eux, sont dégoûtez pour un temps de s’exposer aux perils de la mer, de même un bon poëte qui sçait combien il lui en a coûté pour terminer sa tragédie, n’entreprend pas si volontiers d’en faire une autre.
Jules Levallois, qui aurait dû, pour rester dans la mesure, appeler son ouvrage : Corneille méconnu, a tiré de l’oubli les tragédies qui y sont trop tombées : Attila, Théodore, Médée, Œdipe et tant d’autres, et il a prouvé, par le raisonnement et par les plus intéressantes citations, que l’auteur du Cid, de Polyeucte et des Horaces, n’avait pas versé tout son génie dans ces chefs-d’œuvre, dont on s’est servi pour borner et étouffer sa gloire, tout en la proclamant. […] Père de la tragédie et père aussi de la comédie, il a fait Racine et il a fait Molière, — Molière, que la terrible observation de son esprit et la profondeur de sa plaisanterie ne garantirent pas non plus des égarements de son cœur.
Aussi ils laissèrent périr l’art en préférant à la tragédie la pantomime, à la pantomime la tragédie réelle de l’amphithéâtre. […] Ce réseau, il faut le manier avec tact, au lieu de le rompre, comme fait la tragédie quand elle dégage un personnage de ses liens naturels. […] C’était une protestation un peu attardée de la tragédie contre l’intrusion des gens du peuple dans la littérature. […] Les personnages de la tragédie n’ont jamais faim, jamais soif. […] Il est rare qu’un personnage de tragédie ait confessé une souffrance corporelle : on cite un vers de Phèdre à titre d’exception.
Ses Comédies, ses Tragédies, ses Poésies héroïques, tous ses Ouvrages en vers sont risibles, par les inepties qui y fourmillent d’un bout à l’autre.
Remplissant — par moments — les fonctions du chœur dans la tragédie antique.
Sa Tragédie d’Aben-Saïd, très-accueillie à sa premiere apparition, ne se soutint pas à la reprise de 1743, & cette Piece n’a plus reparu depuis.
Il a fait des Recueils, des Journaux, des Lettres, des Romans, des Mémoires, des Contes, des Comédies en vers, des Tragédies en prose, & tout cela est allé grossir les trésors ténébreux de l’oubli.
Il a composé des Discours, des Histoires, des Critiques, des Satires, des Contes, des Epigrammes, des Cantiques, des Tragédies, un Poëme Epique en douze Chants, des Lettres sur les Spectacles, sur les Duels, sur le Sabbat des Sorciers, sur la Reine des Abeilles, sur les Convulsionnaires ; & pas un de ces Ouvrages n’a fait assez de sensation dans le monde, pour attacher la moindre célébrité au nom de l’Auteur.
Deux ou trois Tragédies & principalement celle de Manlius, Piece dans le genre de Corneille, l’ont placé parmi les bons Auteurs de notre Théatre.
Pour une mauvaise tragédie sur un des plus beaux sujets et des plus féconds, d’un style boursouflé et barbare, morte à n’en jamais revenir.
Mes premiers regards cependant se tournèrent vers le théâtre… Ce théâtre, en effet, grâce au grand acteur et auteur Iffland, à Kotzebue, à Cimarosa, à Mozart, était devenu, pour la tragédie, la comédie et la musique, l’école du cœur, des yeux et des oreilles de toute l’Allemagne. » Goethe s’effaçait généreusement lui-même pour y faire jouer, chanter et briller les chefs-d’œuvre de tous ses rivaux. […] On refuse d’y représenter sa tragédie, un peu froide, en effet, de Fiesque ; on le pourchasse au nom de son prince mécontent. […] Il y écrivit sa tragédie de Don Carlos, œuvre estimable, réfléchie, mais tiède, où la politique tient la place de l’émotion. […] Frappé des beautés frustes, mais dramatiques, de la pièce des Brigands, et des beautés littéraires de Fiesque et de la tragédie de Don Carlos, il songeait déjà à appeler Schiller d’Iéna à Weimar, pour y faire écrire et représenter ses chefs-d’œuvre sur la scène du palais. […] XI Goethe et Schiller continuent à s’entretenir de la tragédie de Wallenstein, à laquelle Schiller travaille pendant trois ans.
Lebrun publiait les deux premiers volumes de ses Œuvres, contenant ses tragédies et pièces de théâtre : Ulysse, Marie Stuart, et ce Cid d’Andalousie dont l’insuccès même fut un honneur ; son poème de la Grèce, et aussi cet autre poème lyrique sur la Mort de Napoléon. […] Depuis dimanche matin, j’ai fait trois actes de ma tragédie de Pallas : toute cette tragédie s’est placée subitement dans ma tête, sans travail, et comme d’elle-même.
Il y a des genres tout entiers, réputés des plus français, auxquels il répugne, — et la Tragédie, — et l’Opéra-Comique, — et le Vaudeville ; il mettrait volontiers le pied dessus pour les écraser une bonne fois, s’il l’osait. Il a dans la pensée un type de théâtre à lui, une scène idéale de magnificence et d’éclat, de poésie en vers, de style orné et rehaussé d’images, de passion et de fantaisie luxuriante, d’enchantement perpétuel et de féerie ; il y admet la convention, le masque, le chant, la cadence et la déclamation quand ce sont des vers, la décoration fréquente et renouvelée, un mélange brillant, grandiose, capricieux et animé, qui est le contraire de la réalité et de la prose : et le voilà obligé de juger des tragédies modernes qui ne ressemblent plus au Cid et qui se ressemblent toutes, des comédies applaudies du public, et qui ne lui semblent, à lui, que « des opéras-comiques en cinq actes, sans couplets et sans airs » ; ou bien de vrais opéras-comiques en vogue, « d’une musique agréable et légère, mais qui lui semble tourner trop au quadrille. » Il n’est pas de l’avis du public, et il est obligé dans ses jugements de compter avec le public. […] Ponsard reprend en sous-œuvre la tragédie, et son succès de bon. sens est un nouvel échec à la cause de l’imagination pure.